samedi 26 septembre 2020

Orgueil et préjugés, Jane Austen (1813)

 


Orgueil et préjugés, Jane Austen (1813)

💛

Voilà des années que l’on me répète qu’il faut que je lise ce classique de la littérature sentimentale anglaise. Je m’y suis donc plongée à l’occasion d’un challenge de lecture étant donné qu’il correspondait parfaitement avec l’un des éléments proposés.

Malheureusement, on ne peut pas dire que le charme ait opéré sur moi…

 

« Le bonheur, dans le mariage, n'est que l'effet du hasard : les personnes ont beau sympathiser avant de se marier, elles changent toujours trop tôt, et selon moi, il est bon de connaître aussi peu que possible les défauts de celui avec lequel vous devez passer votre vie. » Je reconnais bien volontiers que ce genre de réflexions qui ponctuent le récit m’ont fait sourire. J’adore la dérision. Mais dans le cas présent, c’est bien la seule chose qui m’a permis de lire (mais de manière poussive) les 105 premières pages du roman. Au- delà, c’en était de trop.

J’ai trouvé le style ampoulé, vieillot, avec des phrases qu’il faut lire trois fois pour se rendre compte qu’elles expriment le contraire de ce que l’on avait compris à la première lecture.

 

Peut- être n’était- ce pas le bon moment ? En tout cas, le rendez- vous a été manqué. Je ne saurai jamais si Elizabeth a choisi Darcy ou Wickham, mais franchement, il y a plus important dans la vie ; non ?

jeudi 24 septembre 2020

Romantic call, Natacha Pilorge (Elixyria, 05/2019)



Romantic call, Natacha Pilorge (Elixyria, 05/2019)

💗💗💗💗

« Si on m'avait dit qu'une simple erreur de numéro de téléphone allait me mener ici, je ne l'aurais pas cru. » Et si je vous dis qu’à l’autre bout du fil, il s’agit de la voix suave d’un chanteur qui reprend les titres d’Ed Sheeran, de U2, ou d’Adèle, en s’accompagnant de sa guitare, chaque vendredi soir dans un café. Jaylan, chef d’entreprise et papa célibataire d’une petite fille de quatre ans, décompresse chaque fin de semaine en chantant en public.

 

« Je suis tombée enceinte de mon premier tout… Premier petit copain, premier amoureux, premier amant, premier lâche. » Joséphine – Jo pour les intimes – est celle qui a décroché le téléphone. Elle aussi élève seule son enfant, un garçon de onze ans, qui a une particularité ; il est atteint d’un trouble autistique. Chaque jour elle relève ses manches pour assurer autant au boulot qu’à la maison et ce n’est pas une mince affaire… Un homme ? Non, elle a trop donné…

 

« Parfois, la vie met sur ta route des personnes qui te font changer de point de vue. Tu crois que rien ne te fera dévier de trajectoire, et pourtant, c'est comme une attraction, une connexion. Tu n'y peux rien, impossible de lutter. Ton cœur bat plus vite, plus fort. Tu te sens plus important, écouté et soutenu. »

Ce coup de fil va mettre en correspondance nos deux âmes esseulées ; sauront- elles s’accorder, faire fi des défis quotidiens à relever quand on a un enfant « différent » ou un ex qui revient à la charge ; bref, sauront- elles s’aimer ?

 

Natacha Pilorge signe là, de sa plume fluide, une romance qui prend en compte les caractéristiques contemporaines du couple en mettant en scène des parents seuls qui ont trop cumulé les déceptions sentimentales. Mais le point fort de ce roman réside dans la place que prennent les enfants de ce couple, avec une mention spéciale à l’autisme, traité ici avec une justesse rare…  

mardi 22 septembre 2020

Dernière ambition, Mélinda Schilge (Auto- édition, 01/2020)


Dernière ambition,
Mélinda Schilge (Auto- édition, 01/2020)

💚💚💚

Mélinda Schilge m’a récemment contactée pour avoir mon avis sur l’un de ses trois romans. Très honorée, j’ai accepté de lire « Dernière ambition » et de le chroniquer. Le pari était risqué car l’histoire se déroule dans le milieu politique ; univers que je ne connais pas, du moins en ce qui concerne son éventuelle dimension littéraire.

 Nous suivons ici l’objectif ambitieux d’un chef d’entreprise, André Rivière, qui souhaite à tout prix accéder au poste de maire du quartier de la Croix Rousse à Lyon : « Peu de temps après, il était devenu directeur général de la filiale française. Il avait cédé à quelques autres compromissions, et sacrifié son mariage. Il avait ainsi conservé son poste. Il était devenu inaccessible, tellement au- dessus des autres qu'il semblait avoir perdu son humanité, dissoute quelque part dans les strates du pouvoir. » Son ambition est sans limite : magouilles et compromissions n’ont plus aucun secret pour lui. Il est prêt à tout pour accéder à la tête de la mairie de l’arrondissement de la Croix rousse, cher aux canuts, qui avait naguère échappé à son propre père.

 Il recrute donc à tout va, autant auprès des anciens que des jeunes pour donner une dimension multigénérationnelle à sa liste. Il compte notamment sur son jeune stagiaire dont les dents rayent profondément le plancher : « Nathanaël n'aimait pas l'Histoire, il aimait l'avenir, et avait décidé de procéder à sa façon. »

 Mais voilà que parmi ses recrues se retrouvent d’anciens camarades de la Résistance. Et l’Histoire va venir réclamer ses droits, ses explications…. Aux dépens d’André ?


Au final, l’auteure a réussi à m’embarquer dans son univers d’ambition, de magouilles, mais aussi de secrets bien enfouis dans une histoire locale ! J’ai regretté de ne pas pouvoir m’attacher aux personnages car il me manquait des éléments pour leur donner une profondeur, une consistance. La plume est plutôt habile, même s’il demeure quelques maladresses syntaxiques, et je me suis vraiment prise au jeu des retournements de situation. Les idées de l’intrigue sont très bonnes et inscrivent ce roman dans une réalité incontestable : en politique, chaque coup compte ! Une plume à découvrir et à suivre !

dimanche 20 septembre 2020

La commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz (J. - C. Lattès, 05/2020)

 


La commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz (J. - C. Lattès, 05/2020)

💙💙💙💙

J’ai longtemps hésité devant ce roman ; Olivia Ruiz est- elle « encore une star du showbiz » qui cherche à se recycler ? Et puis… et puis…

Olivia Ruiz nous livre sous le genre du roman un récit que l’on devine fortement autobiographique pour qui a lu les interviews ponctuant sa carrière de chanteuse. Elle choisit de remonter le temps suite au décès de sa grand- mère, son « abuela », qui lui a laissé en héritage une commode qui comporte dix tiroirs, dix boîtes aux trésors longtemps interdits aux enfants de la famille. La narratrice va donc les ouvrir un à un le temps de remonter le fil de son passé, et en parallèle remonter le cours de l’Histoire des exilés espagnols.

Les tiroirs vont se révéler pleins de surprises pour la narratrice.

« En vieillissant, tu apprends que les secrets de famille peuvent devenir des gangrènes, vicieuses et parfois indécelables. »

Ses ancêtres font partie de la résistance espagnole qui s’insurge contre le règne tyrannique de Franco. Leur exil, quand ils ont senti que leur vie était en danger, s’est transformé en étapes de souffrance et de drames qu’il va falloir étouffer pour envisager un nouvel avenir et se faire accepter des Français. Mais la rancœur, la nécessité de venger l’âme de ceux qui ont été torturés va perdurer : « Les miens peuvent sacrifier des innocents sur l'autel de la vengeance. »

La narratrice avance donc dans la chronologie familiale débutée avec la tragédie vécue par ses arrières- grands- parents, laquelle permettra néanmoins à leur descendance de survivre et de trouver une paix relative au fur et à mesure des générations qui suivront.« Non abuela, nous ne sommes pas du même bois. Tu as dû lutter et moi je n'ai eu qu'à recevoir. »


Au final, un roman un peu confus au début, dans lequel j’ai eu du mal à prendre mes marques (qui raconte ? Qui est « je » / « tu » ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?). Il aura fallu que j’atteigne la soixantaine de pages pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire familiale et comprendre aussi où voulait me conduire l’auteure. Les actions sont devenues alors plus claires et j’ai enfin pu compatir aux drames vécus par cette famille profondément marquée par l’exil et qui, plutôt que d’en faire une malédiction, en a fait fructifier les forces et les richesses. 

vendredi 18 septembre 2020

Alabama 1963, Ludovic Manchette et Christian Niemiec


 Alabama 1963, Ludovic Manchette et Christian Niemiec (Cherche Midi, 08/2020)

COUP DE 💓

Quelle jolie histoire !!!! Cela me fait drôle de le dire car l’intrigue est basée sur une série de meurtres de fillettes, mais l’humanité des deux principaux protagonistes fait vraiment du bien à l’âme ! Je trouve que les deux auteurs, traducteurs de films américains de profession, ont trouvé le bon équilibre entre noirceur et dérision pour entraîner le lecteur dans un récit original dans le fond et la forme.

 

« Rien ne troublait le repos de la belle endormie : ni le soleil cuisant, ni la mouche qui ne cessait d'effleurer sa joue, ni le brin d'herbe qui lui chatouillait l'oreille. Elle ne cilla même pas lorsqu'un scarabée sortit de sa bouche. » Non, elle ne dormait pas. Ses parents étaient en train de la chercher désespérément car en 1963, la Police de Birmingham, Alabama, refuse de s’occuper des enquêtes qui concernent les personnes noires. Les bus sont encore compartimentés, les écoles réservées aux Blancs, et le Klu Klux Klan fait sa propre loi.

 

Adela Cobb est une femme de ménage noire qui a pris l’habitude de se taire devant les lubies de ses différentes patronnes blanches. Elle décompresse à la laverie avec ses amies, toutes dans la même situation qu’elle ; ce qui donne l’occasion d’anecdotes cocasses qui m’ont bien fait rire (mention spéciale à la cliente rousse !) !!!

Le hasard, ou plutôt une blague, va amener Adela à pousser la porte de Bud Larkin, détective privé revêche, sale et ivre du matin au soir. Au même moment, les parents d’une petite fille noire disparue vont venir demander de l’aide à cet ancien policier, viré quelques années plus tôt, car les forces de l’ordre officielles refusent toujours de mener l’enquête.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Bud va demander de l’aide à Adela…

 

Laissez- vous embarquer dans ce roman aux faux airs de polar. Si vous avez aimé La couleur des sentiments, de Kathryn Stockett, vous retrouverez avec grand plaisir l’ambiance qui a fait le succès de ce roman lui aussi basé sur la ségrégation raciale aux USA ; foncez !  

mardi 15 septembre 2020

L’Ange noir, Lucie Barnasson (Elixyria, 07/2020)

 


L’Ange noir, Lucie Barnasson (Elixyria, 07/2020)

COUP DE  💓

Waouh ! Quelle claque ! Lucie Barnasson a réussi à me tenir en haleine de la première à la toute dernière phrase de son récit ! Les chapitres s’enchainent à une vitesse folle, et comme dans un thriller, avec des chutes qui entraînent des retournements de situation inattendus. Et une de ces fins !!!!! On en lit peu de semblable dans la dark romance !

« Je crois en la destinée et au fait que, quoi qu'il ait pu nous arriver par le passé, ces épreuves sont nécessaires à une chose bien précise qui nous arrivera un jour ou l'autre. Mes épreuves à moi, comme les tiennes, devaient conduire à notre rencontre, j'en suis persuadé. »  

Lily, orpheline, vit auprès d’Irma qui fait office de famille d’accueil. En réalité, cette femme est une véritable junkie mais les services sociaux n’en ont cure ; est- ce parce que nous sommes aux Etats- Unis ? Les faits divers nous montrent régulièrement qu’en France, nous ne sommes pas mieux lotis question protection de l’enfance…

Bref… Lily, dans son malheur, a la chance d’avoir une tête bien faite et alors que le récit commence, il ne lui reste que quelques mois pour avoir son diplôme de fin d’étude et devenir majeure.

Un matin, un nouvel élève arrive au lycée. Tatoué et habillé de cuir, il est plutôt mal reçu par les élèves « en vue ». Mais au premier regard, Lily fond pour ce jeune homme mystérieux…

« - Je ne suis pas un mec bien, Lily.
- Alors, pourquoi tu es encore là ? Pourquoi tu me protèges ? Pourquoi tu n'es pas encore parti ?
- Parce que j'y arrive pas... »

L’attirance est réciproque. Mais Logan, sans vraiment le vouloir, entraîne Lily dans son univers violent.

Le monde de Lily va changer de manière radicale, entraînée par cet amour dangereux mais passionnel. Mais quelles limites seront- ils prêts à franchir pour rester unis ?


Vous aimeriez le savoir, n'est- ce pas? Alors : lisez ce roman !!!

samedi 12 septembre 2020

Paris, 1899, Séverine Mikan

 


Paris, 1899, Séverine Mikan (MxM Bookmarck, 03/2019)

💙💙💙

Ce premier roman écrit par Séverine Mikan raconte une histoire d’amour entre hommes. Personnellement, c’est la première fois que je lis ce genre de romance et je me demandais vraiment si j’allais apprécier, détester, être choquée, ou autre…

« Cette rencontre lui semblait un miracle mais elle était plus probablement une malédiction. Vers quels tourments le mèneraient ces yeux- là ? Vers quels plaisirs ? »

Finalement, j’ai été plutôt charmée par cette romance, qui n’est autre qu’une histoire d’amour passionnée ! Certes, elle n’est pas formée sur le schéma classique et séculaire de la romance habituelle qui met en scène un homme et une femme. Mais ce genre de récit permet de prendre du recul, de répondre à certaines questions, et l’auteure a su là faire éclore les sentiments des personnages de manière à ce que l’on se dise que quel que soit le sexe des protagonistes qui se rencontrent, c’est la force des sentiments qu’ils partagent qui forme l’Amour avec un grand A !

Ici, en outre, nous sommes à la période de la Belle époque, où les tabous sont encore nombreux ; d’ailleurs, on emprisonne les « invertis ». Et pour complexifier encore l’intrigue, Séverine Mikan a placé ses deux personnages dans des catégories sociales opposées : James appartient à la noblesse anglaise récemment établie à Passy, tandis qu’Henrick est un artiste bohème vivant à Montmartre. Le premier ressent véritablement un coup de foudre pour le deuxième, lors d’une vente aux enchères. Il va remettre tout ce qui fait son quotidien de nanti en question.

« Vous savez, je vis dans un monde où on s'écoute beaucoup parler mais où les gens n'ont pas grand chose à dire. »

James va oser se lancer dans cette passion qui ne cadre pas avec les mœurs de l’époque ni de son rang mais qui le fait vibrer intensément.

« Dans les deux miroirs de ses iris azur, Henryck lisait des pages et des pages d'émotions toutes plus bouleversantes les unes que les autres. »

Mais le couple osera- t- il s’afficher au grand jour ? Pourront- ils vivre pleinement leur passion ?

Un roman qui se lit aisément. Les dialogues sont dynamiques et contrecarrent la longueur de certains passages descriptifs ou introspectifs. Les deux personnages sont très bien construits et deviennent rapidement attachants.

N’hésitez pas à aller, vous aussi, à leur rencontre !

mardi 8 septembre 2020

Warning Dead, Greg Hocfell

 


Warning Dead, Greg Hocfell (Elixyria, 05/2020)

💙💙

Vous aimez les histoires de zombies ? « Warning Dead » sera peut-être un roman pour vous. Je dis « peut- être » car personnellement, j’ai eu du mal à venir à bout de ce récit…

Pourtant, je suis une adepte de la série américaine « The walkind dead », mais là, je ne sais pas, il m’a manqué quelques retournements de situations et parfois aussi de clarté, notamment dans les déplacements des personnages, pour que j’adhère pleinement à ce pavé de près de 700 pages…

 

Nous sommes en France, de nos jours. Alain voit son voisin se déplacer en barque dans le lac qu’ils ont la chance d’avoir au bout de leur jardin. Il va se rendre compte que ce vieux fou de Gustave a en fait l’intention d’aller y noyer son propre chien. Mais les choses ne tournent pas comme prévues. Le vieux tombe à l’eau suite à un malaise, et la pauvre bête, à moitié morte, va ramener son maître indigne sur la berge, aux pieds d’Alain. Celui- ci appelle les secours qui vont emmener les deux hommes à l’hôpital de Saint- Laros. C’est dans ce lieu, que quelques heures plus tard, vont se réveiller la majorité des personnes présentes, transformées en zombies…

 

Les survivants n’auront plus qu’une seule option : fuir. Mais où ?

"Les femmes et les enfants d'abord"?
Des conneries de film de romance de con tout ça, le "chacun pour soi" et le "désolé pour toi" reprenaient vite le dessus dans le genre humain.
 »

 

La plume de Greg Hocfell est nerveuse, populaire, et manie la dérision avec talent.

« Les oreillettes vissées dans ses oreilles trahissaient une entorse au règlement : pas de lecteur MP3 au sein des services de l'Hôpital Central !
"Ils vont me faire quoi ? Me boucler dans les frigos du sous- sol, avec les danseurs de Michael Jackson, jamais réutilisés depuis ce clip historique ? "

 

Je pense que je relirai cet auteur, mais sur une autre thématique !

vendredi 4 septembre 2020

Goliat, Mehdy Brunet (Taurnada, 09/2020)


Goliat, Mehdy Brunet (Taurnada, 09/2020)

💙💙💙💙

« En remontant plus loin encore, je me rappelle m'être accolé au zinc d'un bar de San Francisco et, en même temps que les verres se succédaient, une colère grondait. Froide, sourde. Elle s'est répandue en moi comme un cancer jusqu'à ce qu'on ne fasse plus qu'une seule et même entité. »

2019. San Francisco. David Corvin, ex du FBI, a la gueule de bois. Il a bu plus que de raison pour oublier… Oublier quoi ? Une terrible histoire que Mehdy Brunet va vous conter de sa plume addictive.

Le début du roman s’avère un peu complexe car les chapitres courts alternent plusieurs périodes : 2013, 2015, 2016 et 2019. Mais très vite, les liens entre ces années et les personnages qui y évoluent s’imbriquent et les tenants de l’enquête deviennent perceptibles. Et dès que la liaison se forme entre tous ces éléments, l’intrigue devient captivante !

 « Comme une feuille de papier buvard en contact direct avec un stylo- plume, les blouses blanches s'imbibaient d'un liquide poisseux qui s'étalait pour former de grandes rosaces pourpres... »

L’hémoglobine est présente dans ces pages. Estomac sensible s’abstenir… ou pas. L’auteur a la délicatesse de nous raconter juste ce qu’il faut des mutilations subies sur les cadavres.

Les traumatismes du passé des divers personnages vont remonter à la surface et emmêler les pinceaux des divers enquêteurs : ancien du F.B.I., ancien des Forces spéciales, ancien des tribus indiennes ou des quartiers portoricains ; chacun se met en action avec ses forces, ses faiblesses et sa culture. Tous se rejoignent sur un lieu des plus austère : une plateforme pétrolière dans les mers australes. Sur Goliat se déroule en effet, au milieu des éléments naturels déchainés, une série de crimes abominables. Lequel de ces personnages fracassés a perdu la tête ?

 

Ce roman se dévore, même si quelques scènes de description du site pétrolier et de son fonctionnement se révèlent un peu complexes. J’ai vraiment aimé la construction de l’intrigue, la construction psychologique des personnages et la plume de l’auteur qui nous pousse à élaborer divers plans de résolution de l’enquête. On croit en tenir le fil, et puis viennent les derniers chapitres : eux seuls vont livreront le fin mot de l’histoire ! 

mardi 1 septembre 2020

La Lune et l’Ebène, Quentin R. Guillen

 



La Lune et l’Ebène, Quentin R. Guillen (Livresque éditions, 01/2020)

💙💙💙

J'ai aimé me balader avec Dionys, Guibert et Mi, dans un univers fantasmagorique peuplé d'étranges créatures aux noms étonnants : le graoully, le bahamut, la manticore et d’autres encore. Ne cherchez pas un référent terrien, c’est inutile ! Tout ce petit monde évolue dans un univers imaginaire où les peuples ont des mœurs très variables mais des représentants souvent ridicules et des problèmes sociétaux souvent identiques aux nôtres.

 

L’histoire de nos aventuriers est ici racontée par l’une d’entre eux, Mi, l’esprit de la Lune, et cela à la première personne du singulier. Cette omniscience du narrateur, mêlant point de vue externe et interne, est originale car elle donne l’impression au lecteur de jouer avec le récit : Mi le raconte, et choisit d’y jouer un rôle actif (ou non) : tout peut arriver !

Entre Dionys, barbare qui frappe avant de réfléchir, et Guibert, grand dadais niais pour qui elle a un petit faible, Mi a bien des soucis à se faire à leurs côtés…

 

Ce premier roman d’un jeune auteur tarnais est vraiment surprenant. Sa plume est élégante tout en étant loufoque ! Quelques éléments seraient perfectibles, comme la consistance des personnages, un peu trop éthérée à mon goût ; ainsi que dans l’équilibre entre scènes d’actions et moments calmes où l’introspection respective des personnages est un peu trop souvent passée sous silence. Mais l’auteur a le mérite de proposer un univers inédit et très bien écrit !

 

Au final, une lecture originale, innovante et j’ai très envie de lire le tome 2, persuadée que l’écriture de ce jeune talent est encore pleine de promesses et de sourires !