Paris, 1899, Séverine Mikan (MxM Bookmarck, 03/2019)
💙💙💙
Ce premier roman écrit par Séverine Mikan
raconte une histoire d’amour entre hommes. Personnellement, c’est la première
fois que je lis ce genre de romance et je me demandais vraiment si j’allais
apprécier, détester, être choquée, ou autre…
« Cette rencontre lui semblait un miracle mais elle était plus
probablement une malédiction. Vers quels tourments le mèneraient ces yeux- là ?
Vers quels plaisirs ? »
Finalement, j’ai été plutôt charmée par cette romance, qui n’est autre
qu’une histoire d’amour passionnée ! Certes, elle n’est pas formée sur le
schéma classique et séculaire de la romance habituelle qui met en scène un
homme et une femme. Mais ce genre de récit permet de prendre du recul, de
répondre à certaines questions, et l’auteure a su là faire éclore les
sentiments des personnages de manière à ce que l’on se dise que quel que soit
le sexe des protagonistes qui se rencontrent, c’est la force des sentiments
qu’ils partagent qui forme l’Amour avec un grand A !
Ici, en outre, nous sommes à la période de la Belle époque, où les
tabous sont encore nombreux ; d’ailleurs, on emprisonne les
« invertis ». Et pour complexifier encore l’intrigue, Séverine Mikan
a placé ses deux personnages dans des catégories sociales opposées : James
appartient à la noblesse anglaise récemment établie à Passy, tandis qu’Henrick
est un artiste bohème vivant à Montmartre. Le premier ressent véritablement un
coup de foudre pour le deuxième, lors d’une vente aux enchères. Il va remettre
tout ce qui fait son quotidien de nanti en question.
« Vous savez, je vis dans un monde où on s'écoute beaucoup parler
mais où les gens n'ont pas grand chose à dire. »
James va oser se lancer dans cette passion qui ne cadre pas avec les
mœurs de l’époque ni de son rang mais qui le fait vibrer intensément.
« Dans les deux miroirs de ses iris azur, Henryck lisait des pages
et des pages d'émotions toutes plus bouleversantes les unes que les autres. »
Mais le couple osera- t- il s’afficher au grand jour ? Pourront-
ils vivre pleinement leur passion ?
Un roman qui se lit aisément. Les dialogues sont dynamiques et
contrecarrent la longueur de certains passages descriptifs ou introspectifs.
Les deux personnages sont très bien construits et deviennent rapidement
attachants.
Bonsoir, merci pour cette chronique. Je suis ravie que vous ayez apprécié cette balade, surtout si la romance entre hommes ne faisait pas partie de vos habitudes de lecture. Permettez-moi d'être très curieuse, vous avez relevé des anachronismes, pouvez-vous me dire lesquels ?
RépondreSupprimerBonjour, ce qui m'a troublée, c'est que l'Exposition universelle que vous prenez pour fond du récit s'est en fait déroulée en 1889. De ce fait, il m'a paru étrange de voir les personnages évoluer dans le Paris en plein dans les travaux de 1889, mais avec des événements postérieurs à cette année; l'affaire Dreyfus par exemple.
RépondreSupprimerPar ailleurs, il ne pouvait pas y avoir de pavillon de l'Allemagne à cette époque car ce pays "boycottait" l'exposition universelle de Paris. Il faudra attendre 1937 pour que l'Allemagne accepte d'y participer.
J'espère avoir répondu à votre curiosité!
Intéressant. Je me demande où se situe le détail qui vous a fait penser à l'année 1889 dans ce récit ... Car l'exposition que je décris est bien celle de 1900, au début de l'histoire elle est en train d'être construite et n'ouvrira ses portes que le 14 avril 1900, c'est à dire après la fin du récit. L'histoire du roman se situe à la fin 1899 où des événements comme l'affaire Dreyfus sont sur toutes les lèvres. Lors de cette exposition de 1900 le pavillon de l'Allemagne était bien présent comme on peut le voir sur les photographies, films et plans témoignant de cette exposition universelle très documentée. Voici sa description : le Deutsches Haus avait une emprise au sol de 700 m2 et une hauteur de 37 m jusqu'au faîtage. Il était flanqué d'une tour qui s'élevait à 75 m au-dessus du quai de la Seine. Construit dans le style néo-Renaissance d'après les plans de Johannes Radke, nommé architecte du Reichskommissariat, l'édifice avait l'allure d'un hôtel de ville germanique et était articulé autour d'une cage d'escalier de 16 m de haut. Il abritait, outre la collection d'œuvres d'art de Frédéric II de Prusse exposée dans un cadre baroque, une présentation de photographies, de livres et d'art graphique ainsi que de viticulture. Le boycott de l'Allemagne que vous mentionnez est celui de 1889, d'ailleurs nombreux sont les pays qui refuse de participer à cette exposition qui voit s'inaugurer la Tour Eiffel. Il n'en est plus de même en 1900 où les pays sont présents en nombre et rivalisent de modernité autour de la "rue des Nations" tout le long du quai d'Orsay, lieu où se déroule l'une des dernières scènes du récit.
RépondreSupprimerMerci pour vos explications. J'enlève donc le mot "anachronismes" de ma chronique!
SupprimerC'est vraiment très aimable à vous et encore une fois merci de cette chronique à laquelle j'ai été d'autant plus sensible que vous ne faites pas partie du public conquis au genre. Votre avis, de ce fait, m'est précieux.
RépondreSupprimerAvec plaisir. Désolée pour la notion d'anachronismes. Etant moi- même en train d'écrire un roman se déroulant, pour le coup,lors de l'Exposition universelle de Paris de 1889, j'ai dû m'emmêler les pinceaux et notre conversation m'a permis de me rendre compte que les informations trouvées sur Internet ne sont pas toujours fiables (celles sur le Pavillon de l'Allemagne, notées sur mon cahier de recherches...).
RépondreSupprimerBonne continuation!
De même ! Et bon courage pour ce beau sujet de roman.
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