lundi 2 décembre 2024

Seule la mort attend la vilaine, tome 1, Suol (Kotoon, 01/2023)


 

Seule la mort attend la vilaine, tome 1, Suol (Kotoon, 01/2023)

😓😓

Voilà un genre littéraire que je ne connaissais pas encore, le « webtoon », terme coréen qui désigne des bandes dessinées initialement publiées en ligne. J’ai choisi ce titre en particulier suite à l’engouement actuel pour le tome 6 de la saga qui sort cette semaine. Mais le fait que cette histoire soit liée aux jeux vidéo a peut- être été un mauvais choix pour moi, étant donné que je n’ai jamais aimé ça. En tout cas, je peux dire que je n’ai pas été emballée par cette lecture…

« C'est mieux que ce que je pensais... Le système est original, et le jeu est très bien structuré. En plus... on dirait mon histoire. » L’héroïne (dont on ignore le prénom) est une jeune femme qui, un matin, se réveille dans la peau du personnage principal d’un jeu de console auquel elle est en train de devenir addicte, « L’opération séduction de la demoiselle ». Il s’agit d’un harem inversé dans lequel Pénélope, fille adoptive du duc Eckhart, doit marquer des points pour séduite plusieurs prétendants. Chaque faux pas entraîne sa mort.  Et la jeune fille du réel doit donc, de son côté, recommencer la partie…

« J'ai été trop occupée à mourir pour me souvenir des détails de ma rencontre avec le prince héritier. » Mais voilà que le réel et le virtuel se mélangent. Les deux personnages ne sont plus qu’une, avec les connaissances des tactiques de jeu à réinvestir de manière rétroactive pour permettre à Pénélope de vivre le plus longtemps possible.

Au final, j’ai été désarçonnée par le début du livre, entre les répétitions et les réponses prédéfinies, c’était une lecture inhabituelle pour moi. Et puis cette mise en abyme entre le personnage réel et le personnage fictif m’a laissée sur ma faim ; regrettant les répétitions de propos et l’absence d’éléments permettant de comprendre tous les tenants de l’intrigue : d’où viennent- elles, ces deux jeunes filles ? Pourquoi dit-on qu’elles ont été maltraitées ? Et enfin, pourquoi ce phénomène d’incarnation virtuelle se met- il en place ? 

Bigoudis et petites enquêtes, tome 2 : Panique aux pompes funèbres, Naëlle Charles (Archipel, 10/2022)


 

Bigoudis et petites enquêtes, tome 2 : Panique aux pompes funèbres, Naëlle Charles (Archipel, 10/2022)

💗💗💗💗💗

Le premier tome des enquêtes de Léopoldine Courtecuisse m’avait énormément plu et j’ai été ravie de retrouver la plume dynamique et humoristique de Naëlle Charles dans cette suite ! Nous revoilà à Wahlbourg, aux côtés de notre coiffeuse préférée pour dénouer un double mystère : la disparition de Manon, collégienne, puis le meurtre de père de celle- ci, qui n’est autre que le croque- mort du patelin.

« La situation est grave. On peut ne pas apprécier ces gens, mais il n'en reste pas moins qu'une gamine de quatorze ans est dans la nature et Dieu sait ce qui pourrait lui arriver. » Un matin, Oscar et Claudia Gaunier se présentent au salon de coiffure de Léopoldine pour lui demander de l’aide : leur fille, adolescente, a disparu et la gendarmerie refuse de s’en occuper. Il faut dire que ce type, surnommé « l’escroque- mort » ne fait pas l’unanimité à Wahlbourg…

« Quoi ? Oh mais elle va se calmer tout de suite, Fantômette ! Sinon je vais lui servir une remontrance "made in Delval" qui va lui défriser le brushing ! » Notre lieutenant Delval va encore une fois s’agacer de voir Léopoldine s’emparer de l’enquête et fouiner un peu partout. Mais très vite, il va se rendre compte que sans son amie, il lui est impossible de débusquer les secrets des locaux.

« Si je comprends bien, ta brigade, c'est comme la famille Fillon. Y a que maman qui bosse et les autres, ce sont des emplois fictifs ! » Dans ce second tome, le rôle de Léopoldine prend de l’ampleur, d’autant plus que la gendarmerie se trouve en sous- effectif, et que les brigadiers restants sont loin d’être des « foudres de guerre » !!!

Au final, une lecture amusante et captivante ! J’aime beaucoup les prises de bec entre Léopoldine et Quentin Delval ! Mention spéciale à Tom Courtecuisse et ses répliques hilarantes !!!! 

dimanche 1 décembre 2024

Le goût des fraises, Tome 4, Irono (Kurokawa, 10/2024)

 



Le goût des fraises, Tome 4, Irono (Kurokawa, 10/2024)

🍓🍓🍓🍓🍓

Un quatrième et ultime tome à l’image de la saga : sensible et pudique. Sara et Minori se sont enfin mis en couple, malgré leur différence d’âge et les nombreux a priori. Mais voilà que leur avenir s’annonce tourmenté : le grand- père de Sara a décidé de prendre sa retraite, et donc, de ne plus s’occuper de sa production de fraises !

« Je ne suis pas sûre de mes sentiments. Aucune de mes relations n'a duré longtemps alors que j'étais persuadée d'être amoureuse... Et tout ce qui reste à la fin, c'est de la rancœur... » Le récit s’ouvre sur une journée à la plage entre Sara, Minori, Kaoruko et Atsushi, qui se tournent autour sans oser s’avouer leurs sentiments. Les deux principaux protagonistes vont tenter de favoriser leur rapprochement…

« Notre conversation m'a permis de mettre de l'ordre dans mes sentiments. J'étais tiraillée... Mais au fond de moi, je connaissais déjà la réponse. » Après l’annonce de son grand- père de se retirer de la production de fraises, circonstance qui lui a permis de rencontrer Minori, étant donné qu’il exerce le même métier, Sara, qui se destine à l’enseignement, a envie de tout plaquer pour reprendre sa suite. Mais comment le faire accepter à son entourage ?

« Tu as bien entendu. C'est une demande en mariage. » Et puis voilà, on l’attendait : Minori demande Sara en mariage. La clé à toutes les préoccupations de la jeune femme ?

Au final, un dernier tome qui clôt parfaitement la saga. Un petit bonbon romantique, au bon goût de fraises !

samedi 30 novembre 2024

Le Baiser du Corbeau, Violette Subros (Elixyria, 10/2024)


 

Le Baiser du Corbeau, Violette Subros (Elixyria, 10/2024)

💖💖💖💖💖

Vous aimez le thriller ? Vous aimez la romance ? Si comme moi, vous aimez ces deux genres, n’hésitez pas à vous lancer dans la lecture du « Baiser du Corbeau » qui lie avec brio les deux genres, avec une intrigue particulièrement fouillée, entre légendes ancestrales, expertise psycho- criminologique et secrets de famille.

« Une dernière bulle éclot à la surface du lac, juste au- dessus de ma tête, alors que la vie m'échappe. Je peux presque l'imaginer, ce simple "blop", suivi par un silence de mort tout juste troublé par le croassement d'un corbeau.
Mon ultime pensée. »
Le récit s’ouvre sur une scène de noyade terrible. L’auteure distille des indices sur le côté glauque de ce drame. Il faudra tourner les pages pour comprendre les tenants et aboutissements de ce crime ; et autant vous le dire : accrochez- vous !

« Parfois, j'aimerais être un vrai corbeau. La vie serait sans doute plus facile. » Le récit alterne les points de vue entre Erine, jeune française venue se réfugier sur les terres britanniques de ses ancêtres, et Miles, un enquêteur du MET de Londres muté à Stonewood pour d’obscures raisons. Leur point commun ? Cet oiseau au plumes noires réputé si intelligent. En effet, Erine est surnommée « Crow » du fait de ses cheveux de jais, et Eyes, est le volatile compagnon de Miles depuis des années.

« A mi-chemin entre "ce meurtrier qui est un putain de psychopathe trop doué pour être vrai" et "Samain existe, il pousse des hommes à tuer pour lui, et veille toujours sur ses disciples". Voilà où je veux en venir. » Les meurtres se succèdent, tous plus glauques les uns que les autres, et des phénomènes surnaturels apparaissent : nuages de chauve- souris, attaque de rats et d’araignées. Et si le Mal était à l’origine de ces sacrifices macabres, à la veille d’Halloween ? Erine et Miles vont avoir à cœur de découvrir la vérité, fusse-t-elle réelle ou légendaire. Et à côtoyer le danger côte à côte, forcément, on se rapproche…

Au final, un roman foisonnant qui propose des personnages très attachants, à la personnalité complexe du fait de fêlures d’enfance profondes. J’ai aimé voir leurs fragilités se confronter puis se transformer en force pour comprendre ce qui se déroulait vraiment à Stonehood. L’auteure a dû faire de profondes recherches sur les légendes celtiques ainsi que sur l’étude de la criminologie pour donner toute sa crédibilité à cette enquête surprenante, pleine de retournements de situation. Seul l’épilogue vous libérera de la tension accumulée au fil des pages !

mercredi 20 novembre 2024

Tout ce que je voulais, c’était courir, Anaïs Quemener (Flammarion, 04/2024)


 

Tout ce que je voulais, c’était courir,  Anaïs Quemener (Flammarion, 04/2024)

💘💘💘💘💘

Lire ce témoignage était pour moi une évidence, car tout comme Anaïs Quemener, j’éprouve une réelle passion pour le marathon. Bien sûr, je suis très loin d’avoir son niveau, et j’ai la chance de ne jamais avoir à lutter contre un cancer, mais je me suis retrouvée dans l’expression de son attachement à cette distance exigeante.

« Courir est toujours un moment de joie. D'ordinaire, l'effort me galvanise et décuple mes sens. J'assimile mon environnement avec plus d'intensité. L'air que je respire. L'odeur des fleurs qui varie en fonction des saisons. » Anaïs a découvert la course très tôt, grâce à un père et un grand-père eux-mêmes coureurs. Le cross du Courrier de l’Ouest est même une institution familiale : tout le monde y participe ! En grandissant, courir va devenir aussi vital que respirer, et viser la première place va être un challenge sans cesse renouvelé.

« J'ai entendu "chimiothérapie", "radiothérapie" ou encore "mastectomie", des mots familiers pour l'aide- soignante que je suis mais qui, je le pensais, ne me concernerait jamais si directement. » Anaïs est devenue aide- soignante, et c’est en faisant part d’une grosseur à un médecin de son service qu’elle va découvrir qu’elle porte, à l’âge de 24 ans, une tumeur au sein. Ses projets sportifs vont en prendre un coup. Mais malgré les avis négatifs, elle va continuer à courir, coûte que coûte.

« Je venais de découvrir ma discipline, j'en étais sûre, une passion qui allait m'animer pour un paquet d'années. J'ai tout de suite aimé cette part d'inconnue, de jeu, voir les kilomètres défiler et ne pas savoir si l'allure et le corps vont tenir jusqu'au bout. » Anaïs a goûté au marathon et, une fois sortie d’affaire niveau santé, elle va tout faire pour retrouver son niveau, et même convoiter les Championnats de France de la distance, qu’elle va remporter en 2016.  

Au final, un récit sensible, limpide et motivant. Anaïs montre qu’avec obstination et rêves plein la tête, on peut déplacer des montagnes et atteindre des objectifs qui peuvent sembler exagérés ou irresponsables pour la plupart d’entre nous. J’espère deux choses : qu’elle atteindra les minimas pour se présenter aux prochains Jeux olympiques, et la rencontrer un jour…

lundi 18 novembre 2024

J’aurais aimé te tuer, Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2023)



 J’aurais aimé te tuer, Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2023)

💓💓💓💓

Enchantée par ma découverte de cette auteure de roman policier, j’ai eu très envie de lire un autre de ses opus. Quelle histoire encore une fois !!! Je l’ai lue en une journée, complètement happée par le déroulement de cette enquête incroyable, qui prend naissance lorsqu’une jeune femme se rend au commissariat de Versailles pour s’accuser du meurtre d’un homme.

« Je contemple la monture de tes lunettes se tordre sous les flammes. Je jubile. Un dernier petit bout de toi qui s'envole... » Le récit s’ouvre sur un acte criminel saupoudré de vengeance : un corps est brûlé sur un bûcher. Laura Turrel s’accuse du meurtre. Qui est la victime ? Pourquoi cette jeune femme si douce en est arrivée à une telle extrémité ? Le commandant Damien Deguire est prêt à tout pour le découvrir.

« Cette jeune femme avait commis le crime parfait. Elle évoquait la légitime défense, mais la suite des événements qu'elle décrivait laissait penser à un meurtre avec préméditation. » Damien Deguire refuse de croire aux facilités des premières constations de l’enquête. Son flair de flic lui indique que quelque chose de plus grave n’attend qu’un coup de pouce pour être dévoilé…

Au final, une lecture complètement addictive ! Le personnage de Laure Turrel est perturbant à souhait. Je me suis agacée avec Damien Deguire devant les lenteurs des diverses procédures judiciaires, et même si j’ai soupçonné quelques éléments de l’enquête, je n’avais pas vu arriver sa conclusion. Et cette fin !!!!! Quelle dinguerie !!!!

dimanche 17 novembre 2024

Nettle and Bone : comment tuer un prince, T. Kingfischer (Verso, 11/2024)


 

Nettle and Bone : comment tuer un prince, T. Kingfischer (Verso, 11/2024)

💛💛💛💛

En me lançant dans la lecture de ce roman, je savais pertinemment que j’allais sortir de ma zone de confort ; de la fantasy façon conte de fée… J’avoue préférer les récits ancrés dans la vie réelle. Mais ce sous- titre « Comment tuer un prince » a attiré mon attention, et l’épigraphe a achevé de me décider à le lire : « Ce livre est dédié à ces oiseaux rares que sont les poules fortes et indépendantes » !

« La compréhension se répandit en elle comme du sang imbibe un bandage. Le prince Vorling avait choisi un royaume minuscule et vulnérable, incapable de se défendre. Il l'avait choisi délibérément. Il avait épousé les princesses du Royaume du Port en sachant qu'il pourrait les tourmenter à sa guise et qu'elles devraient accepter tout ce qu'il leur ferait subir, si elles voulaient assurer la sécurité de leur peuple. » Marra est la troisième fille du Royaume du Port. Ses deux sœurs aînées ont dû épouser le prince du Royaume du Nord pour protéger le territoire familial. L’aînée est morte mystérieusement et la cadette n’en mène pas large, épuisée par des grossesses qui n’aboutissent pas au sacro- saint héritier mâle.  

« Elles n'étaient pas des hommes et l'histoire du monde s'écrivait dans l'utérus des femmes en lettres de sang. » Marra, un peu « simplette » mais pas tant que ça, a préféré suivre le chemin de la foi et a intégré un couvent dans l’objectif de devenir nonne. Mais une quête prend forme dans son esprit : aller tuer le prince Vorling pour libérer sa sœur de sa maltraitance.

« En réalité, je ne suis pas tout à fait sûre qu'il ait été fabriqué. Certaines choses naissent quand il devient inévitable qu'elles existent. » Marra va se lancer dans une quête initiatique sans pareille ; après avoir rencontré une « dame poussière », elle va réussir à réaliser une cape en ortie et un chien en os, s’allier à un soldat maudit, une marraine loufoque, une poule habitée par un démon et un poussin – guide. Marra, petite jeune femme au cœur pur va se lancer dans une aventure incroyable, superbement humaine dans un monde régi par la magie.

Au final, un roman qui m’a bien plu par ses aspects ironiques ! Le personnage de Marra fait d’elle une « simplette » mais son amour d’autrui, cette empathie incroyable dont elle est dotée dans un monde fantasmagorique tellement dur, font qu’on ne peut que s’attacher à elle. Une belle histoire, et je pense, une auteure américaine dont il faudra suivre les traductions…  

samedi 16 novembre 2024

Quand tu ouvriras les yeux, Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2023)


 

Quand tu ouvriras les yeux, Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2023)

J’avoue – honteusement – que je ne connaissais pas Pétronille Rostagnat avant de la rencontrer au salon Lisle Noir de cette année. Nous avons commencé à échanger et le courant est immédiatement passé entre nous, et j’ai, immédiatement, eu envie de découvrir son univers. Mais quel kiff ! Une histoire très actuelle et parfaitement mise en scène.

« Les manuels scolaires n'indiquent pas la marche à suivre pour se débarrasser d'un corps ! Et à qui faire confiance dans ce genre de situation ? Elle voyait encore l'affolement dans les yeux de sa mère lorsqu'elle avait franchi la porte de l'appartement. Devait- elle aller la rejoindre pour lui prêter main forte ? » Marion, mère dépressive depuis son divorce, tombe de haut le soir où sa fille de seize ans rentre couverte de sang. Celle- ci affirme avoir tué un homme en cas de légitime défense. Elle demande à sa mère d’aller cacher le corps.

« Avec nostalgie, elle se revit enceinte, confiante en l'avenir, rêvant de mille choses pour ce petit être qui grandissait en elle. Depuis, son ange avait tué un homme... » Marion fait tout pour protéger sa fille, même si des éléments vont venir troubler ses certitudes.

« Pourquoi jouait-elle sans cesse avec le feu ? Par besoin d'adrénaline ? De se différencier de sa mère ? Une revanche sur la vie après une année difficile au collège ? Romane n'avait pas la réponse. Sa seule certitude était sa soif de liberté. Être perçue comme une femme indépendante, forte, belle, désirable était devenu sa came. » Romane va mettre ses parents en difficulté bien malgré elle. Mais l’aplomb dont elle fait preuve est stupéfiant. Seule Pauline Carel, avocate un peu spéciale, saura remettre les choses à leur juste place.  

Au final, un roman dévoré en quelques heures. Pétronille Rostagnat a spécifié « à une future fidèle lectrice » dans sa dédicace ; elle ne s’est pas trompée !

lundi 11 novembre 2024

Tata, Valérie Perrin (Albin Michel, 09/2024)


 

Tata, Valérie Perrin (Albin Michel, 09/2024)

💘💘💘💘💘

Valérie Perrin signe de nouveau un roman magistral, dont l’intrigue est captivante et rondement menée. L’écriture cinématographique de la romancière permet, de plus, au lecteur de s’immerger dans le récit, comme s’il le vivait depuis l’œil de la caméra. Et ça tombe bien, car Agnès, l’héroïne, est elle- même réalisatrice de films à succès.  

« Célibataire sans enfant, Colette est la sœur de mon père, Jean. Du jour où il est parti, elle a porté le deuil de son frère. Ça a pris tout l'espace. Tout son espace rabougri. Son corps maigre et petit, ses grands yeux noirs qui lui mangeaient le visage, sa cordonnerie, son lit, l'air qu'elle respirait. » Agnès revient sur la période de son enfance, à la suite de l’annonce du décès de sa tante, Colette. Mais celle- ci est déjà morte trois ans plus tôt… Notre héroïne revient donc à Gueugnon, dans le but d’éclaircir cet étrange mystère.

« J'ai le sentiment de ne plus avoir de désirs. D'avoir trop, tellement, mal aimé, que j'ai usé mon capital sentimental. » C’est une femme brisée qui arrive en Bourgogne. Pierre, son ami et acteur l’a quittée pour une actrice plus jeune qu’elle, et elle n’a toujours pas réussi à rebondir. Enquêter sur la double mort de sa tante va la sortir de son état dépressif, et lui permettre de découvrir bien des choses sur elle- même, sur sa propre histoire. Pour Agnès, il s’agira d’une renaissance, à défaut d’être une question de survie.

« Toute mon enfance, j'ai été l'absente des autres. Ceux de mon école ne me voyaient plus à partir du premier jour de congé, et ceux qui habitaient à Gueugnon me retrouvaient dès que la cloche avait sonné le début de leur liberté. » En revenant à Gueugnon, Agnès revient sur l’histoire de sa famille, mais aussi celle de ses amis d’enfance. Ils sont désormais adultes, ayant suivi des parcours de vie différents. Mais les voilà réunis comme si le temps n’avait rien effacé de leur amitié. Pour chacun d’eux, le retour d’Agnès est synonyme d’une page qui se tourne, et d’un avenir peut- être un petit peu plus serein.

Au final, un roman foisonnant d’autant d’histoires qu’il y a des personnages. Les allers- retours entre passé et présent permettent de comprendre comment ces liens multiples se sont construits, emmêlés, démêlés… J’ai eu l’impression de faire, moi aussi, partie de cette bande de Gueugnon. Et le personnage de cette Colette n’est pas prêt de me quitter ! 

lundi 4 novembre 2024

Destination extrême : Château de Dracula, Kim Messier (Editions de Mortagne, 11/ 2023)


 

Destination extrême : Château de Dracula, Kim Messier (Editions de Mortagne, 11/ 2023)

👻👻👻👻

Une lecture surprenante et parfaite pour Halloween ! Rendez- vous en Transylvanie, dans le château de Dracula, pour un jeu de rôles des plus tordus !

« La caméra s'éteint. Heureuse de ma performance, je m'approche de mon ordinateur et visionne la vidéo. Elle est parfaite ! Je la dépose sur la plateforme et retourne sur ma page d'accueil, un sourire aux lèvres. Cela ne fait que six mois que j'ai ouvert mon compte, et j'ai déjà des tonnes de likes, plus de deux mille abonnés officiels, et plus de cent mille dollars en banque. » Gabrielle est « cosplayer », c’est- à – dire qu’elle fabrique des costumes pour se glisser dans la peau d’héroïnes et participer à des jeux de rôle. Son objectif ? Être suivie par un maximum d’abonnés sur les réseaux sociaux pour continuer à gagner des milliers de dollars.

« En temps normal, je l'aurais repoussé violemment, mais les paroles de Samuel m'ont ébranlée. Je me demande si Jean aurait osé me toucher si je ne faisais pas de contenu érotique. Peut- être que je devrais recommencer à prendre des photos artistiques, pas juste des photos qui exposent mon corps pour attirer des hommes comme Jean sur mon compte OnlyFans. » Gabrielle est piquée au vif lorsqu’un de ses fans lui fait remarquer qu’elle passe plus de temps à faire des vidéos « osées » que de jouer vraiment un rôle. Elle va vouloir montrer qu’il se trompe en partant pour un voyage avec l’agence DATO, qui propose des séjours spécialisés en « tourisme morbide ».

« Les expériences proposées sortent de l'ordinaire. Plus je fouille le site, plus je suis fascinée, surtout lorsque je vois une offre spéciale : un jeu d'évasion immersif qui dure cinq jours dans le château de Bran - aussi appelé château de Dracula, comme il a inspiré l'œuvre éponyme de Bram Stoker - en Roumanie. » Sur place, les participants se retrouvent enfermés dans un château froid et sombre. S’ils veulent en sortir, une seule solution : jouer des scènes, trouver des indices, et retrouver la clé qui leur permettra de sortir. Mais voilà qu’un premier participant décède…

Au final, un roman au suspense incroyable ! J’ai beaucoup aimé l’ambiance gothique qui anime le château ! Le fait qu’on ait le point de vue de Gabrielle puis celui de Philippe m’a énormément plu : cette double vision des événements permet de mieux comprendre l’évolution de l’intrigue. Il faut toutefois prendre en comte qu’il s’agit d’un roman québécois et que certaines expressions ne sont pas toujours compréhensibles ! Mais j’ai passé un très bon moment de lecture « halloweenesque » !  

dimanche 3 novembre 2024

C’était mon oncle ! Yves Grevet (Syros, 10/2006)

 





C’était mon oncle ! Yves Grevet (Syros, 10/2006)

💙💙💙💙💙

Un petit roman jeunesse à mettre en toutes les mains ! Un petit trésor tant par le fond que la forme !

« - Papa, tu dois appeler le commissariat central. C'est sans doute une erreur. Un policier voulait te parler d'un certain Armand Petit qui est mort. Ce n'est pas quelqu'un de notre famille... Papa ? » Le petit Noé, 9 ans, est interloqué le soir où il décroche le téléphone en rentrant de l’école. Il cherche à se rassurer auprès de son papa quand celui- ci rentre du travail, mais peine perdue ; Armand Petit appartient bel et bien à sa famille. C’est l’oncle de Noé !

« Je me souviens qu'il était passionné de poésie. Il me donnait des livres. Il prétendait que ceux qui aiment les poètes ne se sentent jamais seuls. » Noé part à la recherche de son oncle décédé, déboussolé par le fait qu’il n’en a jamais entendu parler… Il découvre un membre de sa famille avec qui il a tant de points communs, dont celui, essentiel, d’aimer la poésie.

« Il l'avait choisie, sa vie de clochard, et sans se préoccuper de la peine qu'il causait aux gens de sa famille. » Noé va profiter des vacances pour aller séjourner chez sa grand- mère, toujours dans l’espoir d’en apprendre plus sur cet oncle qui lui ressemblait tant. Avec son meilleur ami, ils vont remonter le fil de la vie de cet inconnu, histoire de comprendre ce qui l’a mené à vivre dans la rue.

Au final, une histoire très émouvante qui traite de sujets graves : le rejet, la vie dans la rue, la différence et la solitude. L’ajout d’extraits de poèmes d’auteurs célèbres est un petit plus appréciable pour faire comprendre aux plus jeunes que la littérature peut apporter beaucoup plus qu’une évasion purement fictionnelle.

mercredi 30 octobre 2024

Hidden pictures, Jason Rekulak (Bragelonne, 09/2022)



 Hidden pictures, Jason Rekulak (Bragelonne, 09/2022)

💘💘💘💘💘

Quelle histoire fascinante ! Si vous cherchez une lecture spécial « Halloween », foncez sur ce thriller horrifique ! Vous suivrez Mallory, jeune fille sortant de cure de désintoxication, durant les premiers temps de son engagement auprès du petit Teddy, 5 ans, en tant que baby- sitter. Un petit garçon qui va s’avérer doué en dessin, voire trop doué pour son âge…

« Je sais que ça n’a rien d’extraordinaire. Je comprends bien que je ne suis pas en train de changer le monde ou de guérir le cancer, mais, après tous mes problèmes, j’ai l’impression d’avoir fait un énorme pas en avant et je suis fière de moi. » Mallory n’a que 21 ans, mais déjà un lourd passé. Un passé compliqué, une plongée dans la drogue et voilà une jeune à qui on ne ferait confiance pour rien au monde, d’autant plus pour garder son enfant. Et pourtant, Ted et Caroline Maxwell ont décidé de lui tendre la main à sa sortie de cure. Mallory sait qu’on va l’attendre au tournant, alors elle va s’investir à 200% dans sa mission.

« Ironiquement, la seule personne dans mon travail qui me pose un problème est celle qui n'existe pas : Anya. La meilleure amie imaginaire de Teddy a la sale manie de saper mon autorité. » Les Maxwell ont tout de l’apparence des familles américaines fortunées : une belle maison, des postes à responsabilités, une alimentation saine et un enfant incroyablement doué. Et pourtant, un élément va rapidement perturber Mallory ; Teddy semble discuter avec une amie imaginaire, mais cela ne s’arrête pas à une discussion. Très vite, des dessins étranges apparaissent…

Au final, un roman que j’ai dévoré en une après- midi ! J’ai adoré la présence visuelle des dessins mentionnés dans l’intrigue ! Quelle histoire incroyable quand même ! Je suis admirative devant de telles prouesses imaginaires, liant chemin de vie crédible, thriller rondement mené et intervention de manifestations fantastiques. Brillant ! 

lundi 28 octobre 2024

Carnage, tome 1, Sahay Carrot (Contre- dires éditions, 09/2024)


 

Carnage, tome 1, Sahay Carrot (Contre- dires éditions, 09/2024)

💔💔

J’aime bien la dark romance, n’en déplaise à certaines âmes bien- pensantes. Alors quand Babelio m’a proposé de lire « Carnage » de Shay Carrot que j’avais déjà vu passer sur des Boosta anglophones, j’ai sauté de joie ! Malheureusement, j’ai très vite déchanté…

« - Rends- toi à l'évidence, Ayreen. La robe fait vulgaire sur toi, tu n'as rien de classe. Ton corps est une honte à notre famille. Je représente l'élégance à travers le monde entier, tandis que toi, tu ressembles à une potiche de téléréalité. » Ayreen (quel prénom, déjà…) est une jeune fille riche qui n’est née que pour servir les desseins de puissance de ses parents. Vendue au fils du vice- président des USA, elle n’a aucune liberté de mouvement, de raisonnement, aucune envie, aucune passion.

« Imperturbable face à ce que je m'apprête à effectuer, je fais craquer ma nuque et enfile mon masque de Purgeur avant de rabattre la capuche de ma veste sur ma tête. Les néons de l'objet se mettent à briller dans la pénombre du hangar. Les LED devant mes yeux et ma bouche les illuminent, me donnant une allure horrifique. » Adriano est rentré dans le gang des DS- 13 à l’âge de dix ans. Il vit, avec ses hommes, au fur et à mesure des contrats frauduleux qui lui sont proposés. Sa rencontre avec Ayreen est forcément un accident de parcours.

« Le danger m'attire. Vivre comme je l'entends également. Au diable les règles de bienséance. » Ayreen, à 21 ans, enfin, se rebelle. Contre ses parents maltraitants (indignes, même), contre son fiancé, violent et abuseur, en utilisant une espèce d’autodérision qui ne soulage qu’elle- même. Si certains passages donnent envie d’en savoir plus sur son parcours psychologique, le lecteur est vite ramené à des scènes répétitives. Dommage.

Au final, une dark romance qui en contient tous les éléments : mafia, meurtres, trafics, et agressions sexuelles. Mais l’héroïne est beaucoup trop « cliché » : la petite fille riche qui se fait abuser avec le consentement de papa- maman parce que c’est bon pour leur empire, et sa rencontre avec un gangster qu’on fait passer pour méchant alors qu’il a un cœur tout guimauve. Rien de neuf, que du ressassé avec, en prime, une héroïne peu crédible et des incohérences à gogo. 

vendredi 25 octobre 2024

Jusqu’ici tout va bien, Nicolas Pitz (Editions Rue de Sèvres, 04/2024)


 

Jusqu’ici tout va bien, Nicolas Pitz (Editions Rue de Sèvres, 04/2024)

💘💘💘💘💘

J’ai « rencontré » cette bande dessinée en visitant le Musée de la Bande dessinée belge, à Bruxelles ; certaines planches étaient exposées dans le but d’expliquer les diverses étapes d’une adaptation de roman en œuvre graphique. C’est en effet le roman jeunesse « Okay for now » de Gary Schmidt (2011) qui a été adapté par le dessinateur belge. Un coup de cœur visuel et narratif !

« Dessiner, c'est pour les crétins et les filles. » Douglas est ce que j’appellerais un « pauvre gosse » ; dernier né d’une fratrie maltraitée par le père, au même titre que la mère, il souffre de la violence quotidienne qui règne à leur domicile. Encore adolescent, il doit aller au lycée, pendant que son frère se construit une réputation de voyou. Et quand ses parents doivent déménager parce que son père a trouvé un meilleur emploi, Douglas se sent perdu et amer. Mais sur place, une jeune fille, Lilly, lui fait découvrir la bibliothèque, et les précieux dessins d’Aubusson.

« Vous savez ce que Mr Powell m'a appris ? Il m'a appris que parfois l'art peut vous faire oublier tout ce qui est autour de vous. » Douglas est mauvais élève. Dans toutes les matières. Même en sport, pour des raisons inavouables (et honteuses !). Mais la rencontre de personnes empathiques va le mettre sur un chemin bien plus bienveillant que prévu. Et enfin, un avenir plus serein se dessinera pour le gamin…

Au final, une histoire qui m’a prise aux tripes, tant par le contenu que par la grâce des traits tracés par Nicolas Pitz, qui collent tellement aux troubles personnels de Douglas, passant du noir et blanc à la couleur, en fonction des émotions ressenties par le protagoniste – et le lecteur. Une pure réussite que je recommande aussi bien aux adolescents qu’aux plus grands !

jeudi 24 octobre 2024

Le Prince charmant existe !, Anna Triss (Hugo poche, 04/2024)


 

Le Prince charmant existe !, Anna Triss (Hugo poche, 04/2024)

💙💙

J’avais envie d’une lecture légère et amusante pour débuter mes vacances et je me suis dit que ce roman, encensé par des influenceuses littéraires que je suis sur les réseaux sociaux, tomberait à point. Hélas, je n’ai pas vraiment accroché à l’histoire ; trop jeune, trop déjantée pour moi…

« J'ai vraiment cru au prince charmant au lycée. En m'amourachant du père d'Anya, j'étais convaincue d'avoir trouvé la perle rare. Avant qu'il me dévoile son vrai visage et que je chute de la selle mal sanglée de son cheval blanc.... Qui n'était pas blanc, c'était une teinture pour masquer la noirceur de sa robe. Et mon prince charmant s'est avéré aussi laid moralement que physiquement beau. » Robyn est la mère célibataire d’une petite Anya, six ans. Elle a été une femme battue et a tout fait pour se reconstruire, en tant que femme, mais surtout en tant que mère. Son look colle avec son métier de tatoueuse : les dessins encrés ornent son corps et ses formes. Peu importe ce que les gens pensent ou disent, l’essentiel réside dans le bien-être de sa petite, même si ce n’est pas toujours évident.

« Au fait, je ne me suis pas présenté.
Mon nom français - de couverture- est Valentin Laurent. Mon véritable nom est Valentino Massari. Je suis italien et tueur à gages, mais ceci, je pense que vous l'avez déjà compris. »
Le jour où un bel homme mystérieux vient emménager dans l’immeuble en face du sien, Robyn sent que sa vie va prendre un virage. Et pour cause, Val est un tueur à gages, et il va rapidement prendre à cœur la situation problématique de Robyn !

Au final, un début de lecture un peu mitigé ; j’ai eu un peu de mal avec le langage cru de Robyn et j’ai trouvé les répliques d’Anya un peu trop évoluées pour une fille de six ans. J’ai apprécié le passage durant lequel Robyn doit faire front face au retour de son passé, mais celui- ci s’est résolu un peu trop rapidement à mon goût. Mais ce qui m’a le plus déplu, c’est le langage utilisé et la facilité / rapidité avec laquelle les relations entre nos deux protagonistes évoluent.   

jeudi 17 octobre 2024

La Carte des Amants, Clément Sérack (Elixyria, 09/2024)


 

La Carte des Amants, Clément Sérack (Elixyria, 09/2024)

💝💝💝💝💝

J’avoue, quand je lis un roman de Clément Sérack, une part de moi, très chauviniste, se régale à l’avance : ma région, le Nord, va y être mentionnée. Et là, ça ne manque pas : l’enquête menée par Axel et Albane les mènent à Coudekerque- Branche, et la jeune fille boit de La Chouffe !!!

« C'est là, sur ce bois sombre, que Pierre Lesigne a conçu son chef- d'œuvre. "La Carte des Amants", une romance contemporaine devenue best- seller en deux mois, le premier ouvrage du père de Constantin. Toutefois, c'est aussi le dernier. L'écrivain n'a jamais exprimé l'envie d'en réaliser un second. Et si s'asseoir à ce bureau permettait de saisir les secrets de l'amour ? » Axel, étudiant, est invité à une soirée chez son meilleur ami, Constantin. Le père de celui-ci a connu le succès grâce à une romance contemporaine. Sont présents Nathan, Thaïs, deux de leurs amis, ainsi qu’Albane, que seul l’hôte connaît.

« Les amis des amis peuvent- ils aussi devenir des amants ? A vérifier. » Pour Albane, c’est le coup de foudre. Pour Axel. Mais le jeune homme n’est pas prêt à s’investir dans une relation amoureuse. Profondément marqué par une déception sentimentale, il ne souhaite plus s’engager.

« Aimer, c'est donner à quelqu'un le pouvoir de nous détruire, en croyant qu'il ou elle n'en fera rien. » La romance de Pierre Lesigne pose bien des questions sur l’amour, sur la force de ces sentiments qui nous dirigent, et parfois, nous fragilisent durablement. Axel et Albane vont poursuivre une quête bien particulière, entre magie et entrée dans l’âge adulte.

Au final, une chouette lecture ! La plume de ce jeune auteur a pris en fluidité et en maîtrise du suspens. J’ai beaucoup aimé les passages où Axel se trouvait au Liban. La fin du récit m’a littéralement scotchée au livre ; impossible de le lâcher ! Vivement le prochain !

jeudi 10 octobre 2024

Les secrets de la femme de ménage, Freida McFadden (J'ai lu, 10/2024)




 

Les secrets de la femme de ménage, Freida McFadden (J'ai lu, 10/2024)

💝💝💝💝

Le tome 2 est sorti en poche peu de temps après ma lecture du premier opus ; je me suis, évidemment, jetée dessus. J’ai été ravie de retrouver la verve de l’auteure et le caractère « particulier » de Millie, mais aussi de constater que sa situation évolue ! Et que sa curiosité et son empathie étaient toujours intactes.

« Sa dernière déclaration me frappe par son étrangeté. Les femmes qui vivent dans d'immenses lofts comme celui- ci n'essaient pas, en règle générale, de "tout faire elles- mêmes." » Millie est toujours en recherche d’emploi. Son casier judiciaire l’empêche de prospecter pour des emplois qualifiés. Toutefois, elle a repris ses études, avec le beau projet de devenir un jour assistante sociale. Mais voilà, le couple chez qui elle vient d’être embauchée pour le ménage la contrarie ; Millie découvre que l’épouse, Wendy Garrick, passe ses journées enfermées dans une chambre d’amis. Pourquoi est-elle cachée de la sorte ?

« Enfin, bon, tout être humain n'a-t-il pas plusieurs facettes ? » Millie et son bon cœur se retrouvent face à bien des dilemmes : qui est vraiment Douglas Garrick, son patron ? Et elle, pourquoi ne parvient- elle pas à vivre avec son amoureux, Brock ? Pourquoi ne peut- elle-même pas lui annoncer la vérité sur son véritable passé ? Peut-elle leur faire confiance, à tous les deux ?

Au final, un second tome très agréable à lire. On rit et on s’inquiète avec Millie. Mais il faut reconnaître que le rythme s’est un peu essoufflé, et il faut attendre une bonne moitié du récit pour retrouver le suspens qui avait fait du précédent tome une intrigue impossible à lâcher. C’est néanmoins un très bon moment de lecture. 

lundi 7 octobre 2024

Je change de pot, Céline Mo (Vérone éditions, 06/2023)



 Je change de pot, Céline Mo (Vérone éditions, 06/2023)

💮💮💮

J’ai découvert ce roman lors d’un apéro littéraire organisé par la bouquiniste de ma ville. L’entrain de la lectrice m’a vraiment poussée à lire ce livre à tendance « feel good », et narrant l’histoire d’une quadragénaire décidant de tout plaquer pour enfin se réaliser pleinement.

« Encore un truc que j'aurais dû faire. Je l'avais pourtant bien noté sur la liste. Ma fameuse liste de choses à faire qui n'a cessé de se remplir au fil des années...
J'ai raturé quelques trucs, éliminé certaines choses, revu à la baisse certains projets, voire en ai rayé certains définitivement de la liste et de la tête... Et puis les années ont passé et ma liste a fané. »
Liliane est partie. Elle a tout quitté ; son mari, sa maison, ses habitudes. Elle n’en pouvait plus. La voilà réfugiée dans l’auberge de Martha, prête à se lancer, seule, dans le projet qui lui tient à cœur depuis des années.

« La scène s'est jouée devant moi au ralenti. Impossible de maîtriser quoi que ce soit. Le résultat était sans appel... Le contenu de la poubelle s'est retrouvé étalé dans la rue, ma cheville droite dans une position assez comique et mes pinceaux se sont essuyés au passage sur un costume trois- pièces très chic. Costume bleu roi, dans une coupe parfaite, porté par un blond aux yeux clairs. » Et si cette nouvelle vie pouvait inclure une histoire de cœur ?

« - J'espère que tu trouveras ton chemin, dis-je en lui prenant la main. Je t'assure, ce n'est pas simple, mais si tu te trouves, ce sera beau, crois- moi. » Autour de Liliane, beaucoup de remises en question ; chaque famille possède des secrets bien enfouis… Et il faut bien du courage pour pouvoir les digérer, les surmonter et repartir du bon pied.

Au final, un roman à l’intrigue prenante, avec un personnage principal auquel on ne peut que s’attacher. J’ai été touchée par les épreuves qui ont jalonné la vie de Liliane. J’aurais aimé en savoir plus sur certaines d’entre eux… je suis restée plusieurs fois sur ma faim. Mais dans l’ensemble, c’est une lecture remplie d’émotions et de réflexions sur la possibilité de renaître, de refaire sa vie en ayant le courage de tourner la page d’un passé trop lourd à porter. Une auteure à découvrir.  

dimanche 22 septembre 2024

Tokyo Revengers - Tome 1, Ken Wakui (Glénat, 03/2024)


 

Tokyo Revengers - Tome 1, Ken Wakui (Glénat, 03/2024)

💛💛

Un manga au scenario de départ intéressant mais qui m’a semblé excessivement violent. J’ai apprécié la personnalité de Takemichi, qui évolue d’une belle manière au fur et à mesure de ses allers- retours dans le passé. Les dessins sont eux aussi de qualité. Mais ces longues scènes de bagarre m’ont agacée. Je ne lirai pas la suite ; ce n’est pas pour moi. 

Le deuil raconté aux enfants, Aimée Verret (Editions de Mortagne, 08/2023)



 Le deuil raconté aux enfants, Aimée Verret (Editions de Mortagne, 08/2023)

💜💜💜💜💜

Comment aider les enfants à faire face à la disparition d’un être cher ? Ce petit guide très agréable à lire propose des pistes de réflexion et d’actions pour les aider à supporter toute période de deuil, que ce soit celui d’une personne proche ou d’un animal domestique.

« - Ziploc ne reviendra pas. C'est difficile à entendre, mais... Il était trop malade, et il souffrait. Nous avons dû le faire endormir. » Maud vient de perdre son chien, très malade. Sa grand- mère va l’aider à surmonter cette perte douloureuse en guidant la petite- fille, notamment en mettant en place des rituels. Cette histoire fictionnelle permet à l’auteure d’aborder le sujet d’une manière accessible aux enfants.

« Savais- tu que le deuil se décline en trois grandes périodes ? Voici les émotions et sensations que tu pourrais ressentir durant chacune : le choc - la désorganisation - l'adaptation. » Après le récit, voici les pages de « Trucs et stratégies », que ce soit pour les enfants et pour les enfants eux- mêmes.

Au final, un guide vraiment bien fait, très abordable et sensible. J’ai aimé que la peine de l’enfant ne soit en aucun moment niée ou minimisée. Un très bon outil pour toutes les personnes qui travaillent auprès du jeune public, et pour les parents concernés par un deuil qui se sentent perdus pour rassurer leurs enfants.

samedi 21 septembre 2024

L’impossible retour, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2024)


 

L’impossible retour, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2024)

💘💘💘💘

Entrer dans la lecture du dernier Nothomb, c’est pour moi comme retourner, un peu, à la maison. Il faut dire que j’ai lu quasiment tous les romans de l’autrice, excepté lors de ma période de « désamour », de 2013 à 2020. Si j’aime le langage de l’auteure, je n’aime pas qu’elle ne me raconte pas d’histoire. C’est pourquoi j’étais un peu sur la réserve quant à « L’impossible retour » : allait-elle me raconter un récit tangible sur ce voyage au Japon ou allais- je rester sur ma faim du fait de métaphores alambiquées ?

« La nostalgie : je ne m'y étais déjà que trop adonnée. Il s'agit de ma pathologie invétérée. Il faut donc que je lui résiste. N’était-il pas temps que je redécouvre le Japon sans être obsédée par ce que j'y avais vécu ? » La nostalgie d’Amélie Nothomb n’est pas nouvelle pour qui la suit depuis un moment. Une enfance vécue là- bas en plein amour avec une nounou merveilleuse, un retour professionnel mitigé mais qui va déclencher un profond respect pour la civilité nippone, une histoire amoureuse, et des milliers de souvenirs avec le papa, ambassadeur, adoré. La nostalgie « nothombienne » se mesure et se comprend.

« Il y a peu d'ivresse qui valent la lecture d'un roman que l'on croirait écrit pour soi. » A part, comme si Amélie avait besoin d’un support littéraire pour continuer à écrire chaque matin, Huysman l’accompagne, avec « A rebours ». L’occasion de s’échapper des rapports humains réels imposés par Pep, l’amie qui l’a emmenée sur ces terres, espérant faire d’elle un guide du Japon contemporain.

« Je n'y arrive pas. C'est une phrase que je me répète cinquante fois par jour, et pas uniquement sur le sol nippon. Il n'empêche que c'est le pays du Soleil- Levant qui m'a appris ce sentiment effroyable : je n'y arrive pas. A quoi ? A tout, à rien. A vivre au Japon. A vivre. » Cet aveu m’a laissée pantoise. Il est vrai que ce roman laisse transparaître des émotions de la part de cette auteure que l’on a parfois du mal à comprendre du fait de son excentricité. Comme une main tendue…

Au final, un cru que j’ai apprécié. La part autobiographique est indéniable, et elle est touchante quand on sait l’importance qu’a eu le Japon dans la vie personnelle d’Amélie Nothomb. Pour ces raisons, je pense que ce n’est pas un roman à lire pour découvrir l’œuvre de l’auteure. Mais pour ceux qui la connaissent, c’est un récit qui ne pourra que les toucher.  

mercredi 18 septembre 2024

Amnésie, Danielle Thiéry (Syros, 03/2024)



Amnésie, Danielle Thiéry (Syros, 03/2024)

💙💙💙💙💙

Dernier tome paru des enquêtes père- fille Marin, et c’est, à mon avis, le plus trépidant ! J’avoue avoir eu le cœur très serré à la fin, voire, avoir une larmichette au coin de l’œil ! Il faut dire que je me suis pas mal attachée à ce duo, constitué d’un père commandant de police soucieux des procédures sans bavures et de sa fille, future flic elle aussi, mais beaucoup plus encline à suivre son instinct !

« C'est à ce moment- là qu'elle l'aperçut.
Un papier grisâtre fixé sous le plateau par des morceaux de scotch qui, délabrés par le temps, ne collaient plus guère. Olympe n'eut aucune peine à détacher le document qui s'avéra être une enveloppe, carrée, ordinaire, cachetée. Quand elle la retourna, elle lut l'inscription au recto :
pour la pPolice »
C’est le hasard qui va mettre Olympe sur une enquête des plus troublantes. Alors qu’elle passe devant un brocanteur, le pied d’une commode se casse et vole jusqu’à elle. Interloquée, elle se tourne vers le vieux meuble, craque, et décide de l’acheter. En le nettoyant, voilà qu’elle trouve un mystérieux message caché…

« Une herbe folle, voilà ce qu'elle était encore, et sans trop savoir pourquoi, Marin sentait que, ce soir, elle n'allait pas tarder à le "brancher" sur un thème de son choix. Il voyait cela dans ses yeux, qui devenaient plus gris que bleus quand elle était "sur un coup", de quelque nature qu'il soit. » Anthony Martin vient d’intégrer la P.J. de Bordeaux, et déjà, sa fille le tanne pour en savoir plus sur les enquêtes en cours. Comment la satisfaire sans trop en dire ?

« "L'intuition a bon dos, disait son père, c'est plutôt que tu as le chic pour te retrouver mêlée à des histoires invraisemblables." » Effectivement, encore une fois, les recherches d’Olympe vont croiser les enquêtes d’Anthony. Et les tensions vont monter crescendo !

Au final, il s’agit de mon tome préféré des quatre que je viens de lire. J’ai beaucoup aimé la double enquête menée par le père et la fille en parallèle, avec une espèce d’enjeu implicite dans lequel on se demande qui trouvera les réponses en premier. De plus, la fin, avec ce personnage d’Angel est particulièrement touchante. 

dimanche 15 septembre 2024

Obsessions, Danielle Thiéry (Syros, 10/2022)


 

Obsessions, Danielle Thiéry (Syros, 10/2022)

💖💖💖💖

Retour à Epinal, aux côtés d’Anthony et Olympe Marin. Le premier est capitaine de police et la seconde est sa fille, désormais étudiante en criminologie. La jeune fille avait déjà participé, en tant que témoin, puis victime, des deux précédentes affaires. J’ai apprécié la retrouver plus téméraire et impliquée que jamais.

« Tandis qu'il continuait à parler, Olympe se sentit soudain enveloppée d'une sensation étrange. Elle avait l'impression que quelqu'un, dans son dos, la fixait. Impulsivement, elle se retourna.
[...] C'est alors qu'elle le vit. »
Olympe poursuit son rêve, celui de suivre les pas de son père : la voilà en fac de droit, spécialité criminologie. Un jour, en plein cours, elle se sent observée. Elle se retourne et là, stupeur : Raphaël, son amoureux disparu deux années plus tôt se trouve au fond de la salle.

« Les Américains ont été confrontés à des serial killers extrêmement virulents parce qu'ils ont une organisation judiciaire et policière morcelée, c'est ce qui les a amenés à créer ces logiciels pour mieux les traquer... » Anthony Marin, de son côté, est préoccupé par une nouvelle affaire, celle du « Fantôme de la nuit », qui agresse des jeunes filles au son de l’opéra de Wagner, « La Chevauchée des Walkyries ».

« Tout était troublant, confus, qu'elle avait l'impression d'errer dans une forêt épaisse, semée d'embûches, bourrée de pièges et de monstres embusqués derrière chaque arbre. Des monstres qui s'appelaient secrets, cachotteries, menaces. » Olympe ne peut s’empêcher d’enquêter de son côté, au plus grand désespoir de son père. Après tout, ces apparitions du fantôme de Raphaël la touchent de près, d’autant plus que sa disparition n’a toujours pas été résolue. Et si tout n’avait pas été encore révélé ?

Au final, j’ai beaucoup aimé la personnalité d’Olympe, devenue jeune femme et prenant des initiatives en tant que future membre de la police judiciaire. Son père est ici un peu en retrait alors que ses fonctions en font le membre dirigeant de l’enquête. Sa fille, même si elle va être encore une fois malmenée, possède des ressources épatantes en plus d’un instinct infaillible. Cette enquête m’a bien embarquée avec un parallèle entre celle liée au tome intitulé « Cannibale » et celle liée au « Fantôme de la nuit ». 

lundi 9 septembre 2024

L’île, Jérôme Loubry (Calmann Levy, 08/2024)




 


L’île,
Jérôme Loubry (Calmann Levy, 08/2024)

💙💙💙💙💙

Cap sur l’île de Porquerolles. Mais pas pour les vacances d’été, plutôt celles d’hiver, et pas pour s’amuser. En effet, Paul, Lucas, Sabrina et Julien se retrouvent dans le manoir qui les a accueillis pendant des années durant les étés de leur jeunesse. Ils viennent là pour se recueillir, rendre hommage à Diane, qui s’est suicidée sur place cinq ans plus tôt.

« Nous allons nous filmer, chacun parlera de Diane, un peu comme un groupe de thérapie. Elle t'aimait, tu le sais. Nous ne pouvons pas le faire sans toi, nous ne pouvons pas lui dire adieu si nous ne sommes pas tous ensemble. Là- bas, tu trouveras peut- être les réponses à tes questions... » Alors que le manoir dans lequel ils allaient passer chacun de leurs étés va être vendu, Paul propose à ses amis d’y séjourner une dernière fois. Sa sœur, Diane, s’y était suicidée cinq ans auparavant. Il invite Julien, le petit- ami de celle- ci de l’époque, à s’y rendre pour lui révéler quelques secrets. Enfin.

« Adolescente, elle s'était persuadé qu'un lien intime la reliait à l'île. Une idée stupide qui s'estompa, mais longtemps elle pensa que Porquerolles était en quelque sorte le reflet géographique de son état psychologique : isolée, solitaire et pourtant entourée de tant de monde, surtout l'été. » En jouant sur deux temporalités, le récit nous offre une vision globale de la complexité psychique de Diane. Avec elle, c’est tout une fantasmagorie insulaire qui s’installe et crée le décor, avec son ambiance de huis clos pesante.

« Ce n'est pas juste pour passer du bon temps au soleil, vous pourriez le faire ailleurs. Je sais que vous le faites pour moi, parce que j'aime cette île et qu'elle me regénère. Je suis parfaitement consciente que vous ne la voyez pas comme moi, que vous ne vous sentez pas aussi... en osmose avec elle. Venir ici tous les étés me fait du bien, vous le savez. Elle m'est plus utile que mes traitements. » Quand le fantôme de Diane apparaît lors de la venue des jeunes gens en 2024, il semblerait que l’île prenne vie pour régler certains comptes…

Au final, un thriller passionnant. J’ai adoré le côté onirique du récit, entre fragilités psychiatriques et mystères liées à des croyances ancestrales. Les personnages cachent tous des fêlures qui vont les amener à prendre des décisions souvent surprenantes. Par ailleurs, j’ai adoré les multiples mentions et histoires de titres appartenant à la musique américaine des années 70. J’ai fait des recherches tout le long de ma lecture et appris pas mal d’anecdotes surprenantes. Et apprendre en lisant, moi, j’adore !