dimanche 22 septembre 2024

Tokyo Revengers - Tome 1, Ken Wakui (Glénat, 03/2024)


 

Tokyo Revengers - Tome 1, Ken Wakui (Glénat, 03/2024)

💛💛

Un manga au scenario de départ intéressant mais qui m’a semblé excessivement violent. J’ai apprécié la personnalité de Takemichi, qui évolue d’une belle manière au fur et à mesure de ses allers- retours dans le passé. Les dessins sont eux aussi de qualité. Mais ces longues scènes de bagarre m’ont agacée. Je ne lirai pas la suite ; ce n’est pas pour moi. 

Le deuil raconté aux enfants, Aimée Verret (Editions de Mortagne, 08/2023)



 Le deuil raconté aux enfants, Aimée Verret (Editions de Mortagne, 08/2023)

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Comment aider les enfants à faire face à la disparition d’un être cher ? Ce petit guide très agréable à lire propose des pistes de réflexion et d’actions pour les aider à supporter toute période de deuil, que ce soit celui d’une personne proche ou d’un animal domestique.

« - Ziploc ne reviendra pas. C'est difficile à entendre, mais... Il était trop malade, et il souffrait. Nous avons dû le faire endormir. » Maud vient de perdre son chien, très malade. Sa grand- mère va l’aider à surmonter cette perte douloureuse en guidant la petite- fille, notamment en mettant en place des rituels. Cette histoire fictionnelle permet à l’auteure d’aborder le sujet d’une manière accessible aux enfants.

« Savais- tu que le deuil se décline en trois grandes périodes ? Voici les émotions et sensations que tu pourrais ressentir durant chacune : le choc - la désorganisation - l'adaptation. » Après le récit, voici les pages de « Trucs et stratégies », que ce soit pour les enfants et pour les enfants eux- mêmes.

Au final, un guide vraiment bien fait, très abordable et sensible. J’ai aimé que la peine de l’enfant ne soit en aucun moment niée ou minimisée. Un très bon outil pour toutes les personnes qui travaillent auprès du jeune public, et pour les parents concernés par un deuil qui se sentent perdus pour rassurer leurs enfants.

samedi 21 septembre 2024

L’impossible retour, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2024)


 

L’impossible retour, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2024)

💘💘💘💘

Entrer dans la lecture du dernier Nothomb, c’est pour moi comme retourner, un peu, à la maison. Il faut dire que j’ai lu quasiment tous les romans de l’autrice, excepté lors de ma période de « désamour », de 2013 à 2020. Si j’aime le langage de l’auteure, je n’aime pas qu’elle ne me raconte pas d’histoire. C’est pourquoi j’étais un peu sur la réserve quant à « L’impossible retour » : allait-elle me raconter un récit tangible sur ce voyage au Japon ou allais- je rester sur ma faim du fait de métaphores alambiquées ?

« La nostalgie : je ne m'y étais déjà que trop adonnée. Il s'agit de ma pathologie invétérée. Il faut donc que je lui résiste. N’était-il pas temps que je redécouvre le Japon sans être obsédée par ce que j'y avais vécu ? » La nostalgie d’Amélie Nothomb n’est pas nouvelle pour qui la suit depuis un moment. Une enfance vécue là- bas en plein amour avec une nounou merveilleuse, un retour professionnel mitigé mais qui va déclencher un profond respect pour la civilité nippone, une histoire amoureuse, et des milliers de souvenirs avec le papa, ambassadeur, adoré. La nostalgie « nothombienne » se mesure et se comprend.

« Il y a peu d'ivresse qui valent la lecture d'un roman que l'on croirait écrit pour soi. » A part, comme si Amélie avait besoin d’un support littéraire pour continuer à écrire chaque matin, Huysman l’accompagne, avec « A rebours ». L’occasion de s’échapper des rapports humains réels imposés par Pep, l’amie qui l’a emmenée sur ces terres, espérant faire d’elle un guide du Japon contemporain.

« Je n'y arrive pas. C'est une phrase que je me répète cinquante fois par jour, et pas uniquement sur le sol nippon. Il n'empêche que c'est le pays du Soleil- Levant qui m'a appris ce sentiment effroyable : je n'y arrive pas. A quoi ? A tout, à rien. A vivre au Japon. A vivre. » Cet aveu m’a laissée pantoise. Il est vrai que ce roman laisse transparaître des émotions de la part de cette auteure que l’on a parfois du mal à comprendre du fait de son excentricité. Comme une main tendue…

Au final, un cru que j’ai apprécié. La part autobiographique est indéniable, et elle est touchante quand on sait l’importance qu’a eu le Japon dans la vie personnelle d’Amélie Nothomb. Pour ces raisons, je pense que ce n’est pas un roman à lire pour découvrir l’œuvre de l’auteure. Mais pour ceux qui la connaissent, c’est un récit qui ne pourra que les toucher.  

mercredi 18 septembre 2024

Amnésie, Danielle Thiéry (Syros, 03/2024)



Amnésie, Danielle Thiéry (Syros, 03/2024)

💙💙💙💙💙

Dernier tome paru des enquêtes père- fille Marin, et c’est, à mon avis, le plus trépidant ! J’avoue avoir eu le cœur très serré à la fin, voire, avoir une larmichette au coin de l’œil ! Il faut dire que je me suis pas mal attachée à ce duo, constitué d’un père commandant de police soucieux des procédures sans bavures et de sa fille, future flic elle aussi, mais beaucoup plus encline à suivre son instinct !

« C'est à ce moment- là qu'elle l'aperçut.
Un papier grisâtre fixé sous le plateau par des morceaux de scotch qui, délabrés par le temps, ne collaient plus guère. Olympe n'eut aucune peine à détacher le document qui s'avéra être une enveloppe, carrée, ordinaire, cachetée. Quand elle la retourna, elle lut l'inscription au recto :
pour la pPolice »
C’est le hasard qui va mettre Olympe sur une enquête des plus troublantes. Alors qu’elle passe devant un brocanteur, le pied d’une commode se casse et vole jusqu’à elle. Interloquée, elle se tourne vers le vieux meuble, craque, et décide de l’acheter. En le nettoyant, voilà qu’elle trouve un mystérieux message caché…

« Une herbe folle, voilà ce qu'elle était encore, et sans trop savoir pourquoi, Marin sentait que, ce soir, elle n'allait pas tarder à le "brancher" sur un thème de son choix. Il voyait cela dans ses yeux, qui devenaient plus gris que bleus quand elle était "sur un coup", de quelque nature qu'il soit. » Anthony Martin vient d’intégrer la P.J. de Bordeaux, et déjà, sa fille le tanne pour en savoir plus sur les enquêtes en cours. Comment la satisfaire sans trop en dire ?

« "L'intuition a bon dos, disait son père, c'est plutôt que tu as le chic pour te retrouver mêlée à des histoires invraisemblables." » Effectivement, encore une fois, les recherches d’Olympe vont croiser les enquêtes d’Anthony. Et les tensions vont monter crescendo !

Au final, il s’agit de mon tome préféré des quatre que je viens de lire. J’ai beaucoup aimé la double enquête menée par le père et la fille en parallèle, avec une espèce d’enjeu implicite dans lequel on se demande qui trouvera les réponses en premier. De plus, la fin, avec ce personnage d’Angel est particulièrement touchante. 

dimanche 15 septembre 2024

Obsessions, Danielle Thiéry (Syros, 10/2022)


 

Obsessions, Danielle Thiéry (Syros, 10/2022)

💖💖💖💖

Retour à Epinal, aux côtés d’Anthony et Olympe Marin. Le premier est capitaine de police et la seconde est sa fille, désormais étudiante en criminologie. La jeune fille avait déjà participé, en tant que témoin, puis victime, des deux précédentes affaires. J’ai apprécié la retrouver plus téméraire et impliquée que jamais.

« Tandis qu'il continuait à parler, Olympe se sentit soudain enveloppée d'une sensation étrange. Elle avait l'impression que quelqu'un, dans son dos, la fixait. Impulsivement, elle se retourna.
[...] C'est alors qu'elle le vit. »
Olympe poursuit son rêve, celui de suivre les pas de son père : la voilà en fac de droit, spécialité criminologie. Un jour, en plein cours, elle se sent observée. Elle se retourne et là, stupeur : Raphaël, son amoureux disparu deux années plus tôt se trouve au fond de la salle.

« Les Américains ont été confrontés à des serial killers extrêmement virulents parce qu'ils ont une organisation judiciaire et policière morcelée, c'est ce qui les a amenés à créer ces logiciels pour mieux les traquer... » Anthony Marin, de son côté, est préoccupé par une nouvelle affaire, celle du « Fantôme de la nuit », qui agresse des jeunes filles au son de l’opéra de Wagner, « La Chevauchée des Walkyries ».

« Tout était troublant, confus, qu'elle avait l'impression d'errer dans une forêt épaisse, semée d'embûches, bourrée de pièges et de monstres embusqués derrière chaque arbre. Des monstres qui s'appelaient secrets, cachotteries, menaces. » Olympe ne peut s’empêcher d’enquêter de son côté, au plus grand désespoir de son père. Après tout, ces apparitions du fantôme de Raphaël la touchent de près, d’autant plus que sa disparition n’a toujours pas été résolue. Et si tout n’avait pas été encore révélé ?

Au final, j’ai beaucoup aimé la personnalité d’Olympe, devenue jeune femme et prenant des initiatives en tant que future membre de la police judiciaire. Son père est ici un peu en retrait alors que ses fonctions en font le membre dirigeant de l’enquête. Sa fille, même si elle va être encore une fois malmenée, possède des ressources épatantes en plus d’un instinct infaillible. Cette enquête m’a bien embarquée avec un parallèle entre celle liée au tome intitulé « Cannibale » et celle liée au « Fantôme de la nuit ». 

lundi 9 septembre 2024

L’île, Jérôme Loubry (Calmann Levy, 08/2024)




 


L’île,
Jérôme Loubry (Calmann Levy, 08/2024)

💙💙💙💙💙

Cap sur l’île de Porquerolles. Mais pas pour les vacances d’été, plutôt celles d’hiver, et pas pour s’amuser. En effet, Paul, Lucas, Sabrina et Julien se retrouvent dans le manoir qui les a accueillis pendant des années durant les étés de leur jeunesse. Ils viennent là pour se recueillir, rendre hommage à Diane, qui s’est suicidée sur place cinq ans plus tôt.

« Nous allons nous filmer, chacun parlera de Diane, un peu comme un groupe de thérapie. Elle t'aimait, tu le sais. Nous ne pouvons pas le faire sans toi, nous ne pouvons pas lui dire adieu si nous ne sommes pas tous ensemble. Là- bas, tu trouveras peut- être les réponses à tes questions... » Alors que le manoir dans lequel ils allaient passer chacun de leurs étés va être vendu, Paul propose à ses amis d’y séjourner une dernière fois. Sa sœur, Diane, s’y était suicidée cinq ans auparavant. Il invite Julien, le petit- ami de celle- ci de l’époque, à s’y rendre pour lui révéler quelques secrets. Enfin.

« Adolescente, elle s'était persuadé qu'un lien intime la reliait à l'île. Une idée stupide qui s'estompa, mais longtemps elle pensa que Porquerolles était en quelque sorte le reflet géographique de son état psychologique : isolée, solitaire et pourtant entourée de tant de monde, surtout l'été. » En jouant sur deux temporalités, le récit nous offre une vision globale de la complexité psychique de Diane. Avec elle, c’est tout une fantasmagorie insulaire qui s’installe et crée le décor, avec son ambiance de huis clos pesante.

« Ce n'est pas juste pour passer du bon temps au soleil, vous pourriez le faire ailleurs. Je sais que vous le faites pour moi, parce que j'aime cette île et qu'elle me regénère. Je suis parfaitement consciente que vous ne la voyez pas comme moi, que vous ne vous sentez pas aussi... en osmose avec elle. Venir ici tous les étés me fait du bien, vous le savez. Elle m'est plus utile que mes traitements. » Quand le fantôme de Diane apparaît lors de la venue des jeunes gens en 2024, il semblerait que l’île prenne vie pour régler certains comptes…

Au final, un thriller passionnant. J’ai adoré le côté onirique du récit, entre fragilités psychiatriques et mystères liées à des croyances ancestrales. Les personnages cachent tous des fêlures qui vont les amener à prendre des décisions souvent surprenantes. Par ailleurs, j’ai adoré les multiples mentions et histoires de titres appartenant à la musique américaine des années 70. J’ai fait des recherches tout le long de ma lecture et appris pas mal d’anecdotes surprenantes. Et apprendre en lisant, moi, j’adore !

mardi 3 septembre 2024

L’Ange obscur, Danielle Thiéry (Syros, 05/21)

 



L’Ange obscur, Danielle Thiéry (Syros, 05/21)

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De retour à Epinal, aux côtés d’Anthony Marin, capitaine de police et sa fille, Olympe, lycéenne, qui se remettent tout doucement de leurs tourments à la suite de l’affaire de la « Cannibale ». La petite ville est en effervescence puisqu’une équipe de cinéma vient s’y installer pour tourner un film inspiré d’un fait divers, l’assassinat d’une jeune fille, qui s’était déroulé sur place dix ans plus tôt. Olympe, qui rêve de gloire, en profite pour postuler au casting proposé par le réalisateur et la voilà embauchée pour son premier rôle ! Quel trouble lorsqu’elle apprend que son partenaire de jeu s’avère être Vince de Mestre, encore emprisonné car c’est lui qui a jadis été accusé du meurtre d’Alya…

« Ce qui classait Vince de Mestre dans la catégorie des personnalités borderline ! Mais, à cause de cette gueule charmante et parce qu'il n'avait pas l'air de ce qu'il était, on l'avait surnommé "l'Ange obscur". » L’équipe de production du film profite du fait que Vince de Mestre soit à quelques mois de sa mise en liberté conditionnelle pour lui faire jouer son rôle dans un film retraçant le drame. Quoi de mieux pour attirer une foule de curieux qu’un bel homme aux allures de « bad boy » et ex- taulard ?

« Ce qui était prévu à partir de samedi, c'était la rencontre avec Vince de Mestre et le tournage d'une longue scène où l'on découvrait le corps d'Alya. Olympe resta figée un moment : personne ne lui avait dit qu'elle mourait dans le scénario ! » Le tournage a à peine commencé que le prisonnier disparaît ! On remarque très vite qu’Olympe ainsi que Gala, l’assistante de production. Vince se serait- il évadé ? Qu’a-t-il fait des deux femmes ? Rejoue-t-il le même scenario qui l’a conduit derrière les barreaux ?

Au final, une intrigue rondement menée, entre passé et présent. Même si j’avoue avoir rapidement compris qui tirait les ficelles, j’ai beaucoup aimé la manière dont Danielle Thiéry distille les indices pour maintenir le suspense et captiver son lecteur. Par ailleurs, j’apprécie de plus en plus la personnalité d’Olympe et je suis ravie de lire prochainement « Obsessions », histoire de la voir encore évoluer !

dimanche 1 septembre 2024

Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été, Clara Héraut (Hachette, 05/2024)


 

Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été, Clara Héraut (Hachette, 05/2024)

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Troisième roman de cette jeune auteure française que je lis toujours avec autant de plaisir. Clara Héraut sait trouver les mots qui me touchent, m’émeuvent. Les thématiques de ses romans sont aussi de celles qui m’attirent ; ici, le difficile passage à l’âge adulte pour deux sœurs que tout semble séparer. En un été, les rêves de l’une et les désillusions de l’autre vont éclater douloureusement à la face de leur entourage le plus proche. Et les larmes vont couler…

« Elle et moi n'avons jamais été semblables. Elle est le soleil, quand je suis la nuit. Le feu et la glace. Mais notre amour pour cet endroit et pour l'océan a toujours été un trait d'union entre nous. » Léna et Phoebe ont une petite année d’écart et pourtant, elles ne se comprennent pas. L’aînée est une élève brillante, étudiante en droit à Assas. Elle colle parfaitement aux attentes de leur mère en étudiant le droit et en se montrant obéissante. Léna, au contraire, revendique sa liberté, son refus de se plier aux exigences familiales. Le seul moment où elles peuvent – plus ou moins – s’entendre, c’est au mois d’août, en vacances chez leur grand- mère à Anglet.

« Je connais les 26 lettres de l'alphabet et les milliers de mots qu'elles peuvent former, mais il n'y en a aucun qui pourrait me permettre d'exprimer ce que je ressens, ce que je veux. » Mais voilà, cet été- là, il y a eu beaucoup trop de non – dits durant l’année, mais aucune des deux filles n’a osé exprimé son mal- être. Les frustration et le mal- être vont trouver là le moment pour exploser.

Au final, un roman qui m’a tourmentée. Je me suis vue en Phoebe, mais aussi en Léna. La période du passage de l’adolescence à l’âge adulte peut être violente, douloureuse. Et ce roman me l’a rappelé. Une lecture qui va me trotter en tête, longtemps. Vivement le quatrième roman de Clara Héraut !