Chavirer, Lola Lafon ( Actes sud, 08/2020)
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Que dire, qu’écrire sur ce roman qui suit la vague #Metoo, le récent témoignage de Vanessa Springora sur sa propre expérience, et sur toutes ces émissions et articles qui traitent de cette nouvelle victimologie qui a sévi dans certains milieux parisiens distingués et qui se dévoile désormais au grand jour ?
Les victimes de prédateurs sexuels osent en
effet depuis quelques temps s’exprimer, dévoiler l’identité de ces hommes,
pédophiles des années 80 – 90 qui semblent découvrir en 2020 que les actes
qu’ils prenaient pour des distractions entre mâles Alpha font d’eux des
criminels.
Dans ce roman, la prédation est
organisée ; elle porte même un nom, celui de « Galatée », un
statut de « fondation » et a pour mission d’aider certaines jeunes
filles, triées sur le volet, à réaliser leurs rêves.
1984. Cléo, treize ans, rêve d’intégrer un
corps de ballet. D’origine modeste, les seuls cours que ses parents sont en
mesure de lui payer sont ceux de la MJC de quartier. Quand Cathy, une femme
élégante et cultivée, l’aborde à la sortie d’un cours en lui promettant un bel
avenir si elle était sélectionnée, Cléo se sent pousser des ailes. Elle fera
tout pour faire plaisir à Cathy, et tout pour espérer être la bénéficiaire de
la bourse octroyée par la Fondation Galatée… même si cela va la pousser à
accomplir des actes pour lesquels elle n’est pas prête mais aussi la mener à
recruter d’autres filles de son âge. Mais très vite, sa conscience va la
rattraper :
« Cette souffrance en veille ressurgissait
à tout propos, celle d'une ancienne gamine à qui des adultes avaient enseigné
la solitude des trahisons. »
C’est sous le prétexte d’un appel à témoins,
prétexte à l’élaboration d’un documentaire sur la Fondation Galaté, que l’auteure
a dessiné la trame de son intrigue. C’est rondement bien mené, avec des
passages poignants, dans les deux premiers tiers du roman. Puis des
répétitions, des ajouts de personnages, et des rallonges, inutiles à mes yeux,
vont quelque peu amoindrir les sentiments ressentis au long de cette lecture. L’approche
spiralaire de l’intrigue et l’écriture incisive de l’auteure donnent aussi à ce
roman une ambiance bien particulière, qui peut plaire… ou pas.
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