Premier sang, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2021)
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« Le présent a commencé il y a vingt- huit
ans. Aux balbutiements de ma conscience, je vois ma joie insolite d'exister. »
Ici l’auteure se met
dans la peau de son propre père pour s’exprimer à la première personne et
revenir sur des éléments marquants de la vie de celui- ci. Une biographie
intime, un hommage à un père au parcours familial insolite et au sang- froid
remarquable et remarqué pour lequel « Il ne faut pas sous- estimer la rage
de survivre ».
« Je n'avais jamais encore rencontré la
haine. Il m'était donné d'y assister en direct et j'aurais payé cher pour être
ailleurs. Je ne savais pas qu'à l'âge de Jean, mépriser son père allait de soi. »
Orphelin de père très
jeune et fils unique, Patrick Nothomb va longtemps être en manque de famille. A
l’âge de six ans, il ira passer ses vacances d’été chez son grand- père, Pierre
Nothomb, un poète noble et désargenté, dans un château ardennais, au Pont- d’Oye,
où les us et coutumes se sont arrêtés au Moyen- Age. Au contact d’une floppée d’enfants
de tous les âges, Patrick va apprendre à lutter contre la faim, le froid, mais
aussi à se confronter aux autres.
« L'enfance a cette vertu de ne pas essayer
de répondre à la sotte question : "Est- ce que j’aime ?" Il y a beaucoup d’Amélie dans ce Patrick, et
beaucoup de Patrick aussi en Amélie. Le père s’exprime par le biais de la plume
talentueuse de sa fille. Et cette dernière fait preuve de facéties que l’on
devine toutes paternelles. Pas de mystification, de conte de fée (même si
Shéhérazade est mentionnée…) ou d’historiette abracadabrantesque ici, mais
beaucoup de délicatesse et de tendresse. Et au final, un Nothomb lu et adoré !