Le Voyage dans l’Est, Christine Angot (Flammarion, 08/2021)
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Alors oui, je sais, Christine Angot n’est pas aimée, ses propos peuvent
être douteux, non fondés, mais surtout, ouvrons les yeux, c’est ce qu’elle raconte depuis quelques années qui dérange. A l’heure où les langues se
délient sur la pédocriminalité, c’est encore mal vu de dénoncer ce qui se
produit au sein même des familles. Et oui, encore une fois, Christine Angot
raconte l’inceste qu’elle a subi, les gestes déplacés de son propre père sur
son corps d’adolescente de treize ans. Mais ici, le témoignage se transforme en
voyage dans le passé, une recherche plus précise de la chronologie des actes
subis, avec le vain espoir d’y trouver une explication…
« Je savais ce que signifiaient les actes de mon père.
J'ai préféré me voir comme quelqu'un qui a son caractère, ses torts, qui fait
ses erreurs, et qui les regrette en cherchant le sommeil. » Christine n’a connu son père qu’à l’âge de treize ans.
Auparavant, elle ignorait qui était son géniteur. Et puis, un jour, il
réapparait pour s’inscrire officiellement dans sa vie. Très vite, les gestes
envers celle qu’il vient de reconnaître devant un notaire prennent une
orientation qui dérange Christine. Sans vraiment en être sûre, elle sent que
les caresses que lui prodigue son père ne sont pas acceptables… Mais par peur
de le décevoir, elle subit en silence.
« Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans
la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas
avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité
à l'impression d'avoir une vie gâchée. » Christine essaie de se confier mais se retient, par peur de
gêner, par peur d’attirer l’attention sur elle, cette fille si banale et inintéressante.
« Il y avait ceux qui savaient, ceux qui ne savaient
pas. Ça ne changeait pas grand-chose. Les uns pensaient que j'allais bien,
parce que je ne l'avais pas dit, les autres, parce que je l'avais
dit. » Un jour, la parole se délie… Et puis, ça ne change rien. Sa
mère, et même son mari, Claude (quel imbécile !) ferment les yeux sur les
agissements de cet homme qu’ils trouvent impressionnant !
« Vous ne vous rendez pas compte, de ce que ça fait
d'avoir un père qui refuse que vous soyez sa fille. Pour vous, l'inceste, c'est
juste un truc sexuel. Vous ne comprenez pas. Vous ne comprenez pas. » A la lecture de ce texte autobiographique, plein de doutes,
de révélations hésitantes, de confusions aussi, on se rend compte que l’auteure,
cette femme qui se révèle une nouvelle fois sous des angles bien peu glorieux,
n’a rien à voir avec le personnage médiatique que d’aucuns se plaisent à
critiquer.
Lisez Christine Angot, l’auteure, et non Christine Angot, le personnage médiatique, découvrez sa plume incisive, et son message qui est avant tout une dénonciation de l’emprise masculine sur le corps de la femme.
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