dimanche 8 novembre 2020

Le village perdu, Camilla Sten (Seuil, 10/2020)


 

Le village perdu, Camilla Sten (Seuil, 10/2020)

💜💜💜💜💜

Vous avez aimé « Le projet Blair Witch » ? Foncez lire ce thriller dans lequel les ricanements, les rires et les cris sortant de nulle part vont vous faire frissonner !

 

Alice Lindstedt est une jeune réalisatrice suédoise qui a décidé de tourner un documentaire sur une histoire liée à sa propre famille. Sa grand- mère, Margaretha, vient en effet d’un village nommé Silvertjärn, dont toute la population a mystérieusement disparu un jour de 1959.

« Près de neuf cents personnes, disparues sans laisser de trace... personne ne sait s'ils sont vivants ou morts. Personne ne sait s'ils se sont suicidés, s'ils sont tombés malades ou s'ils sont partis volontairement. Personne ne sait pourquoi cette pauvre Birgitta Lidman a été lapidée. Et personne ne sait à qui était le nourrisson dans l'école, ni pourquoi il a été abandonné. »

 

Elle emmène avec elle son amie Tone, Max, qui produit le film, et le couple composé de Robert et Emmy, spécialistes de la réalisation de films documentaires. Le village de Silvertjärn est éloigné de tout, et l’ancienne mine de minerai qui s’y trouve toujours de manière désaffectée, empêche toute communication via les téléphones portables. Nos cinq personnages se retrouvent donc isolés du monde dans un village en ruine et sans âme qui vive.

 

Mais voilà qu’au fur et à mesure des heures qui passent, de troublants événements interviennent, des bruits incongrus se font entendre et un déchainement d’actes violents vont mettre nos personnages sur les nerfs, d’autant plus que certains règlements de compte liés à des histoires du passé vont eux aussi pointer leur nez…

 

L’ambiance est glauque, pesante, de plus en plus étouffante au fur et à mesure que les pages se tournent et que les événements du passé tendent au lecteur des perches pour comprendre ceux qui se déroulent au présent. La narration temporelle alternée entre récit de 1959 et récit du présent permet de créer une tension grandissante. Personnellement, j’ai imaginé plusieurs scenarii, mais jamais je n’ai deviné la fin proposée par Camilla Sten (d’autant plus qu’elle ouvre vers d’autres interrogations, je trouve).

 

Bref, un excellent thriller, qui frôle avec le surnaturel, à l’écriture très cinématographique, qui vous plongera dans une histoire bien originale !

jeudi 5 novembre 2020

Némésis, Xavier MASSE (Taurnada, 11/2020)

 


Némésis, Xavier MASSE (Taurnada, 11/2020)

💓💓💓💓💓 COUP DE CŒUR !

Je referme ce roman, et pfiouh ! quelle tension !!! Voilà un thriller mené tambour battant, dans lequel – et j’adore ça – on flirte allègrement avec le surnaturel entre deux découvertes macabres et autant de révélations fracassantes !

« Jamais je n'aurais imaginé que la cruauté de l'homme puisse atteindre ce niveau- là. Même dans le monde animal, ils ne s'infligent pas ça. C'est luciférien ! » Quand David est appelé par son ami de toujours, Vince, sur les lieux de leur enfance, Assieu, il ne s’attend pas à être confronté à autant d’horreurs…. Les deux garçons, devenus policiers mais dans des services différents, espèrent que leurs compétences respectives, en s’associant vont permettre la résolution d’une enquête horrible : le cadavre d’un bébé atrocement mutilé vient d’être découvert dans l’église du village. C’est d’abord la panique, puis l’effroi : qui a pu s’en prendre à cette innocente fille de quatre mois ? Pourquoi tant de cruauté ?  

Le scénario est extrêmement complexe et intelligent. Xavier Massé, que je n’avais jamais lu jusque-là, m’a menée par le bout du nez. Dès les premières pages, j’ai été captée par son histoire. Le récit des sévices perpétrés sur des nourrissons, le point de départ de l’enquête, m’a profondément émue. Et puis les personnages principaux, Vince, et surtout David, m’ont énormément plu. J’ai aimé leur profil, leur sensibilité et suivre leur évolution au milieu de ces paysans, sorte de mafia locale, pour enfin, découvrir leurs secrets cachés. Je suis tombée de haut à plusieurs reprises. Et je ne vais pas oublier cette histoire de sitôt !


Bref, vous l’aurez compris, un thriller captivant, intelligent, inattendu, efficace,… et à lire sans faute !

mardi 3 novembre 2020

Là où les esprits ne dorment jamais, Jonathan Werber (Plon, 09/2020)



 Là où les esprits ne dorment jamais, Jonathan Werber (Plon, 09/2020)

💙💙💙

Croyez- vous au spiritisme ? Etes- vous de ceux qui demeurent persuadés que l’on peut communiquer avec l’Au- delà ? Si c’est le cas, ce roman est susceptible de vous intéresser, même si, bien évidemment nous sommes dans la fiction et que vous n’aurez aucune réponse à vos questions.

« Telle une bouteille à la mer, il était bousculé par le flot incessant des spectateurs quittant la salle et fuyant aussitôt l'averse, le crépuscule et l'Au- delà. » Jenny Marton, elle, est plutôt à contre- courant de ce que l’on attend des femmes en 1888. Vivant à New- York, cette prestidigitatrice de rue, âgée de 26 ans, est toujours célibataire et refuse de se marier, rêvant d’être une femme indépendante. Elle habite donc toujours chez sa mère et gagne quelques pièces en réalisant des tours de passe- passe le mercredi matin à l’occasion du marché. Quand la célèbre agence de détectives Pinkerton vient lui proposer de l’engager pour qu’elle s’infiltre dans l’univers des sœurs Fox, elle pense son avenir de femme libre assuré. Les trois médiums sont en effet à l’origine d’un mouvement spirite devenu très populaire en mettant en scène des spectacles dans lesquelles elles entrent en communication avec des personnes décédées.

« - Laissez- moi vous apprendre quelque chose que j'aurais aimé connaître avant de m'engager dans cette agence. Une leçon que j'aurais aimé lire dans le "Guide Pinkerton" mais que j'ai malheureusement dû apprendre à mes dépens : toute parole n'engage que la personne qui la croit. » Jenny va en effet aller de découvertes en déconvenues. Et elle constatera que ni le « Guide Pinkerton », ni le manuel qui ne quitte jamais son sac, « Les Chemins de l’Illusion », rédigé par son propre père, Gustave Marton, ne lui apporteront la clé lui permettant de découvrir la vérité.


Au final, un roman original, même si basé sur une histoire vraie, mais qui a vite trainé en longueur, notamment à cause des extraits des deux livres mentionnés plus haut. Ces passages, certes, apportent des informations intéressantes au début du récit, mais malheureusement, au fil des pages, ils ont tendance à alourdir l’histoire de manière inutile. C’est dommage. 

samedi 31 octobre 2020

Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La manufacture de livres, 08/2020)

 


Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La manufacture de livres, 08/2020)

💜💜💜💜💜

Pour un premier roman, c’est un texte d’une qualité remarquable ! La plume est sensible, tout en étant incisive à coups de phrases courtes mais lourdes de sens. Les émotions que Laurent Petitmangin veut transmettre à son lecteur sont profondes, et le mettent au bord du malaise. Il en ressort un sentiment de tension extrême.

« Est- ce qu'on est toujours responsable de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour moi. Je ne pensais pas mériter tout ça, mais peut- être que c'était une vue de l'esprit, peut- être que je méritais bel et bien tout ce qui m'arrivait et que je n'avais pas fait ce qu'il fallait. » Nous sommes en Lorraine, auprès d’un père, veuf, qui élève ses deux garçons, Fus et Gillou, de bons gamins bien élevés. C’est un univers ouvrier où rode le spectre du chômage et le père veille d’un oeil sur la scolarité de ses fils, tout en les laissant choisir leur voie. Il fait partie de la section locale du Parti socialiste qui a repris le flambeau des communistes mais le F.N. se fait de plus en plus présent, voire arrogant…

« La page continuait sur des trucs de rap que je ne saisissais pas, mais surtout sur un tas de commentaires où on niquait et enculait tout ce qui n'était pas pur blanc breveté. ! Juifs et pédés étaient les mieux servis, suivis de près par les Arabes, mais comme tout s'accompagnait d'une kyrielle de petits smileys, j'imagine que ça ne portait pas trop à conséquence. » Le père n’a pas anticipé la claque qu’il allait se prendre…

Un roman familial sombre, dans lequel on se pose de nombreuses questions ; et si cela nous arrivait ? Il prend aux tripes tant on s’attache au papa narrateur qui pense faire au mieux pour élever ses fils et qui se voit rattraper par un bien méchant destin.

Ce roman est une véritable pépite parmi les publications de la rentrée ; à ne pas louper !

jeudi 29 octobre 2020

L’inconnu de l’ascenseur et moi, Sophie S. Pierucci (Addictives, 05/2020)

 


L’inconnu de l’ascenseur et moi, Sophie S. Pierucci (Addictives, 05/2020)

💖💖💖💖


J’avoue, j’ai eu du mal à l’ouvrir, ce livre… Reçu suite à une Masse critique de Babelio, je l’ai posé sur ma table de chevet après avoir lu les premières pages, puis je l’y ai laissé. Ce qui m’a gênée ? L’utilisation de termes vulgaires. Je sais, je suis vieux jeu, mais c’est quelque chose qui continue à me rebuter.

Et puis j’ai décidé de passer au- delà, et je me suis laissée embarquer par l’histoire de Charlyne et Matthew, grâce notamment à la narration en points de vue alternés qui sert habilement l’évolution de la romance. Le titre en dit d’ailleurs déjà beaucoup : nous sommes en présence de deux voisins qui vont vivre une histoire d’amour. Mais ce qui est intéressant ici, c’est la personnalité de chacun des protagonistes, ainsi que leur nécessaire évolution.

« Bordel, ce mec est une bombe humaine. Je persiste, le Seigneur est fou ! Un nez fin, une bouche large aux lèvres pleines et une mâchoire carrée. N'importe quelle fille rêverait d'un tel étalon. Il faudrait juste qu'il soit muet et certainement moins con ! » Lorsque Charlyne croise son nouveau voisin dans l’ascenseur, elle pense qu’il s’agit d’un psychopathe. Comme Matthew est toujours caché sous une cagoule et un tour de cou, la jeune femme, ainsi que Vic, sa meilleure amie et colocataire, pensent qu’il s’agit forcément d’un assassin qui se cache.

Mais voilà qu’une pomme roule, que deux mains se croisent pour la rattraper, et de fil en aiguille, nos voisins de palier vont apprendre à se connaître, puis à s’apprécier, jusqu’à…« Aimer, c'est rattacher chaque ressenti, chaque image, chaque phrase à un souvenir de l'autre. » Mais avant de penser à l’avenir, il va falloir tracer une croix sur le passé. Celui de Matthew m’a bouleversée…

Au final, j’ai beaucoup aimé cette lecture ! Comme quoi, il ne faut pas toujours se fier aux premières impressions… J’ai vibré avec les personnages, j’ai râlé parfois devant leurs silences ou leurs réactions et j’ai été émue lorsqu’enfin, des solutions étaient trouvées.


Bref, si vous aimez les romances et les émotions en montagnes russes, ce roman est fait pour vous !