dimanche 29 décembre 2019

Bed Bug, Katherine Pancol


Bed Bug, Katherine Pancol

★★★★★


D’habitude, je referme le dernier Pancol avec un sourire satisfait aux lèvres. Cette lecture fait habituellement office de baume au cœur, de « doudou » pour consoler mes émois sentimentaux si complexes. Cette auteure a le don de permettre au lecteur de se retrouver dans l’un des traits de personnalité de l’un ou l’autre de ses personnages, de s’identifier à lui et de réfléchir sur les conséquences prises par l’une des décisions de son double de papier.

Mais là, non. Je ressens plutôt un profond malaise. Parce que le sujet qui y est soulevé est certes mis en avant depuis le phénomène #Metoo, mais intrinsèquement conditionné, lié au destin, à l’histoire intime de chaque femme. 


Ce qui m’a le plus frappée, c’est que la mère de Rose, la principale protagoniste de récit, se prénomme comme moi, Valérie, prénom généreusement distribué vers le milieu des années 70. Elle aime les mêmes films que moi : « Autant en emporte le vent » et « Thelma et Louise » ; des portraits de femmes fortes qui ont dû s’affranchir du pouvoir masculin. J’aurais pu m’identifier à elle, mais non. Ce portrait de mère si détachée de sa progéniture ne me parle pas ! 


Rose, la fille de Valérie, est une étudiante en biologie qui a toujours été passionnée par les insectes. Katherine Pancol a réalisé là un sacré travail documentaire tant les explications données sont complètes. Rose a réussi à faire de sa passion une vocation, un projet de vie : utiliser les connaissances entomologistes pour trouver une molécule révolutionnaire qui permettrait de guérir le cancer humain.


Pourtant son enfance lui échappe. Elle sent depuis toujours un blocage et subit de bien sombres cauchemars. Impossible pour elle de mener à bien une relation amoureuse. Elle vit avec sa grand-mère et sa mère, lorsque celle-ci veut bien les honorer de sa présence à Paris. Rose ne connaît pas son père. Elle n’en a même aucun souvenir.

Ses réminiscences enfantines se centrent sur une situation de petite fille utilisée comme faire-valoir par Valérie parce qu’elle est jolie, qu’elle obéit et travaille bien à l’école ; combien de fois l’a-t-elle supporté, regretté, honnis ? 


Rose trouvera enfin les fils qui l’emmaillotent depuis si longtemps et l’empêchent d’avancer en partant en mission aux Etats-Unis. Elle découvre, et comprend alors qu’en tant que filles, en tant que femmes, nous avons subi un nombre incalculable d’outrages pour lesquels on nous a reproché de « faire des caprices de petites filles ». Ce n’étaient pas des caprices. Et il est temps qu’on lève le voile sur ces pratiques machistes d’un autre âge, sur cette domination masculine qui n’a pas lieu d’être. Et c’est très bien que des auteurs comme Katherine Pancol s’emparent du sujet pour en révéler l’ignominie, trop longtemps ancrée de génération en génération, à la manière d‘une malédiction inéluctable…


Au final, je fais le constat que les insectes femelles s’en sortent bien mieux que nous !
Un roman captivant et nécessaire.

samedi 28 décembre 2019

Une vue exceptionnelle, Jean Mattern


Une vue exceptionnelle, Jean Mattern

★★★★☆


Jean Mattern nous emmène dans une histoire pleine de délicatesse, où le regard prend toute son importance. David qui garde un œil sur sa baie vitrée qui donne sur la Seine et l’autre œil sur la photo de Simon, le garçon de son ex-compagne qu’il a failli adopter. Emile, son compagnon, oncologue de renom, va être troublé lorsqu’il verra un nom écrit sur l’agenda qui recense ses rendez-vous. Et Clarisse, cette jeune femme qui ne cesse de scruter ses kilos en trop dans le miroir…
Des regards, des entrevues, et une histoire formidable qui lie nos trois personnages grâce à de mystérieux hasards qui tirent de douloureuses ficelles issues du passé. 


Vingt-cinq ans que David a quitté Londres pour venir vivre à Paris, en tant que biographe de musiciens, aidé financièrement parlant par les profits de l’entreprise viticole familiale. Il vivait autrefois avec une femme célibataire avec enfant. Le retour, au bout de plus de trois ans d’absence, du géniteur de l’enfant de celle-ci va contrarier ce destin de père de famille qu’il s’était secrètement façonné. Et puis voilà Paris, voilà Emile et une nouvelle option de vie.

C’est alors que le médecin va recevoir Simon, devenu adulte, en consultation. Des certitudes vont s’effondrer : « Alors il est heureux que le secret professionnel m'interdise de donner une nouvelle réalité à un cliché vieux d'un quart de siècle. »


C’est une intervention de la part de Clarisse, cette jeune femme pleine de questionnements existentiels, devenue l’amie de David depuis peu, qui permettra de mettre à plat les regrets, mais aussi les remords de nos deux protagonistes.

J’ai aimé l’écriture de Jean Mattern, cette délicatesse, cette poésie, mais j’ai regretté « l’abréviation » des deniers chapitres. Je les souhaitais plus étoffés ; curieuse que je suis !

jeudi 26 décembre 2019

Chambre 312, Sylvie Bougeot


Chambre 312, Sylvie Bougeot

★★★★☆


Institut psychiatrique Victor Broussail : une petite fille de 9 ans a été assassinée d’une manière atroce. Son corps et son visage ont été mutilés. 
On y envoie le commissaire Dan Kiefer, un policier au franc-parler et aux réactions parfois un peu trop violentes. Sa ressemblance avec Jean Reno dans « Léon » ne lui permet pas de passer inaperçu ! Les hommes le craignent et les femmes tombent sous son charme. Mais dès lors qu’il pose ses larges paluches sur votre bureau, vous n'avez qu’une envie : lui donner satisfaction pour qu’il vous laisse tranquille !


Le voilà donc qui déboule dans l’institut, accompagné de Stéphanie, une psychiatre de la criminelle qu’on lui a imposé en haut-lieu. Les indices sont très pauvres et Dan sent que cette affaire va être délicate. Il interroge le personnel soignant à tour de bras mais rien ne filtre. Au contraire, une chappe de plomb et de silence semble s’être posée aux quatre coins de l’établissement de soin.


C’est alors que les péripéties et les retournements de situation vont s’enchainer à une vitesse folle. Qui est vraiment Stéphanie, cette psychiatre de la criminelle que des personnes de l’institut semblent reconnaître alors qu’elle dit ne jamais y avoir exercé ? Et Kiefer, ce rustre, que cache-t-il sous couvert de ses terribles migraines ? Est-il vraiment celui qu’il dit être ? Que veulent dire ses terribles visions qui le mettent à mal ?
Les assassinats d’enfants dans l’institut, tous soumis au même mode opératoire horrible, vont être réitérés. Mais Dan ne trouve pas l’identité de l’assassin… Son passé, lui, le rattrape d’une manière violente et inattendue.


La perversité humaine va se profiler d’une manière abjecte et déclencher de nombreux questionnements chez notre enquêteur : « Quel plaisir l'homme pouvait-il tirer du fait de tant salir, pervertir, humilier, blesser de jeunes proies sans défense ? Était-il si lâche pour ne pas affronter des adultes tels que lui ? Comment pouvait-on propager la peur, le stress et l'angoisse sans éprouver une once de culpabilité ? » Comment Kiefer, père de famille, peut-il réagir?

  
Au final, Sylvie Bougeot signe un thriller qui emmène son lecteur à 200km/h dans les méandres de la psychologie humaine la plus noire. Les évènements et découvertes s’accélèrent dans les dernières pages et j’avoue que parfois, j’aurais eu besoin d’un peu plus d’explications quant aux révélations finales. Mais dans l’ensemble, on reste vraiment en apnée dans un univers qui s’assombrit, qui étouffe et questionne, au fur et à mesure que l’on tourne les pages. 
Une auteure à suivre. Indubitablement.

lundi 23 décembre 2019

La police des fleurs, des arbres et des forêts, Romain Puértolas


La police des fleurs, des arbres et des forêts, Romain Puértolas

★★★★★

Comme j’ai aimé la fantaisie de ce roman ! En ces journées sombres et pluvieuses du début de l’hiver, c’est un rayon de soleil qui a jailli d’entre les pages du dernier roman de Romain Puértolas, auteur talentueux à l’imagination débordante !
Celui-ci nous emmène en 1961, dans le village de P., situé en France, entre montagnes et mer. Un officier de police de la grande ville de M. y a été mandaté pour résoudre un crime atroce : un certain Joël, apprécié dans tout le village a été égorgé, démembré et les huit parties de son corps ont été découverts dans des sacs en papier des Galeries Lafayette, jetés dans une cuve à confiture de l’usine appartenant au maire.

Pour les 300 habitants de M., c’est une véritable tragédie. 


Une fois sur place, l’inspecteur va découvrir avec consternation que Joël a déjà été autopsié (par le vétérinaire qui fait aussi office de médecin généraliste du village) et enterré. Il donc va devoir partir à la recherche d’indices avec fort peu de ressources. Il part à la rencontre des proches de Joël : Félicien, son tuteur, accusé par sa voisine de maltraitance ; le maire, parfait arriviste ; la jolie fleuriste, Elvire, ainsi que le garde-champêtre, qui va l’accompagner dans cette enquête délicate dans une campagne où le silence est roi.


L’officier de police est un jeune homme de vingt-quatre ans, et l’auteur en joue. Il en fait un personnage sympathique, plein d’une délicatesse qui le rend attachant. On chemine avec lui sur ces chemins ruraux parfois étonnants (le coin où pousse de l’herbe rouge, par exemple) dans la période de l’après-guerre durant laquelle les progrès techniques vont profondément transformer nos habitudes (le développement des supermarchés, notamment). La police scientifique n’en est qu’à ses balbutiements, et il est comique de lire les tactiques de l’inspecteur pour pouvoir enregistrer ses dépositions (même si, un anachronisme s’est glissé dans le récit lorsqu’il est question des boîtes noires des avions, inventées en 1965 et donc, encore inconnues en 1961).

J’ai souri très souvent, et même si j’ai vu venir la résolution de l’intrigue assez tôt, j’ai savouré la fin comme si de rien n’était, charmée par l’écriture de ce passage ! Un coup de maître !

lundi 16 décembre 2019

Inavouables secrets, Rose Lorent


Inavouables secrets, Rose Lorent

★★★★☆


« Inavouables secrets », est une histoire vraiment bouleversante, d’autant plus que certains éléments du récit sont bel et bien tirés de faits réels. On le sent parfaitement dans les mots de l’auteure, qui parfois, lance comme un cri du cœur : « On souffre quand on aime, tu ne penses pas ? Quand les gens te sont indifférents, peu t'importe ce qui leur arrive, tu t'en fiches, tu ne ressens rien ! » Ici, les personnes qui souffrent de s’être trop, ou mal aimées, ce sont deux sœurs, Luna et Abby, que les rancœurs et les non-dits ont séparées depuis vingt ans. L’une et l’autre ont mal, viscéralement, de vivre sans savoir ce que l’autre est devenue. Mais il y a eu trop d’incompréhensions entre Luna, l’aînée, au caractère bien trempé, et Abby, la cadette, plus introspective. Pourtant, elles ont été très proches durant leur prime enfance, leur mère recommandant très souvent à Luna de veiller sur sa petite sœur.

Cette proximité a -t-elle été trop intense ? Luna a très vite eu des réactions incohérentes avec sa cadette, jusqu’à ce clash, à l’âge de vingt ans.


Il faudra un coup du destin pour que les deux sœurs aient la possibilité de se retrouver et de recoller les morceaux. Mais il y aura du chemin à faire car les secrets que portent Luna sont un véritable fardeau à porter et à dévoiler. Y arrivera- t-elle ?


Le lecteur, lui, au fil des pages comprend peu à peu de quel drame il est question. Rose Lorent trouve les mots adéquats pour qu’il soit pris aux tripes et se questionne, en même temps que Luna : « Mais que crois-tu qui nous passe par la tête à cet âge-là ? Non, on ne comprend pas ce qui nous arrive. On sent juste que c'est "mal", que ce n'est pas normal, que ce n'est pas juste. Alors, oui, je sais la honte, l'humiliation... ».

La libération de la parole devient dès lors un véritable enjeu…


J’ai vraiment été emportée par cette lecture qui sait parfaitement exprimer la douleur de ces proches qui se sont brouillés et vivent dans la rancœur et les silences bien trop lourds à porter. Seul bémol : les personnages satellites ne sont qu’esquissés, ils manquent de profondeur et il m’a fallu à de nombreuses reprises revenir en arrière dans le livre pour situer qui ils étaient dans la famille. Avec davantage de descriptions physiques et morales, nul doute que leur profil se serait mieux imprégné dans ma mémoire de lecture.

vendredi 13 décembre 2019

Idiss, Robert Badinter

Idiss, Robert Badinter

★★★★☆
Je me souviens avoir été très émue par les larmes de Robert Badinter lorsqu’il est venu présenter ce livre dans l’émission « La Grande Librairie ». Lui, si digne, dissertait sans fin sur cette grand-mère avec qui il avait passé de si bons moments, peut-être même grâce à qui il a eu une si belle enfance; celle dont il dit regretter « de ne pas lui avoir dit plus souvent combien » il l’aimait. Regret éternel des vivants face au désarroi engendré par la disparition trop rapide, inattendue de proches adorés…

Dans ce témoignage qui relate la vie d’Idriss, c’est l’Histoire des Juifs de Bessarabie dont il est question, ayant vécu dans des « shtetel » dans l’ouest de la Russie paisiblement, puis devenus gênants suite à la montée de l’antisémitisme dès le début du XXème siècle. Idiss n’a jamais appris à lire ni à écrire, mais elle a eu la chance d’avoir pour mari un être éclairé, Schulim. C’est lui, en effet, qui va sentir le danger s'intensifier pour les gens de leur confession, et qui va organiser un exil vers la France pour leurs deux fils, puis pour eux-mêmes, les parents, ainsi que pour leur fille Chifra, qui sera rebaptisée d’un prénom plus européen : Charlotte.
Celle-ci, une fois jeune fille en France, rencontrera Samuel, rebaptisé Simon. Ils auront deux fils, dont Robert.

Cette « biographie familiale » est captivante. On a pu lire beaucoup de récits narrant l’antisémitisme ambiant, en France, sous l’Occupation, et j’avoue avoir été bousculée par le récit de Robert Badinter, qui nous raconte son vécu en tant qu’enfant, puis jeune adolescent, de cette période, une des plus sombres de notre Histoire…

Le seul regret que j’aurais à formuler est celui de ne pas avoir retrouvé l’émotion à fleur de peau de l’auteur lors de sa prestation télévisée. Pour une fois, j’avoue, j’avais envie de plus de sentimentalisme…

dimanche 8 décembre 2019

Une bête au paradis, Cécile Coulon

Une bête au paradis, Cécile Coulon

★★★★★

J’ai refermé ce livre avec l’impression d’avoir reçu un uppercut en plein estomac. Même si je connaissais la fin suite à la regrettable maladresse d’un journaliste de l’émission « Le Masque et la plume » sur France Inter, la lire et la digérer au vu de ce qui s’était passé avant dans le roman m’a laissée pantoise. Ou devrais-je dire K-O.

D’abord, l’ambiance. On a tendance à parler de roman « rural » dès que l’intrigue s’inscrit dans le monde paysan, et pourtant, est-ce vraiment la ferme, ironiquement nommée « Le Paradis », qui doit tenir le haut du pavé dans ce roman ? J’ai du mal à le concevoir…
Pour moi, « Une bête au paradis » est avant tout un roman de femmes. Féministe, peut-être même. Blanche, comme Émilienne sont des modèles, des héroïnes qui fléchissent mais ne se rompent jamais. « Elle traversait l’existence, dévolue au domaine et aux âmes qui l’abritaient. Tout commençait par elle, tout finissait par elle », écrit Cécile Coulon au sujet de l’aïeule, Émilienne. Qui a-t-il eu au « Paradis » avant elle ? On ne le sait pas. Qui y aura-t-il après elle ? On ne l’apprend pas davantage. Elle trace du bout des doigts un cercle, une spirale qui s’enroule autour de sa petite-fille, Blanche.

Parlons de Blanche, maintenant. Force de la nature, orpheline brave et magnifique, ayant surmonté la mort trop tôt survenue de ses parents dans le virage en épingle qui mène à la ferme. Une bonne élève qui sait pourtant que quelque soit ses résultats scolaires, son avenir sera de suivre les pas de sa grand-mère.
Et puis Alexandre, le magnifique, son camarade de classe, qui, après avoir quémandé son aide, sera celui qui troublera l’esprit de Blanche, parce qu’il aura envie de réussir ailleurs, malgré leur grand amour, le premier, l’absolu, et malgré le « Paradis » qui leur tend les bras et ses draps.
Et puis encore Louis, le commis, arrivé là presque par hasard, pour échapper à la violence d’un père et trouver une attention maternelle, puis, comme une évidence, l’espoir d’un amour partagé avec la fille de la ferme qui lui permettra de trouver un statut digne de son courage et de ses quelques velléités.

Au final, des personnages terriblement « vrais » et attachants, une ambiance quasiment à huis clos avec tout ce qu’elle a d’étouffant, une histoire qui prend aux tripes, tellement réelle, tellement magnifiée par la plume incisive de l’auteure, qui, à coup de phrases courtes, de verbes douloureux, invite son lecteur en tant que spectateur « en direct live » de sa fiction si réelle.

samedi 7 décembre 2019

Speed Noël, et autres histoires courtes, Elise Picker


Speed Noël, et autres histoires courtes, Elise Picker

★★★★★

Il aura fallu qu’une lecture commune soit proposée sur un groupe de lecture Facebook pour que je me décide à lire, pour la première fois de ma vie, une romance de Noël. Au même moment, je découvrais qu’une auteure locale venait dédicacer ses livres dans un café – librairie que je fréquente et que parmi sa bibliographie se trouvait, justement, un recueil de nouvelles sur le thème de Noël ! Je me suis donc procuré ce livre, dédicacé de surcroît, et j’en ai très vite débuté la lecture.


J’avoue avoir été très agréablement surprise. Ce sont certes des histoires d’amour sur fond rouge et vert décoré de boules et de guirlandes scintillantes, mais j’ai apprécié la qualité de l’écriture ainsi que le fait que ces romances soient placées les normes de notre société actuelle. En effet, les rencontres se font essentiellement dans des pubs, via des rencontres de « speed dating » ou des sms reçus par le biais de sites internet de rencontres. Par ailleurs, j’ai aimé que les nouvelles se lancent des « clins d’œil » entre elles : on retrouve certains personnages de l’une à l’autre ou alors c’est une situation qui est racontée d’un point de vue différent.

Bref, un moment de lecture vraiment très agréable qui m’a fait changer d’avis sur les romances de Noël !

jeudi 5 décembre 2019

Ma belle-mère me déteste (mais je le lui rends bien), Laure Allard- D'Adesky


Ma belle-mère me déteste (mais je le lui rends bien), Laure Allard- D'Adesky

★★★★★


« L’homme parfait n'existe pas, ou alors il a quelque chose à cacher » … ou quelqu’un ! Et ici, vous l’aurez compris, c’est sa mère ! La narratrice de l’histoire, Anaëlle, nous raconte ses déboires avec sa terrible belle-mère, Diane. Les coups bas, les mots assassins, les intimidations, c’est une panoplie complète de la mégère que décrit l’auteure avec un humour imparable. Quelle cruauté ! Mais que c’est bon !


Au départ, Anaëlle voit pourtant la vie en rose quand son amitié pour Axel se transforme en amour réciproque. Très vite, c’est une histoire d’amour qui devient sérieuse et officielle. La première rencontre avec la belle-famille va déstabiliser un peu la jeune femme, mais elle préfère ne pas trop se tracasser pour profiter pleinement de son bonheur tout neuf. Et puis, Axel, en bon fils, dédramatise les situations gênantes : « Tu as dû mal interpréter : maman peut se montrer maladroite, voire revêche, et je suis le premier à en faire les frais, mais elle ne peut pas avoir dit ça, c'est trop mesquin. » Mais les paroles de la belle-mère se font de plus en plus blessantes, et lorsque les projets de mariage, de déménagement et d’enfants vont commencer à être évoqués, les coups de becs et d’ongles vont devenir omniprésents. Anaëlle va devoir agir de manière stratégique pour ne pas mettre sa vie de couple en péril.



Le titre donne une approche simpliste et légère du roman ; pourtant c’est un récit vraiment intelligent, en plus d’être très bien écrit. Il cerne un sujet existant depuis la nuit des temps : les difficiles relations avec les belles- familles. A quelques rares exceptions près, personne n’y échappe. Il est toujours difficile d’entretenir des relations cordiales avec des personnes nous reprochant de leur avoir « volé » leur enfant ou qui n’apprécient pas la façon dont nous avons été éduqué parce qu’ils pensent être des experts en la matière. Laure Allard D’Adesky donne ici de nombreux exemples illustrant ces mésententes autour du couple d’Anaëlle et Axel, mais aussi de ceux de Camille et Gabriel et de Noémie et Sarah. Une façon de montrer que quelque soit le couple, la famille de l’autre s’impose avec plus ou moins de facilité, d’ouverture d’esprit.

On s’y retrouve, on réfléchit, et bien sûr, on rit.

En tout cas, cela a été un très bon moment de lecture qui me pousse à aller voir ce que l’auteure a écrit par ailleurs.

lundi 2 décembre 2019

Coup de vent, Mark Haskell Smith


Coup de vent, Mark Haskell Smith

★★★☆☆

Je ressors de ce roman avec un avis mitigé. Si j’avais été Américaine, il est fort probable qu’il m’aurait davantage plu mais là, nombre de références, tant musicales, artistiques que politiques, m’étaient totalement inconnues et cela m’a donc empêchée d’entrer pleinement dans l’atmosphère du récit.


Celui-ci s’ouvre sur un voilier en train de sombrer en pleine mer dans lequel se trouve un seul homme, Neal Nathanson, et des sacs contenant des millions d’euros, de dollars et d’autres coupures internationales. C’est que le bonhomme était trader et qu’il a réussi à détourner des fortunes avant de prendre la fuite. Sauf que plusieurs personnes, flic, banquier, voyous, vont se mettre à sa poursuite et l’empêcher d’aller au bout de son projet de nouvelle vie à la sauce nabab.


Les chapitres sont dynamiques, à coups de rebondissements, de scènes de sexe (ah ! Sacrée Seo-yun !) et de meurtres farfelus et l’auteur manie parfaitement l’ironie à coup de phrases du genre :

« - L'argent ne rend pas heureux, marmonna-t-elle.
- Les gens qui n'en ont pas ne sont pas au courant, répondit Piet en lui tapotant la main
. » ou encore « C'était le genre de femme que les mecs de Wall Street appréciaient : le modèle haut de gamme avec les dernières options, comme le top de chez Tesla. » qui m’ont fait sourire, mais j’ai parfois trouvé le trait un peu lourd et gavé de clichés un peu trop vus et revus au point d’en devenir dépassés.

Bref un roman plaisant mais qui ne restera pas dans mes annales.

dimanche 24 novembre 2019

Benzos, Noël Boudou


Benzos, Noël Boudou

★★★★★

« Un cachet pour une prise de tête avec un collègue ou ma supérieure au boulot. Deux en cas de mauvaise nouvelle. Trois en prévention d'une crise de panique devant une grosse, grosse merde. Je suis un somnifère ambulant à libération prolongée. » Ces cachets, ce sont des comprimés de Benzodiazépine, composé moléculaire utilisé dans les médicaments classés comme anxiolytiques, traitement médical de l’anxiété et de l’insomnie, entre autres pathologie du système psychique.



Vous comprenez maintenant le titre. « Benzos », c’est en quelque sorte un petit surnom affectueux, car ces cachetons, ce sont les meilleurs amis de Nick Power, le narrateur. Ils sont toujours là pour l’aider quand ça ne va pas. Et ceci, depuis qu’il souffre d’insomnie chronique ; depuis ses quatorze ans si vous voulez savoir.



Est-ce l’usage à long terme qui fait que Nick, d’un coup, semble perdre la raison ? Le voilà qui, un petit matin, se retrouve dans un remake du film « Un jour sans fin » : il se réveille dans des endroits autres que ceux dans lesquels il s’est couché et le jour semble toujours être le même, à quelques variantes près. Devient-il fou ou se moque-t-on de lui ?



Noël Boudou connaît son sujet (lire l’avant- propos). Il emmène son lecteur dans un univers branché « sexe, drogue et rock’n’roll » dans un rythme trépidant et addictif sur les traces d’un homme qui a tout pour être heureux mais qui n’arrive pas à dormir. Qui a souffert d’insomnie ou a dû avoir recours aux fameux comprimés quadri sécables se reconnaîtra en Nick, ce narrateur au nom de super-héros. La vie est invivable sans sommeil réparateur.



Impossible de lâcher ce roman : on est accro !!! Les riffs de guitare de Metallica (les premiers albums, hein, pas les ballades commerciales, que ce soit clair !) et de Pantera déterminent la ligne de conduite qui oscille entre réalité sous cacheton et coma éthylique. Les personnages collent parfaitement à l’ambiance : âmes sensibles et bien pensantes s’abstenir. Le style est lui aussi particulier : très bien écrit tout en utilisant le registre familier : "La mort est un remède à trouver quand on veut, et l'on doit s'en servir le plus tard que l'on peut." Cet enfoiré de Molière ne racontait pas que des conneries. J'ai foutrement besoin de trouver La Mort pour m'en servir au plus vite. » Il est percutant, adapté au propos et à la prose de Noël Boudou, qui est, très certainement, un auteur à suivre.
« Welcome home, boy !»

jeudi 21 novembre 2019

Le Cheptel, Céline Denjean

Le cheptel, Céline Denjean

★★★★★


Comment parler, en seulement quelques lignes, de ce roman si dense ?

L’auteure, que j’ai eu la chance de rencontrer en septembre dernier au salon du polar de Lisle-sur-Tarn, m’avait prévenue : ce thriller est construit comme un puzzle dont les pièces s’assemblent au fur et à mesure des chapitres. Mais que de pièces, et quel poids portent-elles !!! Au départ, chaque chapitre porte un personnage différent, une quête particulière et aucun lien ne semble s’articuler entre ces éléments. 


Louis Barthes, tout d’abord. Ce notaire de 73 ans découvre, en mettant de l’ordre dans les papiers de son père qui vient de s’éteindre, un acte de décès à son propre nom daté de trois jours après sa naissance : qui est-il, s’il n’est pas Louis Barthes né le 15 juillet 1942 et déclaré mort le 18 juillet de la même année ? Son univers empli de certitudes s’écroule et il décide derechef de partir à la recherche de sa véritable identité.

Atrimen, elle, a quinze ans. Elle vit dans une communauté vivant en autarcie dans les Pyrénées. Sa vie est rythmée par les travaux de la ferme et ses responsabilités envers les « moyens » depuis qu’elle est devenue une « grande ». Bientôt, elle sera unie à son promis, Anten. Elle doit aussi réfréner les ardeurs de sa meilleure amie, Elicen, qui semble irrémédiablement attirée par le monde extérieur aux murs érigés autour de leur zone de vie par leur Grande Prêtresse, Virinaë.

Bruno, treize ans, est lui embarqué contre son gré par son frère Kévin et leurs cousines dans une expérience de canyoning sauvage dans le torrent qui cerne Bagnères-de-Bigorre. Pour cet intello habitué à passer des heures et des heures devant son ordinateur, crapahuter dans les rochers est d’une violence inouïe !

Et puis il y a ces trois têtes-à-claques, Jane, Paul et Gautier, nés avec une cuillère d’argent dans la bouche et de ce fait, défendus par un avocat d’envergure (malgré sa petite taille) qui tire les ficelles d’un monde pas du tout beau à fréquenter.

Et enfin, enfin, Eloïse Bouquet, capitaine de gendarmerie aux nerfs à fleurs de peau mais tellement, profondément humaine ! J’ai eu plaisir à retrouver ce personnage que j’avais rencontré dans « Double amnésie », et vraiment, il faut que je lise « La fille de Kali », le premier tome de ses enquêtes afin de cerner cette jeune femme dans toutes ses complexités.


Bref, vous l’aurez compris, j’ai vraiment adoré cette enquête aux visages multiples et j’adhère complètement à ce que propose l’auteure. Je n’ai qu’une envie, lire « La fille de Kali », le premier tome de la trilogie, et enchainer avec la relecture des deux thrillers suivants !

samedi 16 novembre 2019

Le corps, Stephen King


Le corps, Stephen King

★★☆☆☆


« Plus jamais je n'ai eu d'amis comme à douze ans, et vous ? » Cette phrase résume à elle seule le « pitch » de cette nouvelle de Stephen King. 
Gordon Lachance, le jeune héros de l’histoire semble en effet représenter le double de papier de l’auteur et nous raconter une aventure à caractère initiatique, tout en évoquant les débuts littéraires du maître du suspense.

Gordon et ses trois amis vont donc partir à la recherche du corps d’un garçon de leur âge à une dizaine de kilomètres de leur ville, Castle Rock (la ville imaginée par le King qui sert de cadre à plusieurs de ses récits). A cet âge, on ne se déplace qu’à pied et il va s’agir d’une véritable expédition, entre les trains à éviter le long des rails, le molosse qui garde la décharge à ne pas taquiner et les grands frères qui viennent toujours fouiner dans leurs affaires. Et puis, la nuit, il y a de drôles de bruits…

Gordon raconte des histoires pour leur changer les idées.

Mais tout de même, voir un cadavre à cet âge-là, ça laisse des traces.


J’ai lu cette nouvelle en attendant la touche de fantastique de Stephen King… mais elle n’est pas venue, et j’en suis déçue. Les images de l’adaptation cinématographique de cette histoire sous le titre « Stand by me » me sont nettement revenue en tête et avec plaisir. C’est d’ailleurs la seule raison qui m’a permis d’aller jusqu’au bout du livre…

dimanche 10 novembre 2019

Nouvel an, Juli Zeh


Nouvel an, Juli Zeh

★★★★☆


Ce roman m’aura vraiment déstabilisée… L’auteure part d’une situation familiale banale pour finalement embarquer son lecteur dans les méandres torturés de l’esprit d’un personnage.

Ainsi, Henning et Theresa, d’origine allemande, se rendent sur l’île de Lanzarote avec leurs deux jeunes enfants, pour y passer les vacances de fin d’année au soleil.


Après avoir passé la soirée de la Saint-Sylvestre au restaurant, en famille, Henning décide d’aller se défouler sur un vélo de location, histoire de faire honneur dès le premier jour de l’an aux bonnes résolutions prises en ce jour fétiche initiant la nouvelle année. Il se retrouve rapidement rattrapé par un monstre qui l’obsède depuis si longtemps et qu’il nomme « la Chose ». Il pédale de plus belle.


Il grimpe, grimpe, grimpe le Pico Redondo sous un soleil inespéré en ce mois de janvier, puis voilà une masure qui l’interpelle. Un mur constellé d’araignées, un puits où l’eau ne semble pas si potable qu’elle en a l’air… Et le voilà projeté dans un espace-temps vieux de trente ans, dans lequel « la Chose » a, semble-t-il, tiré ses origines.

Je n’en dirai pas plus.


Les premières pages auront été presque ennuyeuses car trop factuelles, puis au deux-tiers du roman, tout s’accélère, les tripes sont prises et vite, il faut pouvoir reprendre sa respiration après un effort trop intense, et ouf, la fenêtre s’ouvre enfin au dernier moment, et apporte un air neuf et apaisant…