dimanche 31 août 2025

Comme un père, Christian Authier (Les éditions du Rocher, 08/2025)

 



Comme un père, Christian Authier (Les éditions du Rocher, 08/2025)

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Une très belle surprise de cette rentrée littéraire ! C’est grâce à ma libraire que j’ai lu ce roman, un peu perdu dans la masse des nombreuses nouveautés. Une belle découverte, lue en seulement deux jours, tellement le récit m’a captivée !

« De quoi parle-t-on avec lui ? Comment appelle-t-on un tel individu ? Un salopard ? Une ordure ? Un fou ? » Alexandre, la vingtaine, mène une vie routinière entre rédaction d’articles culturels pour un journal et balades dans la ville de Toulouse avec ses amis. Le jeune homme fait partie des privilégiés puisqu’il a hérité un logement et des fonds de sa famille appartenant à la haute bourgeoisie française. Mais malgré tout, Alexandre a grandi comme un orphelin ; son père a disparu de sa vie alors qu’il avait cinq ans, et sa mère est décédée alors qu’il était adolescent. Alors quand son père resurgit comme si de rien était, c’est un grand chambardement dans sa vie.

« Alexandre buvait les paroles de ces anciens combattants du dérisoire, grands gamins qui en vieillissant essayaient de retarder la marche du temps tout en constatant que leurs retours dans le passé ne faisaient que souligner à quel point celui- ci s'éloignait chaque jour un peu plus. » En retrouvant son père, c’est tout un univers que va découvrir Alexandre. Les copains qui ont vécu mille anecdotes dans le cadre d’affaires obscures aux quatre coins du monde vont animer bien des soirées des retrouvailles père- fils !

« De quoi héritait- on de ses parents au- delà éventuellement du physique ? Du caractère, des sentiments, de gestes ? Etaient- ils transmis par les gênes, le mimétisme, l'éducation ? » De manière générale, Alexandre va se poser des questions sur l’héritage naturel des liens familiaux. Quand on a si peu connu ses parents, comment se situer dans son histoire personnelle…

Au final, un récit tellement vrai, sincère, que c’en est émouvant. J’ai vraiment été touchée par les personnages d’Alexandre et de son père, Patrick. L’auteur leur construit une parenthèse de vie basée sur des référentiels différents, dus aux aventures paternelles aussi farfelues que possible. Un roman générationnel attachant et très bien écrit.  

mercredi 27 août 2025

Miss Islande, Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 10/2022)

 


Miss Islande, Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 10/2022)

💙💙

Cap sur l’Islande, pays où je rêve d’aller, pour suivre un pan de la vie d’Hekla, jeune femme de vingt et un ans, qui quitte la demeure familiale pour mener sa vie de romancière en herbe. Mais nous sommes en 1963, et les femmes qui s’écartent d’un quotidien d’épouse et mère ont bien du mal à trouver leur place, encore plus auprès des poètes locaux…

« Toi, tu étais transformée. Tu avais fait un voyage. Tu t'exprimais différemment. Tu parlais la langue des éruptions, tu employais des mots comme sublime, prodigieux et titanesque. Tu avais découvert le monde, tu regardais le ciel. Tu as pris l'habitude de disparaître. Nous te retrouvions allongée dans les champs, à observer les nuages, ou en hiver, sur une congère, à contempler les étoiles. » Hekla porte le nom d’un volcan ; son père étant passionné par les éruptions volcaniques qui sont légion en Islande. Et de fait, la petite fille se montre très tôt en osmose avec la nature ; une attitude contemplative qui va la mener à l’écriture de poèmes… qu’elle parviendra à publier, mais sous un pseudonyme masculin.

« La plupart des hommes qui aiment les garçons sont pères de famille, ils ne sont homosexuels que le week-end. Ils se marient pour cacher ce penchant contre- nature. Leurs femmes sont au courant. » Le meilleur ami d’Hekla, Jon John, ne trouve pas sa place dans la société islandaise, du fait de son homosexualité. Ses missions de marin le confrontent, de plus, à une homophobie exacerbée de la part de rustres islandais. Ce garçon hypersensible ne trouve du réconfort et de la tendresse qu’auprès d’Hekla.

« Les hommes naissent poètes. Ils ont à peine fait leur communion qu'ils endossent le rôle qui leur est inéluctablement assigné : être des génies. Peu importe qu'ils écrivent ou non. Tandis que les femmes se contentent de devenir pubères et d'avoir des enfants, ce qui les empêche d'écrire. » La meilleure amie d’Hekla, Isey, aime aussi s’épancher sur le papier, mais elle est mariée et mère de bientôt deux enfants. Impossible d’envisager l’écriture d’un roman dans ces conditions….

Au final, un roman que j’ai trouvé original par le constat qu’il fait de la condition de la femme, et plus particulièrement de la femme romancière au XXème siècle. Mais je me suis ennuyée… Et le style « minimaliste » des phrases (sujet -  verbe – complément) ne m’a pas plu. C’est dommage parce que le personnage d’Hekla méritait d’être plus élaboré.

samedi 23 août 2025

Tant mieux, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2025)


 

Tant mieux, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2025)

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Le Nothomb, cru 2025 vient de sortir. Et si je l’ai boudée dans les années 2010, j’ai renoué avec elle depuis quelques petites années pour le meilleur… et pour le pire. Mais heureusement, cette année, ça a été pour le meilleur ! Amélie Nothomb nous a livré ici un récit prenant, émouvant et de grande qualité stylistique !

« Il se produisit un glissement dans son esprit, l'univers perdit son assise sous elle et elle fut foudroyée par une découverte miraculeuse qui tenait en deux mots : tant mieux. » Adrienne est une enfant de quatre ans qui, si jeune, va devoir passer un été avec sa grand-mère maternelle à Gand. Une aïeule acariâtre, incapable d’aimer ses semblables, au point de les confronter à des situations ignobles, alors qu’elle voue une vénération sans borne à l’espèce féline. Comment trouver sa place dans un tel disfonctionnement émotionnel ?

« Elle n'avait jamais reçu ce dont un enfant a le plus besoin : de la considération. C'est encore plus important que l'amour. Être regardé pour ce que l'on est, c'est cela, être considéré. » Astrid, cette mère remarquable par sa beauté va faire de l’ombre à ses propres filles. Jacqueline et Adrienne se soutiennent en tant que sœurs, mais le manque d’amour, de considération fait naître des questionnements sur l’origine de ce rejet maternel. Faut- il être belle, intelligente, éduquée ? Le flou parental empêche les filles de devenir « femmes ».

« - Ma chérie, tu peux mentir, mais je t'interdis de devenir cinglée. » Le récit se resserre sur des dialogues intra- familiaux, puis sur les confessions de l’auteure, qui passe du « elle » narratif au « je » quand vient l’heure des confessions. Un moment prenant, très émouvant de vérité quant à l’amour d’Amélie pour ses parents.

Au final, un cru excellent. Outre la qualité narrative et lexicale, ce roman exprime des sentiments exacerbés de la part d’une enfant extraordinairement éclairée et mâture, capable d’analyser les rapports humains dans leur complexité, grâce au regard rétroactif de l’auteure adulte. Les bons et les mauvais côtés parentaux sont exprimés avec un jugement certes enfantin, mais tellement criant d’une vérité universelle que l’on ressent, tous, au plus profond de soi. Merci Amélie !

vendredi 22 août 2025

Surface, Olivier Norek (Pocket, 2019)

 


Surface, Olivier Norek (Pocket, 2019)

💙💙💙💙

C’est parce que France 2 diffuse l’adaptation de ce roman policier en six épisodes cette semaine que je me suis décidée à le sortir de ma PAL. Pourtant, je regarde très peu la télévision, mais ici, le tournage de la série a été réalisé dans la ville de Mazamet, que je connais très bien. Ma curiosité a donc été fortement titillée !

« J'ai plusieurs patientes en une même personne. Un flic qui risque de ne jamais retrouver son service. Une femme qui risque de ne penser qu'elle ne séduira plus. Une entité adulte qui doit découvrir le visage d'une étrangère et vivre avec. Et une gamine qui doit être morte de peur. » Noémie Chastain est capitaine de police, chef d’un groupe d’intervention dans le service des Stups. Un matin, la mission tourne mal et la jeune femme se retrouve gravement défigurée. Son quotidien va en être brutalement modifié : elle se voit obligée de quitter le 36 pour un petit commissariat en Aveyron, son petit- ami lui tourne le dos et sa confiance en elle est profondément ébranlée. Seul un psy, Melchior, parvient à la soutenir et la faire avancer dans sa nouvelle vie.

« Vous n'avez pas l'impression d'être dans un jeu spécialement créé pour vous ? Un profil intact pour un charmant village, l'autre profil blessé, pour un village sous l'eau qui réveille des souvenirs horribles. » Le commissariat de Decazeville tourne au ralenti depuis des années, au point de risquer d’être fermé. Noémie vit un nouveau choc ; elle qui aimait l’action et la vie trépidante de Paris se retrouve très vite à s’ennuyer auprès de ses nouveaux collègues. Quelques semaines après son arrivée, un cadavre va être découvert, et Noémie va pouvoir réendosser son uniforme d’enquêtrice hors pair.

Au final, j’ai beaucoup aimé cette histoire basée sur des secrets gardés au fond d’un village enfoui sous les litres d’eau retenus par un barrage. Le personnage de Noémie est, de plus, très attachant et l’auteur sait utiliser son profil psychologique pour amener l’enquête à poursuivre son évolution vers la reconstruction. Une bonne histoire policière originale.


mardi 19 août 2025

Comment te croire ? Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2024)

 



Comment te croire ? Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2024)

Croyez- vous à la réincarnation ? Si ce n’est pas le cas, Pétronille Rostagnat risque de vous faire changer d’avis grâce à cette enquête flirtant avec des croyances ancestrales, rondement menée, et passionnante ; personnellement, je l’ai lue d’une traite !!!

« Sa petite- fille était dotée d'une grande sensibilité, et ce depuis la naissance. Elle semblait percevoir des choses qui la dépassaient, elle ainsi que son entourage. » Jean, flic récemment à la retraite, a passé une partie de sa carrière à tenter de retrouver des personnes disparues mystérieusement. Un cas lui a toujours tenu à cœur, celui d’Alice, une adolescente disparue sept ans plus tôt. Quand sa petite- fille, Célia, six ans, lui parle de la disparue, qui semble la visiter dans ses rêves, le papi perd ses repères.

« Alors, oui, certains ont crié à la manipulation de l'enfant, mais James semblait bien avoir des souvenirs d'une vie antérieure. Selon la pédopsychothérapeute qui l'a suivi, ce seraient souvent des enfants ayant été victimes de morts violentes lors de vies précédentes qui se souviennent. » Parce que les révélations de la fillette vont s’avérer troublantes, Jean va convaincre sa fille, Florence, d’aller voir une psychologue spécialisée dans les cas enfantins de réincarnation, pour comprendre les liens susceptibles de s’être créés entre sa petite- fille et l’âme d’une défunte. Troublant, et pourtant de nombreuses recherches sont réellement menées sur des enfants qui semblent « subir » une réincarnation, tel James Leininger, un garçon américain, que cite l’auteure. Un cas avéré.

« Il y avait un monde entre la conviction d'une petite fille de six ans et la confirmation d'un test ADN. » Malgré tout, dans la police française, on reste pragmatique et seules les preuves élaborées scientifiquement auront de la valeur dans ce cold case. Jean devra se montrer plus audacieux que ses collègues et fouiller là où jamais il n’aurait envisagé de le faire, pour enfin faire toute la vérité sur cette enquête qu’il avait tant à cœur de résoudre.

Au final, un roman policier mené de main de maître, avec des liens vers l’indicible sans que cela ne soit jamais ridicule ou risible. Les personnages sont attachants et l’enquête est passionnante ! 

La fille au pair, Sidonie Bonnec (Albin Michel, 02/2025)

 



La fille au pair, Sidonie Bonnec (Albin Michel, 02/2025)

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J’ai beaucoup aimé ce livre dont l’histoire m’a complètement désarçonnée. Je ne m’attendais pas du tout à une telle thématique ni à ce genre de dénouement. Je comprends tout à fait le succès rencontré par ce roman et j’espère vraiment rencontrer l’auteure au salon du polar de Lisle- sur- Tarn pour discuter avec elle de la part de vérité qui se trouve au sein de ce récit !

«Je demande à Virginie de me mettre en contact avec sa famille anglaise. ça n'a pas l'air de lui faire plaisir, sans doute qu'elle aimerait être la seule star de cette histoire, mais j'insiste, je la supplie. J'ai besoin de travailler, j'ai besoin de fuir. » Emmylou est au lycée quand elle perd sa meilleure amie, Morgane, qui s’est brutalement suicidée. Déprimée de se retrouver seule dans un coin paumé de Bretagne, elle prend la décision de proposer ses services en tant que fille au pair en Angleterre. Outre le fait de fuir le milieu prolétaire de ses parents, elle compte se perfectionner en anglais afin d’améliorer ses chances de réussite au concours d’entrée d’une école de journalisme.

« J'aime l'enfer en fiction, la vie qui dérape et t'engloutit. J'aime, quand en littérature, tout se met à boiter. » Férue de littérature noire et fantastique, Emmylou va peu à peu voir le quotidien de la famille anglaise, les White, qui l’emploie, s’assombrir au fil de secrets bien gardés et de comportements de plus en plus étranges… De quoi passer de la fiction à la réalité ?

« Pourquoi et comment tout s'est inversé ? Je suis tombée où ? Pourquoi ça m'arrive à moi ? Mes trois mois d'enfermement me tapent sur le système, la fatigue grignote mes nerfs et ma lucidité. » La jeune fille est curieuse et intelligente ; elle comprend vite que l’interdiction de sortir de la résidence où se trouve le domicile des White est lié à un désir de vivre cachés. Mais pourquoi ? Quels sombres secrets les habitants de Hidden Grove taisent- ils ? De quoi Lewis, l’aîné souffre-t-il en silence ?

Au final, un récit qui débute sur les rêves d’émancipation d’une adolescente et qui va prendre peu à peu de la densité pour dévoiler un univers machiavélique absolument sidérant par son côté abject. Bluffant ! J’espère que Sidonie Bonnec a d’autres histoires de cette trempe à nous proposer ! Je suis d’ores et déjà preneuse !


vendredi 15 août 2025

Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)

 


Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)

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Voilà des années que je n’avais plus lu cette auteure ; quelle erreur ! Ses histoires à la fois poignantes et pleines de délicatesse me touchent toujours autant. Dans ce tome 4 de la saga « Le Poids des secrets », nous sommes aux côtés de Kenji Takahashi, un homme désespéré par l’impatience de ses parents, qui appartiennent à une famille de haute lignée, qui insistent pour qu'il leur donne un héritier.

Mon père lui dit : "Tout ça, c'est grâce à Sono, qui est bonne avec les enfants." Pourtant, ma mère lui dit : "Elle est d'origine douteuse. Elle ne convient pas à notre famille." Kenji, le narrateur, ressasse sans cesse les doux souvenirs qu’il a partagés avec sa nurse, Sono. Après avoir été renvoyée par ses parents, celle- ci s’est exilée en Mandchourie, mais a gardé le contact avec lui en lui écrivant régulièrement.

« Je ne voudrais pas rester célibataire toute ma vie. Cependant, je ne suis pas encore prêt à accepter l'idée de me remarier : j'ai un gros problème. Tôt ou tard, je devrai "le" dire à mes parents. Cela me pèse beaucoup, plus que le problème lui- même. » Le père de Kenji vient d’une famille illustre dont le nom s’est transmis sur de nombreuses générations. Au Japon, cette transmission est une institution ; la famille y est une valeur sacrée. C’est pourquoi le jeune homme peine à avouer « sa » vérité à ses parents….

« Si vous plaisez à Mariko et que vous la demandez en mariage, je veux que vous teniez parole quoi qu'il arrive. Si cela ne vous est pas possible, veuillez la laisser maintenant. Je ne veux plus qu'elle soit jamais blessée. » Résigné à ne pas fonder de famille, Kenji tombe pourtant sur le charme de Mariko, une mère célibataire étant elle- même orpheline. Mais comment faire accepter cette idée du couple à des parents traditionalistes ?

Au final, Aki Shimazaki met en œuvre ses talents d’écrivain pour parler d’un mal sociétal que l’on ne retrouve pas uniquement au Japon. De nombreuses grandes familles tiennent à ce que leur nom et leurs richesses soient transmises de père en fils. Elle questionne également le statut de l’épouse, et celui de la fille ; qui restent éloignées de la transmission, quand elles ne sont pas accusées à tort d’une stérilité rédhibitoire. Inspirant et tellement beau.  

jeudi 14 août 2025

D’entre les morts, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2025)

 


D’entre les morts, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2025)

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Quel plaisir de retrouver les paroles de mon « chanteur » préféré, Papa Het, en exergue de ce roman ! Les paroles de « Wherever I may Roam » donnent le « la » de ce troisième tome des enquêtes du duo Venturi – Montalvert…

« Une détonation sèche.
La balle vint la frapper en pleine poitrine. Fauchée, la frêle jeune femme s'effondra. »
Dès les premières pages, voilà que ma psy de fiction préférée se retrouve terrassée. Quelle angoisse ! Alexis Laipsker a su me saisir en quelques lignes ; parce que non, ce n’était pas possible de me laisser en plan avec cette mort « sur ma conscience » !

« La terre brune, tapissée d'épines et de pommes de pin fit place à un sol craquelé et recouvert de cendres. Elle eut l'impression d'entrer en enfer. Elle ignorait encore que chacun de ses pas la rapprochait effectivement de l'enfer, le vrai. Celui des hommes. » Alors que des incendies font rage dans les forêts d’Occitanie, des jeunes femmes sont brutalement enlevées puis assassinées. Les enquêteurs peinent à trouver le lien qui les lie et qui serait susceptible de les mettre sur les pistes d’un tueur toujours prêt à recommencer.

« L'impensable se matérialisait.
De ce tas abominable, elle commençait à distinguer des formes. Elle s'essuya le front du revers de la main.
Des jambes, des bras. En partie calcinés.
Puis, crescendo, vint le bourdonnement atroce d'une multitude de mouches. Elles étaient si nombreuses que la scène paraissait floue. »
L’assassin nourrit une obsession particulière pour un profil de femme. Les scènes de crime qu’il laisse derrière lui sont abominables de cruauté. Venturi et Montalvert sauront- ils l’arrêter à temps ?

Au final, une histoire glauque mais captivante. Alexis Laipsker sait tenir son lecteur en haleine en lui servant uniquement les scènes d’action, à l’aide d’une écriture cinématographique parfaitement rodée. J’ai aimé encore une fois me laisser mener par le bout du nez, jusqu’à la révélation finale, bluffante !

lundi 4 août 2025

Les crédits, Damien Peynaud (Noir sur blanc, 08/2025)


 

Les crédits, Damien Peynaud (Noir sur blanc, 08/2025)

💛💛

Ce livre fait partie de la rentrée littéraire d’août 2025 et j’ai pu le lire en avant- première grâce à une Masse critique organisée par le site Babelio. L’auteur avertit le lecteur dans la 4eme de couverture ; ce n’est « ni une autofiction ni un témoignage ni un récit ». Pourtant, j’ai eu l’impression que le nœud de ce récit prenait bien son départ dans la propre vie de Damien Peynaud, entre une famille qui use des crédits à la consommation et un intérêt manifeste pour le cinéma (en lien avec la carrière de l’auteur).

« Les objets sont entrés par la porte de notre appartement, comme chez Berthier. Ils ont pris place. Je ne les ai pas tous vus entrer, mais j'ai vécu leur présence parmi nous. » C’est à l’occasion d’une soirée chez ses parents que le narrateur et son frère vont archiver des photos familiales. Par ces images, il va pouvoir constater que son père a été un acheteur compulsif et que ce comportement a été la cause de nombreuses souscriptions de crédits à la consommation, jusqu’à un étrangement financier mettant la famille en position de surendettement.

« Il n'y a pas d'avant. Je suis né, j'ai grandi avec le crédit et les crédits. Il n'est pas arrivé à moi par surprise. Il s'est lentement dévoilé, son sens m'a peu à peu pénétré. Ma mémoire a démarré avec le mot. » Le narrateur tente de rapprocher la situation de ses parents, employés tous deux, et donc, bénéficiant d’un salaire, de celle de Gérard Jugnot et de celle de Louis de Funès. Là, j’avoue que j’ai complètement décroché du récit…

Au final, une lecture intéressante dans le premier tiers, mais qui devient ennuyante par la suite. Je ne suis pas cinéphile et le rapport qu’entretiennent les acteurs et les réalisateurs avec l’argent m’indiffèrent au plus haut point. Par contre, ayant eu une famille qui a eu tendance à l’excès de souscriptions de crédits à la consommation, j’avais espéré lire une histoire dans laquelle j’aurais pu me retrouver, et comprendre – peut- être- cette nécessité d’avoir toujours plus que le voisin. Dommage.

Destination extrême : catacombes de Paris, Magali Laurent (De Mortagne, 04/2024)

 


Destination extrême : catacombes de Paris, Magali Laurent (De Mortagne, 04/2024)

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Nouveau voyage en compagnie du DATO (pour « Dark Tourism), direction les catacombes de Paris, mais attention, le but ultime de ce court séjour est d’explorer les anciennes carrières souterraines interdites au public pour y vivre des expériences morbides inoubliables !

« - L'apéritif de la marquise de Brinvilliers... Le pâtissier de la rue de Chanoinesse... Le docteur Satan et... une cérémonie sacrificielle... C'est quoi, tout ça ? » Mathys tombe des nues en découvrant le programme du voyage que lui propose sa petite amie, Lili. Mais comme il est prêt à tout pour qu’elle ne le quitte pas, il va fermer les yeux et la suivre dans cette aventure, en compagnie d’un couple adepte de l’échangisme, Odile et Joseph. L’ensemble ne lui plaît pas, mais pour Lili, il serait capable de faire tout et n’importe quoi… Mais c’est sans compter sur le fantôme de sa petite sœur, Maëlle, qui va venir le hanter et risquer de tout faire capoter…

Au final, un roman glauque qui ne m’a pas plu du tout. L’écriture est simpliste au possible (on dirait une rédaction d’adolescent !), le vocabulaire utilisé est souvent vulgaire et l’utilisation de termes et d’expressions canadiennes ne facilitent pas la fluidité de la lecture. Par ailleurs, l’histoire ne présente aucun intérêt, entre la sexualité des personnages et l’inutilisation du potentiel narratif qu’auraient pu déclencher les catacombes de Paris ! 

Coup de foudre dans l’avion ! Kevin Tran (Michel Lafon, 06/2025)

 



Coup de foudre dans l’avion ! Kevin Tran (Michel Lafon, 06/2025)

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J’ai vu passer ce manga sur plusieurs comptes Bookstagram et je connaissais l’auteur de nom, même si je ne suis abonnée à aucun de ses comptes car leur contenu ne m’intéresse pas, j’avoue… Vu les avis positifs concernant ce livre, j’ai pensé que c’était pour moi l’occasion de changer d’avis. Fausse « bonne » idée !

« On a joué au sudoku pendant une heure, c'est pas une blague ! Normalement tu demandes à ton crush son numéro... Eh bah moi, je lui en ai demandé plein !! » Dans le vol Séoul – Paris qui le ramène chez lui, Kevin tombe sous le charme de la passagère voisine. Mais il est tellement troublé qu’il en perd tous ses moyens…

« Quels sont ses rêves dans la vie ? Comment c'est, de grandir en Corée ? On aurait pu partager tant de choses... Si seulement j'avais eu plus de temps. » A mesure que leur conversation avance, Kevin se rend compte qu’il va être compliqué d’envisager une relation amoureuse avec la jolie Coréenne ; en effet, elle ne compte passer qu’une nuit à Paris. Le jeune homme va devoir faire preuve d’imagination et de courage pour permettre la possibilité d’un futur avec elle.

Au final, un manga qui se lit très vite, trop vite, et qui m’a laissée vraiment sur ma faim. Je comprends bien que ce manga existe pour que le travail de mangaka de Kevin Tran soit connu, mais l’ensemble est tout de même beaucoup trop léger à mon goût. J’aurais apprécié des efforts dans la syntaxe et davantage de contenu en ce qui concerne les personnages (leur passé, leur quotidien, etc).

Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu (Actes sud, 08/2018)

 


Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu (Actes sud, 08/2018)

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C’est le film « L’amour ouf » qui m’a donné envie de sortir ce Prix Goncourt de ma PAL. J’avais envie de retrouver cette ambiance des années 90, celle de mon adolescence… Même si le personnage principal est un garçon, j’ai pu facilement m’identifier à lui. En effet, c’était pour moi aussi la période où l’amitié était si forte, les premiers flirts si troublants et les relations avec les parents si houleuses ; d’autant plus que j’habitais une petite ville qui me semblait terne, inintéressante et loin de tout…

« Chez eux, on était licencié, divorcé, cocu ou cancéreux. On était normal en somme, et tout ce qui existait en dehors passait pour relativement inadmissible. Les familles poussaient comme ça, sur de grandes dalles de colère, des souterrains de peines agglomérées qui, sous l'effet du Pastis, pouvaient remonter d'un seul coup en plein banquet. » Heillange, petite ville industrielle de l’est en plein déclin. L’ennui, le désœuvrement et l’alcool y font des ravages. Anthony, quinze ans, cherche son premier amour, entre autres premières expériences…

« Ils n'étaient pas tellement méchants, mais durcis déjà, orgueilleux et cogneurs. Après le CM2, on ne les voyait plus. Sans doute qu'ils allaient s'agglutiner dans les filières spécialisées en attendant l'âge légal. Ils menaient ensuite des vies marginales, d'allocations et de menus larcins, familles tuyaux de poêle qui faisaient le coup de poing et accouchaient de temps en temps d'une force de la nature qui foutait la frousse à tout le canton. » Des clans séparent les jeunes : les enfants d’ouvriers, les « grosses têtes » (ou « Cassos »), les Bourgois et les Arabes ne se mélangent pas. Des différences qui créent des tensions, qui vont prendre de l’ampleur au fur et à mesure des années.

« Et Steph soudain découvrait que le destin n'existait pas. Il fallait en réalité composer son futur comme un jeu de construction, une brique après l'autre, et faire les bons choix, car on pouvait très bien se fourvoyer dans une filière qui demandait des efforts considérables et n'aboutissait à rien. » Nos jeunes héros ont du mal à trouver leur voie dans un environnement professionnel local sans avenir. Mais difficile pour eux de s’extraire de leur ville d’origine… et de leur condition sociale !

Au final, un roman prenant, surtout parce que j’y ai trouvé des références propres à mon parcours, mais aussi parce que Nicolas Mathieu sait parfaitement retranscrire l’ambiance pesante de ces années- là, le désœuvrement ambiant qui coupe toute envie d’essayer de réussir aux adolescents. Une époque qui pourrait se résumer à l’expression « à quoi bon ? » avec une utilisation subtile de l’expression des émotions. Un roman parfait pour les quinquas !