mardi 30 août 2022

Ciao Bella, Serena Giuliano (Pocket, 03/2019)


 

Ciao Bella, Serena Giuliano (Pocket, 03/2019)

💙💙💙💙

Anna a peur de tout, ou presque, et ses troubles en viennent à l’empêcher de vivre normalement. Alors qu’elle entame une deuxième grossesse, elle décide de se prendre en main et de se faire suivre par une psychologue. Ce sont ici les séances entre les deux femmes qui sont narrées, et en parallèle, le fil de l’histoire d’Anna, qui se déroule entre l’Italie de son enfance et la France de sa vie d’adulte.

 

« Ce jour- là, ce lundi, est le plus beau et le plus horrible de ma vie. J'ai cru mourir mais, pire, j'ai cru te perdre, toi, mon bébé. C'est là que j'ai réalisé à quel point une mère pouvait aimer. Quand j'ai compris que, plus qu'à ma propre vie, je tenais surtout à la tienne. » Les peurs d’Anna, déjà terriblement anxieuse de nature, se développent rapidement suite à un premier accouchement prématuré et difficile à vivre. Alors qu’elle entame une deuxième grossesse, les peurs les plus primaires remontent à la surface et Anna ne parvient plus à les surmonter…  

 

« - Oui, l'enfance joue un rôle primordial dans notre vie adulte. Elle est le socle de notre existence. Si celui- ci n'est pas stable, tout le reste risque de s'écrouler tôt ou tard. » Anna rencontre une psychologue qui va lui faire remonter le temps, histoire de trouver l’origine des peurs qui envahissent son quotidien et génèrent des crises d’angoisse répétées. Pas de surprise, ce sont bien les souffrances vécues dans l’enfance qui ont creusé chez la patiente des incertitudes, des manques, qui l’empêchent de profiter de la vie.

 

« Tu crois être la prunelle des yeux de tes parents. Puis, un jour, tu fais des enfants, et c'est à eux que celle qui t'a mis au monde offre des calendriers de l'Avent Kinder. Tout fout le camp dans ce monde de merde. TOUT. » Anna est une maman qui panique, mais elle sait garder un certain sens de l’humour. En se confiant à sa psy, et en créant un blog pour les mamans en détresse, elle se découvre un véritable talent dans l’écriture et dans le partage des confidences.

 

Au final, un roman dans lequel toutes les mamans, mais aussi toutes les filles se reconnaîtront (désolée messieurs). Les douleurs du passé sont génératrices de bien des anxiétés adultes, mais la plume de Serena Giuliano sait nous donner le sourire, en pointant du doigt certaines névroses qui s’avèrent ridicules après coup, mais qui font partie de la vie de mère et d’épouse. Un premier roman qui laisse deviner des qualités de romancière, mais aussi humaines, qui feront le succès des suivants ! 

samedi 27 août 2022

The Salt wolves – Tome 2 : Si tu veux de moi, Delphine Clever (auto- édition, 04/2022)



 The Salt wolves – Tome 2 : Si tu veux de moi, Delphine Clever (auto- édition, 04/2022)

🎸🎸🎸🎸

 

Dans ce deuxième tome de la tétralogie consacrée à l’histoire fictive d’un groupe de rock américain nommé « The Salt wolves », l’auteur centre le récit sur la naissance d’une relation amoureuse entre John et Rebecca. Le jeune homme est le frère de Cassie, héroïne du premier tome, sauvée inopinément, par Jared, d’une famille dangereuse de désaxés qui gardaient leurs enfants loin de toute forme de société, en totale autarcie. John a choisi de rester du côté de Cassie suite aux événements survenus dans le tome précédent. Jouant de la guitare avec habileté, il a très vite intégré le groupe de Jared. Et le voici qui se sent attiré par la rebelle qui y joue également de la guitare et des synthés, Becky.

 

 « J'avais pourtant décidé de ne plus utiliser le prénom que mes parents m'ont donné à la naissance, d'être une personne plus forte, plus indépendante... plus seule. Tellement seule. » Rebecca demeure une jeune femme mystérieuse, sous son diminutif de Becky. Son agressivité est légendaire et la majorité des personnes de son entourage savent qu’il faut la manipuler avec des pincettes pour communiquer avec elle. Ceci dit, c’est une musicienne et une chanteuse douée, dont Jared ne voudrait surtout pas se séparer. Et même si Cassie lui a dérobé la place de chanteuse, tous les membres du groupe ont insisté pour garder Becky parmi eux.

 

« Je ne veux pas me retrouver dans un foyer d'accueil, entourée d'autres gamins à problème qui me détesteront tous. Dans la rue, tous les gars m'aiment et ils me donnent ce dont j'ai besoin, c'est- à- dire pas grand- chose : une dose, un sandwich, une bière... Suffit d'écarter les jambes. C'est un deal acceptable. De toute façon, ma mère m'a souvent traitée de petite pute. » Dans ces pages, nous en apprenons davantage sur l’enfance et la jeunesse de Rebecca : abandon, rejet et souffrance l’ont conduite directement dans la rue. Les élans caractériels qui lui sont propres trouvent ici une explication et on ne peut que compatir à son profond mal- être, qu’elle tente, tant bien que mal, de cacher.   

 

« J'ai voulu faire comme si ça ne me dérangeait pas, comme si j'avais juste à ne pas y penser, mais je me rends compte que je ne peux pas agir ainsi. Je dois faire face aux faits. A sa réalité, à son passé. Est- ce que je dois oublier l'idée d'être un jour avec elle parce que je ne supporte pas ce qu'elle a vécu avant moi ? Ou est- ce que je suis prêt à accepter cette partie d'elle ? » John est perturbé par son attirance envers Becky ; lui qui n’avait jamais eu de petite- amie de sa vie et qui ne pouvait même pas s’imaginer qu’on puisse vivre à la rue. Comment vivre une relation sereine et épanouie en étant si différents ?

 

Au final, un second tome passionnant tant le personnage de Rebecca y est finement développé. Le côté « mauvaise fille » du premier tome trouve ici ses justifications et le lecteur peut comprendre les réactions d’un tel personnage, d’autant plus au sein d’un groupe d’individus si différents les uns des autres. Delphine Clever écrit décidément très bien, et je suis maintenant curieuse de découvrir la face cachée de Matt, ce Casanova assumé, dans le tome 3 de cette saga !  

mercredi 24 août 2022

Lulu, Léna Paul - Le Garrec (Buchet - Chastel, 08/2022)



 Lulu, Léna Paul - Le Garrec (Buchet - Chastel, 08/2022)

 💚💚

Lulu n’est pas un petit garçon comme les autres. Premièrement, il déteste son prénom, Lucien, choisi par sa mère du fait de son amour pour les mélodies de Gainsbourg (Lucien Ginsburg de son vrai nom), ensuite il n’aime pas les autres, ne peut leur parler, et préfère rester en solitaire avec ses divers TOC. Les autres gamins de son âge le lui rendent bien, se moquant de lui dans la cour de récréation et l’ignorant trop souvent superbement. Mais lui, ne semble pas si malheureux ; de son point de vue aux contours candides, Lulu s’émerveille de chacune de ses trouvailles rejetées sur le sable par l’océan…

 

« Je suis le créateur du "Piscis detritivore".
Poisson d'un nouveau genre. A la constitution robuste, de la taille et de la forme d'un dauphin, pourvu d'un incommensurable système digestif, il se nourrit exclusivement de détritus. Il nettoie les mers de la pollution humaine, il rétablit l'équilibre salutaire. »
La passion pour les découvertes réalisées sur la plage devient très vite envahissante pour Lulu. Les habitants de nos océans n’ont plus aucun secret pour cet écolier qui passe son temps libre à dévorer les encyclopédies sur le monde marin pendant que ses camarades mènent leur vie d’enfant de manière plus « conventionnelle ».

 

« Si nous savions, si nous avions le pouvoir de savoir qu'un geste dérisoire répercuterait son écho sur l'ensemble de notre sablier, le ferions- nous ? On se focalise toujours sur les grandes décisions. Finalement, ce sont les petites, irréfléchies, qui bouleversent nos vies. » Lulu porte un regard innocent sur l’univers qui l’entoure. Que ce soit son quotidien à l’école et avec sa maman, ou la taille des étoiles composant le cosmos, il ne cesse de se poser des questions.

 

« Je lève le doigt, la main, le bras, le corps. Trop agacé, j'en oublie mon toc- toc. Et une fois debout, je déclare haut et fort :
"Je récupère ce que la plage refoule, ce que la mer rejette. Qui est malade ? La mer ou moi ? "
Silence. Un silence profond, un silence qui ensevelit en un claquement de mots la pitié et le dégoût. Un silence de honte. »
Une bouteille contenant un message va donner une autre dimension au quotidien de Lulu. Le voilà qui s’ouvre aux autres, mais uniquement par le biais de la correspondance. Et puis voilà le collège et le lycée où notre personnage va cultiver sa différence. Pour quel avenir ?

 

Au final, un roman plutôt court dans lequel j’ai eu du mal à trouver mes marques. L’écriture est certes poétique et habile, mais difficile de contextualiser le parcours de Lulu avec des éléments précis. Je n’aime pas me poser tant de questions au sujet d’un personnage et cela m’a ici clairement empêchée de m’attacher à Lulu, et encore moins à sa mère, dont l’histoire arrive à la toute fin. L’écriture est belle, mais le sujet reste trop imprécis, à mon avis.  

mardi 23 août 2022

Destinés, tome 1 – Nouveau départ, Lucie Barnasson (Elixyria, 12/2020)


 

Destinés, tome 1 – Nouveau départ, Lucie Barnasson  (Elixyria, 12/2020)

💜💜💜💜💜

Vous imagineriez vous vivre dans un monde sans bruit ? A la première pensée, vous êtes certainement comme moi, à penser que ça doit être génial (il faut dire qu’il y a des travaux de BTP à côté de chez moi alors que je rédige cette chronique !!!) ! Sauf que, sans bruit, cela signifie aussi sans musique, sans chant des oiseaux au réveil, sans le clapotis des vagues qui viennent s’écraser à vos pieds… Quelle tristesse, non ??! Hé bien Lénia évolue dans un monde post- nucléaire qui a interdit toute mélodie… Les humains qui ont survécu à la catastrophe vivent dans des dômes insonorisés. Mais, heureusement pour elle, Lénia est différente : elle peut entendre les sons sans se tordre de douleur et ne rêve que d’une chose, vivre en- dehors des dômes, en toute liberté.

 

« La propagande sur les méfaits de la musique avait eu un tel impact que personne ne s'était alors opposé à l'idée d'intégrer dans l'ADN de chacun un gène "amusique" à caractère héréditaire ; le gène Z. A cause de ce dernier, toute suite de notes harmonieuses, volontaire ou non, procure de telles douleurs que même le chant des oiseaux est devenu insupportable. » Les gouvernements du monde entier se sont entendus pour décréter que la musique était dangereuse, car capable de fédérer des rebelles contre l’ordre établi. A partir de là, mise en place d’une interdiction de produire la moindre mélodie et mise au point d’une vaccination de masse dans le but de modifier le caryotype de l’être humain.

 

« A l'instant où ma peau touche la sienne, je prends une puissante décharge électrique et on entend un bruit étrange, comme des dizaines de petits éclats. Et pour cause ! Toutes les ampoules des lampadaires alentour viennent de se briser les unes après les autres. » Le destin met sur la route de Lénia un jeune homme, prénommé Tristan, qui présente les mêmes particularités qu’elle. Leurs premières rencontres sont explosives. Mais au sein de leur internat, il leur faudra être discrets ; la différence est mal vue… D’autant plus que des événements extérieurs semblent menacer l’ordre établi.

 

« Certains diront que c'est à cause de notre destinée, moi, je suis certain que, même sans toute cette magie, j'aurais été époustouflé, intrigué et attiré par elle. » Des liens de plus en plus forts se développent entre Lénia et Tristan ; mais est ce de l’amour ou leur destin extraordinaire qui leur fait ressentir autant de sentiments ?

 

Au final, un premier tome très bien construit, qui pose les bases de l’histoire et bascule d’une réalité tout à fait acceptable à un univers surnaturel tout à fait crédible. Le point de vue alterné entre Lénia et Tristan donne de l’harmonie et de la force au récit. Les personnages sont vraiment attachants et on s’imagine facilement à leurs côtés pour les aider à accéder à la vérité et à défendre leur différence. Un plaisir de lecture que je vais poursuivre rapidement en dévorant le tome 2 de la saga !  

jeudi 18 août 2022

Le livre des sœurs, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2022)

 


Le livre des sœurs, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2022)

💛💛💛

C’est le 31ème roman publié par la romancière belge la plus connue, en cette rentrée littéraire. Une nouvelle fois la famille est au cœur du récit ; après le père dans l’opus de l’an dernier, ce sont les sœurs qui sont mises à l’honneur dans le cru 2022. Quoi de plus normal pour Amélie Nothomb, qui a toujours parlé du lien très fort qui l’unit à sa propre sœur, prénommée Juliette.

 

« Dès qu'ils se rejoignaient, recommençait le mystère. S'effleurer provoquait des étincelles. S'embrasser donnait le vertige. » Florent rencontre Nora alors qu’il se rend dans un garage pour faire vérifier ses pneus. Entre eux, c’est l’amour fou immédiatement. Les tourtereaux deviennent très vite fusionnels, ne vivant plus que l’un pour l’autre. Mais poussé par leur entourage, le couple décide d’avoir un enfant. Tristane naît.

 

« Deux âmes se découvrirent et résonnèrent l'une en l'autre. Deux planètes s'alignèrent de manière si exacte que s'éleva, audible pour ces seules enfançonnes, une musique qui ne devait jamais s'assourdir. Ce phénomène mi- son mi- lumière se répercuta de l'une à l'autre soixante fois par minute et pour les siècles des siècles. » Florent et Nora n’ont pas envie de quitter leur lune de miel, et finalement, Tristane les gêne. Ils décident donc de faire un deuxième enfant pour occuper la gamine. Laetitia naît.

 

« Les autres sœurs, elles ne s'aiment pas autant que nous. Les autres parents, ils ne s'aiment pas autant que les nôtres. » Tristane et Laetitia fusionnent à leur tour, comme en réponse au couple exclusif de leur parent. L’aînée, surdouée, partage ses savoirs et ses dons avec sa petite sœur. Elles se créent un univers bien à elles, dans lequel seule leur cousine Cosette parvient à s’intégrer. Ensemble, elles forment un groupe de rock, qu’elles appellent « Les Pneus ».

 

« - C'est quoi, illusions ?
- C'est de croire quelque chose de joli et de pas vrai.
- Pourquoi ?
- C'est agréable. »
Amélie Nothomb, comme à son habitude, multiplie les dialogues courts, percutants et souvent déstabilisants. Ses idées énoncées passent du coq à l’âne et proposent des issues souvent étonnantes. Le vocabulaire est expert, très littéraire, comme toujours ; c’est devenu en quelque sorte sa marque de fabrique ! L’auteure est la meilleure pour promouvoir les figures de style oubliées dans les livres de rhétorique ! Malheureusement, ce dernier roman d’Amélie Nothomb ne restera pas longtemps dans ma mémoire. Il manque d’affect pour les personnages et les situations, sans parler de la fin, catastrophique à mes yeux, sont souvent tirées par les cheveux. J’espère que le cru 2023 me plaira davantage !

mercredi 17 août 2022

L’inattendu, Rose Lorente (Lov Editions, 08/2021)

 


L’inattendu, Rose Lorente (Lov Editions, 08/2021)

💗💗💗

 1er novembre 2020. Emma et son mari Christian se rendent à une réunion de famille en ce jour de la Toussaint. Mais voilà que le brouillard se met à devenir si dense que l’on ne voit plus rien à deux mètres. Christian se voit obligé de stopper le véhicule. Pour ne pas trop empiéter sur la voie de circulation, il demande à Emma de sortir de la voiture et de le guider pour qu’il puisse stationner sans gêner. Mais à peine Emma a-t-elle lâché la portière que celle- ci se retrouve seule au milieu de nulle part, cernée par des maisons aux murs sombres. Sous le choc, elle s’évanouit… Et se réveille en 1995.

 

« Cette nouvelle réalité est une deuxième chance. Je connais la partition, j'ai de nouvelles cartes en main, n'est- ce pas ? La question n'est plus de savoir si je veux retrouver ma vie (si je regrette la vie que j'ai eue jusque-là), mais seulement si, plus avisée, je saurai m'en offrir une autre. » Emma se réveille d’un coma post- traumatique. Elle a trente ans et découvre avec stupeur que dans la chambre d’hôpital dans laquelle elle revient à elle, se trouvent ses parents, pour elle décédés, et son premier compagnon, disparu depuis bien longtemps. Comment supporter ce retour dans le passé avec un bagage de trente ans de vie en plus ? Doit-elle se servir de cette deuxième chance qui lui est donnée pour ne pas réitérer les erreurs précédemment commises ?

 

« Plus de vingt ans de ma vie semblent s'être envolés, comme ça, en un claquement de doigts ! Supposer que j'ai tout simplement rêvé cette autre vie n'est pas concevable. Je n'ai jamais été fantaisiste à ce point ! » Dans sa nouvelle réalité, Emma est toujours en couple avec Marc et leur petit garçon, Quentin, n’est âgé que de quatre ans. Les vingt années du couple formé avec Christian, son mari, se sont envolées. Que s’est- il donc passé ?

 

« Aurait- ce été différent si j'avais attendu, si je n'avais pas fait le choix de partir ? Cela nous aurait-il donné une chance ? » Emma tente tant bien que mal de cacher son trouble à ses proches, de faire comme si de rien n’était. Pour soulager ses doutes, elle se met à écrire, mais voilà que Marc tombe sur le manuscrit…

 

Au final, j’ai beaucoup aimé la façon d’écrire de Rose Lorente, ainsi que l’originalité de son idée. J’ai été agréablement surprise par l’orientation fantastique qu’a pris le récit à la moitié du livre. Le seul petit bémol concernerait la première partie du roman que j’ai trouvée chargée en moments d’introspection ; vu le thème, c’est un peu normal, mais j’aurais aimé qu’il y ait un peu plus d’actions pour introduire ces réflexions. Hormis cela j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui porte très bien son titre, et cela à plusieurs niveaux, tant ce qui s’y déroule est « inattendu » !!!

Dans les brumes de Capelans, Olivier Norek (Michel Lafon, 04/2022)


 

Dans les brumes de Capelans, Olivier Norek (Michel Lafon, 04/2022)

💙💙💙💙

Un flic disparu des radars de la police officielle depuis six ans se voit chargé de surveiller une jeune femme qui a été séquestrée durant dix ans par un monstre, lequel a enlevé et tué neuf autres adolescentes. Pourquoi a-t-elle été épargnée ? Coste saura- t- il lui tirer les vers du nez afin d’identifier et de pouvoir arrêter le criminel en question ?

 

« Puis, un raclement au fond de la pièce, quelque chose dans l'ombre. Retour de tension. Les canons se dirigèrent vers la source du bruit et les faisceaux des lampes intégrées éclairèrent une seconde silhouette... recroquevillée dans un coin, la vingtaine à peine dépassée, recouverte d'un drap dégueulasse, tremblante et sale. » Suite à une enquête sur la disparition d’une adolescente, une équipe de policiers débarque dans une maison dans laquelle une cave est aménagée comme un cachot. L’adolescente recherchée y est retrouvée assassinée, mais à la plus grande surprise des flics, une autre victime est découverte, vivante, elle.

 

« Ainsi, de neuf victimes, on passait à dix, et Anna devenait la première. Malgré cette "victoire", l'état des lieux n'était pas en faveur de la police judiciaire. Deux mortes, Garance et Salomé, une retrouvée, et absolument rien sur les sept autres. Voilà pourquoi Anna était une chance et une candidate parfaite pour le Service de protection des témoins, la seule à pouvoir remplir les blancs d'une enquête vieille d'une décennie aussi trouée qu'une partition d'orgue de Barbarie. » La découverte d’Anna, dix ans après son enlèvement, soulève bien des interrogations, mais surtout une vague d’espoir : grâce à elle, on espère retrouver sept autres victimes de ce tueur en série, mais également arrêter ce monstre.

 

« C'est un être au cerveau unique. Totalement dérangé, mais unique. Anna aussi, à sa manière, est unique. Intellectuellement. Physiquement. » Coste, loin du 93, traîne sa peine depuis qu’il a perdu l’un de ses coéquipiers. Sa nouvelle mission, qui consiste à prendre en charge des témoins qui risquent leur vie parce qu’ils ont dénoncé des criminels puissants, en étant isolé sur l’île de Saint- Pierre, lui permet de contenir une part de sa peine. Mais l’arrivée d’Anna, puis du tortionnaire de celle- ci sur l’île, va réactiver ses anciens réflexes d’enquêteur.

 

Au final, un thriller captivant, aux nombreux retournements de situation qui tiennent en haleine. Norek écrit vraiment très bien, usant de métaphores habiles et de jeux de mots intéressants. Par contre, j’avoue avoir été un peu déçue par le manque de rythme du récit ; je m’attendais à davantage de surprises. J’ai eu l’impression d’avoir déjà trop lu (ou entendu) ce genre d’histoires. C’est vrai que les médias nous en racontent beaucoup, des récits terribles tel celui de Natasha Kampusch… A lire pour la qualité de l’écrit et le dépaysement !

samedi 13 août 2022

Le temps passé avec un chat n’est jamais perdu, Véronique Aïache (J'ai Lu, 06/2022)


 

Le temps passé avec un chat n’est jamais perdu, Véronique Aïache (J'ai Lu, 06/2022)

 💙💙💙💙

Et si la compagnie des chats nous permettait de vivre mieux ? La narratrice de ce roman – essai va développer le concept et l’éprouver elle-même. Récemment abandonnée par un homme dont elle était tombée éperdument amoureuse après son divorce, Juliette peine à remonter la pente. Un séjour à Goa auprès de sa sœur et la commande de son éditrice d’un essai intitulé « La méthode chat » vont lui demander des temps d’observation et d’analyse du comportement félin qui se révéleront salvateurs.

 

« Maintenant, c'est grâce aux pieds que nous nous déplaçons, mais c'est aussi à cause d'eux que nous restons immobiles, bloqués dans un lieu ou sur nos positions, incapables de nous extraire d'une situation insatisfaisante pour nous mettre en quête d'une meilleure. » Juliette est partie en Inde, rejoindre sa sœur, histoire de sortir de son état dépressif. Mais une petite blessure, du fait des conditions d’hygiène locale déplorables, va se compliquer et nécessiter l’intervention d’un médecin. Ce dernier fait rapidement un lien entre le physique et le moral de sa patiente française. Le départ d’un questionnement existentiel est lancé.  

 

« Être soumise à sa volonté parce que j'avais égaré la mienne. M'endormir avec lui pour profiter de quelques instants d'oubli. Interdire aux heures qui passent de rompre ce bref instant de grâce et chercher, chercher encore la cohérence de la vie. » A Paris, Juliette vit avec trois chats. Ceux-ci sont d’un réconfort incomparable ; leur sixième sens leur indiquant la détresse émotionnelle de leur maîtresse. Rien d’étonnant pour cette quinquagénaire qui a déjà écrit plusieurs traités sur les chats.

 

« Comment font-ils pour si bien savoir profiter de l'instant présent sans craindre le futur ni souffrir du passé ? Quel est leur secret pour ne jamais s'ennuyer, pour tirer profit de toutes circonstances, pour marcher droit en direction de leurs buts sans jamais trébucher sur l'impatience ? Par quel moyen réussissent-ils à vivre si pleinement l'attachement tout en fuyant la dépendance ? » Juliette observe ses chats, compare leur comportement avec celui des êtres humains, et s’appuie sur des citations de penseurs ou d’auteurs pour énoncer des lignes de conduite plus zen, susceptibles de nous aider à affronter les aléas de la vie.

 

Au final, un livre très agréable à lire puisque le récit fictif est disposé en alternance des extraits de l’essai que la narratrice est en train de rédiger, à la manière d’une mise en abyme.  Les amoureux des chats apprécieront de découvrir la description des habitudes de leurs compagnons favoris, illustrée de citations d’auteurs connus, et complétée par un récit aux accents de développement personnel. 

vendredi 12 août 2022

Insanity love, L.S.Ange (Elixyria, 07/2022)



 Insanity love, L.S.Ange (Elixyria, 07/2022)

💙💙💙💙💙

Mélorine est une jeune femme cabossée par la vie. Fille d’une schizophrène qui se shoote à longueur de journée et d’un père alcoolique et violent, elle a fui le domicile familial dès sa majorité, son petit frère, Tobias, sous le bras. Mais difficile pour une jeune femme sans diplôme de trouver un travail digne de ce nom, et les factures s’accumulent, en plus de divers déboires, y compris sentimentaux. Mais de toute façon, l’Amour, Mélorine n’y croit pas ; sa mère le lui a assuré maintes fois : l’amour, « ça n’existe pas ! »

 

« Je préfère être seule que de dépendre de quelqu'un. Parce que l'amour, c'est ça : on aime et on devient dépendant de l'autre. On ne peut plus vivre ni respirer sans lui et lorsqu'il vous abandonne, parce qu'il ne faut se faire aucune illusion, il le fera, eh bien vous êtes à l'agonie. Vous avez tout perdu, même votre âme. » Mélorine est une jeune femme brisée. Son passé, qu’elle partage avec le lecteur par le biais de cauchemars récurrents, est abominable. La faim, les coups, la saleté et la maltraitance psychologique ont formé un terreau fragile sur lequel elle a poussé, en s’érigeant une forteresse émotionnelle. Elle ne fait confiance à personne et les hommes, pour elle, ne sont pas plus que des rendez- vous d’un soir ; impossible d’envisager une relation suivie et encore moins un engagement affectif à plus ou moins long terme…

 

« Les médecins nous avaient dit que ce n'était pas héréditaire, peuvent-ils se tromper ? Est- ce que je deviens cinglée, comme ma mère ? Non, je ne peux pas être schizophrène... » Suite à une candidature pour un emploi dans l’entreprise Dangelo, Mélorine est convoquée pour un entretien qui va se dérouler de manière catastrophique. Mais, chose étrange, suite à cet échec, des phénomènes étranges vont troubler le quotidien de la jeune femme. Est-elle en train de perdre la tête comme sa mère avant elle ? Quelqu’un cherche-t-il à lui faire une mauvaise blague ? Pourquoi ?

 

« La honte m'envahit. Moi-même, je ne comprends pas mes réactions. J'ai peur, juste peur de me faire avoir, alors je me barricade derrière des barrières imaginaires. Je provoque des conflits pour mettre de la distance entre nous. La vérité c'est que je l'apprécie beaucoup trop, je suis sous son charme, c'est effrayant. » Alors que Mélorine tombe sous le charme de Roméo Langlois, le collaborateur de Dangelo, elle se sent la proie d’émotions et de sensations inédites, qui la terrifient ; pour cause, elle ne les a jamais expérimentées et ne sait pas comment les gérer. Le doute, la crainte puis la peur n’engendrent qu’une issue ; la fuite. Mais que fuit – elle réellement ?

 

Au final, un roman certes axé sur une romance, mais davantage porté sur la thématique de la résilience. L’auteure explore avec finesse la reconstruction difficile de jeunes gens suite à une enfance baignée dans la maltraitance familiale. Comment se construire socialement et émotionnellement lorsqu’on vous a continuellement rejeté ? L.S.Ange a élaboré avec Mélorine un personnage éminemment attachant. Ses fragilités psychologiques sont palpables et on ne peut que se poser tout un tas de questions quant à l’issue de l’intrigue. Roméo est lui aussi un personnage complexe, et la finesse de sa caractérisation permet au récit de produire des rebondissements divers et inattendus. L’histoire tient en haleine, et le dénouement, proche de celui d’un thriller est étonnant ! Si vous voulez des frissons et des émotions, foncez !

mercredi 10 août 2022

The lion, Jess DogStar (Elixyria, 01/2018)



 The lion, Jess DogStar (Elixyria, 01/2018)

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Cap sur l’Afrique ! Au cœur d’une réserve naturelle gérée par Alana, jeune française courageuse et passionnée par les animaux. Son quotidien est constitué de soins portés aux animaux sauvages blessés ou abandonnés, mais aussi à la recherche de subventions pour faire perdurer le refuge. Alors quand survient Aaron, le neveu de son mentor, Christian, qui semble plus désabusé par la situation qu’on lui impose que par le projet, de nombreux doutes apparaissent. Pourquoi est-il là ?

 

« Depuis mes trois ans, je fais une fixation sur les lions et autres félins. Pas de chambre de princesse pour moi, mes murs recouverts de posters les représentant, mon lit était le refuge d'une nuée de peluches. Je me prenais pour Noé sur son arche, à sauver ces animaux, à refaire le monde, à viser avec la mitraillette de la panoplie de Rambo de mon grand frère, les chasseurs et autres braconniers. » La passion, l’amour des animaux, on la retrouve souvent chez les enfants, mais il est rare de voir cet intérêt perdurer dans leurs projets professionnels. Les places sont chères, de toute manière, que ce soit pour devenir vétérinaire ou soigneur animalier. Nos amis à poils ou à plumes ne connaissent pas les 35h et seules les personnes qui leur sont dévouées à 200% sont aptes à s’occuper réellement des animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages.

 

« "L'animal ne possède rien, sauf sa vie, que si souvent nous lui prenons." Marguerite Yourcenar. » Alana va vite se rendre compte que tout le monde ne partage pas son amour des animaux. Pour certains, ils ne sont que des moyens de s’enrichir ; une corne de rhinocéros, une peau de lion ou de guépard sont des produits de choix pour des milliardaires avides de luxure et des braconniers sans scrupules. Ces derniers tentent régulièrement de pénétrer dans l’enceinte de la réserve, sous couvert de la mafia.

 

« Elle ne mourra pas ce soir, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, et même au-delà, pour revoir son sourire, sa joie devant les animaux et ses soupirs de bonheur dans mes bras. »  Aaron va finalement devenir le seul espoir d’Alana quand la mafia russe viendra s’en prendre à elle parce qu’elle contrarie leurs projets. Le début d’un avenir commun ?

 

Au final, un roman vraiment chouette pour les amoureux des animaux, dont je fais partie. Quel plaisir de découvrir le fonctionnement d’une réserve africaine, de partager les inquiétudes justifiées des protagonistes quant à la perpétuation de certaines espèces, et de se rendre compte, certes dans la fiction, que c’est toujours l’argent qui décide de la destinée de la vie animale. Un récit peut-être un peu trop court, mais justement documenté, proche de la triste réalité, mais avec une pointe d’optimisme.  

mardi 9 août 2022

Nos cœurs en chute libre, Valentine Stergann (Hugo, 07/2022)



 Nos cœurs en chute libre, Valentine Stergann (Hugo, 07/2022)

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Ah, les vacances entre copains lorsqu’on a la vingtaine et qu’on est célibataire ! Des moments de délire qui procurent des souvenirs uniques ! Et pourtant, pour Félicie, la semaine qui se profile avec la « Team Rockett », la bande de potes de sa meilleure amie Gladys, s’annonce épouvantable. En effet, la jeune femme souffre d’être en surpoids mais aussi d’un grand manque de confiance en soi.

 

« A J-1 avant le départ, je n'ai plus qu'une envie : recevoir enfin ma lettre pour Poudlard et quitter le monde des Moldus. Gladys m'envoie une multitude de messages pour s'assurer que ma valise est prête. Ma valise l'est. Pas moi. » Félicie a accepté la proposition de son amie Gladys et la voilà en sa compagnie, toutes deux prêtes à rejoindre la bande d’amis, dans un premier temps, pour une semaine en Corse. Mais elle y va en traînant des pieds !

 

« Sartre avait tort. L'enfer, ce n'est pas les autres. L'enfer, c'est le camping. » Bye- bye la Corse, suite à un souci de location. Ce sera finalement un camping près des gorges du Verdon qui accueillera Félicie et les amis de Gladys. Difficile de se réjouir pour une jeune femme complexée, qui craint toutes les situations où il faut se mettre en avant et où l’intimité n’est plus qu’un lointain souvenir. Sur place, c’est l’horreur : étant donné que la bande a invité deux personnes de plus, Félicie, au lieu de partager le mobil- home avec les autres, se retrouve à devoir partager une tente avec un inconnu.

 

« - Je t'apprécie vraiment, Félicie. Tout ce que j'ai pu dire ou faire était sincère. Je ne vois pas pourquoi ça pose problème que je puisse être à la fois attiré par Joséphine et par une fille comme toi.
Mes yeux s'écarquillent.
- Une fille comme moi ?
J'avais oublié à quel point les mots peuvent faire mal. »
L’inconnu avec qui Félicie partage la tente, Andrès, se révèle être un véritable Play- boy : professeur de sport blond aux yeux bleus ; le jeune homme fait craquer aussi bien les femmes que les hommes du camping… Mais au plus grand étonnement de Félicie ; c’est sur elle que le beau blond va jeter son dévolu. Mais est-il sincère, ou est- ce encore un jeu de séduction destiné à se moquer d’elle ?

 

Au final, une romance estivale que j’ai dévorée. Il est rare de voir évoluer dans ce genre de récit une héroïne portant du 46 et j’ai beaucoup aimé que l’auteure mette le doigt sur les diverses discriminations que subissent les personnes en surpoids tant de la part de leur famille, que dans le regard des gens dans la rue. Valentine Stergann utilise la thématique de la différence avec intelligence et empathie. Les émotions mais aussi les réflexions sont au rendez- vous, servis par des personnages charismatiques et une plume habile. Je recommande !

lundi 8 août 2022

Nymphéas noirs, Michel Bussi (Pocket, 09/2013)


 

Nymphéas noirs, Michel Bussi (Pocket, 09/2013)

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 Voici le troisième roman que je lis de cet auteur, et c’est celui qui a eu le plus de succès, remportant même cinq prix littéraires. Nous sommes à Giverny, village normand dans lequel le peintre Monnet a laissé ses empreintes en y peignant sa célèbre série des Nymphéas. Mai 2010, un meurtre y a été commis. Le lieutenant Sérénac, fraichement muté depuis Albi, va s’attacher à découvrir ce que cachent les habitants de ce village touristique, afin d’en débusquer le coupable.

 

« Trois femmes vivaient dans un village.
La troisième était la plus douée, la deuxième était la plus rusée, la première était la plus déterminée.
A votre avis, laquelle parvint à s'échapper ? »
L’intrigue tourne autour de trois femmes : la vieille dame qui raconte l’histoire, l’institutrice charmante aux yeux mauves, et la petite Fanette qui apprend à peindre. Au milieu des Givernois placides et des touristes passionnés par Monet, elles se détachent du paysage. Le lieutenant Sérénac, accompagné de son adjoint, va avoir bien du mal à faire avancer son enquête sur le meurtre de Jérôme Morval, ophtalmologiste passionné par Monet et grand coureur de jupons. Les beaux yeux de la maîtresse d’école vont quelque peu altérer son jugement…   

 

« Soyez alors certains d'une chose, d'une seule : il n'existe aucune coïncidence dans toute cette série d'événements. Rien n'est laissé au hasard dans cette affaire, bien au contraire. Chaque élément est à sa place, exactement au juste moment. » L’affaire piétine. Le récit, lui, se perd dans des descriptions des paysages qui entourent Giverny, et des passages didactiques dédiés à l’impressionnisme.  

 

Au final, un récit ennuyant, une plume que je qualifierais de « plate » tant le vocabulaire utilisé est pauvre (et que dire du « rabâcher les oreilles » ?). Les personnages n’ont aucune consistance et le mépris dont ils font preuve les uns envers les autres m’a profondément déplu. Et les incohérences ! Dignes d’un mauvais remake de « Retour dans le futur » !!! Je doute fort de relire un jour un Bussi…