mardi 29 décembre 2020

Campus Drivers, Tome 1 « Supermad », C.S. Quill (Hugo et Compagnie, 09/2020)


 

Campus Drivers, Tome 1 « Supermad », C.S. Quill (Hugo et Compagnie, 09/2020)

💗💗💗💗💗

Au mois de septembre de cette année, il était difficile d’échapper à la couverture du premier tome de cette saga que l’on voyait partout sur les groupes de réseaux sociaux dédiés aux lecteurs. Je me suis donc précipitée chez mon libraire pour me procurer ce pavé, tel un brave mouton suivant son troupeau. Mais, comme bien souvent, à trop voir un bouquin, j’en perds l’envie de le lire dans l’immédiat… Et je le ressors quelques temps plus tard et dans ce cas, ce fut pour mon plus grand bonheur de lectrice ! Quel kiff ! J’ai adoré cette romance dynamique, jeune et aux nombreux rebondissements !

Que signifie donc « Campus Drivers » ? Il s’agit d’une application que quatre étudiants d’une université américaine ont mis en place pour conduire les jolies étudiantes d’un point à l’autre du campus. L’occasion pour Lane et ses camarades d’ironiser : "Campus Drivers", où comment se faire conduire à travers le campus en trois clics. Une putain de bonne idée, aussi bien pour remplir mon tiroir- caisse que pour vider mes bourses. »

Lane, le mousquetaire de l’application en action dans ce premier tome, est un cœur d’artichaud qui, jamais, non jamais ne s’attache. Tout comme ses meilleurs amis, Adam, Lewis et Donovan, qui sont ravis de retrouver le chemin de la fac et des dortoirs des filles. Mais voilà qu’un soir, Lane trouve une étudiante endormie sur palier inférieur au sien dans les escaliers de sa résidence. La gamine l’ignore ; il passe son chemin. Le lendemain, elle est toujours là. Lane, intrigué, va faire preuve d’une humanité exceptionnelle en lui proposant son aide. Loïs, jetée comme une vieille serviette par son ex, va trouver refuge sur le sofa du jeune Apollon, et ce qui ne devait être l’histoire de deux nuits va devenir une cohabitation de plusieurs mois.

Au fil du temps et des habitudes nouvelles qui s’installent, leur relation va bien évidemment évoluer. Lane se révèle secret et colérique, mais se refuse, dans un premier temps à en dévoiler la véritable raison à Loïs. « Tu es intolérant à la tristesse du moment que tu l'estimes inutile. Mais les autres ont le droit de souffrir aussi. Même à cause d'un cœur brisé. »

Bref, j’ai passé un excellent moment de lecture avec cette bande d’amis. J’ai eu l’impression de repartir vingt ans en arrière et j’ai tellement apprécié cette cure de jouvence que je vais, très vite, me jeter dans le tome 2 !

samedi 26 décembre 2020

Un cœur sous la neige, Peggy L.S. (Elixyria, 11/2019)



Un cœur sous la neige, Peggy L.S. (Elixyria, 11/2019)

⛄⛄⛄⛄

 

Je continue dans ma lancée de lectures douces en cette période de fêtes. « Un cœur sous la neige » de Peggy L.S. a tout à fait rempli cette fonction en m’entrainant dans une romance qui se lit facilement et qui se déroule au pays du Père Noël, la Laponie !

Laurène est une jeune française qui vient de se faire larguer lâchement par son amoureux de toujours. Photographe à ses heures, elle demande à son ami Antoine, qui gère une agence photo, de l’envoyer à l’autre bout du monde pour se changer les idées. A peine revenue d’Afrique, la voilà donc envoyée en Laponie. Mais ce qui caractérise Laurène, c’est sa maladresse et la malchance qui lui colle à la peau. Une fois débarquée à l’aéroport, force est de constater pour elle que sa valise a été perdue, et que le guide censé l’attendre n’est pas venu. Elle doit donc se débrouiller seule, et louer une voiture, afin de se rendre dans l’hôtel où une chambre lui a été réservée. Mais voilà que la voiture tombe en panne au milieu d’une plaine neigeuse… Panique à bord : « J'imagine les titres des journaux : "une petite française écervelée, perdue dans la lande finlandaise, retrouvée égorgée par une meute de loups" ou "grignotées par les rennes de Santa Claus en manque de carottes".  

Heureusement pour elle, Eros, un guide de randonnée d’origine française, va passer par là. Ce rustre, qui vit comme un ermite, va lui sauver la mise mais très vite, il va être agacé par le babillage incessant de la petite française. « Malgré mes trente ans, je vis comme un reclus. Je me protège des autres, de mes émotions. Je ne veux plus que quoi que ce soit m'atteigne. » Il accepte néanmoins de l’héberger le temps que la voiture soit réparée. Et évidemment, notre « Pierre Richard en jupons » va réussir à attendrir puis à charmer son hôte.

Au final, une jolie romance qui met en scène deux personnages que tout oppose. Laurène et Eros sont sympathiques, même si j’aurais aimé en savoir davantage sur eux. L’auteure a une jolie plume teintée d’un humour sensible. Bref, un récit léger, qui dépayse et vous sort de toute la morosité ambiante…

jeudi 24 décembre 2020

Le Sacré- Cœur de Montmartre, Cerisier et Vivier (Artège, 11/2020)



Le Sacré- Cœur de Montmartre, Cerisier et Vivier (Artège, 11/2020)

💙💙💙

 J’ai apprécié la lecture de cette bande dessinée consacrée à l’histoire de la construction du Sacré- Cœur de Montmartre. Le fait que ce soit un grand- père qui raconte les étapes et les péripéties de cette construction à son petit- fils donne un côté chaleureux au récit.

« Cette œuvre fait surgir des trésors du cœur de tous ceux qui s'y reconnaissent. » Quand en 1875 la première pierre de la basilique est posée, les catholiques de toute la France souhaitent participer à son élaboration et les dons affluent. Mais par la suite, la succession de gouvernants politiques de tous bords va changer la donne. Les anti- cléricaux en effet vont voir d’un mauvais œil ce monument imposant au cœur de Paris. La décision de garder la Tour Eiffel après l’Exposition universelle de 1899, alors qu’elle aurait dû être détruite, vient d’ailleurs comme un compromis politique.

Une bande dessinée instructive et facile à lire mais que j’ai trouvée un peu trop factuelle. Des dates, des noms d’hommes politiques et des mesures en pagaille ; les enfants risquent de s’y perdre et de ne pas retenir grand-chose. Il aurait fallu quelques légendes, à mon avis, pour que ce soit une lecture plus passionnante et plus marquante. 

mercredi 23 décembre 2020

Un chocolatier pour Noël, Hope Tiefenbrunner (MxM Bookmark, 10/2020)



Un chocolatier pour Noël, Hope Tiefenbrunner  (MxM Bookmark, 10/2020)

🎅🎅🎅🎅🎅

Quelle agréable surprise que cette romance de Noël ! J’ai passé un excellent moment de lecture avec des personnages extrêmement vrais et attachants. Si je pouvais les inviter pour le réveillon, ce serait un véritable plaisir…

« Cher Papa Noël, pour cette année, je voudrais mon G.I. Joe grandeur nature. Je promets que je serai gentil avec. » David est chocolatier, patron de sa propre boutique. Il est célibataire et de ce fait, il consacre sa vie à son travail. Passionné, il a toujours l’esprit tourné vers de nouvelles recettes à proposer à ses fidèles clients. Entouré de Séraphine, une employée devenue sa meilleure amie, de Nathan, chocolatier de formation mais si peu doué que David l’a reconverti en vendeur, et de Nina, jeune ouvrière sérieuse et appliquée, les chocolats de Noël se préparent à un rythme effréné.

Mais le cœur de David n’y est pas ; au fil du temps, il est tombé amoureux de Nathan, mais celui- ci sort essentiellement avec des top models. Or David n’a pas du tout ce profil : « Ce qui avait un jour été du muscle avec un peu de gras était en train de virer à du gras avec un peu de muscles. » Sa silhouette bedonnante le complexe à tel point qu’il néglige son apparence et évite les soirées festives, par peur de se faire rejeter.

Toutefois, Séraphine, cette année- là, a bien envie de bousculer son meilleur ami. Elle l’incite, d’une boutade, à écrire Nathan sur sa liste de cadeaux et de laisser faire la magie de Noël… David, qui n’y croit pas une seule seconde, va pourtant constater que le sort le conduira ensuite de surprises en surprises !

Au final, un roman qui se dévore, comme une boîte de bons chocolats au praliné, avec des personnages parfaitement ciselés auxquels on s’attache très vite. J’aimerais d’ailleurs donner une mention spéciale à celui de Sébastien !!! L’histoire est très bien élaborée, avec une bonne dose d’humour et j’ai ri à plus d’une reprise ! En ces temps moroses, c’est une lecture qui fait vraiment du bien !

dimanche 20 décembre 2020

Liz, tome 4 – Danser avec les requins, G.H. David (Elixyria, 02/2020)

 



Liz, tome 4 – Danser avec les requins, G.H. David (Elixyria, 02/2020)

💓💓💓💓💓 

Ce quatrième tome de la saga « Liz » clos la tétralogie centrale. L’heure est donc venue pour Liz de régler quelques comptes, et de savoir qui se cache derrière le projet Phénix. Et le final est digne des meilleurs films de gangsters ! Liz remonte une dernière fois le fil de son passé douloureux, programmant une ultime rencontre avec sa mère, cette horrible bonne femme, et partant à la recherche de son mystérieux père, qui semble enfin vouloir se rapprocher de sa fille… Elle doit aussi régler une fois pour toute ses anciennes histoires d’amour : faire le deuil de Stéphane pour de bon, s’éloigner de Sylvain qui, lui, continue à l’aimer, et enfin se consacrer à Max, le seul qui semble mériter son cœur et lui donner envie de se projeter dans le futur.

« Je soupire de bien- être et heureuse, je me laisse aller contre son torse en fermant les yeux, avec le sentiment d'avoir accompli un long voyage et d'être arrivée, enfin. » Et quel voyage ! Entre trafic d’œuvres d’art, d’alcool et de drogue, on ne peut pas dire que les fréquentations de Liz soient recommandables. D’autant plus que les trafiquants ont pour habitude de vouloir étendre leur pouvoir et leur réseau, et pour ce faire, ils ont tendance à se faire des coups en douce, n’hésitant pas à utiliser tous types de poisons ou d’armes pour faire disparaître ceux qui se mettent sur leur chemin.

Liz et Max dénouent le fil de la toile d’araignée dans laquelle sont entremêlés les traitres, et ça va saigner ! « S'il tue, j'en ferai autant. Nous serons notre force, notre soutien, jusqu'en enfer s'il le faut, là où la morale n'a plus cours. Il mord sa lèvre inférieure avant de me serrer contre lui, conscient de ce mariage de déraison. » Quand on y pense, il faut une jolie dose de folie pour fréquenter le « milieu », quand on mesure les risques encourus pour qui souhaite s’en échapper. Pour espérer – enfin – vivre une vie « ordinaire », Liz va devoir consentir à quelques sacrifices…

Bref, un dernier tome très dynamique dans lequel les actions s’enchainent et laissent moins de place aux passages d’introspection que l’on trouvait dans les tomes précédents. Pour cette raison, c’est clairement mon préféré de la saga. La plume élaborée de G.H. David est toujours un régal à lire ; personnellement j’adore la richesse du vocabulaire employé et les références culturelles qui émaillent le récit. Je me demande bien ce que le tome 5, qui raconte une histoire indépendante de la série, va contenir… Tentant !

mardi 15 décembre 2020

Tainted Hearts, Tome 1, Jenn Guerrieri (Plumes du Web, 11/2020)



Tainted Hearts, Tome 1, Jenn Guerrieri (Plumes du Web, 11/2020)

💜💜💜💜💜

 Aimez- vous le rock ? Avez- vous, comme moi, été charmée par Chester Bennington, le chanteur torturé du groupe « Linkin Park » ? Ses démons ont malheureusement pris le dessus puisqu’il s’est malheureusement donné la mort en 2017, à l’âge de 41 ans. Jenn Guerrieri s’est ici visiblement inspirée des côtés sombres et destructeurs de ce chanteur pour esquisser certaines des caractéristiques de son personnage masculin, nommé Chester Hanson. En effet, lui aussi est un adulte à l’âme bousillée par les vicissitudes de son passé. C’est dans la musique qu’il trouve une espèce de catharsis : « Cette musique émane de moi et elle est éreintante, car émotionnellement, je me livre corps et âme. »

Le hasard va mettre sur son chemin, Ally, étudiante dans la prestigieuse école de danse, la Julliard School, qui ne vit que pour réaliser son rêve : intégrer le corps de ballet de l’Opéra de Paris. Elle ne jure que par la musique classique, ignorant tout des titres qui font vibrer sa génération ; surtout si le style musical s’apparente au genre du rock. Alors quand son meilleur ami, Julian, insiste pour qu’elle l’accompagne à l’interview du groupe « Chainless », elle accepte dans l’unique but de lui faire plaisir. Mais voilà que l’attitude de leur leader, Chester, va lui hérisser les poils ; tant de dédain et d’arrogance l’irritent : « Quand il extirpe son téléphone de sa poche et rive ses yeux sur l'écran, c'est la goutte de trop, celle qui va me faire vriller et que je vais regretter. »

Et Ally va prononcer la phrase de trop. Celle qui va donner envie à Chester de faire de la jeune femme son souffre- douleur. Et c’est une relation malsaine qui va naître entre nos deux protagonistes ; menée par le sadisme de Chester, qui fera subir les pires chantages à la jeune femme. Jusqu’à ce que le masque noir du jeune homme s’affaisse momentanément. « Un nœud enserre ma gorge et mes yeux me piquent. Impossible de le nier, je suis bouleversée. Comment est- ce possible ? Comment une personne aussi cruelle peut- elle être dotée d'une telle profondeur d'âme ? »

Au final, un face- à – face musclé et touchant entre deux personnages fracassés par la vie, et dont le passé, dont nous n’avons dans ce premier tome qu’une esquisse, apparaît comme extrêmement douloureux. La plume est envolée, et les scènes sont habilement imbriquées de manière à instaurer une ambiance captivante. Le lecteur se retrouve au dernier chapitre en un rien de temps et en restant toujours sur sa faim ; quelle suite nous proposera l’auteure dans le tome 2 ? Impossible de le deviner…. Mais, moi, j’ai hâte de le lire !!!!

vendredi 11 décembre 2020

Léna, Valorie Blue (Elixyria, 03/2019)



Léna, Valorie Blue (Elixyria, 03/2019) 

💓💓💓COUP DE CŒUR !! 💓💓💓

Comme j’ai aimé cette histoire !!! J’avoue même avoir versé une petite larme en lisant la fin, tellement poignante (et injuste !) ; réaction rarissime chez moi…

Que je vous raconte… Léna est lycéenne. Elle arrive dans le village d’Ornes, après un énième déménagement. Le père de Léna est décédé, assassiné par un esprit ; et Léna a tout vu. Pourquoi ? Parce que cette jeune fille a le don de voir les fantômes et de pouvoir communiquer avec eux. « Nous allons dans notre première salle de cours. Je découvre une petite fille de neuf ou dix ans, assise sur le bureau du prof, à balancer ses jambes. Elle porte un uniforme d'écolière, des couettes et regarde tout le monde passer. Quand elle me voit, elle comprend qu'elle n'est pas invisible pour moi, et se matérialise alors devant mon bureau.
- Salut, toi ! »
Léna aimerait annihiler son pouvoir, être une ado « normale » mais les forces obscures ne sont pas du même avis. Voilà que son voisin, Vadim, le garçon qui fait rêver toutes les filles du lycée, va s’imposer à elle en se révélant être un allié de taille face aux événements surnaturels qui surgissent et cherchent à faire du mal à la jeune fille. 

« Quelques minutes plus tard, je m'endors près du garçon que je ne supporte pas. Mais juste avant de sombrer dans les bras de Morphée, je me demande si je vais me réveiller près de ce Vadim- là, doux et aimant, ou de son alter ego arrogant. » De fil en aiguille, Léna va se rapprocher de son détestable voisin qui semble en savoir tellement plus qu’elle sur sa propre famille, et dont le comportement va doucement s’expliquer.

« Les mots sont le plus puissant des instruments. Simple et sous- estimé. Ils peuvent guérir ou détruire. » J’adore cette citation ! Elle illustre très bien la qualité de la plume de Valorie Blue qui m’a emmenée auprès de personnages très bien construits, qui sont devenus très vite attendrissants.

Bref, un récit « entre deux mondes » qui met en scène des personnages terriblement attachants dans un univers qui oscille entre les mesquineries lycéennes du XXIème siècle et les vengeances ancestrales. Les sentiments, eux, sont intemporels. Foncez… Frémissez !

jeudi 10 décembre 2020

Immersion, Clarissa Rivière (Elixyria, 10/2020)



Immersion, Clarissa Rivière (Elixyria, 10/2020)

💛💛💛

 C’est la première fois que je me lance dans la lecture d’un roman érotique interdit aux moins de 18 ans, et il m’est difficile d’écrire un avis totalement objectif. J’avais essayé de lire « Cinquante nuances de Grey », il y a quelques années, histoire de ne pas paraître idiote auprès de toute une génération de femmes qui se sont pâmées en lisant l’œuvre de E.L. James. Mais j’avoue, je n’ai pas réussi à terminer le premier tome, agacée par la niaiserie de la jeune Anastasia qui, avec son physique de top model n’avait jamais vu le loup (mais bien sûr…) Ici, mes chères adeptes de Christian Grey, sachez que ses pratiques, qui vous ont donné des frissons, ne sont que des gamineries face à ce que nous expose Clarissa Rivière dans « Immersion » !

Alors, qui est en immersion ici ? Alice, le personnage principal, qui est une jeune journaliste dans un magazine féminin. Voilà que le rédacteur en chef la désigne pour enquêter sur le milieu du BDSM, nouvelle lubie des « bourgeoises » ! Les besoins du reportage vont amener Alice vers une boutique façon « sex shop », nommée Dèmonia, et gérée par Alex, un beau mâle musclé et tatoué. Cette société va se révéler être une véritable institution dans le milieu, puisqu’elle organise aussi des soirées où se pressent les adeptes de la soumission, de la fessée et du martinet. « Alice écourte les adieux, elle s'enfuit sans demander son reste, avant qu'il ne devine à quel point elle est secouée. Recouvrer la vue et sa liberté de mouvement lui rendent sa timidité et sa maladresse naturelle. Vite, retrouver la solitude de son appartement, son cher ordinateur, et repenser en toute sérénité à cette soirée. » Mais la jeune femme va se laisser prendre à un jeu dangereux en acceptant de devenir une « Domina » et d’accepter de prendre un soumis, Elric…

Au final, que dire ? J’ai aimé l’écriture élaborée de l’auteure, mais je n’ai pas aimé le survol de la psychologie des personnages. J’ai apprécié le cheminement « soft » du personnage d’Alice dans un milieu où, rien qu’à lire le glossaire, on devine de belles déviances psychologiques (enfin, là, ce n’est que mon avis), même si certaines scènes sont très « olé olé » ! Enfin, j’ai un avis mitigé sur la fin, qui n’en est, à mes yeux, pas vraiment une. Et pourtant, j’avoue que si j’ai ouvert grands les yeux en lisant certains passages (la nature humaine est décidément pleine de surprises…) ; et si je me suis ennuyée lors des moments d’introspection d’Alice, j’ai eu l’impression d’apprendre des choses sur des pratiques qu’avant je ne comprenais pas et là, j’ai tout lu jusqu’au bout !

mardi 8 décembre 2020

La malédiction du 5ème dieu, François Avisse (M+ éditions, 10/2020)

 


La malédiction du 5
ème dieu, François Avisse (M+ éditions, 10/2020)

💙💙💙💙💙

Quelle jolie surprise que ce roman ! Un thriller qui fait sourire et même rire tout en distillant du suspens à doses subtiles mais efficaces. L’éditeur ne ment pas en annonçant en quatrième de couverture : « Lisez cette histoire qui rend heureux… »

« Ils sont quatre, assis en rang d'oignons sur un banc, adossés contre un mur à la peinture craquelée, dans le couloir du commissariat. Les quatre Fantastiques, comme on les a surnommés, moqueur, un jeune lieutenant de police. » Quatre personnages que rien ne prédisposait à une telle aventure ! Lazare est un photographe mondialement connu, légèrement snob sur les bords ; Swann, lui, est un médium ayant perdu son don de nécromancien ; Mara est une jolie maman devenue célèbre en participant à l’émission « Nos voisins sont formidables » ; et enfin, Carmichael est le jeune autiste Asperger qui va tisser les liens entre eux tous afin de les mener dans une aventure extraordinaire et rocambolesque.

« Ils savent que le jeune homme sait des choses que le commun des mortels ignore. Comment ? Pourquoi ? Ils n'en ont pas la moindre idée, mais une chose est certaine, s'il dit qu'ils doivent sauver la vie de quelqu'un, alors cette personne est sans nul doute en grand danger. » Carmichael est un personnage formidablement touchant. Ses troubles autistiques lui permettent de voir le monde à sa façon et son charisme font qu’il parvient à emmener ses nouveaux amis dans une véritable enquête policière, même si celle- ci prend des accents loufoques dont le lecteur ne pourra que se délecter !

« Dans deux heures, le soleil, fatigué d'éclairer le même côté de notre planète, ira faire un tour ailleurs et laissera sa place toute chaude à une lune pleine et rousse ravie de lui voler la vedette. » La plume poétique de François Avisse vous touchera forcément dans cette histoire qui se lit d’une traite. Cet auteur serait -il l’inventeur du « thriller feel good » ?

Bref, je confirme les paroles de l’éditeur : lisez- le, c’est que du bonheur !

Les ours mal léchés s’apprivoisent à Noël, Valentine Stergann (Hugo New romance, 10/2020)



 Les ours mal léchés s’apprivoisent à Noël, Valentine Stergann (Hugo New romance, 10/2020)

🎅🎅🎅🎅🎅

Chaque année, au mois de décembre, je me lance le défi de lire une romance de Noël. Oui, c’est un défi car je déteste tout ce qui dégouline de bons sentiments à la guimauve, sature d’odeurs de barbe à papa à coups de passages « cucul la praline ». Et c’est en me baladant sur Youtube que je suis tombée sur un replay de la chaine « Prends un livre et détends- toi » consacrée à quatre auteures de romance. Parmi elles, Valentine Stergann a su me toucher, et me donner envie de lire son dernier opus.

Je ne regrette pas mon choix. Irène, le personnage principal de cette romance, est un personnage complexe. A 35 ans, elle est tiraillée par son envie, un peu tardive et donc problématique, d’avoir un enfant et l’idée de mettre les voiles… Il faut dire que cela fait déjà dix- huit ans qu’elle forme « le couple idéal » avec Edouard. Mais la lassitude, le train- train quotidien et l’impression de faire déjà partie d’un vieux couple ringard la poussent à se remettre en question.

Une dispute cruciale, un chasseur d’héritier et une maison en Cornouailles plus tard, et voilà une Irène toute neuve qui se permet enfin d’être elle- même. Son célibat lui va comme un gant, d’autant plus qu’elle sympathise très vite avec ses nouveaux voisins : Jacob, un septuagénaire loufoque (aux répliques hilarantes !), Zoey, la serveuse qui n’a pas sa langue dans sa poche, Quincy, son petit voisin de neuf ans, un chenapan adorable, et le père de celui- ci, Rudolph, veuf inconsolable depuis deux ans. Ce dernier est un homme bourru, qui passe l’essentiel de son temps enfermé chez lui, en pyjama, à déprimer… Objectif d’Irène à l’approche des fêtes de fin d’année : lui redonner le sourire !

« Rudolph est beaucoup plus agréable à regarder quand il ne ressemble pas aux trolls des montagnes dans "Harry Potter". Ce n'est pas idiot de le lui faire remarquer, si ? » L’arrivée d’Irène dans la vie de ces gens va leur faire l’effet d’un ouragan. Son impulsivité et un petit côté naïf lui font régulièrement prononcer tout haut des vérités bien souvent retenues. J’avoue avoir ri plus d’une fois (rho ! les répliques qu’elle balance au père de Rudoplh !!!)

Certes, il y a eu beaucoup de peines, de déceptions et de rancœurs dans la vie des principaux protagonistes, mais l’humour et la jolie plume de l’auteure, aux accents souvent poétiques,  font de cette romance un très chouette moment de lecture ! N’hésitez pas à vous y plonger !

samedi 5 décembre 2020

En pleine lumière, Gab Stael (Elixyria, 08/2020)



En pleine lumière, Gab Stael (Elixyria, 08/2020)

💜💜💜💜💜

J’ai pris énormément de plaisir à lire cette romance vraiment particulière par sa forme. En effet, en utilisant la technique de la mise en abyme, l’auteure souhaite permettre au lecteur de vivre au plus près les émotions ressenties par ses personnages. J’ai eu l’impression de lire le journal intime d’une amie !

Nous sommes donc plongés dans le témoignage qu’a publié Laurine Kab, désireuse de raconter son histoire d’amour avec John Sky, une star de cinéma hollywoodien.  Ce récit comporte d’ailleurs des annotations de bas de page rédigées par John lui- même, désireux de donner son point de vue sur certaines étapes de leur relation.

« Ecrire, c'est mettre en scène ses fantasmes les plus fous ou affronter ses peurs et ses cauchemars les plus terrifiants. » Laurine est une jeune auteure, qui court les salons pour espérer vendre un peu plus de livres et se faire connaître ; cultivant le rêve de vivre, un jour, de sa plume. Quand le hasard met sur sa route une star du cinéma, un homme charismatique aux nombreuses conquêtes et dont la vie est affichée en permanence dans les magazines à scandale, sa vie va prendre un sacré virage…

« L'intimité, ce n'est pas un truc qui vous met des étoiles dans les prunelles et avec mon caractère de poney, pas évident de gérer un ascenseur émotionnel. » Laurine va apprendre à ses dépens qu’il est bien difficile de sortir de l’anonymat et du jour au lendemain, voir ses faits et gestes affichés en une des journaux. L’amour qu’elle éprouve pour John et réciproquement n’est pas si simple qu’il n’y paraît : « Quand tu dépenses vingt- cinq mille dollars par mois, que tu peux acheter tout ce que tu désires, tes rêves s'effacent et les démons arrivent. » Et au- delà des premiers mois d’amour fou, durant lesquels on se sent invincible, John va replonger dans ses travers et ses addictions…

On sent une légère part d’identification de l’auteure avec son personnage principal, évidemment. Mais cela ne dure que quelques pages ! J’imagine aisément les projections qu’une rencontre avec une star peut produire sur la carrière d’une auteure au succès « intime » en France. Le star – system est ici habillement exploité : à quoi sert la célébrité quand elle tue les sentiments « vrais » ? 
Bref, un très bon roman !

mercredi 2 décembre 2020

SK, Greg Hocfell (Elixyria, 01/2019)



SK, Greg Hocfell (Elixyria, 01/2019)

💜💜💜💜💜 

Une jolie surprise que cette nouvelle ! Les fans de Stephen King s’y retrouveront, entre l’employé de la station-service, l’évocation de Carry et la Dodge du narrateur ! Je l’ai lue d’une traite, emportée par une ambiance proche de celle instaurée par le Maître !

« Les temps avaient changé, le mien avait manqué, les ennuis de santé m'avaient rattrapé pour me faire payer des années à être en trop bonne santé, et ça a été derrière une Dodge Journey de 2010 que j'ai véritablement redécouvert les retombées néfastes de ce booster comportemental pour homme d'affaires, un mauvais coach du nom de Jack Daniels, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. »

Ici nous avons, sous le costume du héros, un homme d’affaires en plein questionnement professionnel et moral, Gary Oliverman. Il roule sur une route déserte du Colorado. Un rendez- vous de carrière l’attend au bout du chemin mais voilà qu’il tombe en panne de carburant. Heureusement pour lui, à cinquante mètres de là se trouve une station-service , laquelle est tenue par un vieillard qui raconte si bien les histoires, et dont les initiales sont « S.K. ». Pourquoi est-il là ? Ou plutôt, comment en est-il arrivé là ? Et si…

L’écriture de Greg Hocfell se prête parfaitement à cette fable onirique qui rend hommage au maître du genre fantastique. Son côté un peu rock genre « whisky in the jar » donne ici à son histoire un côté borderline en parfaite adéquation avec le sujet !

Les suppliciées du Rhône, Coline Gatel (Préludes, 01/2019)


 

Les suppliciées du Rhône, Coline Gatel (Préludes, 01/2019)

💙💙💙

Si vous êtes fan de la série « Les Experts », ce roman policier historique est écrit pour vous ! On sent en effet les longues recherches effectuées par l’auteure pour vous raconter les origines de la criminologie en France et c’est vraiment passionnant !

Nous sommes à Lyon, en 1897, et le professeur Lacassagne fait sensation avec les autopsies qu’il réalise au milieu d’un public d’étudiants en médecine : « Une salve d'acclamations accueillit la fin du cours. Les pieds qui tapaient contre les estrades de l'amphithéâtre ne le faisaient plus pour chahuter, mais bien pour marquer le contentement des étudiants, heureux d'avoir pu assister à cette autopsie et à ses résultats. »

Ce scientifique est persuadé que l’on peut dresser le profil psychologique d’un criminel en observant la manière dont il a assassiné sa victime. Et lorsque l’on découvre plusieurs corps de jeunes filles atrocement mutilés dans les bas-fonds de la ville, Lacassagne va former un trio d’enquêteurs formé de deux médecins habituellement sous sa coupe, Félicien et Bernard, et d’une journaliste plutôt étrange nommée Irina. Mais avancer dans un milieu constitué de notables, de religieuses ou d’opiomanes va se révéler plus ardu qu’il n’y paraît…

« J'en suis arrivé au fait que, par le livre, tout homme né dans la fange pouvait s'en extraire, car rien n'est mauvais dans l'esprit, tout est à cultiver. » Et pourtant, dans la fange, nos trois personnages vont bien, momentanément, y retourner, le temps d’y régler quelques sombres affaires liées au passé. En effet, chacun d’eux garde cachés de bien sombres secrets…


Au final, un roman vraiment captivant pour les deux premiers tiers du livre, lorsque les éléments de l’enquête et les réflexions qui en découlent sont novateurs et intéressants. Puis vers la fin, la résolution de l’intrigue s’épanche un peu trop sur le passé de l’un des protagonistes et personnellement, cette partie m’a ennuyée… Toutefois, c’est un roman qui mérite d’être lu tant le style de l’auteure est agréable à lire, étant intelligent et savant sans être trop élitiste. J’ai adoré ses phrases mesurées et la richesse du lexique employé. 

samedi 28 novembre 2020

Tombes oubliées, Preston and Child (L'Archipel, 11/2020)

 



Tombes oubliées, Preston and Child (L'Archipel, 11/2020)

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Je n’avais encore jamais lu d’enquête policière rédigée par ce duo d’auteurs américains et je mesure combien j’ai eu tort : j’ai passé un excellent moment à lire cette aventure !

Nous sommes en présence d’un duo de jeunes femmes. La première, Corrie Swanson, est une toute jeune recrue du F.B.I. qui désespère de ne se voir confier que d’anciennes affaires sans saveur à classer. La seconde, Nora Kelly, est une archéologue qui se voue corps et âme à son métier depuis le décès de son mari. Celle -ci va être contactée par un historien, nommé Clive Benton, qui cherche à localiser le Campement perdu de l’expédition Donner, introuvable depuis 1847, afin d’y mener des recherches historiques sous prétexte que l’un de ses ancêtres participaient à cette ruée vers l’or.

« Le destin de l'expédition Donner est l'une des grandes tragédies de l'épopée de l'Ouest. Nous sommes en présence d'un groupe de pionniers désireux de coloniser une terre inconnue, la Californie, que les événements ont conduits à se comporter avec une barbarie inouïe. Tout l'inverse du rêve américain, en quelques sorte. »

A la base, rien ne devait mettre Corrie sur le chemin des fouilles menées par Nora, sauf que des meurtres, liés à des profanations de tombes vont faire s’entremêler crimes du présent et disparitions du passé…

J’ai adoré le duo de femmes passionnées par leur métier, au caractère impétueux et qui se laissent mener par leur instinct plutôt que par les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques. On avance dans l’enquête à l’allure d’un moteur diesel. Au début, ça chauffe le temps que les personnages et le contexte soient posés, puis le rythme s’accélère au moment des découvertes et des retournements de situation, et enfin, une accélération de folie entraîne le lecteur vers une fin explosive !

Bref, j’ai vraiment bien aimé ce roman et je relirai très certainement d’autres enquêtes signées Preston and Child !

mercredi 25 novembre 2020

Noyade, J.P. Smith (Gallimard - série noire, 05/2020)



 Noyade, J.P. Smith (Gallimard - série noire, 05/2020)

💙💙💙💙

J’ai frôlé le coup de cœur avec ce thriller. Il s’agit d’un premier roman pour J. P. Smith qui exerce le métier de scénariste. Un premier essai prometteur car l’écriture de l’auteur sait se montrer captivante, le scénario est élaboré finement et l’écriture est véritablement (et forcément ?) cinématographique.

Alex va avoir quarante ans. Il a réussi sa vie en tant que promoteur immobilier à New York. Il s’est entouré d’une équipe de prospecteurs efficaces et les hôtels qu’il transforme en établissements de haut standing lui ont valu une réputation telle qu’il fait régulièrement la une des plus célèbres tabloïds. Mais voilà qu’un jour, il se rend compte qu’un intrus s’est introduit dans la villa où il vit avec sa femme et leurs deux filles pour souiller l’eau de la piscine. Puis d’autres événements autant étranges que dérangeants vont s’ensuivre… Qui veut nuire à Alex ? Et pourquoi ?

 

« - Ne m’oublie pas », cela vous évoque- t- il quelqu’un ? Alex s’accorda un instant de réflexion. Personne ne lui vint à l’esprit.

-         - Non, pas vraiment.

-        - Faites un effort, monsieur. De qui devriez- vous vous souvenir ? »

Alex va devoir remonter le fil de ses souvenirs. Il lui revient alors l’histoire de ce petit garçon, Joey, huit ans, qui avait disparu après qu’il l’avait laissé sur un radeau au milieu d’un lac. Alex y était moniteur de natation et avait complètement oublié cet incident survenu vingt ans en arrière. Joey serait- il toujours vivant ? Serait- il venu se venger ?


Au final, une histoire palpitante, mais des personnages qui manquent un peu de psychologie, de profondeur. J’ai trouvé aussi que la fin était trop abrupte. Mais dans l’ensemble, c’est un très bon thriller que je ne peux que recommander si vous cherchez une lecture « immersive » !

lundi 23 novembre 2020

Le dernier inventeur, Héloïse Guay de Bellissen (Robert Laffont, 08/2020)


 

Le dernier inventeur, Héloïse Guay de Bellissen (Robert Laffont, 08/2020)

💛💛

Je ressors déçue de ce livre qui est qualifié de « roman » mais qui est plutôt un méli – mélo de genres différents : essai, témoignage, récit fictionnel mâtiné de réel. Je n’ai pas du tout aimé la manière dont l’auteure a agencé une histoire dont le résumé m’avait pourtant fortement alléchée : « C'est l'histoire d'un homme entré dans l'Histoire car il a découvert Lascaux à treize ans et des poussières et que la même Histoire a voulu anéantir. Réduire en poussière. »

En effet, Simon Coencas est l’un des découvreurs (ici appelés « inventeurs », on ne sait pas pourquoi…) de la grotte de Lascaux. Une bien belle histoire que celle de ces quatre gamins qui tombent sur la grotte recelant les œuvres d’art pariétal les plus connues au monde. Ce que la « légende » ne raconte pas, c’est que l’un d’eux, Simon, a été interné à Drancy, à deux doigts d’être envoyé à Auschwitz, comme l’ont été ses parents, du fait de la judéité de ses aïeuls : « Simon, c’est quelqu’un qui affronte tout aussi bien la chance qu’il a eue à Lascaux et l’injustice qu’ils ont subie sa famille et lui ».

Il y en avait, donc, de la matière, pour rédiger une histoire captivante, d’autant plus que l’auteure a eu le privilège de rencontrer Simon et de l’interroger sur ses souvenirs, chose qu’il avait toujours refusée auparavant. Mais là, ce ne sont que de courts chapitres ; parfois un compte – rendu de discussion, d’autres fois un récit narratif dans lequel le vrai et le faux sont mélangés, et le tout, précédés de courts textes flirtant avec la poésie et dont la narratrice n’est autre que la grotte…


Bref, c’est vraiment dommage de ne pas avoir exploité ces richesses de manière plus « conventionnelle ». Je ne doute pas que certains lecteurs seront charmés, mais moi, non, même si quelques paragraphes m’ont quelque peu émue, mes attentes de lectrice n’ont pas du tout été comblées.

samedi 21 novembre 2020

Cobayes : Anita, Marilou Addison (Editions de Mortagne, 10/2014)


 

Cobayes : Anita, Marilou Addison (Editions de Mortagne, 10/2014)

💓💓💓💓

« Cobayes » est un projet d’écriture collective proposé par les éditions canadiennes de Mortagne. Le même point de départ a été proposé à sept auteurs : un laboratoire pharmaceutique nommé AlphaLab veut tester une nouvelle molécule et cherche des cobayes, sachant qu’il y aura des effets secondaires plutôt étranges… Sept cas d’étude, sept personnages et donc sept romans différents.

Ici, notre personnage se nomme Anita. C’est une jeune femme qui souffre d’anorexie mentale : elle pèse 49kg pour 1m76 et se trouve obèse… « Je me déteste ! Je hais ce corps si laid et difforme ! Si je pouvais saisir in couteau et découper cette peau qui m'enveloppe, je le ferais ! Mais je suis beaucoup trop trouillarde pour ça. Je ne suis qu'une peureuse. Une peureuse obèse, par - dessus le marché ! »

Lorsqu’elle va voir la petite annonce du laboratoire, Anita va fixer son attention sur l’un des effets indésirables qui y sont mentionnés : « perte de poids ». Elle postule donc, dans l’espoir de maigrir tout en se faisant un peu d’argent. Sa candidature va être retenue mais très vite, de drôles d’effets secondaires, tenus sous silence ceux – là, vont se révéler dès la première injection du produit… Et voilà que notre anorexique se met à saliver devant un steak bien saignant !


Un roman qui se dévore (si, si !), grâce à un personnage bien ficelé (si, si !) et une plume acérée (slurp !). Des passages bien « gore » m’ont rappelé « Carne » de Julia Richard, lu récemment, mais avec une histoire bien différente, qui tient tout aussi bien la route. Un seul bémol : l’utilisation d’expressions québécoises parfois difficiles à « traduire ». Ceci dit, j’avoue que je lirais bien un autre tome de cette heptalogie ! 

jeudi 19 novembre 2020

Le Mystère Sammy Went, Christian White (Denoël, 08/2019)


 

Le Mystère Sammy Went, Christian White (Denoël, 08/2019)

💙💙💙💙

« Il est illusoire de croire qu'on est maître de son destin », se répète Kim, une Australienne de trente ans. Et ce qui va lui arriver atteste bien de la véracité de son mantra. En effet, alors qu’elle déjeune à la cafétéria de l’établissement scolaire dans lequel elle enseigne, un homme vient l’aborder. Il prétend qu’elle s’appelle en réalité Sammy Went, et qu’elle a été enlevée aux Etats – Unis vingt- huit ans auparavant. L’inconnu ne serait autre que Stuart, son frère, seul membre de la famille Went à ne jamais avoir abandonné les recherches.

Ce roman est donc construit sur la question suivante : « qu’est – ce qui se passerait si on découvrait qu’on a été enlevé dans son enfance, et que les gens que l’on a toujours considérés comme ses parents ne sont pas les personnes qu’ils prétendent être ? » (Dixit l’auteur dans « les remerciements »). Kim va donc évoluer au fur et à mesure de ses questionnements, de ses découvertes, remontant le fil de secrets de famille enfouis par des années de silence. Qui était réellement sa mère ? Comment est – elle arrivée à l’âge de deux ans en Australie ? La confrontation entre les deux familles va, de plus, complexifier la donne : « c'est pas parce que tu veux faire de ta mère une héroïne que tu dois faire de la nôtre un monstre. »

La temporalité du récit se joue sur deux niveaux ; « Autrefois » avec un point de vue externe et « Maintenant », raconté par Kim à la première personne du singulier. Cela permet au lecteur de se forger sa propre opinion sur l’histoire mais aussi les personnages annexes, ainsi que de remonter le fil du temps en simultané avec les découvertes de la jeune femme. Cette double avancée dans l’intrigue permet au récit de vêtir les habits noirs du suspens et de conserver le lecteur en état de tension.


Au final, un très bon moment de lecture, même si parfois, j’ai trouvé certains passages un peu longs ou répétitifs. Mais pour un premier roman, c’est vraiment une belle réussite !   

lundi 16 novembre 2020

Les oubliés de Dieu, Ludovic Lancien (Hugo Thriller Poche, 11/2020)


 

Les oubliés de Dieu, Ludovic Lancien (Hugo Thriller Poche, 11/2020)

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Connaissez – vous la tératologie ? Selon le dictionnaire de l’Académie française, il s’agit de la « partie des sciences naturelles qui traite des monstruosités organiques ». Un exemple ? Joseph Merrick, plus connu sous le surnom d’Elephant man. Un film, aussi, « Freaks » (1932), dans lequel sont mis en scène ceux que l’on traitait jadis comme des bêtes de foire du fait d’une informité ou d’une malformation de naissance. Aujourd’hui, il existe toujours des pathologies entraînant des difformités physiques, mais les personnes qui en souffrent sont la plupart du temps enfermées dans des instituts spécialisés, soustraits au regard du monde des gens « normaux ».

Ici le roman débute sur l’assassinat ignoble d’un médecin, Richard Mievel. Son corps est atrocement mutilé, comme s’il avait été partiellement dévoré… Chargé de l’enquête, le capitaine Gabriel Darui va découvrir que le docteur avait un étrange penchant pour l’étude des « monstres » humains : « Les bizarreries de ce monde, tout ce qui reste inexplicable, l'attiraient. Il se passionnait pour l'étude des cryptides, passait des heures à éplucher des articles sur le net pour comprendre l'origine de ces légendes. Selon lui, les mythologies ne sont pas des histoires farfelues, des contes tout juste bons à effrayer les enfants. Il explorait leur part d'authenticité. »

L’équipe qui va mener l’enquête aux côtés de Gabriel se compose de policiers aux personnalités bien trempées : le chef, surnommé « Le Bélier » veut tout gérer vite fait bien fait, Noémie, mène ses découvertes macabres de son côté, pour se prouver qu'elle a de la valeur et tenter d'oublier ses propres fêlures, et Jérémy a la tête pleine de ses préoccupations conjugales. Et pourtant, on avance, aux côtés de chacun d’eux. Et quand c’est Gabriel, lui et seulement lui, qui va devoir remonter dans son propre passé, peu glorieux, pour dénouer une ficelle qui permettra de comprendre l’écheveau de l’intrigue, c’est tout le groupe, mais aussi le lecteur, qui va ouvrir ses yeux bien ronds et s’étonner du résultat.


Personnellement, je pense que j’ai arrêté de respirer durant les deux cents pages centrales, tellement l’intrigue était dense et les rebondissements imprévisibles. Les images qui se présentaient à mon esprit étaient parfois proches de me donner la nausée. La plume est fluide, tenace, dense mais sans être étouffante, et on sent qu’il y a eu beaucoup de recherches en préparation de l’histoire car le tout tient vraiment bien la route. Maintenant, j’ai envie de savoir qui est ce Lucas qui apparaît à la fin et il semblerait justement que le personnage principal du premier roman de Ludovic Lancien porte ce prénom... 

Et de toutes façons, même si ce n’est pas le cas, c’est sûr, je vais lire sous peu « Le singe d’Harlow » !  

jeudi 12 novembre 2020

Le Murmure des fous, Stéphanie Blanchard (Elixyria, 10/2020)



Le Murmure des fous, Stéphanie Blanchard (Elixyria, 10/2020)

💙💙💙💙

« Qu'est - ce que la folie ? Une anomalie mal comprise ou une sagesse marginale ? ». Ce thriller pose cette question à diverses reprises ; sous couvert de personnages médecins psychiatres ayant expérimenté des méthodes de soin différentes basées autour de l’hypnose et de la médication chimique, l’auteure explore l’univers de la psychose post - traumatique.

 

« Eryn avait très tôt montré un caractère à part. Tantôt renfermée, tantôt à la recherche d'une affection démesurée, elle enchaînait les périodes d'instabilité qui inquiétèrent rapidement ses institutrices. Emmett, son père, ne s'était jamais préoccupé de ce trouble. Pour lui, sa fille était différente, mais pas malade. » Eryn est le personnage principal de ce thriller. Elle joue le rôle de l’araignée au milieu de la toile qu’est l’intrigue, entourée par ses amis et sa famille mais aussi la forêt de Willow Creek. Est – elle prédatrice ou proie ? L’évolution du récit permet au lecteur d’osciller entre ces deux positions… En effet, Eryn a été enlevée lorsqu’elle avait quinze ans et a réussi à échapper à son kidnappeur par miracle. Depuis, elle souffre de troubles psychologiques, d’amnésie et d’un trouble perturbant ; elle semble être capable d’entrer en communication télépathique avec d’autres victimes. Etrange…

 

Autour d’elle, des personnages extrêmement complexes ; la plupart travaillant d’ailleurs dans le service psychiatrique de l’hôpital dans lequel Eryn est régulièrement internée. C’est d’ailleurs parfois un peu confus et il vaut mieux prendre quelques notes pour bien comprendre les relations entre les uns et les autres. Lorsque la fille de son nouveau voisin est enlevée, Eryn sent que le pouvoir de stopper ces enlèvements est en sa possession ; à elle de mener l’enquête et d’oser pénétrer dans cette forêt qui la terrifie…

 

« Au fond, qu’espérait-elle de la vie ? Tout le monde la croyait juste bonne à être enfermée. Comment peut - on continuer quand on ne sait pas qui l'on est ni ce que l'on est capable de faire ? Se regarder dans le miroir pour voir une étrangère ? Une folle ? Une meurtrière ? » La force de ce roman réside réside dans le floutage des repères : on ne sait qui croire. On va de surprise en retournement de situation. La plume est fluide et sait manier le suspense. La solution est vraiment tout au bout des pages !

 

Au final, un bon thriller, intéressant et captivant, qui nécessitera toutefois la prise de notes pour éviter de se perdre dans les liens confus entre les personnages. 

mardi 10 novembre 2020

1,2,3, nous irons au bois, Philip Le Roy (Rageot, 06/2020)


 

1,2,3, nous irons au bois, Philip Le Roy (Rageot, 06/2020)

💚💚💚💚💚

Une jolie surprise avec ce thriller horrifique classifié « Young adult » puisqu’il m’a embarquée dans une lecture quasi non – stop !

« Fin de la vidéo.

Un lien invitait à cliquer pour en savoir plus.

Fanny cliqua.

Elle tomba sur une annonce pour participer à une sorte d'escape game qui allait se dérouler dans le sud de la France. La règle était simple. Dix jeunes de dix - huit ans sélectionnés par la production devraient concourir dans un jeu grandeur nature. L'objectif serait de rester le plus longtemps possible dans une forêt réputée hantée jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un seul participant. » Fanny est une frondeuse. Elle a toujours un mot pour rire et rêve d’une petite notoriété sur les réseaux sociaux, comme beaucoup de ses amies lycéennes. Quand elle apprend sa sélection pour le jeu « Ne reviens pas ! », Fanny est fière d’elle : ses copines n’ont pas été retenues, et au- delà des dix mille euros en jeu, une chose compte : elle va devenir célèbre !

 

Mais une fois larguée en pleine forêt, notre Fanny va vite déchanter : agressée par un concurrent, la voilà effrayée par des bruits, des silhouettes qui se faufilent autour d’elle et ses difficultés à appréhender un terrain naturel. Peu à peu, ce qui était annoncé comme un jeu va prendre une tournure étrange, et inattendue. Moi- même, en tant que lectrice, je n’avais pas vu le second degré de cette histoire captivante arriver…

« - Quelle culture ! Tu sais que t’es déroutant comme mec ?

- Déroutant ou cultivé ?

- A notre âge, être cultivé est déroutant. »

L’auteur porte un regard criant de vérité sur nos grands adolescents qui sont nés avec un portable dans la main et qui mesurent leur popularité au lycée en fonction du nombre de « likes » de leurs publications sur les réseaux sociaux. Ils valent tellement mieux que ça…

 

Au final, un thriller très bien écrit, qui sait vous embarquer vers une aventure à la sauce Koh – Lanta pour prendre ensuite des directions inattendues. J’ai complètement adhéré aux profils des personnages, partageant avec eux des sentiments d’effroi, de découragement, mais aussi de soulagement. Une belle lecture qui va me pousser à lire les autres romans de l’auteur.

lundi 9 novembre 2020

La Malédiction des Atuas, Laure Allard - D'Adesky et Morgane Scheinmeer (Plumes du web, 09/2020)



La Malédiction des Atuas, Laure Allard - D'Adesky et Morgane Scheinmeer (Plumes du web, 09/2020)

Je referme ce livre avec un sourire aux lèvres. C’est une bien jolie histoire qu’ont écrite ensemble Laure Allard – d’Adesky et Morgane Scheinmeer. Leur imagination s’est plongée dans les contes légendaires de la culture maorie, pour nous livrer un récit oscillant entre le réel et le surnaturel.

 

« Je cherche une explication rationnelle : peut- être s'est-il brûlé par mégarde avec la bougie allumée entre nous sur le comptoir, peut-être n'ai-je ressenti qu'une projection psychologique de sa souffrance à lui… Est- ce aussi simple que cela ? » Quand Clarisse, jeune Française en vacances à Sydney, croise le bras de Maxime, expatrié en Australie depuis quelques années déjà, ils ressentent en même temps une brûlure intense au niveau du bras. Etrangement, ils portent sur le bras en question un tatouage maori, réalisé vraisemblablement le même jour.

Cette rencontre va les mener à enquêter jusqu’en Nouvelle – Zélande sur les traces des dieux maoris pour contrer ce qui n’est autre qu’une malédiction. Car, bien évidemment, de fil en aiguille, le beau gosse et la jolie frenchie vont tomber amoureux l’un de l’autre ; mais comment vivre cet amour quand on ne peut pas se toucher ?

 

J’ai aimé suivre Maxime et Clarisse, deux héros attachants, dans leur enquête, osciller avec eux dans le surnaturel, même si le surfeur a eu un petit côté MacGyver qui m’a un peu agacée par moments. J’ai aussi beaucoup aimé l’humour distillée par les deux plumes dans les dialogues entre nos deux amoureux, prêts à tout pour charmer l’autre « de loin » :

« - Il paraît que l'amour sans patience est un amour qui ne peut être éternel.
- Tu parles comme un livre, répond Clarisse en me tirant la langue.
- Si tu savais tout ce que je fais de mieux qu'un livre. »

 

Au final, un roman très agréable, bien écrit, qui vous emportera dans un moment d’évasion plein de bons sentiments et de magie. Au fond, n’est- ce pas ce dont nous avons besoin en ce moment ?