jeudi 30 septembre 2021

L’ange noir – Tome 2 : résurgence (Elixyria, juillet 2021)


 

L’ange noir – Tome 2 : résurgence (Elixyria, juillet 2021)

💓💓💓💓💓 

Ah, comme je l’attendais ce tome 2 !!! Il n’était pas prévu à la base, mais le succès du tome 1 et les nombreuses demandes des lectrices à l’auteure ont poussé celle-ci à donner une suite à l’histoire tumultueuse de Logan et Lily. Et c’est cette dernière qui sera le fil conducteur de ce récit, centré sur Josh, qui était éperdument amoureux d’elle alors qu’ils fréquentaient ensemble les bancs du lycée.

 

« C'était la proposition la plus dangereuse et insensée qu'on m'ait jamais faite. Cependant, c'était la seule solution. Mes parents avaient assez souffert. C'était à moi de protéger ma famille. A moi de venger Lily! » Josh ne parvient pas à se remettre de la disparition de sa vie de celle qui a si longtemps électrisé son cœur. Sa décision est prise : il ne va plus vivre que pour se venger et laver toutes les traces de ce passé douloureux; quitte à tout perdre.

 

« Je ne connais cette fille que depuis une poignée d'heures, et puis, je ne suis pas ici pour trouver une nana... Tant pis pour elle, elle subira le même sort que les autres. Même si ça me sera très difficile, je vais devoir la tuer. » Le voilà habilement engagé par l'un des plus importants chefs locaux de la pègre, pistonné par le mystérieux Billy. Il est prêt à éliminer le vil homme, mais voilà, celui- ci garde, emprisonnée dans sa villa, sa petite- fille plus que séduisante, Joleen. Josh va devoir choisir entre aller au bout de sa vengeance ou écouter son cœur de Saint- Bernard…  

 

Au final, un second tome aussi addictif que le premier !!! Lucie Barnasson a su faire en sorte que je m’attache immédiatement à Josh, ce jeune homme écorché vif à la personnalité plus complexe qu’il n’y paraît. Après une première partie où il conserve la place de narrateur principal, le reste du roman va opter pour une double narration dès que Joleen apparait dans l’histoire. Cette alternance de points de vue permet au lecteur de découvrir les points obscurs du passé de chacun tout en suivant l’évolution de leurs sentiments. Une lecture totalement immersive, et je vous recommande d’écouter la playlist très plaisante de l’auteure durant la lecture de ce roman captivant : https://www.youtube.com/playlist?list=PLWUekQb0CXU00zbiJ_FXsXjQAnc8g6DII

samedi 25 septembre 2021

Bélhazar, Jérôme Chantreau (Phébus, 08/2021)



Bélhazar, Jérôme Chantreau (Phébus, 08/2021)

💙💙

« Bélhazar » ; qu’est- ce donc que ce mot ? Il s’agit du deuxième prénom d’un jeune homme, Antoine Bélhazar Jaouen, qui meurt à l’âge de dix-huit ans lors d’une interpellation de police. Un deuxième prénom choisi par une mère aux goûts originaux, Armelle, amie de Jérôme Chantreau ; lequel a accepté d’écrire ce livre en hommage aux enfants disparus.

 

« Si tu ne peux rien contre le scandale de notre mort, au moins dis- nous ce qu'il était. » L’auteur connaissait très bien le jeune homme. Professeur de français, il avait pu avoir Bélhazar (qui insistait pour qu’on l’appelle ainsi et non Antoine, trop banal pour lui) en cours. Le côté fantasque de son élève, ainsi que son haut potentiel, en faisaient depuis l’enfance un être à part. « Dans les faits, Bélhazar posait cette équation insoluble de faire entrer l'imaginaire d'un enfant dans les critères de l'Education nationale. C'est impossible. » Le garçon vivote au lycée tout en nourrissant chez lui une passion dévorante pour les armes à feu, pour le recueil de diverses antiquités et pour la peinture. « Pendant des années j'ai cherché là où il n'y avait rien. C'était avant que tu m'apprennes à regarder. » Belhazar va évoluer en adolescent mi- savant mi- illuminé… jusqu’à sa fin tragique et incompréhensible pour son entourage.

 

« Je dois ressusciter un fait- divers, le ramener à la lumière, trouver sa vérité. Le combat contre la thèse du suicide a toujours été la cause commune entre les parents et moi. Ce livre doit détruire cette ignominie, cette double peine : Bélhazar n'a pas pu se donner la mort. Pas lui, pas le preux chevalier, pas le Regardeur de soleils. C'est une question de style. » L’auteur remonte la piste de l’enquête, épaulé un moment par le célèbre avocat Olivier Metzner qui va se suicider quelques temps après avoir repris l’affaire, puis par Valentin Ribet, qui décèdera, lui, au Bataclan en 2015. La mort semble roder autour de cette étrange histoire que la Police ne veut pas voir resurgir. Où donc se cache la vérité ?

 

Au final, j’ai lu le début du roman avec intérêt, intriguée par la résolution de cette étrange disparition d’un jeune homme fantasque, fauché d’une manière trouble au seuil de sa vie d’adulte. Puis l’auteur a voulu donner une tournure plus onirique à son récit. L’enquête se transforme en espèce de conte éthéré. Et moi, je suis restée sur la terre ferme, déçue de ne pas avoir les clés de ce roman devenu trop « mollasson » au fil des pages. Dommage.

jeudi 23 septembre 2021

Transaction, Christian Guillerme (Taurnada, 09/2021)

 



Transaction, Christian Guillerme (Taurnada, 09/2021)

💛💛💛💛💛

Quelle histoire !!!! Si vous êtes adeptes des sites de revente d’articles, vous aurez de quoi faire de sacrés cauchemars avec le dernier thriller de Christian Guillerme ! C’est une petite annonce pas forcément très honnête et trois jeunes naïfs qui se font rouler qui constitue l’intrigue de départ. Ajoutez à cela un individu psychologiquement instable, et surtout particulièrement violent, dans l’équation, et vous obtiendrez un récit haletant qui vous fera à coup sûr frissonner…


« Le seul moyen de retrouver un peu de fric, c'est de repasser la patate chaude à un mec. Tu t'es fait arnaquer, tu arnaques, logique. Point ! » Alphonse, jeune mécanicien, est déçu par la caméra qu’il vient d’acheter sur un site d’articles d’occasion. Il s’est bien fait rouler, et ses deux meilleurs amis, Johan et Manal lui conseillent de revendre le bien en question, sans aucun scrupule. La transaction va se dérouler à merveille…


« Le suivi psychologique auquel il avait également droit ne serait pas nécessaire... plus maintenant avec tout ce qui s'était déjà passé. » Le roman débute alors qu’un jeune homme vient de se jeter sous un train. Le conducteur de ce dernier reste stoïque. Le monde est- il aussi cruel ? Quel est le lien avec notre arnaque de départ ? Remontons le temps avec le machiavélisme de l’auteur… 


« Le pouvoir de vie ou de mort sur un autre être humain avait été une sensation nouvelle, indescriptible, un peu comme la toute- puissance ultime. » Une arnaque, un individu à la dangerosité pathologique et ce qui ne devait être qu’un attrape- nigaud va se transformer en engrenage fatal.


Au final, j’ai adoré ce roman à la tournure spiralaire. L’intrigue, qui met en relation quatre individus qui passent du statut de victime à celui de coupable à des degrés divers, est rondement menée. L’alternance de la narration interne de chacun des protagonistes permet au lecteur de s’incruster dans le récit, comme s’il en faisait lui aussi partie. Et j’ai adoré frissonner en imaginant devenir moi aussi cette proie naïve et impressionnable qu’un prédateur aux dents longues poursuit jusqu’au terminus.  


dimanche 19 septembre 2021

Dans les choux, Julie- Anne Bastard (Elixyria, 08/2021)


 

Dans les choux, Julie- Anne Bastard (Elixyria, 08/2021)

💙💙💙💙

Anna est une « Madame Catastrophe ». Vous savez, cette amie qui oublie de déclencher son réveil pour le lendemain et qui, dans sa précipitation, s’ébouillante avec le café et fait tomber sa tartine du côté de la confiture ! Et niveau sentimental, c’est pareil ! Après deux ans de grand amour avec Antoine, cet homme parfait, voilà qu’il la laisse tomber du jour au lendemain pour une bombe aux longues jambes. Sauf que quelques jours après la rupture, Anna découvre qu’elle est enceinte…

 

« Quoi que je fasse, cela tourne irrémédiablement à la catastrophe. Je suis du genre poissarde congénitale experte en couacs en tous genres. » Anna, qui espérait prochainement se marier avec l’homme de sa vie, se retrouve brutalement célibataire, SDF et enceinte ! Et si elle trouve refuge chez ses meilleures amies, Camille et Lou ; cela ne se fera que de manière momentanée, tellement les maladresses d’Anna sont agaçantes à supporter au quotidien !

 

« Dire les choses, c'est aussi reconnaître qu'elles sont vraies. Et la vérité fait mal. » Anna n’a d’autre choix que de continuer son chemin, tête plus ou moins haute, même si c’est douloureux, surtout qu’elle n’est plus toute seule dans cette galère : elle a en effet choisi de garder le petit être qui grandit dans son ventre, alors qu’elle sait très bien qu’Antoine ne sera jamais un père exemplaire. Mais là encore, Anna a la chance d’avoir des amis fidèles, qui seront là, à ses côtés, à chaque épreuve qu’elle risquerait de rencontrer. Surtout Maël…

 

« Mon joli bébé, tu feras bientôt partie de cette aventure et tu seras initié aux joies indispensables de la survie dans ce monde moderne : le sucre pour les papilles et les écrits pour les pupilles. » Malgré ses nombreux déboires, Anna va chercher à rebondir dans un but : devenir enfin une femme épanouie socialement et sentimentalement.

 

Au final, un roman très agréable à lire, notamment grâce à la plume de l’auteure qui interpelle régulièrement le lecteur au nom du personnage d’Anna. Ces accroches m’ont souvent fait sourire et donné envie de tourner les pages pour en savoir plus sur les mésaventures mais aussi les succès de ce personnage fantasque et attachant de jeune femme sur qui le sort s’acharne. Les dernières pages m’ont énormément émue… Une lecture réjouissante, touchante, sans prise de tête, qui vous embarque bien loin des contrariétés de notre actualité. Et vraiment, ça, ça fait du bien… 

samedi 4 septembre 2021

Poussière d’homme, David Lelait (Pocket, 04/2006)

 



Poussière d’homme, David Lelait (Pocket, 04/2006)

💙💙💙

 Jamais je n’aurais lu ce roman si je n’avais pas entendu (et vu) un libraire (un certain Lionel) en parler avec passion lors d’un live organisé par une booktubeuse. Alors, oui, de la passion, il en est question ici. Il n’y a même que cela dans ce récit qui n’est autre qu’un cri d’amour destiné à l’être aimé qui vient de décéder.

 

« Au presque commencement de ma vie, je t'ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. » Ce roman autobiographique raconte la trop brève histoire d’amour entre l’auteur et cet homme qui ne sera pas nommé mais dont on sait que le prénom n’est constitué que de trois lettres. Pourquoi tant de discrétion ? Parce que cette relation homosexuelle n’a jamais été vécue au grand jour, jamais assumée face aux trop nombreux préjugés de notre société.

 

« Je ne suis ni frère ni mari, je ne suis rien qui se nomme ou s'inscrive dans la pierre. Je ne suis que l'autre bout d'un lien de cœur aujourd'hui invisible à la face du monde. » Aux douleurs du deuil s’ajoute l’impossibilité de faire reconnaître son statut de compagnon de l’être aimé, de l’inscrire sur la pierre tombale qui représentera sa dernière demeure.

 

« J'aurais tant fait que ce conditionnel aurait été un futur simple. » Cet amour inconditionnel aurait tellement mérité de s’épanouir dans le futur. Mais le cancer en a malheureusement décidé autrement…

 

Au final, un roman vraiment émouvant, des phrases comme des cris du cœur qui ne peuvent que toucher le lecteur. J’ai été émue mais en ce qui me concerne, j’ai du mal à lire des récits essentiellement introspectifs, donc je n’ai pas réussi à m’attacher au couple de personnages, trop évanescents. Malgré cela, je reconnais que les phrases font mouche, atteignant le cœur d’une flèche douloureuse et directe. Mais à lire uniquement en cas de moral au beau fixe !

jeudi 2 septembre 2021

Le Voyage dans l’Est, Christine Angot (Flammarion, 08/2021)



 Le Voyage dans l’Est, Christine Angot (Flammarion, 08/2021)

 💓💓💓💓💓

Alors oui, je sais, Christine Angot n’est pas aimée, ses propos peuvent être douteux, non fondés, mais surtout, ouvrons les yeux, c’est ce qu’elle raconte depuis quelques années qui dérange. A l’heure où les langues se délient sur la pédocriminalité, c’est encore mal vu de dénoncer ce qui se produit au sein même des familles. Et oui, encore une fois, Christine Angot raconte l’inceste qu’elle a subi, les gestes déplacés de son propre père sur son corps d’adolescente de treize ans. Mais ici, le témoignage se transforme en voyage dans le passé, une recherche plus précise de la chronologie des actes subis, avec le vain espoir d’y trouver une explication…

 

« Je savais ce que signifiaient les actes de mon père. J'ai préféré me voir comme quelqu'un qui a son caractère, ses torts, qui fait ses erreurs, et qui les regrette en cherchant le sommeil. » Christine n’a connu son père qu’à l’âge de treize ans. Auparavant, elle ignorait qui était son géniteur. Et puis, un jour, il réapparait pour s’inscrire officiellement dans sa vie. Très vite, les gestes envers celle qu’il vient de reconnaître devant un notaire prennent une orientation qui dérange Christine. Sans vraiment en être sûre, elle sent que les caresses que lui prodigue son père ne sont pas acceptables… Mais par peur de le décevoir, elle subit en silence.

 

« Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée. » Christine essaie de se confier mais se retient, par peur de gêner, par peur d’attirer l’attention sur elle, cette fille si banale et inintéressante.

 

« Il y avait ceux qui savaient, ceux qui ne savaient pas. Ça ne changeait pas grand-chose. Les uns pensaient que j'allais bien, parce que je ne l'avais pas dit, les autres, parce que je l'avais dit. »  Un jour, la parole se délie… Et puis, ça ne change rien. Sa mère, et même son mari, Claude (quel imbécile !) ferment les yeux sur les agissements de cet homme qu’ils trouvent impressionnant !

 

« Vous ne vous rendez pas compte, de ce que ça fait d'avoir un père qui refuse que vous soyez sa fille. Pour vous, l'inceste, c'est juste un truc sexuel. Vous ne comprenez pas. Vous ne comprenez pas. » A la lecture de ce texte autobiographique, plein de doutes, de révélations hésitantes, de confusions aussi, on se rend compte que l’auteure, cette femme qui se révèle une nouvelle fois sous des angles bien peu glorieux, n’a rien à voir avec le personnage médiatique que d’aucuns se plaisent à critiquer.

Lisez Christine Angot, l’auteure, et non Christine Angot, le personnage médiatique, découvrez sa plume incisive, et son message qui est avant tout une dénonciation de l’emprise masculine sur le corps de la femme.