lundi 5 octobre 2020

Chavirer, Lola Lafon ( Actes sud, 08/2020)


Chavirer,
Lola Lafon ( Actes sud, 08/2020)

💚💚💚💚 

Que dire, qu’écrire sur ce roman qui suit la vague #Metoo, le récent témoignage de Vanessa Springora sur sa propre expérience, et sur toutes ces émissions et articles qui traitent de cette nouvelle victimologie qui a sévi dans certains milieux parisiens distingués et qui se dévoile désormais au grand jour ?

Les victimes de prédateurs sexuels osent en effet depuis quelques temps s’exprimer, dévoiler l’identité de ces hommes, pédophiles des années 80 – 90 qui semblent découvrir en 2020 que les actes qu’ils prenaient pour des distractions entre mâles Alpha font d’eux des criminels.

Dans ce roman, la prédation est organisée ; elle porte même un nom, celui de « Galatée », un statut de « fondation » et a pour mission d’aider certaines jeunes filles, triées sur le volet, à réaliser leurs rêves.

1984. Cléo, treize ans, rêve d’intégrer un corps de ballet. D’origine modeste, les seuls cours que ses parents sont en mesure de lui payer sont ceux de la MJC de quartier. Quand Cathy, une femme élégante et cultivée, l’aborde à la sortie d’un cours en lui promettant un bel avenir si elle était sélectionnée, Cléo se sent pousser des ailes. Elle fera tout pour faire plaisir à Cathy, et tout pour espérer être la bénéficiaire de la bourse octroyée par la Fondation Galatée… même si cela va la pousser à accomplir des actes pour lesquels elle n’est pas prête mais aussi la mener à recruter d’autres filles de son âge. Mais très vite, sa conscience va la rattraper :

« Cette souffrance en veille ressurgissait à tout propos, celle d'une ancienne gamine à qui des adultes avaient enseigné la solitude des trahisons. »

C’est sous le prétexte d’un appel à témoins, prétexte à l’élaboration d’un documentaire sur la Fondation Galaté, que l’auteure a dessiné la trame de son intrigue. C’est rondement bien mené, avec des passages poignants, dans les deux premiers tiers du roman. Puis des répétitions, des ajouts de personnages, et des rallonges, inutiles à mes yeux, vont quelque peu amoindrir les sentiments ressentis au long de cette lecture. L’approche spiralaire de l’intrigue et l’écriture incisive de l’auteure donnent aussi à ce roman une ambiance bien particulière, qui peut plaire… ou pas.

Au final, un roman qui a su aborder le phénomène #Metoo sous un autre angle, celui de l’organisation d’adultes prédateurs, qui a le mérite de mettre en scène un personnage attachant, celui de Cléo, mais qui souffre de s’être trop éparpillé sur la fin.

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