samedi 31 octobre 2020

Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La manufacture de livres, 08/2020)

 


Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La manufacture de livres, 08/2020)

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Pour un premier roman, c’est un texte d’une qualité remarquable ! La plume est sensible, tout en étant incisive à coups de phrases courtes mais lourdes de sens. Les émotions que Laurent Petitmangin veut transmettre à son lecteur sont profondes, et le mettent au bord du malaise. Il en ressort un sentiment de tension extrême.

« Est- ce qu'on est toujours responsable de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour moi. Je ne pensais pas mériter tout ça, mais peut- être que c'était une vue de l'esprit, peut- être que je méritais bel et bien tout ce qui m'arrivait et que je n'avais pas fait ce qu'il fallait. » Nous sommes en Lorraine, auprès d’un père, veuf, qui élève ses deux garçons, Fus et Gillou, de bons gamins bien élevés. C’est un univers ouvrier où rode le spectre du chômage et le père veille d’un oeil sur la scolarité de ses fils, tout en les laissant choisir leur voie. Il fait partie de la section locale du Parti socialiste qui a repris le flambeau des communistes mais le F.N. se fait de plus en plus présent, voire arrogant…

« La page continuait sur des trucs de rap que je ne saisissais pas, mais surtout sur un tas de commentaires où on niquait et enculait tout ce qui n'était pas pur blanc breveté. ! Juifs et pédés étaient les mieux servis, suivis de près par les Arabes, mais comme tout s'accompagnait d'une kyrielle de petits smileys, j'imagine que ça ne portait pas trop à conséquence. » Le père n’a pas anticipé la claque qu’il allait se prendre…

Un roman familial sombre, dans lequel on se pose de nombreuses questions ; et si cela nous arrivait ? Il prend aux tripes tant on s’attache au papa narrateur qui pense faire au mieux pour élever ses fils et qui se voit rattraper par un bien méchant destin.

Ce roman est une véritable pépite parmi les publications de la rentrée ; à ne pas louper !

jeudi 29 octobre 2020

L’inconnu de l’ascenseur et moi, Sophie S. Pierucci (Addictives, 05/2020)

 


L’inconnu de l’ascenseur et moi, Sophie S. Pierucci (Addictives, 05/2020)

💖💖💖💖


J’avoue, j’ai eu du mal à l’ouvrir, ce livre… Reçu suite à une Masse critique de Babelio, je l’ai posé sur ma table de chevet après avoir lu les premières pages, puis je l’y ai laissé. Ce qui m’a gênée ? L’utilisation de termes vulgaires. Je sais, je suis vieux jeu, mais c’est quelque chose qui continue à me rebuter.

Et puis j’ai décidé de passer au- delà, et je me suis laissée embarquer par l’histoire de Charlyne et Matthew, grâce notamment à la narration en points de vue alternés qui sert habilement l’évolution de la romance. Le titre en dit d’ailleurs déjà beaucoup : nous sommes en présence de deux voisins qui vont vivre une histoire d’amour. Mais ce qui est intéressant ici, c’est la personnalité de chacun des protagonistes, ainsi que leur nécessaire évolution.

« Bordel, ce mec est une bombe humaine. Je persiste, le Seigneur est fou ! Un nez fin, une bouche large aux lèvres pleines et une mâchoire carrée. N'importe quelle fille rêverait d'un tel étalon. Il faudrait juste qu'il soit muet et certainement moins con ! » Lorsque Charlyne croise son nouveau voisin dans l’ascenseur, elle pense qu’il s’agit d’un psychopathe. Comme Matthew est toujours caché sous une cagoule et un tour de cou, la jeune femme, ainsi que Vic, sa meilleure amie et colocataire, pensent qu’il s’agit forcément d’un assassin qui se cache.

Mais voilà qu’une pomme roule, que deux mains se croisent pour la rattraper, et de fil en aiguille, nos voisins de palier vont apprendre à se connaître, puis à s’apprécier, jusqu’à…« Aimer, c'est rattacher chaque ressenti, chaque image, chaque phrase à un souvenir de l'autre. » Mais avant de penser à l’avenir, il va falloir tracer une croix sur le passé. Celui de Matthew m’a bouleversée…

Au final, j’ai beaucoup aimé cette lecture ! Comme quoi, il ne faut pas toujours se fier aux premières impressions… J’ai vibré avec les personnages, j’ai râlé parfois devant leurs silences ou leurs réactions et j’ai été émue lorsqu’enfin, des solutions étaient trouvées.


Bref, si vous aimez les romances et les émotions en montagnes russes, ce roman est fait pour vous !

lundi 26 octobre 2020

Dentelle et magie noire, Delman (Plumes du web, 08/2020)

 


Dentelle et magie noire, Delman (Plumes du web, 08/2020)

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J’ai été littéralement charmée par la plume élégante, sans être pompeuse de Delman. C’est un régal de lire un roman au vocabulaire élaboré et bien choisi, et qui correspond parfaitement au cadre temporel du récit, à savoir l’époque victorienne. En effet, nous sommes ici en 1888, en Angleterre. Serena Fendwick, jeune femme de vingt ans, se désespère. Elle appartient à la petite noblesse, et vit avec son père et sa tante Jane. Sa mère est décédée depuis plusieurs années, et la sœur de son père, elle- même veuve, a pris la suite de son éducation et n’a qu’une idée en tête : la marier. Sauf que Serena n’est pas du même avis. Elle se voit en femme libre, indépendante, complètement en décalage avec les attentes de son rang et de son époque : « Si seulement j'étais née garçon, j'aurais pu étudier et voyager tout mon soûl. Tandis que là, bloquée dans un corps de femme, je ne pouvais qu'espérer. » 

Mais voilà qu’un soir, un homme venu de nulle part atterrit sous ses yeux dans le jardin de la demeure Fendwick. Mue par son désir d’aventures, elle se faufile à l’extérieur et vient alors en secours à un homme mystérieux, qui dit s’appeler Marcus Templethorn. Le lendemain, Serena découvre qu’il s’agit de l'héritier d’une fortune colossale, dont la famille est même en lien avec la reine d’Angleterre !

Pour la remercier de ses soins, Marcus l’invite dans sa demeure de Londres, avec l’accord de Lord Fendwick, pour qu’elle puisse découvrir la bonne société de la capitale, et rencontrer de nouveaux prétendants… Mais le caractère de Serena va vite se faire remarquer : « Je peux affirmer sans me tromper que sous cette apparente fragilité se cache un caractère de feu. Une femme dont le courage va de pair avec les ennuis. Une entêtée avec un sourire d'ange. Un esprit libre et sans attaches qui suit son propre chemin et nous force, pauvres mortels que nous sommes, à soupirer dans son sillage. » 

La curiosité de Serena va cependant l’amener vers des phénomènes étranges, qui peu à peu, vont la conduire vers l’univers de la magie. Et ça, l’auteure nous l’apporte au compte- goûte : en utilisant la narration à la première personne, afin de permettre au lecteur de se glisser dans la peau de l’héroïne et d’aller avec elle, de découvertes en déconvenues. 

Une fois le contexte posé, Delman vous entraîne dans un rythme de plus en plus enlevé, dans une histoire finement élaborée, aux multiples rebondissements qui utilisent les possibilités de l’imaginaire à bon escient. 

Bref, c’est un vrai plaisir de lecture, original, bien écrit, que je ne peux que recommander!

mercredi 21 octobre 2020

Apprendre à parler avec les plantes, Marta Orriols (Seuil, 05/2020)


 


Apprendre à parler avec les plantes, Marta Orriols (Seuil, 05/2020)

💚💚💚💚

Voilà un roman particulièrement poignant, qui ne peut se lire d’une traite tant il est nécessaire parfois de le poser, pour reprendre ses esprits, se changer les idées, s’échapper de la tension lourde à en avoir mal au ventre qu’a su y insuffler l’auteure. Avec des mots justes, un rythme particulier, elle a su explorer les sentiments les plus noirs avec une profondeur rare.

 

« A chaque geste correspondent une dimension, une hauteur et un poids, la somme étant la mesure du vide et de la douleur que j'éprouve dès que j'essaye d'assumer que je ne faisais déjà plus partie de ses projets d'avenir. » Paula, 42 ans, pleure. Elle pleure d’être seule. Ayant l’âme d’une femme forte et indépendante, elle avait toujours refusé le mariage et les enfants à Mauro, l’homme de sa vie. Et un jour, Mauro est parti. Doublement parti ; il venait de lui annoncer qu’il la quittait pour une autre femme quand, quelques heures plus tard, il meurt sur son vélo, fauché par un camion.

 

Le roman débute juste après le décès de Mauro, et relate l’année de remise en question qui va suivre pour Paula, une année de deuil douloureux, où les réminiscences vont accentuer la détresse de sa nouvelle solitude. « La mort me met en colère. Depuis qu'il est parti, la mort m'agace, m'exaspère par son insolence et son impertinence, par sa façon d'étouffer Mauro alors qu'elle est, elle- même, si vivace. »

 

Il y a dans ce roman plusieurs degrés de narration ; le présent de Paula, dévastée, qui compte sur son métier de médecin en néonatalogie pour donner un sens à sa vie, le passé qui relate sa vie avec Mauro ; mais aussi des passages, situés en fin de chapitre, où la narratrice s’adresse à son compagnon décédé.

 

Au final un roman bouleversant, très bien écrit (bravo au traducteur), mais à éviter tout de même si vous n’avez pas le moral…

lundi 19 octobre 2020

Challenge cocooning automnal 2020: menu "Bougies allumées" validé!

            

                          Menu "Bougies allumées" validé!!!!


Dans l’univers musical : Romantic call, Natacha Pilorge 

https://www.labiblideval.com/2020/09/romantic-call-natacha-pilorge-elixyria.html

Ancêtre de la PAL : Orgueil et préjugés, Jane Austen (1813) 

https://www.labiblideval.com/2020/09/orgueil-et-prejuges-jane-austen-1813.html

Fantasy : Terra – Luna, Tome 2, Eva Justine

https://www.labiblideval.com/2020/10/terra-luna-tome-2-eva-justine-elixyria.html

Le héros est masculin : Carne, Julia Richard

https://www.labiblideval.com/2020/10/carne-julia-richard-les-editions-de.html

Votre auteur (e) préféré(e) : Fragments du passé, Lucie Goudin

https://www.labiblideval.com/2020/10/fragments-du-passe-lucie-goudin.html

Un one shot : Les noces mécaniques, Marie Kneib

https://www.labiblideval.com/2020/10/les-noces-mecaniques-marie-kneib-plume.html