dimanche 31 juillet 2022

Le bouquiniste Mendel, Stefan Zweig (1935)


 

Le bouquiniste Mendel, Stefan Zweig (1935)

💙💙💙💙💙

Vivre au milieu de ses bouquins ; et ne plus se préoccuper de rien. Si cela vous fait rêver, vous aussi, ne passez pas à côté de cette nouvelle de Stefan Zweig, l’une des plus lues de l’écrivain autrichien. C’est un récit court mais il contient toute la grâce de l’écriture de l’auteur. Et les idées qu’elle dégage sont plus que jamais d’actualité.

 

« Mais pourtant, oui, pourtant je m'étais déjà trouvé ici vingt ans plus tôt ou davantage, j'avais eu ici un vif sujet d'occupation et d’enthousiasme ; ici était fixée, dérobée à la vue comme un clou dans le bois, une part de moi-même, un moi depuis longtemps enseveli. Je tendis mes cinq sens et les projetai vigoureusement, dans cette pièce et en moi tout à la fois - et pourtant, bigre ! je n'arrivais pas à l'atteindre, ce souvenir disparu, noyé en moi- même. » Notre narrateur revient sur les lieux de ses études vingt ans plus tard. Alors qu’il entre dans un café pour se protéger de la pluie, les souvenirs affluent dans sa mémoire…

 

« Aussitôt, je sus, aussitôt, en un seul instant, chaud, comblé, secoué : mon Dieu, mais cette place était celle de Mendel, de Jakob Mendel, Mendel-aux-livres, et après vingt ans, j'étais revenu dans son quartier général, le café Gluck en haut de la rue Alser Strasse. » L’étincelle surgit : ce café était le refuge d’un lettré hors norme, un érudit qui ne levait jamais les yeux de ses livres et à qui il avait demandé des références bibliographiques.

 

« Derrière ce front sale et crayeux envahi d'une mousse grise, enfoncés comme à l'acier moulé, dans l'écriture spectrale, invisible, se trouvaient chaque nom et chaque titre ayant jamais été imprimés sur la page de titre d'un livre. » Mendel connait tout des livres publiés, mais ne sait pas lever son nez de ces fameux papiers. Mais le monde, lui, continue de tourner, et les hommes de se déchirer. La première guerre mondiale a été déclenchée ; Jakob Mendel, lui, est passé à côté.

 

Au final, une nouvelle qui m’a enchantée, ravie de retrouver l’écriture sensible et si finement intelligente de Stefan Zweig. « Il me vint aux lèves une amertume, un goût de passé : à quoi bon vivre, si déjà le vent soufflant dans nos pas emporte la moindre trace de nous ? » Cette phrase résonne tellement avec l’issue dramatique de cet auteur. Ne passez pas à côté.  

Adélaïde, Greg Hocfell (Elixyria, 06/2022)

 



Adélaïde, Greg Hocfell (Elixyria, 06/2022)

 💗💗💗💗

Un opus lu quasiment d’une traite, tant j’ai été happée par l’histoire étrange vécue par le narrateur et la plume délirante de Greg Hocfell ! J’ai aimé le caractère ambivalent de son héros, déménageur qui s’exprime de manière familière mais qui pense avec un vocabulaire de littéraire, et qui sait, par ailleurs, rester pragmatique quand tout autour de lui bascule dans le cauchemar.

 

« Elle a marché dans l'entrée, elle s'est pris le pied dans un carton, elle nous a regardés tour à tour en souriant de plus belle. C'est là qu'il y a eu un déclic pour moi. Un déclic qui arrive parfois. Un moment de temps où je sais que je ne vais plus regarder une femme de la même façon. » Notre déménageur se sent subrepticement attiré par la cliente à qui il installe les meubles, Mathilde, une avocate quadragénaire. Mais il ne se fait guère d’illusion : que pourrait bien trouver une magistrate, aux goûts de luxe, d’attirant chez un jeune déménageur roulant en Twingo ?

 

« Accroupie comme s'accroupissent les démons, dans les chambres d'enfant, ces éthérés qu'on ne remarque pas tout de suite. Et qui bondissent sur celui qui les aperçoit. Mathilde va me bondir dessus. C'est elle. L'éthérée. Avec ce sourire. Qui ne rassure pas. » Et pourtant, l’avocate va bel et bien proposer à notre personnage principal de revenir le soir même, pour un rendez- vous galant, et diablement torride…

 

« Une petite fille me parle avec une voix de vieille dame qui aurait passé sa vie entière à fumer et à boire. Et je dois rester zen. Me dire que je ne rêve pas. » Et c’est dans cette grande maison, dans une ambiance propice à l’apparition de phénomènes surnaturels, que tout bascule dans le paranormal.

 

Au final, une novella très plaisante à lire pour les lecteurs aimant le paranormal, mais sans être farouche par rapport à des passages estampillés « érotiques ». L’auteur pousse l’onirisme à son paroxysme ; la confusion entre ce qui appartient au rêve et ce qui s’inscrit dans la réalité se propage de l’esprit du personnage à celui du lecteur. J’ai souri grâce aux petites touches d’humour qui allègent la noirceur du récit ; on reconnaît bien là la patte de Greg Hocfell !

samedi 30 juillet 2022

Broken memory, Callie J.Deroy (Elixyria, 01/2021)


 

Broken memory, Callie J.Deroy (Elixyria, 01/2021)

💓💓💓💓💓

 

Prêts pour un road trip de 4 500 kilomètres à travers les Etats- Unis ? Cap sur Los Angeles où Seth, un ancien membre du S.W.A.T. (unité de police d’élite spécialisé dans les opérations paramilitaires, entraînée à accomplir des missions dangereuses) vient au secours d’une jeune amnésique qui se sauve d’un hôpital. Cette femme, qui dit s’appeler Hannah, va convaincre Seth de la conduire à New- York, où justement notre ancien flic compte mettre en œuvre une vengeance qui le tenaille depuis deux ans.

 

« Malgré l'heure tardive, les rues de la ville des anges regorgent de bimbos en mal de divertissement et de fils à papa en mal de bimbos. Les chairs s'exhibent, les rires racoleurs fusent. La chaleur de juillet est l'excuse idéale pour porter le moins de vêtements possible et sortir jusqu'à l'aube. Arrêté à un feu, je devine les fêtards dans mon champ de vision. Je les entends malgré les vitres closes. Mais je m'en fous. Je suis à des milliers de bornes de leur monde, de leur vie. Et même à des milliers de bornes de la vie tout court. » Los Angeles ; la cité des anges regorge de personnes qui semblent déjà avoir un pied en enfer. Mais cela n’effraie pas Seth ; son cœur est mort et son âme, vouée au Diable.

 

« - Je n'ai plus RIEN, vous comprenez ? Rien, à part un prénom, une carte de visite et la conviction profonde que je ne dois en aucun cas demander de l'aide aux flics ! » Hannah n’a plus aucun souvenir ; sa seule certitude réside dans une méfiance vitale envers les forces de l’ordre. Dans sa veste, une carte de visite ; celle d’un psychiatre résident à New- York. Et si cet homme était le seul à la mettre sur la voie de son identité et de son passé ?

 

« Ça y est, j'ai perdu.
Si j'ai réussi à lui faire croire qu'elle avait mal interprété mon regard d'hier, je sais à l'expression de son visage que ça ne fonctionnera pas cette fois. »
4 500 kilomètres de proximité entre un homme et une femme ; forcément, ça déclenche des questions, des envies… Le fait qu’ils risquent leur vie à plusieurs reprises, rattrapés par des malfrats sans pitié, leur insuffle un sentiment d’urgence.

 

Au final, un roman vraiment captivant, tant la plume de Callie J.Deroy est fluide et addictive. Les chapitres, dont le point de vue est alterné entre nos deux protagonistes, sont courts et s’enchainent rapidement étant donné les nombreux rebondissements de l’intrigue. Un excellent moment de lecture !  

mercredi 27 juillet 2022

Liés par le feu, Thaïs L., Blandine P.Martin (B.P.M., 02/2022)



 Liés par le feu, Thaïs L., Blandine P.Martin (B.P.M., 02/2022)

💔💔

 

Cap sur Toronto ! Caserne Fire 320 ; un appel vient de mettre en branle les pompiers en service ce jour- là. L’équipe, soudée comme peut l’être une famille, se rend sur l’incendie qui vient de se déclarer dans un immeuble du centre- ville. Ils sont confiants, ce ne sera pas la première fois qu’ils se rendent sur ce genre d’intervention. Mais sur place, un élément va complexifier leur mission : une jeune femme est coincée sous les décombres enflammées.  

 

« Plus les minutes défilent, plus l'air devient irritant. Par réflexe, j'ouvre la fenêtre et m'apprête à quitter les lieux quand j'entends le plafond craquer. Un atroce pressentiment me gagne et par instinct, je traverse mon salon pour récupérer mon téléphone portable afin de contacter les pompiers, mais je n'ai pas le temps de l'atteindre.
Tout explose.
Littéralement. »
Maya, cétologue douée et attachante est en congés dans son appartement situé en plein cœur de Toronto. Ce soir- là, elle n’a pas eu le temps de réagir suite aux bruits suspects perçus, ni de s’enfuir. Ensevelie sous des pans de murs effondrés, elle ne peut plus qu’espérer se faire repérer et libérer par l’équipe des pompiers. Et Jesse sera celui qui va la trouver et la sauver.

 

« J'ai moi aussi vécu des interventions très difficiles et je sais à quel point la culpabilité peut nous submerger. Mais nous avons choisi ce métier en sachant que parfois, nous serions impuissants. Il faut que les personnes que tu as sauvées restent ton moteur. » Même si Maya a pu être sortie de l’immeuble à temps, ce ne sera pas le cas de tous les habitants, et Jesse ne peut se le pardonner. Il quitte tout et tout le monde sur un coup de tête, pour aller se terrer tel un ermite, dans des contrées sauvages, histoire de ruminer son « échec » en paix.

 

« Il faut parfois réaliser à quel point le fait de perdre quelqu’un pourrait nous anéantir pour prendre conscience de l’importance qu’il tient dans notre existence. » Maya s’interpose dans son projet. Nos deux personnages, deux âmes à la dérive pour des raisons bien différentes, vont tenter de se reconstruire mutuellement. Mais difficile de se relever quand tant de fêlures s’entrechoquent.

 

Au final, j’ai moyennement apprécié cette lecture. Si l’alternance des points de vue à chaque chapitre ne me gêne pas en règle générale, cela m’ennuie de lire les mêmes actions racontées deux fois de suite. Ainsi rédigée, l’histoire avançait bien trop lentement à mon goût. Par ailleurs, les atermoiements et les remerciements répétitifs des deux protagonistes lors de leur présence au chalet m’ont semblés un chouia trop exagérés ; je m’y suis ennuyée. Heureusement, les deux plumes sont de qualité et le roman se lit de manière fluide; malheureusement, il ne m’a pas convenu.

samedi 23 juillet 2022

Le crépuscule des profanateurs, Jean Vigne (Elixyria, 05/2022)


 

Le crépuscule des profanateurs, Jean Vigne (Elixyria, 05/2022)

💙💙💙💙

La question de la survie revient de plus en plus dans les discussions, tant les discours alarmistes qui ont pris racine dans le virus du Covid, le réchauffement climatique et le retour de la guerre dans les projets de pays appartenant aux grandes puissances mondiales creusent leurs sillons dans nos esprits. Jean Vigne se saisit ici de ce thème apocalyptique pour nous plonger dans un récit oscillant entre 2022 et 2028. La première date connaît une intrusion inexpliquée sur Terre ; la deuxième nous raconte un état des lieux à la mode « Mad Max » ; et vous, jusqu’où iriez- vous pour sauver votre peau ?

 

« De la chance, rien n'est moins certain. Elle vient de perdre son mari, sous ses yeux. Une horreur dont elle n'arrive plus à se défaire, l'image de son expression bestiale à jamais ancrée dans son esprit. Pourtant, aucune larme ne coule sur ses joues. La peur a remplacé la peine. Le temps du deuil viendra plus tard. Pour le moment, place à la survie. » Vervaine s’ennuie dans son quotidien paisible aux côtés d’Alexandre. Et pourtant, quelques instants après une étrange apparition dans la capitale, la voilà plongée en plein épisode de « The walking dead », avec un époux transformé en zombie sanguinaire… Vite, il faut fuir. LE fuir.

 

« Mac Grégoire peut s'estimer heureux d'être parvenu à atteindre le stade de général. Pour ça, il a dû concéder pas mal de sacrifices, comme cesser de nommer les jaunes "des bridés", ou encore les noirs "des négros". Tout un tas de mots malvenus à l'époque actuelle, au risque d'être catalogué comme raciste. Qu'y a-t-il de mal à appeler un chat un chat ? Ah, toute cette merde l'énerve. » La fin du monde, enfin, ce qui y ressemble, est arrivée. Mac Grégoire, ce militaire sans scrupules s’éclate ; voilà enfin son moment de gloire. Lui, qui ne souffre d’aucun état d’âme et maîtrise les tactiques de combat les plus complexes, se retrouve sur un piédestal ; un trône dirigé par le goût du profit et le plaisir de l’injustice.

 

« La douceur d'une retraite bien méritée n'est qu'une belle illusion. La vieillesse ici est synonyme de trépas. Si tu ne peux plus te battre, trouver le nécessaire pour vivre, tu meurs. » Vervaine va oser faire confiance à l’un des profanateurs, nom donné aux envahisseurs, pour survivre, pour sauver la petite Sylvine, pour détruire les gars comme Mac Grégoire. Aura-t-elle raison ? Ce qu’elle va découvrir va se révéler effrayant…

 

Au final, un roman de science- fiction qui fait froid dans le dos, d’autant plus en le lisant alors que la canicule sévit dans tout le pays et que des arbres brûlent actuellement sur des surfaces titanesques. Le personnage de Vervaine, cette femme forte et d’apparence invulnérable est parfaitement construit (même si j’aurais aimé en savoir plus sur son existence d’avant le « point zéro »). On aimerait indubitablement s’en faire une alliée en cas de fin du monde imminente ! A lire, pour réfléchir… 

vendredi 22 juillet 2022

Des vacances à mon cœur, Célia Haden (BMR, 02/2022)


 

Des vacances à mon cœur, Célia Haden (BMR, 02/2022)

💜💜💜💜💜

 Vous observez cette couverture ; ses coloris chauds, ce couple qui s’élance dans les vagues en se tenant par la main, et ce soleil qui les illumine. Vous vous attendez à lire une romance toute douce, qui va vous faire du bien lorsque vous la lirez sur votre transat ou sur la plage. Que nenni ! Si la fin est effectivement bel et bien heureuse, il s’avère que le parcours de nos deux personnages risque de vous tirer quelques larmes !

 

« Ce périple est, j'en suis persuadée, ce qu'il me faut pour retrouver la femme joyeuse et insouciante terrée au plus profond de moi. Ces facettes qui ont fait jadis ma personnalité veillent en moi depuis des mois, des semaines, mais il est temps, désormais, de les sortir de leur hibernation. Je suis bien décidée à réveiller et laisser s'épanouir la fougue et la folie qui m'ont souvent caractérisée.
A redevenir enfin moi. »
Lila Picard, célibataire de bientôt trente ans, décide de tourner une page de sa vie ponctuée de bien trop d’épreuves douloureuses. Elle fait l’acquisition d’un combi Volkswagen multicolore et prend la route dans le but de se faire un road trip en France. Equipée de cassettes et de CD de sa chanteuse préférée, Céline Dion, elle part à l’aventure en chantant à tue- tête. Rien n’arrêtera Lila Picard !  

 

« On reprend à zéro si vous le voulez bien. Je me présente, Loïc Briac, propriétaire de ce garage, père de cette petite maligne et dépanneur ronchonchon à ses heures perdues, annonce-t-il malicieusement. » Arrivée à Saint- Malo, le réservoir est vide, mais voilà que Lila, de nature étourdie, se trompe de carburant… Quelques kilomètres plus loin, c’est la panne, et le garagiste qui va venir à son secours n’a rien de bienveillant…

 

« Une lente mélodie envahit l'habitacle. Elle fige son regard sur moi, comme si elle souhaitait me transmettre un message, alors je me concentre sur les paroles qui défilent.
"Ce n'est qu'en te croisant
Que j'ai su, j'ai compris" (Céline Dion, "J'attendais") »
Voilà que la maladresse de Lila a fait plus de dégâts que prévu. La voici donc coincée à Saint- Malo le temps que son véhicule puisse être réparé. A force de côtoyer le dépanneur bourru et sa chipie de petite fille, Emma, Lila va peu à peu parvenir à le radoucir. De coups de main en coups de gueule, nos deux protagonistes vont se découvrir des blessures communes. Et si, à deux, et même à trois, ils trouvaient la possibilité de retrouver le chemin du bonheur ?

 

Au final, un roman très bien écrit tant la plume est fluide et recherchée. J’ai adoré le personnage de Lila, gaffeuse et loufoque mais si fragile… Son vécu dramatique m’a tiré quelques larmes, et j’ai aimé que l’auteure laisse le suspense à ce sujet durant la majeure partie du roman. Le thème de la maternité est omniprésent dans ce récit et en aborde bien des complexités, notamment en donnant la parole tour à tour aux deux personnages principaux et en opérant quelques retours en arrière dans leur passé. Un récit touchant qui va me marquer bien longtemps. Et une plume à suivre, incontestablement.    

lundi 18 juillet 2022

Un long, si long après- midi, Inga Vesper (La Martinière, 03/2022)



 Un long, si long après- midi, Inga Vesper (La Martinière, 03/2022)

💘💘💘💘💘

Ce roman captivant commence par ces trois phrases : « Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore ». Ces paroles sont celles de Joyce, une femme au foyer blanche, riche, vivant à Sunnylakes, dans un quartier résidentiel qui fait énormément penser à celui de Wisteria lane (« Desperate Housewives »).  Les femmes au foyer s’ennuient derrière leurs rideaux vichy, et elles lorgnent toutes sur les possessions de leurs voisines, prêtes à leur planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Alors quand Joyce disparaît, la police se retrouve avec un véritable sac de nœuds à dénouer.

 

« Pourquoi ?
Il jette un œil à son identité. Ruby Wright, vingt- deux ans, domiciliée au 1467 Trebeck Row, South Central. Noire.
Ah. C'est pour ça. »
C’est Ruby, la domestique, noire et pauvre, qui fait le constat de la disparition de sa patronne. Une mare de sang marque le sol de la cuisine. La jeune femme est immédiatement soupçonnée de meurtre, et brutalement arrêtée par la police.

 

« Juste après leur installation à Santa Monica, Fran a découvert le Comité des Femmes pour le Progrès local. Elle s'y est rendue religieusement et sa vie s'est beaucoup améliorée.
Celle de Mick, par contre... »
Mick, qui vient d’être muté dans le commissariat du coin suite à une bavure, se retrouve chargé de l’affaire. Personne ne lui fait confiance, et pourtant, il apporte un œil neuf, tolérant dans ce coin de Californie ou la misogynie et le racisme se serrent la main. C’est d’autant plus difficile pour lui qu’il est en train de recoller les morceaux avec son épouse, Fran, une féministe en puissance ! Sa confiance en Ruby va être mal vue…

 

« Il y a de l'espoir dans les heures du matin, exactement comme il y a du désespoir dans l'après- midi qui s'étire comme du chewing- gum et pourtant ne mène à rien, une fois occupé par les lessives, le ménage, le dîner et les enfants qui courent partout et risquent toujours de tomber dans la piscine. » Joyce, tout comme Ruby et Mick est un personnage contemplatif, qui observe les couleurs de la journée qui passe et en ressent des émotions ambivalentes. Un esprit ouvert, et humain.

 

Au final, un roman que j’ai vraiment aimé dévorer. Entre « La couleur des femmes » et « Alabama 1963 », un récit féministe, qui s’ancre dans les années 50 pour montrer que quelques avancées ont eu lieu mais que sur certains points, il y a encore des progrès à réaliser ; notamment au niveau de l’avortement, récemment, et honteusement, abrogé aux USA. L’enquête policière est habilement menée, enrichie par un terreau fait de langues de bois, d’idéologies rétrogrades et de jalousie féminine. A lire cet été, pour bronzer intelligemment !

dimanche 17 juillet 2022

Brocélia, Jean- Marc Dhainaut (Taurnada, 07/2022)


 

Brocélia, Jean- Marc Dhainaut (Taurnada, 07/2022)

💘💘💘💘💘

 Quel plaisir de retrouver Meghan Grayford, cette journaliste découverte dans « Les couloirs démoniaques » ; mais aussi quelle surprise de voir que dans cette nouvelle enquête paranormale, notre ami Alan Lambin, et sa chère Mina, lui apporteront une aide précieuse malgré leur récent départ à la retraite ! Et que dire de la plume de Jean- Marc Dhainaut ? Elle est ici plus précise et plus vive que jamais ! Addictive même : impossible de lâcher le roman avant des heures indues !!!

 

« Et alors qu'Elena, sous un flot de larmes, fixait son attention sur la neige, un coup de feu avait retenti à travers toute la forêt de Brocéliande.
Deux autres avaient suivi...
Chaque korrigan, chaque arbre, chaque buisson, chaque animal s'était mis à trembler. Non pas de froid, mais parce que le mal en personne venait d'être libéré. Nous étions le 14 décembre 1979. »
Elena, propriétaire d’un manoir nommé Brocélia, en plein cœur de la célèbre forêt de Brocéliande, est l’une des nombreuses victimes de cette même demeure. Mais que s’est- il donc passé de si terrible pour qu’une maison soit maudite à ce point ? 2002. Meghan connaît ce manoir. Elle s’y était déjà rendue en tant que fan d’urbex, à la recherche de sensations fortes et elle n’avait pas été déçue !!! Elle y retourne cette fois plus déterminée que jamais à découvrir les secrets de cette demeure afin de réaliser un article pour le journal qui l’emploie, « Insolite magazine ».

 

« Tandis qu'elle appuyait sur le déclencheur de son reflex, le piano se mit à jouer les cinq premières notes d'une mélodie qu'elle reconnut immédiatement : "Le Temps des cerises". » Lors de sa seconde visite, les phénomènes d’apparition étranges se multiplient et Meghan va peut- être regretter d’être aussi curieuse…  

 

« La forêt venait de revêtir son manteau le plus sombre, celui dont se parent les arbres qui ont tant à cacher, surtout les secrets les plus terribles dont ils ont un jour été témoins. Pas de ceux qui se murmuraient à propos de l'amour entre Lancelot et dame Guenièvre, non. Ni entre Merlin et dame Viviane, mais de ceux d'une tout autre nature qu'il valait mieux ne pas connaître. » Quels éléments appartiennent à la légende ? Quels phénomènes sont liés à un univers paranormal ? Et enfin, quels liens ont-ils avec le réel ? Meghan va avoir besoin d’Alan Lambin pour démêler les fils d’histoires toutes plus dramatiques les unes que les autres.

 

Au final, un roman fantastique vraiment très bien écrit ; je me suis crue à plusieurs reprises dans un film d’épouvante tant je visualisais mentalement les (més-) aventures de Meghan. J’ai été captivée par l’intrigue au point de lire le livre quasiment d’une traite… mais avec la lumière allumée !!!!  

samedi 16 juillet 2022

La douance racontée aux enfants, Aimée Verret (Mortagne, 03/2022)


 

La douance racontée aux enfants, Aimée Verret (Mortagne, 03/2022)

💙💙💙💙

 Ah, le « H.P.I » (Haut Potentiel Intellectuel) ! Comme il est à la mode depuis plusieurs années ! Pour preuve, le succès de la série éponyme française, avec Audrey Fleurot dans la peau d’une surdouée capable de résoudre les enquêtes les plus complexes de la DPJ ! En tant qu’enseignante, j’ai parfois eu face à moi des parents estimant que leur enfant était probablement « surdoué » et que son comportement perturbateur était dû à un certain ennui en classe… Dans la majorité des cas, le rendez- vous chez un psychologue offrait un diagnostic bien différent ! Pourtant, il existe bien des enfants qui ont des capacités intellectuelles plus performantes que la « moyenne » et ce petit manuel les explique de manière abordable, tant pour les enfants que pour les parents.

 

« Avoir un haut potentiel intellectuel implique que les petits "câbles" qui relient les quatre régions du cerveau sont plus épais que chez la moyenne des gens. Alors, ces régions sont mieux connectées et se parlent plus facilement. Comme une connexion Internet à haute vitesse ! Et un cerveau qui a de bonnes connexions pense beaucoup et rapidement. » Voilà une explication scientifique claire et parfaitement imagée de ce que l’on appelle désormais la « douance » ; le fait d’être « doué ». On naît ainsi (une part héréditaire est d’ailleurs mentionnée dans l’ouvrage) ; on ne le devient pas. Inutile de multiplier les activités périscolaires si elles ont pour but de faire d’un enfant le génie dont rêvent les parents. Seuls les cerveaux ayant une certaine « neuroplasticité » sont capables d’assimiler des heures de stimulation intellectuelle.

 

« Votre cerveau à chacun a la capacité de rouler aussi rapidement qu'une voiture de course. Sauf que notre société, et l'école en particulier, est conçue pour les voitures ordinaires. » Là, j’avoue avoir tiqué un peu. Ce n’est pas tout à fait vrai de dire que l’école est faite pour les élèves « ordinaires ». Tout dépend des écoles et surtout, des enseignants. De manière générale, en tout cas, du point de vue de ma propre expérience professionnelle, les professeurs ont envie de faire progresser TOUS leurs élèves et adaptent leur pédagogie en fonction des différences relevées au sein de leur classe. Certains suivent des spécialisations afin d’appréhender au mieux ces « besoins particuliers », expression qui désigne aussi bien les troubles autistiques, les « dys » et les « élèves à haut potentiel ».

 

Au final, un manuel intéressant et qui pourrait être utile à des familles qui se posent des questions mais aussi aux professionnels de l’éducation qui auraient besoin d’un support didactique simplifié. Mais j’aurais aimé que l’école ne soit pas montrée du doigt, encore une fois.

Duel sous les étoiles, Ludivine Pepe (Elixyria, 11/2019)



 Duel sous les étoiles, Ludivine Pepe (Elixyria, 11/2019)

💜💜💜

 Les radio – crochets nouvelle génération à la « Star Academy » ou « The Voice » ont généré toute une génération de jeunes adultes rêvant de devenir célèbres en chantant. C’est sur ce thème que Ludivine Pepe a installé une romance construite sur le schéma du « ennemys to lovers ». Olivia et Jamie sont en effet les lauréats d’un casting organisé par un cabaret. Alors que tout les oppose, les voilà obligés de chanter ensemble sur scène pour conserver leur contrat.

 

« Je ferme les yeux, me laisse porter par la mélodie ; chaque note pénètre en moi, fait vibrer mes cordes vocales. Je suis dans mon élément, la musique m'habite. Je puise dans mes entrailles pour donner le meilleur de moi- même et leur prouver que j'ai ma place ici. » Olivia est littéralement habitée par la musique. Elle a suivi un cursus universitaire lui permettant de devenir une traductrice trilingue, uniquement dans le but de faire plaisir à ses parents, et de pouvoir s’émanciper d’eux par la suite en réalisant son véritable rêve : devenir chanteuse professionnelle. Un prospectus sur son pare- brise plus tard et la voilà engagée par le cabaret Starlight Music- Hall, au grand dam de sa mère, qui voyait un autre avenir pour sa fille.

 

« Les épreuves de la vie m'ont endurci et donné envie de me battre pour réussir. On n'a rien sans rien, il faut travailler dur pour réaliser ses rêves. » Mais voilà, le cabaret ne cherchait pas une chanteuse en solo ; il lui fallait un duo. Jamie est le pendant masculin engagé pour chanter avec Olivia. D’origine écossaise, il a fui son pays pour échapper à de mauvaises fréquentations. Chanter sur scène est pour lui aussi un rêve ultime et il est prêt à tout pour devenir célèbre. Entre les deux protagonistes, qui ne parviennent pas à s’entendre, c’est la guerre, immédiatement. Pourtant, à force de frictions et de déceptions professionnelles, ils vont découvrir, à leur plus grand étonnement, qu’ils ne sont pas si incompatibles que cela….

 

Au final, un roman qui se lit bien, qui ne nécessite pas trop de concentration ; les enjeux sont d’emblée convenus et l’écriture est fluide. Mais j’avoue m’être ennuyée… La jeunesse des protagonistes y est probablement pour quelque chose, et ce roman mériterait certainement d’être classé en « young adult ». Une lecture d’été sympa, sinon.

jeudi 14 juillet 2022

Dark feeling, Tome 3 – Condamnée, Tasha Lann (Elixyria, 11/2019)


 

Dark feeling, Tome 3 – Condamnée, Tasha Lann (Elixyria, 11/2019)

💛💛💛💛💛

Après la fin terriblement angoissante du tome 2, il était hors de question pour moi d’attendre plus longtemps avant de me jeter sur le dernier tome de cette saga ! Qu’allait donc devenir Athanaïs ? Allait-elle enfin pouvoir s’échapper de la prison dorée dans laquelle l’enferme Alec depuis qu’il l’a enlevée ? Parviendrait-elle à échapper à ses dangereux sbires ?  Tasha Lann est très habile pour brouiller les pistes !

 

« Elle est arrivée dans mon existence, tel un boulet de destruction, s'est imposée à mon quotidien de manière irréversible. Quand j'ai quitté le bar ce soir- là, je n'avais qu'une seule idée en tête ; la revoir pour l'anéantir afin de la posséder. » Dans le tome 1, l’univers sombre d’Alec était dévoilé par le biais de l’enlèvement de Thaïs. Cette femme, il l’a vue, il l’a voulue, et il l’a eue, mais par la force et la violence. Ses activités, liées au monde de la pègre et de la mafia russe, étaient dévoilées dans le tome 2. Un quotidien bien loin de celui dans lequel avait évolué Thaïs jusque-là.

 

« Si Alec est au paroxysme de mes goûts physiques, sa personnalité, sa profession et son attitude sont au summum de ce qui me fait fuir. » Captive des différents domaines appartenant à la famille d’Alec, Thaïs cherche à se rebeller, à s’enfuir, mais c’est peine perdue. A force de côtoyer Alec, elle lui reconnaît un certain charme physique, mais côté morale, cet homme est un monstre…

 

« « Athanaïs", qui aurait pu imaginer qu'un prénom original cachait une si terrible histoire. Maintenant que je sais exactement où chercher, je ne lâche rien. Tel un pitbull, je fonce jusqu'à obtenir une satisfaction optimale. Pas de pitié. » Etonnement, dans ce dernier tome, Alec va s’éloigner de Thaïs. Il a décidé de faire table rase du passé de la jeune femme, et de démolir tout ce qui a pu être mauvais dans le passé de celle- ci. Cherche-t-il à s’acheter une conscience auprès d’elle ?

 

Au final, un dernier tome qui se dévore. Certaines scènes sont violentes et on comprend les difficultés éprouvées par Thaïs pour pouvoir s’adapter à la vie que lui impose Alec. Comment vivre sans libre arbitre, en étant à la merci d’un homme qui maîtrise son corps selon ses seules envies à lui ? Beaucoup de questions vont ici s’imposer à Thaïs ! Quel cas de conscience ! Une lecture qui prend aux tripes ! Et une saga vraiment bien écrite; mais pour lecteurs avertis !!!

lundi 11 juillet 2022

Dark feeling, Tome 2, Tasha Lann (Elixyria, 02/2019)

 



Dark feeling, Tome 2, Tasha Lann (Elixyria, 02/2019)

 💔💔💔💔💔

J’avais lu le premier tome de cette trilogie il y a déjà quelques mois, et j’ai été agréablement surprise de constater que mes souvenirs concernant cette dark romance vraiment sombre étaient encore très nets. Phénomène très positif chez moi puisqu’il signifie que j’ai particulièrement apprécié ma lecture, au point d’y porter un réel intérêt et d’en mémoriser l’essentiel. La lecture de ce tome 2 commençait donc très bien pour moi, et cette satisfaction s’est poursuivie jusqu’à la fin.

 

« Un verre d'alcool fort dans la main, j'observe le petit corps endormi, si paisible, si insignifiant. Ma respiration se calque sur la sienne. Athanaïs ne va pas se réveiller de sitôt. La dose de somnifères que je lui ai administrée par la force va nous assurer un voyage et une installation sans encombre. »

Alec est toujours aussi tyrannique et impérieux. Thaïs lui appartient. Il estime en faire ce qu’il veut, ce qui induit avoir tous les droits sur son corps et la manipuler de façon à l’avoir toujours sous la main, selon ses besoins. Oui, certains hommes sont ainsi.

 

« Alec reste là, à m'analyser. Il doit imaginer tout ce qu'il me fera dans un futur proche. Son visage a beau être impassible, la lueur perverse dans ses yeux lui file un air vicieux. Trop fatiguée pour le combattre, j'abdique. » Thaïs va ici encore tenter de lui échapper, mais Alec, et son entourage, savent très bien comment manipuler les proies de leur chef pour les faire plier. Et ce patron est de loin le plus pervers de tous.

 

« Alors, oublie qui tu étais, ce que tu es, deviens ce que tu veux. » Ici Thaïs commence à comprendre les objectifs de son tortionnaire. Il sait lui fournir des arguments imparables de son point de vue, mais Thaïs, malgré son verbe facile, est capable de prendre de la distance par rapport à sa situation de captive, et d’en comprendre les enjeux.

 

Au final, un second tome véritablement captivant, les dés de l’intrigue ayant été intelligemment jetés dans le précédent. On entre directement dans la suite de la captivité de Thaïs, en toute connaissance de cause. Pas de temps mort, on respire, on halète aux côtés de notre héroïne, espérant que ses coups d’essai lui permettront enfin de fuir Alec et son entourage cruel. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé en apprendre davantage sur le vécu de ce dernier ; éléments qui, étrangement, le rendent plus humain. Et puis cette fin, explosive, ne donne qu’une envie : enchaîner sur le troisième et dernier tome ! Moi, j’y fonce !  

mardi 5 juillet 2022

Overfall in love, Virginie Zéphyr (Elixyria, 08/2019)



 Overfall in love, Virginie Zéphyr (Elixyria, 08/2019)

💛💛💛


Vous souvenez- vous du film « Twister » de Jean de Bont, sorti en 1996, avec Helen Hunt en (formidable) personnage principal ? Si vous avez envie de revivre une histoire plus ou moins similaire, avec une intrigue romancée bien plus complexe que celle du film, procurez- vous ce roman ; dépaysement garanti !

 

« Je suis chasseuse de supercellules, pour simplifier : de tornades. Oui, vous avez bien lu ! Je vous parle bien de ces colonnes qui peuvent tout ravager sur leur passage. Pour les habitants qui subissent ces tournoiements, c'est un véritable calvaire, mais moi et tous ceux qui font ce métier sommes subjugués par cette force de la nature. C'est un spectacle merveilleux et impressionnant. » Ambre a décidé de devenir chasseuse de tornades après avoir vu le film « Twister » à l’âge de quinze ans. Elle a su conserver une ligne de conduite qui lui a permis de suivre des études scientifiques de météorologie à Toulouse, et la voilà, à trente ans, prête à partir pour sa première chasse au cœur de la « Tornado Alley », aux Etats- Unis, en compagnie de ses deux amies, Audrey et Morgane.

 

« C'est toi le maître de ton destin et de ta vie, pas ton père. C'est à toi de savoir ce que tu veux faire de ton futur et prendre les bonnes décisions. Ce n'est pas parce que l'on t'a montré le mauvais chemin qu'il faut impérativement le suivre. » Rafe a suivi le même cursus universitaire qu’Ambre, mais aux USA où un oncle l’a pris sous son aile afin de l’éloigner d’un père violent. Lorsque nos deux chasseurs se rencontrent, la tempête gronde car ils ne sont pas inconnus l’un à l’autre. Le passé va venir leur éclater au visage et il va falloir faire preuve de beaucoup d’empathie et de miséricorde pour ne pas mettre leur mission en péril, ni les doux sentiments tout neufs qui émergent entre eux. Heureusement, les deux amis de Rafe, Kylian et Brandon, sauront temporiser les élans de colère du jeune homme.

 

Au final, j’ai plutôt bien aimé cette lecture, même si j’avoue avoir eu du mal à m’attacher aux deux principaux protagonistes ; leur personnalité n’était pas suffisamment approfondie à mon goût. Ils passent d’un statut de victime à combattant sans que l’on ressente cette espèce de sursaut du caractère qui permet de tourner la page et d’aller de l’avant. J’ai trouvé aussi un peu exagéré le fait que trois amies du collège parviennent à suivre un même cursus universitaire exigeant pour devenir météorologues, et encore plus quand deux garçons présents les mêmes années qu’elles au même collège toulousain le soient devenus aussi ! Passons ensuite sur le fait qu’ils se retrouvent tous les cinq au même endroit, au même moment aux USA (si vastes pourtant) … Bon, on va mettre cela sur le dos de la fiction ! Bref, un roman dépaysant, une intrigue aux multiples rebondissements, de l’amour, de l’amitié ; des ingrédients parfaits pour une lecture d’été ! 

samedi 2 juillet 2022

Mexican gothic, Silvia Moreno - Garcia (Bragelonne, 08/2021)


 

Mexican gothic, Silvia Moreno - Garcia (Bragelonne, 08/2021)

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L’année dernière, il y avait eu une véritable « hype » autour de ce roman quand il est sorti. Comme bien souvent dans ce cas- là, j’attends un peu avant de lire le livre en question, histoire de pouvoir me détacher de ce que j’ai entendu à son sujet, et pouvoir me faire mon propre avis. Dix mois donc après sa sortie, je peux dire que j’ai apprécié cette lecture et que son originalité justifie, à mes yeux, son succès, mais que je demeure plutôt sceptique quant à sa qualification de « meilleur roman de terreur 2021 » indiquée en quatrième de couverture.

 

 

« C'était tout à fait le genre d'ambiance susceptible d'impressionner sa cousine : un manoir ancien au sommet d'une colline, la brume, le clair de lune. Un vrai décor de roman gothique. Catalina adorait "Jane Eyre" et "Les Hauts de Hurlevent". La lande, les toiles d'araignée. Les châteaux où d'affreuses marâtres obligeaient les princesses à croquer des pommes empoisonnes. Les vilaines fées maudissant les jeunes filles et les sorciers transformant les princes charmants en bêtes sauvages. » Voilà plusieurs mois que Catalina a quitté Mexico et sa famille pour s’installer avec son époux dans la demeure familiale de celui-ci. Noemi, sa cousine, ne s’en formalisait pas plus que cela, étant donné la propension de sa parente pour tout ce qui s’apparente à un univers romantique. Mais quand le père de Noemi reçoit une lettre de sa nièce en forme d’appel au secours, elle ne se fait pas prier pour faire le trajet jusqu’à High Place afin de mener l’enquête.

 

 

« Noemi n'avait jamais contemplé le visage d'une meurtrière ; ce n'était pas son genre de lire les pages des faits divers dans les journaux. Elle se rappela Virgil expliquant que les gens étaient prisonniers de leurs vices et que les traits du visage reflétaient les natures profondes. » La jeune femme, plus habituée aux soirées mondaines de la jet- set mexicaine qu’aux mœurs rustiques de la campagne, va devoir affronter les étranges membres de la famille Doyle, et envisager une solution pour protéger sa cousine de la torpeur finalement bien malfaisante du manoir maudit de High Place.

 

Au final, un roman très agréable à lire, dépaysant et à l’intrigue vraiment originale. Aux deux- tiers du roman, on ne voit absolument rien venir du dénouement. Le personnage de la jeune Noemi est psychologiquement très bien construit. Son côté jeune fille effrontée mise à mal par les éléments m’a énormément plu. La résolution des mystères du manoir de High Place m’a, elle, un peu questionnée, j’avoue, mais j’ai bien aimé sa dimension historique. Bref une chouette lecture, mais ne vous attendez pas à avoir peur !