samedi 18 octobre 2025

Quand ils viendront, René Manzor (Calmann Lévy noir, 09/2025)

 


Quand ils viendront, René Manzor (Calmann Lévy noir, 09/2025)

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Cap sur les Etats- Unis pour une époustouflante course poursuite entre un garçon courageux de onze ans et de mystérieux ennemis dont il ignore tout ; si ce n’est qu’ils vont s’en prendre à sa vie et à celle de sa mère.

« Peter s'agrippa à des racines et se hissa tant bien que mal sur la terre ferme.
- "L'important... c'est pas de tomber", bredouilla le garçon essoufflé, "mais... de savoir se relever."
- C'est vrai, Pete. Mais la théorie ne te sauvera pas quand ils viendront. »
Morgan, jadis agent spécial à la C.I.A. entraîne son fils, Peter, depuis deux ans, au tir, à l’endurance, et au combat à mains nues. La raison ? Il est persuadé qu’un jour, « ils viendront » et toute la famille sera en danger. Par qui et pourquoi ? Peter l’ignore.

« La mémoire à court terme est un espace dans lequel le cerveau stocke momentanément des informations. Mais cet espace est limité. D'après la science, on ne peut y stocker que sept items, plus ou moins deux, mais pas plus. Un maître des échecs, lui, n'a besoin que de cinq secondes pour mémoriser la position de trente- deux pièces. » En plus d’un entraînement physique, Peter a bénéficié d’une initiation aux échecs lui permettant de développer des compétences de stratégie et de mémorisation surprenantes.

« Ce sont tes jambes et pas ta bouche qui te rapprochent des gens que tu aimes. Si tu veux vraiment échanger avec eux, lève ton derrière et va voir ton grand- père, tes frères, tes amis. Parle avec eux, touche- les et imprègne- toi de leur odeur et de ce qu’ils ressentent, en lisant leur silence. » Alors que Peter et sa mère trouvent refuge dans une communauté amish, le garçon découvre aux côtés de Lovina une façon de vivre loin de toutes les dernières technologies, mais avec des valeurs qui le touchent profondément.

Au final, une histoire menée tambour battant servie par une écriture cinématographique qui n’exclut pas les émotions. Je me suis attachée à Peter, ce garçon courageux et intelligent qui, sous ses airs déterminés, cache un cœur tendre et généreux. Les rebondissements sont incroyables et l’ancrage dans les réalités géopolitiques actuelles m’a beaucoup plu.  

mardi 14 octobre 2025

La femme du Serial killer, Alice Hunter (L'Archipel, 08/2025)

 


La femme du Serial killer, Alice Hunter (L'Archipel, 08/2025)

💓💓💓💓

La saga « Femme de ménage » a entraîné dans le sillon de son succès tout un tas de textes construits sur le même scenario : un récit qui sert tous les ingrédients pour que le lecteur s’identifie aux personnages quant à la routine de leur quotidien, puis l’arrivée inopinée d’un drame qui va engendrer des retournements de situation à chaque fin de chapitre !

« Notre vie est quasiment parfaite.
Mais la nature est ainsi faite : on en veut toujours plus. Le petit plus auquel on aspire. Il faut croire que la perfection a toujours une légère longueur d'avance. On n'y parvient jamais tout à fait. On atteint rarement son idéal. »
Beth et Tom Hardcastle ont quitté Londres depuis deux ans pour vivre en pleine campagne afin de faire profiter leur petite Poppy de la nature environnante. Tom fait néanmoins chaque jour l’aller- retour jusqu’à la capitale pour son travail, pendant que Beth donne un second souffle au coffee- shop du patelin. Le bonheur ?

« Ils prétendent que j'ai tué Katie Williams.
Dans ce cas, il serait logique que le spectre qui me hante soit le sien. Qu'il veille à ce que je sois puni. A obtenir réparation.
Mais ce fantôme n'est pas le sien. »
Un soir, ce n’est pas Tom qui frappe à la porte, mais un duo de policiers. Beth apprend avec désarroi que son mari adoré est recherché…

« Il faudra bien que je lui fournisse quelques explications. En veillant à lui en dire le moins possible. A moins de lui servir une fable pour éviter de lui avouer que je lui mens depuis des mois. Tout allait si bien. Sans une anicroche. Nous avions l'un et l'autre ce que nous voulions. Ce dont nous avions besoin. » Les pages se tournent et le lecteur découvre que nos deux protagonistes ont bien des secrets à se cacher l’un à l’autre !

Au final, un thriller domestique qui tient toutes ses promesses. Le récit est fluide et facile à lire. Et le lecteur est le seul témoin de la « vérité » de chacun des personnages et ne peut s’empêcher de s’exclamer : « Non !!! Il / Elle ne va pas faire ça !!!! » à chaque fin de chapitre ! Un très bon divertissement !

dimanche 12 octobre 2025

Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

 



Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

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Le bandeau rouge « Ce nouveau roman est un piège » m’a attirée dans ses filets. Oui, je me suis fait piégée : aussitôt acheté, aussitôt lu. Et comme avec « La chambre des merveilles », Julien Sandrel a su bouleverser mon petit cœur…

« Souvent, avant de m'endormir, à l'heure où l'épaisseur du vide se fait palpable, je prie pour que la nuit arrive avec son lot de réminiscences. Mais il n'y a rien d'autre que cette détresse blanche qui s'infiltre sous ma peau. » Rose s’est réveillée dans un hôpital de Bruxelles après un accident de voiture. La jeune femme s’est réveillée amnésique. Tout ce qu’elle sait d’elle réside dans les inscriptions de sa carte d’identité et un mystérieux numéro de téléphone inscrit au stylo bille sur sa hanche…

« J'ai si peur d'être blessée que je préfère partir avant que ma vulnérabilité fissure l'image que je renvoie : celle d'une femme forte, sûre d'elle, de sa liberté et de sa puissance. » Aïda est de son côté stressée par son nouveau job : puéricultrice dans la Maison des femmes de Toulon. Travailler dans ce lieu est tout un symbole pour elle, qui a été profondément blessée dans sa féminité, et qui peine à trouver son équilibre dans ses relations aux autres.

« Ses mots pèsent lourd, mais je suis bien placée pour savoir que certains récits ont besoin d'être entendus pour alléger celui qui les porte. » Et puis il y a Romain, un jeune homme sombre, qui anime un atelier jardinage bénévolement à la Maison des femmes de Toulon, qu’on devine torturé par un passé lourd de drames…

Au final, un récit captivant, construit à la manière d’un thriller, à coups de révélations et de retournements de situations. La lettre écrite en italiques qui s’incère entre certains chapitres, sans qu’on en connaisse l’expéditeur ni le destinataire ajoute une certaine tension à l’intrigue, et il faudra attendre les dernières pages pour en comprendre la portée sur l’ensemble de l’intrigue. Coup de cœur pour ce très beau roman qui narre le parcours de femmes et d’hommes en détresse qui auront la chance de rencontrer de bonnes personnes. Une onde positive qui fait du bien.

samedi 11 octobre 2025

Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

 


Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

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Je poursuis mon rattrapage des romans d’Amélie Nothomb non lus ; je l’ai boudée, j’avoue, durant plusieurs années. Cet opus met la lumière sur les sentiments éprouvés dans le cadre des relations mères- filles. Comme toujours avec cette auteure, la demi- mesure n’existe pas et ce que ressentent ses personnages n’a aucune nuance : l’amour côtoie la haine et l’admiration se confronte au mépris.

« La destinée ne s'intéressait qu'à Marie et c'était cette exclusion des tiers qui la faisait suprêmement jubiler. Si l'on avait tenté de lui expliquer que l'envers de la jalousie équivalait à de la jalousie et qu'il n'y avait pas de sentiment plus laid, elle eût haussé les épaules. » Marie est née jolie et joue de sa beauté avec délice… jusqu’à ce qu’elle accouche d’une petite fille, que son entourage va louer : la petite Diane est magnifique en plus d’être un bébé adorable. Marie va alors développer une jalousie maladive à l’égard de son nourrisson.

« Son être entier était perclus du plaisir le plus immense. L'odeur de la déesse se propagea à tous ses sens, Diane baigna dans ce parfum d'une suavité ineffable et elle connut l'ivresse la plus intense de l'univers : l'amour. » La petite Diane est une enfant surdouée (comme souvent chez Amélie Nothomb) et elle perçoit très vite, et de façon accrue, le sentiment de rejet qu’elle déclenche chez sa mère. Les câlins sont en effet rarissimes, exceptionnels.

« L'enfer est pavé de bonnes intentions ; semblablement, les intentions les plus mesquines peuvent être à l'origine de joies sincères. » Diane va grandir éloignée de sa mère, et grandir en développant des relations complexes avec les autres femmes qu’elle va rencontrer ; Elisabeth, devenue meilleure amie, Olivia, son enseignante, et Célia, sa petite sœur.

Au final, un roman qui m’a bien plu. Les personnages sont complexes et l’intrigue est construite de manière élaborée, sans trop partir dans des digressions oniriques. Un très bon moment de lecture avec ce cru 2017 qui fait partie de mes préférés de l’auteure.

jeudi 9 octobre 2025

C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)


 


C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)

💙💙💙💙

Cap sur une nuit d’angoisse ! Alors qu’Eve et Charlie viennent d’acheter une maison à retaper, voilà qu’une famille sonne à la porte et demande à la visiter. En effet, le père de famille, Thomas, y a passé son enfance et alors qu’ils passent devant la demeure, il lui prend l’envie de la faire découvrir à ses enfants.

« Espérait- il qu'elle leur proposerait d'entrer ? C'était bien la dernière chose dont elle avait envie. Sa compagne, Charlie, serait de retour d'une minute à l'autre - l'emploi du temps de leur soirée était déjà fixé : manger les restes de poulet et jouer au "Scrabble bourré". Une famille d'inconnus parcourant la maison cadrait mal avec ce programme. » En voyant la famille sur le palier de sa maison, Eve est prise d’un malaise ; que va penser Charlie, sa compagne au caractère bien trempé ?

« Alison croyait être le jouet de quelque chose dans la maison, ou de la maison elle- même. D'un phénomène qui modifiait peu à peu sa réalité. » Thomas, en visitant la maison dans laquelle il s’est finalement incrusté, raconte l’histoire de sa mystérieuse sœur, qui semble avoir vécu un passé dramatique…

« Essaye juste de...
Qu'elle essaye de faire quoi ? De s'échapper ? De rester calme ? D'empêcher la résurrection de Cthulhu ?
 » Depuis la visite de la famille Faust, Eve se retrouve confrontée à d’étranges phénomènes tous plus terrifiants les uns que les autres. Que se passe-t-il vraiment ?

Au final, un roman qui m’a très vite captivée. Je ressentais l’angoisse grandissante d’Eve au fur et à mesure des pages – et des heures. Les documents insérés entre les chapitres ont semé le doute dans mon esprit, mais aussi quelque peu décrochée du récit au fur et à mesure. Malgré une fin que j’ai trouvée alambiquée, j’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a fait frissonner puis m’a interrogée. 

samedi 4 octobre 2025

Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

 



Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

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Un tome que j’attendais avec impatience ! J’avais hâte de retrouver Lame et de voir ce qui allait arriver à Lune, tout en suivant l’évolution d’Ocelle !

« Comment vaincre un monstre... qu'on ne peut pas toucher ? Il suffit de l'enterrer. » La violence est de mise dans ce tome où les règlements de compte sont légion. Cime est de nouveau impressionnant ; mais détient-il la vérité ?

Au final, j’ai beaucoup aimé ce tome qui nous apporte deux révélations qui laisse présager de nombreux rebondissements par la suite ! Les dessins sont toujours aussi extraordinaires ! Et que dire de cette jaquette brillante exclusive réservée au premier tirage ! Le tome 6, vite !!!


Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

 



Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

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Cap sur l’Amérique du XIXème siècle, la ruée vers l’or et la Conquête de l’Ouest. Nous y rencontrons une poignée de personnages dont l’histoire, à un moment donné, croisera le parcours de l’un ou de l’autre…

« Eleanor Dwight remontait ses bas reprisés, des bas qui ne connaissaient que la grande salle et le lit, le lit et la grande salle. Elle s'observa dans le petit miroir qu'elle tenait de Wendy Sparrow, sa chère sœur de silence. Elle l'aimait plus encore que son propre sang. Sœur de misère, sœur des mauvais temps. » Le roman s’ouvre avec le personnage d’Eleanor. On découvre sa misérable condition de prostituée au milieu des chercheurs d’or qui dépensent leurs trouvailles aurifères pour quelques instants de douceurs. Les portraits suivants nous permettront de mieux comprendre le parcours de cette pauvre femme.   

« Toi, mes frères, tous ceux qui jouissent d'être des conquérants, vous êtes tous des usurpateurs, des traitres. Mais tu le sais aussi au plus profond : les possessions finissent toujours par nous posséder. Désormais, tu es prisonnier de tes terres. Tu es prisonnier de Mère. Et tu pleures, le visage enfoui dans les robes de Susan. » Ces colonisateurs venus du Vieux continent ont de bien grandes espérances. Mais au milieu d’une nature hostile, les instincts bestiaux réapparaissent. Les premières victimes ? Les femmes. Puis les enfants.

« La vie n'était pas finie, elle ne s'arrêtait pas là, dans ce bourg minuscule, aux ambitions minuscules, où l'on n'avait le choix que du labour ou du bétail. La terre ou la viande, voilà ce qu'offraient les grandes perspectives de ces paysages infiniment plats, où l'horizon se dévidait à perte de vue, comme s'il n'y avait plus rien à découvrir. » Partout sur Terre, le constat est le même : il faut travailler pour pouvoir survivre. Les pépites découvertes ne feront la fortune que de quelques- uns. Les autres se perdront dans l’alcool ou dans des confrontations avec ceux qu’ils qualifient de « sauvages ».

Au final, un roman choral qui donne la parole à divers protagonistes qui sont mis en scène dans le cadre de la Ruée vers l’or. Les hommes sont réduits à leurs instincts les plus bestiaux, et les femmes ne sont plus que des pantins sur lesquels on s’allonge. Une crudité dans les propos, une poésie dans le style et un air de vérité dérangeante qui, cumulés, font qu’on dévore ce roman aux allures de western.