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2070. Prague. Cela fait maintenant
vingt ans qu’un mystérieux virus s’est développé chez les êtres humains et s’est
propagé à toute la planète. Sa particularité ? Appelé Morphéus, il affecte
le sommeil à divers degrés. Désormais, la plupart des gens ont une moyenne de
vingt heures de sommeil par jour : il a fallu apprendre à s’organiser
autrement ! Que ce soit au niveau du travail, des relations familiales ou
sociales et dans la gestion du quotidien, tout a dû être repensé. En effet,
difficile de tenir un rythme de production suffisant dans les entreprises, de
maintenir un semblant de vie de famille quand les horaires de veille des uns et
des autres sont décalés, et de gérer les courses, les repas et les rendez-vous divers,
lorsque vous n’avez que quatre heures par jour pour tout faire.
Pascal Frimousse, lui, fait partie
des « privilégiés » : il n’a besoin que de douze heures de
sommeil. Il dispose donc de davantage de temps d’éveil que les personnes de son
entourage. En tant que professeur de Lettres au lycée français de Prague, il
doit revoir sa manière d’enseigner et d’évaluer ses élèves sans les pénaliser.
Adieu les longs commentaires composés et les dissertations de dix pages. Ce qu’il
faut à présent : avoir un esprit de synthèse.
« Un sens de la problématique, le môme. Vous lui donniez une étude
comparée de trois courts poèmes du XIXe, disons le trio classique Baudelaire -
Verlaine - Rimbaud, le cerveau de Jean- Gabriel vous problématisait tout ça au
quart de tour : Verlaine, pédé. Rimbaud, pédé. Baudelaire, drogué. Problématique
: une poésie de dégénéré. Note : 20. »
Son métier d’enseignant lui prenant de moins en moins de temps,
Frimousse met son temps libre à mener des missions pas toujours très nettes,
avec son collègue Michel, ancien CPE, lui aussi « Eveillé ».
Retrouver des maris disparus, en faire disparaître, les deux hommes n’ont aucun
scrupule ; juste envie d’occuper leur temps tout en gagnant un peu d’argent.
Mais attention aux coups tordus !
Cette dystopie est plutôt rocambolesque, tant par la façon d’être des
personnages que par l’écriture très stylisée de l’auteur. Il y en a, du
sarcasme, au sujet de la société humaine lorsqu’elle se retrouve face à un
imprévu d’une ampleur exceptionnelle : la panique générale entraîne des
décisions regrettables, voire même stupides car prises sans le recul ni la
réflexion nécessaires. J’ai adoré faire des parallèles avec ce qui se passe
actuellement dans le monde avec le virus du Covid 19…
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