mercredi 7 mai 2025

L’Iguane, Carlo Lucarelli (Métailié, 03/2025)

 



L’Iguane, Carlo Lucarelli (Métailié, 03/2025)

💙💙💙💙

Cap sur Bologne, en Italie. Grazia Negro, enquêtrice de police, vient à peine d’accoucher qu’on l’emmène, avec ses petites à peine nées dans une villa secrète très protégée. La raison ? « L’Iguane », tueur en série qu’elle a jadis arrêté, vient de s’enfuir de l’établissement psychiatrique dans lequel il était retenu.

« Le Loup- Garou, le Pitbull, le Chien, l'Iguane, elle en avait un plein zoo, et même si, une fois pris, elle les oubliait, c'étaient justement les émotions de la chasse qui restaient en elle. » Grazia Negro a déjà enquêté sur plusieurs affaires de tueurs en série. C’est ici le troisième tome de ses enquêtes et j’avoue que, même si cette histoire peut se lire indépendamment des autres, j’ai regretté de ne pas avoir lu les deux premiers pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de ces retrouvailles avec celui que l’on surnomme « L’Iguane », ainsi que la relation nouée jadis avec Simone.

« La peur me couvre les bras de frissons qui brûlent, serrés comme des nœuds.
Il y a quelqu'un dans le silence de ma salle obscure.
Quelqu'un.
Ou quelque chose. »
Un tueur rode. Il tourne autour des protagonistes de l’histoire. Il est discret, telle une petite souris qui se cache dans un coin pour vous espionner en toute tranquillité pour mieux vous mordre si vous l’approchez.

Au final, un thriller à l’atmosphère lourde et angoissante. Les soupçons se portent sur les divers protagonistes que l’on rencontre au fil des pages, d’autant plus que le récit est polyphonique. Et puis, en tant que mère, la présence de ces petites filles à peine nées représente un sacré degré de suspense ! Une découverte intéressante !

lundi 5 mai 2025

La fugue, Aurélie Valognes (J- C Lattès, 03/2025)

 


La fugue, Aurélie Valognes (J- C Lattès, 03/2025)

Crise de la quarantaine ou fuite nécessaire à la survie ? Inès, un beau matin, fait sa valise et roule, roule, roule, jusqu’au bout de la terre, un patelin en bord de mer dans le Finistère. Partir, quitter son quotidien dans lequel elle se sentait enfermée, était la seule solution, la seule issue de secours.

« "Nina & Simone". Tout de suite, j'y ai vu un signe. Une femme talentueuse qui en a bavé avant d'être libre. » Inès se raccroche à des références féminines de la littérature ou de la musique. En effet, ce roman est essentiellement féminin. On y rencontre des femmes célèbres au destin inspirant, mais aussi des femmes de fiction tout aussi marquantes par leur détermination.

« Car c'est fini de subir, de tolérer, d'encaisser, d'être à terre. Les autres ne se pensaient grands que parce que j'étais à genoux. Mais aujourd'hui, je me redresse. » Inès a trouvé son refuge, sa maison, son « lieu à elle » où elle va enfin se réaliser, se retrouver, être en accord avec elle- même.

« Certains rêvent leur vie et d'autres vivent la vie de leur rêve. » Inès va rencontrer d’autres femmes singulières, qui, comme elle, ont un jour assumé de ne plus être celles que les autres façonnaient.

Au final, un roman sur la renaissance d’une femme brisée, mais aussi sur la sororité, cet élan entre femmes qui osent défier les convenances et écouter leurs propres envies. J’ai beaucoup aimé les références littéraires et philosophiques, ainsi que les réflexions qui m’avaient séduite dans « La Lignée », mais quelques incohérences m'ont agacée (le frigo vide, la musique qui résonne puis l'absence de réseau...). Emouvant et inspirant malgré tout.

jeudi 1 mai 2025

La psy, Freida McFadden (J'ai lu, 04/2025)


 

La psy, Freida McFadden (J'ai lu, 04/2025)

💟💟💟💟

Après les tomes 1 et 2 de « La Femme de ménage », il fallait absolument que je me plonge dans « La psy ». Un véritable plaisir que de retrouver la plume de l’auteure (même traduite) ! Et que de nœuds au cerveau pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants de l’intrigue. Encore une fois, je n’ai rien vu venir…

« Je n'ai jamais ressenti ça. Pas une fois dans les dizaines de maisons vides que nous avons visitées au cours des deux derniers mois. Je n'ai jamais éprouvé un sentiment aussi fort.
Il s'est passé quelque chose de terrible dans cette maison. »
Tricia et Ethan viennent de se marier et ils sont à la recherche d’une maison où s’installer pour fonder une petite famille. Les voilà en route pour la visite d’un manoir alors qu’une tempête de neige se lève. Arrivés sur place, ils n’auront d’autre choix que de rester passer la nuit dans cette demeure que Tricia trouve terrifiante. En effet, il s’agit de la maison dans laquelle Adrienne Hale, psychiatre connue pour le succès de ses livres, a disparu.

« Je ne suis pourtant pas une fouineuse, j'ai juste une curiosité tout ce qu'il y a de naturelle. Y a-t-il quelque chose de mal à ça ? » Alors que notre jeune couple cherche à passer au mieux cette nuit dans la demeure, Tricia trouve une pièce secrète qui renferme tous les enregistrements des séances de la psychiatre. Que vont- ils lui révéler ?

« Je crois que tout être humain est capable de faire des choses terribles si on le pousse à bout. » Les allers- retours entre le présent de Tricia et le passé d’Adrienne permettent d’avoir accès aux réflexions des deux femmes. La psychiatre s’était fait une spécialité de la thérapie des troubles liés à la peur et au mensonge.

Au final, un roman dévoré en peu de temps, qui m’a emportée vers une recherche urgente de la vérité. Bien des secrets vont être révélés dans les dernières pages, même si j’ai trouvé la résolution de l’intrigue un peu rapide et un chouïa décousue. Mais ce n’est que mon avis. 

lundi 28 avril 2025

Avalanche hôtel, Niko Tackian (Le Livre de poche, 03/2019)


 

Avalanche hôtel, Niko Tackian (Le Livre de poche, 03/2019)

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Joshua Auberson, agent de sécurité à l’Avalanche hôtel, superbe palace, enquête sur la disparition d’une jeune cliente, fille d’une famille d’habitués fortunés. Nous sommes en janvier 1980. Mais voilà que Joshua est pris dans une avalanche, et se réveille… en 2018. Que s’est- il passé ? Joshua, qui est finalement policier, va devoir remonter le temps et le fil de ses souvenirs pour pouvoir résoudre une enquête mêlant deux temporalités.

« Tu ne te souviens même pas de ton nom ? Il se massa les tempes, espérant secrètement que ça l'aiderait à retrouver la mémoire. Joe... Joseph... c'est comme ça qu'il devait s'appeler. » Le récit s’ouvre sur un trentenaire complètement perdu ; lors qu’il se réveille, il se rend compte qu’il n’a plus aucun souvenir, même pas celui de son prénom…

« 1980... quelque chose ne collait pas avec cette date. Quelque chose de grave, il le sentait. » Joshua oscille entre rêve et réalité. Alors qu’il est chargé d’une enquête suite à la découverte d’une jeune femme plongée dans un coma profond et dont on ne trouve pas l’identité, notre policier va devoir trouver des liens entre un passé qui l’obsède et un présent de plus en plus complexe.

« Stephen King - dont il avait dévoré tous les romans - disait qu'à vingt ans on croyait connaître la route, à vingt- cinq ans on soupçonnait qu'on tenait la carte à l'envers et à trente on en avait la certitude... » La référence fait sens quant à l’ambiance parfois surnaturelle qui règne dans les montagnes des Alpes suisses. Mais Joshua va devoir apprendre à se méfier des fantômes qui viennent le hanter.

Au final, un polar dont je ressors déçue. Je ne me suis absolument pas attachée aux personnages et je me suis perdue quelque part entre l’enquête de 1980 et celle de 2018 tant celle- ci m’a semblée floue. Dommage.

samedi 26 avril 2025

Et que Dieu me pardonne, Claire Norton (10 / 2024)



 Et que Dieu me pardonne, Claire Norton (10 / 2024)

💙💙💙

Jusqu’où pardonner ? Elodie ne vit plus depuis la disparition de sa fille aînée, Maëlle, alors âgée de huit ans. Déçue par la justice, elle ne vit plus que pour venger son enfant et découvrir ce qu’il s’est réellement passé, persuadée que toute la lumière n’a pas été faite sur le drame qui a anéanti son envie de vivre.

« Fermer les yeux sur les incivilités. Continuer à dire "bonjour", "merci". Se taire en cas d'agression verbale. Courber le dos pour ne pas tomber dans le jeu de la surenchère. Elle a fait ça toute sa vie. Elle a même enseigné cela à ses enfants. Pour quel résultat ? » Elodie se fait un devoir de rester calme et civilisée face à des individus de plus en plus agressifs. Elle éduque ses filles Maëlle et Zoé avec ces mêmes préceptes emprunts de civisme.

« Tu vois, je n'ai pas été capable de te protéger, mais je m'inscris aujourd'hui dans un devoir de justice et de justesse. Je mettrai ma rage et ma haine de côté, écouterai, prononcerai la condamnation et infligerai le châtiment. C'est cela, pour moi, une justice "juste". Ce sera peut- être œil pour œil, dent pour dent. Puisque la loi française n'a rien fait pour toi, je suis prête à faire mienne la loi du talion. » Maêlle taquinait souvent sa mère au sujet de son inoffensivité ; « toi, tu ne ferais pas de mal à une mouche ». Mais la disparition tragique de son enfant représente la limite à laquelle l’esprit d’Elodie va devoir se confronter… et se voir basculer.

Au final, un roman axé sur le combat d’une mère, qui s’est longtemps retenue de réagir à la violence ambiante et qui, d’un coup, libère toute sa colère et toute sa frustration, frôlant le point de non- retour. Une idée de départ très intéressante, mais le récit s’enlise par moment dans des descriptions trop longues et des monologues existentiels sur les valeurs du pardon. A lire en connaissance de cause.