Apprendre à parler avec les plantes, Marta Orriols (Seuil, 05/2020)
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Voilà un roman particulièrement poignant, qui
ne peut se lire d’une traite tant il est nécessaire parfois de le poser, pour
reprendre ses esprits, se changer les idées, s’échapper de la tension lourde à en
avoir mal au ventre qu’a su y insuffler l’auteure. Avec des mots justes, un
rythme particulier, elle a su explorer les sentiments les plus noirs avec une
profondeur rare.
« A chaque geste correspondent une dimension, une hauteur et un poids, la somme étant la mesure du vide et de la douleur que j'éprouve dès que j'essaye d'assumer que je ne faisais déjà plus partie de ses projets d'avenir. » Paula, 42 ans, pleure. Elle pleure d’être seule. Ayant l’âme d’une femme forte et indépendante, elle avait toujours refusé le mariage et les enfants à Mauro, l’homme de sa vie. Et un jour, Mauro est parti. Doublement parti ; il venait de lui annoncer qu’il la quittait pour une autre femme quand, quelques heures plus tard, il meurt sur son vélo, fauché par un camion.
Le roman débute juste après le décès de Mauro, et relate l’année de
remise en question qui va suivre pour Paula, une année de deuil douloureux, où
les réminiscences vont accentuer la détresse de sa nouvelle solitude. « La
mort me met en colère. Depuis qu'il est parti, la mort m'agace, m'exaspère par
son insolence et son impertinence, par sa façon d'étouffer Mauro alors qu'elle
est, elle- même, si vivace. »
Il y a dans ce roman plusieurs degrés de narration ; le présent de
Paula, dévastée, qui compte sur son métier de médecin en néonatalogie pour
donner un sens à sa vie, le passé qui relate sa vie avec Mauro ; mais
aussi des passages, situés en fin de chapitre, où la narratrice s’adresse à son
compagnon décédé.
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