mercredi 7 mai 2025

L’Iguane, Carlo Lucarelli (Métailié, 03/2025)

 



L’Iguane, Carlo Lucarelli (Métailié, 03/2025)

💙💙💙💙

Cap sur Bologne, en Italie. Grazia Negro, enquêtrice de police, vient à peine d’accoucher qu’on l’emmène, avec ses petites à peine nées dans une villa secrète très protégée. La raison ? « L’Iguane », tueur en série qu’elle a jadis arrêté, vient de s’enfuir de l’établissement psychiatrique dans lequel il était retenu.

« Le Loup- Garou, le Pitbull, le Chien, l'Iguane, elle en avait un plein zoo, et même si, une fois pris, elle les oubliait, c'étaient justement les émotions de la chasse qui restaient en elle. » Grazia Negro a déjà enquêté sur plusieurs affaires de tueurs en série. C’est ici le troisième tome de ses enquêtes et j’avoue que, même si cette histoire peut se lire indépendamment des autres, j’ai regretté de ne pas avoir lu les deux premiers pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de ces retrouvailles avec celui que l’on surnomme « L’Iguane », ainsi que la relation nouée jadis avec Simone.

« La peur me couvre les bras de frissons qui brûlent, serrés comme des nœuds.
Il y a quelqu'un dans le silence de ma salle obscure.
Quelqu'un.
Ou quelque chose. »
Un tueur rode. Il tourne autour des protagonistes de l’histoire. Il est discret, telle une petite souris qui se cache dans un coin pour vous espionner en toute tranquillité pour mieux vous mordre si vous l’approchez.

Au final, un thriller à l’atmosphère lourde et angoissante. Les soupçons se portent sur les divers protagonistes que l’on rencontre au fil des pages, d’autant plus que le récit est polyphonique. Et puis, en tant que mère, la présence de ces petites filles à peine nées représente un sacré degré de suspense ! Une découverte intéressante !

lundi 5 mai 2025

La fugue, Aurélie Valognes (J- C Lattès, 03/2025)

 


La fugue, Aurélie Valognes (J- C Lattès, 03/2025)

Crise de la quarantaine ou fuite nécessaire à la survie ? Inès, un beau matin, fait sa valise et roule, roule, roule, jusqu’au bout de la terre, un patelin en bord de mer dans le Finistère. Partir, quitter son quotidien dans lequel elle se sentait enfermée, était la seule solution, la seule issue de secours.

« "Nina & Simone". Tout de suite, j'y ai vu un signe. Une femme talentueuse qui en a bavé avant d'être libre. » Inès se raccroche à des références féminines de la littérature ou de la musique. En effet, ce roman est essentiellement féminin. On y rencontre des femmes célèbres au destin inspirant, mais aussi des femmes de fiction tout aussi marquantes par leur détermination.

« Car c'est fini de subir, de tolérer, d'encaisser, d'être à terre. Les autres ne se pensaient grands que parce que j'étais à genoux. Mais aujourd'hui, je me redresse. » Inès a trouvé son refuge, sa maison, son « lieu à elle » où elle va enfin se réaliser, se retrouver, être en accord avec elle- même.

« Certains rêvent leur vie et d'autres vivent la vie de leur rêve. » Inès va rencontrer d’autres femmes singulières, qui, comme elle, ont un jour assumé de ne plus être celles que les autres façonnaient.

Au final, un roman sur la renaissance d’une femme brisée, mais aussi sur la sororité, cet élan entre femmes qui osent défier les convenances et écouter leurs propres envies. J’ai beaucoup aimé les références littéraires et philosophiques, ainsi que les réflexions qui m’avaient séduite dans « La Lignée », mais quelques incohérences m'ont agacée (le frigo vide, la musique qui résonne puis l'absence de réseau...). Emouvant et inspirant malgré tout.

jeudi 1 mai 2025

La psy, Freida McFadden (J'ai lu, 04/2025)


 

La psy, Freida McFadden (J'ai lu, 04/2025)

💟💟💟💟

Après les tomes 1 et 2 de « La Femme de ménage », il fallait absolument que je me plonge dans « La psy ». Un véritable plaisir que de retrouver la plume de l’auteure (même traduite) ! Et que de nœuds au cerveau pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants de l’intrigue. Encore une fois, je n’ai rien vu venir…

« Je n'ai jamais ressenti ça. Pas une fois dans les dizaines de maisons vides que nous avons visitées au cours des deux derniers mois. Je n'ai jamais éprouvé un sentiment aussi fort.
Il s'est passé quelque chose de terrible dans cette maison. »
Tricia et Ethan viennent de se marier et ils sont à la recherche d’une maison où s’installer pour fonder une petite famille. Les voilà en route pour la visite d’un manoir alors qu’une tempête de neige se lève. Arrivés sur place, ils n’auront d’autre choix que de rester passer la nuit dans cette demeure que Tricia trouve terrifiante. En effet, il s’agit de la maison dans laquelle Adrienne Hale, psychiatre connue pour le succès de ses livres, a disparu.

« Je ne suis pourtant pas une fouineuse, j'ai juste une curiosité tout ce qu'il y a de naturelle. Y a-t-il quelque chose de mal à ça ? » Alors que notre jeune couple cherche à passer au mieux cette nuit dans la demeure, Tricia trouve une pièce secrète qui renferme tous les enregistrements des séances de la psychiatre. Que vont- ils lui révéler ?

« Je crois que tout être humain est capable de faire des choses terribles si on le pousse à bout. » Les allers- retours entre le présent de Tricia et le passé d’Adrienne permettent d’avoir accès aux réflexions des deux femmes. La psychiatre s’était fait une spécialité de la thérapie des troubles liés à la peur et au mensonge.

Au final, un roman dévoré en peu de temps, qui m’a emportée vers une recherche urgente de la vérité. Bien des secrets vont être révélés dans les dernières pages, même si j’ai trouvé la résolution de l’intrigue un peu rapide et un chouïa décousue. Mais ce n’est que mon avis. 

lundi 28 avril 2025

Avalanche hôtel, Niko Tackian (Le Livre de poche, 03/2019)


 

Avalanche hôtel, Niko Tackian (Le Livre de poche, 03/2019)

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Joshua Auberson, agent de sécurité à l’Avalanche hôtel, superbe palace, enquête sur la disparition d’une jeune cliente, fille d’une famille d’habitués fortunés. Nous sommes en janvier 1980. Mais voilà que Joshua est pris dans une avalanche, et se réveille… en 2018. Que s’est- il passé ? Joshua, qui est finalement policier, va devoir remonter le temps et le fil de ses souvenirs pour pouvoir résoudre une enquête mêlant deux temporalités.

« Tu ne te souviens même pas de ton nom ? Il se massa les tempes, espérant secrètement que ça l'aiderait à retrouver la mémoire. Joe... Joseph... c'est comme ça qu'il devait s'appeler. » Le récit s’ouvre sur un trentenaire complètement perdu ; lors qu’il se réveille, il se rend compte qu’il n’a plus aucun souvenir, même pas celui de son prénom…

« 1980... quelque chose ne collait pas avec cette date. Quelque chose de grave, il le sentait. » Joshua oscille entre rêve et réalité. Alors qu’il est chargé d’une enquête suite à la découverte d’une jeune femme plongée dans un coma profond et dont on ne trouve pas l’identité, notre policier va devoir trouver des liens entre un passé qui l’obsède et un présent de plus en plus complexe.

« Stephen King - dont il avait dévoré tous les romans - disait qu'à vingt ans on croyait connaître la route, à vingt- cinq ans on soupçonnait qu'on tenait la carte à l'envers et à trente on en avait la certitude... » La référence fait sens quant à l’ambiance parfois surnaturelle qui règne dans les montagnes des Alpes suisses. Mais Joshua va devoir apprendre à se méfier des fantômes qui viennent le hanter.

Au final, un polar dont je ressors déçue. Je ne me suis absolument pas attachée aux personnages et je me suis perdue quelque part entre l’enquête de 1980 et celle de 2018 tant celle- ci m’a semblée floue. Dommage.

samedi 26 avril 2025

Et que Dieu me pardonne, Claire Norton (10 / 2024)



 Et que Dieu me pardonne, Claire Norton (10 / 2024)

💙💙💙

Jusqu’où pardonner ? Elodie ne vit plus depuis la disparition de sa fille aînée, Maëlle, alors âgée de huit ans. Déçue par la justice, elle ne vit plus que pour venger son enfant et découvrir ce qu’il s’est réellement passé, persuadée que toute la lumière n’a pas été faite sur le drame qui a anéanti son envie de vivre.

« Fermer les yeux sur les incivilités. Continuer à dire "bonjour", "merci". Se taire en cas d'agression verbale. Courber le dos pour ne pas tomber dans le jeu de la surenchère. Elle a fait ça toute sa vie. Elle a même enseigné cela à ses enfants. Pour quel résultat ? » Elodie se fait un devoir de rester calme et civilisée face à des individus de plus en plus agressifs. Elle éduque ses filles Maëlle et Zoé avec ces mêmes préceptes emprunts de civisme.

« Tu vois, je n'ai pas été capable de te protéger, mais je m'inscris aujourd'hui dans un devoir de justice et de justesse. Je mettrai ma rage et ma haine de côté, écouterai, prononcerai la condamnation et infligerai le châtiment. C'est cela, pour moi, une justice "juste". Ce sera peut- être œil pour œil, dent pour dent. Puisque la loi française n'a rien fait pour toi, je suis prête à faire mienne la loi du talion. » Maêlle taquinait souvent sa mère au sujet de son inoffensivité ; « toi, tu ne ferais pas de mal à une mouche ». Mais la disparition tragique de son enfant représente la limite à laquelle l’esprit d’Elodie va devoir se confronter… et se voir basculer.

Au final, un roman axé sur le combat d’une mère, qui s’est longtemps retenue de réagir à la violence ambiante et qui, d’un coup, libère toute sa colère et toute sa frustration, frôlant le point de non- retour. Une idée de départ très intéressante, mais le récit s’enlise par moment dans des descriptions trop longues et des monologues existentiels sur les valeurs du pardon. A lire en connaissance de cause. 

mercredi 23 avril 2025

Toutes ses fautes, Andrea Mara (Points, 04/2025)

 


Toutes ses fautes, Andrea Mara (Points, 04/2025)

💙💙💙💙

Cap sur l’Irlande, dans les beaux quartiers de Dublin, où la disparition d’un petit garçon de quatre ans, Milo, remue toute la communauté. En effet, la kidnappeuse semble être l’une des nounous qui s’occupent des bambins pendant que leurs mères exercent un métier à responsabilités.

« Alors que la femme s'apprêtait à referler la porte, Marissa fut soudain envahie par un malaise. Comme le week-end précédent, lorsqu'elle avait perdu Milo des yeux, au terrain de jeux. Il était là, quelque part, bien sûr, mais elle n'avait pas pu se détendre avant de l'avoir retrouvé. Ce qui avait été le cas quelques secondes plus tard. Et aujourd'hui, il était de nouveau introuvable. » Marissa Irvine se présente, confiante, au 14 Tudor Grove, adresse donnée par Jenny, dont le petit Jacob est dans la même classe que Milo. Cette maman a en effet organisé une après- midi « jeux » à laquelle Milo a été invité. Mais arrivée sur place, Marissa découvre dépitée que Milo n’est pas là. Ni Jacob. Ni Jenny.

« Parce que tu es mon mari et que ce que tu penses compte pour moi, même si ce que je pense ne compte plus beaucoup pour toi, conclut-elle tristement en attrapant les clés sur le comptoir et en franchissant la porte d'entrée. » La disparition du petit Milo entraîne bien des règlements de compte dans les familles qui résident aux alentours… Des rancœurs explosent, alourdies par de profonds secrets.

« Mais rien ne pouvait échapper à la personne qui vivait sous votre toit, à la personne à qui vous confiiez votre enfant. La personne qui passait des heures chez vous en votre absence. La personne qui avait accès à chaque pièce, chaque tiroir, chaque courrier, chaque centimètre carré de votre maison. A chaque cheveu sur la tête de votre enfant. » Cette enquête met en lumière la question de la confiance que l’on accorde à une personne extérieure pour s’occuper de notre maison, et plus important, de nos enfants.

Au final, une histoire très intéressante, aux nombreux rebondissements et à l’issue inattendue. La première partie est toutefois un peu trop longue et languissante, mais la suite et la fin, heureusement, nourrissent de nouveau le suspense. 

samedi 19 avril 2025

Villa Gloria, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2025)


 

Villa Gloria, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2025)

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Cap sur l’Italie, grâce à mon rendez- vous annuel avec Serena Giuliano. En effet, je lis cette auteure depuis ses débuts et ne rate jamais la sortie de ses romans. Ce dernier cru nous emmène dans les Pouilles, à la villa Gloria, maison d’hôtes tenue par Iris, et sa propre mère, qui a donné son nom à la demeure. Récit d’une semaine type au cœur de ce lieu atypique.

« Nos clients ont toujours des histoires à raconter. OK, certaines sont chiantes à mourir, alors je les remodèle à ma sauce pour les rendre intéressantes. D'autres en revanche, valent leur pesant d'or et n'ont nullement besoin d'être pimpées. Espérons que cette semaine soit un bon cru ! » Gloria accueille les nouveaux venus avec curiosité ; voilà Gregorio le râleur, Valentina et Bianca, sa filleule marquée par le décès de sa mère, Carla, qui a fait vœu de silence, ainsi que Doria et Eduardo, un couple fusionnel et secret.

« Ma mère est officiellement ma collègue, mais, en réalité, c'est comme si je devais partager les tâches quotidiennes avec un adolescent en pleine crise : impossible de compter sérieusement sur elle. » Le couple mère- fille gérant la villa est aussi atypique que complémentaire. On comprend vite que la fille, Iris, est celle qui mène la barque, alors que la mère, Gloria, vit comme une adolescente, proclamant son désir de liberté et son rejet des responsabilités. Pourtant, sa manière de voir la vie va la mettre en difficulté lorsque des éléments du passé vont réapparaître brutalement.

« Souffrir fragilise, le manque abîme. Et on aura beau se persuader du contraire, on passe notre vie à combler ce trou béant pour éviter d'être englouti. » Jour après jour, les souffrances des vacanciers vont faire écho aux soucis personnels de nos deux hôtes…

Au final, une histoire touchante et dramatique, ponctuée de touches d’humour salvatrices. Serena Giuliano a une nouvelle fois ravi mon cœur et mon esprit. Vivement l’année prochaine !

vendredi 18 avril 2025

Qu’un sang impur, Michaël Mention (Belfond, 03/2025)


 

Qu’un sang impur, Michaël Mention (Belfond, 03/2025)

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Quel kiff ! Je viens de refermer ce roman, dévoré en deux jours, et je suis épatée par les émotions qu’il m’a fait traverser ! Nous sommes ici dans une dystopie qui porte pourtant le goût du déjà vu – déjà vécu, à travers une épidémie mystérieuse touchant en priorité l’Europe. Le lecteur se retrouve emprisonné dans un huis clos situé en banlieue parisienne, dans un immeuble où résident quelques rescapés qui vont s’unir pour survivre.

« Pour l'heure, il se détend en musique, observe la rue, les mollets des passantes dont les chevilles aux contours délicats l'éloignent de ce siècle étrange. Mondialisation. Précarité. Covid. Attentats. Repli communautaire. Jul. Réchauffement climatique. Ukraine et cette guerre qui n'en finit pas. Drôle d'époque où des starlettes du Net vendent l'eau de leur bain 5 000 balles tandis que des agriculteurs crèvent la dalle en bossant 20 heures / 24. » Matt, jeune père de famille, décompresse de sa semaine de travail en sirotant une bière à la terrasse d’un café. Quand tout à coup, les arbres perdent tous leurs feuilles en une seconde. Puis une secousse met tout et tout le monde à terre…

« Des dizaines, des centaines de fuyards qui n'ont plus rien de civilisé. Hommes, femmes, Blancs, Noirs, juifs, musulmans... les clivages qui pourrissaient le monde s’annulent : tous égaux dans le chaos. Les peaux, les peurs se confrontent, fusionnent en un gigantesque bordel. » Mouvements de panique face à des êtres humains devenus des monstres. Une épidémie mystérieuse et la société se divise en deux mondes : infestés et rescapés.

« Au début, la superficie a facilité la cohabitation mais la chaleur, le rationnement et l'abolition de toute intimité ont eu raison du "vivre- ensemble". » Matt et Clem habitent le dernier étage d’un petit immeuble, avec leur fils Téo. Face aux attaques des infestés, ils décident de loger tous les habitants dans leur loft. Mais après l’empathie et l’entraide, l’agacement lié au manque d’intimité va naître…

Au final, une histoire qui plaira aux fans de « The Walking dead » par son côté sensationnaliste. Alors bien sûr, il y a de lourds rappels de la période Covid et ses errements diplomatiques. Il y a aussi probablement trop de passages de digressions socialo- politiques, mais moi, j’ai aimé le suspens lié à l’évolution du virus, et à la chute de masques portés par les protagonistes de l’histoire ! Oui, quel kiff !

jeudi 17 avril 2025

L’empathie racontée aux enfants, Emmanuelle Jasmin (Editions de Mortagne, 05/2024)


 

L’empathie racontée aux enfants, Emmanuelle Jasmin (Editions de Mortagne, 05/2024)

💮💮💮💮💮

L’empathie est récemment entrée dans les programmes scolaires de l’école primaire, pour faire face à l’attitude de plus en plus égocentrique de notre société ; laquelle entraîne trop souvent chez nos jeunes indifférence et violence. Emmanuelle Jasmin propose ici des activités concrètes pour mettre en place des ateliers auprès des enfants, que l’on soit enseignant, éducateur ou parent.

« Selon le directeur, la méchanceté des élèves se propage comme de la mauvaise herbe et ça doit cesser. Mais comment l'empêcher de gagner du terrain ? » Le guide ici présent propose des ateliers intéressants à mettre en place ainsi qu’une charte à adapter à chaque situation.

« Au même titre que l'empathie, votre fleur s'épanouira dans un climat dans lequel elle se sent à l'aise. Il lui faut une température clémente, comme quand l'harmonie règne dans la classe, et de la lumière, comme qualités autres font briller vos qualités. » Ici il est proposé aux enfants de prendre en charge une fleur pour prendre en compte la dimension des besoins physiologiques mais aussi émotionnels du vivant qui nous entoure. Une idée efficace et pertinente pour développer les liens entre les enfants quelque soit le lieu de leurs relations.

Au final, un guide vraiment bien construit entre les ateliers proposés, les pages d’auto- observation qui permettent à l’enfant de réfléchir concrètement à son comportement, la partie « Trucs et stratégies » qui propose des pistes pour améliorer nos capacités empathiques, et bien sûr, le dossier adressé aux parents pour accompagner leur enfant dans ce cheminement. Un indispensable.  

Ton dernier souffle, Pétronille Rostagnat (123 poche, 2017)



 Ton dernier souffle, Pétronille Rostagnat (123 poche, 2017)

💓💓💓💓

C’est ici le deuxième roman de Pétronille Rostagnat ; également la deuxième enquête pour le commandant Alexane Laroche, que j’ai toujours plaisir à retrouver. Alors que celle- ci revient de vacances reposantes en famille, elle est aussitôt appelée à se rendre sur une scène de crime macabre : on vient de découvrir le corps d’une jeune femme enterrée vivante dans le bois de Boulogne.

« Pourquoi suis- je allongée nue sur cette planche, dans l'obscurité la plus totale, sans pouvoir bouger ? » Alors que la brigade criminelle de Paris vient de se saisir de l’enquête et de mener ses premières investigations, une autre femme se retrouve enfermée dans un cercueil fabriqué en bois grossier, enterrée dans un autre bois de la capitale, à peine quatre jours plus tard. Qu’a-t-elle fait pour mériter de mourir de cette manière ignoble ? Alexane et ses hommes sont affolés par la cruauté méthodique de l’assassin et sa capacité à agir sans laisser d’indice.

« S'il lui fallait trouver un point négatif à cette rencontre, elle ne parlerait que de ses mains. En effet, elle avait été étonnée de constater que ses ongles étaient assez sales, comme s'il avait travaillé la terre avant de venir. Pour un homme sortant directement de son travail et habillé en costume, elle avait trouvé ce détail étrange. » Si le lecteur trouve rapidement l’identité du coupable, Pétronille Rostagnat excelle dans la maîtrise du suspense, car on avance dans l’histoire en même temps que les victimes, avec l’envie de crier : « Non ! N’y vas pas ! ». Et cette prévision terrifiante nous accroche jusqu’à la dernière page !

Au final, un très bon deuxième roman qui nous tient en haleine grâce à des personnages charismatiques, un récit ponctué de rebondissements et de retournements de situation, et une écriture déjà addictive

mercredi 16 avril 2025

La chance de sa vie, Sophie Astrabie (Flammarion, 05/2024)

 



La chance de sa vie, Sophie Astrabie (Flammarion, 05/2024)

💚💚💚

Sophie Astrabie est une auteure locale que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire. Chose est faite avec son dernier roman, axé sur les retrouvailles entre Stanislas et Sara, deux quadragénaires qui s’étaient aimé alors qu’ils étaient au lycée. Le décès d’un homonyme va les amener à enquêter sur ce mystérieux « jumeau » de Stanislas, mais aussi à remonter le fil de leur vie respective depuis leur rupture.

« Il allait avoir 40 ans, et il avait beau prétendre le contraire, cette idée le perturbait. Il y avait le fait qu'il était à la moitié de sa vie, bien sûr, mais cela faisait longtemps qu'il avait compris que le présent était un bus qui nous passait devant sans s'arrêter. » Stanislas va avoir quarante ans, et pourtant, il n’a rien fait – ou presque – de sa vie. Célibataire et sans enfant, son quotidien se compose de journées de travail entrecoupées de moments avec son collègue Laurent, devenu ami, et ses dimanches passés chez ses parents.

« On connaît désormais la météo heure par heure. Les GPS nous font prendre le chemin le plus court. Un moteur de recherche tranche sur chacune de nos hésitations. On n'est plus chanceux. On n'est plus malchanceux. On est efficace. » Et puis Sara réapparaît. Elle a lu un avis de décès au nom de Stanislas Gélin et s’inquiète de savoir s’il s’agit de son amoureux de jeunesse. Heureusement, il s’agit d’un homonyme. Vient la question de la chance ; celle d’être encore en vie ?

« Le temps ne s'arrête pas, sauf dans les chambres des enfants qui ont quitté le domicile familial. » Il aura fallu à Stanislas un ancrage dans le présent, grâce au retour de Sara, pour se rendre compte du chemin perdu depuis son enfance.

Au final, un début très agréable grâce à des réparties intelligentes au petit goût de satire, mais qui fait place ensuite à une atmosphère morose, lourde, dans laquelle chaque personnage porte le lourd poids de ses regrets. J’ai eu du mal à m’attacher à eux, même si la fin m’a touchée. Toutefois, j’ai trouvé l’écriture intéressante ; elle a titillé ma curiosité. A suivre…

dimanche 13 avril 2025

La Menace, Niko Tackian (Calmann Lévy noir, 03/2025)


 

La Menace, Niko Tackian (Calmann Lévy noir, 03/2025)

💘💘💘💘💘

J’ai découvert tout récemment le phénomène des « Incels – Involuntary Celibates », ces hommes qui ne parviennent pas à séduire les femmes et qui accusent celles- ci de leur préférer des hommes plus séduisants et plus beaux qu’eux. Niko Tackian a ici parfaitement saisi ce sujet incroyable en le mettant en scène de façon remarquable.

« Vous êtes ici depuis soixante- douze heures. Vous vous réveillez deux à trois fois par jour. A chaque fois, je suis à votre chevet et je vous pose les mêmes questions. Jusqu'au moment où vous perdez connaissance. Cela se produit généralement à l'étape où nous sommes actuellement. » Julien se réveille péniblement dans une chambre d’hôpital. Ses souvenirs lui reviennent peu à peu quand il a soudain une révélation : sa femme Chloé a été enlevée. Comment ? Par qui ? Il l’ignore mais sait avec certitude qu’elle court un grand danger.

« Je ne sais pas, c'est juste que... j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose de terrible dans cette forêt. » La forêt de la Treille, petit massif provençal, va devenir le lieu principal des recherches de Julien, ainsi que de deux autres malades, rencontrés à l’hôpital.

« Les filles comme toi ne parlent pas aux hommes comme moi. C'est ainsi que le monde est fait. » Chloé, de son côté, est séquestrée dans un appartement factice, sans aucun lien avec l’extérieur, si ce n’est la présence ponctuelle d’un homme portant un masque lui expliquant qu’il va la transformer, la faire évoluer de manière à devenir parfaite…

Au final, l’auteur traite un sujet d’actualité qui se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, entraînant avec lui des adolescents mal dans leur peau dans un mouvement masculiniste aux dérives dangereuses. Les personnages sont finement élaborés au niveau psychologique et on sent les heures de travail préparatoire sans que cela n’alourdisse le récit. Les chapitres sont courts, incisifs et les pages se tournent à une vitesse folle. Un récit spiralaire addictif ! J’ai adoré avoir le cerveau retourné ! 

samedi 12 avril 2025

La résilience des fleurs sauvages, Micalea Smeltzer (Roncière, 04/2024)



 La résilience des fleurs sauvages, Micalea Smeltzer (Roncière, 04/2024)

💖💖💖💖💖

J’ai acheté ce roman quand il faisait le buzz il y a un an mais je n’ai pas voulu le lire tout de suite, craignant d’être déçue au regard des avis dithyrambiques. J’ai peut- être bien fait, ou pas, car finalement, j’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé cette histoire. Je ne me rappelais plus qu’il s’agissait d’une romance avec une différence d’âge, mais je savais qu’il y avait quelques noirceurs dans la relation racontée. Et effectivement, l’histoire de Salem et Thayer est loin d’être un long fleuve tranquille…

« Me plier aux désirs de quelqu'un d'autre, c'est ma vision de l'aller simple pour l'enfer - l'enfer, j'ai déjà donné, pas question d'y retourner. » Le roman s’ouvre sur l’enterrement du père de Salem. On comprend aussitôt que l’enfance de cette jeune femme a été traumatique. Salem vit avec sa mère et sa sœur, trois femmes brisées par un seul homme.

« C'est chez moi, c'est là que je veux être.
Là que je me sens le mieux.
De plus, où que j'aille et quoi que je fasse, mes cauchemars me trouveront toujours. »
Salem a dix- huit ans. Elle aurait pu prétendre à des études universitaires, comme Caleb, son petit- ami, ou s’engager dans la vie active à New- York, comme sa meilleure amie Lauren. Mais non. Salem préfère rester dans sa petite ville natale, aider sa mère dans sa boutique d’antiquité et vendre ses bougies artisanales.

« J'aimerais avoir la résilience des fleurs sauvages - ne jamais renoncer à grandir et à m'épanouir. » Et puis voilà qu’un jour, la maison voisine de celle de Salem trouve un acquéreur, Thayer, un homme de 31 ans, divorcé, papa d’un petit garçon de six ans. Et pour Salem, cet homme va représenter la possibilité d’une renaissance pour la petite fille brisée qu’elle a été.

Au final, une histoire touchante, mettant en lien deux personnages brisés par un passé insupportable. Bien des aléas vont se mettre sur leur chemin, mais on sent tellement, en tant que lecteur, la symbiose qui s’installe rapidement entre Salem et Thayer ! Un lien renforcé dans le tome 2 que je vais m’empresser de lire !

dimanche 6 avril 2025

La Mue, Céline Denjean (Michel Lafon, 02/2025)


 

La Mue, Céline Denjean (Michel Lafon, 02/2025)

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Céline Denjean m’a menée par le bout du nez avec cette histoire de traque d’une personne au profil psychologique particulier. En effet, nous sommes aux côtés d’une femme séquestrée par un homme qu’elle surnomme « Le Fou », quand celui-ci l’appelle « Maman ». Louise et Violaine, de la Brigade de Recherches de Tarbes vont avoir bien du grain à moudre pour démêler les fils de cette étrange enquête.

« Ces protagonistes sont liés par le sang... celui qui coule dans leurs veines et celui qui a été versé. » Trois enquêtes vont être menées de front : le meurtre d’un jeune homme, la disparition d’une quinquagénaire et un cold case de 1997 qui ressurgit inopinément. Aucun doute : les trois affaires sont liées.

« C'est étrange, la vie... c'est étrange, oui, de balayer le condensé de souvenirs qui émaille la relation à un enfant. Ce qui vous revient en mémoire est tellement peu, finalement, au regard de l'immense charge d'amour et d'émotions qui vous attache à votre progéniture... » Au cœur de leur enquête, Louise et Violaine vont faire émerger de nombreux souvenirs chez les proches des victimes… Un passé douloureux et tourmenté pour chacun des protagonistes.

« A bien y regarder, il est souvent des hommes comme du chiendent : difficile de dire s'il pousse à cause d'une mauvaise terre ou d'un jardinier défaillant... peut- être des deux... » L’auteure questionne le caractère humain avec brio, citant Nietzsche fort à propos : « Celui qui lutte contre les monstres doit veiller à ne pas en devenir un lui- même. »

Au final, des retournements de situation et des révélations qui rendent ce récit addictif, le tout couplé à une étude psychologique aboutie concernant les troubles dont souffre le coupable. Bluffant !!! 

mercredi 2 avril 2025

Le secret du mari, Liane Moriarty (Le Livre de poche, 04/20216)

 



Le secret du mari, Liane Moriarty (Le Livre de poche, 04/20216)

💟💟💟💟

Encore une auteure que je souhaitais découvrir, et encore une fois, c’est une rencontre qui me fera lire d’autres ouvrages signés de sa plume. Liane Moriarty m’a entraînée dans une histoire abracadabrantesque, qui prend ses bases dans plusieurs familles qui semblent ne rien avoir en commun et puis qui se resserre dans un quartier de Sydney, où tous vont se découvrir des liens, parfois secrets, parfois insoupçonnés…

« Tout ça, c'était à cause du Mur de Berlin.
S'il n'y avait pas été question du Mur de Berlin, Cecilia n'aurait jamais trouvé la lettre et ne serait pas là, assise à la table de sa cuisine, à tenter d'ignorer la petite voix qui lui disait de l'ouvrir. »
Le titre du livre constitue le point de départ de l’histoire : Cécilia, mère de trois filles et mariée à John- Paul Fitzpatrick, découvre une lettre rédigée par son mari portant l’inscription : « à n’ouvrir qu’à ma mort », en fouillant dans le grenier. Dès lors, la voilà confrontée à un dilemme : ne faudrait- il pas qu’elle la lise pour en parler avec lui ?

« Personne ne trouvait grâce à leurs yeux : les gens étaient toujours trop intellos, trop sportifs, trop riches, trop maigres... Les pires ? Ceux qui avaient un coach un domicile ou un petit chien, ceux qui changeaient leur statut Facebook tous les quatre semaines - sans parler de leurs commentaires truffés de fautes d'orthographe - , ceux qui s'investissaient toujours à fond. Les gens comme Cecilia Fitzpatrick. » Tess et sa cousine Felicity connaissent très bien Cecilia, John- Paul et toutes les personnes qui ont fréquenté ou se trouvent encore dans les murs de l’école de Sainte – Angela. Les ragots vont bon train, comme dans toutes les petites bourgades. Mais des événements divers et inattendus vont rassembler tout ce petit monde…

Au final, un récit entraînant qui surprend par ses révélations et son ton souvent satirique sur la vie de certaines femmes persuadées d’être dans la position sociale que l’on attend d’elles et qui, finalement, se retrouvent ridiculisées. Des personnages attachants et un secret pesant, qui, même lorsqu’il est révélé, continue à semer le trouble. Je lirai les autres romans de Liane Moriarty ; c’est vraiment autant inattendu que plaisant !  

dimanche 23 mars 2025

Douze secrets, Robert Gold (Pocket, 01/2025)


 

Douze secrets, Robert Gold (Pocket, 01/2025)

💙💙💙💙

J’ai jeté mon dévolu sur ce thriller après l’avoir vu passer sur les réseaux sociaux et je ne regrette pas de m’être laissée influencée ! Cap sur l’Angleterre, et plus précisément la bourgade de Marnham où bien des secrets se sont accumulés en une vingtaine d’année…

« Tout le monde est convaincu que ma mère était tellement malheureuse qu'elle n'a pas pu en supporter davantage, que plus rien ne la rattachait à la vie. Mais je sais que ce n'est pas ce qui s'est passé. Même après tout ce qu'on avait traversé, elle avait retrouvé un certain allant. Je ne comprends toujours pas son geste. Il doit forcément y avoir autre chose. » Ben Harper (oui, comme le chanteur !) est devenu un journaliste reconnu dans le domaine des affaires criminelles. Il faut dire que la vie ne l’a pas épargné dans ce domaine : son frère aîné a été sauvagement assassiné à l’adolescence et sa mère s’est suicidée quelques années plus tard. Mais un assassinat va venir secouer la petite communauté d’Haddley et des secrets vont commencer à être révélés. Ben se sent immédiatement concerné.  

« Mais tu n'imagines jamais qu'il y a des choses qu'on ignore ? Qu'il puisse y avoir à Haddley des gens qui savent quelque chose ? On ne sait pas vraiment ce qui est arrivé à ces filles après qu'elles ont été emmenées. » Tout va tourner autour d’une bande d’ados, une équipe de foot, des gamines écervelées prêtes à tout pour être aimées. Qui dit vrai ?

« "On regarde vers l'avenir, pas vers le passé" - telle était sa devise. » Si Ben s’est efforcé de regarder vers l’avenir durant vingt- deux ans, force est de constater qu’il lui faudra enquêter sur le passé – SON passé – pour avancer jusqu’au lendemain. Et découvrir le vrai visage des habitants de Marnham.

Au final, un thriller un peu lent à démarrer, mais qui se dévore une fois la première vitesse passée !!! Si vous aimez les récits ponctués de secrets qui vous éclatent au visage au fil des pages : foncez !

jeudi 20 mars 2025

Monster, Cynthia Havendean (Edilivre, 10/20)

 



Monster, Cynthia Havendean (Edilivre, 10/20)

💣💣💣💣

On m’avait prévenue que cette dark romance était l’une des plus « gore » qui existait, et effectivement, je le confirme. Il faut vraiment avoir le cœur bien accroché pour lire certaines des scènes et il faut être capable de prendre du recul par rapport au comportement des principaux protagonistes de l’histoire : non, ce n’est pas normal de réagir comme ils le font.

« Je n'ai en aucun cas le droit de regarder un autre homme, d'avoir des sentiments pour quelqu'un ou des rapports sexuels avec qui que ce soit. Mickhaïl est beaucoup trop jaloux et possessif. Je n'ai aucune liberté et je lui appartiens ; mon père n'en a rien à foutre de ce que Mikhaël me fait. » Dans la famille Pavlenski, nous avons le père, Baron, parrain de la mafia russe, Mikhaïl, son héritier, et Seyvanna, la fille qu’on préfère oublier, devenue l’objet de toutes les perversions de son frère, dans l’indifférence générale. Mais la jeune fille, en grandissant, est devenue un objet de tentation pour les ennemis de la famille de mafieux.

« Tout ce qui est illégal et qui empêche l'humain d'assouvir ses pulsions en société, moi je l'offre. Le client paye très cher. » Jonas Somber Jann vient lui aussi d’un milieu de mafieux qui s’est établi aux Etats- Unis. Revenu en Russie, il a envie d’agrandir son empire. Et pour cela, il est prêt à tout, même à flirter avec les actes les plus morbides et malsains qui puissent exister.

« J'entends son cœur se déchaîner. Il frappe avec violence sous sa poitrine. Tout comme le mien. Il est le monstre qui me libérera de mon frère... Donc, mon héros... ou alors cette bête immonde me conduira à ma perte. » Jonas va parvenir à s’emparer de la belle Seyvanna, et mieux encore, il va parvenir à la séduire. Mais leur relation est- elle sincère, où est- ce un subterfuge pour anéantir la famille de l’autre ?

Au final, une dark romance qui se lit rapidement car le style est addictif. Les chapitres alternent les points de vue de Seyvanna et de Jonas mais cela ne permet pas vraiment de savoir s’ils vont tenir l’un et l’autre leurs promesses et on tombe souvent de haut devant les révélations qui se succèdent. A lire uniquement en connaissance de cause !

samedi 15 mars 2025

La lisière, Niko Tackian (Le Livre de Poche, 02/2024)

 



La lisière, Niko Tackian (Le Livre de Poche, 02/2024)

❤❤❤❤

Je découvre Niko Tackian avec ce titre dont la couverture – ce corbeau majestueux – m’a attirée. Cap sur la Bretagne, et le port de Le Guilvinec, dont je garde de précieux souvenirs…

En se rendant chez sa belle- mère, Vivian vit un véritable traumatisme : la voiture familiale subit un choc en roulant, en pleine nuit. Son mari, Hadrien, sort pour évaluer les dégâts. Leur fils, Tom, sort pour soulager un besoin naturel, et la mère de famille se retrouve seule à bord. Pire encore, lorsqu’elle sort pour voir ce qu’il est arrivé aux hommes de sa vie, elle se retrouve poursuivie par un homme porteur d’une hache ensanglantée. Elle ne devra sa survie qu’à la présence d’un routier empathique qui la prend en charge et l’emmène à la gendarmerie la plus proche.

« Par le passé, y'avait toutes sortes de fantômes qui se baladaient ici- bas pour hanter les vivants. Et quand l'curé en trouvait un, tu sais c'qu'il en faisait ? D'abord il l'exorcisait en lui donnant une bénédiction et tout le sacrement et après il l'enfermait dans l'corps d'un gros chien noir, comme celui que j'ai vu... » Vivian cherche son mari et son fils, son esprit oscillant entre légendes bretonnes ancestrales et souvenirs traumatiques. Où se trouve la vérité ?

J’ai beaucoup aimé ce récit troublant, portant le traumatisme d’une mère qui cherche son fils à la suite d’une agression mystérieuse. Le monde de la pêche bretonne et les légendes bretonnes apportent une ambiance onirique à l’enquête de la lieutenante Maëlys Mons. Les personnages sont attachants, d’autant plus qu’on sent qu’ils portent des failles personnelles problématiques. Captivant, malgré quelques descriptions languissantes. Je relirai cet auteur pour l’ambiance qu’il instaure dans ses thrillers. 

dimanche 9 mars 2025

La séparation racontée aux enfants, Ariane Hébert (Mortagne éditions, 09/2024)

 



La séparation racontée aux enfants, Ariane Hébert (Mortagne éditions, 09/2024)

👪👪👪👪👪

Les cas de séparation entre parents sont devenus monnaie courante dans notre société où l’on a appris à choisir sa propre voie et à ne dépendre de personne. Mais il est souvent délicat d’en parler avec l’entourage familial, et surtout, avec les enfants parfois trop jeunes pour en comprendre les raisons.

« Tout comme la rivière, il arrive parfois que les parents doivent se séparer pour continuer à avancer, même après avoir parcouru un long chemin ensemble. Ils ont besoin de poursuivre leur route respective, et chacune peut être belle à sa manière. Elles sont simplement différentes. » La petite Malorie a du mal à accepter l’annonce du divorce de ses parents. Son cousin, Karim, l’emmène en randonnée et en profite pour la rassurer en lui racontant sa propre expérience d’enfant de divorcés, et en prenant des exemples trouvés dans la nature.

« La résilience, c'est la capacité à s'adapter et à se rétablir après des épreuves difficiles. » Karim enseigne à Malorie le principe de résilience, qui sera repris plus loin dans le livre, dans la partie dédiée aux conseils pratiques.

Au final, un guide très bien réalisé (comme tous ceux de cette collection d’ailleurs). Le récit fictionnel et illustré permet d’entrer dans la problématique en douceur pour les enfants, puis viennent des conseils et des outils à mettre en place élaborés par des spécialistes pour tous les membres de la famille. A recommander.   

34 m², Louise Mey (Le Masque, 03/2025)


 

34 m², Louise Mey (Le Masque, 03/2025)

💘💘💘💘💘

Je ressors de la lecture de ce court roman (139 pages) comme essoufflée, tant j’ai retenu ma respiration dans les dernières pages. Il faut dire aussi que l’écriture envoûtante de l’auteure m’a empêchée de lâcher le livre et que je l’ai lu d’une seule traite !

« Ce matin au réveil, il y a deux heures ou il y a mille ans, sans même y penser elle a compté le nombre de tiroirs dans la commode ; elle prend le temps d'imaginer chaque chiffre, elle l'écrit, elle l'épelle, dans sa tête chacun a une couleur différente, une texture presque, même une musique parfois, faible mais tenace, maintenant elle compte le nombre d'animaux pastel accrochés au mobile, jamais elle n'a compté aussi fort puisque c'est la seule chose qu'elle peut faire, Juliette compte. » Juliette vit dans un appartement de 34m² avec sa petite fille, Inès, âgée de huit mois. La narration se faisant dans l’esprit de ce personnage principal, on comprend vite que celle- ci souffre d’une angoisse profonde, consécutive à de la maltraitance conjugale. Pour garder pied dans le réel, Juliette compte.

« Inès n'a aucune malformation, mais elle était toute entière inattendue, imprévue : la minceur des bras, la forme un peu rectangulaire de la cage thoracique - rien d'anormal mais c'est juste une pointe d'étrange, ou peut- être que c'est juste le temps qu'il a fallu à Juliette pour prendre l'ampleur de ce tout petit bébé, de ce qu'elle avait fabriqué, elle, avec son propre corps. » Inès est la raison de vivre de Juliette ; elle s’émerveille devant ce petit être auquel elle se voue corps et âme, malgré toutes les inquiétudes liées au statut de nourrisson.

« Et elle s'est dit, plusieurs fois dans sa vie : chaque femme choisit ce qui peut la détruire ou pas. » Au fil des pages, le parcours chaotique de Juliette se révèle et on comprend son trouble, au paroxysme, quand celui qu’elle a fui parvient à entrer chez elle. Comment la rencontre va-t-elle se passer après cinq ans de fuite ?

Au final, un récit époustouflant, hautement addictif, et quelle fin !!! 

L’envol du papillon, Clara Nové (L'Abeille bleue, 05/2023)


 

L’envol du papillon, Clara Nové (L'Abeille bleue, 05/2023)

🦋🦋🦋🦋

Cap sur Noirmoutier où les enfants Leroy vont passer leurs deux mois de vacances. La demeure familiale qui appartient à leur grand- mère est l’occasion pour ces enfants qui vivent en Lorraine de prendre l’air, mais aussi de renforcer leur foi en un catholicisme rigoureux. Mais en cet été- là, une nouveauté va déstabiliser la fratrie : Baptiste, jeune homme écorché vif, va passer ses vacances avec eux.

« - Les plans ont changé. Tu resteras avec tes frères et ta sœur à Noirmoutier, toi aussi. Nous avons annulé ton périple en Autriche.
Ma bouche s'ouvre sur un cri de protestation que je remballe aussi vite sous les yeux meurtriers de mon père. »
Blanche a dix- huit ans et elle vient de passer son bac. Elle pensait se ressourcer auprès d’amis dans un camp de vacances, mais son père en a décidé autrement. Dans la famille Leroy, les décisions du père ne sont jamais contestées.

« Pourtant, je ne sais, à l'instant, si c'est sa question tout sauf polie ou son allure qui me stupéfie le plus. Il n'a rien à voir avec mes frères, encore moins avec mes amis. Débraillé, nonchalant, avec une pointe d'arrogance qui me fait froncer le nez, il est paradoxalement splendide. Et d'un coup, j'ai envie de me donner des baffes d'avoir eu cette pensée. Je n'ai pas le droit de trouver sa désinvolture séduisante ! » La grand- mère de Baptiste étant amie avec celle des enfants Leroy, a écarté de ses mauvaises fréquentations, et il est censé réviser en vue des rattrapages de septembre. Son comportement effraie Blanche, qui a toujours évolué dans un cadre très pieux, entre prières et comportement altruiste. Et pourtant, le jeune homme l’attire irrémédiablement…

Au final, une romance pleine de rebondissements surprenants, sous couvert d’une intrigue sociétale originale : la rencontre d’une jeune femme appartenant à une famille de catholiques pratiquants très rigoureux, et d’un jeune homme désabusé, qui ne croit plus en rien. L’auteure écrit vraiment très bien, ses personnages sont terriblement attachants et le récit est rondement mené, à coups de tensions et de retournements de situation. Un bon moment de lecture ! 

lundi 3 mars 2025

L’enfant aux cailloux, Sophie Loubière (Pocket, 03/2014)




 

L’enfant aux cailloux, Sophie Loubière (Pocket, 03/2014)

💙💙💙💙💙

Je me suis penchée sur ce thriller parce que je suis la chaîne « Il est bien ce livre » depuis plusieurs années, et sa créatrice, Séverine, a toujours dit que c’était ce livre qui lui avait donné envie de se faire une place dans la « book sphère » pour pouvoir parler de ses coups de cœur littéraires. Un polar vieux de dix ans mais qui a toujours un fil suffisamment tendu de suspens pour vous tenir éveillé !

« Ce que Mme Préau découvrit alors la mortifia.
En quittant le taxi, elle n'avait eu d'yeux que pour le côté gauche de la rue, celui où se trouve sa maison. Il ne restait rien de l'immense terrain boisé qui s'étendait juste en face. Son propriétaire l'avait vendu et découpé en parcelles, lui aussi. Là où vivait jadis un renard, là où des gamins du quartier allaient chaque été à la rapine gonfler leurs polos de prunes, cerises et groseilles à maquereau puis plongeaient leurs mains couvertes de griffures dans les muriers, là où se dressait un calvaire agrémenté d'une fontaine construite au début du siècle dernier, deux pavillons de plain - pied avaient poussé, affichant leur crépi fadasse. »
Mme Préau, institutrice à la retraite, revient dans la maison familiale et découvre, avec horreur, qu’elle se retrouve avec des voisins très proches. Après un moment de répulsion, voici notre sexagénaire occupée à espionner ce qui se passe à côté à l’aide de jumelles pour occuper ses journées.

« Mme Préau nota un autre détail important dans son carnet ; cela concernait le comportement du garçonnet. Lorsqu'il apparaissait sur le palier du pavillon, il ne se précipitait jamais pour aller jouer. Il se frottait les yeux comme ébloui, puis descendait les quelques marches du perron d'un pas mal assuré. » Elsa Préau se rend rapidement compte qu’il y a un troisième enfant chez ses voisins, mais celui- ci n’apparaît nulle part sur les registres des services sociaux et policiers qu’elle sollicite. Et si elle délirait ?

Au final, un roman noir qui se dévore, à coups de suspens et de touches d’humour concernant la vieille dame. J’ai été déstabilisée par le portrait de vieille dame loufoque, puis je me suis attachée à cette Elsa certes excentrique mais ultrasensible. Un petit bijou ! 

mercredi 26 février 2025

Un cri dans le désert, Catriona Ward (Sonatine, 02/2025)



 Un cri dans le désert, Catriona Ward (Sonatine, 02/2025)

💗💗💗💗

C’est parce que j’ai gardé un excellent souvenir de l’un de ses précédents romans, « La dernière maison avant les bois », que j’ai eu envie de me plonger dans ce nouvel opus traduit en français. Cap sur la Californie, le domaine de Sundial que Rob a fui depuis plusieurs années. Le temps de se construire une famille. Mais le passé, toujours, revient la tourmenter. Et quand sa fille aînée, Callie, développe des attitudes problématiques, la jeune maman sent qu’il est temps de retourner dans la demeure familiale et d’y déterrer les secrets profondément enterrés.

« "C'est toi qui as voulu cette vie de famille, assène- t- il. Quand on s'est rencontrés, c'était ton souhait le plus cher. Et maintenant que tu as obtenu ce que tu voulais, tu ne cesses de te plaindre."
Le no man's land de la vie de couple, lorsque les rancœurs sont trop profondes et que les reproches sont devenus un écheveau inextricable. »
Rob s’enlise dans sa vie de couple avec Irving. Ils ont eu deux filles mais le papa ne cesse de découcher, multipliant les maîtresses et délaissant les femmes de sa vie.

« Quant à Callie, c'est ma fille et je l'aime. Jamais je ne lui dirai que parfois, je ne l'apprécie pas. Et jamais je ne lui dirai que parfois, l'aimer me demande des efforts considérables. » Rob n’éprouve pas les mêmes sentiments pour son aînée et pour sa cadette. Elle le regrette, et quand la première commence à adopter un comportement déviant, elle se force à prendre les devants. Direction Sundial, la propriété familiale dans laquelle Rob a grandi ; une espèce de retour aux sources.

« Le passé est une corde qui s'enroule autour de mon cou, et parfois, elle serre si fort que je n'arrive plus à respirer. » Le récit va alors alterner entre deux époques : la jeunesse de Rob, avec sa sœur Jack, dans un ranch isolé en plein désert, et le présent avec Callie et ses égarements.

Au final, un récit aux allures de conte gothique ; les fantômes hantent les vivants et les guident vers une vérité qui peut être dérangeante. Une écriture envoûtante ; avec des révélations malaisantes. Une lecture perturbante.

dimanche 23 février 2025

Du feu de l’enfer, Cédric Sire (Le Livre de poche, 08/2023)

 


Du feu de l’enfer, Cédric Sire (Le Livre de poche, 08/2023)

💘💘💘💘💘

Quel bonheur d’avoir découvert la plume de Cédric Sire ! J’ai encore une fois été totalement happée par ma lecture !!! L’immersion dans cette enquête policière sur fond de secte sataniste a été pour moi vertigineuse !

« Ariel fronça les sourcils.
Que faisait- elle là ?
Des nuées translucides de pollen tombaient des arbres et flottaient dans les airs autour d'elle.
Elle semblait attendre, impassible.
Était- ce lui qu'elle fixait ainsi ?
Qui d'autre ?
Mais non. C'était ridicule. Cette femme n'avait aucune raison de le surveiller. »
Ariel est un petit délinquant, incapable de se fixer et trempant dans toutes les embrouilles possibles. Heureusement pour lui, il a toujours pu compter sur sa sœur, Manon, thanatopractrice, la tête sur les épaules. Mais quand il se sent suivi au détour d’une rue, il sent que cette fois, il a dépassé une certaine limite dans ses méfaits…  

« Devenir dingue ? C'était bien ce qu'elle ressentait en cet instant. La porte de la folie était ouverte, ils avaient bel et bien eu un aperçu de ce qui se trouvait derrière son seuil. » Un suicide qui finalement n’en est pas un, un meurtre abominable, un cambriolage ; les événements dramatiques se succèdent et la tension monte crescendo entre Manon et Ariel. Dans quoi ont- ils mis les pieds ?

« Quand il portait l'autre masque, celui de bouc, quand la peur de la victime arrivait à ses narines comme un parfum âcre et affolant, cette puissance était décuplée. Il devenait qui il était vraiment. Libre de jouir sans entraves. De céder à ses désirs véritables. » Franck Raynal, capitaine de police, en est persuadé : les faits sordides qui se multiplient sont liés à une secte sataniste parodiant le « Hellfire club ».

Au final, un récit sous forme de jeu de pistes aux étapes plus sanglantes et cruelles les unes que les autres ! Une enquête captivante, d’autant plus que le personnage de Manon est terriblement attachant. Addictif !!!