Une bête au paradis, Cécile Coulon
★★★★★
J’ai refermé ce livre avec l’impression d’avoir reçu un
uppercut en plein estomac. Même si je connaissais la fin suite à la regrettable
maladresse d’un journaliste de l’émission « Le Masque et la plume »
sur France Inter, la lire et la digérer au vu de ce qui s’était passé avant
dans le roman m’a laissée pantoise. Ou devrais-je dire K-O.
D’abord, l’ambiance. On a tendance à parler de roman « rural »
dès que l’intrigue s’inscrit dans le monde paysan, et pourtant, est-ce vraiment
la ferme, ironiquement nommée « Le Paradis », qui doit tenir le haut
du pavé dans ce roman ? J’ai du mal à le concevoir…
Pour moi, « Une bête au paradis » est avant
tout un roman de femmes. Féministe, peut-être même. Blanche, comme Émilienne sont des modèles, des héroïnes qui fléchissent mais ne se rompent jamais. « Elle
traversait l’existence, dévolue au domaine et aux âmes qui l’abritaient. Tout
commençait par elle, tout finissait par elle », écrit Cécile Coulon au
sujet de l’aïeule, Émilienne. Qui a-t-il eu au « Paradis » avant elle ?
On ne le sait pas. Qui y aura-t-il après elle ? On ne l’apprend pas davantage.
Elle trace du bout des doigts un cercle, une spirale qui s’enroule autour de sa
petite-fille, Blanche.
Parlons de Blanche, maintenant. Force de la nature,
orpheline brave et magnifique, ayant surmonté la mort trop tôt survenue de ses
parents dans le virage en épingle qui mène à la ferme. Une bonne élève qui sait
pourtant que quelque soit ses résultats scolaires, son avenir sera de suivre
les pas de sa grand-mère.
Et puis Alexandre, le magnifique, son camarade de classe,
qui, après avoir quémandé son aide, sera celui qui troublera l’esprit de
Blanche, parce qu’il aura envie de réussir ailleurs, malgré leur grand amour, le
premier, l’absolu, et malgré le « Paradis » qui leur tend les bras et
ses draps.
Et puis encore Louis, le commis, arrivé là presque par
hasard, pour échapper à la violence d’un père et trouver une attention
maternelle, puis, comme une évidence, l’espoir d’un amour partagé avec la fille
de la ferme qui lui permettra de trouver un statut digne de son courage et de ses
quelques velléités.
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