mercredi 31 mars 2021

Le vallon des lucioles, Isla Morley (Seuil, 03/2021)



Le vallon des lucioles, Isla Morley (Seuil, 03/2021)

💓💓💓💓💓 

Ah, mais ce roman, quelle beauté ! C’est un véritable hymne à l’amour inconditionnel et à la nature bienveillante qui nous entoure ! Cela fait un petit moment que je n’avais pas été bouleversée par une histoire ; et le fait que cette fiction s’inspire de faits réels lui donne une dimension encore plus émouvante !

Tout commence avec une mission, portée par Clay Havens, photographe, et Ulys Massey, journaliste, envoyés dans le cadre du New Deal pour réaliser un reportage sur les paysans pauvres de l’Amérique des années 30 demeurant dans un coin reculé des Appalaches. Ces deux- là ont besoin de se refaire un nom et ils se sentent prêts à tout pour parvenir à obtenir un scoop. « Selon son patron, Pomeroy, Havens doit saisir la nature sauvage et inébranlable de ceux qui vivent en montagne, qu'elle soit réelle ou non, et montrer leur souffrance afin de susciter la compassion de l'opinion publique et faire voter chacun du bon côté. »

A peine arrivés dans le bourg de Chance, ils sont rapidement mis au fait : une famille vit à l’écart du fait de la couleur bleue de certains de ses membres. Mais si Massey sent la fortune lui sourire, Havens, lui, développe un autre point de vue : « Un esprit anti- Bleus se transmet à un enfant tout autant qu'un nez crochu ou que la bosse des maths, et Ronny a reçu une double dose. »  Et quand notre photographe rencontre Jubilee, la fille de cette famille, les Buford, le coup de foudre est immédiat. Mais alors, un dilemme cornélien surgit : peut- il publier ses photos, leur article pour dénoncer le racisme dont sont victimes les Buford, ou faut- il continuer à les préserver, au risque de voir le scoop leur passer sous le nez et de voir intervenir des journalistes moins délicats qu’eux ?

« Ce que l'on n'explique jamais au sujet des trains, c'est que, quelle que soit leur destination, la personne qui monte à bord n'est plus la même que celle qui en descend. » Havens et Jubilee, après bien des déboires, vont prendre chacun un train qui les mènera vers un avenir distinct, douloureux, et néanmoins, déterminant… Pourront- ils se retrouver un jour ?

Au final, j’ai été très émue, chamboulée, ébranlée par ce roman inspiré par un fait médical qui a autrefois existé. L’amour de la nature, l’acceptation de la différence et l’ode à l’amour véritable qui se dégagent de ce récit intelligent et poétique sont devenus si rares qu’il serait dommage de vous en priver… Personnellement, je n’oublierai pas Jubilee de sitôt. Impossible…

 

Un dernier extrait, une merveilleuse métaphore de l’acte d’amour, si beau pour vous convaincre, encore : « C'est ainsi que la forêt pousse lorsque personne ne regarde. D'épaisses racines s'entremêlent, les plantes grimpantes s'enchevêtrent et s'accrochent aux branches, l'écorce frémit lorsque la mousse s'éclipse, se détricote d'un coup, et l'arbre frissonne - et pendant ce temps le sol s'assouplit, se cambre, et la rivière, autrefois retenue par un barrage, surgit plus bas, dans le lit du ruisseau qui l'attendait. »

lundi 29 mars 2021

Dette de sang, tome 1 : Un paquet d’os et d’or, Hailey Turner (MxM Bookmark, 03/2019)


 

Dette de sang, tome 1 : Un paquet d’os et d’or, Hailey Turner (MxM Bookmark, 03/2019)

💙

 Le premier tome de cette saga met en place les éléments qui permettrons à Patrick Collins, le personnage principal, d’évoluer face aux divers obstacles que va lui opposer la secte de Dominion. Alors qu’il était prêt à prendre un avion pour rejoindre les plages de Maui, le voilà réassigné de toute urgence sur une affaire de meurtre surnaturel à New- York. Un corps a été retrouvé à moitié dévoré et la Police compte sur cet l’Agence des Opérations Surnaturelles, dont fait partie Patrick, pour résoudre rapidement cette affaire et surtout, arrêter le coupable.

 

« La magie noire était interdite pour bien des raisons, une des premières étant que la plupart des victimes finissaient raides mortes. Patrick en savait quelque chose. Il avait survécu à une attaque préméditée et portait toujours les cicatrices - physiques, mentales et magiques - du jour où, enfant, un démon avait presque réussi à lui arracher le cœur. » Patrick est un ancien soldat, une tête brûlée qui n’en fait plus qu’à sa tête. Mais face aux démons récalcitrants, il est d’une efficacité sans faille. Son sarcasme en fait un personnage sympathique, voire attachant.

 

Malheureusement, avec moi, ça n’a pas marché. J’ai eu du mal à trouver de quoi donner une consistance au personnage de Patrick, et l’univers dans lequel il évolue est bien trop confus pour moi : entre les métamorphes, les mages, les démons, les dieux de l’Olympe et les oracles nordiques, je me suis totalement perdue ! Force est de constater que je ne suis pas faite du tout pour ce genre de fantasy, ou qu’il faut que je me familiarise avec le genre de personnages et les rituels qu’on y rencontre, avant de me lancer de nouveau dans ce genre de lecture !

Le Cid en 4e B, Véropée (La Boîte à bulles, 05/2019)



 Le Cid en 4e B, Véropée (La Boîte à bulles, 05/2019)

💙💙💙💙💙

Ce que j’ai ri en lisant cette bande dessinée !!! Etant moi-même professeur de français en train de faire lire et étudier « Le Cid » de Corneille à mes classes de 4e, je ne pouvais que m’identifier dans cette situation et revivre en bulles des scènes de classe vécues !

 

« Allez, on se dépêche de s'installer, dans le calme. Aujourd'hui, on commence un chapitre sur le théâtre, on va travailler "Le Cid".
- On va encore faire Molière ?
- J'ai toujours confondu Molière avec les dents du fond.
- Le Cid, ça a rapport avec le sida ?
- Le cidre !
- ça va parler de "l'Âge de glace" ?

Le théâtre du XVIIe siècle est au programme de nos collégiens du XXIe siècle ; aberration ou souci de référence culturelle ? Sempiternel débat ! Quoi qu’il en soit, donner envie aux élèves d’aujourd’hui, de se frotter aux vers d’auteurs classiques comme Corneille, c’est toujours une sacrée paire de manches !

 

Cette bande dessinée montre que malgré toutes les craintes que l’on peut opposer à l’étude de ce genre de classiques, il suffit d’un enseignant motivé et tolérant, capable d’adapter son enseignement de façon à le rendre accessible à ses élèves, pour que ceux- ci puissent de rendre compte que les valeurs qui se confrontent dans l’histoire d’amour de Rodrigue et Chimène sont toujours d’actualité. Et que les 400 années qui nous séparent nous paraissent, d’un coup, insignifiantes.

 

Au final, des éclats de rire, de l’attendrissement, et une grande envie de partager cette bande dessinée avec ma propre 4eB !!!

samedi 27 mars 2021

Malédiction, Tome 1 - Les larmes d'Azraël, Cécilia Armand (Elixyria, 08/2020)



Malédiction, Tome 1 - Les larmes d'Azraël, Cécilia Armand (Elixyria, 08/2020)

 💙👼👼💙

Je suis toujours frileuse face aux romans dont l’intrigue s’ancre dans les mythes de la Création. Le Paradis et l’Enfer ont été, à mon goût, déjà trop souvent le théâtre d’histoires bien trop rocambolesques, et je n’aime pas que ce que l’on m’a raconté, durant de longues heures de catéchisme, puis d’études littéraires, soit trop facilement dénaturé à coup d’anges défroqués et de démons lubriques. Heureusement, la saga « Malédiction » ne nous emmène pas dans ces détournements extrêmes !

« Mon peuple a l'interdiction de tomber amoureux des humains, sous peine d'en subir les conséquences. J'ai été égoïste et impétueux de penser que cela serait différent pour moi ». Azraël est un ange de grande valeur au Paradis : c’est celui qui donne le Baiser de la Mort, celui qui permet à l’âme du défunt de s’évader de son enveloppe terrestre pour être jugée et rejoindre, selon la sagesse de la vie qu’il a menée, soit le Paradis, soit l’Enfer. Mais voilà que pour la deuxième fois de sa perpétuelle existence, Azraël tombe amoureux d’une humaine, prénommée Rosalie (et surnommée Rose).

« Dès que mes lèvres se posent sur les siennes, tout signe de vie s'envole de son corps. Je suis parcouru d'un frisson quand son âme me traverse pour rejoindre son dernier royaume. La pluie inonde mon visage, je lève les yeux au ciel, amer, pour constater que l'averse a cessé. Je porte ma main à ma joue. Pour la première fois, la Mort verse des larmes de fer sur l'amour. » Désillusionné par sa première expérience, Azraël veut dans un premier temps tout faire pour ne pas s’attacher à Rose… Mais trop tard, le (M)al est fait…

« Quand on dit que l'amour rend aveugle, c'est vrai. Je suis tellement obnubilé par mes sentiments que je ne remarque même pas ce qu'il se passe sous mon nez. Lucifer doit bien rire de moi. » Dès qu’Azraël s’immisce dans la vie de la jeune fille, l’univers de Rosalie va être profondément bouleversé. Même son meilleur ami, Tristan, ne sera pas épargné. Des secrets liés au passé vont resurgir et pousser le joli couple de plus en plus près du portail des Enfers. Là où les attend, avec impatience, un Lucifer avide de vengeance.

 

Au final, j’ai beaucoup aimé l’univers proposé par Cécilia Armand. Les heures de recherches documentaires sur les mythes, les croyances et la lithothérapie sont bien palpables et elles n’alourdissent en rien le récit ; ce qui est remarquable – et appréciable ; j’adore apprendre en lisant ! L’intrigue tient la route, et les éléments qu’elle ne délivre qu’au compte- gouttes permettent de distiller un certain suspens. Quelques passages sont moins dynamiques que d’autres mais dans l’ensemble, j’ai eu du mal à poser le livre tant je me suis laissée embarquer par l’histoire. Maintenant, j’ai hâte de lire les tomes 2 et 3 !

jeudi 25 mars 2021

Missouri 1627 =>, Jenni Hendricks & Ted Caplan (Bayard, 02/2021)


 

Missouri 1627 =>,  Jenni Hendricks & Ted Caplan (Bayard, 02/2021)

💙💙💙💙💙

En lisant la page des remerciements, j’ai découvert que les auteurs de ce road-trip adolescent avaient pour but d’écrire « un livre drôle sur l’avortement », et je me suis dit qu’ils avaient effectivement bien atteint leur objectif ! Néanmoins si j’ai ri à plusieurs reprises, je dois avouer que j’ai failli tout de même verser une larmichette à deux ou trois reprises…

 

 « J'ai une moyenne de 18/20, je suis membre de la National Honor Society qui distingue les meilleurs élèves, et j'ai été admise à Brown University. Je suis quand même capable de pisser sur un bâton. » Veronica Clarke est la star de son lycée de Columbia ; cette élève brillante et populaire est promise à un bel avenir. Le couple qu’elle forme avec Kevin Decuziac, le joueur star de l’équipe de foot de l’établissement, fait fantasmer toutes les filles. Mais voilà ; malgré le port de sa bague de virginité qui n’est là que pour tromper les apparences, Veronica a « fauté » plus d’une fois avec son beau blond. Et malgré les précautions prises, la réalité, sous la forme de deux petites bandelettes roses, va faire s’écrouler son joli petit univers et remettre en question ses projets d’avenir.

 

Heureusement pour elle, la fin de l’année scolaire approche, et comme les années précédentes, Veronica a prévu d’aller passer un week-end de révisions avec ses trois meilleures amies, Kaylee, Jocelyn et Emily, dans une cabane à l’extérieur de la ville. C’est surtout l’occasion pour elles de se passer en boucle les films de Ryan Gosling et de se goinfrer de bonbons. Mais cette fois, Veronica leur fera faux bond : elle doit aller se faire avorter. Seule. « Ce sont mes meilleures amies, mais pas le genre de personnes à qui je peux parler ouvertement. Notre amitié s'est construite sur des succès, et non sur des échecs. »

 

Kevin n’étant pas fiable non plus, Veronica devra se fier à la seule personne capable de la comprendre et de l’aider : Bailey Butler, son ex- meilleure amie, à qui elle avait jadis tourné le dos. Et avec qui elle va donc devoir parcourir plus de 1600 kilomètres pour se rendre dans le centre d’avortement le plus proche dans lequel une mineure est acceptée, à Albuquerque, dans le Missouri…

 

Au final, un road trip plus qu’émouvant, qui s’appuie sur le thème de l’avortement mais qui révèle un sujet plus profond : la quête de sa véritable identité à l’adolescence. Veronica et Bailey auront appris beaucoup sur elles- mêmes lors de ce long voyage. Le lecteur, lui, aura ri et pleuré avec elles, mais aura aussi réfléchi à ce fameux culte des apparences, entretenu encore et toujours par les réseaux sociaux qui pervertissent si facilement la jeunesse actuelle. A lire et à faire lire !