dimanche 28 avril 2024

Le jour où tu as fait renaître mon cœur de cendres, Christelle Muller (Auto- édition, 07/2020)


 

Le jour où tu as fait renaître mon cœur de cendres, Christelle Muller (Auto- édition, 07/2020)

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C’est le troisième roman de Christelle Muller que je lis, et comme les fois précédentes, je suis tombée sous le charme de son écriture, de son histoire et de ses personnages.

« Un jour, une fille a cru qu'elle pourrait le sauver. Elle s'est heurtée à la terrible évidence : on ne peut rien faire avec des cendres. Elle en a souffert, pas lui. » Matthieu est pompier professionnel. Sa vie a été brisée le jour où l’amour de sa vie a péri brutalement, et par sa faute, il en est persuadé. Depuis, il cherche sa rédemption

« Rien ne semble la décourager. Comme rien ne semble entacher sa bonne humeur. Elle arbore en permanence une sorte de petit sourire heureux. » Julie, maladroite de naissance, fait régulièrement appel aux pompiers. Son petit- ami, Dimitri, en est d’ailleurs agacé. Heureusement, son amie Chelsea est là pour la réconforter à chaque coup dur. Mais voilà qu’un des pompiers de service, Matt, va lui porter secours plus d’une fois…

Au final, j’ai adoré cette romance mettant en scène deux personnages à la recherche d’une seconde chance sentimentale. Je me suis énormément attachée à Julie et Matt, avec leur personnalité, faite de forces et de faiblesses. Et puis j’ai vraiment aimé recroiser Nick et Elvis ! Une bien belle histoire !

Le Médecin malgré lui, Molière (1666)


 

Le Médecin malgré lui, Molière (1666)

💟💟💟💟

Une pièce courte parfaite pour entrer dans l’œuvre de Molière. On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait sa renommée : les coups de bâton, la satire de la médecine de l’époque, et l’utilisation pertinente de la ruse, l’arme des plus simples pour se jouer des bourgeois.

« Peste soit le coquin de battre ainsi sa femme. » La pièce s’ouvre sur une dispute entre un mari et sa femme. Très vite, les coups de bâton pleuvent sur la pauvre épouse. Alors qu’un voisin intervient, le couple l’envoie promener vertement ! Stupéfaction. Rires !

« Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d'un mari. Mais c'est une punition trop délicate pour mon pendard : je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir, et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue. » Le vocabulaire fleuri de Molière est un régal à chaque réplique !

Au final, une pièce aux multiples rebondissements, qui fait réfléchir aux relations entre les personnages, et qui fait rire grâce à plusieurs quiproquos.

lundi 22 avril 2024

Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)


 

Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)

💭💭💭

Le dernier roman d’Aurélie Valognes m’a donné très envie de me replonger dans l’œuvre d’Annie Ernaux, plusieurs fois citée. J’ai choisi une œuvre d’adolescence, un récit d’à peine 150 pages, qui dévoile une fois encore la conscience éclairée de la romancière, qui sentait depuis l’enfance qu’elle n’appartenait pas au monde social de ses parents.

« J'ai pensé qu'elle avait changé depuis qu'elle avait quitté le travail à l'usine textile, ça doit être ça le progrès social, l'ordre, dommage qu'il n'y ait pas eu de progrès dans sa conversation. » Anne, double d’Annie, observe énormément sa mère, seul modèle féminin à sa disposition immédiate. Tout en elle la rebute, malgré leur proximité. Dans le regard de l’adolescente, il y a déjà deux figures féminines : celui de la mère et celui de la femme. La première la rassure tout en l’agaçant, mais la deuxième la dégoûte. Une dichotomie difficile à assumer…

« N'ont que leur certificat d'études mais mille fois plus chiants là- dessus que les parents de Céline, ingénieurs, quelque chose comme ça, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas besoin de hurler, ils sont l'exemple vivant de la réussite, tandis que les miens qui sont ouvriers, il faut que je sois ce qu'ils disent, pas ce qu'ils sont. » Anne ne sera pas comme ses parents ; ouvrière à 14 ans. Les professeurs lui ont trouvé des capacités à poursuivre ses études, et en ce mois de juillet, la voilà qui se « repose » du B.E.P.C., en attente d’intégrer un lycée.

« S'il y avait eu un autre moyen pour connaître des garçons intéressants, je m'en serais bien passée de l'amitié. » Il fait chaud durant cet été- là, et Anne, comme quelques- unes de ses amies, a envie de découvrir le corps d’un garçon, de vivre les émotions exprimées à demi- mots dans « Femmes d’aujourd’hui ».

Au final, un récit d’autofiction fidèle au style d’écriture d’Annie Ernaux. Phrases courtes, non verbales ; idées lancées comme elles viennent. Et malgré tout, un rythme. Mais ce texte manque clairement de maturité et se montre répétitif. Pas le meilleure de l’auteure, mais à lire pour avoir une vision plus globale de l’œuvre littéraire de notre Prix Nobel 2022.

samedi 20 avril 2024

Les sortilèges de Zora, tome 1 : Une sorcière au collège, Judith Peignen & Ariane Delrieu (Vents d'ouest, 04/2021)



 Les sortilèges de Zora, tome 1 : Une sorcière au collège, Judith Peignen & Ariane Delrieu (Vents d'ouest, 04/2021)

❤❤❤❤

Une bande dessinée toute colorée très agréable à lire. Zora est un personnage dynamique à laquelle les collégiennes actuelles devraient s’identifier.

« Te voilà une jeune fille comme les autres, prête à aller au collège... La première de la famille à intégrer le monde des nonsorciers...
A 12 ans, il est temps. Je t'assure, sorcière n'est pas un métier d'avenir... »
Zora est furieuse ; sa grand- mère l’oblige à aller au collège avec les « nonsorciers », en lui jetant un sort l’empêchant d’utiliser ses pouvoirs. Or, l’adolescente adore utiliser la magie.

« Mais rassure- toi, à Paris, nous sommes sous la protection de la tour Saint -Jacques.
Au sous- sol, se trouve une bibliothèque interdite. Elle agirait comme un méga- talisman pour nous autres, sorcières. »
Au bout de quelques jours au collège, Zora va faire la connaissance d’une autre élève qui cache elle aussi son statut de sorcière. Une complice en perspective ?

Un début d’histoire qui laisse présager des tomes intéressants. Les pages du grimoire de Zora vont intéresser les adolescents intéressés par l’univers de la magie. 

vendredi 19 avril 2024

La Lignée, Aurélie Valognes (Fayard, 02/2024)


 

La Lignée, Aurélie Valognes (Fayard, 02/2024)

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Je ressors très émue de cette lecture particulière. Même si le texte est fictif, il ne ressemble pas à un roman ordinaire, par sa forme épistolaire, et puis par son thème, l’écriture, et plus particulièrement l’écriture au féminin et les bouleversements que cette activité engendre tant dans la sphère familiale que dans le regard de la société, à vingt ans d’écart.

« Lire, ce n'est pas un état d'esprit, c'est un état d'espoir. Une génération qui lit est une génération qui pense, réfléchit, questionne le monde, doute, écoute, veut comprendre, est prête à changer d'avis, respecte les différences, montre de l'empathie et de la sensibilité. » La première lettre est rédigée par Louise, dix ans. Elle s’adresse à son auteure favorite, Madeleine, lui avouant son souhait de devenir elle aussi romancière. L’écrivaine, après avoir connu le succès, vit recluse au bout de la Bretagne, seule avec son chien, son jardin et la mer à ses pieds. Elle va sortir de sa solitude en répondant à chacune des lettres envoyées par Louise, et suivre peu à peu l’émergence de cette nouvelle auteure.  

« Une femme qui lit est une femme dangereuse, une femme qui réfléchit est une femme dangereuse, alors une femme qui écrit... Oui, c'est dangereux. Dangereux parce qu'on ne maîtrise pas la réaction des autres et que cela se répercute dans notre vie. » Le quotidien de Louise va profondément être bouleversé par l’obsession de l’écriture. S’invite alors un regard sur la place des femmes dans le milieu littéraire. Longtemps cachées, « anonymées », elles se retrouvent encore trop souvent assignées aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Pour une femme, vouloir écrire à tout prix, c’est encore aujourd’hui au prix de nombreux sacrifices et source de lourds préjugés.

Au final, un récit très bien écrit, cohérent entre les deux univers. Le vécu des deux protagonistes se confronte au regard de leurs vingt années d’écart. Pourquoi est - il encore si compliqué pour une femme d’intégrer l’univers de l’écriture contemporaine ? Outre cette réflexion à deux voix, j’ai été très émue par certains passages. Un coup de cœur pour moi, que je relirai volontiers.