jeudi 27 mai 2021

En équilibre, Morgane Moncomble (Hugo "Young Adult", 05/2021)



En équilibre, Morgane Moncomble (Hugo "Young Adult", 05/2021) 

💓💓 COUP DE COEUR 💓💓

Raconter une lecture « coup de cœur » sans trop en dire ; voilà un exercice bien difficile. Je ne m’attendais pas à ressentir autant d’émotions diverses à la lecture de ce roman « Young adult ». L’auteure a brillamment réussi à créer une héroïne extrêmement attachante. Les épreuves qu’elle lui fait subir renforcent encore ce sentiment d’attachement car la diversité de ce qu’elle subit fait que tôt ou tard dans le récit, on ne peut que s’identifier à elle…

 

« Ah, mon "mauvais caractère". Mon plus fidèle ami. Lara, la rebelle de la famille. La féministe, la grosse, l'intello, la défenseuse de causes. Celle qui ne sait pas bien prendre une blague un peu raciste. Trop susceptible, trop revendicatrice, trop bruyante, qui s'occupe de causes qui ne la concernent pas. » Lara, dix- sept ans, est une lycéenne américaine qui se donne à fond dans tout ce qu’elle entreprend. Elle défend avec hargne, et à coup d’heures de révision, sa place de première de la classe, et envisage d’intégrer la prestigieuse université de Columbia. En parallèle, elle pratique le cerceau aérien et rêve, ici aussi, de décrocher les étoiles en tant qu’artiste de cirque.

 

« C'est ça, le truc, avec ma mère. Jolie est synonyme de mince. Si je suis grosse, je me sens forcément mal dans ma peau. Si j'ai des kilos en trop, je veux évidemment les cacher. C'est sûrement pourquoi elle n'a plus jamais assisté à mes spectacles depuis mes treize ans, quand j'ai fermement refusé de continuer les régimes désastreux. » Lara, contrairement à sa sœur jumelle, Amélia, souffre de surpoids. Personnellement, elle n’en a cure, mais c’est sans compter sur la grossophobie de notre société centrée trop souvent sur l’apparence. Leur propre mère semble rejeter les formes de sa fille. Mais Lara fait front ; elle n’a d’ailleurs aucune honte à performer en tenue moulante. Et puis son voisin, Carey, semble la trouver à son goût. En lui faisant découvrir l’univers du Burlesque à la française, elle pense avoir même une chance de trouver une place où on l’accepterait enfin telle qu’elle est. Mais à force de vouloir être partout la meilleure, Lara va voir ses démons intérieurs petit à petit prendre le dessus…

 

Au final, Morgane Moncomble m’a emmenée dans une histoire dont j’ignorais les véritables tenants et aboutissants. Je ne m’attendais pas à certains retournements de situation. L’écriture est fluide, et à la manière d’une romance, je me suis dit que j’allais avant tout assister au rapprochement entre Lara et Casey, mais… Absolument pas ! Le récit se dote peu à peu de moments de suspens, d’événements totalement inattendus, et j’ai adoré rester en haleine pour suivre le chemin tortueux emprunté par Lara, cette quête initiatique d’une ado de 2021. Une héroïne qui restera un moment dans ma mémoire. Une plume que j’ai très envie de retrouver.   

lundi 24 mai 2021

1991, Franck Thilliez (Fleuve, 05/2020)



 1991, Franck Thilliez (Fleuve, 05/2020)

💓💓💓💓💓 

Je n’ai en rien suivi les enquêtes de Sharko, enquêteur récurrent des thrillers de Franck Thilliez. De mémoire, je n’en ai lu qu’une, même. Mais le concept proposé ici par l’auteur m’a vivement interpellée : revenir sur le passé de son personnage en réponse aux questions de ses lecteurs ; « D’où venait-il ? Pourquoi était-il policier ? A quoi ressemblait- il plus jeune ? » Personnellement, j’aime beaucoup connaître l’enfance des personnages des romans que je lis. On y trouve souvent ce qui en fait l’adulte qu’il est devenu, avec ses failles et ses certitudes. Appréciant la plume de l’auteur, je savais que j’allais passer un bon moment de lecture et effectivement, je n’ai pas été déçue !

 

« Culture de taiseux... Comme si ce drame était leur faute à tous, et que le fait de ne pas en parler pouvait permettre d'oublier. Mais un enfant n'oublie pas. Jamais... » Sharko vient du Nord, des mines, où l’on a tellement souffert que l’on s’est habitué à serrer les dents et à ne pas s’épancher sur ses peines. C’est un drame entouré de silence qui a marqué le petit Franck Sharko au fer rouge et l’a décidé à devenir policier pour que les vérités éclatent au grand jour.

 

« Une fois dehors, il se tourna vers le bâtiment et eut un pincement au cœur. Il comprit que cet endroit où il avait fourré les pieds, le 36, quai des Orfèvres, n'était qu'un pas qu'un lieu de prestige.
C'était une arène sanglante.
La fosse aux lions. »
Après avoir débuté sa carrière à Lille, voilà Sharko muté à la Brigade Criminelle du mythique 36, quai des Orfèvres. Titi, le Glaive, Florence et Serge, ses collègues s’apprêtent à le tester, mais une affaire bien complexe va très vite les mettre tous à la même échelle sur le terrain.

 

« J'aime bien enquêter. Derrière chaque meurtre, il y a un homme ou une femme qui a franchi une frontière. C'est ça qui m'intéresse. Le pourquoi... » Les raisons qui poussent le « Minutieux » à perpétrer des actes d’une cruauté innommable sont loin d’être évidentes. Vaudou, magie et jeu de piste vont donner du fil à retordre à notre équipe. Une dimension psychiatrique de l’enquête principale va ensuite apparaître – mais où Thilliez va-t-il chercher tout ça ? En parallèle, Sharko continue de mener des investigations sur une affaire sensible, celle des Disparues. Le jeune flic va se retrouver face à un dilemme cornélien. Et on devine que le choix qu’il fera à ce moment- là déterminera sa personnalité de policier dans les enquêtes suivantes. Lesquelles constitueront une partie de mes lectures estivales ; j’avoue, je suis désormais accro à Sharko !

lundi 17 mai 2021

Célestin et le coeur de Vendrezanne, Gess (Delcourt, 04/2021)



Célestin et le coeur de Vendrezanne,  Gess (Delcourt, 04/2021)

💔💔💔

Aucun doute : le livre- objet est ici magnifique ! Cette bande dessinée de presque deux cent pages est de toute beauté, tant par la richesse des illustrations que par la qualité du papier. Un plaisir tactile et visuel de lecture qui vous emmène dans le Montmartre de la fin du XIXème siècle, aux côtés de Célestin. Cet homme discret et vif est serveur à l’auberge de la Pieuvre, lieu qui sert de repère à la pègre locale.

 

« Dieu créa l’homme à son image », ce précepte m’a toujours fait doucement sourire. Car si vous pouviez contempler vos « semblables » par mes yeux… vous constateriez la vertigineuse diversité des apparences de ceux que vous nommez « êtres humains ». C’est mon don de vous voir tel que vous êtes au fond. » Notre Célestin possède ce que l’on appelle un « talent » : il voit la véritable nature des êtres humains qu’il côtoie (on dit qu’il est « discerneur »), et croyez- moi, ce n’est pas beau à voir. Mais le jeune homme refuse que cela se sache. Il se fond dans la masse, évite les ennuis. Pourtant, en voulant aider un gamin des Asticots (surnom donné aux enfants pauvres qui se faufilent dans les maisons pour y perpétrer quelques menus larcins sur commande), Daumale, il risque de se faire remarquer et de dire adieu à sa tranquillité…

 

Pendant ce temps, dans un sous- sol, « l’insomniaque » se voit chargé d’une drôle de mission : crever un cœur toutes les deux minutes… Et un vieillard, dans une grotte, affronte tous les hommes prêts à se battre contre lui, sans jamais être le perdant…

 

J’ai beaucoup aimé le début de cette bande dessinée ; lorsque Célestin raconte l’histoire de l’auberge, son propre vécu et qu’il nous présente les habitués de la Pieuvre. Par contre, j’ai moins aimé lorsque l’histoire a laissé la place à un monde fantasmagorique violent. Je suis restée sur ma faim aussi quant à certains éléments ; ainsi, j’aurais aimé en savoir davantage sur les Géants évoqués dans l’une des dernières vignettes. Ceci dit, si vous êtes fan du 9e art ; n’hésitez pas à vous procurer cette belle bande dessinée, ne serait- ce que pour la beauté des illustrations et de la mise en page. Vous ne le regretterez pas !

dimanche 16 mai 2021

Les cauchemars du Baku - Livre 1 : la malédiction du pianiste, Jenny J.R. (M+ Editions, 05/2021)


 

Les cauchemars du Baku - Livre 1 : la malédiction du pianiste, Jenny J.R. (M+ Editions, 05/2021)

💙💙💙💙💙

 

Qu’arrive-t-il au petit Antonin, douze ans ? Il ne dort plus, il ne mange plus, et ses doigts se mettent à pianoter inlassablement dans le vide la partition de la cinquième symphonie de Beethoven ! Le médecin est persuadé que c’est encore un adolescent qui reste vissé devant son écran une manette à la main ; mais la maman dément : « Il est en permanence le nez plongé dans son livre. » Alors pour le médecin, d’un coup il n’y a plus de souci, tout va bien !

 

« Les monstres n'attaquent jamais en plein jour, c'est bien connu. Alors, une fois le soleil levé, les yeux rougis, j'étais épuisé. M'enveloppant dans ma couverture, basculant sur le côté, mes yeux tombèrent sur le livre resté ouvert à la première page. Il y était écrit :
"Toutes les histoires que vous allez lire sont vraies."

Il faut reconnaître qu’Antonin est obnubilé par son mystérieux livre. Il ne le quitte que pour aller au collège ou pour suivre les cours de piano de Mademoiselle Nelle qui souhaite lui faire passer le test d’entrée au conservatoire. Et l’adolescent s’y retrouve : l’histoire qui lui est contée est justement celle d’un pianiste…

 

« Je connais des histoires.
Des histoires terrifiantes. Je pourrais te les raconter si tu voulais.
Qui suis- je pour les raconter ?
Je me nourris de ça, de tes plus beaux cauchemars.
Je regarde vers le bas, vers les profondeurs de ton âme, sous tes pieds, vers les abysses au- dessus desquels tu oses marcher.
Je suis Baku, la créature des cauchemars.
J'ai faim.
Je suis là pour toi. »

Antonin serait- il alors envoûté par ce mystérieux livre ? A moins que ce ne soit la terrible créature, le Baku, représentée sur la couverture ?

 

Je ressors là d’un roman jeunesse jubilatoire, qui nous présente un petit garçon attachant, oscillant entre le rêve et la réalité sans en avoir même conscience, d’une histoire qui s’ancre dans le folklore japonais en faisant un détour par la mythologie grecque. De plus, un récit mis en abyme dans l’histoire d’Antonin permet d’avancer dans l’intrigue en deux temps et de maintenir un suspens certain. Enfin, je gage que le dénouement de l’histoire fera frémir, mais avec plaisir, les jeunes lecteurs ! Une lecture plaisante à 200% ; je recommande !!!

samedi 15 mai 2021

L’Educateur – Bonus, Lola T. (Elixyria, 09/2020)



 L’Educateur – Bonus, Lola T. (Elixyria, 09/2020)

💜💜💜💜💜

J’ai replongé avec plaisir dans l’univers des êtres de la nuit inventé par Lola T. J’avais adoré le roman et l’éditrice a eu une très bonne idée de réclamer un spin- off permettant d’en savoir plus sur les personnages, notamment après le retournement de situation quant au positionnement de Marie face à son devenir auprès de John Mac Arthur.

 

« Marie était unique, dans sa façon de le défier tout en respectant l'étiquette, dans cette effronterie qu'elle gardait en elle, involontairement, dans ce regard qui dévorait la vie. » Malgré son côté rebelle, le Duc Mac Arthur a voulu faire de Marie son épouse. Lui est autoritaire, intransigeant, et le couple connaît très vite ses premières disputes.

 

« S'unir à un vampire, obéir à un homme, devenir son amante lui étaient inconcevable. Mais auprès de John, elle apprit que la rudesse de ce monde exigeait cette discipline. Que la dureté des vampires permettait également de protéger les femmes, convoitises permanentes des malotrus qui sévissaient dans l'ombre. Et surtout, elle découvrit l'amour et le plaisir de la chair qui fit d'elle une autre femme. » Si Marie prend conscience de sa chance, le choix du Duc ne fait pas l’unanimité, loin de là. Nombreux sont les seigneurs à vouloir éliminer Marie, jugée trop indisciplinée. Le Comté d’Ombrage va connaître de nombreux remous liés au mécontentement des vampires et des Loups- garous ; mais aussi du fait de manigances mises en place par des ententes entre des êtres de la nuit et des humains sans scrupules…

 

« Que de routes tortueuses ou enchantées elle avait empruntées pour trouver enfin sa voie. Elle était la Duchesse MC Arthur, et n'en déplaise à certains, elle aimait dorénavant son titre et la place qui était la sienne. » Par la force d’évènements heureux et malheureux, Marie va évoluer, et se retrouver enfin en mesure d’apprécier la valeur de son avenir.

 

Au final, un récit que j’ai dévoré également. Les personnages sont toujours aussi attachants et les nombreuses mésaventures qu’ils vivent ici m’ont maintenue en haleine tout le long de ma lecture. Je ne pense pas que l’auteure ait prévu de faire revivre John et Marie dans d’autres aventures, mais j’espère qu’elle envisage d’écrire d’autres histoires de vampires dans ses projets d’écriture ! Je serai au rendez- vous.

vendredi 14 mai 2021

Et pour le pire, Noël Boudou (Taurnada, 05/2021)



Et pour le pire, Noël Boudou (Taurnada, 05/2021)

 💓💓💓💓💓

Noël Boudou signe ici son troisième roman, et force est de constater que sa prose, son style d’écriture, se bonifie avec les années. Le temps qui passe, d’ailleurs, il en est terriblement question dans ce thriller qui met en scène un octogénaire en guise de personnage principal. Un vieux monsieur bougon devenu acariâtre après des années passées à ruminer son désir de vengeance, son envie de faire la peau aux jeunes qui ont violé, souillé, torturé et assassiné sa chère Bénédicte, vingt ans auparavant.

 

« Il y a vingt ans. Vingt longues années de solitude. Même si à 86 ans, vingt ans ne représentent pas grand- chose, cette période fut sans aucun doute possible la plus difficile à vivre de ma longue existence. » Vincent Dolt sait qu’il est faible, bouffé par l’arthrose et les rhumatismes, plus bon qu’à s’enfiler les bières sur sa terrasse en caressant son chien, le vieux Bill. Et pourtant, à la veille de la libération des assassins de son épouse, il se sent prêt à tout pour aller leur régler leur compte. Après tout, il n’a plus rien à perdre…

 

« Au village, beaucoup se demandent comment il est possible que je sois encore en vie. Et sur ce point je les comprends. Je suis même complètement d'accord avec eux, mais moi je sais pourquoi je suis encore là, comme une mauvaise herbe dont on essaye de se débarrasser au milieu d'un parterre de fleurs et qui revient chaque semaine. » Vincent Dolt vit en reclus dans sa maison, au bout d’une impasse désertée, celle qui a abrité ses années de bonheur lorsque son épouse était encore en vie. Ses seuls contacts se résument à son médecin, et à Magali, son aide à domicile. Alors quand un couple s’installe dans la maison voisine, Vincent est tout d’abord furieux : ils vont ruiner sa tranquillité ! Et puis de fil en aiguille, et à son plus grand étonnement, les relations vont s’apaiser, jusqu’à en devenir fraternelles.

 

« Bao sourit, c'est toujours un peu effrayant de le voir sourire. Surtout quand il y a autant de rage dans son regard que de bonté sur ses lèvres. » Bao, son voisin, colosse de deux mètres et 130 kg, ne supporte pas les violences faites aux femmes. La peine et la rage de Vincent le touchent profondément. Le comité d’accueil à la sortie de prison risque d’être des plus sanglants…

 

Au final, un thriller captivant par son rythme, avec une écriture qui fait mouche grâce à un franc- parler qui tire à boulet rouge sur les travers des hommes. On rit et on frémit avec Vincent et ses vieux os. Noël Boudou dépoussière le thriller français en flirtant avec les normes du genre (ça fait du bien !) et en proposant une histoire de vengeance qui ne peut que vous toucher. A ne pas louper !

mercredi 12 mai 2021

Les légendes de Cirinëa – Livre 1 : Arunalt, chasseur de dragon, Louis Turjanen (M+ Editions, 04/2021)


 

Les légendes de Cirinëa – Livre 1 : Arunalt, chasseur de dragon, Louis Turjanen (M+ Editions, 04/2021)

💛💛💛 

« Par nature, un héros est un protecteur. Il fait preuve de courage, met sa vie en péril pour épargner le danger à la vie des autres. Il fait preuve d'empathie, incarne une élévation morale, et fait preuve d'abnégation. Un héros est par essence remarquable, mais pas nécessairement remarqué. » Cette définition colle tout à fait au personnage d’Arunalt. Ce guerrier mi – Thor, mi – Shrek (« Allons occire le dragon »), a une manière bien particulière d’envisager ses missions, entre magie et réflexions philosophiques.

 

« C'est le grand équilibre de l'Univers : il s'est engendré lui- même, et par la même occasion, a engendré la Vie, et son équilibre la Mort.
Tout fonctionne avec son contraire. Le plus important est l'équilibre qui se crée entre les deux. »
Arunalt n’est pas que guerrier. C’est aussi un magicien, peut- être même un sorcier, qui maîtrise les ressources naturelles pour arriver à ses fins, entre deux pauses méditatives. Il se questionne en permanence sur le respect des valeurs dans la société des hommes.

 

« L'attaque vint un matin, par- dessus les montagnes.
Un immense dragon avait surgi dans le ciel, et s'était attaqué à toutes les fermes, hameaux, villages qui étaient sur son chemin. »
La nouvelle mission qui va donner envie à Arunalt de prendre la route est avant tout une cause : un dragon a détruit la vie de centaines de personnes en s’attaquant à un château pour mettre sa patte griffue sur l’or qui s’y trouvait. En se rendant sur place, il va rencontrer celui qui sera désormais son compagnon de route, Brenohir. Occire le dragon permettra à des centaines de paysans exilés de retrouver leurs terres et de nouveau les cultiver, et ainsi retrouver une certaine dignité.

 

Au final, un roman de fantasy que j’ai apprécié de lire du fait des nombreuses références légendaires (Elfes, Korrigans, Ogres…) et du côté loufoque du personnage principal. Les discussions menées avec Brenohir sont terriblement d’actualité alors qu’on a l’impression de lire un roman situé au Moyen- Âge. Par contre, j’ai regretté que les relations avec les autres « espèces » magiques n’aient été que survolées. Arunalt m’a parfois fait penser aux chevaliers de la série « Kaamelot » et je l’ai trouvé attachant, mais là aussi, j’aurais aimé en savoir plus sur lui. Peut- être dans prochains tomes de cette saga, dont la vocation d’être multi- auteurs s’avère très intrigante !

mardi 11 mai 2021

L'Educateur, Lola T. (Elixyria, 06/2020)


 

L'Educateur, Lola T. (Elixyria, 06/2020)

💜💜💜💜💜

1851. L’Histoire s’est écrite autrement. Les vampires et les loups- garous ont pris le dessus sur les Hommes. Ces derniers ne sont plus là que pour servir ces êtres maléfiques. Les hommes sont soit travailleurs dans les champs, soit domestiques. Les femmes également, sauf que certaines, éduquées dans un pensionnat, seront destinées à devenir les épouses des seigneurs vampires.

 

« Comme ses camarades, elle avait été arrachée à sa mère dès sa première année d'existence. Durant dix- sept ans, elle n'avait vu que les murs et le parc de la pension. Avec les autres élèves, elle avait appris tout ce qu'une dame ou domestique devait savoir, reçu des cours pour modeler une femme, afin de devenir l'année de ses dix-huit ans, épouse, travailleuse, gouvernante, cuisinière ou nourrice, comme le voulaient les lois. Aucun rêve n'était permis, aucune objection n'était tolérée. » Marie vient d’atteindre sa majorité. Comme le veut la règle instaurée par les vampires, il va être temps pour elle d’être sélectionnée par un éducateur pour devenir la future épouse d’un comte ou d’un duc, ou le cas échéant, devenir nourrice ou domestique. Son côté rebelle et insolent risque de lui porter préjudice dans un milieu où la femme n’est que l’ombre de l’époux à qui elle doit une obéissance totale. Pourtant, le comte John de Kent, l’éducateur du comté d’Ombrage, la choisit, ainsi que l’une de ses camarades, Jade, qui deviendra donc sa concurrente pour devenir l’épouse du Duc Mac Arthur.

 

« Jamais il n'avait vu une femme comme elle, insolente non pas par pêché, mais par naturel, curieuse de tout, avec une envie de comprendre ce qui lui faisait défaut. Elle avait une facilité à charmer qui était déconcertante, ne prenant pas conscience une seule seconde du pouvoir qu'elle dégageait. » John se retrouve déconcerté devant la jeune fille qu’il a à éduquer. Jamais encore il n’avait eu à former une future épouse aussi imprévisible que Marie. Que ce soit en société ou dans l’intimité du manoir, Marie ne se montre pas conventionnelle. Le voilà troublé…

« Que de changements s'étaient opérés en elle depuis son arrivée au manoir ! De petite fille capricieuse, insolente et indisciplinée, elle était devenue une femme passionnée, avec cette petite once d'effronterie et ce côté provocateur qui la rendaient unique. » Les mois passent et un lien inattendu se noue entre l’éducateur et son élève…

 

Au final, un livre que j’ai dévoré en deux jours ! Les personnages sont attachants et l’univers créé par l’auteure tient la route. Les nombreux rebondissements, les règlements de compte et les retournements de situation se suivent sans se ressembler, grâce à une plume alerte et une intrigue fouillée et parfaitement maîtrisée. J’ai la chance d’avoir le récit « Bonus » et j’ai hâte de m’y plonger !!!

dimanche 9 mai 2021

Résine, Ane Riel (Seuil, 03/2021)



Résine, Ane Riel (Seuil, 03/2021)

💛💛

 La quatrième de couverture de ce roman me semblait pleine de promesses : « Du fond de la benne où il l’a confinée, Liv, observe son père sombrer dans la folie – mais l’amour aveugle qu’elle lui porte va faire d’elle la complice de ses actes de plus en plus barbares… » Mais finalement, j’ai lu, j’ai lu… et la promesse de passer un bon moment de lecture s’est évanouie au fil des pages…

 

« Petit à petit, Jens fut pris d’une angoisse : par mégarde, il pourrait jeter quelque chose d’irremplaçable. Un objet qu’il n’aurait pas vu, un objet enfoui parmi tous les autres. » Chez ce père de famille, accumuler des choses est devenu pathologique. On appelle ce trouble mental la syllogomanie. Jens Haarder passe son temps à aller récupérer des objets cassés, usés chez les gens ou dans les décharges, et les entasse chez lui, aussi bien dans la maison que dans son atelier de menuisier, ainsi qu’à l’extérieur. Sa femme, Maria, vit à l’étage, dans une chambre tout aussi encombrée de détritus divers. Elle est devenue obèse au point de ne plus être capable de se lever de son lit. C’est leur fille, Liv, qui lui apporte de quoi se nourrir, ou plus souvent, se goinfrer… Comment ce couple en est-il arrivé là ? Je me suis bien évidemment fait mes propres hypothèses, mais l’auteure laisse le flou total à ce sujet, comme si elle était restée à la surface de ses propres personnages.

« C’est difficile de parler avec les gens quand on ne peut rien dire. Surtout quand les autres – votre mère, votre père ou votre frère jumeau invisible – ne disent pas grand-chose non plus ». La petite Liv, forcément, n’est pas très équilibrée non plus. Son père lui a appris à se débrouiller dans la forêt ou face à des animaux, et il lui a également appris à se faufiler sans bruit chez les habitants de l’île, la nuit, afin de se livrer à de menus larcins. Elle a appris à lire et à écrire auprès de sa mère, mais pour Jens, il est hors de question que sa fille aille à l’école. Et pour être sûr qu’on ne vienne pas la chercher, il va lui demander de vivre dans une benne qui jouxte la maison…


Au final, un roman glauque par des situations évoquées, mais jamais approfondies. J’ai eu l’impression de survoler l’histoire de la famille Haarder. Il y a des descriptions sans fin des objets entassés dans les différentes pièces de la maison, et une certaine répétition dans les scènes où Jens se passionne pour la résine des arbres. Le point de vue extérieur choisi par l’auteure n’aide pas à comprendre la psychologie des personnages, et j’ai trouvé impossible de m’attacher à eux, ne serait- ce à la petite Liv. C’est dommage… 

mercredi 5 mai 2021

Rivalités et plus si affinités, Laura Emann (Elixyria, 11/2020)



Rivalités et plus si affinités, Laura Emann (Elixyria, 11/2020)

💜💜💜💜💜

 Olivia, jeune interne en chirurgie, est à un tournant de sa vie : étudiante prometteuse, elle voyait déjà sa carrière de médecin toute tracée. Mais c’était sans compter sur la rouerie de son mentor, le célèbre docteur McKenzie, de quinze ans son aîné, qui est aussi son amant. Celui- ci profite en effet de sa renommée pour accuser la jeune femme d’une erreur qu’il a lui-même commise. Olivia, désenchantée et amère, abandonne son internant et se met en quête d’un emploi.

 

« Dix minutes auparavant, je pensais que cette fille n'avait pas toute sa tête et maintenant, je me retrouvais en concurrence avec elle. » Mark McLean est le fils du propriétaire riche et antipathique de Medhealth Corp, l’une des sociétés de matériel médical les plus importantes d’Europe. Son père est à la recherche d’un successeur, et pour lui, son fils est celui qui doit prendre sa suite, mais il n’entend pas la lui laisser si facilement. En effet, trois concurrents vont tenter de se démener pour obtenir ce poste de manager. Olivia va être l’un d’eux. Elle se fera très vite remarquer par sa pugnacité mais aussi par sa capacité à répondre aux coups durs, quitte à passer pour une casse- pieds.

 

Mark est intrigué par sa rivale et s’il n’hésite pas à lui tendre des pièges, il ressent paradoxalement une certaine attirance pour elle. Il va donc se construire trois identités : celle de l’amoureux secret, celle du collègue à éliminer, et celle qui correspondra à sa véritable nature. Mais comment s’y retrouver ? L’amour demande une certaine dose de sincérité… « Alors que je faisais les cent pas à l'intérieur, je me rappelai que je m'étais promis de lui révéler, une bonne fois pour toutes, ma véritable identité. Je ne pouvais plus jouer ce double jeu à présent que je réalisais l'étendue de mes sentiments pour elle. »

 

Au final, un roman captivant aux rebondissements multiples. J’ai ri plus d’une fois en lisant les sales coups portés par l’un et l’autre des concurrents ! Je me suis vraiment attachée aux deux principaux protagonistes dont les profils sont finement élaborés, mais aussi aux personnages secondaires que sont les colocataires d’Olivia. Il y a beaucoup d’humanité dans ce roman qui traite pourtant de la concurrence impitoyable qui fait rage au sein des multinationales. L’écriture est fluide, les termes bien choisis et l’intrigue, complexe, est rondement menée. Une jeune auteure à suivre !