mercredi 30 juillet 2025

La Reine Coax, George Sand (Déclic, Belin, 04/2025)

 



La Reine Coax, George Sand (Déclic, Belin, 04/2025)

🐸🐸🐸

Je connaissais George Sand pour ses romans et son incroyable autobiographie, mais je n’avais encore jamais lu l’un de ses contes. Ce petit livre m’a été envoyé en tant que spécimen, en lien avec le nouveau programme de français, et a été l’occasion pour moi de découvrir ce conte à la morale toujours d’actualité.

« C'était une enfant de quinze ans, très avisée, très courageuse et très obligeante, qui se faisait aimer de tout le monde, encore qu'elle ne fût point du tout jolie. Elle était très petite, très agile de son corps et assez gracieuse ; mais elle avait le nez trop court, les yeux trop ronds, la bouche trop grande. Madame Yolande, qui avait été belle en son temps, disait parfois : - Quel dommage qu'une enfant si aimable et si intelligente ait la figure d'une petite grenouille ! » La petite héroïne, Margot, est une enfant adorable mais pas particulièrement jolie. Alors qu’elle vient vivre chez sa grand- mère, elle décide d’assécher les fossés qui entourent le château pour en faire de beaux jardins. Ce faisant, elle déloge une belle et grosse grenouille qui dit être la Reine Coax.

« N'aie jamais l'idée de dessécher mon nouvel empire comme tu as desséché les douves de ton manoir, où j'avais daigné établir ma résidence ; sache que, si tu en faisais autant de ce pré, il t'arriverait de grands malheurs ainsi qu'à ta famille. » Alors que Margot fait en sorte d’aider la Reine Coax, cette dernière va se vexer et la transformer à son tour en grenouille…

Au final, un conte qui répond aux codes du genre, du schéma narratif à la morale. Toutefois, j’ai regretté de ne pas avoir pu adhérer au style, trop lourd lexicalement parlant. L’histoire est intéressante, entre le personnage détestable du cousin Mélidor de Puypercé et celui du cygne Névé, merveilleux protecteur. Mais je n’ai pas été conquise au point de le proposer à mes élèves. Dommage…

lundi 28 juillet 2025

Hurlements, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2024)


 

Hurlements, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2024)

💘💘💘💘💘

Je ressors de ce livre le souffle court. Alexis Laipsker a encore une fois bien joué avec mes nerfs durant les dernières pages ! L’histoire déroulée dans « Hurlements » est aussi machiavélique que cette des « Poupées ». Diabolique et malaisante à souhait. Les criminels dont il raconte les crimes sont des monstres, dont la cruauté manifeste est inimaginable. Pourvu que cela ne soit à jamais que de la fiction…

« - J'ai enlevé cinq femmes, commissaire. Je les fais souffrir. Lentement. Avec une savante cruauté. Et ce n'est qu'un début. » Alors que le commissaire Venturi est encore aux prises de l’IGPN, il reçoit ce message terrifiant. Un monstre rôde et il ne veut avoir affaire qu’avec celui qu’on surnomme « le cow-boy ». Cela tombe bien, Olivia « Menthe à l’eau », la jeune psychologue avec qui il fait équipe depuis peu vient d’échapper à une agression, et notre homme est plus que jamais prêt à en découdre !

« C'était une silhouette humanoïde. Mais pas humaine. Ce ne pouvait pas être un humain. Ce n'est pas possible. Il ne le fallait pas.
Un frisson d'effroi l'enveloppa. »
En parallèle de l’équipe de Venturi, un lieutenant, Julien Dastray, mène son enquête de son côté, à l’insu de son service. Ses raisons sont personnelles. Mais un flic seul n’est- il pas un flic en danger, comme le dit le proverbe ?

« - J'ai un traitement pour ce type de patient. Une balle de 9mm le matin. A renouveler si les symptômes persistent. » Il faudra tout le pragmatisme et la force de persuasion de Venturi pour faire avancer une enquête qui s’éparpille faute de lien concret entre les victimes et parce qu’on n’imagine pas qu’un seul homme puisse faire acte d’autant de cruauté…

Au final, un récit mené tambour battant (normal, pour un auteur citant James Hetfield en exergue de son roman !!!). J’ai, une nouvelle fois, eu l’impression de vivre au cœur de l’enquête, sans temps mort pour raconter la vie plan- plan de l’enquêteur, mais avec uniquement le terrain, le terrain, le terrain. Encore un peu et j’aurais sorti ma plaque de flic en refermant le livre !!!

dimanche 27 juillet 2025

Matrices, Céline Denjean (Pocket, 02/2023)


 


Matrices, Céline Denjean (Pocket, 02/2023)

💓💓💓💓

« Save the others ». Ce sont les derniers mots prononcés par une jeune femme enceinte qui vient de se faire renverser sur une départementale en pleine nuit d’orage. Louise Caumon et Violaine Menou vont être chargées de cette affaire qui va les mener sur la piste d’un trafic de femmes. Les deux majors ne sont pas au bout de leurs surprises…

« A bout de souffle, elle file au plus vite, soutenant son ventre protubérant. Elle trébuche, chute, se relève en criant de douleur et de rage, mais reprend sa course folle. Parce qu'elle veut sauver sa peau. » Le récit s’ouvre sur la course effrénée d’une jeune femme le long d’une route départementale. Malheureusement, elle est renversée par une camionnette et ne survit pas à l’accident. Un drame du quotidien ? Le fait que la victime soit d’origine africaine et que le bébé qu’elle portait était blanc va faire douter les enquêteurs…

« Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend, de l'endroit où on nous trimballe... Mais je pressens que j'ai quitté l'extrême précarité de Makoko pour franchir les portes d'un enfer plus sombre encore. » En parallèle de ce qui se passe en France, nous suivons Obi, une jeune Nigériane vendue par sa tante à un trafiquant d’êtres humains. Elle ignore les objectifs qu’Isaac- le- balafré a pour elle… Future prostituée ou actrice de porno ?

« Comment peut-on à ce point mépriser le cycle de la vie sans lequel nous n'existerions pas ? » Et puis les deux histoires se mêlent et c’est une histoire glaçante que nous sert l’auteure ; basée sur des faits qu’on devine très proches de la réalité.

Au final, un roman policier habilement mené dans lequel les cartes s’abattent les unes après les autres, révélant des êtres abjects, que rien ne rebute du moment qu’ils en tirent des profits financiers. On se doute que la réalité n’est pas loin et c’est ce qui est terrifiant. Par ailleurs, le personnage de Louise a pris ici une dimension sensible qui m’a touchée. J’ai hâte de lire le suivant pour suivre son évolution !

jeudi 24 juillet 2025

Sous le ciel d’Eagle Bay, Sophie Jomain (Charleston, 01/2024)

 



Sous le ciel d’Eagle Bay, Sophie Jomain (Charleston, 01/2024)

💛💛

J’aime beaucoup les romans construits sur le thème des secrets de famille et les relations mère- fille. Ce récit de Sophie Jomain, auteure que je lisais pour la première fois, promettait de me plaire avec une base narrative mettant en scène Abigail et sa mère Emma, qui ne s’était plus vues depuis dix- sept ans. Qu’allaient révéler leurs retrouvailles après une si longue absence ?

« Sans Régine, Abby était certaine qu'elle aurait fané comme une plante dont personne ne s'occupe, parce que la tendresse que ses parents avaient vouée à cette île les aveuglait. Ils n'avaient pas vu combien elle la tuait à petit feu. » Subissant le rejet de sa propre mère depuis sa plus tendre enfance, Abby a décidé, à sa majorité, de quitter l’Alaska où vivaient ses parents pour s’installer en France, chez sa grand- mère. Elle y fera ses études et y débutera sa carrière professionnelle sans jamais revenir à Eagle Bay…

« C'était comme si Abby n'avait plus sa place dans leur famille, et qu'elle était responsable de ce qui était arrivé à Emma. Abby s'était d'ailleurs longtemps demandé si c'était parce qu'elle marchait encore et pas sa mère, qu'Emma lui en voulait autant. » Abby a cherché à se rassurer sur les raisons qui ont poussé sa mère à l’exclure de sa vie… L’accident qui a laissé Emma invalide est- elle LA véritable excuse ?

« Pourquoi m'avoir mise au monde ? Pourquoi m'avoir conçue si tu étais à ce point incapable d'aimer comme un enfant le mérite ? » A l’heure où Abby revient à Eagle Bay car sa mère a besoin d’elle, entre son handicap et des problèmes de santé qui s’accumulent, les règlements de compte sont au programme…

Au final, un roman qui m’a peu touchée. Le début est intéressant par rapport aux questionnements sensés d’Abby, qui, désormais trentenaire, dispose de l’aplomb nécessaire pour questionner sa mère sur son rejet. Mais j’ai trouvé que le récit devenait ensuite trop contemplatif et larmoyant. De plus je ne me suis pas attachée aux personnages, ni d’Emma, froide et détestable qui va peu à peu faire tomber les barrières de sa forteresse, ni d’Abby, que j’ai trouvée « tiède » dans l’expression de ses (res)sentiments. 

lundi 21 juillet 2025

La maison des mensonges, John Marrs (City Editions, 03/2025)

 


La maison des mensonges, John Marrs (City Editions, 03/2025)

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Deux femmes vivent dans la même maison. Elles sont mère et fille ; elles se détestent. Nina part chaque matin au travail après avoir bien attaché sa mère à une chaîne, l’empêchant de sortir de la maison, et par là, de révéler sa présence… Comment en sont-elles arrivées là ?

« J'aurais aimé écrire un livre. J'ai plein d'histoires en tête, et autant de secrets. Mais je doute que cela arrive un jour. Beaucoup de choses n'arriveront jamais. Je ne quitterai plus jamais cette maison, par exemple. » Maggie a la soixantaine. Elle vit au grenier où sa fille l’a enfermée depuis deux années après que cette dernière a découvert des faits qu’elle estime impardonnables à son égard.

« Mensonges et réticence à communiquer efficacement : ce sont les termes qui décrivent notre fonctionnement à elle et à moi. Ou peut- être devrais- je plutôt parler de dysfonctionnement. » Le passé de Nina est lourd de silences, et de colères terribles. Ses rancœurs envers sa mère sont profondément ancrées dans son cœur. Et cette dernière ne comprend pas, persuadée d’avoir toujours agi pour le bien de sa fille.

« Est-il possible qu'après tout ce temps, elle commence à se souvenir de ce qui s'est passé ? Cette boîte représente- t- elle les événements de cette nuit- là, et ce qu'elle a perdu ? Peut- être recommence- t- elle à reconstituer ce qui s'est passé et me demande- t- elle mon aide pour aller plus loin ? » Le récit oscille entre Maggie et Nina, mais aussi entre le présent et deux époques ; vingt- deux ans plus tôt, à l’époque des drames, et deux ans plus tôt, lorsque des secrets douloureux sont mis à jour inopinément… Qui cache quoi ? Pour quelles raisons ?

Au final, un « page- turner » vraiment machiavélique ! Les codes des relations familiales volent en éclats ! J’ai été choquée par certaines scènes vraiment violentes ! Âmes sensibles s’abstenir, mais si vous avez le cœur bien accroché, prenez- vous une après- midi de libre et dévorez ce thriller surprenant !