La peine du bourreau, Estelle Tharreau (Taurnada, 10/2020)
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J’ai bien aimé ce roman noir en huis clos à la « sauce américaine », dans lequel une double narration permet de suivre les rencontres faites par le bourreau de la prison de Walls, et le parcours du prisonnier surnommé Ed 0451, condamné à mort pour cinq assassinats. Le premier se confie au gouverneur républicain Thompson, prêt à statuer sur la possibilité de gracier Ed, 4h avant l’injection létale. Pour nourrir sa réflexion, McCoy, le bourreau, va énumérer les cas des condamnés qu’il a amenés à la chaise électrique, qu’ils soient coupables, ou malheureusement innocents. Il estime que Thompson ne sera pas capable de prendre une décision sans avoir fait le tour de ce qu’il appelle sa « réserve à horreur ».
Le second est un homme éduqué comme le sont les
hommes du Texas ; à la dure, « dressé » par un père prônant des
valeurs contradictoires : la foi exacerbée côtoie ainsi le racisme le plus
extrême, et la notion de pardon se noie sous la cruauté la plus animale. Témoin
de scènes où l’injustice et la violence lui sautent aux yeux, Ed ne parvient
pas à discerner vraiment ce qui différencie le Bien et le Mal.
« Si un jour, des hommes oublient leur devoir, tu devras t'en
charger à leur place. N'oublie jamais ça et ne tremble pas au moment de le
faire. Pense aux tiens. »
Je découvre avec ce roman le talent de conteuse
d’Estelle Tharreau. On devine les heures de recherches préparatoires tant le récit
est fouillé, truffé de références historiques et sociologiques, et sans que
cela n’appesantisse l’écriture. Je me suis laissée emporter par cette histoire
qui mêle si bien les réflexions et les parcours atypiques de personnages de fiction.
La thématique n’était pas évidente à aborder,
surtout sans laisser apparaître de parti pris.
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