lundi 29 juin 2020

Les prières de sang, Jean - Marc Dhainaut

Les prières de sang, Jean - Marc Dhainaut (éditions Taurnada, 06/2018)

★★★★★

Ce que j’aime dans les romans de Jean- Marc Dhainaut, c’est la façon qu'a l'auteur d’aborder le paranormal, qui d’habitude me terrifie, avec une touche de sarcasme qui a le don de dédramatiser toute situation flippante de poltergeist ! En effet, le personnage central de ses récits, Alan Lambin, mène des enquêtes liées à des phénomènes paranormaux, et bien souvent, il fait preuve de dérision par rapport aux actes qu’il accomplit ou face aux scènes surnaturelles dont il est le témoin. Cette attitude permet de relâcher, d’un coup, toute la tension emmagasinée dans les pages où les détecteurs crépitent à cause des ondes magnétiques et dans lesquelles des cris horrifiques issus de bouches invisibles viennent de faire sursauter les protagonistes de l’affaire.

Ici, Alan Lambin est appelé à la rescousse d’une jeune femme de vingt- cinq ans, enceinte, qui, depuis qu’elle a acheté une vieille armoire lors d’une vente organisée par le frère Oscar dans le monastère voisin, ne peut plus dormir la nuit. Ses insomnies sont dues au fait qu’elle entend des cris de bébés et des hurlements de femmes, sans parler des pas agrémentés de cliquetis métalliques et de bruits d’épées qu’on retire de leur fourreau qui lui tournent tout autour !

Une fois sur place, les esprits errants ne vont pas laisser le temps à Alan de conter fleurettes à sa jolie collaboratrice Mina. Les dons médiumniques de celle- ci vont même être rudement sollicités. Aucun répit, aucune pitié. L’enquête va être semée d’embuches, de rencontres étranges et inattendues, d’autant plus que le passé et le présent vont par moment s’entrecroiser, et que le réel et l’irréel vont se mélanger, semant encore davantage de doute et de questions dans l’esprit de nos deux protagonistes.

Le lecteur, lui tourne les pages avec avidité, les actions et les révélations aussi inattendues les unes que les autres entretenant un suspens véritablement prenant. La résolution de l'enquête est explosive. On en veut encore!
Le rendez-vous est donc pris avec Alan Lambin pour le quatrième tome de ses aventures paranormales, « Les couloirs démoniaques », qui sortira ces prochains jours !

vendredi 26 juin 2020

Ténèbres, Sandrine Périgois

Ténèbres, Sandrine Périgois (éditions Elixyria, 12/2018)

★★★★★

Pfiouh ! Quelle histoire !
L’auteure nous plonge directement, dès la première page, dans l’enfer qui fait suite à un enlèvement : « Mon corps repose sur quelque chose d'un peu mou, certainement un matelas ; ça pue, j'ai froid, je crois que je suis nue, retenue en otage pour une raison que j'ignore. » Caroline, 32 ans, professeur de littérature en lycée est enlevée le dernier jour de classe avant les vacances d’été alors qu’elle sort d’un supermarché.
Nous la retrouvons dans une cave, nue sur un matelas, à la merci d’un homme mystérieux qui semble tout connaître d’elle et qui va lui faire subir mille supplices…

Les pages se tournent sur une otage qui cherche à comprendre, qui se perd dans les méandres d’un esprit qui s’égare à force de tourner en boucle. Et puis des habitudes, des rituels, rassurants, si l’on peut dire, vont prendre place. Sans oser aller jusqu’au syndrome de Stockholm, un lien va se créer entre le ravisseur et sa victime, le passé, traumatisant, va revenir apporter quelques clés troublantes, mais la violence, toujours, reprend le dessus.

Au final, un roman qui détonne ; j’en ai lu très peu de cette trempe ! Une plume écorchée vive qui endort par moments pour mieux vous prendre aux tripes au paragraphe suivant.
Hors norme.
Ames sensibles s’abstenir.

mercredi 24 juin 2020

Mamma Maria, Serena Guiliano

Mamma Maria, Serena Guiliano (Le Cherche Midi, mars 2020)

★★★☆☆

« Il faut des pâtes, pour vivre. Il faut des lasagnes, de la friture, du gras, de l'eau de mer et du soleil. Sinon, la vie ne vaut même pas la peine d'être vécue. » Telles sont les paroles de Maria, la propriétaire du café « Mamma Maria » situé sur la côte amalfitaine, au sud de Naples, face à la Méditerranée. C’est là que Sofia, après huit années passées en France où elle avait rencontré l’amour, est revenue se ressourcer. Maria était une amie de sa regrettée grand-mère et Sofia a hérité de la maison de celle-ci. Elle y loge donc en retrouvant les habitués du café qu’elle connait depuis l’enfance : Ugo, Franco et Luciano. Elle reprend rapidement l’habitude de jouer avec ce trio d’anciens à la « scopa », histoire de se changer les idées. Elle en a bien besoin étant donné qu’elle est incapable de se concentrer sur son métier de traductrice tant ses déboires amoureux avec Jérôme, le Français qui a conquis son cœur mais pas son âme, la contrarient. Ce malotru, en effet, ne veut absolument pas venir en Italie pour découvrir le berceau de sa petite- amie, ni rencontrer les personnes qui l’ont vue grandir… Elle réfléchit donc au moyen de lui faire changer d’avis…

Ce cœur brisé va emmener le lecteur à la rencontre de ces Italiens typiques, qui parlent haut, avec les mains, se nourrissent de pâtes et de pizzas, ne boivent que du café noir serré et font des cocktails au limoncello. Le but est clair : dépayser, et montrer que l’on peut encore croire dans l’être humain. Car les habitués du « Mamma Mia » vont être confrontés à un événement inédit dans le village, et si les premières réactions seront des plus hostiles, la grandeur d’âme de Sofia et de quelques autres va transformer la calamité en félicité.  

Vous l’aurez deviné, ce roman est là pour vous « faire du bien ». Les personnages y sont sympathiques ; j’ai beaucoup aimé les trois vieillards ! Et bien sûr, le cadre est idyllique. Après, personnellement, j’ai regretté qu’il y ait tant de clichés, et puis une certaine « mollesse » de la plume (chercher un côté « humain » à des tagliatelles, ne pouvait-on pas creuser un peu et trouver une image plus cohérente ?).

Bref, un roman tout de même agréable à lire mais essentiellement fait pour l’été, sur la plage, quand on pose son cerveau sur un coin de la serviette en pensant que tout le monde est beau et gentil.   

mardi 23 juin 2020

Arrêt d'urgence, Belinda Bauer


Arrêt d'urgence, Belinda Bauer (Belfond noir, 06/2020)

★★☆☆☆

« Préparer un cambriolage était une habitude - une sale petite habitude qui lui inspirait autant de honte que de fierté. » Boucles d’Or est un insaisissable cambrioleur qui a la particularité de dormir dans les lits et vider les frigos des maisons qu’il visite. Mais sous ce nom de personnage de conte se cache Jack, un adolescent de quinze ans. Ses vols n’ont qu’un objectif : lui permettre de vivre (survivre) avec ses deux petites sœurs sans se retrouver à l’Assistance publique.

En effet, trois ans plus tôt, leur mère avait disparue alors qu’elle était partie chercher du secours, en laissant les enfants dans leur voiture restée en panne sur la bande d’arrêt d’urgence de la rocade proche de leur domicile. Quelques jours plus tard, son corps avait été retrouvé dans les broussailles jouxtant une aire de repos. Le père de famille n’a pas supporté de perdre son épouse dans ces horribles conditions et un matin, il a disparu lui aussi, laissant les enfants se débrouiller seuls…

Mais voilà qu’un jour Jack s’introduit dans la maison d’une femme enceinte. A côté du lit, une carte portant le message « J’aurais pu vous tuer » et un couteau effilé. Pour le garçon, c’est une évidence : l’assassin de sa mère se trouve toujours dans les parages. Mais comment alerter la Police quand on est soi-même recherché ?

 

Belinda Bauer signe là un thriller intéressant ; le personnage de Jack est touchant et l’intrigue tient en haleine même si on se doute assez vite de l’identité du tueur. La deuxième moitié du roman est bien ficelée grâce à quelques rebondissements alors que la première partie était, à mon avis, un peu « plate », mais cela est probablement dû au temps nécessaire à la mise en place des tenants et aboutissants de la double enquête. Toutefois, j’ai tout de même regretté quelques incohérences et ce qui doit être des erreurs de traduction (« il se demanda pourquoi il s’était cramponné si longtemps à sa ficelle cruelle », par exemple ???).

 

Au final, une lecture en demi-teinte… 

jeudi 18 juin 2020

Urbex Sed Lex, Christian Guillerme

Urbex Sed Lex, Christian Guillerme (Editions Taurnada, 06/2020)

★★★★★

Connaissez- vous l’urbex ? Ce mot, qui vient de l’expression anglaise « urban exploration » désigne une pratique à la mode qui consiste à aller explorer, si possible la nuit, les bâtiments laissés à l’abandon ; anciens hôpitaux, maisons en ruines, friches industrielles, etc. La plupart du temps, on y fait des photos qu’on partage ensuite sur les réseaux sociaux.
Les quatre personnages qui vont mener le récit de ce roman, Fabrice, Carine, Théo et Chloé, sont des « experts » de cette pratique. Ils ont réalisé un site Internet qui lui est dédié, nommé « Urbex Sed Lex », sur lequel ils postent leurs photos et donnent des conseils à ceux qui souhaitent se lancer dans cette pratique nocturne qui n’est pas sans danger. 
C’est par le biais de ce site qu’ils vont être contactés pour mener une étrange mission : un urbex dans le sanatorium désaffecté de Dreux contre la somme mirobolante de 32000€.
Qui se cache derrière cette offre exceptionnelle ? Pourquoi leur proposer une telle somme ?
Le quatuor hésite… Mais ils sont jeunes, en couple récemment, et ils fourmillent de projets. Cet argent facile est inespéré. Alors, ils vont accepter cette étrange mission.

Le samedi soir qui suit, nos quatre explorateurs prennent le chemin du sanatorium, chargés de trouver des indices qui leur révéleront un mot à graffer, condition de la récompense.
« Moins de cinq minutes plus tard, ils étaient devant l'entrée principale du sanatorium, comme figés. Une fois de plus, la taille du site, qui se devinait sous la lumière blafarde de la lune, les avait surpris. » Ils ont beau avoir étudié les plans de ce bâtiment labyrinthique, ils ne sont pas moins impressionnés par l’espace qui leur est donné à explorer.

A l’aide de lampes torches, ils vont avancer pas à pas… Mais très vite, ils ont l’impression de ne pas être les seules âmes à se déplacer dans ces lieux sinistres…
« Il ne croyait pas aux fantômes, mais cette fois-ci pourtant... Un malaise s'invita au creux de sa poitrine, son ventre gargouilla. Et si ce rayon s'évertuait vraiment à le trouver lui et seulement lui ? »
Très vite, vient l’évidence : ils n’auraient jamais dû accepter.

Vous êtes prêts à frémir ? Prenez une grande goulée d’air avant de vous lancer dans une mission d’urbex par procuration ! Les quatre personnages, vous le verrez, sont très attachants, presque des amis une fois la dernière page tournée. Et puis, de petites informations habilement distillées vous permettront de vous sentir aussi à même qu’eux de mener cette mission ; et de frissonner d’autant plus au fil des pages !!!
Auteur à suivre !

mardi 16 juin 2020

Pâquerettes et châtiments, Callie J. Deroy

Pâquerettes et châtiments, Callie J. Deroy (Editions Elixyria, 2019)

★★★★☆

Quelle femme n’a jamais, un jour, participé à une soirée entre filles durant laquelle une phrase revenait comme un leitmotiv « les hommes sont tous des cons ! ». Hé bien, Zoé, ici présente, a décidé de passer au cran supérieur ! En effet, pour chaque femme plaquée, humiliée, trompée, elle va organiser une expédition punitive dont l’ex- petit- ami indélicat se souviendra longtemps !
« L'univers ne fait pas toujours le boulot correctement, il faut donc lui donner un coup de pouce. Ou un coup de batte... »

Fleuriste le jour, une fois la nuit tombée, Zoé se transforme donc en justicière des femmes blessées. Elle- même nourrit une rancœur sans nom à l’égard de son ancien compagnon, Julian, qui lui promettait monts et merveilles tout en la trompant éhontément. Elle mijote donc sa propre vengeance et décide de suivre un plan dans lequel il lui faut un « escort boy ». De petites annonces à entretiens d’embauche, elle va tomber sur Noah.

Et de fil en aiguille, ces deux- là vont évidemment se rapprocher, mais comment baisser les armes quand on a été profondément blessée ? Zoé reste sur ses gardes, même si pour Noah, elle a déjà l’apparence d’un « ange caché sous une armure ». Saura- t- il lui faire changer d’avis sur les hommes ? Rien n’est moins sûr ! Réussira- t- il à atteindre son cœur ? Cela, c’est à vous de le découvrir…    

Un récit rythmé, au langage coloré, plein de rebondissements inattendus qui font qu’on ne lâche plus le livre ! J’ai ri à plusieurs reprises tant certaines scènes frôlaient véritablement le grotesque (ah ! les parents baba cool !!!) et faisaient preuve d’un certain recul par rapport à des événements qui sentent le vécu. A offrir sans hésitation à une copine qui vient de se faire larguer !!!

Le Bourgeois gentilhomme, Molière

Le Bourgeois gentilhomme, Molière (1670)

★★★★★

Il est encore une fois surprenant de constater à quel point des œuvres classiques vieilles de plusieurs siècles peuvent paraître tout à fait actuelles. Lisez ou relisez Le Bourgois gentilhomme, et vous constaterez, comme moi, que vous êtes entourés de M. Jourdain. Si, si, vous verrez… Une personne qui veut paraître d’un niveau supérieur au sien, qui veut faire croire qu’elle est cultivée alors qu’elle ne l’est pas, qui veut vous persuader qu’elle est « riche » alors que dans son assiette, vous ne trouverez que des aliments étiquetés « Eco » ; quelqu’un qui veut vous impressionner en vous racontant ses pseudo- exploits… Vous cernez mieux le personnage ?

Molière l’a décrit et l’a mis en scène bien avant que nous en rencontrions dans nos vies du XXIème siècle ! Certains hommes (ou femmes) sont -ils vantards par nature ?
A moins que ce ne soit la jalousie qui transforme l’être humain au fil des années ?

En tout cas, Molière a le don de faire descendre son personnage prétentieux du piédestal sur lequel celui- ci se positionne, pour mettre en avant la bêtise de ce genre de personne.
Il démontre avec efficacité le côté imbécile des personnes obsédées par leur apparence, jusqu’à parfois déclencher la pitié chez le lecteur (ou spectateur) pour ce M. Jourdain qui finalement est bien pathétique sous ses apparats !

Et on sourit, imaginant nos connaissances prétentieuses sous ce costume ridicule, ânonnant « Tout ce qui est prose n'est point vers ; tout ce qui n'est point vers n'est point prose. » Jubilatoire !

samedi 13 juin 2020

Innocence condamnée, Charlie Genet

Innocence condamnée, Charlie Genet (Editions Elixyria, 04/2019)

★★★★★

« Être un vampire, c'est être un démon menteur et manipulateur, disait Alistair, mais restons classe et ayons des principes. » Alistair a été le « maître » de Roxanne, l’héroïne de ce roman de bit lit, et elle applique bien ce précepte : cette vampire centenaire exerce le métier de médecin dans un pénitencier de Louisiane. Cette profession lui permet de trouver de quoi se nourrir, mais aussi de sélectionner ses proies, de sucer le sang des « méchants » et d’épargner les « gentils ».
Une couverture que l’éternelle jeune femme apprécie, dans le mystère des bayous, là où elle a connu bien des souffrances alors qu’elle était encore « vivante » ; et où elle rumine doucement sa vengeance.

« Le meilleur moment de l'année, à mon avis, reste le soir de Mardi gras. Des défilés, de la musique, des danses, des chants animent les rues pour mon plus grand bonheur. Je me mêle alors à la foule, j'ai l'impression de revenir en 1912, avant ma mort. »

Mais voilà qu’un nouveau prisonnier intègre le pénitencier, Zachary, un métis séduisant aux yeux turquoise. Il clame haut et fort son innocence, et pourtant, il a été condamné à la perpétuité pour le viol et l’assassinat d’une fille de policier. Rudement tabassé dès son arrivée, il est rapidement confronté au regard affûté de Roxanne, qui doit déterminer pour elle- même s’il peut entrer, ou non, dans sa catégorie « garde- manger ».
Evidemment, notre jolie médecin va craquer pour le nouvel arrivé, d’autant plus qu’ils vont se découvrir un ennemi commun, et par la même occasion, une cause capable de réunir d’autres forces occultes.

J’ai rapidement adhéré à l’univers proposé par Charlie Genet dans ce roman. Le personnage de Roxanne est vraiment bien construit. Son histoire nous est révélée par petites touches, mêlant passé et présent avec subtilité tout en maintenant un suspens palpable.

La plume de cette auteure est fluide, vraiment agréable à lire, d’autant plus qu’ici, elle s’offre quelques pointes d’humour qui m’ont régulièrement fait sourire dans cet univers pourtant sombre et démoniaque : « Mon premier patient étant diabétique, il est presque certain qu'il n'a eu qu'une injection d'insuline sur deux, je vais donc faire le plein de sucre de bon matin. J'en salive d'avance. »

Bref, une lecture originale et des plus plaisantes !

mercredi 10 juin 2020

Liz, Tome 3, Défier les ténèbres, G.H. David

Liz, Tome 3, Défier les ténèbres, G.H. David (Editions Elixyria, 11/2019)

★★★★☆ 

« A trop vivre dans la crainte de perdre ce à quoi on tient, on finit par obtenir ce qu'on redoute. » Dans ce troisième tome de la sage, Liz va subir un sacré revers de bâton. Les masques vont tomber autour d’elle et changer les données de départ. C’est l’épisode le plus sombre de la saga et de nombreuses larmes vont couler.

« On avait déjà le bon, la brute vient de se tirer et le truand débarque! » Quand on gravite en lisière du Milieu, on croise toutes sortes de pedigrees. Ici, c’est Sylvain, l’ex alcoolique et violent de Liz qui revient sur le devant de la scène. Celui que l’on surnomme « le Barman » dans la pègre est contacté par notre héroïne qui veut régler ses comptes suite au rapt de Maud, sa meilleure amie (Tome2). Il en profite pour faire à « La Joconde » la démonstration de sa nouvelle hygiène de vie, irréprochable. Evidemment, son but est de reconquérir sa belle, mais celle- ci se perd entre les hommes de son passé, ceux de son présent et ceux qu’elle espère intégrer à son avenir : « Plusieurs hommes m'ont enlacée, mais rares sont ceux qui m'ont inspiré le bien- être et la sensation d'être enveloppée réellement. »

De nouveau je me suis laissée emportée par la plume audacieuse et sensible de G.H. David. Il y a de sacrées surprises dans ce tome concernant les personnages. Je n’avais vraiment pas vu arriver de telles révélations ! J’ai hâte de lire le tome 4, le dernier de la saga, pour enfin connaître le dénouement de cette intrigue complexe !

samedi 6 juin 2020

Cauchemars, Fabienne Lejamble

Cauchemars, Fabienne Lejamble (Editions Kissilow, 02/20)

★★★★☆

Adeptes de la série « La Quatrième Dimension », diffusée en France dans les années 80 – 90, ce recueil de nouvelles est pour vous !
Planches de ouija, démon, possession, mangeur d’insectes, bestiole cachée sous le lit…
Faites votre choix !

La plume de Fabienne Lejamble sait se faire ironique pour se moquer de son lecteur… après lui avoir fait peur dans ses petites histoires farfelues!
« Après s’être allongé dans l’obscurité tranquille, le jeune homme s’endormit rapidement et s’agita, rêvant d’un grand œil qui l’observait depuis sa venue au monde, de multiples mains cachées sous son lit, n’attendant que le passage de ses chevilles pour les saisir et l’emmener tout entier dans la dimension des créatures de cauchemars ».

Vous aimez vous faire peur ? Foncez !
Et puis faites de beaux rêves!!!

Le Dieu Oiseau, Aurélie Wellenstein

Le Dieu Oiseau, Aurélie Wellenstein (Scrinéo, 2018; Pocket, 2020)

★★★★☆

« L'histoire racontait qu'à cette époque, il y a cinq cents ans, le monde était plongé dans les ténèbres perpétuelles, mais au moment même où Ticawan était revenu de l'île sacrée, brandissant l’œuf d'or au bout des bras, le soleil était apparu. » En regard de cette légende, tous les dix ans, une compétition est organisée entre les dix clans de l’île. Le vainqueur permettra à son clan d’y régner durant la décennie à venir.

Les épreuves sont extrêmes : une journée de nage, des combats à mains nues, une montagne à escalader et des animaux sauvages à affronter (Koh- Lanta, c’est pour les gamins, s’il fallait comparer !), plus quelques bêtes monstrueuses à éviter avant de chercher où l’œuf d’or a été caché. Dix années d’entraînement et de sacrifices ne sont pas de trop, et plus les concurrents s’approchent du Graal, moins ils hésitent à éliminer les concurrents restants.

Faolan a été une victime collatérale de la compétition qui s’est déroulée dix ans plus tôt, alors qu’il n’était qu’un enfant. Le clan du Bras de fer a en effet remporté la victoire et s’est acharné, lors du Banquet, contre les chefs des autres clans, dont celui de la Horde, auquel il appartenait. Son père a donc été assassiné cruellement (la tradition veut que le gagnant arrache le cœur de ses concurrents et le mange encore palpitant devant la foule), sa petite sœur et sa mère ont été violées sous ses yeux, et alors qu’il devait subir le même sort, le fils du chef du Bras de fer, Torox, lui aussi encore gamin, a réclamé avoir Faolan pour en faire son « jouet » parce qu’il était fasciné par ses formidables yeux bleus.

Faolan va alors connaître dix années terribles d’asservissement et de famine, victime du sadisme et de la cruauté inimaginable de Torox. La seule chose qui va le pousser à tenir sera la possibilité, offerte à tous, de se présenter lui aussi au concours et de gagner l’œuf d’or qui lui permettra à la fois de se venger et de retrouver sa liberté.
Le roman débute ainsi à quelques jours de la compétition : Faolan aura-t-il les capacités nécessaires pour se mesurer à des adversaires en bonne santé et parfaitement entraînés aux épreuves ?

Au final, un roman fantasy que j’ai dévoré, tant j’ai trouvé l’intrigue captivante. Certaines scènes sont répugnantes, mais j’ai tout de même regretté le côté un peu « young adult » de l’écriture. Ceci dit, j’ai apprécié la capacité de l’auteure à faire voyager le lecteur dans un univers mi- réel, mi- fantaisiste, sans le perdre dans des loufoqueries inutiles, et tout en en développant un sentiment d’empathie qui le pousse à encourager mentalement, au fur et à mesure des pages, Faolan, un anti- héros si touchant !

mercredi 3 juin 2020

Sensual Bachata, Charlie Genet


Sensual Bachata, Charlie Genet (Editions Elixyria, 10/2019)

★★★★★

« Je n'aime pas ces personnes sans âme : les hommes ont les mains baladeuses et semblent attendre que votre conscience soit KO pour vous prendre ce que vous ne voulez pas leur offrir ; les femmes se jalousent et se pavanent sur les podiums, tentant de trouver une reconnaissance dans le regard des fêtards, de l'amour dans le sexe rapide. »  Suzanne voit juste. Combien sommes- nous, homme ou femme, à chercher un succédané d’attention dans ces relations d’un soir en boîte de nuit ? Un ersatz du grand amour, qui se terminera au petit jour ? On s’accroche aux balises que le destin veut bien nous concéder…

Suzanne y croit à 200%, soutenue par Bartz, le meilleur ami de son frère, son partenaire de danse et son futur mari puisque les noces sont déjà arrangées entre ces deux familles « favorisées ». Sauf que... Fabien, le jumeau de Suzanne ; est mort sous les balles des terroristes au Bataclan. Elle ne s’en relève pas. Avec Bartz, elle s’enfonce donc dans les nuits de débauche, oubliant le futur de danseuse professionnelle que sa mère lui avait déjà tracé.

Pourtant un soir, elle va retrouver le jeune inconnu avec qui elle avait dansé, le soir du Bataclan. Un garçon qui lui avait semblé être son « âme sœur de danse » ; celui qui anticipe le moindre de ses mouvements et sait y répondre avec talent : Noé. De nouveau, devant elle, va s’ouvrir le chemin de la Bachata, de la compétition « amateur », et il ne tiendra qu’à elle de tirer les ficelles du succès.

Une romance à un rythme sensuel que j’ai dévoré, porté par la plume passionnée de Charlie Genet. Je ne connaissais absolument pas la Bachata et l’auteure m’a poussée à m’y intéresser. J’envie les danseurs de cette discipline, si complices et si sensuels. Je serais bien incapable de me laisser aller ainsi : Mais ce qui est remarquable, c’est justement que l’auteure nous permette de faire découvrir une pratique sportive à travers son récit mais surtout, nous fasse mesurer l’ampleur cathartique que peut revêtir une activité sportive ou artistique dans un cadre de remédiation au deuil.

Bref, sans connaître la bachata, je me suis laissée entraînée par une romance construite sur un deuil lié aux attentats du Bataclan en 2015 ; ce qui n’est pas anodin ni banal. Ce n’est ni mièvre ni attendu ; les personnages doivent vraiment « s’arracher » pour vivre comme ils l’entendent. La « vraie vie » quoi…

P.S. : J’ajouterai que j’ai adoré revoir Ezra (« Deadly Rose ») apparaître dans ces pages !!!