Impossible, Erri De Luca (Gallimard, 08/2020)
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C’est le premier roman que je lis de
cet auteur et je comprends pourquoi celui-ci est tant renommé dans l’univers de
la littérature européenne contemporaine. Avec un style fluide, il parvient à
nous emmener, grâce à un vocabulaire élaboré et judicieux, dans des réflexions
profondes, ici sur le thème de la trahison, mais aussi, paradoxalement, de
l’entraide et de la camaraderie politique.
« Impossible c'est la définition d'un événement jusqu'au moment où
il se produit. » L’événement autour duquel
tourne le récit est la chute dans le vide d’un homme qui se promenait en
montagne. Derrière lui, un autre alpiniste donne l’alerte. Or un lien ancien
lie les deux hommes : le premier a jadis dénoncé le deuxième et l’a, de ce
fait, envoyé en prison.
Le récit s’ouvre donc sur l’audition de l’alpiniste (dont on ne
connaîtra jamais le nom) par un magistrat persuadé que la chute est en fait un
assassinat déguisé. Mais l’accusé est catégorique : il est innocent.
Le lecteur va donc suivre les auditions successives, durant lesquelles
l’accusé va pousser le magistrat à réfléchir sur ce qu’est d’appartenir à un
groupe d’idéologistes (communiste notamment), sur l’engagement pour une cause,
mais aussi sur ce que représente l’amitié. Entre deux rendez- vous, le
narrateur, de nouveau incarcéré, donne à lire les lettres qu’il écrit (mais
n’envoie pas) à celle qu’il aime. On y retrouve cette vision des choses toute
particulière : « L'élégance n'est pas dans la garde- robe, mais
dans les attentions de deux êtres qui vivent ensemble. »