samedi 28 novembre 2020

Tombes oubliées, Preston and Child (L'Archipel, 11/2020)

 



Tombes oubliées, Preston and Child (L'Archipel, 11/2020)

💜💜💜💜💜

Je n’avais encore jamais lu d’enquête policière rédigée par ce duo d’auteurs américains et je mesure combien j’ai eu tort : j’ai passé un excellent moment à lire cette aventure !

Nous sommes en présence d’un duo de jeunes femmes. La première, Corrie Swanson, est une toute jeune recrue du F.B.I. qui désespère de ne se voir confier que d’anciennes affaires sans saveur à classer. La seconde, Nora Kelly, est une archéologue qui se voue corps et âme à son métier depuis le décès de son mari. Celle -ci va être contactée par un historien, nommé Clive Benton, qui cherche à localiser le Campement perdu de l’expédition Donner, introuvable depuis 1847, afin d’y mener des recherches historiques sous prétexte que l’un de ses ancêtres participaient à cette ruée vers l’or.

« Le destin de l'expédition Donner est l'une des grandes tragédies de l'épopée de l'Ouest. Nous sommes en présence d'un groupe de pionniers désireux de coloniser une terre inconnue, la Californie, que les événements ont conduits à se comporter avec une barbarie inouïe. Tout l'inverse du rêve américain, en quelques sorte. »

A la base, rien ne devait mettre Corrie sur le chemin des fouilles menées par Nora, sauf que des meurtres, liés à des profanations de tombes vont faire s’entremêler crimes du présent et disparitions du passé…

J’ai adoré le duo de femmes passionnées par leur métier, au caractère impétueux et qui se laissent mener par leur instinct plutôt que par les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques. On avance dans l’enquête à l’allure d’un moteur diesel. Au début, ça chauffe le temps que les personnages et le contexte soient posés, puis le rythme s’accélère au moment des découvertes et des retournements de situation, et enfin, une accélération de folie entraîne le lecteur vers une fin explosive !

Bref, j’ai vraiment bien aimé ce roman et je relirai très certainement d’autres enquêtes signées Preston and Child !

mercredi 25 novembre 2020

Noyade, J.P. Smith (Gallimard - série noire, 05/2020)



 Noyade, J.P. Smith (Gallimard - série noire, 05/2020)

💙💙💙💙

J’ai frôlé le coup de cœur avec ce thriller. Il s’agit d’un premier roman pour J. P. Smith qui exerce le métier de scénariste. Un premier essai prometteur car l’écriture de l’auteur sait se montrer captivante, le scénario est élaboré finement et l’écriture est véritablement (et forcément ?) cinématographique.

Alex va avoir quarante ans. Il a réussi sa vie en tant que promoteur immobilier à New York. Il s’est entouré d’une équipe de prospecteurs efficaces et les hôtels qu’il transforme en établissements de haut standing lui ont valu une réputation telle qu’il fait régulièrement la une des plus célèbres tabloïds. Mais voilà qu’un jour, il se rend compte qu’un intrus s’est introduit dans la villa où il vit avec sa femme et leurs deux filles pour souiller l’eau de la piscine. Puis d’autres événements autant étranges que dérangeants vont s’ensuivre… Qui veut nuire à Alex ? Et pourquoi ?

 

« - Ne m’oublie pas », cela vous évoque- t- il quelqu’un ? Alex s’accorda un instant de réflexion. Personne ne lui vint à l’esprit.

-         - Non, pas vraiment.

-        - Faites un effort, monsieur. De qui devriez- vous vous souvenir ? »

Alex va devoir remonter le fil de ses souvenirs. Il lui revient alors l’histoire de ce petit garçon, Joey, huit ans, qui avait disparu après qu’il l’avait laissé sur un radeau au milieu d’un lac. Alex y était moniteur de natation et avait complètement oublié cet incident survenu vingt ans en arrière. Joey serait- il toujours vivant ? Serait- il venu se venger ?


Au final, une histoire palpitante, mais des personnages qui manquent un peu de psychologie, de profondeur. J’ai trouvé aussi que la fin était trop abrupte. Mais dans l’ensemble, c’est un très bon thriller que je ne peux que recommander si vous cherchez une lecture « immersive » !

lundi 23 novembre 2020

Le dernier inventeur, Héloïse Guay de Bellissen (Robert Laffont, 08/2020)


 

Le dernier inventeur, Héloïse Guay de Bellissen (Robert Laffont, 08/2020)

💛💛

Je ressors déçue de ce livre qui est qualifié de « roman » mais qui est plutôt un méli – mélo de genres différents : essai, témoignage, récit fictionnel mâtiné de réel. Je n’ai pas du tout aimé la manière dont l’auteure a agencé une histoire dont le résumé m’avait pourtant fortement alléchée : « C'est l'histoire d'un homme entré dans l'Histoire car il a découvert Lascaux à treize ans et des poussières et que la même Histoire a voulu anéantir. Réduire en poussière. »

En effet, Simon Coencas est l’un des découvreurs (ici appelés « inventeurs », on ne sait pas pourquoi…) de la grotte de Lascaux. Une bien belle histoire que celle de ces quatre gamins qui tombent sur la grotte recelant les œuvres d’art pariétal les plus connues au monde. Ce que la « légende » ne raconte pas, c’est que l’un d’eux, Simon, a été interné à Drancy, à deux doigts d’être envoyé à Auschwitz, comme l’ont été ses parents, du fait de la judéité de ses aïeuls : « Simon, c’est quelqu’un qui affronte tout aussi bien la chance qu’il a eue à Lascaux et l’injustice qu’ils ont subie sa famille et lui ».

Il y en avait, donc, de la matière, pour rédiger une histoire captivante, d’autant plus que l’auteure a eu le privilège de rencontrer Simon et de l’interroger sur ses souvenirs, chose qu’il avait toujours refusée auparavant. Mais là, ce ne sont que de courts chapitres ; parfois un compte – rendu de discussion, d’autres fois un récit narratif dans lequel le vrai et le faux sont mélangés, et le tout, précédés de courts textes flirtant avec la poésie et dont la narratrice n’est autre que la grotte…


Bref, c’est vraiment dommage de ne pas avoir exploité ces richesses de manière plus « conventionnelle ». Je ne doute pas que certains lecteurs seront charmés, mais moi, non, même si quelques paragraphes m’ont quelque peu émue, mes attentes de lectrice n’ont pas du tout été comblées.

samedi 21 novembre 2020

Cobayes : Anita, Marilou Addison (Editions de Mortagne, 10/2014)


 

Cobayes : Anita, Marilou Addison (Editions de Mortagne, 10/2014)

💓💓💓💓

« Cobayes » est un projet d’écriture collective proposé par les éditions canadiennes de Mortagne. Le même point de départ a été proposé à sept auteurs : un laboratoire pharmaceutique nommé AlphaLab veut tester une nouvelle molécule et cherche des cobayes, sachant qu’il y aura des effets secondaires plutôt étranges… Sept cas d’étude, sept personnages et donc sept romans différents.

Ici, notre personnage se nomme Anita. C’est une jeune femme qui souffre d’anorexie mentale : elle pèse 49kg pour 1m76 et se trouve obèse… « Je me déteste ! Je hais ce corps si laid et difforme ! Si je pouvais saisir in couteau et découper cette peau qui m'enveloppe, je le ferais ! Mais je suis beaucoup trop trouillarde pour ça. Je ne suis qu'une peureuse. Une peureuse obèse, par - dessus le marché ! »

Lorsqu’elle va voir la petite annonce du laboratoire, Anita va fixer son attention sur l’un des effets indésirables qui y sont mentionnés : « perte de poids ». Elle postule donc, dans l’espoir de maigrir tout en se faisant un peu d’argent. Sa candidature va être retenue mais très vite, de drôles d’effets secondaires, tenus sous silence ceux – là, vont se révéler dès la première injection du produit… Et voilà que notre anorexique se met à saliver devant un steak bien saignant !


Un roman qui se dévore (si, si !), grâce à un personnage bien ficelé (si, si !) et une plume acérée (slurp !). Des passages bien « gore » m’ont rappelé « Carne » de Julia Richard, lu récemment, mais avec une histoire bien différente, qui tient tout aussi bien la route. Un seul bémol : l’utilisation d’expressions québécoises parfois difficiles à « traduire ». Ceci dit, j’avoue que je lirais bien un autre tome de cette heptalogie ! 

jeudi 19 novembre 2020

Le Mystère Sammy Went, Christian White (Denoël, 08/2019)


 

Le Mystère Sammy Went, Christian White (Denoël, 08/2019)

💙💙💙💙

« Il est illusoire de croire qu'on est maître de son destin », se répète Kim, une Australienne de trente ans. Et ce qui va lui arriver atteste bien de la véracité de son mantra. En effet, alors qu’elle déjeune à la cafétéria de l’établissement scolaire dans lequel elle enseigne, un homme vient l’aborder. Il prétend qu’elle s’appelle en réalité Sammy Went, et qu’elle a été enlevée aux Etats – Unis vingt- huit ans auparavant. L’inconnu ne serait autre que Stuart, son frère, seul membre de la famille Went à ne jamais avoir abandonné les recherches.

Ce roman est donc construit sur la question suivante : « qu’est – ce qui se passerait si on découvrait qu’on a été enlevé dans son enfance, et que les gens que l’on a toujours considérés comme ses parents ne sont pas les personnes qu’ils prétendent être ? » (Dixit l’auteur dans « les remerciements »). Kim va donc évoluer au fur et à mesure de ses questionnements, de ses découvertes, remontant le fil de secrets de famille enfouis par des années de silence. Qui était réellement sa mère ? Comment est – elle arrivée à l’âge de deux ans en Australie ? La confrontation entre les deux familles va, de plus, complexifier la donne : « c'est pas parce que tu veux faire de ta mère une héroïne que tu dois faire de la nôtre un monstre. »

La temporalité du récit se joue sur deux niveaux ; « Autrefois » avec un point de vue externe et « Maintenant », raconté par Kim à la première personne du singulier. Cela permet au lecteur de se forger sa propre opinion sur l’histoire mais aussi les personnages annexes, ainsi que de remonter le fil du temps en simultané avec les découvertes de la jeune femme. Cette double avancée dans l’intrigue permet au récit de vêtir les habits noirs du suspens et de conserver le lecteur en état de tension.


Au final, un très bon moment de lecture, même si parfois, j’ai trouvé certains passages un peu longs ou répétitifs. Mais pour un premier roman, c’est vraiment une belle réussite !   

lundi 16 novembre 2020

Les oubliés de Dieu, Ludovic Lancien (Hugo Thriller Poche, 11/2020)


 

Les oubliés de Dieu, Ludovic Lancien (Hugo Thriller Poche, 11/2020)

💜💜💜💜💜

Connaissez – vous la tératologie ? Selon le dictionnaire de l’Académie française, il s’agit de la « partie des sciences naturelles qui traite des monstruosités organiques ». Un exemple ? Joseph Merrick, plus connu sous le surnom d’Elephant man. Un film, aussi, « Freaks » (1932), dans lequel sont mis en scène ceux que l’on traitait jadis comme des bêtes de foire du fait d’une informité ou d’une malformation de naissance. Aujourd’hui, il existe toujours des pathologies entraînant des difformités physiques, mais les personnes qui en souffrent sont la plupart du temps enfermées dans des instituts spécialisés, soustraits au regard du monde des gens « normaux ».

Ici le roman débute sur l’assassinat ignoble d’un médecin, Richard Mievel. Son corps est atrocement mutilé, comme s’il avait été partiellement dévoré… Chargé de l’enquête, le capitaine Gabriel Darui va découvrir que le docteur avait un étrange penchant pour l’étude des « monstres » humains : « Les bizarreries de ce monde, tout ce qui reste inexplicable, l'attiraient. Il se passionnait pour l'étude des cryptides, passait des heures à éplucher des articles sur le net pour comprendre l'origine de ces légendes. Selon lui, les mythologies ne sont pas des histoires farfelues, des contes tout juste bons à effrayer les enfants. Il explorait leur part d'authenticité. »

L’équipe qui va mener l’enquête aux côtés de Gabriel se compose de policiers aux personnalités bien trempées : le chef, surnommé « Le Bélier » veut tout gérer vite fait bien fait, Noémie, mène ses découvertes macabres de son côté, pour se prouver qu'elle a de la valeur et tenter d'oublier ses propres fêlures, et Jérémy a la tête pleine de ses préoccupations conjugales. Et pourtant, on avance, aux côtés de chacun d’eux. Et quand c’est Gabriel, lui et seulement lui, qui va devoir remonter dans son propre passé, peu glorieux, pour dénouer une ficelle qui permettra de comprendre l’écheveau de l’intrigue, c’est tout le groupe, mais aussi le lecteur, qui va ouvrir ses yeux bien ronds et s’étonner du résultat.


Personnellement, je pense que j’ai arrêté de respirer durant les deux cents pages centrales, tellement l’intrigue était dense et les rebondissements imprévisibles. Les images qui se présentaient à mon esprit étaient parfois proches de me donner la nausée. La plume est fluide, tenace, dense mais sans être étouffante, et on sent qu’il y a eu beaucoup de recherches en préparation de l’histoire car le tout tient vraiment bien la route. Maintenant, j’ai envie de savoir qui est ce Lucas qui apparaît à la fin et il semblerait justement que le personnage principal du premier roman de Ludovic Lancien porte ce prénom... 

Et de toutes façons, même si ce n’est pas le cas, c’est sûr, je vais lire sous peu « Le singe d’Harlow » !  

jeudi 12 novembre 2020

Le Murmure des fous, Stéphanie Blanchard (Elixyria, 10/2020)



Le Murmure des fous, Stéphanie Blanchard (Elixyria, 10/2020)

💙💙💙💙

« Qu'est - ce que la folie ? Une anomalie mal comprise ou une sagesse marginale ? ». Ce thriller pose cette question à diverses reprises ; sous couvert de personnages médecins psychiatres ayant expérimenté des méthodes de soin différentes basées autour de l’hypnose et de la médication chimique, l’auteure explore l’univers de la psychose post - traumatique.

 

« Eryn avait très tôt montré un caractère à part. Tantôt renfermée, tantôt à la recherche d'une affection démesurée, elle enchaînait les périodes d'instabilité qui inquiétèrent rapidement ses institutrices. Emmett, son père, ne s'était jamais préoccupé de ce trouble. Pour lui, sa fille était différente, mais pas malade. » Eryn est le personnage principal de ce thriller. Elle joue le rôle de l’araignée au milieu de la toile qu’est l’intrigue, entourée par ses amis et sa famille mais aussi la forêt de Willow Creek. Est – elle prédatrice ou proie ? L’évolution du récit permet au lecteur d’osciller entre ces deux positions… En effet, Eryn a été enlevée lorsqu’elle avait quinze ans et a réussi à échapper à son kidnappeur par miracle. Depuis, elle souffre de troubles psychologiques, d’amnésie et d’un trouble perturbant ; elle semble être capable d’entrer en communication télépathique avec d’autres victimes. Etrange…

 

Autour d’elle, des personnages extrêmement complexes ; la plupart travaillant d’ailleurs dans le service psychiatrique de l’hôpital dans lequel Eryn est régulièrement internée. C’est d’ailleurs parfois un peu confus et il vaut mieux prendre quelques notes pour bien comprendre les relations entre les uns et les autres. Lorsque la fille de son nouveau voisin est enlevée, Eryn sent que le pouvoir de stopper ces enlèvements est en sa possession ; à elle de mener l’enquête et d’oser pénétrer dans cette forêt qui la terrifie…

 

« Au fond, qu’espérait-elle de la vie ? Tout le monde la croyait juste bonne à être enfermée. Comment peut - on continuer quand on ne sait pas qui l'on est ni ce que l'on est capable de faire ? Se regarder dans le miroir pour voir une étrangère ? Une folle ? Une meurtrière ? » La force de ce roman réside réside dans le floutage des repères : on ne sait qui croire. On va de surprise en retournement de situation. La plume est fluide et sait manier le suspense. La solution est vraiment tout au bout des pages !

 

Au final, un bon thriller, intéressant et captivant, qui nécessitera toutefois la prise de notes pour éviter de se perdre dans les liens confus entre les personnages. 

mardi 10 novembre 2020

1,2,3, nous irons au bois, Philip Le Roy (Rageot, 06/2020)


 

1,2,3, nous irons au bois, Philip Le Roy (Rageot, 06/2020)

💚💚💚💚💚

Une jolie surprise avec ce thriller horrifique classifié « Young adult » puisqu’il m’a embarquée dans une lecture quasi non – stop !

« Fin de la vidéo.

Un lien invitait à cliquer pour en savoir plus.

Fanny cliqua.

Elle tomba sur une annonce pour participer à une sorte d'escape game qui allait se dérouler dans le sud de la France. La règle était simple. Dix jeunes de dix - huit ans sélectionnés par la production devraient concourir dans un jeu grandeur nature. L'objectif serait de rester le plus longtemps possible dans une forêt réputée hantée jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un seul participant. » Fanny est une frondeuse. Elle a toujours un mot pour rire et rêve d’une petite notoriété sur les réseaux sociaux, comme beaucoup de ses amies lycéennes. Quand elle apprend sa sélection pour le jeu « Ne reviens pas ! », Fanny est fière d’elle : ses copines n’ont pas été retenues, et au- delà des dix mille euros en jeu, une chose compte : elle va devenir célèbre !

 

Mais une fois larguée en pleine forêt, notre Fanny va vite déchanter : agressée par un concurrent, la voilà effrayée par des bruits, des silhouettes qui se faufilent autour d’elle et ses difficultés à appréhender un terrain naturel. Peu à peu, ce qui était annoncé comme un jeu va prendre une tournure étrange, et inattendue. Moi- même, en tant que lectrice, je n’avais pas vu le second degré de cette histoire captivante arriver…

« - Quelle culture ! Tu sais que t’es déroutant comme mec ?

- Déroutant ou cultivé ?

- A notre âge, être cultivé est déroutant. »

L’auteur porte un regard criant de vérité sur nos grands adolescents qui sont nés avec un portable dans la main et qui mesurent leur popularité au lycée en fonction du nombre de « likes » de leurs publications sur les réseaux sociaux. Ils valent tellement mieux que ça…

 

Au final, un thriller très bien écrit, qui sait vous embarquer vers une aventure à la sauce Koh – Lanta pour prendre ensuite des directions inattendues. J’ai complètement adhéré aux profils des personnages, partageant avec eux des sentiments d’effroi, de découragement, mais aussi de soulagement. Une belle lecture qui va me pousser à lire les autres romans de l’auteur.

lundi 9 novembre 2020

La Malédiction des Atuas, Laure Allard - D'Adesky et Morgane Scheinmeer (Plumes du web, 09/2020)



La Malédiction des Atuas, Laure Allard - D'Adesky et Morgane Scheinmeer (Plumes du web, 09/2020)

Je referme ce livre avec un sourire aux lèvres. C’est une bien jolie histoire qu’ont écrite ensemble Laure Allard – d’Adesky et Morgane Scheinmeer. Leur imagination s’est plongée dans les contes légendaires de la culture maorie, pour nous livrer un récit oscillant entre le réel et le surnaturel.

 

« Je cherche une explication rationnelle : peut- être s'est-il brûlé par mégarde avec la bougie allumée entre nous sur le comptoir, peut-être n'ai-je ressenti qu'une projection psychologique de sa souffrance à lui… Est- ce aussi simple que cela ? » Quand Clarisse, jeune Française en vacances à Sydney, croise le bras de Maxime, expatrié en Australie depuis quelques années déjà, ils ressentent en même temps une brûlure intense au niveau du bras. Etrangement, ils portent sur le bras en question un tatouage maori, réalisé vraisemblablement le même jour.

Cette rencontre va les mener à enquêter jusqu’en Nouvelle – Zélande sur les traces des dieux maoris pour contrer ce qui n’est autre qu’une malédiction. Car, bien évidemment, de fil en aiguille, le beau gosse et la jolie frenchie vont tomber amoureux l’un de l’autre ; mais comment vivre cet amour quand on ne peut pas se toucher ?

 

J’ai aimé suivre Maxime et Clarisse, deux héros attachants, dans leur enquête, osciller avec eux dans le surnaturel, même si le surfeur a eu un petit côté MacGyver qui m’a un peu agacée par moments. J’ai aussi beaucoup aimé l’humour distillée par les deux plumes dans les dialogues entre nos deux amoureux, prêts à tout pour charmer l’autre « de loin » :

« - Il paraît que l'amour sans patience est un amour qui ne peut être éternel.
- Tu parles comme un livre, répond Clarisse en me tirant la langue.
- Si tu savais tout ce que je fais de mieux qu'un livre. »

 

Au final, un roman très agréable, bien écrit, qui vous emportera dans un moment d’évasion plein de bons sentiments et de magie. Au fond, n’est- ce pas ce dont nous avons besoin en ce moment ?

dimanche 8 novembre 2020

Le village perdu, Camilla Sten (Seuil, 10/2020)


 

Le village perdu, Camilla Sten (Seuil, 10/2020)

💜💜💜💜💜

Vous avez aimé « Le projet Blair Witch » ? Foncez lire ce thriller dans lequel les ricanements, les rires et les cris sortant de nulle part vont vous faire frissonner !

 

Alice Lindstedt est une jeune réalisatrice suédoise qui a décidé de tourner un documentaire sur une histoire liée à sa propre famille. Sa grand- mère, Margaretha, vient en effet d’un village nommé Silvertjärn, dont toute la population a mystérieusement disparu un jour de 1959.

« Près de neuf cents personnes, disparues sans laisser de trace... personne ne sait s'ils sont vivants ou morts. Personne ne sait s'ils se sont suicidés, s'ils sont tombés malades ou s'ils sont partis volontairement. Personne ne sait pourquoi cette pauvre Birgitta Lidman a été lapidée. Et personne ne sait à qui était le nourrisson dans l'école, ni pourquoi il a été abandonné. »

 

Elle emmène avec elle son amie Tone, Max, qui produit le film, et le couple composé de Robert et Emmy, spécialistes de la réalisation de films documentaires. Le village de Silvertjärn est éloigné de tout, et l’ancienne mine de minerai qui s’y trouve toujours de manière désaffectée, empêche toute communication via les téléphones portables. Nos cinq personnages se retrouvent donc isolés du monde dans un village en ruine et sans âme qui vive.

 

Mais voilà qu’au fur et à mesure des heures qui passent, de troublants événements interviennent, des bruits incongrus se font entendre et un déchainement d’actes violents vont mettre nos personnages sur les nerfs, d’autant plus que certains règlements de compte liés à des histoires du passé vont eux aussi pointer leur nez…

 

L’ambiance est glauque, pesante, de plus en plus étouffante au fur et à mesure que les pages se tournent et que les événements du passé tendent au lecteur des perches pour comprendre ceux qui se déroulent au présent. La narration temporelle alternée entre récit de 1959 et récit du présent permet de créer une tension grandissante. Personnellement, j’ai imaginé plusieurs scenarii, mais jamais je n’ai deviné la fin proposée par Camilla Sten (d’autant plus qu’elle ouvre vers d’autres interrogations, je trouve).

 

Bref, un excellent thriller, qui frôle avec le surnaturel, à l’écriture très cinématographique, qui vous plongera dans une histoire bien originale !

jeudi 5 novembre 2020

Némésis, Xavier MASSE (Taurnada, 11/2020)

 


Némésis, Xavier MASSE (Taurnada, 11/2020)

💓💓💓💓💓 COUP DE CŒUR !

Je referme ce roman, et pfiouh ! quelle tension !!! Voilà un thriller mené tambour battant, dans lequel – et j’adore ça – on flirte allègrement avec le surnaturel entre deux découvertes macabres et autant de révélations fracassantes !

« Jamais je n'aurais imaginé que la cruauté de l'homme puisse atteindre ce niveau- là. Même dans le monde animal, ils ne s'infligent pas ça. C'est luciférien ! » Quand David est appelé par son ami de toujours, Vince, sur les lieux de leur enfance, Assieu, il ne s’attend pas à être confronté à autant d’horreurs…. Les deux garçons, devenus policiers mais dans des services différents, espèrent que leurs compétences respectives, en s’associant vont permettre la résolution d’une enquête horrible : le cadavre d’un bébé atrocement mutilé vient d’être découvert dans l’église du village. C’est d’abord la panique, puis l’effroi : qui a pu s’en prendre à cette innocente fille de quatre mois ? Pourquoi tant de cruauté ?  

Le scénario est extrêmement complexe et intelligent. Xavier Massé, que je n’avais jamais lu jusque-là, m’a menée par le bout du nez. Dès les premières pages, j’ai été captée par son histoire. Le récit des sévices perpétrés sur des nourrissons, le point de départ de l’enquête, m’a profondément émue. Et puis les personnages principaux, Vince, et surtout David, m’ont énormément plu. J’ai aimé leur profil, leur sensibilité et suivre leur évolution au milieu de ces paysans, sorte de mafia locale, pour enfin, découvrir leurs secrets cachés. Je suis tombée de haut à plusieurs reprises. Et je ne vais pas oublier cette histoire de sitôt !


Bref, vous l’aurez compris, un thriller captivant, intelligent, inattendu, efficace,… et à lire sans faute !

mardi 3 novembre 2020

Là où les esprits ne dorment jamais, Jonathan Werber (Plon, 09/2020)



 Là où les esprits ne dorment jamais, Jonathan Werber (Plon, 09/2020)

💙💙💙

Croyez- vous au spiritisme ? Etes- vous de ceux qui demeurent persuadés que l’on peut communiquer avec l’Au- delà ? Si c’est le cas, ce roman est susceptible de vous intéresser, même si, bien évidemment nous sommes dans la fiction et que vous n’aurez aucune réponse à vos questions.

« Telle une bouteille à la mer, il était bousculé par le flot incessant des spectateurs quittant la salle et fuyant aussitôt l'averse, le crépuscule et l'Au- delà. » Jenny Marton, elle, est plutôt à contre- courant de ce que l’on attend des femmes en 1888. Vivant à New- York, cette prestidigitatrice de rue, âgée de 26 ans, est toujours célibataire et refuse de se marier, rêvant d’être une femme indépendante. Elle habite donc toujours chez sa mère et gagne quelques pièces en réalisant des tours de passe- passe le mercredi matin à l’occasion du marché. Quand la célèbre agence de détectives Pinkerton vient lui proposer de l’engager pour qu’elle s’infiltre dans l’univers des sœurs Fox, elle pense son avenir de femme libre assuré. Les trois médiums sont en effet à l’origine d’un mouvement spirite devenu très populaire en mettant en scène des spectacles dans lesquelles elles entrent en communication avec des personnes décédées.

« - Laissez- moi vous apprendre quelque chose que j'aurais aimé connaître avant de m'engager dans cette agence. Une leçon que j'aurais aimé lire dans le "Guide Pinkerton" mais que j'ai malheureusement dû apprendre à mes dépens : toute parole n'engage que la personne qui la croit. » Jenny va en effet aller de découvertes en déconvenues. Et elle constatera que ni le « Guide Pinkerton », ni le manuel qui ne quitte jamais son sac, « Les Chemins de l’Illusion », rédigé par son propre père, Gustave Marton, ne lui apporteront la clé lui permettant de découvrir la vérité.


Au final, un roman original, même si basé sur une histoire vraie, mais qui a vite trainé en longueur, notamment à cause des extraits des deux livres mentionnés plus haut. Ces passages, certes, apportent des informations intéressantes au début du récit, mais malheureusement, au fil des pages, ils ont tendance à alourdir l’histoire de manière inutile. C’est dommage.