Train d'enfer pour ange rouge, Franck Thilliez (2004; Pocket)
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C’est après avoir lu le dernier Thillez, sorti cette année, « 1991 », que j’ai décidé de me lancer dans la lecture de tous ses précédents romans, dans l’ordre chronologique. En effet, « 1991 » nous racontait les débuts de Franck Sharko, tout juste débarqué d’une brigade de Lille, au mythique 36, Quai des Orfèvres. L’occasion était donc trop belle pour remonter le fil des enquêtes de ce personnage de flic récurrent dans l’œuvre de Franck Thilliez.
« J'ai tout essayé. Le saut en parachute, à l'élastique,
les pires manèges de foire, les élans fulminants à moto et pourtant, rien ne me
secoue autant que l'explosion d'une scène de crime sur le film cristallin de la
rétine. Je me sens, aujourd'hui encore, incapable d'exprimer ce qui me retourne
à ce point. Peut- être la peur ou, tout simplement, le réflexe humain de ne
pouvoir supporter le visage de l'horreur dans sa plus fracassante expression. »
Sharko aime son métier, viscéralement, malgré les
horreurs auxquelles il est confronté au quotidien. Le voilà appelé sur une
scène de crime atroce : une jeune femme a été retrouvée mutilée,
décapitée, ses yeux énucléés, et son corps, de surcroit suspendu au plafond, porte
les traces de longues séances de tortures. Des éléments de l’autopsie vont
mener le commissaire en Bretagne, dans une carrière de granit où il va
découvrir qu’un accident de travail récent va s’avérer troublant ; la
victime en question étant une femme associée à des réseaux de BDSM. Voilà
Sharko embarqué dans les milieux les plus pervers et les plus secrets ;
celui des sadomasochistes. Et pourtant, son esprit est loin d’être disponible
pour faire face à la complexité de ces réseaux qui agissent dans l’ombre ;
en effet, son épouse, Suzanne, a été enlevée six mois auparavant, et aucun
indice ne permet au commissaire de savoir si elle est toujours en vie, ni, si c’est
le cas, d’en connaître les conditions.
« En général, plus l'acte sadique s'étale dans le temps,
et je crois que dans notre cas nous frôlons un record, plus le tueur a la
certitude de ne pas être pris. Il se sent invulnérable, s'appliquant à passer
inaperçu, ce qui le rend redoutable. » Le pire, c’est que le sadisme, la perversité, ne sont pas que
des effets de la société actuelle. Une collègue de Sharko va retrouver des
textes datant du Moyen Age qui feront état de l’existence de religieux adeptes
de l’expiation par la torture. L’Homme aime faire mal, depuis la nuit des temps…