mardi 31 mars 2020

Etrangers, Tome 1, Cara Solak

Etrangers, Tome 1, Cara Solak (Plumes du web, 2019)

★★★★★

Je ne suis pas une lectrice de dystopie mais je ne vais plus le proclamer longtemps ! Je me suis une nouvelle fois laissée emporter par un récit de catastrophe futuriste, pas une apocalypse mais pas loin : on tient sous cloche les personnes fertiles car procréer est devenu un problème de santé publique international. Les hommes ont donc créé des cités « sous cloche » dans lesquelles on associe les mâles et les femelles les plus à même de se reproduire avec succès.

Pour que cela se déroule sans trop d’encombres, ces cités fonctionnent en vase clos, avec un service de garde insensible et efficace. Ici, nous sommes donc à Valéria, qui rassemble les meilleurs reproducteurs de l’ancienne Europe : « A Valéria, la procréation est sacrée. Plus qu'un devoir, c'est une nécessité, notre salut. »
Nous voilà aux côtés de Lilas Stevens, 29 ans, médecin spécialisée dans les accouplements. Sa mission est de programmer les accouplements des hommes et des femmes selon leur compatibilité et les périodes d’ovulation.
Pas d’amour ni de sentiment : l’acte sexuel ne se fait que par nécessité.

Et pourtant, un jour, Valéria va subir une attaque et Lilas va se retrouver face à Adrien, un assaillant blessé qui la menace d’un couteau. En tant que soignante, mais aussi femme régulièrement assaillie parce que féconde, elle va accepter de l’aider… Va débuter pour elle une aventure dont les prémices auront le doux parfum de la liberté…

J’ai adoré cette histoire en cette période de confinement qui nous rappelle que tout scenario catastrophe situé dans notre futur immédiat se retrouve suivi d’une aura de probabilité : « Et si ??? ».
Les personnages sont attachants, l’intrigue tient la route et je n’avais pas vu arriver la piste finale lancée par Adrien. Je n’ai qu’une envie : en savoir davantage en lisant le tome 2 !!!

samedi 28 mars 2020

115, Benoît Séverac

115, Benoît Séverac (La Manufacture de livres, 2017)


★★★★★

Le « 115 », c’est le numéro du Samu social ; celui que l’on compose lorsqu’on perçoit une personne en difficulté dans la rue, que ce soit pour un toit, un repas, des soins… Les bénévoles qui y travaillent, vous vous en doutez, en voient de toutes les couleurs. Benoît Séverac a choisi d’y implanter l’intrigue de ce roman policier.

Lors d’une descente de police dans un camp de Gitans, à Toulouse, Nathalie Decrest, chef de groupe dans un commissariat de quartier, découvre deux Albanaises, et le petit garçon de l’une d’elle, cachés dans un container. Ces femmes tentaient d’échapper à leur proxénète.

Ce jour-là, comme la perquisition concernait les combats de coqs, une vétérinaire rencontrée dans une précédente affaire, Sergine Hollard, assiste à l’étrange découverte. Profondément empathique, celle-ci va vouloir suivre l’affaire de près, touchée par le petit garçon, malade, complètement perdu dans cette foule de « grands » qui crient dans une langue inconnue : « Ce gamin, dont le prénom lui échappe encore, comme si son inconscient refusait de le retenir, il l'a regardée droit dans les yeux ; et ses yeux lui ont dit qu'il ne la croyait pas. »
Par ailleurs, Sergine est en train de mettre en place un projet sanitaire : ouvrir un dispensaire vétérinaire gratuit pour soigner les animaux des sans-abris. De fil en aiguille, les deux histoires vont s’entremêler, découvrant la violence qui ponctue le quotidien des laissés-pour-compte, qu’ils soient exploités dans des réseaux de prostitution ou mis au ban de la société.

Au final, il s’agit d’un roman policier captivant tout en étant très sensible. On sent l’empathie de l’auteur pour ces personnes au grand cœur qui œuvrent nuit et jour pour apporter un peu de douceur dans l’univers cruel de la grande précarité. Les deux femmes qui mènent l’enquête, chacune à sa manière, sont des personnages très aboutis psychologiquement parlant, et on ne doute pas un seul moment qu’elles puissent exister dans la réalité ! J’en espérais pouvoir les rencontrer… peut-être dans un autre opus de papier ?
Aucun doute : auteur à suivre !

jeudi 26 mars 2020

1902, Fabienne Lejamble

1902, Fabienne Lejamble (Kissilow éditions, 2019)

★★★★☆

Je découvre l’écriture de Fabienne Lejamble avec ce petit roman (ou longue nouvelle) intitulé « 1902 ». Ce titre, c’est l’indication d’une année durant laquelle d’étranges phénomènes vont se produire à différents endroits.
Bienvenue dans le monde du « Sentier noir », dans lequel les sortilèges les plus morbides permettent de faire aboutir les projets les plus fous d’aristocrates dégénérés.

A première vue, trois récits tout à fait différents s’offrent au lecteur. Et ce dernier va plonger de plein gré dans les abîmes de l’univers fantastique : la météo est maussade, la mer est agitée et il est impérieux pour le jeune Georges, qui mène le premier récit, de se rendre dans le petit cimetière du petit village breton dans lequel il est, à la base, venu se reposer. Dans la deuxième partie qui se déroule à Paris, nous sommes dans les bas-fonds de Paris, où Antoine enquête sur les disparitions mystérieuses de prostituées en pleine nuit. La troisième partie remonte, elle, aux origines des deux premiers récits et donne un dénouement à l’ensemble.

J’ai été captivée par l’atmosphère oppressante habillement distillée par Fabienne Lejamble. Aucun doute, voilà une auteure qui sait comment garder l’attention de son lecteur dès ses premiers mots jetés sur le papier. Les mots choisis sont justes et le rythme sert parfaitement l’intrigue.

Le seul petit bémol pour moi dans ce récit a été le dénouement, trop onirique à mon goût ; je suis un peu restée sur ma faim…
Mais une chose est sure : je vais lire les autres livres de Fabienne Lejamble… Et vite !

Liz – Tome 1,5 – Dangereux désirs , G.H. David

Liz – Tome 1,5 – Dangereux désirs , G.H. David (éditions Elixyria, 2019)

★★★★★

J’ai retrouvé avec délice la plume de G.H. David avec ce tome « compagnon » de la série « Liz ».  En effet, le tome 1 de la saga se déroule du point de vue de Liz, tandis que celui-ci est le récit de la même histoire de rencontre, mais du point de vue du protagoniste masculin, Max.

J’ai vraiment apprécié cette version de l’intrigue qui permet de découvrir notre héroïne sous un jour nouveau, tout en donnant une dimension plus humaine à la recherche des origines du côté sombre de Liz. On en apprend aussi beaucoup sur Max lui-même, qui paraissait pourtant un homme bien sous tout rapport dans le tome 1. On découvre ici que lui aussi possède des parts d’ombre liées à un passé douloureux : « Le regard du soldat que j'ai abattu me poursuivra jusque dans ma tombe. C'était lui ou moi et, dans sa pupille, j'ai vu tomber l'ombre de la fatalité, le voile de l'effroi. »

Mais Liz et Max ne sont pas seuls. C’est une valse à trois qui se danse car Liz (ou Elie) est en couple avec Alex. Et ce dernier est loin d’être un ami pour Max…
De rencontres furtives en soirées animées ou en mission sauvetage, les deux êtres se frôlent, se rapprochent, et toujours le regard est le sens le plus en alerte : « Il y a une vie entière contenue dans ce regard, les pensées s'y dessinent plus vite qu'un générique ne défile à l'écran. »

Max se croyait insensible, handicapé des sentiments et des sensations. Avec Liz, il redécouvre l’odorat (ah ! ce parfum vanille – ylang ylang !) et ouvre enfin les yeux sur la beauté (ah ! cette scène devant le tableau représentant une femme asiatique !). C’est une découverte on ne peut plus positive et inattendue, étant donné le monde de brutes dans lequel les personnages de la saga évoluent !

Je terminerai ma chronique avec cette phrase que je trouve si joliment construite : « Un jour, Dieu créa Elie, et pour lui donner substance, il concentra dans l'espace restreint de ses prunelles tous les flots de la terre, la violence des torrents, la splendeur des océans, la fragilité des sources, la quiétude des rivières. »
Et en ajoutant que j’ai bien de la chance puisque le tome 2 m’attend !!!!

mardi 24 mars 2020

L’Etoile d’Orion, Aymeric Janier

L’Etoile d’Orion, Aymeric Janier (Beta Publisher, 2019)

★★★★☆

« L'homme est une drôle de créature, vous ne croyez pas ? D'un côté, cette intelligence rare et supérieure qui lui permet de dominer toutes les autres. De l'autre, cet instinct sournois qui, tel un poison, le pousse à l'autodestruction. Le seul être de la Création capable de mentir, de trahir et de tuer, non par nécessité, mais à la demande. » Aymeric Janier est journaliste de formation, actuellement éditeur au service économique du journal « Le Monde », et expert dans ce qui traite de la géopolitique et des relations humaines au niveau international. Son expertise de « la marche du monde » est très prégnante dans « L’Etoile d’Orion », qui constitue son premier roman.
Dans ce thriller, qui mêle espionnage et manigances odieuses, le lecteur va découvrir les pratiques d’une mystérieuse organisation nommée SPECTRE. Pourquoi a-t-elle été mise en place ? Par qui ? Pour quels réels desseins ? Tout semble tourner autour d’un événement appelé « l’incident du 20 janvier 1986 » ; un pasteur avait été assassiné sauvagement par un fondamentaliste musulman sur le sol américain. En quoi ce crime peut-il être lié à ce qui ressemble à un complot international ?
Le lecteur, aidé par des vidéos d’informations complémentaires cachées sous des QR codes à plusieurs endroits du récit (celles-ci ne sont pas indispensables à la compréhension de l’histoire, pas de panique !), va évoluer aux côtés de trois personnages au profil différent : ¨le colonel Alexeï Koulikov appartenant à l’armée soviétique, Phyllis Danbury, journaliste au « New York Times » et Aaron Snyder, jeune capitaine de l’armée américaine qui rêve d’entrer dans les services secrets. Ces trois-là n’auraient jamais dû se rencontrer mais le complot qu’ourdissent les dirigeants de SPECTRE vont les pousser à s’unir pour mettre à jour la vérité.

C’est un thriller qui se lit tambour battant. L’écriture est fluide, riche (j’adore devoir aller chercher des mots dans un dictionnaire !) et le propos est intelligent. Voilà un roman qui instruit et divertit en même temps ; c’est tout de même assez rare !
Un seul petit bémol à mes yeux : les personnages m’ont paru « froids » ; j’ai eu du mal à avoir de l’empathie pour eux. Il m’a manqué un peu de profondeur psychologique pour mieux comprendre leurs réactions, leurs sentiments.

Ceci mis à part, c’est un excellent roman, l’objet- livre est magnifique (bravo aux éditions Beta Publisher !) et je ne peux que vous conseiller de le lire et de suivre l’auteur !

jeudi 19 mars 2020

La cave aux poupées, Magali Collet


La cave aux poupées, Magali Collet (Taurnada, 03/2020)

★★★★★

Pfiouh ! Quelle claque ! Un roman noir, très noir, qu’il est difficile de lâcher tant il est singulier par son côté glauque et oppressant.

" Quand on vit dans la merde, on finit par lui ressembler quoi qu'on fasse" répète Manon, comme un mantra. On peut dire qu’elle sait de quoi elle parle en tournant les pages de ce récit qui relate une partie de sa vie.
Enfermée depuis sa plus tendre enfance dans une maison perdue dans les montagnes, Manon, jeune fille d’une vingtaine d’années, passe ses journées à travailler chez elle selon un planning bien précis : ménage, lessive, repas à faire pour son père, avec qui elle vit seule depuis une dizaine d’années, et une mission bien plus sordide : faire la toilette et apporter les soins nécessaires aux jeunes filles que son père a enlevées pour assouvir ses pulsions malsaines. Ces dernières sont enfermées dans des cachots situés dans le sous-sol de la maison.
« C'était à moi de la laver aussi, ce que je faisais à l'aide d'une bassine que je remplissais directement à la douche de la cellule. Pendant ce temps-là, elle gardait les yeux fermés et je préférais ça. Le Père, ça lui allait de monter un fantôme et il continuait à le faire au même rythme qu'avant. »

Manon ne pose pas de question : au moindre faux pas, elle est rouée de coups…
Elle n’a aucune conscience de ce qu’est une vie que l’on peut qualifier de « normale ». Ses seuls repères sont ceux diffusés à la télé… Sa conception de la vie de famille est tellement faussée !

En tant que lecteur, on a envie d’aider Manon à ouvrir les yeux même si l’on sait très bien que nos conceptions sont tellement différentes des siennes. Cette jeune femme, outre les violences physiques innommables qu’elle subit depuis des années, est complètement brisée au niveau psychologique.

Pour un premier roman, Magali Collet frappe vraiment très fort ! Son style sert parfaitement son intrigue. Pas de pathos, ni de psychologie à deux balles. Elle raconte à travers la voix de Manon, ses observations factuelles, ses pauvres capacités de réflexion, ses pauvres petits rêves…

Un conseil : jetez-vous sur cette pépite !!! Moi, j’attends le prochain avec impatience !

mercredi 18 mars 2020

Les jumelles martyres, Isabelle et Mireille Grenier


Les jumelles martyres, Isabelle et Mireille Grenier ( Editions de Mortagne, 2018)

★★★☆☆

Un témoignage percutant, qui met mal à l’aise. Âmes sensibles, passez votre chemin…

Isabelle et Mireille Grenier ont décidé de raconter le calvaire qu’elles ont vécu petites filles pour deux raisons : témoigner des insuffisances des Services sociaux (même si cela se déroule au Canada, on a déjà lu des reportages dénonçant ces mêmes manquements chez nos Services sociaux français), et montrer qu’une résilience est possible, qu’une vie heureuse en tant qu’adulte équilibré peut s’envisager quand on a connu les pires cruautés dans sa plus tendre enfance.

Les jumelles ont été abandonnées à la naissance par une maman qui avait déjà eu trop d’enfants. Le fait qu’elles soient à adopter ensemble ne facilite pas la démarche. Elles devront attendre l’âge de deux ans pour qu’une famille, les Lavoie, jette leur dévolu sur elles. Cette potentielle famille adoptante voit surtout en ces deux gamines une source de revenus non négligeables…

Très vite, les deux petites se retrouvent dénudées, attachées à leur lit, à se nourrir de restes et à subir des brimades d’une cruauté inqualifiable au quotidien. Certaines scènes des sévices subis racontés sont insoutenables. Par la suite, les fils Lavoie vont ajouter d’autres cruautés au calvaire des gamines, en assouvissant leurs besoins sexuels et en permettant à leurs copains de faire de même sur ces pauvres petites ; encore justement si petites… C’est honteux, cruel, inhumain. Les animaux ne font pas subir ce genre d’atrocités aux leurs.

Les services sociaux se doutent que quelque chose cloche, mais leurs visites s’espacent et rien n’est fait. Mme Lavoie prétend s’occuper si bien des petites.

La suite de leur expérience des familles d’accueil ou adoptantes n’est guère plus joyeuse, et pourtant, Isabelle et Mireille l’attestent, main dans la main : elles ont réussi à s’en sortir.
Un exploit vu ce qu’elles ont vécu.

mardi 17 mars 2020

L’homme aux murmures, Alex North

L’homme aux murmures, Alex North ( Seuil, 03/2020)

★★★★★

Vous avez aimé le film « Sixième sens » de Night Shyamalan ? Précipitez-vous sur ce thriller !!!
Moi qui suis un peu froussarde par rapport à ce qui a trait au surnaturel, à la présence parmi nous d’esprits de défunts, j’avoue avoir frissonné plusieurs fois en lisant certaines scènes !

Nous sommes ici sur une intrigue de disparition d’enfants. Pete, notre enquêteur, a l’impression de se réveiller d’un vilain cauchemar lorsqu’il apprend la disparition de Neil Spencer, six ans. En effet, il a enquêté vingt ans auparavant sur une série d’enlèvements et de meurtres de petits garçons à Featherbank, ville qualifiée de tranquille. L’assassin avait été arrêté et il est toujours incarcéré. Qui donc vient perpétrer de nouveau ce genre de crime selon le même mode opératoire ?

« Les cas de disparition d'enfants se divisent en cinq catégories : les rejetés, les fugueurs, l'accident ou la mésaventure, l'enlèvement par un proche, l'enlèvement par un membre extérieur à la famille. » Pete n’aura qu’un seul indice : Neil s’est plaint d’entendre sous sa fenêtre « L’homme aux murmures »…

Pendant ce temps-là, Tom, veuf depuis peu, vient s’installer dans une maison que l’on dit hantée avec son fils de sept ans, Jake. Ce dernier aussi entend des murmures sous sa fenêtre…

Alex North signe ici un premier roman remarquablement maîtrisé. Aucune incohérence, aucun défaut de style. Un récit construit comme un puzzle dont les parties sont distillées au fil des chapitres. Et cette fin !!! Brrr !!!! J’en frissonne encore !!!

mercredi 11 mars 2020

Les Mystères de Rowlington, Clara Le Corre

Les Mystères de Rowlington, Clara Le Corre (Fyctia, 02/20)

★★★★★

Ce roman est une jolie surprise ! Moi qui ne suis pas fan de fantasy, j’ai pris un immense plaisir à lire ce récit dans lequel une jeune fille, Dawn, livre un combat féroce contre les « Animaudits », des animaux modifiés par quelques sortilèges magiques imaginés par des sorcières toutes plus impitoyables les unes que les autres ! Ces pauvres bêtes, que ce soient des chats, des chiens ou des vaches, sont devenues depuis leur transformation des créatures cruelles dévoreuses d’homme.

Pour l’heure, nous sommes au jour de la rentrée au lycée pour Dawn qui ne décolère pas. Elle a rompu depuis peu avec son petit-ami, Armand, et celui-ci se pavane déjà, dès le premier jour, avec une jeune fille prétentieuse et « m’as-tu vu » au possible. De plus, un chat noir qui parle et qui dit s’appeler Cacho, ne la quitte pas d’un poil alors que les animaux sont interdits dans l’enceinte de son établissement scolaire.
Alors quand une nouvelle élève, Leotta, est intégrée dans sa classe et se met immédiatement à provoquer Dawn, celle-ci sent que les ennuis vont très vite s’accumuler.

Il faut dire que Dawn est une écorchée vive. Elle culpabilise énormément, et on la comprend, car elle est responsable de la disparition de son petit frère, Jay. C’est entièrement sa faute si celui-ci est sorti la nuit alors qu’un couvre-feu avait été mis en place. Cela fait un an, mais Dawn ne pourra jamais se le pardonner ; elle est marquée à vie par ce drame dont elle se sentira à jamais coupable.

Les évènements vont s’accélérer, les pages se tourner à une vitesse folle tellement j’ai été captivée !  J’avais peur de me retrouver dans une copie de Poudlard, mais pas du tout ! L’univers créé par Clara Le Corre est original, mêlant la magie à des sujets de la société actuelles tels l’homosexualité et l’exploitation animale.

Les personnages sont très bien construits, et j’aimerais adresser une mention spéciale au grand lord Oscar von Hawk, dont j’ai adoré les réparties. Par exemple : « Jeune créature, je suis un revenant, l'interrompit le squelette en levant son doigt d'un air docte. J'ai été réanimé pour de tristes desseins contre mon gré. Oui, demoiselle, acquiesça-t-il quand Leotta porta ses mains à sa bouche. J'étais dans mon manoir avant que cette gueuse à crapaud ne s'y installe. C'est elle qui m'a ramené à la vie. Dépendeuse d'andouilles. Elle disait qu'elle avait besoin de moi. Or, j'ai refusé d'être esclave dans mon propre manoir. Je n'ai pas l'allure, ni la patience, ni la docilité d'une soubrette. »

Clara Le Corre est, j’en suis sûre, une auteure à suivre !

dimanche 8 mars 2020

Toute la violence des hommes, Paul Colize


Toute la violence des hommes, Paul Colize (Hervé Chopin éditions, 03/2020)

★★★★★

Ce roman est mon premier coup de cœur thriller de ce début d’année ! J’ai tout aimé ; la forme, le fond, la psychologie des personnages, l’ancrage dans l’Histoire de la fin du XXème siècle, et le style de Paul Colize, que j’ai trouvé innovant dans le genre.

« La violence des hommes éclaboussait les siècles. Leur cruauté était sans limites. Les temps de paix n’étaient que de brefs intervalles entre les guerres, les génocides et les massacres. »
Nikolas Stankovic, né en Croatie, est accusé du meurtre d’Ivanka Jankovic, originaire du même pays. Ce jeune homme reste mutique. On découvre rapidement qu’il est le « Funambule », un artiste qui, depuis plusieurs mois, peint des fresques monumentales et choquantes sur les murs des immeubles de Bruxelles. Malgré des preuves attestant de sa culpabilité, il ne sort de son mutisme que pour prononcer ces mots : « C’est pas moi ».
Pauline Derval, directrice de l’établissement de santé mentale dans lequel « Niko » est interné, ainsi que Philippe Larivière, avocat de son dernier, vont tenter de remonter le fil de la vie de cet étrange inculpé, qui ne semble s’exprimer qu’à l’aide de ses Posca.

J’ai adoré la sensibilité de l’auteur qui lui permet de centrer l’attention du lecteur sur quelques personnages qui, dès le début, présentent des failles que l’on devine profondes sans qu’elles ne soient évidentes. Ses chapitres sont courts, incisifs. Les pages se tournent avec avidité parce que les indices sont distillés avec une parcimonie justement et intelligemment dosée.

« Personne ne penserait à se battre pour une question d’écriture. » Et pourtant…

Ne passez pas à côté de ce roman captivant et intelligent !

jeudi 5 mars 2020

La Chinoise du tableau, Florence Tholozan


La Chinoise du tableau, Florence Tholozan (M+Editions, 2019)

★★★★☆

Une jolie histoire pleine de tendresse mais aussi de fantaisie puisque l’histoire d’amour racontée s’entoure de réminiscences mystérieuses liées à un mystérieux tableau acheté par un couple dans un vide-greniers.

La narration en relais par les divers protagonistes de l’histoire et à des époques différentes donnent un dynamisme appréciable au récit, comme une espèce de suspense.
« Il s'agit d'une histoire d'âmes. Et, par la plus extraordinaire des coïncidences, les inclinations que l'on éprouve, amicales ou bien amoureuses, débutent toutes par la lettre A, tout comme âme ! » nous dit Mélisende qui a rencontré Guillaume depuis peu, avec qui tout est comme une évidence… Comme cette impression de « déjà vu, déjà vécu » que nous ressentons tous un jour ou l’autre. Mais aussi comme la pièce manquante du puzzle qui nous constitue : « J'ai pris conscience de ma fragilité. J'ai besoin de toi à mes côtés, dorénavant. Ton amour me nourrit, m'épaule, et donne une justification à ma vie. Tu me rends forte. »

Suite à l’achat de cet étrange tableau qui semble les représenter, Mélisende et Guillaume vont partir en Chine à la recherche de la Chinoise qui est représentée comme troisième personne du tableau. Les coïncidences vont se cumuler au fil de leurs déambulations dans la région du Guangxi. C'est un récit de voyage intéressant, mais j'avoue que certaines descriptions se sont révélées un peu longues pour moi.

Au final, c’est une jolie fable sur l’amour éternel, dont la morale pourrait être la suivante : « C'est à cela qu'on reconnaît l'amour, le vrai. A cette certitude que l'on sera là pour l'autre, quoi qu'il arrive, et qu'il sera également là pour soi. »