mercredi 24 juillet 2024

Tomber plus haut, Mélodie Chavin (Addictives, 02/2024)


 

Tomber plus haut, Mélodie Chavin (Addictives, 02/2024)

💜💜💜💜

C’est la couverture qui m’a attirée en premier lieu vers cette lecture, puis le trope « work place romance ». Ugo et Adalyn travaillent en effet dans l’entreprise qui appartient au père de cette dernière, et ils se partagent le même poste de direction, le temps que la jeune femme termine ses études de marketing. Une posture qui s’évère délicate pour le jeune trentenaire.

« Si j'étais l'héroïne d'un roman à l'eau de rose, les lectrices voudraient sûrement me coller des baffes, et je le comprendrais très bien... Non, mais il n'y a qu'à me voir ! J'ai la vie devant moi, et voilà que je me la gâche avec tout ça ! » Ironique et pourtant c’est si vrai ! Comme j’ai eu envie de la secouer cette Adalyn qui est jeune, jolie, intelligente, et probablement riche, étant donné que son père possède une entreprise de marketing pour des maisons de luxe. Et pourtant elle reste coincée dans son petit monde avec sa meilleure amie, Wendy, et les tristes souvenirs vécus avec son ex, Cody. Heureusement qu’un petit matin, un nouveau voisin, sexy en diable, débarque, et que celui- ci, ô merveilleux destin, se retrouve être son nouveau collègue !

« Je veux craquer. J'ai envie de craquer pour cette fille encore si immature en raison de son âge, mais si femme par la force qu'elle parvient à puiser en elle. » Si Ugo est l’image parfaite du tombeur de jupons, il va étrangement voir Adalyn sous un autre angle. D’abord comme une jeune fille à « déniaiser », qui va le changer de ses conquêtes expertes d’un soir, puis comme une énigme à résoudre. Au fil de leurs contacts, son point de vue et ses sentiments vont bien évoluer.

Au final, une romance dont on connaît certes la fin, mais j’avoue avoir été touchée par les deux principaux protagonistes, les obstacles qu’ils ont à surmonter, du drame à la maladie, et ce qu’ils ont pu mettre en œuvre pour passer outre et se reconstruire. Une romance aux accents de feel- good.

lundi 22 juillet 2024

La femme invisible, Maïtena Biraben (Grasset, 05/2024)




 

La femme invisible, Maïtena Biraben (Grasset, 05/2024)

💝💝💝💝

J’ai l’impression de connaître Maïtena Biraben depuis toujours. J’ai été une jeune maman suivant les précieux conseils donnés dans l’émission « Les Maternelles » au début des années 2000. Puis je l’ai suivie en tant que journaliste de société sur Canal +. Et enfin, je suis sa chaîne média « Mesdames » sur Instagram depuis quelques mois. J’ai même acheté le livre de recettes sur les légumes qu’elle a publié il y a quelques années !

« J'ai ressenti la cinquantaine comme une crise d'adolescence équipée d'un cerveau. Une libération, une jubilation ! Un moment déterminant où les aiguilles de la montre ne décomptent plus le temps qui passe mais celui qui reste. » L’animatrice, 56 ans, nous raconte brièvement les grandes étapes de sa vie, et s’attarde sur ce passage délicat qu’est celui de la cinquantaine. Pour une femme, il est souvent synonyme de ménopause, mais aussi, de mise à l’écart, que ce soit dans les médias ou dans la société. Pourquoi ?

« Incrédule et éberluée parce que j'ai très vite compris qu'on attendait de moi une attitude, un regard sur la vie, une attention aux autres qui n'avaient aucun rapport avec QUI j'étais mais avec CE QUE j'étais : une fille. Mes frères, eux, avaient tout loisir d'être eux- mêmes.
Moi. Pas.
Voilà deux mots qui auront été un mantra silencieux dans ma vie jusqu’ici : Moi. Pas. »
Cette réflexion menée sur le statut de la femme française pourrait s’appliquer à la majorité d’entre nous. Depuis la plus petite enfance, nous sommes « façonnées » comme les hommes aimeraient que l’on soit. Est- ce différent pour les nouvelles générations ? J’en doute.

« Autant je n'ai jamais voulu être un garçon, autant il reste tout à fait incompréhensible que le fait que j'aie des seins et pas de testicules me dirige au service du confort d’autrui : le fait que je puisse porter la vie ne justifie pas que je doive passer la mienne au service des autres. » Maïtena Biraben, avec cet essai personnel et percutant, veut ruer dans les brancards de la « bien – pensance » de notre société patriarcale. Les femmes sont libres d’être qui elles veulent ; à elles de le brandir en étendard !

Au final, un essai court qui se lit vite et avec plaisir, qui pose de bonnes questions et qui est tout à fait en adéquation avec la Maïtena Biraben que je suis aujourd’hui sur « Mesdames » ; une révolutionnaire au nom de la liberté des femmes quinquagénaires !!!! 

dimanche 21 juillet 2024

Le Pacte des Ombres, Clément Sérac (Elixyria, 05/2024)


 

Le Pacte des Ombres, Clément Sérac (Elixyria, 05/2024)

😈😈

Je ne savais pas dans quoi je me lançais en abordant ce roman, classé par la maison d’édition en catégories « thriller » et « suspense ». La quatrième de couverture mentionnait l’année 2020, donc époque « covid » et Douai, dans le Nord de la France, des étudiants de classe prépa et un livre étrange. Le mystère était donc total !

« Il leur fallait une vie rythmée, car c'est ce qu'ils aimaient. Et l'année qui s'ouvrait n'allait justement pas manquer de rythme. » Clément, personnage principal du roman, est clairement un double de l’auteur, lui- même étudiant en haute école. La vie des « préparationnistes » est bien remplie entre révisions intenses, cours exigeants et préparation des concours d’entrée. Clément partage ces diverses activités avec ses camarades Thomas et Pierre- Alexis. L’auteur multiplie les codes estudiantins alors qu’une intrigue policière voit le jour : une troisième disparition inquiétante secoue les habitants de Douai.

« 1604. Anne Dubois fonde le couvent des Brigittines, destiné à accueillir une vingtaine de jeunes femmes dévolues à sainte Brigitte. Toutefois, dès l'an de grâce 1608, les nonnes font face à d'inquiétants phénomènes. Des bruits sourds, des voix plaintives, puis des clameurs étranges au milieu de la nuit. » Clément, en traînant ses guêtres de la cave au grenier de son établissement scolaire, trouve un livre narrant l’histoire de celui- ci. Il va y découvrir d’étranges liens avec l’œuvre de Dante, L’Enfer.

Au final, je ressors de cette lecture un peu mitigée. L’écriture est jeune et manque souvent de nuances. On passe d’une époque à une autre, d’un personnage à un autre dans une tentative un peu maladroite de faire naître une certaine tension, mais personnellement, je me suis plutôt sentie perdue dans les éléments donnés et ma curiosité n’a pas été titillée. Ceci dit, il y a de bonnes idées et la plume a du potentiel, mais peut- être dans un autre registre que le thriller.

vendredi 19 juillet 2024

La saga d’Auren, tome 3 ; Gleam, Raven Kennedy (Hugo, 06/2023)


 

La saga d’Auren, tome 3 ; Gleam, Raven Kennedy (Hugo, 06/2023)

💛💛💛

J’avais lu les deux premiers tomes de cette saga à leur sortie l’année dernière, puis je n’avais pas poursuivi avec la suite, sans aucune raison, alors que j’avais adoré ma lecture. Restée sur ce bon souvenir, j’ai profité de la sortie en poche du tome 3 pour enfin lire la suite des aventures (mésaventures plutôt, non ?) d’Auren, cette femme en or au service du roi Midas.

« Les déesses ont fait de moi une femme. La guerre a fait de moi une orpheline. Midas a fait de moi une pouliche. » Auren dresse son « curriculum vitae » pour en faire un bilan de vie. Elle qui pensait être heureuse d’avoir l’attention d’un roi, se retrouve face à la vérité : elle n’a jamais vécu en tant que femme libre.

« Je me cache. Je rêve. Je fais semblant. Je m'échappe. » Auren va se rebeller contre Midas mais cela ne sera pas sans conséquences : elle est SA propriété, et il compte bien tout faire pour le lui rappeler. Mais voilà que le roi Ravinger est logé au château en tant qu’invité. Un hôte ô combien troublant pour Auren…

« Tu es plus que ça. Parce que quoi que tu fasses, tu t'accroches à ma peau et tu t'enfonces dans ma conscience, et même si je suis en colère contre toi à cause de ça, je ne veux plus me mentir. J'en suis malade de me réprimer. D'être dans le déni. De me retenir. » La jeune femme rend les armes et déclare – enfin – sa flamme à celui qui la tourmente depuis son enlèvement. Mais comment faire pour échapper à Midas ?

Au final, une suite intéressante, qui remonte dans le passé d’Auren tout en la projetant dans la suite de ses aventures auprès de Midas et de Ravinger. Mais entre les oublis générés par les mois passés depuis la lecture du tome 2, et les longueurs des premiers chapitres, j’ai eu du mal à me plaire dans cette histoire. Les dernières pages voient l’intrigue se compliquer et donnent, certes, envie de connaître les tenants et les aboutissants de ce qui représente un retournement de situation. Mais je ne suis pas sûre de lire la suite… 

lundi 15 juillet 2024

Archer’s voice, Mia Sheridan (Hugo poche, 02/2024 pour la V.F.)


 

Archer’s voice, Mia Sheridan (Hugo poche, 02/2024 pour la V.F.)

💙💙💙💙

Les éditions Hugo viennent de traduire et publier cette romance en format poche et comme on la voyait un peu partout, j’ai eu très envie de la lire. Classifiée en « drame psychologique » par l’éditeur, je savais que j’allais apprécier l’intrigue et je n’ai vraiment pas été déçue par l’histoire de Bree et Archer, deux personnages au passé traumatique.

« Chaque matin, je revivais cette scène, et chaque soir je me sentais à nouveau forte. A chaque nouvelle aube, j'avais l'espoir d'être enfin libérée, de ne plus avoir à supporter cette douleur qui m'enchaînait à la nuit où tout avait basculé. » Bree Prescott est une jeune femme bouleversée, qui fuit quelque chose, ou quelqu’un lorsqu’elle pose ses bagages à Pelion, petite ville du Maine. Elle veut tourner la page, oublier un passé traumatisant. En prenant le premier job qui se présente à elle, serveuse dans un petit restaurant local, elle part à la rencontre de nouvelles personnes, à la recherche d’une nouvelle vie.

« Quelque chose m'intriguait chez Archer Hale, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Quelque chose d'autre que le fait qu'il ne puisse pas parler ou entendre, un handicap spécial auquel j'étais intimement liée. » Très vite, Bree rencontre Archer Hale, un jeune homme qui vit comme un ermite, en marge de la société depuis le décès de l’oncle qui l’a élevé. En effet, Archer a perdu ses parents dans un accident de la route alors qu’il avait sept ans. Il a également perdu la voix lors du drame, suite à ses blessures. Bree va aller à la découverte de l’âme torturée de cette homme solitaire et l’aider à retrouver un semblant de vie sociale. Mais bien évidemment, l’amour va s’en mêler !

Au final, c’est une très belle histoire sur la différence, sur la beauté des rencontres inattendues, et sur la capacité de rebondir après des traumatismes profonds, pour peu que l’on soit accompagné de la bonne personne. Bree et Archer vont me hanter un petit moment.

jeudi 11 juillet 2024

Un canapé au poil, Eva Cayeux (Elixyria, 03/2018)

 



Un canapé au poil, Eva Cayeux (Elixyria, 03/2018)

😻😻😻😻😻

Les éditions Elixyria, ce sont aussi des livres pour la jeunesse ; des histoires originales publiées dans des livres à la finition soignée, avec une police d’écriture adaptée aux dys.

« - Je donne ma langue au chat !
- Vous ne croyez pas si bien dire ! Il s'agit de récupérer des chatons siamois, leurs belles fourrures, dirais-je plutôt, pour recouvrir mon futur canapé. »
Démonia, jeune orpheline, n’a qu’une idée en tête : rassembler plus de cent chatons siamois pour en faire un canapé tout doux et moelleux. Depuis son manoir, elle dirige un mandataire sans scrupules, Fred Munster, qui va aller enlever les chats pour que son horrible projet puisse se réaliser.

En fait, il s’agit ici d’une adaptation des « Cent un dalmatiens », avec une Démonia imitant Cruella dans son envie d’avoir un manteau en peaux de chiens. Les situations sont ubuesques, et les jeux de mots sont un vrai plaisir ! Une lecture sympa pour les petits, et les grands !

Minefields, Audrey Rousselin (Elixyria, 02/2024)


 

Minefields, Audrey Rousselin (Elixyria, 02/2024)

💘💘💘💘💘

L’instinct est parfois étonnant : lorsque j’ai reçu ce roman, j’ai senti que j’allais beaucoup l’aimer, alors j’ai attendu d’être disponible pour le lire en prenant le temps. Et j’ai eu raison car je me suis délectée de cette lecture ; un véritable coup de cœur !

« Les rumeurs, c'est comme les éternuements. Quelqu'un omet de mettre sa main devant la bouche et voilà toute une floppée de microbes colportés d'individu en individu. Difficile d'en venir à bout quand ils se dispersent un peu partout. » Lana et Thomas se connaissent depuis le collège. Leur amitié est exclusive et ils passent la majorité de leur temps ensemble, d’autant plus que Lana vit quasiment seule, entre une maman décédée et un père absent. Mais en grandissant, les lycéens qui les entourent soupçonnent une idylle et les mauvaises langues s’y donnent à cœur joie…

« Être amoureux de la personne la plus proche de nous relève d'une torture quotidienne. Au fil du temps, j'avais développé des talents d'acteur insoupçonnés. » Et puis un jour, Thomas, qui enchaîne les conquêtes, se rend compte que celle qui fait véritablement battre son cœur, n’est autre que Lana. Mais voilà que celle- ci s’est mise en couple avec Dylan, l’un de leurs amis. La concurrence va être rude.

« Les deux m'étaient inaccessibles, les deux me torturaient, les deux je désirais. » Lana va se retrouver tirailler entre les deux hommes de sa vie pendant des années. Comment construire une relation amoureuse avec l’un quand on pense encore à l’autre, et vice- versa ?

Au final, une romance originale et addictive qui alterne les trois points de vue de ses principaux protagonistes pour faire avancer son intrigue, avec deux temporalités pour donner encore plus de consistance à l’histoire, qui se déroule ainsi du collège à la vie adulte. Je me suis attachée aux personnages, surtout à Thomas, dont j’ai aimé la retenue et la délicatesse. Une très belle histoire, d’amour et d’amitié !

vendredi 5 juillet 2024

Et les étoiles brilleront, Louisa Méonis (L'Abeille bleue, 03/2023)

 



Et les étoiles brilleront, Louisa Méonis (L'Abeille bleue, 03/2023)

💙💙💙

La maison d’édition annonçait une romance sombre, et effectivement, nous nous trouvons ici en présence de deux âmes profondément écorchées par la vie. D’un côté, Ophélia, dix- huit ans, orpheline ballotée de familles d’accueil en orphelinats. De l’autre, Léo, trentenaire, inconsolable depuis le décès de sa femme Anna.

« Je n'attends rien d'Athènes et Athènes n'attend rien de moi. Nous sommes deux étrangères qui nous rencontrons pour la première fois. Elle, la ville enchanteresse où se mêlent des merveilles d'histoire, les plages de sable blanc, les eaux turquoise... Le paradis sur Terre. Moi, qui ne sais plus comment rêver, ni s'il existe un avenir meilleur que celui qui me semble destiné. » Le jour de ses dix- huit ans, Ophélia prend le premier avion qui se présente à l’aéroport. Destination : la capitale de la Grèce.

« Mais là, cet homme que je ne connais pas me donne des frissons. Je ne sais pas si c'est l'alcool, du désir, ou juste de la fascination. » Sur place, en cette nuit de la Saint- Sylvestre, la fête bat son plein. Ophélia en profite pour voguer d’un groupe à l’autre parmi les fêtards. Jusqu’à tomber sur le mystérieux Léo, qui admire les étoiles, puis lui propose de le suivre dans sa suite pour mieux profiter du feu d’artifice…

« Lorsque l'on a les plus belles choses tous les jours sous les yeux, la beauté devient probablement la normalité. Ce qui est triste, c'est que cela fonctionne dans les deux sens. La normalité peut également venir de la laideur, de l'horreur et de la violence. Que se passe-t-il lorsque ces deux mondes entrent en collision ? » Ce qui ne devait être que l’histoire d’une nuit va trouver un prolongement à Londres, où la jeune femme retrouve, sans le vouloir, le mystérieux Léo. Celui- ci, complètement fasciné par Ophélia parce qu’elle est le parfait portrait de sa défunte épouse, ne va plus la lâcher. Mais la jeune orpheline sent que quelque chose d’autre se trame…

Au final, une romance aux thèmes très intéressants ; le deuil et le statut des enfants abandonnés y sont très bien traités. Par contre, le suspens tarde à se mettre en place et des éléments liés au passé des personnages ne sont distillés qu’au compte- goutte, alors qu’ils auraient mérité d’être un peu plus détaillés, à mon avis. Mais ceci- dit, j’ai passé un très bon moment de lecture.  

dimanche 30 juin 2024

Là où les souvenirs se révèlent, Delphine Giraud (Fleuve, 05/2024)



 Là où les souvenirs se révèlent, Delphine Giraud (Fleuve, 05/2024)

💗💗💗💗

C’est le point de départ de cette histoire, et non son déroulé, qui m’a attirée. En effet, le personnage principal est un enseignant qui, un jour, se retrouve incapable de bouger face à ses élèves. La cause ? Un profond burn- out. Pour en guérir, une seule solution : remonter le fil de sa propre histoire.

« On prend le pouls de mon psychisme, on s'applique à m'occuper, à me redonner le goût de vivre. On me drogue pour apaiser le mal qui me ronge. Mon père finit par employer le terme qui détermine mon mal- être : burn- out. Ce fameux état d'épuisement physique, émotionnel et mental lié au travail. » Thomas est un enseignant bienveillant et attentif. Un jour, alors qu’il apprend une mauvaise nouvelle concernant l’une de ses élèves, son corps se désolidarise de son esprit et il ne peut plus bouger.

« Personne ne se remet jamais d'un tel traumatisme, encore moins quand il survient si jeune. Je n'avais pas encore 5 ans quand elle est morte. Comment aurais-je pu la sauver ? » Thomas, pour se soigner, retourne en Bretagne, sa région d’origine. Il retrouve son père et pour lui, c’est l’occasion d’éclaircir les mystères qui entourent le décès de sa mère : est- ce un accident ou un suicide ?

« - Les secrets et la famille ne font pas bon ménage, dit- elle.
- Qui n'en a pas ?
- Des secrets ou une famille ?
- Les deux.
 » Thomas ne s’attendait pas aux révélations qui vont surgir au fur et à mesure de ses recherches sur le passé de sa mère. Hébergé dans un éco- village près de la demeure familiale, il tente de se reconstruire, notamment auprès de Jasmine et de son fils autiste.

Au final, une histoire vraiment touchante. L’auteure maintient un certain suspens entre les diverses révélations qui émanent des recherches de Thomas, et la lecture devient addictive dans ces moments- là. En plus, les personnages sont véritablement attachants. J’ai passé un très bon moment avec Thomas, collègue fictif qui m’a émue par son histoire personnelle. 

dimanche 23 juin 2024

Butcher & Blackbird, Brynne Weaver (Verso, 05/2024)


 

Butcher & Blackbird, Brynne Weaver (Verso, 05/2024)

💩

Ce roman semblait cocher les cases de ce que j'ai envie lire en ce moment; ce mélange d'humour noir, de romance et d'univers torturé, mais moi, je n'aime pas la vulgarité.


J'abandonne "Butcher & Blackbird" à la page 66. J'ai l'impression de ne rien comprendre à l'histoire. C'est mal écrit ou mal traduit, mais surtout vulgaire. J'ai décidé de m'arrêter après ces répliques: 

"- Je vais te voler ta liseuse. Je veux lire l'histoire de l'homme- dragon à deux bites." 

"- Je suis assise dessus. Touche- moi le cul et je te casse la main..." 


Pas pour moi.

vendredi 21 juin 2024

Verity, Colleen Hoover (Hugo, 2018)


 

Verity, Colleen Hoover (Hugo, 2018)

💚💚💚💚💚

 Si Collen Hoover est davantage connue pour ses romances, il faut souligner qu’elle est aussi extrêmement douée pour écrire un récit digne d’être catégorisé parmi les thrillers ! On m’avait dit que certains passages n’étaient pas à lire en étant seule à la maison, et effectivement, j’ai ressenti cette terreur typique de l’appréhension d’un événement pas cool à se produire sous peu !

« Difficile d'expliquer pourquoi j'éprouvais une telle aversion envers les autres humains mais, s'il fallait avancer une hypothèse, je dirais que c'est le résultat direct de la terreur ressentie par ma propre mère à mon endroit. » Lowen, auteure au succès modeste, vient d’enterrer sa mère, morte d’un cancer, et s’apprête à quitter un logement dont elle vient d’être expulsée. Heureusement, son agent a un projet avantageux à lui proposer : reprendre la suite d’une saga à succès.

« J'ai peur que cette expérience particulière ne soit encore plus désastreuse que je ne l'imaginais. Comme peu de gens lisent mes bouquins, je n'ai jamais souffert de trop de critiques négatives. Mais, maintenant qu'ils vont sortir accompagnés du nom de Verity, ils attireront des centaines de milliers de lecteurs avides de la retrouver. » Lowen, vite séduite par le mari de la romancière à succès, accepte le contrat, mais demeure prudente quant à ses capacités rédactionnelles. Néanmoins elle va aller vivre chez Jeremy et Verity, pour mener à bien sa mission.

« Je commence à croire que si elle se met dans la peau du méchant c'est parce qu'au fond elle est méchante. Jusqu'à la moelle. » Lowen découvre des manuscrits troublants ; qui est donc cette femme, qui dort juste au- dessus d’elle, et qui est capable de raconter des actes autobiographiques épouvantables ? 

Au final, même s’il y a un côté romance, l’aspect suspens psychologique est énorme ! J’ai été complètement absorbée par cette lecture, avec les poils des bras qui se dressent ! Colleen Hoover réussit là un joli tour de force romanesque sur la psychologie féminine. J’adore !  

mercredi 19 juin 2024

Felicità, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2024)


 

Felicità, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2024)

💙💙💙💙

Lorsqu’on se lance dans la lecture d’un roman de Serena Giuliano, c’est comme manger un bonbon « langue qui pique » ; on y retrouve à chaque fois cette délicieuse alternance entre douceur et acidité. Cap sur l’Italie, aux côtés de Valentina, organisatrice de mariages, qui vient de perdre sa meilleure amie, Azzurra. Entre le deuil et la nécessité de faire vivre son entreprise, la jeune femme est bien malmenée…

« Le soleil brille comme jamais. Non mais comment ose- t- il ?
Le ciel devrait être à mon image, en larmes. Il devrait pleuvoir comme je pleure, pleuvoir tout ce qu'il a dans le ventre, gronder, afficher une sale mine. »
Le récit s’ouvre sur une jeune femme éplorée, qui n’arrive pas à faire face au décès de sa meilleure amie. Sous le soleil de Milan, elle peine à retrouver ses marques, son entrain, son envie de vivre.

« Il n'y a pas de congé accordé pour la perte de sa meilleure amie ? Pas même si elle était un double depuis la cour d'école, une sœur d'une autre mère, une jumelle d'un autre ventre ? » Valentina et Azzurra ne se quittaient plus depuis la maternelle. L’auteure retrace avec son héroïne les moments les plus marquants de cette amitié hors norme. Mais on sent que quelque chose de plus sombre s’est glissé entre les deux amies à un moment ou à un autre, par le biais de petites phrases, en fin de chapitre, qui jurent avec l’harmonie plus largement évoquée.  

« On croit qu'on a la vie devant soi. On remet tout à plus tard, et on se laisse dominer par la peur, au risque de passer à côté de moments précieux... » Même si la vie reprend doucement le dessus, Valentina demeure nostalgique. Il y a eu des loupés, dans sa vie, dans sa famille, ainsi que dans son amitié avec Azzurra. Elle se livre à la fille de cette dernière, Bianca, par le biais de mails qui lui arriveront lorsqu’elle aura atteint l’âge de la majorité. L’amour qu’elle porte à cette petite, sa nièce, est la seule chose qui la fasse réellement tenir.

Au final, un beau roman sur l’amitié et sur l’acceptation du deuil. Le récit reprend le fil de cette histoire fusionnelle entre deux femmes en présentant tout d’abord les plus joyeux aspects, puis dévoile peu à peu un secret bien plus sombre… Une réussite ! Et j’ose espérer qu’il y aura bien une suite !

lundi 17 juin 2024

Jacqueline et ses copines, Amelia Pacifico (Auto - édition, 04/2024)


 

Jacqueline et ses copines, Amelia Pacifico (Auto - édition, 04/2024)

💙💙💙💙

J’ai connu Amelia Pacifico grâce à sa chaîne Twitch, « L’Alchimiste des mots ». J’avais immédiatement apprécié l’ambiance bienveillante de ses lives de l’après- midi et lorsque j’ai su qu’elle venait de sortir un livre, j’ai eu très envie de le découvrir. Cap sur l’île Maurice avec Jacqueline, 72 ans, et ses copines…

« C'est fou comme tout peut déraper en une seconde, même avec les intentions les plus innocentes du monde. Tout ce qu'on voulait, les filles et moi, c'était décompresser loin des vieux schnocks du club du 3e âge et pouvoir enfin avoir des vacances dignes de ce nom ! » Jacqueline et ses amies, Tersa, Louise et Mara décident sur un coup de tête que ça suffit, elles en ont assez de devoir faire ce que les hommes décident à leur place. Alors quand les présidents de l’association du 3e âge de leur village décident d’un énième voyage en Autriche, elles décident de prendre la tangente, et de partir trois semaines entre filles à l’île Maurice ! Mais tout ne va pas se révéler aussi paradisiaque que prévu !!!

« De mon côté, j'attrape ma tenue puis me rends dans la salle de bain où je découvre avec stupeur une vielle dame dans le miroir. Je réalise avec amertume qu'il s'agit de mon reflet. J'oublie souvent que je n'ai pas l'âge de mes neurones. » Jacqueline porte un regard avisé sur les évolutions de la société. La jeune Nine, vingt ans, va même en faire sa confidente à l’hôtel. Mais comme il difficile de faire avancer un corps de septuagénaire au rythme d’un cerveau bien plus alerte ! Et pourtant, les quatre dames vont vivre des vacances à faire pâlir de jalousie les adolescentes : boum, parties de beach- volley, et drague seront même à leur programme !

Au final, un roman qui fait réfléchir sur la vieillesse ainsi que sur les relations homme – femme. J’ai bien ri en lisant certaines scènes tellement cinématographiques ! Et les réflexions socio- psychologiques de Jacqueline m’ont semblé tellement justes. En refermant ce roman, j’ai eu l’impression de quitter des copines… Mention spéciale à Louise, sarcastique et piquante à souhait !    

mercredi 12 juin 2024

She is beautiful, tome 1, Takahide & Esaka (Kurokawa, 04/2024)

 


She is beautiful, tome 1, Takahide & Esaka (Kurokawa, 04/2024)

Un manga qui ne peut se lire autrement que d'une traite tant il est captivant. Construit comme un thriller, il met en scène une héroïne fragile et touchante, qui a grandi dans un « enclos » et qui se retrouve amnésique suite à un mystérieux accident.

« Notre dixième anniversaire est très spécial.
Ce jour- là, on nous annonce la section dans laquelle nous allons, celle qui détermine notre futur. » Kurumi a grandi entourée de filles dans un centre de recherches scientifiques appelé « L'enclos ». A l'âge de dix ans, chacune des pensionnaires est envoyé dans un domaine censé lui correspondre : les sciences, l'art, la procréation et le labeur. Kurumi est inquiète ; elle aimerait suivre sa meilleure Hikari en section artistique, mais contrairement à celle- ci, elle n'a aucune prédisposition en ce domaine…

« A chaque fois que tu t'endors, tu oublies tout. Ta mémoire se réinitialise. » Kurumi se réveille dans un lieu inconnu, aux côtés d'une ancienne camarade de « L'enclos ». Elles ont 24 ans ; que s'est- il passé ? Un accident lui aurait causé un trouble de la mémoire. Kurumi oublie tout dès qu'elle s'endort. Mais des détails vont un jour venir la troubler au plus haut point…

Au final, un manga vraiment immersif ! Les pages se tournent toutes seules et on s'attache réellement à Kurumi. Je suis réellement troublée par cette histoire et je vais me ruer sur le tome 2, qui sort en août, pour avoir le fin mot de l'histoire !

mardi 11 juin 2024

Les Monstres du château de Bernelet, Sarah West (Autoédition, 08/2023)



 Les Monstres du château de Bernelet, Sarah West (Autoédition, 08/2023)

💓💓💓💓

Je referme ce roman et je me demande pourquoi je ne l’ai pas lu plus tôt, à sa sortie, étant donné que j’avais adoré « Le Monstre du château de Brooks », premier tome de la saga ! J’ai retrouvé avec plaisir l’univers sanglant et dérangeant de ces drôles de rois qui combattent en réservant un sort plus qu’horrible à leurs ennemis. Et Marie, princesse de Brooks ne déroge pas à la règle !

« Je ne dis plus rien, il n'a pas besoin de m'entendre en dire plus. J'ai compris ce que je devais faire. Je devrais être gênée, mais mon père sait aussi que j'adore dominer mon monde. Qu'avoir la confiance du Duc sanglant et le détruire me met dans tous mes états. Ma porte s'ouvre de nouveau et ce n'est plus mon père, mais mon nouvel objectif qui entre. » Marie a bien grandi auprès de son père adoptif, le roi de Brooks. Elle suit parfaitement son modèle ; parfaitement cruelle. La voilà chargée d’une mission. Saura-t-elle la mener, elle, qui prône tant sa liberté de mouvement ?

« - Je n'aurais jamais imaginé qu'une princesse puisse devenir une maîtresse.
- Je n'aurais jamais pensé qu'une femme aussi laide que toi puisse devenir reine, cela montre que tout peut arriver. »
Marie s’incruste aisément dans la vie du roi de Bernelet, même si cela déplaît à sa reine, Cynthia. Des événements inattendus vont pourtant mettre en péril sa mission.

« - Elle est la princesse de Brooks, elle est la fille de Catherine, princesse de Strones, elle est la mère de tes enfants, roi de Bernelet et toi tu es marié avec la fille de Calimy. Je te le rappelle juste au cas où tu l'aurais oublié cher cousin. » Des trahisons vont naître au sein des Sept royaumes, et chacun devra assurer sa place. Marie ne sera pas au bout de ses peines.

Au final, un deuxième tome mené tambour battant. J’ai adoré retrouver cette ambiance à la « Kaamelott » sauce dark romance. Le personnage de Marie est excellent, dans la ligne droite de Damian, son père. Mon seul regret demeure dans l’incompétence de la correctrice de ce texte ; les fautes, trop nombreuses, empêchent le texte d’être fluide. 

samedi 8 juin 2024

Divines rivalités, Rebecca Ross (De Saxus, 05/2024)


 

Divines rivalités, Rebecca Ross (De Saxus, 05/2024)

💙💙💙

Cap sur un univers purement fictionnel, dans lequel deux dieux se font la guerre en utilisant des humains sur les champs de bataille. Au cœur de ce combat, Iris, et Roman, deux jeunes journalistes issus deux univers opposés, qui se sont engagés pour des raisons bien différentes.

« Au total, il existait jadis une centaine de dieux, dont les différents pouvoirs étaient répartis à travers le firmament, la terre et l'eau. Mais au fil du temps, ils s'étaient entretués un par un, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que cinq. Et ces cinq- là avaient été vaincus par les humains, puis offerts comme trophées aux districts de Cambria. » Iris est une jeune chroniqueuse qui espère obtenir un poste durable dans l’un des deux principaux journaux de sa région.

« Elle était presque endormie lorsqu'elle entendit un bruit. Un froissement de papier.
Iris se redressa, sourcils froncés.
Elle regarda la garde- robe. Il y avait une feuille à terre. »
Iris découvre que la machine à écrire que lui a léguée sa grand- mère possède des pouvoirs magiques. Elle en profite pour envoyer des messages à son frère, Foster, parti se battre sur le front. Mais est- ce vraiment lui qui les reçoit ?

« Je pense que chacun de nous porte une armure. Je pense que ceux qui ne le font pas sont des imbéciles qui risquent d'être blessés à tout instant par les bords tranchants du monde. Mais si j'ai appris une chose de ces imbéciles, c'est qu'être vulnérable est une force que redoutent la plupart d'entre nous. » Iris, pour des raisons qui lui appartiennent et que je ne dévoilerai pas, va se retrouver à son tour sur le champ de bataille. Ce petit bout de femme, bien plus forte qu’il ne paraît, va se révéler sur le terrain.

Au final, un univers original, entre fantasy et récit proche de ceux de la Première Guerre mondiale. Les personnages d’Iris et de Roman sont bien construits, et on suit avec attention les événements qui vont mener à leur entente. Mais j’ai trouvé le récit peu captivant. Le côté « magique » est peu présent et il y a visiblement des soucis de traduction qui font qu’on ne peut pas accéder à la touche littéraire de l’auteure. 

lundi 27 mai 2024

Amytiville Psycho, Greg Hocfell (Elixyria, 03/2024)



 Amytiville Psycho, Greg Hocfell (Elixyria, 03/2024)

💟💟💟💟💟

Je me suis lancée dans cette lecture « à l’aveugle » ; j’avais quelques souvenirs de l’affaire d’Amytiville et de l’adaptation cinématographique qui en avait été réalisée. Mais je voulais me laisser surprendre par Greg Hocfell, en qui j’avais toute confiance, pour m’entraîner dans une version « de travers » captivante !

« "La voix" ne dormait pas. Jamais. Elle ne faisait que se taire.
Il arrivait à papa d'ouvrir la bouche, puis "la voix" de se faire sienne. »
26 mai 1974. Un père de famille se prépare à vivre une belle journée en compagnie de sa femme et de ses deux enfants dans la maison qu’ils viennent d’acquérir. Mais quelque chose ne tourne pas rond dans ce lieu étrange qui semble épier ses occupants….

« C'en avait été trop de ce trou noir sous ce fichu lit. Il revenait s'ouvrir telle une tumeur maligne. » Et puis il y a P’tit Chef, qui vit dans son monde imaginaire mais nourrit de belles terreurs nocturnes. Qui saura le rassurer ? Le protéger ? Son père semble dépassé par les événements, entre les coins sombres de la demeure que représentent la cave et le hangar à bateau, et la machine à écrire – machine à scolopendres, une antiquité trouvée dans d’un vide- grenier.  

Au final, aucune déception ! L’auteur m’a encore une fois menée par le bout du nez ; me menant entre éléments d’enquête véridiques et purs fruits de son imagination. L’écriture est volatile, baladant son lecteur dans des méandres psycho- pathologiques sans repères spatio- temporels.  J’ai dévoré ce court roman en une après- midi ; me questionnant sans cesse sur ce qui pouvait faire partie de l’histoire vraie et ce qui provenait de l’imaginaire de l’écrivain. Bluffant !  

dimanche 26 mai 2024

Veux- tu être mon +1 ? Tamara Balliana (Hugo, 05/2024)


 

Veux- tu être mon +1 ? Tamara Balliana (Hugo, 05/2024)

🎊🎊🎊🎊

Alors que ce mois de mai s’annonçait gris et pluvieux, ma libraire m’a vivement conseillé une romance à la couverture ensoleillée. J’ai donc plongé dans cette comédie romantique légère et souriante et d’actualité puisqu’il y est question de la saison des mariages et de la difficulté d’y être invité lorsqu’on n’est pas accompagné. Alors, « mariage pluvieux, mariage heureux » ?

« J'ai l'impression d'être dans une situation à la "Friends" où l'un des deux affirme qu'ils sont séparés, quand l'autre estime que c'est juste une pause. » Colyne, qui a toujours été allergique aux mariages, décide de quitter Vivien juste au moment où celui- ci lui fait sa demande, au mariage de sa sœur, devant 200 personnes et le genou à terre. Mais quitter un homme avec lequel on vit depuis deux ans implique de se réinventer une nouvelle vie. C’est donc à la recherche d’un nouveau logement qu’elle va rencontrer Alex, qui cherche une colocataire.

« Nous sonnons, et après quelques minutes d'attente, la porte s'ouvre sur un homme (jusque- là pas de surprise), bien trop beau pour être honnête. » Quelle n’est pas la surprise de Colyne lorsqu’elle visite la colocation ; comment un homme aussi beau peut- il être célibataire ? Les rumeurs qui vont lui parvenir vont lui donner un brin d’explications : Alex est un fêtard et un incorrigible coureur de jupons !

« Tu n'es plus à deux ou trois mariages près, alors ! Je suis d'excellente compagnie lors des cérémonies, tu sais. Tu devrais m'emmener avec toi à chaque fois et moi, je t'emmène aux miens. » Nos colocataires vont profiter de leur bonne entente pour se soutenir lors des célébrations familiales durant lesquelles on leur reproche incessamment leur statut de célibataire. Et de fil en aiguille…

Au final, une romance qui réchauffe le cœur. L’écriture de Tamara Balliana est fluide, captivante et ses piques d’humour m’ont fait sourire plus d’une fois. Une lecture – doudou, pleine de bons sentiments et qui fait du bien au moral. 

samedi 18 mai 2024

Sur scène, Carène Ponte (Fleuve éditions, 04/2024)



Sur scène, Carène Ponte (Fleuve éditions, 04/2024)

💜💜💜💜💜

Carène Ponte sait toujours bien amener et traiter les sujets sensibles grâce à une petite touche d’humour qui lui est propre et qui marche à chaque coup. Ce road- trip est construit sur le désir d’une quadragénaire de réaliser son rêve d’adolescence : chanter à Broadway. Et pour l’accompagner, qui de mieux que sa meilleure amie ? Sauf que Lola est une multi- phobique, qui vit enfermée chez elle…

« Comment le mot "dissertation" pourrait- il rivaliser avec "chômage" ou, pire, "licenciement" ? On reprendrait presque un peu de peur des épinards pour la peine. » Il y a des mots qui nous font mal aux oreilles, à tout âge. Mais quand viennent ceux qui ont un rapport avec la maladie, et pire encore, la fin de vie, on préfèrerait ne plus rien entendre. Ginger s’en rend compte avec douleur lorsqu’on lui annonce une récidive de son cancer.

« Je vis avec la peur, l'anxiété, les phobies depuis tant d'années que j'hésite parfois à leur dresser un couvert quand je m'installe pour dîner. » La meilleure amie de Ginger, Lola, vit comme une recluse. Traductrice de romans à domicile, elle mesure ses journées à coup d’unités d’angoisse et évite toute relation sociale. Ginger est une exception dans sa vie ultra- mesurée. Et c’est bien pour cette unique raison qu’elle va oser passer outre ses nombreuses phobies et la suivre jusqu’aux Etats- Unis.

« Aimer, c'est peut- être accepter de souffrir. Mais ne pas aimer, c'est mourir. » Les deux amies, une fois sur le sol américain, vont avoir à se soutenir l’une l’autre. Et de belles rencontres vont les aider à faire de ce séjour une étape inoubliable de leur vie.

Au final, une lecture avec ascenseur émotionnel inclus. Carène Ponte manie très bien le passage du rire aux larmes. J’ai été une nouvelle fois conquise par sa plume. Lola et Ginger sont rapidement devenues comme des amies pour moi et je regrette déjà de les avoir quittées !

jeudi 16 mai 2024

Le sang des sauvages, tome 2 : Le prix d’Alcibiade, Farah Anah (Black Ink, 11/2018)


 

Le sang des sauvages, tome 2 : Le prix d’Alcibiade, Farah Anah (Black Ink, 11/2018)

💙💙💙💙

Le tome 1 de cette saga avait été un choc pour moi ! La confrontation de « Sauvages » et de citadins habitant la ville de Célestia était ponctuée d’actes de barbarie d’une violence que l’on ne trouve que dans les thrillers. Et pourtant, l’auteure réalisait la prouesse de faire naître des sentiments intenses entre Sanaé, Célestienne, et Leith, commandant des troupes de Draone, mais surtout beaucoup d’émotions contradictoires chez moi, lectrice.

« - Ce que je suis devenu n'a rien à voir avec lui, ce sont les déboires de ma vie, les pertes se succédant, ton abandon et la folie de mon père qui m'ont transformé. » Sanaé revient à Célestia, ses convictions profondément ébranlées par ce qu’elle a découvert chez les « Sauvages ». Elle est déterminée à percer les secrets de la cité qui la vue grandir, notamment ceux de Mélodias, le monarque au passé obscur. Ses retrouvailles avec Séon, son frère de cœur, vont éclairer sa lanterne, tout en lui apportant bien des contrariétés…

« En cet instant, éreintée par nos confrontations, je ne désire qu'une chose et je la prends ; mon corps s'élance vers celui de Leith pour s'y blottir, l'enserrant étroitement. S'il est d'abord surpris, ses bras m'élancent à leur tour. » Et puis Sanaé retrouve Leith. Et Leith retrouve Sanaé, bien changée. Il faut avoir lu les deux tomes pour comprendre l’osmose de leur relation inédite, voire contre- nature à Alcibiade, et pour vivre avec eux les sentiments qui les unissent, plus forts que tout ; la nature, les lois, les valeurs morales.

Au final, un second tome dans la lignée du premier. La noirceur de l’Homme est très bien illustrée, sa propension à vouloir être plus fort que l’autre, quel qu’il soit. La psychologie des personnages est très bien travaillée pour des êtres évoluant dans un monde de fantasy. Bref, je recommande vivement cette duologie. De mon côté, je vais lire le spin – off de cette saga très prochainement. 

jeudi 9 mai 2024

Plein ciel, Siècle Vaelban (Bigbang, 02/2024)


 

Plein ciel, Siècle Vaelban (Bigbang, 02/2024)

🎵🎵🎵

Comment passer à côté de « Plein ciel » en ce printemps 2024 ? Ce roman occupe les étalages des librairies comme les comptes Instagram des influenceuses littéraires en vue. Mes copines le lisent, mes élèves le lisent, alors moi aussi j’ai eu envie de découvrir l’univers de l’île de la Nébuleuse et de toquer à la porte de l’opéra « Plein ciel ».

« Des dizaines de rubans lui sautèrent à la gorge, se lovèrent autour de son cou, coulèrent jusqu'à ses bras d'albâtre, dissimulant la chair pâle et la robe grise sous un déluge sauvage et bariolé. Ivoire s'affala dans son crapaud, laissant les rubans se promener à leur guise. Libérer son don lui permettrait d'y voir plus clair. En plus de quoi, ses croquignolets avaient été enfermés toute la journée d'hier. Elle avait beau savoir qu'ils n'en ressentaient nulle affliction, la perspective de les garder en cage lui nouait les entrailles. » Nous suivons ici le personnage d’Ivoire, jeune fille ayant le don de dompter les rubans. Cette habileté lui a permis d’entrer dans un atelier de couture, celui du fantasque Démesure.

« Nous allons mourir de ce poème. Plein- Ciel ne se conteste pas, en aucune façon. » Ivoire, qui avait été écartée de la vie sociale des Masques, du fait de particularités physiques, est ravie de pouvoir intégrer l’opéra « Plein ciel » pour broder les costumes des artistes qui s’y produisent chaque soir sur scène. Mais très vite, elle se rend compte qu’une rébellion face à l’ordre établi est en train de se préparer.

« La peur nous colle aux basques, ma vieille, on ne peut même plus manger des prunes en paix. Le Chant - des- Oiseaux nous traque jusque dans les fourneaux ! » Alors que les actes des rebelles ont commencé à se multiplier, la répression des dirigeants s’avère particulièrement cruelle et injuste. Ivoire saura-t-elle prendre les bonnes décisions quant à l’utilisation de son talent pour sauver ceux qu’elle aime ?

Au final, j’ai bien aimé pour la plume, les métaphores originales et l’univers foisonnant créé par l’auteure. Toutefois, j’avoue avoir eu bien du mal à me situer au milieu des personnages et même au sein – même de l’opéra. J’ai souvent eu l’impression d’être restée à la porte d’entrée et de regarder de loin tout ce petit monde grouiller d’activité à travers la vitre d’une fenêtre. Une lecture et une autrice à découvrir pour leur originalité. 

dimanche 28 avril 2024

Le jour où tu as fait renaître mon cœur de cendres, Christelle Muller (Auto- édition, 07/2020)


 

Le jour où tu as fait renaître mon cœur de cendres, Christelle Muller (Auto- édition, 07/2020)

🔥🔥🔥🔥🔥

C’est le troisième roman de Christelle Muller que je lis, et comme les fois précédentes, je suis tombée sous le charme de son écriture, de son histoire et de ses personnages.

« Un jour, une fille a cru qu'elle pourrait le sauver. Elle s'est heurtée à la terrible évidence : on ne peut rien faire avec des cendres. Elle en a souffert, pas lui. » Matthieu est pompier professionnel. Sa vie a été brisée le jour où l’amour de sa vie a péri brutalement, et par sa faute, il en est persuadé. Depuis, il cherche sa rédemption

« Rien ne semble la décourager. Comme rien ne semble entacher sa bonne humeur. Elle arbore en permanence une sorte de petit sourire heureux. » Julie, maladroite de naissance, fait régulièrement appel aux pompiers. Son petit- ami, Dimitri, en est d’ailleurs agacé. Heureusement, son amie Chelsea est là pour la réconforter à chaque coup dur. Mais voilà qu’un des pompiers de service, Matt, va lui porter secours plus d’une fois…

Au final, j’ai adoré cette romance mettant en scène deux personnages à la recherche d’une seconde chance sentimentale. Je me suis énormément attachée à Julie et Matt, avec leur personnalité, faite de forces et de faiblesses. Et puis j’ai vraiment aimé recroiser Nick et Elvis ! Une bien belle histoire !

Le Médecin malgré lui, Molière (1666)


 

Le Médecin malgré lui, Molière (1666)

💟💟💟💟

Une pièce courte parfaite pour entrer dans l’œuvre de Molière. On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait sa renommée : les coups de bâton, la satire de la médecine de l’époque, et l’utilisation pertinente de la ruse, l’arme des plus simples pour se jouer des bourgeois.

« Peste soit le coquin de battre ainsi sa femme. » La pièce s’ouvre sur une dispute entre un mari et sa femme. Très vite, les coups de bâton pleuvent sur la pauvre épouse. Alors qu’un voisin intervient, le couple l’envoie promener vertement ! Stupéfaction. Rires !

« Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d'un mari. Mais c'est une punition trop délicate pour mon pendard : je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir, et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue. » Le vocabulaire fleuri de Molière est un régal à chaque réplique !

Au final, une pièce aux multiples rebondissements, qui fait réfléchir aux relations entre les personnages, et qui fait rire grâce à plusieurs quiproquos.

lundi 22 avril 2024

Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)


 

Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)

💭💭💭

Le dernier roman d’Aurélie Valognes m’a donné très envie de me replonger dans l’œuvre d’Annie Ernaux, plusieurs fois citée. J’ai choisi une œuvre d’adolescence, un récit d’à peine 150 pages, qui dévoile une fois encore la conscience éclairée de la romancière, qui sentait depuis l’enfance qu’elle n’appartenait pas au monde social de ses parents.

« J'ai pensé qu'elle avait changé depuis qu'elle avait quitté le travail à l'usine textile, ça doit être ça le progrès social, l'ordre, dommage qu'il n'y ait pas eu de progrès dans sa conversation. » Anne, double d’Annie, observe énormément sa mère, seul modèle féminin à sa disposition immédiate. Tout en elle la rebute, malgré leur proximité. Dans le regard de l’adolescente, il y a déjà deux figures féminines : celui de la mère et celui de la femme. La première la rassure tout en l’agaçant, mais la deuxième la dégoûte. Une dichotomie difficile à assumer…

« N'ont que leur certificat d'études mais mille fois plus chiants là- dessus que les parents de Céline, ingénieurs, quelque chose comme ça, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas besoin de hurler, ils sont l'exemple vivant de la réussite, tandis que les miens qui sont ouvriers, il faut que je sois ce qu'ils disent, pas ce qu'ils sont. » Anne ne sera pas comme ses parents ; ouvrière à 14 ans. Les professeurs lui ont trouvé des capacités à poursuivre ses études, et en ce mois de juillet, la voilà qui se « repose » du B.E.P.C., en attente d’intégrer un lycée.

« S'il y avait eu un autre moyen pour connaître des garçons intéressants, je m'en serais bien passée de l'amitié. » Il fait chaud durant cet été- là, et Anne, comme quelques- unes de ses amies, a envie de découvrir le corps d’un garçon, de vivre les émotions exprimées à demi- mots dans « Femmes d’aujourd’hui ».

Au final, un récit d’autofiction fidèle au style d’écriture d’Annie Ernaux. Phrases courtes, non verbales ; idées lancées comme elles viennent. Et malgré tout, un rythme. Mais ce texte manque clairement de maturité et se montre répétitif. Pas le meilleure de l’auteure, mais à lire pour avoir une vision plus globale de l’œuvre littéraire de notre Prix Nobel 2022.