jeudi 30 janvier 2020

La Goulue, Maryline Martin


La Goulue, Maryline Martin (Les éditions du Rocher, 16/01/2019)

★★★☆☆



J’ai toujours été attirée par cette période de l’histoire de France nommée « Belle Epoque », qui va de 1880 jusqu’à la Première Guerre mondiale. Cette profusion d’artistes d’horizons divers, tous plus originaux les uns que les autres, rassemblés dans les cabarets de Montmartre où le soir venu, chacun raconte l’avancée de son œuvre en sirotant un verre d’absinthe… Quel spectacle ce devait être ! Autour d’eux gravitent une nuée de femmes bien évidemment. La plus célèbre d’entre elles est surnommée « La Goulue », en raison de son appétit, qui est impressionnant, que ce soit en denrée alimentaires… ou en hommes ! La Goulue est une jeune femme bien en chair qui n’a aucun complexe et dont le plaisir est même de choquer les spectateurs par ses gestes effrontés lorsqu’elle danse le cancan !


Dès l’adolescence, Louise Weber, de son vrai nom, a le diable au corps. Blanchisseuse dès l’âge de seize ans, elle va jusqu’à emprunter les robes de ses clientes pour aller danser le quadrille chaque soir. Sa gouaille et son appétit de vivre vont vite être remarqués. Entretenue par des hommes fortunés dont elle se lasse vite, elle va être embauchée comme danseuse professionnelle à l’Elysée Montmartre puis au Moulin Rouge où elle obtiendra un véritable statut de vedette. Elle y croisera notamment Toulouse-Lautrec et Renoir, pour qui elle servira de modèle. 


Cette docu-fiction m’a permis d’en apprendre davantage sur cette figure illustre que représente « La Goulue » : enfance, moments de gloire puis déchéance. Par contre, je regrette le ton purement journalistique de l’auteure. Les analyses de celle-ci, ses apports en connaissances culturelles et historiques sont entrecoupés d’extraits du journal intime de cette célébrité de la Belle Epoque. C’est dommage que tout ceci n’ait pas été mêlés avec des efforts de style ; cela aurait évité la fadeur du texte final et les nombreuses répétitions.
Un livre intéressant mais trop peu captivant.

lundi 27 janvier 2020

L’art du meurtre, Chrystel Duchamp


L’art du meurtre, Chrystel Duchamp

★★★★★


Un thriller complètement addictif, lu en 24h !!!



Le corps de Franck Tardy, avocat, est retrouvé atrocement mutilé et dans une mise en scène plutôt étrange. Un duo d’inspectrices est envoyé sur place, Patricia, commandant et Audrey, lieutenant. C’est cette dernière qui sera la narratrice du récit. Flic un peu perdue, qui boit et fume du cannabis pour soigner son état dépressif et qui multiplie les relations d’un soir. Elle détonne dans le milieu mais cela n’entache en rien son efficacité. Rapidement, elle découvre ainsi que l’homme de loi assassiné fréquente les clubs sadomasochistes. Elle se rue donc sur cette piste. C’est alors qu’un deuxième homicide est découvert, un homme, riche, collectionneur d’œuvres d’art lui aussi. Puis un troisième crime est commis, même profil et dans les mêmes conditions peu banales…

Où cela va-t-il s’arrêter ? Qui peut bien organiser pareil dispositif macabre ?



Ayant fait des études d’histoire de l’Art avant d’intégrer le 36, Audrey pressent que les mises en scène des assassinats sur lesquels elle enquête sont liées à un souci esthétique. Et pourtant, il n’y a rien de beau dans l’exposition de cadavres : « L'odeur de la mort est effroyable. Certes, la vue d'un cadavre est choquante, mais les jours passent et la vision s'estompe. L'odeur elle, reste à tout jamais. Elle vous colle à la peau, elle imprègne vos cheveux et vos vêtements. Vous avez beau vous laver deux fois, dix fois, mille fois, elle persiste. Les souvenirs olfactifs sont les pires. Ils ne vous quittent jamais. » Qui est donc ce meurtrier aux pratiques originales ?



Chrystel Duchamp nous fait soupçonner divers protagonistes au fur et à mesure du récit, sans que jamais, le lecteur ne parvienne à trouver l’identité du meurtrier (Ahhh ! Ce dernier chapitre !!!!). Elle nous balade avec intelligence dans le milieu de l’Art contemporain. J’avoue avoir fait des recherches sur Internet tant les artistes cités m’ont étonnée par leurs pratiques !!!

J’ai l’impression de ressortir de ce thriller avec des connaissances culturelles supplémentaires tout en ayant passé un excellent moment de lecture ! L’auteure m’a menée par le bout du nez du début à la fin de son récit et j’ai adoré cela !!!


Auteure à suivre !!!

samedi 25 janvier 2020

Te souviens – tu de nos promesses ? Théo Lemattre


Te souviens – tu de nos promesses ? Théo Lemattre

★★★★☆



« L'indifférence, il n'y a rien de pire. Il n'y a rien qui puisse blesser davantage. » Karen fait ce constat malheureux en pensant à son mariage. Elle a tout concédé à Philippe, par amour : orientation scolaire, déménagement, carrière et envie d’enfants. Elle est restée la femme de l’ombre, celle qui permet à son mari de briller. A l’approche de la quarantaine, elle n’en plus plu. Les disputes deviennent plus fréquentes, plus violentes et la nécessité d’un divorce s’impose.
   

« On dit que l'amour et la haine sont si proches qu'on ne parvient parfois pas à faire la différence entre les deux. » Mais voilà qu’une fois que les papiers sont signés Philippe se retrouve comme sous le choc. Une grande gifle le réveille brutalement : Karen est la femme de sa vie. En divorçant, il a fait l’erreur de sa vie. Est-il trop tard pour la reconquérir ? 


Il y en a eu des méchancetés échangées entre eux. Leur couple, vieux de vingt- cinq années semblait usé. Et la solution de la séparation a mis encore plus d’huile sur le feu : « C'est comme ça, les séparations. On n'a pas forcément besoin de ce qu'on réclame, mais on veut simplement faire du mal avant de partir, comme s'il fallait piétiner l'herbe du jardin de l'autre pour que plus rien n'y repousse. »

Il n’a pas été tendre avec Karen ces dernières années, ni ces derniers jours juste avant le passage chez le notaire… 


En rangeant ses affaires dans des cartons dans le garage, il va tomber sur une vieille enveloppe, scellée vingt-deux ans plus tôt et intitulée « Nos promesses ». Effectivement, à l’âge de dix-huit ans, Philippe et Karen avaient noté, chacun sur un côté de feuille, ce qu’ils promettaient de faire pour l’autre dans l’avenir…

Et si la solution pour réparer, au moins partiellement, ses erreurs passait par la réalisation des promesses de naguère ?


Un roman « guimauve » sur le couple en crise, que l’on pourrait classer entre « feel-good » et « romance ». Le style est fluide, l’écriture est limpide et les pages se tournent toutes seules. Un moment de lecture bien agréable en ces temps moroses !

jeudi 23 janvier 2020

Murène, Valentine Goby

Murène, Valentine Goby

★★★★★


« Il choisit le roman, sans doute parce que seule la fiction peut convaincre un lecteur de se risquer à entrer dans pareille histoire. » Cette phrase a attiré mon regard, fait tourner mes méninges… J’avais repéré ce roman dès sa sortie, mais je le tenais éloigné, volontairement, de mes mains. Il m’effrayait… J’ai travaillé quelques années avec des adolescents polyhandicapés ; j’en garde un souvenir ému et j’avais peur de tomber sur un cumul d’idées préconçues sur les personnes handicapées.  J’étais effrayée à l’idée de lire le portrait trop clinique d’un homme diminué.


Il aura fallu la venue de l’auteure dans une librairie située dans la ville où je vis pour que je me décide à lire ce roman contre lequel j’avais construit une barrière mentale.


Au final, c’est bien moi-même qui suis coupable de projections d’idées préconçues : ce roman, terriblement humain m’a emportée par la justesse de son récit. 


Hiver 1956, François, jeune homme dynamique va, suite à une imprudence, se voir amputé des deux bras. Deux choix vont s’offrir à lui : s’en vouloir et se laisser gagner par la rancœur : « Ce qu'ils font à ce corps il s'en fout, il pèse le poids d'un noyau de pêche, vingt et un grammes maximum, ce que pèse l'âme selon les calculs de Duncan MacDougall, médecin américain. » Ou alors, tout à l’inverse, tenter le pari de vivre… Survivre… 


En 1956, les appareillages ne sont pas les prothèses d’aujourd’hui. Il faut une sacrée rage de vivre pour pouvoir les utiliser. Mais François tâtonne sous la plume de Valentine Goby. L’auteure lui laisse le droit de se plaindre, de râler, de tout casser. François n’est pas un personnage lisse qui accepte toutes les contraintes. A eux deux, ils font appel aux classiques de la mythologie, aux « Métamorphoses » d’Ovide qui permettent aux humains qui souffrent de trouver un havre de paix dans le milieu naturel : « J'écris sur le pari de vivre, les métamorphoses qu'il engendre, et le réel n'est pas moins cruel que la fiction dans son obstination à défier notre préférence pour la vie. »

François trouvera son salut dans l’eau, d’où le titre. 

Mais la route  qui va le mener jusque-là sera un véritable chemin de croix que je vous invite à emprunter…

lundi 20 janvier 2020

Valentine Goby à la librairie Graffiti de Castres, ce dimanche 19 janvier 2020

Valentine Goby à la librairie Graffiti de Castres, ce dimanche 19 janvier 2020

Bonjour à tous! Hier, j'ai eu la chance de rencontrer Valentine Goby, venue lire des extraits choisis de "Murène", son dernier roman, avec un accompagnement à la guitare. C'était captivant!
Puis ce fut le temps des bavardages, des dédicaces, du grignotage entre les lecteurs présents, les libraires de Graffiti, l'auteure et le guitariste.
Un excellent moment qui m'a donné envie de lire les romans de cette auteure avec lesquels je suis repartie, dont "Murène"...