samedi 31 décembre 2022

Le monstre du Château de Brooks, Sarah West (auto- édition, 10/2022)



 Le monstre du Château de Brooks, Sarah West (auto- édition, 10/2022)

 💓💓💓💓💓

Finir une année de lecture avec ce monstre du « Château de Brooks », c’est quand même quelque chose ! Je n’avais encore jamais lu de récit aussi « trash », glauque ou « gore » ; je ne sais lequel de ces adjectifs choisir, j’avoue, tant chacun d’entre eux exprime le dépassement de limites de ce qui est humainement entendable ! Une romance historique et horrifique hors norme !

 

« - Ecoutes- moi bien, tu n'es plus une gente dame à partir de maintenant. Tu es mon esclave et tu dois faire tout ce que je te dis ou je te punirais. Et crois- moi, ma chère Catherine, je n'attends que ça. D'ailleurs, ta place est par terre et non à côté de moi. » Catherine est la princesse du Château de Strones. Voilà que son père se retrouve face à des conflits et il a besoin d’alliés pour défendre son comté. Une seule solution : offrir sa fille au roi du comté voisin, Damian, du Château de Brooks, afin de bénéficier de son appui. Au grand dam de la jeune femme, qui connaît la réputation de celui qui va faire d’elle non son épouse, mais son esclave…

 

« Je me lève et cette indigente me crache au visage.
- Vous n'êtes qu'un pourceau, un faquin !
- Oui, tout ça, mais tu peux m'appeler roi Damian, ça ira plus vite. »
Damian n’a pas usurpé sa renommée de monstre. Cet homme règne sur son royaume par la terreur qu’il inspire. Une peur engendrée par des mœurs de tortionnaire, violeur et cannibale. Car oui, le roi du Château de Brooks se nourrit de ses victimes !

 

« J'essuie les dernières larmes sur mon visage et me regarde dans un miroir.
Un jour, je leur montrerai, à tous, que je n'ai besoin de personne.
Un jour, je serai un monstre pire que mon père.
Un jour, on m'appellera le monstre du château de Brooks. »
Au fil des pages, Damian remonte dans son passé, et on comprend mieux ce qu’il est devenu en découvrant les horreurs subies dans son enfance…

 

Au final, un roman surprenant, ponctué de passages difficiles à lire (estomac bien accroché fortement recommandé) mais qui servent une histoire digne des meilleurs récits du Moyen Age. J’ai eu envie de suivre Catherine, de voir son évolution au contact d’un homme aussi violent et torturé que Damian. On sent un appui psychologique intéressant dans l’élaboration de ces deux personnages, et l’auteure s’en sert habilement. J’espère retrouver Paden ou la petite Marie dans un autre récit de cette trempe !

Rappel de l’auteure : pour public très averti de plus de 18 ans.  

dimanche 25 décembre 2022

Les larmes du silence, Tome 3 : Aime- moi, Sarah West (Evidence éditions, 09/2021)



 Les larmes du silence, Tome 3 : Aime- moi, Sarah West (Evidence éditions, 09/2021)

💙💙💙💙💙 

Voici le troisième et dernier tome de la trilogie de dark romance, « Les larmes du silence », imaginée par Sarah West. Nous y retrouvons Nina, personnage principal du premier tome, et Hayden, héros monstrueux du deuxième. Ce dernier est encore en plein processus de vengeance contre tous ceux qui ont fait du mal à la jeune femme quand celle- ci sort justement du coma. Il n’a alors qu’une envie ; retrouver sa « petite étoile » et l’emmener avec lui sur le chemin de représailles qu’il a commencé à tracer dans le sang.

 

« Le sang gicle partout, alors je recule et m'adosse contre le mur. Je le regarde mourir dans d'atroces souffrances. Il se vide complètement, mais je décide que c'est trop long pour moi, j'ai autre chose à faire qu'attendre qu'il crève enfin. Je reviens vers lui, passe derrière, et avant de l'égorger, je lui chuchote à l'oreille :
- ça, c'est pour Nina. »
Hayden avait trouvé le journal intime de Nina, dans lequel elle racontait les agressions dont elle avait été victime, tout en nommant les protagonistes des viols subis sous la férule de Kyle, qui se faisait passer jadis pour son petit- ami. Le jeune « presque demi- frère » étant lui- même un criminel ultra- violent, au comportement psychotique, la décision qu’il prend de tous les éliminer est aussi l’occasion de soulager ses plus bas instincts.  

 

« Il faut juste que, toi aussi, tu ouvres les yeux et que tu comprennes cela. Pour être avec moi, Nina, il faut que tu t'habitues à vivre avec mes démons. Je suis un homme mauvais, je tue, je viole, je torture. Je suis un monstre. Je ne changerai jamais. » Nina va découvrir la véritable nature de celui qu’elle voit comme son sauveur et son protecteur, et dont elle tombe rapidement amoureuse. Mais est-elle capable de partager la vie d’un homme qui a besoin de torturer, de tuer, pour être heureux ?

 

« Deux âmes blessées qui se sont trouvées. Je comprends mieux le lien si fort qu'on perçoit entre vous. » Nina a changé. Ce n’est plus la victime qui se laisse dépérir pour espérer ne plus subir. Malgré cela, elle a besoin de la présence d’Hayden pour avancer dans la vie sans plus avoir peur, tout comme lui a besoin d’elle pour calmer ses frayeurs nocturnes. Un couple aussi fracassé peut- il durer ?

 

Au final, un troisième tome dévoré à vitesse grand V tout comme les précédents. L’auteure maîtrise les éléments du suspens à la perfection et il est impossible de lâcher le livre à la fin du chapitre ! Son écriture trash ne conviendra pas à tout le monde et certains passages exigent d’avoir un estomac bien accroché ! L’histoire de Nina et Hayden se termine de manière tout à fait cohérente ; c’est bien flippant !!!! Mais où Sarah West va-t-elle chercher toutes ces idées- là ?!!!

jeudi 22 décembre 2022

Dear Ava, Ilsa Madden - Mills (Plumes du Web, 04/2022)


 

Dear Ava, Ilsa Madden - Mills (Plumes du Web, 04/2022)

💓💓💓💓💓

Je trouve vraiment réducteur de cataloguer ce roman dense et foisonnant dans le genre de la romance. Alors oui, il y a bel et bien une histoire d’amour en filigrane du récit, mais avant tout, c’est de la collision de deux groupes socio-économiques américains que l’on va parler ici, avec en sus, une enquête policière conditionnée par ces derniers. Un roman « best- seller » d’après le « Wall Street journal » ; et on comprend pourquoi. Un coup de cœur.

 

« Chère Ava,

Tes yeux sont de la couleur de la Mer des Caraïbes.

Merde. C’est nul.

Ce que je veux vraiment te dire c’est… que quand tu me regardes, je ressens quelque chose de REEL. Et ça ne m’est jamais arrivé. » Ava est revenue dans son lycée, dans l’équivalent de la classe de Première dans le système français, après quelques mois d’absence. Une lettre anonyme a été glissée dans son casier. Qui peut en être l’auteur, alors que tout le monde la méprise, ou l’insulte.

 

« Je tourne la tête et aperçois les braises d'un feu de camp rougeoyant à quelques mètres de là, dans une clairière relativement dégagée. Des images se succèdent dans mon esprit - moi près du feu, riant, dansant, buvant...
Je respire profondément quand un autre souvenir refait surface, mais je le refoule.
Pas encore prête... »
Dix mois plus tôt, Ava a été invitée à une soirée des Sharks, ces footballeurs américains de l’équipe du lycée, fils de riches, pour lesquelles toutes les filles se damneraient. Ava, elle, est boursière. Elle ne doit sa présence qu’à sa beauté extraordinaire.

 

« Le coach Williams nous a chacun personnellement interrogés au sujet de la fameuse fête, mais sans preuves, l'agression fut rapidement oubliée, au bout d'à peine quelques semaines. A Noël, on n'en parlait plus guère que dans les messes basses.
Parce que notre équipe est mise sur un piédestal doré ?
Parce que cette ville est dirigée par nos pères ?
Ouais. Un peu de tout ça. »
Ava a été agressée lors de cette fameuse soirée des Sharks, mais elle ne fait pas partie de leur monde, alors, évidemment, tout est fait pour étouffer l’affaire.

 

Au final, un roman dense, prenant, qui heurte les esprits à l’époque post #Metoo. Le personnage d’Ava est finement ciselé, au point que l’on souffre avec chacune de ses décisions. Celui de Knox, bien complexe lui aussi psychologiquement parlant, est passionnant. J’ai adoré ce roman, construit comme un thriller, avec des retours en arrière et des doutes sur la probité des uns et des autres en fonction de leurs statuts sociaux. A lire sans hésitation !

dimanche 18 décembre 2022

Par le grelot des lutins, Stéphanie Roselière (Elixyria, 12/2021)



 Par le grelot des lutins, Stéphanie Roselière (Elixyria, 12/2021)

🎅🎅🎅🎅🎅

 On reparle des liens ? Alors ici, j’ai hésité entre les prénoms des rennes du Père Noël (vous les connaissez, vous ? Tonnerre, Furie, et les autres ?) et celui de Maggie. Je choisirais ce dernier car il colle à la peau de personnages rudement charismatiques, qui m’ont fait aimer mes deux dernières lectures. Cap sur Dijon, où la jeune Ania, coach en développement personnel, va intervenir auprès d’un trentenaire un peu trop « plan- plan » aux goûts de son frère…

 

« Je lui remets un dossier de présentation préparé la veille, en prenant bien garde à lui effleurer la main d'un air mutin. Ne nous leurrons pas, ce qui fait marcher le monde n'est pas la matière grise, mais ce qui se trouve en dessous de la ceinture. D'ailleurs, on dirait que mon client se radoucit. » Ania, petit bout de femme d’un mètre cinquante- neuf, n’est pas du genre à se laisser impressionner lorsqu’elle doit intervenir auprès d’un éphèbe finalement plus affable que sur le papier.

 

« - Je vois, vous êtes récalcitrant.
- Non, moi, c'est Jacob, pour vous servir.
Révérence ironique.
- Récalcitrant n'est que mon deuxième prénom. »
Si Ania multiplie les expressions « noëlesques » les plus fantasques, Jacob n’est pas en reste, et les réparties échangées par nos deux compères m’ont bien fait rire !

 

« Regardez les enfants qui se pressent pour monter sur les genoux du vieux barbu. Il y en a de tous les âges, de tous les milieux sociaux et de toutes les couleurs de peau. Eux ne se posent pas de questions sur la frontière entre leur culture et celle des autres. En toute innocence, ils se laissent porter par la joie et l'excitation du moment. La tradition de Noël repose avant tout sur des valeurs essentielles : le pouvoir de l'amour, l'aide de son prochain. Des bonheurs à portée de main. »  Ania et ses particularités extraordinaires emmènent Jacob et sa mamie adorable, Maggie, sur les chemins de la magie universelle de Noël. L’occasion de rappeler à tous – lecteur compris- que la période des fêtes est propice à toutes les éventualités. A lire pour rêver, s’émerveiller ! 

vendredi 16 décembre 2022

Embarquements immédiats pour Noël, Carène Ponte (Fleuve éditions, 10/2022)


 

Embarquements immédiats pour Noël, Carène Ponte (Fleuve éditions, 10/2022)

💗💗💗💗💗 

J’aime beaucoup chercher un élément qui puisse faire un lien entre deux lectures qui se suivent et ici, le voilà tout trouvé : les cookies brûlés et immangeables de Carla et ceux de Margot ! Et qui dit « cookies » dit lecture au chaud sous un plaid et quoi de mieux dans ce cas qu’une romance de Noël ? Cette année encore j’ai craqué pour celle de Carène Ponte et encore une fois, j’ai passé un excellent moment, entre rires et émotions !

 

« Pourquoi n'est-il pas possible de trouver le moindre maillot de bain en décembre dans ce fichu aéroport ? Des barres de Toblerone de la taille d'un immeuble, des bouteilles de whisky suffisamment grosses pour soûler une demi- douzaine d'ours, ça d'accord, mais un petit morceau de tissu pour pouvoir aller se baigner, non ! Le monde aurait- il perdu le sens des priorités ? » Les jumelles Margot et Maggie Carpentier se retrouvent bien dépourvues à l’approche de Noël ; leurs parents ont voulu leur offrir un cadeau original : envoyer chacune vers la destination de ses rêves. Si Margot rêve de transat, piscine et soleil, Maggie rêve de fêter Noël en Laponie. Mais voilà que la personne s’occupant des réservations a malencontreusement échangé les identités sur les billets…

 

« La personne qui me fera troquer mon sapin et mes cookies contre un curry de poisson et un collier de fleurs n'est pas encore née. » La déception est immense pour chacune des sœurs. Et pourtant, de moments cocasses en rencontres inattendues, Maggie et Margot vont découvrir des facettes d’elles- mêmes qu’elles ne soupçonnaient pas.

 

« Quel que soit l'endroit du monde, ce sont toujours les mêmes choses qui font rêver les enfants. Des gros camions, des poupées, des patins à roulettes ou encore une dînette. » Que ce soit aux Seychelles ou en Laponie, l’auteure pointe du doigt un élément capital : Noël, et toute la « magie » qui l’entoure, se doit d’être fêté partout de la même manière, avec l’intention première de rendre les enfants heureux, ne serait- ce que l’espace de quelques heures.

 

Au final, une lecture qui s’apparente beaucoup plus à un « feel- good » qu’à une romance, dans laquelle l’humour de Carène Ponte m’a fait rire plus d’une fois. J’ai adoré les personnages de Margot et Maggie, leurs loufoqueries involontaires et surtout, les valeurs qu’elles transmettent. Je conseille vivement ce roman ! 

jeudi 15 décembre 2022

Faded rose – Tome 1, Jenn Guerrieri (Plumes du web, 10/2022)



 Faded rose – Tome 1, Jenn Guerrieri (Plumes du web, 10/2022)

 🌹🌹🌹🌹

Retour dans l’univers rock et malsain des Chainless, découverts dans la trilogie « Tainted Hearts », dont « Faded rose » est un spin- off qui sera décliné en deux tomes. Nous sommes ici aux côtés d’Alden Hayes, le guitariste charismatique du groupe, qui se révèle particulièrement tourmenté. Entre son côté protecteur et sa face plus abrupte et violente, il n’y a qu’un tout petit écart, qu’un rien anéantit. Carla, la fille de son producteur, a pu bénéficier de ses moments de candeur, lorsqu’il se glissait dans la peau d’un « grand – frère », prêt à tout pour rendre heureuse l’adolescente. Mais voilà, Carla a désormais dix- neuf ans, et la complicité qu’elle partageait avec le musicien s’est muée doucement en attirance…

 

« Elle me tend cette fleur aux pétales intacts et écarlates que je saisis avec une infinie délicatesse, de peur de l'abîmer.
- Je sais que cette épreuve sera très dure à surmonter pour toi, mais malgré l'usure du temps, tes valeurs, elles, ne faneront jamais. A l'image de cette rose éternelle. »
Alden a vécu bien des tragédies dans sa vie. La noirceur qui se dégage de ses pensées y trouve une origine évidente. Carla a autrefois tenté de lui apporter son soutien en lui offrant une rose éternelle, avec toute sa candeur d’adolescente. Cette rose, leur symbole d’amitié.  

 

« Le souci, c'est que même avec un changement radical de look vestimentaire, un caractère endurci, ainsi qu'une farandole de colorations capillaires, Alden Hayes continuera de me toiser comme il a toujours eu l'habitude de le faire : avec un mélange de respect et de décence, agrémenté de bienveillance, mais constamment dépourvue d'attirance. » Trois années ont passé et Carla, amoureuse, se désespère de ne pas réussir à séduire Alden, même en s’affichant avec un côté plus rock et provocant...  

 

« Je me déteste tellement que je suis incapable de croire qu'on puisse m'apprécier à ma juste valeur. La personne que je tente d'être sous les projecteurs n'est qu'une coquille superficielle. » Alden sent bien, de son côté, que ses sentiments pour la jeune fille évoluent ; mais comment se lancer dans une relation alors qu’on est certain de rendre l’autre malheureux ?

 

Au final, une romance psychologiquement sombre. Bien des thèmes difficiles y sont abordés : le harcèlement, le deuil et l’abandon. L’auteure s’en sert pour brosser habilement des portraits de personnages tourmentés, et on ne peut que s’attacher à Carla et à Alden, êtres meurtris ; et avoir hâte de lire la suite pour espérer voir un peu de lumière illuminer leur devenir. Rendez- vous en février. 

vendredi 9 décembre 2022

Les Accoucheuses – Le couvent des Pascalines, Alex Sol (Auto- édition, 09/2022)


 

Les Accoucheuses – Le couvent des Pascalines, Alex Sol (Auto- édition, 09/2022)

💙💙💙💙💙

1871. Louise a dix- sept ans et un ennui conséquent lorsqu’on est comme elle, issue de la bourgeoisie parisienne : elle est enceinte hors mariage. Ses parents l’envoient au couvent des Pascalines, histoire de protéger leur réputation. Les sœurs qui y vivent accueillent les jeunes filles enceintes, qu’elles soient riches ou désœuvrées, et s’occupent de l’adoption du nouveau- né. Alors que la France est en période de disette du fait de la guerre contre la Prusse et d’épidémies létales, l’arrivée de Louise au couvent des Pascalines est une providence pour les nonnes ; mais Louise, comment va-t-elle vivre le fait d’être cloîtrée au milieu de miséreuses ?

 

« Il m'est déjà arrivé de les observer alors que je pouvais encore me hisser sur la pointe des pieds pour regarder par la fenêtre - aujourd'hui, j'en suis bien incapable - et je me rappelle leurs silhouettes sombres avancer au ralenti dans les jardins derrière la pauvre malheureuse gémissante sur le point de donner naissance à l'enfant qu'elle ne sera pas autorisée à garder. Terrifiant. » Louise sait très bien pourquoi elle est cloîtrée dans le couvent, et elle est tout à fait en accord avec la décision de ses parents. Même si elle aime beaucoup son amant, Gustave, elle n’a qu’une envie ; se débarrasser du bébé et retrouver sa vie de jeune bourgeoise, s’amuser et danser dans les bals.

 

« Cette pauvre fille n'avait aucune idée de ce qui allait lui arriver. Les nonnes lui ont sans doute promis un lit confortable et des repas chauds. Elle aurait dû savoir que la bonté pure n'existe pas. » Voilà qu’Eugénie, une jeune fille de basse extraction, est placée dans la chambre de Louise. Cette dernière, plutôt que de la prendre en pitié, va la prendre de haut. Jusqu’à découvrir le terrible secret de la jeune fille…  

 

« Quand des filles comme toi arrivent, les sœurs donnent des infusions spéciales à celles qui sont sur le point d'accoucher. Comme ça, au lieu d'avoir un seul bébé à présenter aux futurs parents, elles en ont plus. » Louise n’est pas étonnée du versant lucratif de la congrégation des Pascalines. Et pourtant, durant une nuit marquée par une vague de naissances, la jeune femme va basculer dans une réalité aux accents diaboliques.

 

Au final, j’ai trouvé ce récit captivant ! Les courts chapitres tiennent en haleine et multiplient les surprises ! J’ai beaucoup aimé l’évolution psychologique de Louise. Et quelle fin inattendue !

mardi 6 décembre 2022

Cray’z New year, Lucie Barnasson (Auto- édition, 11/2022)


 

Cray’z New year, Lucie Barnasson (Auto- édition, 11/2022)

❆❆❆❆

 

Voilà le mois de décembre, ses calendriers de l’Avent, ses décorations colorées et lumineuses, les plaids et les boissons chaudes qui envahissent le quotidien. Mais voici aussi le temps des romances de Noël !!!! Cap sur un aéroport des USA bloqué par une tempête de neige !!!

 

« Perdu dans leur délire, je suis tout à coup surpris par la fille qui me rentre littéralement dedans. Elle me fixe l'espace de quelques secondes, puis baisse la tête, s'excuse et part à toute vitesse vers les sièges verts après que je lui ai dit que ce n'était rien de méchant. Happé par la teinte si profonde de ses yeux, je n'entends pas la femme, derrière son ordinateur, qui m'interpelle. » Alors que Cruz s’apprête à rentrer chez lui, en Australie, après que son groupe a tenté de percer aux U.S.A., voilà qu’une tempête de neige empêche tous les avions de décoller. Que faire quand on est bloqué au sol, seul, dans un aéroport ? Se laisser attirer par de beaux yeux ?

 

« Mes doigts courent sur le manche sans que je n'aie besoin de réfléchir, jouant la mélodie que j'avais imaginée pour la chanson sur le prénom "Addisson". C'est dingue de penser que cette mélodie colle parfaitement à la femme que je connais, alors qu'elle m'était venue en tête bien avant que cette petite furie ne débarque dans ma vie. » Cruz est célèbre, voire même adulé en Australie. Mais son groupe peine à percer à l’international. Et pourtant, il a des mélodies romantiques plein la tête ; au point de raconter une histoire d’amour susceptible de lui tomber dessus… comme la neige !

 

« Nous avons joué à qui embrassera l'autre en premier, j'ai gagné, mais je n'avais pas prévu l'autre jeu : celui qui tombe amoureux a perdu. Je crois que ce sera là ma pire défaite. » Addisson devait rejoindre ses amies pour un Nouvel an festif en Floride, mais la tempête de neige la laisse elle aussi clouée au sol. Le hasard la met sur le chemin de Cruz, l’occasion de vivre ce « blocus » de manière agréable ; mais quand les sentiments s’en mêlent, l’issue du jeu devient soudainement problématique…

 

Au final, une romance dans laquelle on se prend vite au jeu. Un homme et une femme du même âge qui se retrouvent coincés dans un aéroport et qui se plaisent ; « what else ? ». Une attirance qui vire au coup de foudre, et une plume fluide qui envoie le lecteur dans un élan « feel good ». C’est Noël, tout finit bien, forcément, et même si c’est fait simplement, ça fait du bien de lire ce genre de romans.  

vendredi 2 décembre 2022

Les Demeurées, Jeanne Benameur (Galimard, 06/2002)



 Les Demeurées, Jeanne Benameur (Galimard, 06/2002)

 💚💚💚💚

L’idiot du village, cette personne impossible à comprendre, mais que l’on accepte avec un sourire en coin sur les lèvres. Jeanne Benameur s’en saisit au féminin, et y insère la problématique de l’enseignement : comment faire une place à l’école du village à la fille de La Varienne, cette simplette vivant à l’écart de la société ; exclue parce qu’elle est ignorante ; ou pour reprendre les termes de l’auteure, parce qu’elle est « demeurée » ?

 

« A l'abrutie, il manque de joindre.
Rien n'est assez puissant pour faire aller le geste jusqu'à l'objet, l'esprit jusqu'à l'image. Le temps n'y fera rien. La mère et la fille, l'une dedans, l'autre dehors, sont des disjointes du monde. »
L’auteure utilise volontiers l’onirisme pour placer cette histoire de duo mère- fille dans un genre d’univers parallèle où l’on vit dans le silence, se comprenant par les gestes et les regards. Nul besoin de savoir pour construire et entretenir un lien fusionnel entre la mère et son enfant, vivant heureuses à l’orée de la société.

 

« Elle demeure. Abrutie comme sa mère. Aimante et désolée. » Luce vit. Elle se contente d’un quotidien simple, composé de repas et de moments partagés avec sa mère. Pourquoi devrait-on la sortir de cet environnement contenant et suffisant ? C’est qu’en France, l’obligation scolaire est inscrite dans l’institution depuis la loi Jules Ferry de 1882...  

 

« Mademoiselle Solange soupçonne qu'au fond de la tête de cette enfant se niche une dureté têtue, une obstination qu'il s'agirait de vaincre. Luce n'apprend rien. Luce ne retient rien. Elle fait montre d'une faculté d'oubli très rare : un don d'ignorance. » Une nouvelle institutrice arrive et elle n’a qu’une idée : faire respecter cette obligation scolaire. Alors elle va venir chez La Varienne, lui « enlever » Luce, parce que c’est la loi, revenir la chercher quand elle ne paraît pas ; persuadée qu’elle va pouvoir en quelque sorte « guérir » la petite de son ignorance.

 

Au final, un roman court et éthéré, qui soulève la question de l’inclusion des personnes handicapées dans notre société. Des phrases courtes dans des paragraphes réduits au strict minimum, comme s’ils représentaient quantitativement les possibilités mentales de ces deux femmes. Un récit sensible, bref, trop bref, qui touche le cœur. Direct.

mardi 29 novembre 2022

Insignis, Charlotte Letourneur (Les nouveaux auteurs, 11/2022)

 


Insignis, Charlotte Letourneur (Les nouveaux auteurs, 11/2022) 

 💛💛💛💛

Je connaissais déjà Charlotte Letourneur grâce à ses précédents romans, publiés sous le pseudo de Charlie Genet, aux éditions Elixyria. Ceux-ci étaient catégorisés « romance » et « urban fantasy », et j’ai eu envie de découvrir la plume de l’auteure dans sa version « thriller ». Le fait que Maxime Chattam ait choisi ce livre pour le prix « 20 mn » a titillé encore plus ma curiosité. Direction le Dark web…

 

« - Présent.
Le regard fixé sur le bitume, il attend que son interlocuteur se présente :
- André, c'est l'heure.
Un claquement retentit dans la radio. Le silence fait place aux parasites de la CB, juste quelques secondes. »
Tout démarre avec un accident de la route : camion contre Porsche. Les stéréotypes semblent trouver une réponse à tout : le jeune conducteur de la voiture de luxe roulait trop vite et le conducteur, à un jour de la retraite, n’était plus capable d’être concentré sur la route…

 

« Elle garde les paupières closes, suit les ondulations magiques de la musique, et tourne doucement sur elle- même. Devrait- elle fuir ? En venant ici, elle se savait en sécurité. Le "Dark Night", c'est sa deuxième maison. Pourtant, elle ne trouve pas la tranquillité des autres soirs. Elle se force à oublier cette appréhension lorsque l'interphone a sonné, ce cliché qui lui a fait si peur. Elle devrait trembler... » Noémie, psychiatre le jour, séductrice la nuit, se retrouve la proie d’un mystérieux harceleur numérique : où est-elle en danger ? Où est-elle en sécurité ? Les limites se troublent.

 

« Les jeux morbides existent depuis toujours. Prends le cirque des Romains, on obligeait les esclaves à s'affronter et le peuple se pressait sur les gradins pour regarder. Aujourd'hui encore, avec la corrida, la chasse. On qualifie la mise à mort de sport. Sans parler des jeux vidéo, des séries télé sanglantes. La mort fascine, mais pas toujours de façon très saine. » Le lieutenant Brice Caley, dont c’est la première enquête, va se prendre en pleine face les dérives malsaines du Dark web. En parallèle, il développe une passion aux dérives charnelles pour Cassandra, double de Noémie…

 

Au final, une intrigue habile, qui part d’un accident de la circulation qui peut sembler banal, puis qui, par l’instinct d’un jeune enquêteur voulant faire ses preuves, va se retrouver sur le devant de la scène parce qu’il détonne dans le paysage policier habituel. Le Dark web concentre tous les fantasmes, ceux des pervers, des arrivistes et surtout, des criminels en tous genres. Charlotte Letourneur a su piocher dans cet univers numérique obscur les éléments d’un thriller à l’intrigue originale. Et son joli visage d’ange blond devient d’un coup si diabolique !

samedi 26 novembre 2022

Les larmes du silence, tome 2 : venge-moi, Sarah West (Evidence, 05/2021)



 Les larmes du silence, tome 2 : venge-moi, Sarah West (Evidence, 05/2021)

 💜💜💜💜💜

J’ai récemment dévoré le tome 1 de cette trilogie et la fin m’avait donné irrémédiablement envie de lire la suite. J’ai de nouveau adoré me laisser emporter par la plume énergique de Sarah West, car même si c’est violent, j’aime ce regard acéré sur le comportement des gens, dans cette société soi-disant civilisée qui est la nôtre. Au fond, combien d’entre nous agissent encore comme des bêtes ?

 

« J'allume le contact et pars. J'attends d'être assez loin pour mettre ma musique en route. Dès les premières notes de Rammstein, je me détends tout de suite. Je m'enfonce dans mon siège et me laisse porter par la chanson "Du hast". La musique est mon salut, c'est ce qui permet de me contrôler. Si je n'avais pas ça, je défoncerais tout, je tuerais tout le monde. » Nous sommes ici en compagnie de Hayden, le pseudo demi- frère de Nina (je dis « pseudo » car ils n’ont aucun lien de sang), après la tentative de suicide de cette dernière. Hayden a compris pourquoi, mais surtout à cause de qui, elle en est arrivée là, et il va s’engager dans une véritable vendetta personnelle

 

« Toute ma rage, toute ma frustration se déversent à chaque coup. J'aime ça, j'aime cette sensation de bien- être, quand enfin j'arrête de les massacrer.
Je suis un drogué du crime, jamais je ne pourrai m'en passer. »
La vengeance va être terrible. Hayden va se servir de son goût pour la violence, pour le sang, pour massacrer tous ceux qui ont fait du mal à Nina, de près ou de loin. Les cadavres martyrisés vont se multiplier au fil des périples nocturnes de notre étudiant sanguinaire.

 

« Je me rends compte parfaitement de mon degré de folie, mais je m'en fiche carrément. Je commence à avoir les yeux qui papillonnent et je finis par m'endormir. Cette nuit, comme les autres où j'ai pu sortir le monstre en moi, je dors profondément et sans rêve. » Hayden est un monstre, c’est clair ; un psychopathe qui doit sa folie à ce qu’il a subi enfant. Le tome 1 donnait quelques indices par rapport à ce passé traumatique ; ici nous avons les détails du martyre qu’a subi Hayden lorsqu’il était petit garçon. Horrible.

 

Au final, j’ai encore une fois été bien remuée par ce qui est soulevé dans cette histoire, mais comme le souligne l’auteure en fin de livre « Mes histoires dark ne sont pas là pour faire rêver au prince charmant, mais pour raconter le pire de l’homme. » La plume est addictive, et les actions s’enchainent sans temps morts (oh, le vilain jeu de mots !). Je vais me ruer sur le dernier tome !

A réserver aux âmes insensibles !

jeudi 24 novembre 2022

Devil in me, Juliette Pierce (Black Ink, 12/20218 )


 

Devil in me, Juliette Pierce (Black Ink, 12/20218 )

💙💙💙

J’ai rencontré Juliette Pierce au DLF de Toulouse fin octobre. Ayant toujours été attirée par les récits se déroulant en milieu psychiatrique, je ne pouvais qu’être tentée par « Devil in me » et son tome compagnon « The devil is a gentleman »… J’ai donc été reçue par le docteur Madsen…

 

« - Tu te souviens de cette époque ? C'était si bien...
Son pouce s'égare sur mes lèvres et un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. De dégoût ou d'appréhension, je ne sais pas. Mon "oui" m'étrangle mais il a l'air satisfait car un sourire ourle ses rêves.
Oui, c'était bien.
Enfin, je crois.
Pour être honnête, je ne m'en rappelle pas. »
Alix est une toute jeune fille de dix- huit ans internée en hôpital psychiatrique pour schizophrénie. Elle vit dans un brouillard perpétuel, ponctué d’apparitions d’ombres menaçantes. Le psy qui la suit, le docteur Madsen, est sexy en diable et exerce une totale emprise sur sa patiente les autres pensionnaires, ainsi que sur le personnel soignant féminin.

« Parfois je me demande même si Jefferson est un vrai psychiatre. Il a des manières... Peut- être que lui aussi est fou. Peut- être qu'on joue tous aux fous et qu'ils s'amusent bien pendant que je me tue sur le chemin de la vérité. » Qui manipule qui ? Entre le personnel soignant et les patients, qui passent d’une unité à une autre selon leur potentiel de « dangerosité », il y a comme un jeu de chaises musicales. Alix, perdue dans les images d’un passé qui peine à lui revenir et des personnes en qui elle n’est pas sûre de pouvoir faire confiance, se perd.

Au final, une plume très agréable à lire mais bien trop éthérée à mon goût. Les errances psychologiques d’Alix m’ont semblé bien trop longues et cette absence de rythme m’a endormie. Pour un récit étiqueté « dark romance », il a manqué d’actions pour me plaire. Ceci dit, je vais lire « The devil is a gentleman », histoire de voir l’évolution narrative de l’idée de départ (et peut- être, par envie de retrouver ce vicelard de Dr Madsen ?!! Chut…).   

dimanche 20 novembre 2022

Le manoir des sacrifiées, Olivier Merle (XO éditions, 10/2022)


 

Le manoir des sacrifiées, Olivier Merle (XO éditions, 10/2022) 

 💙💙💙

Un titre vraiment intriguant pour ce polar qui nous embarque à l’ère de l’homme de Néandertal ! En effet, un premier crime intrigant va mettre le commandant Grimm et son équipe sur une piste étonnante : l’homme assassiné est retrouvé dans une position de recueil, énucléé, et positionné sous un crâne de Néandertal. Son épouse, elle, a disparu. Aucun indice ne leur permet de trouver une piste. Hélas, très vite, le même scenario se reproduit.

 

« Muette dans un premier temps, impuissante face à l'horreur, elle fut secouée par un tremblement compulsif. Elle se mit soudain à hurler de toutes ses forces dans un état de panique insurpassable et une sensation de mort imminente.
Un cri primal, suraigu, d'une puissance inouïe, ininterrompu, et qui glaçait le sang. »

Si les époux ont été assassinés ; que sont donc devenues les épouses, que l’on ne retrouve pas ? Certains chapitres nous donnent un aperçu de leurs conditions de survie. Des passages, de l’enlèvement aux conditions de détention, glacent le sang.  

 

« Au moindre bruit, même le plus léger, le plus lointain, le plus anodin, elle s'interrompait, retenait son souffle et attendait, le front posé sur la pierre du mur. Puis, elle reprenait, avec la patience des damnés qui ont l'éternité pour accomplir une tâche insurmontable, tel Sisyphe remontant sans cesse son rocher au sommet de la montagne. » Alors que Grimm est écarté de l’enquête pour raisons personnelles, et que son équipe piétine, les femmes séquestrées essaient de trouver un moyen de s’échapper, de fuir des sévices que leur cerbère leur impose.

 

Au final, un thriller que j’ai aimé lire mais qui m’a semblé un peu « mollasson » dans les deux premières parties. Les personnages m’ont agacée et le style, bien trop plat pour un roman policier, m’a ennuyée. Et puis il y eut la troisième partie où, enfin, il y eut des actions dignes de ce nom. Une intrigue intéressante, bien ficelée, mais, à mon avis, bien mal servie. A réserver aux lecteurs qui aiment prendre leur temps.

mardi 15 novembre 2022

S’adapter, Clara Dupont- Monod (Le Livre de poche, 2021)


 

S’adapter, Clara Dupont- Monod (Le Livre de poche, 2021)

💚 

Avoir un petit frère qui se révèle être tellement différent que jamais on ne pourra jouer avec lui. Voilà l’idée de départ du livre de Clara Dupont- Monod, qui a eu du succès à sa sortie, remportant d’ailleurs le prix Goncourt des lycéens et le prix Fémina. Connaissant l’auteure pour avoir apprécié certains de ses précédents romans et ses chroniques sur France Inter, j’ai eu très envie de lire ce dernier opus.

 

 "Un être évanoui avec les yeux ouverts, résuma le frère aîné à la cadette.
- ça s'appelle un mort", rétorqua- t- elle malgré ses sept ans. »
L’arrivée d’un troisième enfant dans la famille va diviser la fratrie : l’aîné va le prendre en affection (pour ne pas dire adoration) et la cadette va le rejeter. Nous aurons la version de l’un, puis de l’autre avant de passer à un chapitre dédié à l’enfant handicapé. Tous vus de l’extérieur.  

 

« Progressivement, il décoda ses pleurs. Il sut lequel témoignait d'un mal de ventre, d'une faim, d'un inconfort. Il possédait déjà un savoir censé être découvert beaucoup plus tard, comme changer une couche et donner une purée de légumes. Régulièrement, il tenait à jour une liste de choses à acheter, comme un autre pyjama violet, de la muscade pour parfumer les purées, de l'eau nettoyante. » L’aîné prend le petit dernier sous son aile ; attendri par son incapacité à accueillir le monde qui l’entoure, et à s’y trouver une place. De grand frère, il déborde vite sur des fonctions plutôt maternelles, s’oubliant même en se dévouant au petit dernier.

 

« En la cadette s'implanta la colère. L'enfant l'isolait. Il traçait une frontière invisible entre sa famille et les autres. Sans cesse, elle se heurtait à un mystère : par quel miracle un être diminué pouvait- il faire tant de dégâts ? L'enfant détruisait sans bruit. » La sœur, à l’inverse, considère ce frère différent comme un « empêcheur de tourner en rond ». Son grand frère la laisse de côté, ne joue plus avec elle, et ses amies sont effrayées par la présence de ce petit frère lourdement handicapé.

 

Au final, un récit que je n’ai pas du tout aimé. J’ai regretté que la nature prenne une telle place aux dépens des relations humaines. La description des paysages est, de plus, répétitive (la draille, les trois cerisiers, les pierres, pfffff !) formant comme un martellement avec l’utilisation à l’excès des pronoms personnels « il » et « elle », répétés à longueurs de phrases courtes. Je n’ai ressenti aucun affect, mais de l’agacement. Un récit qui a manqué de profondeur, et de style pour m’aimanter. 

dimanche 13 novembre 2022

Les larmes du silence, tome 1 : Aide- moi, Sarah West (Evidence Edition, 03/2021)


 

Les larmes du silence, tome 1 : Aide- moi, Sarah West (Evidence Edition, 03/2021)

💓💓💓💓💓

Je ne connaissais pas Sarah West avant d’assister à une conférence dans le cadre du DLF (Dark Love Fest) de Toulouse. Son intervention m’a captivée ; j’ai aimé la franchise, la sincérité et le franc- parler de cette auteure, qui, jamais, n’a cherché à embobiner son public pour vendre plus de livres. Il fallait que j’assouvisse ma curiosité et je n’ai pas été déçue § Ce tome 1, je lai dévoré en une journée, et il est conforme à aux propos tenus : glauque, énervant et hyper violent. Âmes sensibles, s’abstenir !

 

Glauque : « Je continue à boire mon verre tranquillement, et quand il est fini, je sens d’un coup ma tête qui tourne. Je m’accroche au mur, j’essaie de regarder vers Mélina, mais elle m’ignore, trop occupée à discuter avec Kyle. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’il lui entoure les épaules et qu’il l’emmène plus loin. Je suis seule, et à deux doigts de tomber dans les vapes. J’ai de plus en plus de mal à tenir debout, j’ai la nausée. Je sens quelqu’un qui m’aide à me redresser, il passe un de ses bras sous mes jambes, l’autre au niveau de mon dos et il me soulève. » La drogue du violeur. On en a tous entendu parler. Ici, Nina, le personnage principal, en est victime lors d’une soirée. Menacée par ses agresseurs, elle ne va pas les dénoncer, mais subir un harcèlement moral et physique destructeur.  

 

Enervant. « Tout me stresse en ce moment. J’ai de la bile qui remonte le long de ma gorge quand je pense à ma vie d’aujourd’hui et de demain. J’ouvre les bras pour qu’elle s’installe sur moi et on continue de regarder le film, dans les bras l’une de l’autre. J’ai vraiment besoin d’’être consolée, moi aussi, pour ce qui m’attend ces prochaines semaines. » Nina n’a que dix- sept ans et personne ne s’occupe d’elle. Son père a quitté le domicile familial pour aller roucouler avec sa secrétaire, et sa mère n’a qu’une envie, se débarrasser d’elle, cette adolescente devenue trop rebelle. Nina ne s’alimente plus, ne parle plus. Et personne, que ce soit dans la sphère familiale ou scolaire, ne s’en préoccupe… Seule sa petite sœur, dont on va la séparer, lui offre encore un peu de réconfort.   

 

Hyper violent. « Et les coups pleuvent. Il me massacre carrément, je hurle, j’essaie de me protéger, mais il n’y a rien à faire, je suis trop faible face à lui. Le temps me paraît durer des heures, même si je suis sûre que ça ne dure que quelques minutes. Quand il a terminé, je suis incapable de bouger. J’ai mal partout, je reste inerte sur le sol, à attendre la suite, mais rien ne vient. J’entends la voiture de Kyle repartir, sans moi. » Nina n’est pas une héroïne. Nina est une victime. Victime d’un homme, mais aussi d’une société humaine devenue dangereusement hypocrite.

 

Au final, un roman qui m’a captivée mais aussi beaucoup interrogée. Les tensions psychologiques sont palpables et je me demandais jusqu’où le personnage de Kyle pouvait aller, car il est évident que des (sales) types pareils, notre société, malheureusement, en dégorge. Sarah West écrit là un récit fictif d’autant plus percutant qu’il est tout à fait plausible…  

samedi 12 novembre 2022

La Cage, Emma Seguès (Auzou, 09/2022)


 

La Cage, Emma Seguès (Auzou, 09/2022)

 💙💙💙

Eléa se réveille dans un lit qui n’est pas le sien, dans un dortoir où le blanc domine, et dans lequel émergent cinq autres jeunes femmes. Elles réalisent rapidement qu’elles sont enfermées dans cette pièce sans fenêtre, nourries par un système de monte- plat et anesthésiées la nuit. Etrangement, elles reçoivent ponctuellement des cadeaux qui leur fournissent une certitude : elles sont espionnées. Pourquoi sont-elles retenues prisonnières de la sorte ? Qui est derrière cette détention ?

 

« Ce.
Ma poitrine se soulève de manière frénétique…
N'est.
... comme si la mécanique de mes poumons déraillait…
Pas.
... s'emballait au rythme de mon cœur …
Ma.
... qui cogne, qui cogne...
Chambre.
... à en faire mal. »
Eléa a toujours été une grande angoissée ; alors se retrouver dans un lieu inconnu, entourée de filles de son âge aux caractères diamétralement opposés, représente un traumatisme psychologique important. La confrontation avec ses codétenues va être particulièrement violente.

 

« Ce regard, je le connais.
Ce regard, je l'ai déjà vu.
Ce regard, c'est celui qui m'obsède lorsque je ferme mes paupières et que je me laisse envahir par tout ce blanc pulsant d'un battement chaud et régulier.
Ce regard.
Il me terrifie. »
Les jours passent, apportant leur lot de questions, d’autant plus que des souvenirs affluent au fur et à mesure des cadeaux consentis par leurs geôliers. Des incohérences apparaissent. Mais pour Eléa et Kim, la rebelle, une préoccupation majeure va s’imposer : trouver le moyen de s’évader.

 

Au final, pour un premier roman, c’est vraiment un scenario complexe parfaitement maîtrisé. A destination des jeunes adultes, l’écriture est vraiment accessible et les scènes fortes sont aseptisées. Personnellement, c’est peut- être ce qui a fait que je me sois parfois ennuyée. Le suspense tente de se faire une place à la fin de chaque chapitre, mais il retombe rapidement. Ceci dit, je pense que c’est une histoire qui pourra captiver des adolescents lecteurs dès treize ou quatorze ans.  

dimanche 6 novembre 2022

Il était une fois la guerre, Estelle Tharreau (Taurnada, 11/2022)


 

Il était une fois la guerre, Estelle Tharreau (Taurnada, 11/2022)

💓💓💓💓

C’est la première fois que je lis un roman qui m’ouvre autant les yeux sur le stress post- traumatique, mais surtout sur le quotidien de nos militaires envoyés en zone de conflit. Estelle Tharreau réussit ici à faire côtoyer son lecteur et son héros, Sébastien Braqui, aussi bien sur le champ de bataille en Afrique que dans ses tentatives de réinsertion civile en France, auprès d’une famille dépassée par les conditions de travail du militaire.

 

« Le privilège des vaincus : chassés par les vainqueurs et honnis par leurs propres compatriotes. » Cette phrase m’a marquée. Comment peut- on détester ceux qui ont osé défendre nos valeurs ? Et puis, à la lecture du roman, j’ai compris cet engrenage malaisant.

 

« Le soldat Braqui a 40 ans. Il en a déjà tellement vu qu'il n'a pas peur. Il est simplement amer et usé d'être jeté en pâture, d'être montré du doigt, d'être honni par tous ceux qui ne savent rien des sacrifices et des cauchemars qu'il a endurés pour eux. » Quatre fois. On a envoyé Sébastien Braqui quatre fois en territoire Shonga. Pour qu’il y conduise des camions, mais aussi pour qu’il élimine toute personne (armée ou pas) s’opposant à l’avancement de son convoi.

 

« A cet instant jaillit une image qu'il avait cru oubliée depuis toutes ces années : celle du petit Momar. Comme une répétition de l'histoire. Celle de ce visage scarifié par une larme. Comme une malédiction. » Sébastien a eu une faiblesse : il a craqué devant les yeux suppliants d’un gamin abandonné et affamé, qui avait cru voir en lui l’opportunité de survivre. Une faiblesse qui va le suivre durant toute sa vie et affecter Sébastien au plus profond de son âme.

 

« Sous les yeux de Sébastien se déroulaient des scènes de vie étranges : des supermarchés d'où sortaient des chariots pleins d'abondance, des rues où des gens ne fuyaient pas, des enfants armés de cartables. Il se sentait étranger à ce monde qu'il avait pourtant connu toute sa vie. » Sébastien ne parvient plus à reprendre une vie normale lors de ses permissions. Le psy ? L’institution militaire se révèle incapable de lui en trouver un. Un emploi de réinsertion ? On lui donne une liste d’employeurs « partenaires » ; mais ceux- ci sont méfiants envers ces militaires critiqués depuis leur retour en métropole. Les amis ? Aussi brisés que lui. La famille ? Elle a fui.

 

Au final, un roman très dur, très noir, sur les horreurs que peuvent vivre nos soldats dans les pays qui sont en rébellion perpétuelle contre un système plus démocratique. Jamais je n’avais ressenti autant de détresse de la part d’un héros ayant été soldat de la République française, et même si j’ai conscience qu’il s’agit d’un récit de fiction, je ne peux m’empêcher de croire qu’il s’y trouve une certaine part de véracité.   

samedi 5 novembre 2022

Eté après été, Elin Hilderbrand (Les Escales, 06/2022)


 

Eté après été, Elin Hilderbrand (Les Escales, 06/2022)

 💕💕💕💕💕

Quel beau roman ! J’ai véritablement frôlé le coup de cœur ! « Eté après été » est une histoire dense, qui couvre la période contemporaine de 1993 à 2020 pour une héroïne plus ou moins du même âge que moi ; ce qui fait que j’ai pu facilement m’attacher à celle- ci. Alors bien sûr, l’intrigue se déroule aux USA et cela change un certain point de vue (pour une Française, s’entend), mais j’ai vraiment aimé cette évolution chronologique, qui introduit d’ailleurs chaque nouvelle année par ses principaux événements mondiaux : « De quoi parle -t-on en … ? ». Un système narratif bien pensé pour que le lecteur se reconnaisse peu ou prou dans l‘un des deux héros de cette romance hors norme ; Mallory et/ou Jake.

 

« Mais il y a aussi une autre histoire, cette année- là, dont personne n'a entendu parler. Une histoire qui a débuté vingt- huit étés plus tôt et qui ne touche que maintenant - à l'été 2020, sur une île à quarante- huit kilomètres de la côté - à sa conclusion.
La conclusion. Etant donné les circonstances, ça semble le seul point de départ possible. »
L’auteure fait ce choix étrange de commencer son histoire par la fin. Un court chapitre de cinq pages dont le sens se révèlera au fur et à mesure des pages qui vont suivre.

 

« Il est...
Peut- être qu'il n'est pas beau au sens classique du terme. Ou peut- être que si. Il est grand, bien bâti, soigné. Des cheveux bruns, des yeux marron foncé, rien de très remarquable, sinon que ses traits sont harmonieux et qu'il suffit d'un sourire pour que... la vache ! »
Nantucket, 1993. Mallory vient d’hériter d’une maison située en bordure de plage. Elle a 24 ans et s’apprête à recevoir son frère, et les amis de celui-ci, pour fêter son enterrement de vie de garçon. Parmi les amis de Cooper, Jake McCloud éblouit Mallory dès son arrivée. Le coup de foudre est réciproque, et immédiat. A partir de ce week-end-là, ils décident de se retrouver tous les ans à la même date, au même endroit, sans jamais nouer de relation au long cours…

 

« Il a fait tout ce chemin pour venir voir sa femme, or non seulement elle ne répond pas au téléphone, mais en plus elle a omis de prévenir la réception de son arrivée. Elle n'a vraiment aucune considération pour lui. Et elle n'en a jamais eu. Pourquoi l'accepte-t-il depuis aussi longtemps. » Si Mallory reste célibataire, Jake, lui, épouse l’amie d’enfance de sa défunte sœur, mais il est malheureux. Pourtant, jamais il ne va la quitter pour Mallory. D’ailleurs, celle- ci ne le souhaite pas non plus. Leur histoire va rester secrète pendant des années, jusqu’en 2020, où tout va basculer.

 

Au final, un roman vraiment agréable à lire ; la plume habile, prend parfois le lecteur à partie, et bascule de Jake à Mallory avec fluidité. Le récit est pourtant dense, du fait de la nécessité de raconter la vie de chacun des deux protagonistes et de tricoter le fil narratif, qui enserre d’autres personnages et tout autant d’événements, jusqu’au dénouement final. Un roman captivant à déguster lentement.