Bed
Bug, Katherine Pancol
★★★★★
D’habitude, je
referme le dernier Pancol avec un sourire satisfait aux lèvres. Cette lecture
fait habituellement office de baume au cœur, de « doudou » pour
consoler mes émois sentimentaux si complexes. Cette auteure a le don de
permettre au lecteur de se retrouver dans l’un des traits de personnalité de l’un
ou l’autre de ses personnages, de s’identifier à lui et de réfléchir sur les
conséquences prises par l’une des décisions de son double de papier.
Mais là, non.
Je ressens plutôt un profond malaise. Parce que le sujet qui y est soulevé est
certes mis en avant depuis le phénomène #Metoo, mais intrinsèquement
conditionné, lié au destin, à l’histoire intime de chaque femme.
Ce qui m’a le
plus frappée, c’est que la mère de Rose, la principale protagoniste de récit,
se prénomme comme moi, Valérie, prénom généreusement distribué vers le milieu
des années 70. Elle aime les mêmes films que moi : « Autant en
emporte le vent » et « Thelma et Louise » ; des portraits
de femmes fortes qui ont dû s’affranchir du pouvoir masculin. J’aurais pu m’identifier
à elle, mais non. Ce portrait de mère si détachée de sa progéniture ne me parle
pas !
Rose, la fille
de Valérie, est une étudiante en biologie qui a toujours été passionnée par les
insectes. Katherine Pancol a réalisé là un sacré travail documentaire tant les
explications données sont complètes. Rose a réussi à faire de sa passion une
vocation, un projet de vie : utiliser les connaissances entomologistes
pour trouver une molécule révolutionnaire qui permettrait de guérir le cancer
humain.
Pourtant son
enfance lui échappe. Elle sent depuis toujours un blocage et subit de bien
sombres cauchemars. Impossible pour elle de mener à bien une relation
amoureuse. Elle vit avec sa grand-mère et sa mère, lorsque celle-ci veut bien
les honorer de sa présence à Paris. Rose ne connaît pas son père. Elle n’en a
même aucun souvenir.
Ses
réminiscences enfantines se centrent sur une situation de petite fille utilisée
comme faire-valoir par Valérie parce qu’elle est jolie, qu’elle obéit et
travaille bien à l’école ; combien de fois l’a-t-elle supporté, regretté,
honnis ?
Rose trouvera enfin
les fils qui l’emmaillotent depuis si longtemps et l’empêchent d’avancer en
partant en mission aux Etats-Unis. Elle découvre, et comprend alors qu’en tant
que filles, en tant que femmes, nous avons subi un nombre incalculable
d’outrages pour lesquels on nous a reproché de « faire des caprices de
petites filles ». Ce n’étaient pas des caprices. Et il est temps qu’on
lève le voile sur ces pratiques machistes d’un autre âge, sur cette domination
masculine qui n’a pas lieu d’être. Et c’est très bien que des auteurs comme
Katherine Pancol s’emparent du sujet pour en révéler l’ignominie, trop
longtemps ancrée de génération en génération, à la manière d‘une malédiction
inéluctable…
Au final, je
fais le constat que les insectes femelles s’en sortent bien mieux que nous !
Un roman captivant et nécessaire.