samedi 31 décembre 2022

Le monstre du Château de Brooks, Sarah West (auto- édition, 10/2022)



 Le monstre du Château de Brooks, Sarah West (auto- édition, 10/2022)

 💓💓💓💓💓

Finir une année de lecture avec ce monstre du « Château de Brooks », c’est quand même quelque chose ! Je n’avais encore jamais lu de récit aussi « trash », glauque ou « gore » ; je ne sais lequel de ces adjectifs choisir, j’avoue, tant chacun d’entre eux exprime le dépassement de limites de ce qui est humainement entendable ! Une romance historique et horrifique hors norme !

 

« - Ecoutes- moi bien, tu n'es plus une gente dame à partir de maintenant. Tu es mon esclave et tu dois faire tout ce que je te dis ou je te punirais. Et crois- moi, ma chère Catherine, je n'attends que ça. D'ailleurs, ta place est par terre et non à côté de moi. » Catherine est la princesse du Château de Strones. Voilà que son père se retrouve face à des conflits et il a besoin d’alliés pour défendre son comté. Une seule solution : offrir sa fille au roi du comté voisin, Damian, du Château de Brooks, afin de bénéficier de son appui. Au grand dam de la jeune femme, qui connaît la réputation de celui qui va faire d’elle non son épouse, mais son esclave…

 

« Je me lève et cette indigente me crache au visage.
- Vous n'êtes qu'un pourceau, un faquin !
- Oui, tout ça, mais tu peux m'appeler roi Damian, ça ira plus vite. »
Damian n’a pas usurpé sa renommée de monstre. Cet homme règne sur son royaume par la terreur qu’il inspire. Une peur engendrée par des mœurs de tortionnaire, violeur et cannibale. Car oui, le roi du Château de Brooks se nourrit de ses victimes !

 

« J'essuie les dernières larmes sur mon visage et me regarde dans un miroir.
Un jour, je leur montrerai, à tous, que je n'ai besoin de personne.
Un jour, je serai un monstre pire que mon père.
Un jour, on m'appellera le monstre du château de Brooks. »
Au fil des pages, Damian remonte dans son passé, et on comprend mieux ce qu’il est devenu en découvrant les horreurs subies dans son enfance…

 

Au final, un roman surprenant, ponctué de passages difficiles à lire (estomac bien accroché fortement recommandé) mais qui servent une histoire digne des meilleurs récits du Moyen Age. J’ai eu envie de suivre Catherine, de voir son évolution au contact d’un homme aussi violent et torturé que Damian. On sent un appui psychologique intéressant dans l’élaboration de ces deux personnages, et l’auteure s’en sert habilement. J’espère retrouver Paden ou la petite Marie dans un autre récit de cette trempe !

Rappel de l’auteure : pour public très averti de plus de 18 ans.  

dimanche 25 décembre 2022

Les larmes du silence, Tome 3 : Aime- moi, Sarah West (Evidence éditions, 09/2021)



 Les larmes du silence, Tome 3 : Aime- moi, Sarah West (Evidence éditions, 09/2021)

💙💙💙💙💙 

Voici le troisième et dernier tome de la trilogie de dark romance, « Les larmes du silence », imaginée par Sarah West. Nous y retrouvons Nina, personnage principal du premier tome, et Hayden, héros monstrueux du deuxième. Ce dernier est encore en plein processus de vengeance contre tous ceux qui ont fait du mal à la jeune femme quand celle- ci sort justement du coma. Il n’a alors qu’une envie ; retrouver sa « petite étoile » et l’emmener avec lui sur le chemin de représailles qu’il a commencé à tracer dans le sang.

 

« Le sang gicle partout, alors je recule et m'adosse contre le mur. Je le regarde mourir dans d'atroces souffrances. Il se vide complètement, mais je décide que c'est trop long pour moi, j'ai autre chose à faire qu'attendre qu'il crève enfin. Je reviens vers lui, passe derrière, et avant de l'égorger, je lui chuchote à l'oreille :
- ça, c'est pour Nina. »
Hayden avait trouvé le journal intime de Nina, dans lequel elle racontait les agressions dont elle avait été victime, tout en nommant les protagonistes des viols subis sous la férule de Kyle, qui se faisait passer jadis pour son petit- ami. Le jeune « presque demi- frère » étant lui- même un criminel ultra- violent, au comportement psychotique, la décision qu’il prend de tous les éliminer est aussi l’occasion de soulager ses plus bas instincts.  

 

« Il faut juste que, toi aussi, tu ouvres les yeux et que tu comprennes cela. Pour être avec moi, Nina, il faut que tu t'habitues à vivre avec mes démons. Je suis un homme mauvais, je tue, je viole, je torture. Je suis un monstre. Je ne changerai jamais. » Nina va découvrir la véritable nature de celui qu’elle voit comme son sauveur et son protecteur, et dont elle tombe rapidement amoureuse. Mais est-elle capable de partager la vie d’un homme qui a besoin de torturer, de tuer, pour être heureux ?

 

« Deux âmes blessées qui se sont trouvées. Je comprends mieux le lien si fort qu'on perçoit entre vous. » Nina a changé. Ce n’est plus la victime qui se laisse dépérir pour espérer ne plus subir. Malgré cela, elle a besoin de la présence d’Hayden pour avancer dans la vie sans plus avoir peur, tout comme lui a besoin d’elle pour calmer ses frayeurs nocturnes. Un couple aussi fracassé peut- il durer ?

 

Au final, un troisième tome dévoré à vitesse grand V tout comme les précédents. L’auteure maîtrise les éléments du suspens à la perfection et il est impossible de lâcher le livre à la fin du chapitre ! Son écriture trash ne conviendra pas à tout le monde et certains passages exigent d’avoir un estomac bien accroché ! L’histoire de Nina et Hayden se termine de manière tout à fait cohérente ; c’est bien flippant !!!! Mais où Sarah West va-t-elle chercher toutes ces idées- là ?!!!

jeudi 22 décembre 2022

Dear Ava, Ilsa Madden - Mills (Plumes du Web, 04/2022)


 

Dear Ava, Ilsa Madden - Mills (Plumes du Web, 04/2022)

💓💓💓💓💓

Je trouve vraiment réducteur de cataloguer ce roman dense et foisonnant dans le genre de la romance. Alors oui, il y a bel et bien une histoire d’amour en filigrane du récit, mais avant tout, c’est de la collision de deux groupes socio-économiques américains que l’on va parler ici, avec en sus, une enquête policière conditionnée par ces derniers. Un roman « best- seller » d’après le « Wall Street journal » ; et on comprend pourquoi. Un coup de cœur.

 

« Chère Ava,

Tes yeux sont de la couleur de la Mer des Caraïbes.

Merde. C’est nul.

Ce que je veux vraiment te dire c’est… que quand tu me regardes, je ressens quelque chose de REEL. Et ça ne m’est jamais arrivé. » Ava est revenue dans son lycée, dans l’équivalent de la classe de Première dans le système français, après quelques mois d’absence. Une lettre anonyme a été glissée dans son casier. Qui peut en être l’auteur, alors que tout le monde la méprise, ou l’insulte.

 

« Je tourne la tête et aperçois les braises d'un feu de camp rougeoyant à quelques mètres de là, dans une clairière relativement dégagée. Des images se succèdent dans mon esprit - moi près du feu, riant, dansant, buvant...
Je respire profondément quand un autre souvenir refait surface, mais je le refoule.
Pas encore prête... »
Dix mois plus tôt, Ava a été invitée à une soirée des Sharks, ces footballeurs américains de l’équipe du lycée, fils de riches, pour lesquelles toutes les filles se damneraient. Ava, elle, est boursière. Elle ne doit sa présence qu’à sa beauté extraordinaire.

 

« Le coach Williams nous a chacun personnellement interrogés au sujet de la fameuse fête, mais sans preuves, l'agression fut rapidement oubliée, au bout d'à peine quelques semaines. A Noël, on n'en parlait plus guère que dans les messes basses.
Parce que notre équipe est mise sur un piédestal doré ?
Parce que cette ville est dirigée par nos pères ?
Ouais. Un peu de tout ça. »
Ava a été agressée lors de cette fameuse soirée des Sharks, mais elle ne fait pas partie de leur monde, alors, évidemment, tout est fait pour étouffer l’affaire.

 

Au final, un roman dense, prenant, qui heurte les esprits à l’époque post #Metoo. Le personnage d’Ava est finement ciselé, au point que l’on souffre avec chacune de ses décisions. Celui de Knox, bien complexe lui aussi psychologiquement parlant, est passionnant. J’ai adoré ce roman, construit comme un thriller, avec des retours en arrière et des doutes sur la probité des uns et des autres en fonction de leurs statuts sociaux. A lire sans hésitation !

dimanche 18 décembre 2022

Par le grelot des lutins, Stéphanie Roselière (Elixyria, 12/2021)



 Par le grelot des lutins, Stéphanie Roselière (Elixyria, 12/2021)

🎅🎅🎅🎅🎅

 On reparle des liens ? Alors ici, j’ai hésité entre les prénoms des rennes du Père Noël (vous les connaissez, vous ? Tonnerre, Furie, et les autres ?) et celui de Maggie. Je choisirais ce dernier car il colle à la peau de personnages rudement charismatiques, qui m’ont fait aimer mes deux dernières lectures. Cap sur Dijon, où la jeune Ania, coach en développement personnel, va intervenir auprès d’un trentenaire un peu trop « plan- plan » aux goûts de son frère…

 

« Je lui remets un dossier de présentation préparé la veille, en prenant bien garde à lui effleurer la main d'un air mutin. Ne nous leurrons pas, ce qui fait marcher le monde n'est pas la matière grise, mais ce qui se trouve en dessous de la ceinture. D'ailleurs, on dirait que mon client se radoucit. » Ania, petit bout de femme d’un mètre cinquante- neuf, n’est pas du genre à se laisser impressionner lorsqu’elle doit intervenir auprès d’un éphèbe finalement plus affable que sur le papier.

 

« - Je vois, vous êtes récalcitrant.
- Non, moi, c'est Jacob, pour vous servir.
Révérence ironique.
- Récalcitrant n'est que mon deuxième prénom. »
Si Ania multiplie les expressions « noëlesques » les plus fantasques, Jacob n’est pas en reste, et les réparties échangées par nos deux compères m’ont bien fait rire !

 

« Regardez les enfants qui se pressent pour monter sur les genoux du vieux barbu. Il y en a de tous les âges, de tous les milieux sociaux et de toutes les couleurs de peau. Eux ne se posent pas de questions sur la frontière entre leur culture et celle des autres. En toute innocence, ils se laissent porter par la joie et l'excitation du moment. La tradition de Noël repose avant tout sur des valeurs essentielles : le pouvoir de l'amour, l'aide de son prochain. Des bonheurs à portée de main. »  Ania et ses particularités extraordinaires emmènent Jacob et sa mamie adorable, Maggie, sur les chemins de la magie universelle de Noël. L’occasion de rappeler à tous – lecteur compris- que la période des fêtes est propice à toutes les éventualités. A lire pour rêver, s’émerveiller ! 

vendredi 16 décembre 2022

Embarquements immédiats pour Noël, Carène Ponte (Fleuve éditions, 10/2022)


 

Embarquements immédiats pour Noël, Carène Ponte (Fleuve éditions, 10/2022)

💗💗💗💗💗 

J’aime beaucoup chercher un élément qui puisse faire un lien entre deux lectures qui se suivent et ici, le voilà tout trouvé : les cookies brûlés et immangeables de Carla et ceux de Margot ! Et qui dit « cookies » dit lecture au chaud sous un plaid et quoi de mieux dans ce cas qu’une romance de Noël ? Cette année encore j’ai craqué pour celle de Carène Ponte et encore une fois, j’ai passé un excellent moment, entre rires et émotions !

 

« Pourquoi n'est-il pas possible de trouver le moindre maillot de bain en décembre dans ce fichu aéroport ? Des barres de Toblerone de la taille d'un immeuble, des bouteilles de whisky suffisamment grosses pour soûler une demi- douzaine d'ours, ça d'accord, mais un petit morceau de tissu pour pouvoir aller se baigner, non ! Le monde aurait- il perdu le sens des priorités ? » Les jumelles Margot et Maggie Carpentier se retrouvent bien dépourvues à l’approche de Noël ; leurs parents ont voulu leur offrir un cadeau original : envoyer chacune vers la destination de ses rêves. Si Margot rêve de transat, piscine et soleil, Maggie rêve de fêter Noël en Laponie. Mais voilà que la personne s’occupant des réservations a malencontreusement échangé les identités sur les billets…

 

« La personne qui me fera troquer mon sapin et mes cookies contre un curry de poisson et un collier de fleurs n'est pas encore née. » La déception est immense pour chacune des sœurs. Et pourtant, de moments cocasses en rencontres inattendues, Maggie et Margot vont découvrir des facettes d’elles- mêmes qu’elles ne soupçonnaient pas.

 

« Quel que soit l'endroit du monde, ce sont toujours les mêmes choses qui font rêver les enfants. Des gros camions, des poupées, des patins à roulettes ou encore une dînette. » Que ce soit aux Seychelles ou en Laponie, l’auteure pointe du doigt un élément capital : Noël, et toute la « magie » qui l’entoure, se doit d’être fêté partout de la même manière, avec l’intention première de rendre les enfants heureux, ne serait- ce que l’espace de quelques heures.

 

Au final, une lecture qui s’apparente beaucoup plus à un « feel- good » qu’à une romance, dans laquelle l’humour de Carène Ponte m’a fait rire plus d’une fois. J’ai adoré les personnages de Margot et Maggie, leurs loufoqueries involontaires et surtout, les valeurs qu’elles transmettent. Je conseille vivement ce roman ! 

jeudi 15 décembre 2022

Faded rose – Tome 1, Jenn Guerrieri (Plumes du web, 10/2022)



 Faded rose – Tome 1, Jenn Guerrieri (Plumes du web, 10/2022)

 🌹🌹🌹🌹

Retour dans l’univers rock et malsain des Chainless, découverts dans la trilogie « Tainted Hearts », dont « Faded rose » est un spin- off qui sera décliné en deux tomes. Nous sommes ici aux côtés d’Alden Hayes, le guitariste charismatique du groupe, qui se révèle particulièrement tourmenté. Entre son côté protecteur et sa face plus abrupte et violente, il n’y a qu’un tout petit écart, qu’un rien anéantit. Carla, la fille de son producteur, a pu bénéficier de ses moments de candeur, lorsqu’il se glissait dans la peau d’un « grand – frère », prêt à tout pour rendre heureuse l’adolescente. Mais voilà, Carla a désormais dix- neuf ans, et la complicité qu’elle partageait avec le musicien s’est muée doucement en attirance…

 

« Elle me tend cette fleur aux pétales intacts et écarlates que je saisis avec une infinie délicatesse, de peur de l'abîmer.
- Je sais que cette épreuve sera très dure à surmonter pour toi, mais malgré l'usure du temps, tes valeurs, elles, ne faneront jamais. A l'image de cette rose éternelle. »
Alden a vécu bien des tragédies dans sa vie. La noirceur qui se dégage de ses pensées y trouve une origine évidente. Carla a autrefois tenté de lui apporter son soutien en lui offrant une rose éternelle, avec toute sa candeur d’adolescente. Cette rose, leur symbole d’amitié.  

 

« Le souci, c'est que même avec un changement radical de look vestimentaire, un caractère endurci, ainsi qu'une farandole de colorations capillaires, Alden Hayes continuera de me toiser comme il a toujours eu l'habitude de le faire : avec un mélange de respect et de décence, agrémenté de bienveillance, mais constamment dépourvue d'attirance. » Trois années ont passé et Carla, amoureuse, se désespère de ne pas réussir à séduire Alden, même en s’affichant avec un côté plus rock et provocant...  

 

« Je me déteste tellement que je suis incapable de croire qu'on puisse m'apprécier à ma juste valeur. La personne que je tente d'être sous les projecteurs n'est qu'une coquille superficielle. » Alden sent bien, de son côté, que ses sentiments pour la jeune fille évoluent ; mais comment se lancer dans une relation alors qu’on est certain de rendre l’autre malheureux ?

 

Au final, une romance psychologiquement sombre. Bien des thèmes difficiles y sont abordés : le harcèlement, le deuil et l’abandon. L’auteure s’en sert pour brosser habilement des portraits de personnages tourmentés, et on ne peut que s’attacher à Carla et à Alden, êtres meurtris ; et avoir hâte de lire la suite pour espérer voir un peu de lumière illuminer leur devenir. Rendez- vous en février. 

vendredi 9 décembre 2022

Les Accoucheuses – Le couvent des Pascalines, Alex Sol (Auto- édition, 09/2022)


 

Les Accoucheuses – Le couvent des Pascalines, Alex Sol (Auto- édition, 09/2022)

💙💙💙💙💙

1871. Louise a dix- sept ans et un ennui conséquent lorsqu’on est comme elle, issue de la bourgeoisie parisienne : elle est enceinte hors mariage. Ses parents l’envoient au couvent des Pascalines, histoire de protéger leur réputation. Les sœurs qui y vivent accueillent les jeunes filles enceintes, qu’elles soient riches ou désœuvrées, et s’occupent de l’adoption du nouveau- né. Alors que la France est en période de disette du fait de la guerre contre la Prusse et d’épidémies létales, l’arrivée de Louise au couvent des Pascalines est une providence pour les nonnes ; mais Louise, comment va-t-elle vivre le fait d’être cloîtrée au milieu de miséreuses ?

 

« Il m'est déjà arrivé de les observer alors que je pouvais encore me hisser sur la pointe des pieds pour regarder par la fenêtre - aujourd'hui, j'en suis bien incapable - et je me rappelle leurs silhouettes sombres avancer au ralenti dans les jardins derrière la pauvre malheureuse gémissante sur le point de donner naissance à l'enfant qu'elle ne sera pas autorisée à garder. Terrifiant. » Louise sait très bien pourquoi elle est cloîtrée dans le couvent, et elle est tout à fait en accord avec la décision de ses parents. Même si elle aime beaucoup son amant, Gustave, elle n’a qu’une envie ; se débarrasser du bébé et retrouver sa vie de jeune bourgeoise, s’amuser et danser dans les bals.

 

« Cette pauvre fille n'avait aucune idée de ce qui allait lui arriver. Les nonnes lui ont sans doute promis un lit confortable et des repas chauds. Elle aurait dû savoir que la bonté pure n'existe pas. » Voilà qu’Eugénie, une jeune fille de basse extraction, est placée dans la chambre de Louise. Cette dernière, plutôt que de la prendre en pitié, va la prendre de haut. Jusqu’à découvrir le terrible secret de la jeune fille…  

 

« Quand des filles comme toi arrivent, les sœurs donnent des infusions spéciales à celles qui sont sur le point d'accoucher. Comme ça, au lieu d'avoir un seul bébé à présenter aux futurs parents, elles en ont plus. » Louise n’est pas étonnée du versant lucratif de la congrégation des Pascalines. Et pourtant, durant une nuit marquée par une vague de naissances, la jeune femme va basculer dans une réalité aux accents diaboliques.

 

Au final, j’ai trouvé ce récit captivant ! Les courts chapitres tiennent en haleine et multiplient les surprises ! J’ai beaucoup aimé l’évolution psychologique de Louise. Et quelle fin inattendue !

mardi 6 décembre 2022

Cray’z New year, Lucie Barnasson (Auto- édition, 11/2022)


 

Cray’z New year, Lucie Barnasson (Auto- édition, 11/2022)

❆❆❆❆

 

Voilà le mois de décembre, ses calendriers de l’Avent, ses décorations colorées et lumineuses, les plaids et les boissons chaudes qui envahissent le quotidien. Mais voici aussi le temps des romances de Noël !!!! Cap sur un aéroport des USA bloqué par une tempête de neige !!!

 

« Perdu dans leur délire, je suis tout à coup surpris par la fille qui me rentre littéralement dedans. Elle me fixe l'espace de quelques secondes, puis baisse la tête, s'excuse et part à toute vitesse vers les sièges verts après que je lui ai dit que ce n'était rien de méchant. Happé par la teinte si profonde de ses yeux, je n'entends pas la femme, derrière son ordinateur, qui m'interpelle. » Alors que Cruz s’apprête à rentrer chez lui, en Australie, après que son groupe a tenté de percer aux U.S.A., voilà qu’une tempête de neige empêche tous les avions de décoller. Que faire quand on est bloqué au sol, seul, dans un aéroport ? Se laisser attirer par de beaux yeux ?

 

« Mes doigts courent sur le manche sans que je n'aie besoin de réfléchir, jouant la mélodie que j'avais imaginée pour la chanson sur le prénom "Addisson". C'est dingue de penser que cette mélodie colle parfaitement à la femme que je connais, alors qu'elle m'était venue en tête bien avant que cette petite furie ne débarque dans ma vie. » Cruz est célèbre, voire même adulé en Australie. Mais son groupe peine à percer à l’international. Et pourtant, il a des mélodies romantiques plein la tête ; au point de raconter une histoire d’amour susceptible de lui tomber dessus… comme la neige !

 

« Nous avons joué à qui embrassera l'autre en premier, j'ai gagné, mais je n'avais pas prévu l'autre jeu : celui qui tombe amoureux a perdu. Je crois que ce sera là ma pire défaite. » Addisson devait rejoindre ses amies pour un Nouvel an festif en Floride, mais la tempête de neige la laisse elle aussi clouée au sol. Le hasard la met sur le chemin de Cruz, l’occasion de vivre ce « blocus » de manière agréable ; mais quand les sentiments s’en mêlent, l’issue du jeu devient soudainement problématique…

 

Au final, une romance dans laquelle on se prend vite au jeu. Un homme et une femme du même âge qui se retrouvent coincés dans un aéroport et qui se plaisent ; « what else ? ». Une attirance qui vire au coup de foudre, et une plume fluide qui envoie le lecteur dans un élan « feel good ». C’est Noël, tout finit bien, forcément, et même si c’est fait simplement, ça fait du bien de lire ce genre de romans.  

vendredi 2 décembre 2022

Les Demeurées, Jeanne Benameur (Galimard, 06/2002)



 Les Demeurées, Jeanne Benameur (Galimard, 06/2002)

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L’idiot du village, cette personne impossible à comprendre, mais que l’on accepte avec un sourire en coin sur les lèvres. Jeanne Benameur s’en saisit au féminin, et y insère la problématique de l’enseignement : comment faire une place à l’école du village à la fille de La Varienne, cette simplette vivant à l’écart de la société ; exclue parce qu’elle est ignorante ; ou pour reprendre les termes de l’auteure, parce qu’elle est « demeurée » ?

 

« A l'abrutie, il manque de joindre.
Rien n'est assez puissant pour faire aller le geste jusqu'à l'objet, l'esprit jusqu'à l'image. Le temps n'y fera rien. La mère et la fille, l'une dedans, l'autre dehors, sont des disjointes du monde. »
L’auteure utilise volontiers l’onirisme pour placer cette histoire de duo mère- fille dans un genre d’univers parallèle où l’on vit dans le silence, se comprenant par les gestes et les regards. Nul besoin de savoir pour construire et entretenir un lien fusionnel entre la mère et son enfant, vivant heureuses à l’orée de la société.

 

« Elle demeure. Abrutie comme sa mère. Aimante et désolée. » Luce vit. Elle se contente d’un quotidien simple, composé de repas et de moments partagés avec sa mère. Pourquoi devrait-on la sortir de cet environnement contenant et suffisant ? C’est qu’en France, l’obligation scolaire est inscrite dans l’institution depuis la loi Jules Ferry de 1882...  

 

« Mademoiselle Solange soupçonne qu'au fond de la tête de cette enfant se niche une dureté têtue, une obstination qu'il s'agirait de vaincre. Luce n'apprend rien. Luce ne retient rien. Elle fait montre d'une faculté d'oubli très rare : un don d'ignorance. » Une nouvelle institutrice arrive et elle n’a qu’une idée : faire respecter cette obligation scolaire. Alors elle va venir chez La Varienne, lui « enlever » Luce, parce que c’est la loi, revenir la chercher quand elle ne paraît pas ; persuadée qu’elle va pouvoir en quelque sorte « guérir » la petite de son ignorance.

 

Au final, un roman court et éthéré, qui soulève la question de l’inclusion des personnes handicapées dans notre société. Des phrases courtes dans des paragraphes réduits au strict minimum, comme s’ils représentaient quantitativement les possibilités mentales de ces deux femmes. Un récit sensible, bref, trop bref, qui touche le cœur. Direct.