Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon (Editions du sous- sol, 02/2025)
😮😮😮😮
Pour un premier livre,
Adèle Yon s’est appuyée sur sa crainte personnelle de devenir folle et ses
recherches universitaires au sein du laboratoire SACRe ; lesquelles aboutiront
à ce récit qui constitue sa thèse de doctorat. Un récit glaçant qui va au- delà
de l’exploration d’un cas de schizophrénie identifié dans l’histoire familiale.
« Ce que je veux savoir, moi, c'est si mon arrière- grand- mère
était schizophrène comme on le dit. Ce que je veux savoir, moi, c'est s'il y a
un risque, pour moi et toute ma descendance jusqu'au siècle des siècles. »
La narratrice se
trouve entre deux relations amoureuses, entre deux orientations
professionnelles, et elle se sent perdre la tête. Etant donné que son arrière-
grand- mère prénommée Betsy avait été diagnostiquée schizophrène, elle se
demande si la « folie » n’est pas une maladie héréditaire.
« Il est aisé de penser, maintenant qu'un homme est mort, mais
pourtant si juste, que cette histoire ne pouvait mener qu'à ce point précis,
qu'il fallait un corps d'un bond soit jeté en chute libre pour remplacer un
autre corps, emporté par des hommes en blanc un autre matin de janvier
soixante- dix ans plus tôt. » Le récit commence par le suicide d’un homme de la
famille, l’un des fils de Betsy. On comprend très vite que dans cette famille
nombreuse appartenant à la bourgeoisie, il y a de nombreux non-dits et que ceux-
ci ont généré une longue série de souffrances. En silence.
« Je me demande s'il n'y a pas quelque chose de l'ordre de la lignée
de femmes, qui est tellement violentée qu'il n'est pas anodin d'être femme dans
cette famille. » La narratrice remonte le fil des souvenirs des membres de la famille autour
de Betsy. Les rencontres sont retranscrites entre les écrits narratifs, ainsi
que les compte- rendus médicaux que l’auteure a retrouvés en fouillant les
archives des hôpitaux psychiatriques. On en apprend ainsi énormément sur la
lobotomie et son utilisation abusive, notamment sur les femmes…
Mais ce qui ressort le plus, c’est le constat effarant de la maltraitance envers les femmes qui manifestaient le moindre désir d’indépendance. Pour elles, impossible d’exister par autre chose qu’un mari et des enfants. Et l’histoire d’Adèle Yon ne date pas d’un siècle : Elisabeth est décédée en 1990. Un livre choc et utile.
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