mercredi 22 janvier 2025

The last chance, Anaïs Nguyen (Alter real, 10/2024)

 





The last chance, Anaïs Nguyen (Alter real, 10/2024)


Si comme moi vous aimez le trope « Ennemies to lovers » en romance, l’histoire tourmentée de Lise et Ryan saura vous séduire. Nos deux protagonistes se retrouvent à vivre sous le même toit quand William, père de Ryan, et Carole, mère de Lise, décident de vivre ensemble. Le problème réside dans le fait que l’attirance est quasi immédiate entre ce bad boy et cette étudiante sérieuse, qui devraient pourtant se comporter comme frère et sœur …

« La dose n'est jamais assez forte, c'est de pire en pire, et je suis conscient de ma situation. Je ne veux pas me soigner ; mon ultime but est de prendre autant de doses et de drogues qu'il faudra pour ne plus jamais me relever. » Ryan n’est jamais sobre ; alcool et drogues diverses font partie de son quotidien, voire même de sa trousse de secours « spécial mal de vivre ». Impossible de trouver la sérénité sans se shooter.

« Montrer ses émotions, c'est révéler ses faiblesses et pour ça, je sais parfaitement comment faire, être exécrable. » Ryan aime sa solitude. Il l’entretient grâce à un caractère bagarreur et un sens de la répartie assassin. Lise n’y échappera pas. Pas question pour eux de faire comme s’ils étaient frère et sœur, ni même amis. Et pourtant ils s’attirent l’un l’autre comme deux aimants.

« On dit souvent que c'est le cœur qui choisit et pas notre cerveau la personne avec qui on finira notre vie. Ayant toujours été convaincue que c'est ma tête qui primerait, aujourd'hui je n'en suis plus très certaine. » Lise se retrouve très rapidement désarçonnée par ses sentiments envers Ryan. S’il refuse de jouer le rôle de frère, il est évident que ce qu’il ressent pour la jeune fille est tout autre qu’un sentiment fraternel. Comment faire pour entamer une relation sereine dans un tel cadre ?

Au final, une romance originale par la particularité des relations entre les principaux protagonistes et leur personnalité. La plume est fluide et les chapitres courts font que la lecture va très vite. Par contre, quelques longueurs et erreurs sémantiques alourdissent parfois le récit. Mais dans l’ensemble, l’intrigue est très intéressante ; surtout en ce qui concerne les non – dits du passé de Ryan. A découvrir. 

dimanche 12 janvier 2025

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker (Editions de Fallois, 09/2012)


 

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker (Editions de Fallois, 09/2012)

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Encore un succès littéraire que j’ai rechigné à lire pour d’obscures raisons… Je me rends compte que je me méfie souvent des écrivains au succès fulgurant. J’en ignore la raison, mais petit à petit, je rattrape mon retard en best- sellers !

« - Et comment sait-on que l'on est écrivain, Harry ?
- Personne ne sait qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent. »
Ce roman, c’est avant tout l’histoire de deux écrivains qui se posent des questions sur le pouvoir des mots, et les valeurs liées à l’acte d’écrire, notamment quand on s’inspire de la réalité.

« J'avais à peine trente ans et avec ce livre, qui était seulement le deuxième de ma carrière, j'étais devenu l'écrivain le plus en vue du pays.
L'affaire qui agitait l'Amérique, et dont j'avais tiré l'essence de mon récit, avait éclaté quelques mois plus tôt, au début de l'été, lorsqu'on avait retrouvé les restes d'une jeune fille disparue depuis trente- trois ans. »
Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, souffre du syndrome de la page blanche. C’est en allant aider son ancien professeur, devenu ami, Harry Quebert, que va émerger la nécessité d’écrire, de relater l’incroyable histoire d’amour entre son mentor et une jeune fille de quinze ans, mystérieusement disparue puis retrouvée assassinée et enterrée.

« Lorsque, au cœur de la nuit, j'eus terminé de le relire, je m'arrêtai longuement sur le titre. Et pour la première fois je m'interrogeais sur sa signification : pourquoi "Les Origines du mal" ? De quel mal Harry parlait-il ? » Le plan de Marcus, qui consiste à remonter le fil de l’histoire entre Harry et Nola pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Va s’ensuivre un imbroglio de situations improbables mêlant divers personnages de la petite ville d’Aurora, dans le New Hampshire.

Au final, un récit foisonnant dans lequel le lecteur est littéralement absorbé tant par la qualité de l’écriture que par l’intérêt porté à l’enquête. Les personnages de Marcus et Harry sont particulièrement attachants. J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et je compte bien découvrir les autres livres de Joël Dicker.

samedi 4 janvier 2025

Un jour tu paieras, Pétronille Rostagnat (Black Lab, 01/2020)


 

Un jour tu paieras, Pétronille Rostagnat (Black Lab, 01/2020)

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Une adolescente retrouvée inconsciente dans un fossé, un brillant étudiant en médecine accusé d’un double meurtre, une avocate au passé trouble qui cherche l’affaire qui la rendra célèbre. Voici les trois principaux ingrédients de cette enquête policière, rédigée avec brio par Pétronille Rostagnat.

« Arnaud ne contrôlait plus ses membres depuis une trentaine d'heures, depuis l'instant où il avait compris qu'Océane, sa fille de seize ans, son unique enfant, avait disparu. » Arnaud et Marie sont affolés quand ils constatent que leur fille, Océane, n’est pas rentrée d’une soirée. L’adolescente est pourtant sérieuse et ils leur accordent toute leur confiance. Quand elle est retrouvée quelques heures plus tard, blessée dans un fossé et plongée dans le coma, leur univers s’écroule.

« Moi, la vérité, je m'en contrefous. Je ne suis pas là pour la vérité, je suis là pour vous sortir de ce merdier. Pour cela, il faut une histoire à raconter, un truc qui se tienne, qui soit crédible. Donnez- moi un début de piste que je puisse broder la suite. » Pauline Carel est une jeune avocate, prête à défendre ses clients toutes dents dehors, du moment qu’elle gagne chacun de ses procès. Mais attention à la femme brisée qui sommeille sous ses aspects de femme forte que rien n’affecte…

« - Je ne vous ai pas menti... Je ne vous ai pas tout dit, c'est différent... » Voilà une citation extraite d’une fin de chapitre, chose que j’adore chez Pétronille Rostagnat : chaque personnage préserve une part d’ombre de son vécu et le lecteur n’en découvre le contenu que de manière parcimonieuse.

Au final, une écriture toujours addictive et une intrigue qui mène son lecteur par le bout du nez au fur et à mesure des révélations – souvent incroyables et inattendues – des personnages, auxquels on ne peut que s’attacher. J’ai adoré et je vais continuer à lire tous les romans de cette auteure !

vendredi 3 janvier 2025

Les carnets de l’apothicaire, tome 1, Itsuki Nanao & Nekokurage (Ki- Oon, 01/2021)

 



Les carnets de l’apothicaire, tome 1, Itsuki Nanao & Nekokurage (Ki- Oon, 01/2021)

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Depuis le temps que j’entends parler de cette saga, je me suis enfin décidée à en lire le premier tome ! Effectivement, c’est une histoire originale, bien dessinée et plaisante à lire. Mao Mao, 17 ans, apprentie apothicaire, est enlevée et vendue comme servante dans le quartier des femmes du palais impérial. Que va-t-elle y devenir ?

« Quand j'étais apothicaire, pour élaborer de nouveaux remèdes, je m'infligeais des blessures qui en auraient fait pâlir plus d'un. » Mao Mao est une experte en remèdes antipoison et en élaboration de remèdes. Ses talents vont rapidement être mis à contribution, notamment auprès de la favorite de l’empereur…

Au final, un tome de départ qui donne envie d’en apprendre plus sur les personnages de Mao Mao et de Jinshi et sur la suite des événements qui se sont déroulés là au cœur du palais. A suivre…

jeudi 2 janvier 2025

La femme gelée, Annie Ernaux (Gallimard, 04/1987)


 

La femme gelée, Annie Ernaux (Gallimard, 04/1987)

💓💓💓💓

Nouvelle année, je reprends ma lecture des œuvres d’Annie Ernaux dans l’ordre chronologique (bon, ce n’est que le troisième !). Après l’enfance et l’adolescence, nous retrouvons l’auteure en tant que lycéenne, puis étudiante, jeune mariée et maman, et enfin prof. Un récit autobiographique qui emprunte par moment à la fiction mais qui représente avant tout une certaine réflexion sur la place de la femme dans la société de l’après- guerre.

« Plus que ma grand- mère, mes tantes, images épisodiques, il y a celle qui les dépasse de cent coudées, la femme blanche dont la voix résonne en moi, qui m'enveloppe, ma mère. Comment, à vivre auprès d'elle, ne serais-je pas persuadée qu'il est glorieux d'être une femme, même, que les femmes sont supérieures aux hommes. » La narratrice a grandi entourée de femmes fortes et indépendantes. Ses propres parents l’ont poussée dans cette voie, la dispensant de la moindre tâche ménagère et l’encourageant à suivre des études pour toujours être indépendante.

« Parmi toutes les raisons que j'avais de vouloir grandir il y avait celle d'avoir le droit de lire tous les livres. » La jeune fille nourrit un amour grandissant de la lecture et de la littérature, cherchant dans les ouvrages de véritables leçons de vie. De là nait sa vocation de de venir enseignante. Mais la rencontre de l’homme qui semble lui convenir, l’arrivée d’un bébé et les contraintes de la vie maritale l’éloignent des études et du concours tant convoité…

« Je ne suis pas prof, je ne serai jamais prof, mais une femme- prof, nuance. » La réussite au concours permet à la jeune femme de se targuer d’avoir un métier elle aussi, et de ne plus être aussi disponible pour les tâches ménagères. Hélas, notre narratrice ne peut que faire le constat d’être une femme « gelée » dans sa routine lassante.

Au final, un récit âpre, qui dit la difficulté- voire l’injustice- de naître femme dans un monde où tout est fait pour faciliter la vie des hommes. Avons- nous évolué en 2025 ? Pas sûr….