dimanche 18 mai 2025

Recherche Lily désespérément, Carène Ponte (Fleuve éditions, 04/2025)


 

Recherche Lily désespérément, Carène Ponte (Fleuve éditions, 04/2025)

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Quand l’humeur est morose, Carène Ponte est la meilleure pour nous permettre de retrouver le sourire. Son regard clairvoyant sur les défauts de la société actuelle et son humour distillé à coups de répliques ironiques et de notes de bas de page hilarantes représentent la meilleure marque de fabrique de cette auteure que je suis maintenant depuis plusieurs années.

« Les mots se chevauchent et se mélangent. Et puis, soudain, tout s'éclaire. Je sais comment l'information de la mort de Shannen Doherty, premier contact entre mon cerveau et le monde ce matin au réveil, va avoir une influence sur ma journée. » Le récit commence sur le réveil de Lily, perturbée par le décès de Shannen Doherty, actrice de sitcoms ayant égayé ses soirées d’adolescente. Elle sent que cette mauvaise nouvelle va affecter sa journée, mais elle ne sait pas encore à quel point…

« Je suis impressionnée par le nombre d'adeptes de ce type de voyage solitaire. On dirait que c'est un peu comme pour la Rolex, si à cinquante ans tu n'as pas fait de retraite spirituelle, tu as raté ta vie. Ce qui ressort en premier dans tout ce que j'ai pu lire, c'est l'importance du lieu. » Lily, fortement influencée par les réseaux sociaux, se lance dans le projet partir en retraite spirituelle dans un lieu écarté afin de se retrouver. Ce qu’elle va trouver à Val- Flore- les- Bains va la décontenancer et bouleverser sa vie bien plus qu’elle ne le pensait…

Au final, un roman qui a rempli sa mission de me faire sourire, parfois même rire, tout en ciblant un phénomène de société délétère ; le culte de l’apparence promulgué par les réseaux sociaux. J’adore la plume de Carène Ponte, ses idées, sa bonne humeur communicative. 

samedi 17 mai 2025

Le cercle des mensonges, Céline Denjean (Pocket, 03/2022)


 

Le cercle des mensonges, Céline Denjean (Pocket, 03/2022)

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Quel polar captivant et intelligent ! L’auteure noue habilement deux enquêtes pour un finish qui en inclue une troisième liée à l’un de ses romans précédents (Le Cheptel). J’ai été totalement embarquée aux côtés d’Eloïse Bouquet, gendarme que j’ai eu plaisir à retrouver, et le Zèbre, policier avec qui elle va devoir collaborer.

« Je me rends compte que j'observe mes mains d'assassin avec une sorte d'effroi et de fascination. J'ai frotté mon corps, j'ai brossé mes ongles, j'ai nettoyé chaque particule de ma peau mais le sang est là. Ineffaçable. » Les chapitres consacrés aux deux enquêtes sont entrecoupés de confessions des criminels y ayant agi, ce qui donne une certaine épaisseur au récit. J’ai trouvé ce procédé très intelligent et instructif sur la psychologie des meurtriers.

« Non seulement, elle avait été témoin d'un meurtre abject, mais, en plus, cet assassinat concernait la famille politique française ! » Le point de départ du roman réside dans la disparition d’un jeune étudiant : il aurait chuté du toit d’un immeuble en construction. Ce qui va d’abord s’apparenter à un suicide pour les policiers va être remis en question par l’oncle du jeune homme, qui est influent du fait de son statut de ministre des Finances.

« Anne Poey était de loin la criminelle la plus organisée qu'elle ait jamais rencontrée. Pousser l'anticipation et la précaution si loin relevait d'une véritable ingénierie du crime. » Eloïse, elle, va enquêter sur le meurtre d’une universitaire qui semble bien sous tous rapports. Mais en parallèle, elle ne lâche pas l’affaire « Anne Poey », la meurtrière agissant dans Le Cheptel, qui avait ôté la vie à son compagnon, Jean- Marc. L’heure de la vengeance va-t-elle enfin arriver ?

Au final, une histoire dense mais qui se déroule tambour battant ; on ne s’ennuie pas une seconde tellement les événements et les retournements de situation s’enchainent. Un excellent polar !

mercredi 7 mai 2025

L’Iguane, Carlo Lucarelli (Métailié, 03/2025)

 



L’Iguane, Carlo Lucarelli (Métailié, 03/2025)

💙💙💙💙

Cap sur Bologne, en Italie. Grazia Negro, enquêtrice de police, vient à peine d’accoucher qu’on l’emmène, avec ses petites à peine nées dans une villa secrète très protégée. La raison ? « L’Iguane », tueur en série qu’elle a jadis arrêté, vient de s’enfuir de l’établissement psychiatrique dans lequel il était retenu.

« Le Loup- Garou, le Pitbull, le Chien, l'Iguane, elle en avait un plein zoo, et même si, une fois pris, elle les oubliait, c'étaient justement les émotions de la chasse qui restaient en elle. » Grazia Negro a déjà enquêté sur plusieurs affaires de tueurs en série. C’est ici le troisième tome de ses enquêtes et j’avoue que, même si cette histoire peut se lire indépendamment des autres, j’ai regretté de ne pas avoir lu les deux premiers pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de ces retrouvailles avec celui que l’on surnomme « L’Iguane », ainsi que la relation nouée jadis avec Simone.

« La peur me couvre les bras de frissons qui brûlent, serrés comme des nœuds.
Il y a quelqu'un dans le silence de ma salle obscure.
Quelqu'un.
Ou quelque chose. »
Un tueur rode. Il tourne autour des protagonistes de l’histoire. Il est discret, telle une petite souris qui se cache dans un coin pour vous espionner en toute tranquillité pour mieux vous mordre si vous l’approchez.

Au final, un thriller à l’atmosphère lourde et angoissante. Les soupçons se portent sur les divers protagonistes que l’on rencontre au fil des pages, d’autant plus que le récit est polyphonique. Et puis, en tant que mère, la présence de ces petites filles à peine nées représente un sacré degré de suspense ! Une découverte intéressante !

lundi 5 mai 2025

La fugue, Aurélie Valognes (J- C Lattès, 03/2025)

 


La fugue, Aurélie Valognes (J- C Lattès, 03/2025)

Crise de la quarantaine ou fuite nécessaire à la survie ? Inès, un beau matin, fait sa valise et roule, roule, roule, jusqu’au bout de la terre, un patelin en bord de mer dans le Finistère. Partir, quitter son quotidien dans lequel elle se sentait enfermée, était la seule solution, la seule issue de secours.

« "Nina & Simone". Tout de suite, j'y ai vu un signe. Une femme talentueuse qui en a bavé avant d'être libre. » Inès se raccroche à des références féminines de la littérature ou de la musique. En effet, ce roman est essentiellement féminin. On y rencontre des femmes célèbres au destin inspirant, mais aussi des femmes de fiction tout aussi marquantes par leur détermination.

« Car c'est fini de subir, de tolérer, d'encaisser, d'être à terre. Les autres ne se pensaient grands que parce que j'étais à genoux. Mais aujourd'hui, je me redresse. » Inès a trouvé son refuge, sa maison, son « lieu à elle » où elle va enfin se réaliser, se retrouver, être en accord avec elle- même.

« Certains rêvent leur vie et d'autres vivent la vie de leur rêve. » Inès va rencontrer d’autres femmes singulières, qui, comme elle, ont un jour assumé de ne plus être celles que les autres façonnaient.

Au final, un roman sur la renaissance d’une femme brisée, mais aussi sur la sororité, cet élan entre femmes qui osent défier les convenances et écouter leurs propres envies. J’ai beaucoup aimé les références littéraires et philosophiques, ainsi que les réflexions qui m’avaient séduite dans « La Lignée », mais quelques incohérences m'ont agacée (le frigo vide, la musique qui résonne puis l'absence de réseau...). Emouvant et inspirant malgré tout.

jeudi 1 mai 2025

La psy, Freida McFadden (J'ai lu, 04/2025)


 

La psy, Freida McFadden (J'ai lu, 04/2025)

💟💟💟💟

Après les tomes 1 et 2 de « La Femme de ménage », il fallait absolument que je me plonge dans « La psy ». Un véritable plaisir que de retrouver la plume de l’auteure (même traduite) ! Et que de nœuds au cerveau pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants de l’intrigue. Encore une fois, je n’ai rien vu venir…

« Je n'ai jamais ressenti ça. Pas une fois dans les dizaines de maisons vides que nous avons visitées au cours des deux derniers mois. Je n'ai jamais éprouvé un sentiment aussi fort.
Il s'est passé quelque chose de terrible dans cette maison. »
Tricia et Ethan viennent de se marier et ils sont à la recherche d’une maison où s’installer pour fonder une petite famille. Les voilà en route pour la visite d’un manoir alors qu’une tempête de neige se lève. Arrivés sur place, ils n’auront d’autre choix que de rester passer la nuit dans cette demeure que Tricia trouve terrifiante. En effet, il s’agit de la maison dans laquelle Adrienne Hale, psychiatre connue pour le succès de ses livres, a disparu.

« Je ne suis pourtant pas une fouineuse, j'ai juste une curiosité tout ce qu'il y a de naturelle. Y a-t-il quelque chose de mal à ça ? » Alors que notre jeune couple cherche à passer au mieux cette nuit dans la demeure, Tricia trouve une pièce secrète qui renferme tous les enregistrements des séances de la psychiatre. Que vont- ils lui révéler ?

« Je crois que tout être humain est capable de faire des choses terribles si on le pousse à bout. » Les allers- retours entre le présent de Tricia et le passé d’Adrienne permettent d’avoir accès aux réflexions des deux femmes. La psychiatre s’était fait une spécialité de la thérapie des troubles liés à la peur et au mensonge.

Au final, un roman dévoré en peu de temps, qui m’a emportée vers une recherche urgente de la vérité. Bien des secrets vont être révélés dans les dernières pages, même si j’ai trouvé la résolution de l’intrigue un peu rapide et un chouïa décousue. Mais ce n’est que mon avis.