mardi 19 août 2025

La fille au pair, Sidonie Bonnec (Albin Michel, 02/2025)

 



La fille au pair, Sidonie Bonnec (Albin Michel, 02/2025)

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J’ai beaucoup aimé ce livre dont l’histoire m’a complètement désarçonnée. Je ne m’attendais pas du tout à une telle thématique ni à ce genre de dénouement. Je comprends tout à fait le succès rencontré par ce roman et j’espère vraiment rencontrer l’auteure au salon du polar de Lisle- sur- Tarn pour discuter avec elle de la part de vérité qui se trouve au sein de ce récit !

«Je demande à Virginie de me mettre en contact avec sa famille anglaise. ça n'a pas l'air de lui faire plaisir, sans doute qu'elle aimerait être la seule star de cette histoire, mais j'insiste, je la supplie. J'ai besoin de travailler, j'ai besoin de fuir. » Emmylou est au lycée quand elle perd sa meilleure amie, Morgane, qui s’est brutalement suicidée. Déprimée de se retrouver seule dans un coin paumé de Bretagne, elle prend la décision de proposer ses services en tant que fille au pair en Angleterre. Outre le fait de fuir le milieu prolétaire de ses parents, elle compte se perfectionner en anglais afin d’améliorer ses chances de réussite au concours d’entrée d’une école de journalisme.

« J'aime l'enfer en fiction, la vie qui dérape et t'engloutit. J'aime, quand en littérature, tout se met à boiter. » Férue de littérature noire et fantastique, Emmylou va peu à peu voir le quotidien de la famille anglaise, les White, qui l’emploie, s’assombrir au fil de secrets bien gardés et de comportements de plus en plus étranges… De quoi passer de la fiction à la réalité ?

« Pourquoi et comment tout s'est inversé ? Je suis tombée où ? Pourquoi ça m'arrive à moi ? Mes trois mois d'enfermement me tapent sur le système, la fatigue grignote mes nerfs et ma lucidité. » La jeune fille est curieuse et intelligente ; elle comprend vite que l’interdiction de sortir de la résidence où se trouve le domicile des White est lié à un désir de vivre cachés. Mais pourquoi ? Quels sombres secrets les habitants de Hidden Grove taisent- ils ? De quoi Lewis, l’aîné souffre-t-il en silence ?

Au final, un récit qui débute sur les rêves d’émancipation d’une adolescente et qui va prendre peu à peu de la densité pour dévoiler un univers machiavélique absolument sidérant par son côté abject. Bluffant ! J’espère que Sidonie Bonnec a d’autres histoires de cette trempe à nous proposer ! Je suis d’ores et déjà preneuse !


vendredi 15 août 2025

Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)

 


Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)

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Voilà des années que je n’avais plus lu cette auteure ; quelle erreur ! Ses histoires à la fois poignantes et pleines de délicatesse me touchent toujours autant. Dans ce tome 4 de la saga « Le Poids des secrets », nous sommes aux côtés de Kenji Takahashi, un homme désespéré par l’impatience de ses parents, qui appartiennent à une famille de haute lignée, qui insistent pour qu'il leur donne un héritier.

Mon père lui dit : "Tout ça, c'est grâce à Sono, qui est bonne avec les enfants." Pourtant, ma mère lui dit : "Elle est d'origine douteuse. Elle ne convient pas à notre famille." Kenji, le narrateur, ressasse sans cesse les doux souvenirs qu’il a partagés avec sa nurse, Sono. Après avoir été renvoyée par ses parents, celle- ci s’est exilée en Mandchourie, mais a gardé le contact avec lui en lui écrivant régulièrement.

« Je ne voudrais pas rester célibataire toute ma vie. Cependant, je ne suis pas encore prêt à accepter l'idée de me remarier : j'ai un gros problème. Tôt ou tard, je devrai "le" dire à mes parents. Cela me pèse beaucoup, plus que le problème lui- même. » Le père de Kenji vient d’une famille illustre dont le nom s’est transmis sur de nombreuses générations. Au Japon, cette transmission est une institution ; la famille y est une valeur sacrée. C’est pourquoi le jeune homme peine à avouer « sa » vérité à ses parents….

« Si vous plaisez à Mariko et que vous la demandez en mariage, je veux que vous teniez parole quoi qu'il arrive. Si cela ne vous est pas possible, veuillez la laisser maintenant. Je ne veux plus qu'elle soit jamais blessée. » Résigné à ne pas fonder de famille, Kenji tombe pourtant sur le charme de Mariko, une mère célibataire étant elle- même orpheline. Mais comment faire accepter cette idée du couple à des parents traditionalistes ?

Au final, Aki Shimazaki met en œuvre ses talents d’écrivain pour parler d’un mal sociétal que l’on ne retrouve pas uniquement au Japon. De nombreuses grandes familles tiennent à ce que leur nom et leurs richesses soient transmises de père en fils. Elle questionne également le statut de l’épouse, et celui de la fille ; qui restent éloignées de la transmission, quand elles ne sont pas accusées à tort d’une stérilité rédhibitoire. Inspirant et tellement beau.  

jeudi 14 août 2025

D’entre les morts, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2025)

 


D’entre les morts, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2025)

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Quel plaisir de retrouver les paroles de mon « chanteur » préféré, Papa Het, en exergue de ce roman ! Les paroles de « Wherever I may Roam » donnent le « la » de ce troisième tome des enquêtes du duo Venturi – Montalvert…

« Une détonation sèche.
La balle vint la frapper en pleine poitrine. Fauchée, la frêle jeune femme s'effondra. »
Dès les premières pages, voilà que ma psy de fiction préférée se retrouve terrassée. Quelle angoisse ! Alexis Laipsker a su me saisir en quelques lignes ; parce que non, ce n’était pas possible de me laisser en plan avec cette mort « sur ma conscience » !

« La terre brune, tapissée d'épines et de pommes de pin fit place à un sol craquelé et recouvert de cendres. Elle eut l'impression d'entrer en enfer. Elle ignorait encore que chacun de ses pas la rapprochait effectivement de l'enfer, le vrai. Celui des hommes. » Alors que des incendies font rage dans les forêts d’Occitanie, des jeunes femmes sont brutalement enlevées puis assassinées. Les enquêteurs peinent à trouver le lien qui les lie et qui serait susceptible de les mettre sur les pistes d’un tueur toujours prêt à recommencer.

« L'impensable se matérialisait.
De ce tas abominable, elle commençait à distinguer des formes. Elle s'essuya le front du revers de la main.
Des jambes, des bras. En partie calcinés.
Puis, crescendo, vint le bourdonnement atroce d'une multitude de mouches. Elles étaient si nombreuses que la scène paraissait floue. »
L’assassin nourrit une obsession particulière pour un profil de femme. Les scènes de crime qu’il laisse derrière lui sont abominables de cruauté. Venturi et Montalvert sauront- ils l’arrêter à temps ?

Au final, une histoire glauque mais captivante. Alexis Laipsker sait tenir son lecteur en haleine en lui servant uniquement les scènes d’action, à l’aide d’une écriture cinématographique parfaitement rodée. J’ai aimé encore une fois me laisser mener par le bout du nez, jusqu’à la révélation finale, bluffante !

lundi 4 août 2025

Les crédits, Damien Peynaud (Noir sur blanc, 08/2025)


 

Les crédits, Damien Peynaud (Noir sur blanc, 08/2025)

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Ce livre fait partie de la rentrée littéraire d’août 2025 et j’ai pu le lire en avant- première grâce à une Masse critique organisée par le site Babelio. L’auteur avertit le lecteur dans la 4eme de couverture ; ce n’est « ni une autofiction ni un témoignage ni un récit ». Pourtant, j’ai eu l’impression que le nœud de ce récit prenait bien son départ dans la propre vie de Damien Peynaud, entre une famille qui use des crédits à la consommation et un intérêt manifeste pour le cinéma (en lien avec la carrière de l’auteur).

« Les objets sont entrés par la porte de notre appartement, comme chez Berthier. Ils ont pris place. Je ne les ai pas tous vus entrer, mais j'ai vécu leur présence parmi nous. » C’est à l’occasion d’une soirée chez ses parents que le narrateur et son frère vont archiver des photos familiales. Par ces images, il va pouvoir constater que son père a été un acheteur compulsif et que ce comportement a été la cause de nombreuses souscriptions de crédits à la consommation, jusqu’à un étrangement financier mettant la famille en position de surendettement.

« Il n'y a pas d'avant. Je suis né, j'ai grandi avec le crédit et les crédits. Il n'est pas arrivé à moi par surprise. Il s'est lentement dévoilé, son sens m'a peu à peu pénétré. Ma mémoire a démarré avec le mot. » Le narrateur tente de rapprocher la situation de ses parents, employés tous deux, et donc, bénéficiant d’un salaire, de celle de Gérard Jugnot et de celle de Louis de Funès. Là, j’avoue que j’ai complètement décroché du récit…

Au final, une lecture intéressante dans le premier tiers, mais qui devient ennuyante par la suite. Je ne suis pas cinéphile et le rapport qu’entretiennent les acteurs et les réalisateurs avec l’argent m’indiffèrent au plus haut point. Par contre, ayant eu une famille qui a eu tendance à l’excès de souscriptions de crédits à la consommation, j’avais espéré lire une histoire dans laquelle j’aurais pu me retrouver, et comprendre – peut- être- cette nécessité d’avoir toujours plus que le voisin. Dommage.

Destination extrême : catacombes de Paris, Magali Laurent (De Mortagne, 04/2024)

 


Destination extrême : catacombes de Paris, Magali Laurent (De Mortagne, 04/2024)

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Nouveau voyage en compagnie du DATO (pour « Dark Tourism), direction les catacombes de Paris, mais attention, le but ultime de ce court séjour est d’explorer les anciennes carrières souterraines interdites au public pour y vivre des expériences morbides inoubliables !

« - L'apéritif de la marquise de Brinvilliers... Le pâtissier de la rue de Chanoinesse... Le docteur Satan et... une cérémonie sacrificielle... C'est quoi, tout ça ? » Mathys tombe des nues en découvrant le programme du voyage que lui propose sa petite amie, Lili. Mais comme il est prêt à tout pour qu’elle ne le quitte pas, il va fermer les yeux et la suivre dans cette aventure, en compagnie d’un couple adepte de l’échangisme, Odile et Joseph. L’ensemble ne lui plaît pas, mais pour Lili, il serait capable de faire tout et n’importe quoi… Mais c’est sans compter sur le fantôme de sa petite sœur, Maëlle, qui va venir le hanter et risquer de tout faire capoter…

Au final, un roman glauque qui ne m’a pas plu du tout. L’écriture est simpliste au possible (on dirait une rédaction d’adolescent !), le vocabulaire utilisé est souvent vulgaire et l’utilisation de termes et d’expressions canadiennes ne facilitent pas la fluidité de la lecture. Par ailleurs, l’histoire ne présente aucun intérêt, entre la sexualité des personnages et l’inutilisation du potentiel narratif qu’auraient pu déclencher les catacombes de Paris !