Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La manufacture de livres, 08/2020)
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Pour un premier roman, c’est un texte d’une qualité remarquable ! La plume est sensible, tout en étant incisive à coups de phrases courtes mais lourdes de sens. Les émotions que Laurent Petitmangin veut transmettre à son lecteur sont profondes, et le mettent au bord du malaise. Il en ressort un sentiment de tension extrême.
« Est- ce qu'on est toujours responsable
de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour
moi. Je ne pensais pas mériter tout ça, mais peut- être que c'était une vue de
l'esprit, peut- être que je méritais bel et bien tout ce qui m'arrivait et que
je n'avais pas fait ce qu'il fallait. » Nous sommes
en Lorraine, auprès d’un père, veuf, qui élève ses deux garçons, Fus et Gillou,
de bons gamins bien élevés. C’est un univers ouvrier où rode le spectre du
chômage et le père veille d’un oeil sur la scolarité de ses fils, tout en les
laissant choisir leur voie. Il fait partie de la section locale du Parti socialiste
qui a repris le flambeau des communistes mais le F.N. se fait de plus en plus
présent, voire arrogant…
« La page continuait sur des trucs de rap
que je ne saisissais pas, mais surtout sur un tas de commentaires où on niquait
et enculait tout ce qui n'était pas pur blanc breveté. ! Juifs et pédés étaient
les mieux servis, suivis de près par les Arabes, mais comme tout s'accompagnait
d'une kyrielle de petits smileys, j'imagine que ça ne portait pas trop à conséquence. »
Le père n’a pas anticipé la claque qu’il allait
se prendre…
Un roman familial sombre, dans lequel on se pose de
nombreuses questions ; et si cela nous arrivait ? Il prend aux tripes
tant on s’attache au papa narrateur qui pense faire au mieux pour élever ses
fils et qui se voit rattraper par un bien méchant destin.