lundi 27 mai 2024

Amytiville Psycho, Greg Hocfell (Elixyria, 03/2024)



 Amytiville Psycho, Greg Hocfell (Elixyria, 03/2024)

💟💟💟💟💟

Je me suis lancée dans cette lecture « à l’aveugle » ; j’avais quelques souvenirs de l’affaire d’Amytiville et de l’adaptation cinématographique qui en avait été réalisée. Mais je voulais me laisser surprendre par Greg Hocfell, en qui j’avais toute confiance, pour m’entraîner dans une version « de travers » captivante !

« "La voix" ne dormait pas. Jamais. Elle ne faisait que se taire.
Il arrivait à papa d'ouvrir la bouche, puis "la voix" de se faire sienne. »
26 mai 1974. Un père de famille se prépare à vivre une belle journée en compagnie de sa femme et de ses deux enfants dans la maison qu’ils viennent d’acquérir. Mais quelque chose ne tourne pas rond dans ce lieu étrange qui semble épier ses occupants….

« C'en avait été trop de ce trou noir sous ce fichu lit. Il revenait s'ouvrir telle une tumeur maligne. » Et puis il y a P’tit Chef, qui vit dans son monde imaginaire mais nourrit de belles terreurs nocturnes. Qui saura le rassurer ? Le protéger ? Son père semble dépassé par les événements, entre les coins sombres de la demeure que représentent la cave et le hangar à bateau, et la machine à écrire – machine à scolopendres, une antiquité trouvée dans d’un vide- grenier.  

Au final, aucune déception ! L’auteur m’a encore une fois menée par le bout du nez ; me menant entre éléments d’enquête véridiques et purs fruits de son imagination. L’écriture est volatile, baladant son lecteur dans des méandres psycho- pathologiques sans repères spatio- temporels.  J’ai dévoré ce court roman en une après- midi ; me questionnant sans cesse sur ce qui pouvait faire partie de l’histoire vraie et ce qui provenait de l’imaginaire de l’écrivain. Bluffant !  

dimanche 26 mai 2024

Veux- tu être mon +1 ? Tamara Balliana (Hugo, 05/2024)


 

Veux- tu être mon +1 ? Tamara Balliana (Hugo, 05/2024)

🎊🎊🎊🎊

Alors que ce mois de mai s’annonçait gris et pluvieux, ma libraire m’a vivement conseillé une romance à la couverture ensoleillée. J’ai donc plongé dans cette comédie romantique légère et souriante et d’actualité puisqu’il y est question de la saison des mariages et de la difficulté d’y être invité lorsqu’on n’est pas accompagné. Alors, « mariage pluvieux, mariage heureux » ?

« J'ai l'impression d'être dans une situation à la "Friends" où l'un des deux affirme qu'ils sont séparés, quand l'autre estime que c'est juste une pause. » Colyne, qui a toujours été allergique aux mariages, décide de quitter Vivien juste au moment où celui- ci lui fait sa demande, au mariage de sa sœur, devant 200 personnes et le genou à terre. Mais quitter un homme avec lequel on vit depuis deux ans implique de se réinventer une nouvelle vie. C’est donc à la recherche d’un nouveau logement qu’elle va rencontrer Alex, qui cherche une colocataire.

« Nous sonnons, et après quelques minutes d'attente, la porte s'ouvre sur un homme (jusque- là pas de surprise), bien trop beau pour être honnête. » Quelle n’est pas la surprise de Colyne lorsqu’elle visite la colocation ; comment un homme aussi beau peut- il être célibataire ? Les rumeurs qui vont lui parvenir vont lui donner un brin d’explications : Alex est un fêtard et un incorrigible coureur de jupons !

« Tu n'es plus à deux ou trois mariages près, alors ! Je suis d'excellente compagnie lors des cérémonies, tu sais. Tu devrais m'emmener avec toi à chaque fois et moi, je t'emmène aux miens. » Nos colocataires vont profiter de leur bonne entente pour se soutenir lors des célébrations familiales durant lesquelles on leur reproche incessamment leur statut de célibataire. Et de fil en aiguille…

Au final, une romance qui réchauffe le cœur. L’écriture de Tamara Balliana est fluide, captivante et ses piques d’humour m’ont fait sourire plus d’une fois. Une lecture – doudou, pleine de bons sentiments et qui fait du bien au moral. 

samedi 18 mai 2024

Sur scène, Carène Ponte (Fleuve éditions, 04/2024)



Sur scène, Carène Ponte (Fleuve éditions, 04/2024)

💜💜💜💜💜

Carène Ponte sait toujours bien amener et traiter les sujets sensibles grâce à une petite touche d’humour qui lui est propre et qui marche à chaque coup. Ce road- trip est construit sur le désir d’une quadragénaire de réaliser son rêve d’adolescence : chanter à Broadway. Et pour l’accompagner, qui de mieux que sa meilleure amie ? Sauf que Lola est une multi- phobique, qui vit enfermée chez elle…

« Comment le mot "dissertation" pourrait- il rivaliser avec "chômage" ou, pire, "licenciement" ? On reprendrait presque un peu de peur des épinards pour la peine. » Il y a des mots qui nous font mal aux oreilles, à tout âge. Mais quand viennent ceux qui ont un rapport avec la maladie, et pire encore, la fin de vie, on préfèrerait ne plus rien entendre. Ginger s’en rend compte avec douleur lorsqu’on lui annonce une récidive de son cancer.

« Je vis avec la peur, l'anxiété, les phobies depuis tant d'années que j'hésite parfois à leur dresser un couvert quand je m'installe pour dîner. » La meilleure amie de Ginger, Lola, vit comme une recluse. Traductrice de romans à domicile, elle mesure ses journées à coup d’unités d’angoisse et évite toute relation sociale. Ginger est une exception dans sa vie ultra- mesurée. Et c’est bien pour cette unique raison qu’elle va oser passer outre ses nombreuses phobies et la suivre jusqu’aux Etats- Unis.

« Aimer, c'est peut- être accepter de souffrir. Mais ne pas aimer, c'est mourir. » Les deux amies, une fois sur le sol américain, vont avoir à se soutenir l’une l’autre. Et de belles rencontres vont les aider à faire de ce séjour une étape inoubliable de leur vie.

Au final, une lecture avec ascenseur émotionnel inclus. Carène Ponte manie très bien le passage du rire aux larmes. J’ai été une nouvelle fois conquise par sa plume. Lola et Ginger sont rapidement devenues comme des amies pour moi et je regrette déjà de les avoir quittées !

jeudi 16 mai 2024

Le sang des sauvages, tome 2 : Le prix d’Alcibiade, Farah Anah (Black Ink, 11/2018)


 

Le sang des sauvages, tome 2 : Le prix d’Alcibiade, Farah Anah (Black Ink, 11/2018)

💙💙💙💙

Le tome 1 de cette saga avait été un choc pour moi ! La confrontation de « Sauvages » et de citadins habitant la ville de Célestia était ponctuée d’actes de barbarie d’une violence que l’on ne trouve que dans les thrillers. Et pourtant, l’auteure réalisait la prouesse de faire naître des sentiments intenses entre Sanaé, Célestienne, et Leith, commandant des troupes de Draone, mais surtout beaucoup d’émotions contradictoires chez moi, lectrice.

« - Ce que je suis devenu n'a rien à voir avec lui, ce sont les déboires de ma vie, les pertes se succédant, ton abandon et la folie de mon père qui m'ont transformé. » Sanaé revient à Célestia, ses convictions profondément ébranlées par ce qu’elle a découvert chez les « Sauvages ». Elle est déterminée à percer les secrets de la cité qui la vue grandir, notamment ceux de Mélodias, le monarque au passé obscur. Ses retrouvailles avec Séon, son frère de cœur, vont éclairer sa lanterne, tout en lui apportant bien des contrariétés…

« En cet instant, éreintée par nos confrontations, je ne désire qu'une chose et je la prends ; mon corps s'élance vers celui de Leith pour s'y blottir, l'enserrant étroitement. S'il est d'abord surpris, ses bras m'élancent à leur tour. » Et puis Sanaé retrouve Leith. Et Leith retrouve Sanaé, bien changée. Il faut avoir lu les deux tomes pour comprendre l’osmose de leur relation inédite, voire contre- nature à Alcibiade, et pour vivre avec eux les sentiments qui les unissent, plus forts que tout ; la nature, les lois, les valeurs morales.

Au final, un second tome dans la lignée du premier. La noirceur de l’Homme est très bien illustrée, sa propension à vouloir être plus fort que l’autre, quel qu’il soit. La psychologie des personnages est très bien travaillée pour des êtres évoluant dans un monde de fantasy. Bref, je recommande vivement cette duologie. De mon côté, je vais lire le spin – off de cette saga très prochainement. 

jeudi 9 mai 2024

Plein ciel, Siècle Vaelban (Bigbang, 02/2024)


 

Plein ciel, Siècle Vaelban (Bigbang, 02/2024)

🎵🎵🎵

Comment passer à côté de « Plein ciel » en ce printemps 2024 ? Ce roman occupe les étalages des librairies comme les comptes Instagram des influenceuses littéraires en vue. Mes copines le lisent, mes élèves le lisent, alors moi aussi j’ai eu envie de découvrir l’univers de l’île de la Nébuleuse et de toquer à la porte de l’opéra « Plein ciel ».

« Des dizaines de rubans lui sautèrent à la gorge, se lovèrent autour de son cou, coulèrent jusqu'à ses bras d'albâtre, dissimulant la chair pâle et la robe grise sous un déluge sauvage et bariolé. Ivoire s'affala dans son crapaud, laissant les rubans se promener à leur guise. Libérer son don lui permettrait d'y voir plus clair. En plus de quoi, ses croquignolets avaient été enfermés toute la journée d'hier. Elle avait beau savoir qu'ils n'en ressentaient nulle affliction, la perspective de les garder en cage lui nouait les entrailles. » Nous suivons ici le personnage d’Ivoire, jeune fille ayant le don de dompter les rubans. Cette habileté lui a permis d’entrer dans un atelier de couture, celui du fantasque Démesure.

« Nous allons mourir de ce poème. Plein- Ciel ne se conteste pas, en aucune façon. » Ivoire, qui avait été écartée de la vie sociale des Masques, du fait de particularités physiques, est ravie de pouvoir intégrer l’opéra « Plein ciel » pour broder les costumes des artistes qui s’y produisent chaque soir sur scène. Mais très vite, elle se rend compte qu’une rébellion face à l’ordre établi est en train de se préparer.

« La peur nous colle aux basques, ma vieille, on ne peut même plus manger des prunes en paix. Le Chant - des- Oiseaux nous traque jusque dans les fourneaux ! » Alors que les actes des rebelles ont commencé à se multiplier, la répression des dirigeants s’avère particulièrement cruelle et injuste. Ivoire saura-t-elle prendre les bonnes décisions quant à l’utilisation de son talent pour sauver ceux qu’elle aime ?

Au final, j’ai bien aimé pour la plume, les métaphores originales et l’univers foisonnant créé par l’auteure. Toutefois, j’avoue avoir eu bien du mal à me situer au milieu des personnages et même au sein – même de l’opéra. J’ai souvent eu l’impression d’être restée à la porte d’entrée et de regarder de loin tout ce petit monde grouiller d’activité à travers la vitre d’une fenêtre. Une lecture et une autrice à découvrir pour leur originalité.