lundi 7 juillet 2025

Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon (Editions du sous- sol, 02/2025)

 



Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon (Editions du sous- sol, 02/2025)

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Pour un premier livre, Adèle Yon s’est appuyée sur sa crainte personnelle de devenir folle et ses recherches universitaires au sein du laboratoire SACRe ; lesquelles aboutiront à ce récit qui constitue sa thèse de doctorat. Un récit glaçant qui va au- delà de l’exploration d’un cas de schizophrénie identifié dans l’histoire familiale.

« Ce que je veux savoir, moi, c'est si mon arrière- grand- mère était schizophrène comme on le dit. Ce que je veux savoir, moi, c'est s'il y a un risque, pour moi et toute ma descendance jusqu'au siècle des siècles. » La narratrice se trouve entre deux relations amoureuses, entre deux orientations professionnelles, et elle se sent perdre la tête. Etant donné que son arrière- grand- mère prénommée Betsy avait été diagnostiquée schizophrène, elle se demande si la « folie » n’est pas une maladie héréditaire.  

« Il est aisé de penser, maintenant qu'un homme est mort, mais pourtant si juste, que cette histoire ne pouvait mener qu'à ce point précis, qu'il fallait un corps d'un bond soit jeté en chute libre pour remplacer un autre corps, emporté par des hommes en blanc un autre matin de janvier soixante- dix ans plus tôt. » Le récit commence par le suicide d’un homme de la famille, l’un des fils de Betsy. On comprend très vite que dans cette famille nombreuse appartenant à la bourgeoisie, il y a de nombreux non-dits et que ceux- ci ont généré une longue série de souffrances. En silence.

« Je me demande s'il n'y a pas quelque chose de l'ordre de la lignée de femmes, qui est tellement violentée qu'il n'est pas anodin d'être femme dans cette famille. » La narratrice remonte le fil des souvenirs des membres de la famille autour de Betsy. Les rencontres sont retranscrites entre les écrits narratifs, ainsi que les compte- rendus médicaux que l’auteure a retrouvés en fouillant les archives des hôpitaux psychiatriques. On en apprend ainsi énormément sur la lobotomie et son utilisation abusive, notamment sur les femmes…

Mais ce qui ressort le plus, c’est le constat effarant de la maltraitance envers les femmes qui manifestaient le moindre désir d’indépendance. Pour elles, impossible d’exister par autre chose qu’un mari et des enfants. Et l’histoire d’Adèle Yon ne date pas d’un siècle : Elisabeth est décédée en 1990. Un livre choc et utile.

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