jeudi 29 août 2019

Réceptions du jour



Aujourd'hui, dans ma boîte aux lettres, j'ai trouvé "Chères attentes" et "Chère existence", deux essais de Thierry Lefèvre-Perrone. 

Réflexions et mises en question au programme!

mardi 27 août 2019

Un manoir en Cornouailles, Eve Chase

Un manoir en Cornouailles, Eve Chase

★★★★★

Les éditions 10/18 ont eu le nez fin lorsqu’ils ont décidé de placer ce roman en librairies comme étant « le livre de l’été ». En effet, le récit se déroule essentiellement en période d’été, le Manoir des Lapins noirs, nommé officiellement « Pencraw », étant la résidence secondaire d’une famille anglaise aisée, les Alton. Une maison gigantesque et guindée, séparée de la Manche par un bois dense et peuplé d’animaux divers. Quatre enfants s’y développent, les jumeaux Amber et Toby, le jeune Barney et la petite Kitty ; entourés par des parents toujours amoureux et quelques gouvernantes affectueuses. Le bonheur avec un grand B.


C’est aussi un roman de vacances car il faut du temps pour le lire. Pas un temps étendu, non. Mais de la disponibilité car une fois la lecture entamée, il est difficile de reposer le livre ! Il faut donc se prévoir des plages de disponibilité pour tourner les pages avec avidité sans risquer le coup de colère ou la frustration !


Car le récit que nous racontent les deux narratrices, Amber Alton, dans la fin des années 1960 et Lorna, future jeune mariée des années 2010, est vraiment captivant. Entre les accidents de la vie qui font exploser les familles, les tracas financiers, la bienséance d’un certain milieu où l’arrivisme est une question d’éducation, et les histoires d’amour contrariées, il y a plein de pistes à explorer pour le lecteur et Eve Chase prend un grand plaisir à laisser toutes les possibilités ouvertes et à enterrer toujours plus profondément les secrets de famille pour installer un suspens très efficace !


J’ai dévoré ce livre, toujours sans deviner quel était donc le lien entre Amber et Lorna avant d’arriver aux dernières pages, leurs révélations inattendues, et avec un attachement profond aux principaux protagonistes.
Une bien belle lecture.

vendredi 23 août 2019

Le Manufacturier, de Mattias Köping

Le Manufacturier, Mattias Köping
★★★★★


Cela fait bien dix mois que « Le manufacturier » m’attend parmi d’autres lectures à venir. Je l’ai sorti de cette pile de livres au moins vingt fois : « J’ose ? J’ose pas ? » Une hésitation due à la réputation d’extrême violence que la plupart de ses lecteurs ont dit avoir trouvé dans ces 550 pages.

Enfin, en cette fin d’été paisible, j’ai osé l’ouvrir et me lancer dans la lecture de ce deuxième roman de Mattias Köping.


Alors, oui, il y en a des scènes de violence ; souvent proche de l’insoutenable quand on arrive à visualiser les tortures qu’endurent les personnages, comme sur grand écran, tellement l’écriture de l’auteur est cinématographique, efficace, précise.


Alors, oui, revient l’éternel débat : « autant de violence est-elle nécessaire ? » Mais je n’ai pas envie de disserter sur cette question philosophique. La violence, qu’on l’accepte ou non, est intrinsèque à l’être humain, et c’est d’ailleurs le fil conducteur des guerres que l’Homme mène depuis la nuit des temps.

La guerre, c’est d’ailleurs le fond de l’intrigue du « Manufacturier » ; plus précisément le conflit serbo-croate des années 90. La torture, les viols, les assassinats gratuits, ne se compte plus, au nom de quoi ? Au nom de l’identité.

Milovan en a été victime. Un oncle installé en France a réussi à faire venir le jeune Croate miraculeusement seul survivant de sa famille et sérieusement blessé à Mende. C’est là, au milieu du Causse que le jeune homme grandira en tentant de panser ses plaies profondes, finalement élevé par le grand-père franco-croate, Boris.

En parallèle de la relation entre Boris et Milovan, nous avançons dans une enquête menée par le capitaine Radiche autour d’un vaste trafic de drogue et de jeunes prostituées dans la cité de la Vallée verte. La violence y est quotidienne car là aussi on y torture des petites frappes qui ont tenté de doubler les caïds, on y force des gamines de treize ans à se prostituer et on y élimine le quidam qui vient oser mettre son nez dans les affaires bien troubles qui y sont menées.

Radiche veut faire tomber tout ce réseau. Mais son passé, lié à de bien sombres heures de l’Histoire, va le rattraper, sous les traits d’un mystérieux « Manufacturier »…


Au final, j’ai lu ce thriller et j’ai aimé son intelligence ainsi que la plume ciselée de l’auteur. Lors de certains passages, j’avoue avoir été en apnée. Mais bon sang, quel roman !!!

lundi 19 août 2019

Liz, tome 1 - Plongée obscure, de G.H. David

Liz, tome 1 - Plongée obscure, G.H. David

★★★★☆


Deuxième roman de G.H. David que je lis cet été. Après m’avoir fait découvrir ce qu’était la Dark romance, avec « Noirs secrets », me voilà de nouveau dans cet univers avec « Liz », dont ce tome 1 est une toute récente réédition. De nouveau, j’ai été emportée par la plume de cette auteure. Moi qui ne suis pas romantique pour deux sous, j’ai dévoré ce roman de quasiment 500 pages, avançant au gré des situations complexes dans lesquelles se retrouvait Liz, l’héroïne. 
En effet, il ne s’agit pas d’un roman d’amour au sens propre, même si forcément, en étant dans un registre de la « romance », il y a une relation amoureuse qui tient évidemment une place essentielle dans l’intrigue. Ici, le récit tourne autour de la personnalité trouble de Liz. Cette jeune femme, étudiante à Toulouse, a eu autrefois des relations avec la pègre du banditisme local, et elle joue un double jeu. En essayant de se racheter une popularité neutre, elle va devoir éviter que les zones noires de son passé ne resurgissent, au risque de perdre ses nouvelles relations. Parmi celles-ci, Alex, un jeune homme troublant. Lui aussi possède une sacrée part d’ombres. Ancien militaire, il a gardé certains contacts et n’hésite pas à régler leurs comptes aux individus trop intrusifs dans sa vie privée… Il y a Max aussi, fils d’ambassadeur au train de vie en or massif, mais surtout formidablement charmant…


Bref, un trio de personnages complexes mais attachants. On suit leurs pérégrinations dans la ville rose avec intérêt. La toute fin de l’intrigue n’est pas révélée dans ce tome 1 et j’ai hâte de voir le tome 2 être réédité lui aussi pour enfin savoir ce qu’il advient de Liz, d’Alex, de Max, mais aussi de Maud…


J’ajouterai tout de même un petit bémol : j’ai trouvé que certains passages dans lesquels Liz se posaient des questions existentielles étaient un peu trop longs et répétitifs. A contrario, les scènes d’actions sont brèves, intenses et captivantes. 

Enfin, je terminerai en recommandant aux amateurs de Dark romance la lecture des livres de G.H. David, dont le style d’écriture est vraiment plaisant, mêlant langage de niveau soutenu et expressions familières ; c’est assez original pour être souligné !  

jeudi 15 août 2019

Eden, de Monica Sabolo

Eden, Monica Sabolo

★★★☆☆

J’ai retrouvé beaucoup, énormément même du roman précédent de l’auteure, « Summer » dans « Eden » : cette ambiance onirique avec de longues envolées lyriques adressées à Mère Nature.
Une nature non identifiée au niveau géographique mais que l’on a très envie de placer aux Etats-Unis puisqu’il est question de réserve et de vilains « blancs » qui viennent abattre les arbres des forêts aux dépens des rapaces, aigles et autres coyotes.
Ici, Lucy, blonde éthérée, quinze ans, disparaît du jour au lendemain (tout comme Summer, donc), après un petit tour en forêt. Elle est retrouvée nue, blessée, violée, inconscient au pied d’un arbre. Elle restera mutique suite à son agression, empêchant les policiers de trouver le coupable.  Mais qui est vraiment Lucy ?
Une adolescente qui ne se mêle pas à ses camarades de lycée. Venue de « l’autre côté du pays », seule avec un père écrivain qui lit la Bible tous les jours, une carabine en travers des genoux (et là, vient inévitablement la référence à l’excellent roman américain « Absolute Darling » de Daniel Tallent…). Une gamine qui change de vêtements tous les matins dans les toilettes de l’établissement scolaire, échangeant chemise blanche à col bénitier contre mini-jupe et fard à paupière bleu turquoise, et qui n’hésite pas à ricaner avec les chauffeurs de l’exploitation forestière lorsqu’ils s’arrêtent à la station-service du patelin.
Sauf que cette disparition – agression n’est pas la première. Alors que faut-il faire ? « On doit rester là, s’enfermer dans nos chambres enfermées dans nos réserves ? En attendant d’être enfermées dans nos cercueils ? » Nita, la véritable héroïne du roman, voisine et camarade de classe de Lucy, va se rebeller. Son père, comme celui de la plupart de ses amies, s’est enfui un beau matin. Elle tente de trouver une compensation à cette absence en courant et en passant des heures dans la forêt, persuadée que des esprits y règnent et qu’ils vont la protéger, et ça tombe bien car la voilà qui entre, en cet été particulier, dans la phase de rébellion typique de toute adolescence.
Mais sur qui peut-elle vraiment compter ? En qui peut-elle faire confiance ?
Ce roman a la veine d’un récit initiatique envoûtant, dans le veine des récits actuels classés dans la catégorie «Nature writting ». Il se lit d’une traite mais les personnages manquent de profondeur pour qu’on s’y attache réellement.

mercredi 14 août 2019

L'Erreur, de Susi Fox

L'Erreur, Susi Fox

★★★★★


Susi Fox signe avec « L’Erreur » son premier roman et il faut reconnaître qu’il s’agit là d’un thriller terriblement efficace. En effet, le lecteur est tenu en haleine jusqu’aux dernières pages, lesquelles révèlent un twist final insoupçonné.

Le sujet de l’intrigue est tout à fait contemporain ; il revient d’ailleurs à un rythme régulier dans la rubrique « faits divers » de nos journaux ou fait de temps en temps l’affaire d’un scoop dans le journal télévisé : des bébés intervertis à la naissance. Des nourrissons qui sont donnés à une mère autre que la leur, par inadvertance ou de plein gré.

Sasha, la maman de « L’Erreur » est ainsi persuadée que le bébé qu’on lui a attribué n’est pas le sien. Ayant accouché par césarienne, elle n’a pas pu suivre son enfant dans les instants immédiats ayant suivi sa naissance. Elle confie alors ses doutes au chirurgien, à la sage-femme, à l’infirmière, à son mari aussi. Mais personne ne la croit. Pour toutes ces personnes, Sasha souffre d’un stress post-accouchement qui lui fait perdre la raison. La voilà donc internée dans le service psychiatrique de l’hôpital. Et alors qu’elle est en plein désarroi, voilà que les zones d’ombre de son passé ressurgissent et ne vont pas lui permettre de trouver une sérénité attendue et méritée. Car Sasha est médecin elle aussi, anatomopathologiste plus exactement, une branche de la médecine légale. Elle a commis une erreur elle aussi autrefois…

Mais sa connaissance du milieu médical, des molécules des pilules qu’on veut lui faire absorber, tout comme celle du fonctionnement d’un hôpital, vont lui permettre de garder la tête haute malgré tout et de ruser pour détourner le système à son avantage.


Susi Fox a réussi à construire avec Sasha un personnage complexe, torturé mais attachante. On a envie de l’aider et on ne sait qui est digne de confiance dans ce roman et qui ne l’est pas. Tous les personnages apparaissent comme suspect, avec toujours, en filigrane, cette possibilité que ce soit Sacha qui ait perdu toute raison.
Bref, un très bon thriller à lire en apnée! 

Citation de "L'Erreur" de Susi Fox, page 178

"Je suis convaincue que la lecture permet d'apprendre beaucoup de choses. L'empathie. Comprendre des points de vue différents. Et quand on est plongé dans un livre, on se sent moins seul, ne serait-ce que pendant un moment."

mardi 13 août 2019

Ma Dévotion, Julia Kerninon


Ma Dévotion, Julia Kerninon

★★★★★

Julia Kerninon a utilisé dans la construction de ce roman une forme non conventionnelle pour raconter les souvenirs constitutifs de toute une vie. En effet, c’est par le biais d’un long monologue, que la narratrice, Helen, raconte les étapes de sa vie. Celle-ci, alors qu’elle approche les quatre-vingt ans, tombe par inadvertance sur Frank sur un trottoir de Londres. Toute son existence lui revient de facto en mémoire ; sa vie avec lui, Frank, son ami, son amoureux, son amant, pour qui elle a naguère tout sacrifié. Elle remonte alors les pendules du temps et revient aux années 50, alors qu’ils se sont rencontrés, jeunes adolescents, dans l’ambassade des Pays-Bas basée en Italie ; leur père respectif y travaillant. Très vite, ils deviennent inséparables, car même si leur caractère diverge, ils cultivent tous deux la haine de leurs parents. Les études seront pour eux l’occasion de quitter le giron familial toxique et de tenter de s’épanouir en tant qu’adultes, à travers le monde.

Frank deviendra un peintre célèbre, tandis qu’Helen, devenue écrivain et éditrice, se réfugiera dans son ombre, toujours présente et bienveillante. Mais sa dévotion pour celui que l’on peut qualifier « d’homme de sa vie » pourrait bien devenir nuisible…

Un drame se trame, on le sent dès les premières pages, et lorsqu’il surgit, il prend le lecteur par surprise ! Quelle claque !
Bref, un roman captivant, intelligent et qui, au-delà du suspens narratif, développe parfaitement la complexité des rapports humains.

Personne n'a peur des gens qui sourient, Véronique Ovaldé


Personne n'a peur des gens qui sourient, Véronique Ovaldé

★★★★★


J’ai adoré et dévoré ce roman ! Une fois embarquée dans la voiture de Gloria, en compagnie de ses deux filles, Stella et Loulou, je me suis lancée dans cette fuite en avant afin de tenter de comprendre à quoi cette mère de famille tentait d’échapper. Les chapitres, partagés entre fuite en avant des personnages et retours dans le passé, font avancer le lecteur par étapes, par indices, à la manière d’un thriller.


Le personnage de Gloria m’a énormément plu : par son physique qui paraît décalé, mais aussi, et surtout par son caractère, pas mal colérique, qui m’a donné l’occasion de m’identifier à elle. Et puis, cette malédiction des femmes de sa famille, qui se désintéressent de leur progéniture sous prétexte que cela est inscrit dans leurs gènes… Gloria saura prouver, se prouver plus exactement qu’il ne s’agit en rien d’une malédiction ! 


Alors oui, on est dans le milieu corse, stéréotypé peut-être, mais il fallait au moins ce terreau pour développer un personnage féminin « qui en a », qui n’a peur de rien ni de personne… sauf d’elle-même.  Et qui, de plus, sert l’auteure qui aime tant interpeller son lecteur avec des apostrophes régulières qui l’amène à réfléchir sur la personnalité intrinsèque de ces énergumènes qui ponctuent son histoire, ainsi que sur les mœurs d’une société méditerranéenne fondée sur la confiance absolue.

J’ai aimé le récit, son rythme, ce qu’il révèle, et la fin, qui fait des femmes des héroïnes de leur propre vie !

Ce qui est monstrueux est normal, Céline Lapertot

Ce qui est monstrueux est normal, Céline Lapertot

★★★★☆


« Être professeur, c’est se dire qu’on laisse une trace dans de jeunes âmes, et, on l’espère, la meilleure possible. » Je suis l’œuvre littéraire de cette jeune auteure française car nous exerçons le même métier mais aussi parce qu’elle écrit remarquablement bien. 

J’avoue que je ne savais pourtant pas dans quoi je m’embarquais en lisant ce récit autobiographique où cette jeune femme révèle avoir été victime d’inceste. C’est dur, forcément. Mais ce n’est en aucun cas voyeur, ni cru « façon Christine Angot ». Céline Lapertot a voulu ici apporter son témoignage : « Voilà, ça se passe en France comme partout ailleurs » : un père envolé, une mère sans qualifications ni revenus qui préfère fermer les yeux plutôt que de se retrouver à la rue, et un beau-père qui s’assomme avec l’alcool et qui va abuser de la petite fille qui se trouve sous son toit. C’est tellement facile… Tout le monde ferme les yeux et tient un double langage terrifiant.


L’auteure, elle, prend ses distances en utilisant la troisième personne du singulier ; déterminée par « l’enfant » tout d’abord, pour les premières années, puis « l’écrivain » pour l’adulte qu’elle est devenue avec une détermination exemplaire. Car il en faut de la volonté pour s’extraire de cet univers « à la Zola » comme le lui diront ses amis, pour parvenir à un niveau d’études tel celui exigé pour être professeur dans le secondaire. Mais aussi pour exercer ce métier avec le risque de rencontrer des victimes subissant le même calvaire que le sien…

Au final, c’est un récit qui m’a bien évidemment bouleversée, qu’il faudrait lire, relire et faire lire, mais qui aurait mérité d’être rédigé de manière plus abordable pour permettre à des lecteurs ou lectrices moins « lettré(e)s » d’y accéder.

lundi 12 août 2019

Dans la forêt, Jean Hegland

Dans la forêt, Jean Hegland

★★★☆☆

Voilà. J'ai enfin lu "Dans la forêt" de Jean Hegland.
Je regrette presque d'avoir lu tant d'avis dithyrambiques, car je crois que j'en attendais trop. Je suis restée suspendue à la prose de l'auteure en attendant toujours plus d'actions, toujours plus de sentiments percutants, toujours plus, plus, plus… alors qu'il fallait probablement profitez de la langueur de cette maison éloignée de toute civilisation dans un contexte de fin du monde.
Ce qui s'est passé? le récit ne nous en donne qu'une vague idée: la surconsommation, la montée des tensions de toutes sortes, et la résurgence de maladies et virus mortels ont eu raison de l'humanité. Peut-être est-ce d'ailleurs une fable sur les possibilités de l'avenir qui nous attend…
Bref, Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, ont perdu leur mère et leur père coup sur coup et se retrouvent livrées à elles--mêmes, dans le domicile familial, situé en bordure de forêt. Eva devait rejoindre une troupe de ballet et Nell était à deux doigts d'intégrer Harvard quand le monde tel qu'on le connait s'est écroulé: plus d'essence, plus d'électricité. le monde est au point mort.
Il va leur falloir organiser leur vie pour ne pas mourir de faim ni d'ennui et surtout, apprendre à vivre en osmose avec la nature afin de s'en faire une amie.
L'écriture est documentée, délicate lorsqu'elle raconte les tourments que vivent ces deux soeurs inséparables malgré leurs différences… mais les longues descriptions et les passages sans réelle action m'ont tout de même bien ennuyée.
A réserver aux amoureux de "nature writing". 


vendredi 9 août 2019

Rendez-vous à Parme, Michèle Lesbre


Je suis complètement passée à côté de ce roman. J’y avais probablement placé de trop grandes attentes : Parme, l’Italie, et surtout Stendhal, dont j’ai dévoré les œuvres au même âge que la narratrice, à quatorze ans. J’avais alors une véritable passion pour les auteurs dits classiques…

Je n’y ai trouvé dans ce récit qu’une trace éthérée. De plus, des références culturelles qui n’appartiennent pas à ma génération émaillent les pages : films des années 50, adaptations théâtrales des années 70.  Difficile de ne pas perdre pied quand on vous raconte des histoires de cinéastes et de metteurs en scène que vous ne connaissez que de nom… L’intrigue, ce voyage à Parme que fait Laure sur les pas de son ami décédé Léo semble même être un prétexte à l’auteure pour faire étalage de sa culture. Aucune profondeur dans les personnages, aucune construction d’une intrigue tangible. Seule la plume poétique de Michèle Lesbre permet de sauver la lecture de ce livre.
Bref, un récit vite lu qui sera vite oublié ; dommage.

Exergue de Rendez-vous à Parme, de Michèle Lesbre (éd. Sabine Wespieser)


Amour entre adultes, Anna Ekberg


Amour entre adultes, Anna Ekberg


★★★★☆

« Ça ne se passe jamais comme on s’y attendait, mais en même temps cela dépasse toutes nos attentes. C’est comme ça, l’amour entre adultes. » Il s’agit de la dernière phrase de ce roman, et je trouve qu’elle résume bien, à elle seule, la relation du couple formé par les principaux protagonistes de cette histoire, Christian et Leonora.


Nous sommes au Danemark. Le récit s’ouvre sur une scène peu banale : Christian attend que sa femme passe sur la partie la plus reculée de son habituel parcours de jogging afin de l’écraser sous les roues de sa camionnette. Que s’est-il dont passé entre eux pour qu’il en arrive à une telle extrémité ? 


C’est alors que débute la double narration de ce roman. D’un côté, Holger, le flic qui a dirigé l’enquête concernant le meurtre perpétré par Christian, va raconter à sa fille Josefine ce qu’il a compris du fonctionnement du couple. De l’autre, le récit prend un point de vue extérieur et narre l’histoire de Christian et Leonora avant, pendant et après le meurtre.

Un couple qui avait tout pour être heureux : une bonne situation sociale, une jolie maison, un fils en bonne santé malgré une leucémie infantile, sauf que Christian a succombé depuis peu au charme d’une jeune architecte missionnée pour œuvrer dans l’un des projets de son entreprise de construction. Un sms en pleine nuit et Leonora découvre cette infidélité. C’est alors le point de départ d’une succession de décisions dans lesquelles la jalousie et la rancœur accumulée depuis des années vont donner naissance à des actes machiavéliques. 


Anna Ekberg a imaginé des personnages vraiment complexes, un couple dans lequel chaque membre veut prendre le dessus sur l’autre puis se retrouve rattrapé par le passé. Entre Christian et Leonora, c’est une véritable foire d’empoigne, à qui sera plus rusé que l’autre mais aussi mentalement plus fort.

mercredi 7 août 2019

Citation extraite du roman "Amour entre adultes", d'Anna Ekberg…

Engloutie, Arno Strobel


Voilà un excellent polar pour l’été ! En cette période de canicule, Arno Strobel nous emmène sur les plages vivifiantes de la Mer du Nord, à Amrun plus exactement, une petite île allemande.






Engloutie, Arno Strobel

★★★★★

Nous sommes en novembre et les bourrasques sont rafraichissantes. Cela n’empêchera pas nos protagonistes de vouloir profiter de leurs vacances. Michaël et Andreas sont collègues de travail. La maison appartient au second, et la possibilité d’avoir quelqu’un pour lui prêter main forte dans la rénovation des combles, en plus de pouvoir profiter de sa présence amicale, l’a poussé à inviter Michaël, ainsi que sa petite-amie, Julia. Cette dernière pourra ainsi tenir compagnie à l’épouse d’Andreas, Martina.

A peine installés, voilà qu’un meurtre horrible se produit : une femme a été assassinée. Son corps est enterré dans le sable jusqu’au cou. Elle a été noyée par la marée montante. On découvre très vite que son mari a été forcé d’assister à la scène, ligoté à un pieu, totalement impuissant face à la détresse létale de sa bien-aimée…

La tension monte alors au sein de notre quatuor. D’autant plus que l’inspecteur Harmsen, sorte d’inspecteur Harry brut de décoffrage, est rapidement persuadé que Michaël est le coupable.

Et pourtant, il y en a, des énergumènes étranges, à Amrun. Leur voisin d’abord, Feldmann, qui passe son temps à espionner et photographier les femmes à la sauvette. Et puis le charismatique Damerow ; pourquoi a-t-il arrêté son métier de psychanalyste ? Que cache-t-il ?

Arno Strobel est doué pour caractériser ses personnages de manière à ce que chacun puisse être le coupable. Le huis-clos imposé par le cadre insulaire ajoute au climat une tension palpable.
Le récit est vraiment captivant et tient le lecteur en haleine jusqu’à la toute fin, où la surprise est totale ! Un « page- turner » idéal sur le sable, mais en plein jour !!!

Noirs secrets, G.H. David


Noirs secrets, G.H. David

★★★★☆


C’est à l’occasion de l’organisation d’une séance de dédicaces de trois auteures dans un café culturel du coin que j’ai rencontré G.H. David. Auparavant, je m’étais quelque peu renseignée sur cette dernière et j’avais donc découvert qu’elle écrivait de la « Dark romance ». Ma curiosité m’a donc poussée à découvrir ce que représentait ce genre. J’y ai vu quelques similitudes avec la trilogie publiée par L.S. Hilton en 2016 et que l’on avait alors qualifiée de « thriller érotique ».

Après lecture, il me semble que « Dark romance » et « thriller érotique » forment un seul et même genre de littérature contemporaine, au final.

Et tout comme j’avais apprécié « Maestra », j’ai beaucoup aimé « Noirs secrets » ; comme quoi, il faut savoir changer ses habitudes de lecture de temps en temps !

G.H. David nous propulse donc ici en Russie. Dana est une artiste peintre renommée, qui navigue également dans les milieux de la pègre mafieuse en se servant de sa plastique avantageuse pour piéger des hommes d’affaires. C’est en quelque sorte la reine du chantage. Et ces petits arrangements lui permettent de vivre bon train, tout en étant assurée d’être protégée par les malfrats moscovites. Mais voilà qu’elle sature. Consciente que son physique de poupée russe ne sera pas éternel, elle cherche à fuir le système des petits arrangements crapuleux dans lequel elle baigne depuis des années. Mais elle sait que s’en échapper risquerait aussi de lui coûter la vie…

Le hasard, ou presque, va mettre sur sa route Grégory, ancien mannequin beau comme un dieu qui a réussi à se reconvertir en homme d’affaires habile. Malheureusement, un avocat véreux est parvenu à détourner quelques lois afin de mettre à mal sa principale société. Et cet individu indélicat n’est autre que… Youri, le mystérieux petit-ami de Dana.

Comment Dana va-t-elle pouvoir s’extirper de ce milieu criminel qui semble se resserrer autour d’elle ?

G.H. David parvient à tenir son lecteur en haleine grâce à des rebondissements inattendus.

Elle a aussi la capacité étonnante d’alterner des scènes de violence, telle la dissolution d’un cadavre à l’acide, avec des moments érotiques bien crus !
Je noterai toutefois un petit bémol à ma lecture : j’ai regretté que l’intrigue n’ait pas plus de profondeur (les raisons de la présence des personnages à la soirée de Monaco, par exemple). Mais d’une manière globale, ce fut une agréable surprise et je relirai G.H. David !

Marée haute, Quentin Desauw


Marée haute, Quentin Desauw

★★★★★

Un premier roman, paru en mars 2019, passé un peu inaperçu et c’est vraiment dommage…Quentin Desauw a un talent d’écriture qui mérité d’être reconnu. Son style mêle habilement réalité et onirisme sans que le lecteur ne s’égare et tout en servant une intrigue captivante. Personnellement, j’ai lu ce livre quasiment d’une traite.

Le thème de ce roman est lui, tout à fait actuel : le sort des migrants qui traversent mers et continents pour espérer trouver en Angleterre, ou en Europe de manière plus générale, une vie meilleure, loin des combats et de la pauvreté de leur pays d’origine. Nous sommes donc à Dunkerque, non loin de la « jungle » de Calais démantelée il y a trois ans. Manu, un jeune homme qui porte en lui un espoir de jeunesse bien actuel ; devenir footballeur professionnel, y vivote. Le jour, il est marin pêcheur, le soir il fait passer des migrants en Angleterre sur un vieil hors-bord, histoire de se payer sa fumette quotidienne. Il n’a pas eu une enfance paisible et ressasse les mauvaises années du passé à tel point qu’il ne parvient pas à se projeter dans l’avenir. Ses relations amoureuses sont, de ce fait, des échecs. Manu est une âme en peine…

La mer, omniprésente, est pour lui une double métaphore ; celle de « la mère », génitrice sans amour, et celle de « maman », la femme de la famille d’accueil qui l’a élevé et qui se meurt du cancer.

La mer lui donne des forces, et aussi vite, les lui reprend.

Elle lui donne de quoi vivre, un salaire, de la nourriture, mais aussi de quoi devenir un criminel, un passeur de réfugiés abandonnés à leur sort.

Un jour, une discussion, une prise de conscience. Manu va devoir fuir. Mais peut-on échapper à son passé ?

Quentin Desauw sait divertir son lecteur avec des expressions imagées : « Près de moi, Laurent, avec sa vieille casquette et son menton à la Dalton, me gueulait des trucs comme s'il s'agissait de l'ouvrir plus grande que l'océan ». Mais il sait également le mener à des réflexions plus profondes : le fait de voir les migrants du point de vue d’un passeur est plutôt inhabituel dans la littérature actuelle et soulève bien des questions morales.
Bref, un roman plein d’atouts qui mérite vraiment d’être lu.

La sirène et le scaphandrier, Samuelle Barbier



La sirène et le scaphandrier, Samuelle Barbier

★★★★☆
J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier roman de Samuelle Barbier, lauréate d’un Prix littéraire organisé par le magazine Télé Loisir et dont le jury était présidé par Virginie Grimaldi. On retrouve d’ailleurs un peu l’univers de cette auteure, ce mantra qui nous susurre que même si tout va mal, même si on se sent au fond du gouffre, il existe quelque part une lueur, portée par une personne, capable d’éclairer notre sombre vie d’un éclat nouveau.

Dans « La sirène et le scaphandrier », nous sommes en présence de deux âmes en peine : Hannah, jeune londonienne qui vit cloîtrée dans l’appartement familial depuis qu’elle souffre d’agoraphobie, et Zach, jeune Texan incarcéré dans une prison de New-York.



Poussée par son psychiatre, la jeune femme s’inscrit à un programme de correspondance avec des prisonniers pour tenter de rompre son isolement, et c’est à Zach qu’elle va envoyer sa première lettre. Enchanté par la perspective de « s’évader » de son univers violent et déprimant, celui-ci va se prendre au jeu et nouer peu à peu une relation particulière avec sa correspondante anglaise.

A force d’encouragements et de défis, ils vont s’apercevoir qu’une certaine forme de liberté, inespérée pour chacun, devient possible. Et à tant partager, découvrir qu’à deux, on peut plus facilement relever les obstacles qui se dressent sur leur chemin.


C’est, au final, un roman plein d’espoir, qui se lit très vite du fait de l’attachement que le lecteur ne peut s’empêcher d’éprouver pour les deux protagonistes de l’histoire. Sa forme épistolaire en fait un écrit original et captivant, puisqu’il permet de distiller les éléments du passé et du présent des personnages au compte-gouttes. L’écriture est fluide, ponctuée de pointes humoristiques. On pourrait certes reprocher à l’auteure une certaine légèreté dans son approche de la maladie d’Hannah et dans la personnalité de Zach, prisonnier tout gentil et tout mignon, mais c’est un roman qui est là avant tout pour faire du bien au lecteur, pour le sortir du marasme actuel en ces mois d’été. Et sur ce point, il remplit tout à fait son rôle.