dimanche 30 avril 2023

La dernière chamane, Julie Saurel (Plumes du web, 03/2021)


 

La dernière chamane, Julie Saurel (Plumes du web, 03/2021)

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Coup de cœur pour ce roman de fantasy dans lequel les êtres humains sont réduits à l’esclavage dans un monde régi par les Surnaturels. Jenny appartient aux Aturales, caste humaine en bas de l’échelle sociale. La malheureuse va être livrée en tant que tribut au clan des MacFillan, de puissants lycanthropes. Quel va être son destin ?

 

« Il se relève, puis me soulève pour me balancer sur son épaule. Je passe du statut de bétail à celui de vulgaire sac à patates. Mes forces m'ont abandonnée, alors je me laisse ballotter en murmurant toujours les mêmes mots : je suis Jenny. » La jeune humaine sert de marchandise : les Aturales avaient une dette envers les MacFillan et la jolie rousse s’avère un choix immédiatement apprécié. Elle servira de monnaie d’échange lors de négociations avec une autre meute, afin d’agrandir leur territoire. De « Jenny » elle devient « Petit paiement ».

 

« - Les chamanes, m’apprend-elle, sont des sorcières dont les pouvoirs sont liés à la lune et à la nature. Il y en avait toujours une par meute, octroyant à ses membres des bienfaits, tant au niveau des soins que sur un plan plus spirituel. Elles ont la possibilité de voir les morts et sont en connexion avec les ancêtres des loups qu'elles servent. » Il s’avère que Jenny n’est pas une simple humaine. Arrivée dans l’antre des MacFillan, elle se retrouve soudainement en communication avec les esprits des ancêtres des loups. Serait-elle un danger ou un atout pour la meute ?

 

« Je sais mon combat entre raison et instinct, loup et humain, perdu au moment où mes doigts se desserrent du poignet de l'Aturale. Mon entêtement prend fin quand ils glissent le long de son bras, parcourent son flanc et s'arrêtent sur sa taille. » Keir, le fils de MacFillan est attiré par Jenny, par son odeur, mais aussi par la magie qu’elle dégage involontairement.

 

Au final, un roman très agréable à lire car l’auteure manie aussi bien l’humour que l’effet de surprise. Les personnages sont attachants ; les alternances de points de vue selon les chapitres nous permettent de concevoir la globalité des situations, mais aussi ressentir les conflits intérieurs des principaux protagonistes. Bref, une lecture captivante et plaisante !

lundi 24 avril 2023

Ce que je n’ai pas su, Solène Bakowski (04/2023, Plon)


 

Ce que je n’ai pas su, Solène Bakowski (04/2023, Plon)

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Paul Chevalier, écrivain français à succès, réapparaît après un an de disparition. Enfin, c’est plutôt son corps qui refait surface, à la suite d’un accident de la route dont les circonstances surprennent Hélène, qui avait été sa conjointe durant dix ans. Que faisait Paul à Sainte- Meynenon, à quelques heures de Paris ? Y avait-il séjourné durant les mois précédent le drame ? Hélène va devoir remonter le fil de l’histoire de son compagnon ; aussi secret sur la réalité qu’il a été expansif dans la fiction.

 

« L'engin coule lentement, la musique se noie dans ses borborygmes. Un bout de coffre résiste, petit point de carrosserie bleue luisant pour la dernière fois au soleil.
Un ultime gargouillis engloutit la Ford couleur de ciel, auquel succède aussitôt un étrange silence. »
Le roman commence sur ce drame qui paraît banal : un homme périt dans un accident de voiture parce qu’il roulait trop vite. Mais Paul détestait la vitesse, la voiture n’est pas la sienne et il n’avait absolument rien à faire dans une ville ouvrière si loin de Paris.

 

« Balèze en mensonges. En a d'ailleurs fait son fond de commerce, puisque tout romancier est un menteur qui se donne des airs. » Paul Chevalier est un écrivain qui s’est construit par lui- même. Issu d’une famille d’ouvriers pour qui la lecture est une activité de fainéant ; il lui aura fallu se faire violence pour oser s’affirmer en tant qu’auteur à succès.  

 

« C'est toujours comme ça, il y a sans arrêt des surprises sous les meubles et le papier peint.
Comme avec les gens, il a dit. »
Hélène va aller de désillusions en déconvenues. Le passé de Paul n’est absolument pas conforme à ce qu’il en a esquissé, et encore moins à ce qu’elle en avait imaginé.

 

Au final, un roman construit d’une façon inédite, avec des chapitres centrés sur Hélène et les moments entourant les funérailles de son compagnon, et d’autres construits comme un récit autobiographiques des mois précédents le décès de Paul. Ainsi, passé et présent se rencontrent, se confrontent et délivrent les clés d’une existence somme toute poétique. Addictif. 

dimanche 23 avril 2023

I'm not your soulmate, tome 1: The perfect match, Lyla Mars (&H éditions, 02/2023)


 

I'm not your soulmate, tome 1: The perfect match, Lyla Mars (&H éditions, 02/2023)

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2168, Portland, U.S.A. Eliotte vient de passer le deuxième test obligatoire de compatibilité amoureuse avec Ashton, son petit- ami depuis l’adolescence ; mais le résultat est encore plus faible que le précédent. Résultat : ils n’auront pas le droit de se marier. Pire encore, ils ont interdiction de se fréquenter. Au XXIIe siècle, c’est la science qui indique à chacun l’identité de son âme sœur et impose le mariage entre ceux que le logiciel, créé par la société Algorithma, a désigné comme étant des « paires ».

 

« On a attrapé cette dernière étincelle d'espoir et nous l'avons entretenue et protégée dans le creux de notre paume. Trois ans pour modifier nos résultats ? Très bien. On y arriverait. » Eliotte et Ashton sont dévastés par la nouvelle de leur premier test. Ils s’aiment depuis leurs seize ans. Comment un logiciel pourrait affirmer le contraire ?  

 

« Aujourd'hui, parler régulièrement avec des psys est une norme. Ces derniers sont des guides de vie, des acteurs à part entière de notre société. » Eliotte suit les règles imposées par la société après des épidémies mondiales et une guerre mondiale chimique ; même si elle sent qu’elles sont liberticides et contraires à l’épanouissement sentimental de l’être humain. Elle obéit ; sans en avoir envie.

 

« Je n'ai pas besoin de l'Etat pour savoir qui je dois aimer, quand je dois faire un gosse, comment consolider mon couple..., dit-il avant de laisser échapper un ricanement sombre. C'est de la pure folie de savoir qu'ils pensent sincèrement avoir ce droit sur moi... » Eliottte se retrouve, ironie du sort, à devoir épouser Izaak, le frère d’Ashton ! En effet, les résultats de son test de compatibilité avec celui- ci sont de 98,8 % ! Heureusement, pour elle, Izaak n’est pas non plus enthousiasmé par leur union forcée. Mais que faire ?

 

Au final, un roman vraiment étonnant. Les chapitres sont construits à la manière d’un thriller, avec un possible retournement de situation à la fin. Les pages se tournent, et on prend la mesure de cette société, plausible, dans laquelle on veut éviter tout type de rébellion ou de violence. Et quoi de mieux que de s’en prendre aux sentiments amoureux ? Plus de conflits, plus de guerres puisque les hommes ont une vie gérée par divers logiciels. Une solution valable ? J’en doute. L’auteure aussi. Elle le montre avec brio. Le tome 2 s’annonce prometteur.  

lundi 17 avril 2023

L’hypersensibilité sensorielle racontée aux enfants, V. Clavel et V. Ferron (Editions de Mortagne, 05/2023)


 

L’hypersensibilité sensorielle racontée aux enfants, V. Clavel et V. Ferron (Editions de Mortagne, 05/2023)

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L’hypersensibilité est de plus en plus diagnostiquée ces derniers temps. Heureusement, car lorsqu’on lit ce guide, on se rend compte à quel point l’exacerbation des sens est plus un inconvénient qu’un avantage, et qu’il entraîne de nombreuses souffrances.

 

« Mon cerveau fonctionne différemment de celui de mes camarades, ce qui cause mon hypersensibilité. » Ce que j’aime dans les guides publiés par les Editions de Mortagne, c’est la dédramatisation et la déculpabilisation de leur discours. Nous sommes tous uniques et fonctionnons tous différemment ; ce n’est pas une raison pour nous exclure de la société.

 

« Julie m'a expliqué qu'à cause de mon hypersensibilité, mon cerveau se place en mode PROTECTION, dans certaines situations. Il pense qu'il doit me préserver d'un danger, alors qu'il n'y en a pas ! C'est pourquoi je réagis fort et vite, soit en fuyant, soit en combattant, soit en me figeant comme une statue. » En cas de suspicion d’hypersensibilité sensorielle, c’est vers les ergothérapeutes qu’il faut se tourner. Ils (ou elles) sont spécialement formé(e)s pour diagnostiquer ce trouble (non référencé dans le DSM V, le guide des classifications des maladies mentales), et surtout pour proposer des tactiques permettant une amélioration du quotidien.

 

« La journée a été riche en émotions, mais depuis que je comprends comment mon cerveau et mon corps fonctionnent, je sais quoi faire. Maintenant, je peux m'amuser et mieux profiter de mes différentes activités. Je me retire dans un coin tranquille, silencieux et sombre pour me reposer. » La petite Marilou, qui mène le guide, donne quelques astuces qui lui permettent de supporter les aléas sensibles de la vie en société. Des idées précieuses pour les enfants (et leurs parents) qui souffrent d’hypersensibilité (ou « hyperréactivité »).

 

Au final, un guide qui s’adresse aux enfants, aux parents et au personnel œuvrant dans le milieu scolaire et éducatif. Les différentes parties ciblent chacune les personnes concernées, mais lire la globalité du livre apporte énormément d’informations et de conseils complémentaires.   

jeudi 13 avril 2023

Mon mari dort dans le congélateur, Misaki Yasuki (Akata, 08/2022)


 

Mon mari dort dans le congélateur, Misaki Yasuki (Akata, 08/2022)

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Je continue ma découverte de l’univers du manga avec ce polar qui s’annonce comme une adaptation d’un roman à succès et comme une future série Netflix. Le début est cash, et la suite est des plus déconcertante. Cela dit, l’intrigue est captivante et les pages se sont tournées à une vitesse folle.

 

« Je voulais le tuer depuis bien longtemps. Cependant je ne pouvais m’empêcher de continuer à l’aimer. Maintenant je suis libre. » Nana ne supporte plus la violence physique quotidienne que lui fait subir son mari Ryô. Un jour, elle passe à l’acte et l’étrangle. Mais que faire du corps ?

 

« C’est l’enfer, je dirai. Un meurtre, c’est l’enfer aussi bien pour la victime que pour l’agresseur. » Nana est oppressée suite à l’acte qu’elle a commis. Que vont penser les voisins en la voyant creuser le jardin dans l’espoir d’y faire disparaître le corps, ou encore en constatant l’absence de son mari volage ?

 

« Et le Ryô bel et bien vivant que j'ai vu ce matin n'était pas un imposteur.
A croire qu'il se multiplie en mourant...
Si je le tue une nouvelle fois, est-ce que j'aurais un troisième Ryô sur les bras ? »
La jeune femme avait décidé de cacher le corps de son époux dans le vieux congélateur resté dans la buanderie. Mais voilà que le lendemain matin, Ryô réapparait comme si de rien n’était.

 

Au final, un manga que je me suis empressée de dévorer, mais qui m’a laissée sur ma faim. Je n’ai pas compris ce qui s’y était passé, ni l’intervention subite du personnage de Kabata, rencontré par Nana cinq ans plus tôt. Pourtant, le suspens est prégnant et ce qui est sous- jacent donne envie de tourner les pages pour en savoir plus. Les réponses à mes questions se trouveraient- elles dans le tome 2 ?