dimanche 28 avril 2024

Le jour où tu as fait renaître mon cœur de cendres, Christelle Muller (Auto- édition, 07/2020)


 

Le jour où tu as fait renaître mon cœur de cendres, Christelle Muller (Auto- édition, 07/2020)

🔥🔥🔥🔥🔥

C’est le troisième roman de Christelle Muller que je lis, et comme les fois précédentes, je suis tombée sous le charme de son écriture, de son histoire et de ses personnages.

« Un jour, une fille a cru qu'elle pourrait le sauver. Elle s'est heurtée à la terrible évidence : on ne peut rien faire avec des cendres. Elle en a souffert, pas lui. » Matthieu est pompier professionnel. Sa vie a été brisée le jour où l’amour de sa vie a péri brutalement, et par sa faute, il en est persuadé. Depuis, il cherche sa rédemption

« Rien ne semble la décourager. Comme rien ne semble entacher sa bonne humeur. Elle arbore en permanence une sorte de petit sourire heureux. » Julie, maladroite de naissance, fait régulièrement appel aux pompiers. Son petit- ami, Dimitri, en est d’ailleurs agacé. Heureusement, son amie Chelsea est là pour la réconforter à chaque coup dur. Mais voilà qu’un des pompiers de service, Matt, va lui porter secours plus d’une fois…

Au final, j’ai adoré cette romance mettant en scène deux personnages à la recherche d’une seconde chance sentimentale. Je me suis énormément attachée à Julie et Matt, avec leur personnalité, faite de forces et de faiblesses. Et puis j’ai vraiment aimé recroiser Nick et Elvis ! Une bien belle histoire !

Le Médecin malgré lui, Molière (1666)


 

Le Médecin malgré lui, Molière (1666)

💟💟💟💟

Une pièce courte parfaite pour entrer dans l’œuvre de Molière. On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait sa renommée : les coups de bâton, la satire de la médecine de l’époque, et l’utilisation pertinente de la ruse, l’arme des plus simples pour se jouer des bourgeois.

« Peste soit le coquin de battre ainsi sa femme. » La pièce s’ouvre sur une dispute entre un mari et sa femme. Très vite, les coups de bâton pleuvent sur la pauvre épouse. Alors qu’un voisin intervient, le couple l’envoie promener vertement ! Stupéfaction. Rires !

« Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d'un mari. Mais c'est une punition trop délicate pour mon pendard : je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir, et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue. » Le vocabulaire fleuri de Molière est un régal à chaque réplique !

Au final, une pièce aux multiples rebondissements, qui fait réfléchir aux relations entre les personnages, et qui fait rire grâce à plusieurs quiproquos.

lundi 22 avril 2024

Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)


 

Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)

💭💭💭

Le dernier roman d’Aurélie Valognes m’a donné très envie de me replonger dans l’œuvre d’Annie Ernaux, plusieurs fois citée. J’ai choisi une œuvre d’adolescence, un récit d’à peine 150 pages, qui dévoile une fois encore la conscience éclairée de la romancière, qui sentait depuis l’enfance qu’elle n’appartenait pas au monde social de ses parents.

« J'ai pensé qu'elle avait changé depuis qu'elle avait quitté le travail à l'usine textile, ça doit être ça le progrès social, l'ordre, dommage qu'il n'y ait pas eu de progrès dans sa conversation. » Anne, double d’Annie, observe énormément sa mère, seul modèle féminin à sa disposition immédiate. Tout en elle la rebute, malgré leur proximité. Dans le regard de l’adolescente, il y a déjà deux figures féminines : celui de la mère et celui de la femme. La première la rassure tout en l’agaçant, mais la deuxième la dégoûte. Une dichotomie difficile à assumer…

« N'ont que leur certificat d'études mais mille fois plus chiants là- dessus que les parents de Céline, ingénieurs, quelque chose comme ça, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas besoin de hurler, ils sont l'exemple vivant de la réussite, tandis que les miens qui sont ouvriers, il faut que je sois ce qu'ils disent, pas ce qu'ils sont. » Anne ne sera pas comme ses parents ; ouvrière à 14 ans. Les professeurs lui ont trouvé des capacités à poursuivre ses études, et en ce mois de juillet, la voilà qui se « repose » du B.E.P.C., en attente d’intégrer un lycée.

« S'il y avait eu un autre moyen pour connaître des garçons intéressants, je m'en serais bien passée de l'amitié. » Il fait chaud durant cet été- là, et Anne, comme quelques- unes de ses amies, a envie de découvrir le corps d’un garçon, de vivre les émotions exprimées à demi- mots dans « Femmes d’aujourd’hui ».

Au final, un récit d’autofiction fidèle au style d’écriture d’Annie Ernaux. Phrases courtes, non verbales ; idées lancées comme elles viennent. Et malgré tout, un rythme. Mais ce texte manque clairement de maturité et se montre répétitif. Pas le meilleure de l’auteure, mais à lire pour avoir une vision plus globale de l’œuvre littéraire de notre Prix Nobel 2022.

samedi 20 avril 2024

Les sortilèges de Zora, tome 1 : Une sorcière au collège, Judith Peignen & Ariane Delrieu (Vents d'ouest, 04/2021)



 Les sortilèges de Zora, tome 1 : Une sorcière au collège, Judith Peignen & Ariane Delrieu (Vents d'ouest, 04/2021)

❤❤❤❤

Une bande dessinée toute colorée très agréable à lire. Zora est un personnage dynamique à laquelle les collégiennes actuelles devraient s’identifier.

« Te voilà une jeune fille comme les autres, prête à aller au collège... La première de la famille à intégrer le monde des nonsorciers...
A 12 ans, il est temps. Je t'assure, sorcière n'est pas un métier d'avenir... »
Zora est furieuse ; sa grand- mère l’oblige à aller au collège avec les « nonsorciers », en lui jetant un sort l’empêchant d’utiliser ses pouvoirs. Or, l’adolescente adore utiliser la magie.

« Mais rassure- toi, à Paris, nous sommes sous la protection de la tour Saint -Jacques.
Au sous- sol, se trouve une bibliothèque interdite. Elle agirait comme un méga- talisman pour nous autres, sorcières. »
Au bout de quelques jours au collège, Zora va faire la connaissance d’une autre élève qui cache elle aussi son statut de sorcière. Une complice en perspective ?

Un début d’histoire qui laisse présager des tomes intéressants. Les pages du grimoire de Zora vont intéresser les adolescents intéressés par l’univers de la magie. 

vendredi 19 avril 2024

La Lignée, Aurélie Valognes (Fayard, 02/2024)


 

La Lignée, Aurélie Valognes (Fayard, 02/2024)

💘💘💘💘💘

Je ressors très émue de cette lecture particulière. Même si le texte est fictif, il ne ressemble pas à un roman ordinaire, par sa forme épistolaire, et puis par son thème, l’écriture, et plus particulièrement l’écriture au féminin et les bouleversements que cette activité engendre tant dans la sphère familiale que dans le regard de la société, à vingt ans d’écart.

« Lire, ce n'est pas un état d'esprit, c'est un état d'espoir. Une génération qui lit est une génération qui pense, réfléchit, questionne le monde, doute, écoute, veut comprendre, est prête à changer d'avis, respecte les différences, montre de l'empathie et de la sensibilité. » La première lettre est rédigée par Louise, dix ans. Elle s’adresse à son auteure favorite, Madeleine, lui avouant son souhait de devenir elle aussi romancière. L’écrivaine, après avoir connu le succès, vit recluse au bout de la Bretagne, seule avec son chien, son jardin et la mer à ses pieds. Elle va sortir de sa solitude en répondant à chacune des lettres envoyées par Louise, et suivre peu à peu l’émergence de cette nouvelle auteure.  

« Une femme qui lit est une femme dangereuse, une femme qui réfléchit est une femme dangereuse, alors une femme qui écrit... Oui, c'est dangereux. Dangereux parce qu'on ne maîtrise pas la réaction des autres et que cela se répercute dans notre vie. » Le quotidien de Louise va profondément être bouleversé par l’obsession de l’écriture. S’invite alors un regard sur la place des femmes dans le milieu littéraire. Longtemps cachées, « anonymées », elles se retrouvent encore trop souvent assignées aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Pour une femme, vouloir écrire à tout prix, c’est encore aujourd’hui au prix de nombreux sacrifices et source de lourds préjugés.

Au final, un récit très bien écrit, cohérent entre les deux univers. Le vécu des deux protagonistes se confronte au regard de leurs vingt années d’écart. Pourquoi est - il encore si compliqué pour une femme d’intégrer l’univers de l’écriture contemporaine ? Outre cette réflexion à deux voix, j’ai été très émue par certains passages. Un coup de cœur pour moi, que je relirai volontiers. 

Le goût des fraises, tome 2, Irono (Kurokawa, 04/2024)



Le goût des fraises, tome 2, Irono (Kurokawa, 04/2024)

🍓🍓🍓🍓🍓

Quel plaisir de retrouver Sara et Minori ! Entre deux récoltes de fraises, leurs sentiments amoureux sont nés et ont doucement évolué mais la différence d’âge entre les deux les retient. S’avoueront-ils enfin leur amour dans ce tome ?

« T'attends quoi au juste ? Il est beau garçon, si tu te dépêches pas, quelqu'un va finir par te passer devant... » Mori, le papy de Sara, hospitalisé dans le tome 1, revient s’occuper de ses serres. Sara peut donc reprendre l’esprit tranquille, le chemin vers la fac. Mais la reprise des études va l’éloigner de son beau Minori, qui, lui, est récoltant de fraises à l’année dans l’entreprise familiale. Mori, qui a vu clair dans son attrait pour Sara, décide de le bousculer un peu…

« Le fait que je risque de te voir encore moins à l'avenir... m'insupporte Sara... » Un jour, Minori prend son courage à deux mains, invite Sara à dîner et lui confie enfin – à moitié – ses sentiments.

Mais voilà que l’auteure décide de nous présenter un autre couple avant de nous révéler si oui ou non, Sara et Minori sont tombés dans les bras l’un de l’autre ! La suite ! Viiiiite !

jeudi 18 avril 2024

The blue flowers and the ceramic flowers, Yuki Kodama (Mangetsu, 02/2024)


 

The blue flowers and the ceramic flowers, Yuki Kodama (Mangetsu, 02/2024)

💙💙💙💙💙

Un second tome qui tient toutes les promesses du précédent ; on y retrouve la délicatesse des traits et la sensibilité des personnages qui œuvrent ensemble dans l’un des ateliers de poterie de la ville de Hasami. Si Aoko, peintre sur céramique, y travaille depuis un petit moment, étant native de la ville, Tatsuki, tourneur, vient d’arriver pour réapprendre les bases de la poterie.

« Tu dis ça... parce que c'est difficile pour toi de sympathiser avec eux... en sachant que tu ne comptes pas rester plus d'un an ? » Aoko est très sociable, et elle ne comprend pas que Tatsuki soit si renfermé, si solitaire. D’autant plus qu’elle a pu voir sur la tablette de celui- ci une photo de lui souriant et heureux.

« Tu es encore plus stupide que je le pensais. » Alors qu’elle tente de percer la carapace de son nouveau collègue, Aoko se prend cette réflexion terriblement humiliante…

« Ce motif est parfait parce que c'est toi qui l'as imaginé, Aoko... » Et puis quelques temps plus tard, dans le cadre d’un concours interne à leur atelier, dans lequel on leur demande de faire équipe, Tatsuki sort ces paroles plus que tendres. Que se passe-t-il ?

Au final, un deuxième tome dans lequel on voit nos deux protagonistes évoluer, et qui laisse le lecteur sur sa faim ! Heureusement que le tome 3 vient tout juste de sortir !

mercredi 17 avril 2024

Into the woods, Amélie C. Astier & F.V. Estyer (Auto- édition, 12/2023)

 



Into the woods, Amélie C. Astier & F.V. Estyer (Auto- édition, 12/2023)

🌳🌳🌳🌳

J’ai adoré l’idée de départ de cette nouvelle ; à savoir le fait que les deux autrices, en tant que bêta- lectrice l’une de l’autre, aient décidé d’unir les personnages de leurs derniers romans, "Deadly Funeral" et "The Beauty of the Beast" au cœur d’un récit écrit à quatre mains !

« Si Baron a déjà eu un aperçu de mon côté aventurier et intrépide, il le vit pleinement depuis que nous avons posé le pied sur le sol américain. C'est assez amusant de voir un homme avec tant de manière que Baron s'adonner à des activités à sensations fortes, lui qui est plutôt adepte de l'Opéra et de la peinture en guise de passe- temps. » Baron et Leighton ont quitté l’Ecosse pour pratiquer l’urbex aux Etats- Unis. Le hasard fait que la maison qu’ils envisagent de visiter est la demeure de Damian et Viktor !

« Grâce à lui, je suis parvenu à dompter la partie la plus vile de moi, à ne pas laisser la bête s'échapper et tout ravager. C'est un effort de chaque instant, de maîtriser ma soif de sang. » Il est vrai que Viktor et Leighton sont tombés amoureux de personnages hors norme, entre le descendant d’un tueur en série et un être bestial maudit !

« C'est étrange comme les gens de la même.. espèce se repèrent. Comme si nos instincts retrouvaient chez l'autre les mêmes sentiments qui nous habitent. » Ces quelques heures passées ensemble vont être l’occasion de révélations… et d’expériences inédites.

Au final, une nouvelle qui nous permet de replonger dans les univers des deux auteures le temps d’une rencontre « clin d’œil » !

L’ombre d’Adeline, H.D. Carlton (Roncière, 03/2024)


 

L’ombre d’Adeline, H.D. Carlton (Roncière, 03/2024)

🌹🌹🌹🌹🌹

Lire ce roman a été une étrange expérience. Les personnages sont très complexes, psychologiquement parlant, et il est difficile d’adhérer à leurs réactions et donc de s’y attacher, voire de s’identifier à l’un ou l’autre. L’intrigue, elle, est foisonnante, car elle prend plusieurs axes : la relation d’Adeline avec son « ombre » (son harceleur, en fait), ses recherches sur l’assassinat mystérieux de son arrière- grand- mère, et les missions de Zad dans le milieu de la pédocriminalité. Une lecture dense, mais envoûtante.

« Avec l'orage qui menace en arrière- plan, le manoir Parsons ressemble à une scène sortie tout droit d'un film d'horreur. J'aspire ma lèvre inférieure entre mes dents, incapable de retenir le sourire qui se forme sur mon visage.
J'adore ça. »
Adeline est une jeune auteure à succès qui a décidé d’emménager dans le manoir ayant appartenu à son arrière – grand- mère, Gigi. Les fantômes qui font grincer les murs de la demeure ne lui font pas peur. Au contraire, elle aime être effrayée. C’en est même pathologique.

« Les cris de douleur qui se répercutent sur les murs de ciment deviennent un tantinet agaçants.
Parfois, ça craint d'être le hackeur ET le tueur à gages. Putain, j'aime vraiment blesser des gens, mais ce soir, je n'ai aucune foutue patience pour ce trou du cul pleurnichard.
Et habituellement, j'ai la patience d'un saint.
 » Zad dirige une société secrète qui démantèle les trafics d’êtres humains. Cet homme imposant et balafré peut facilement passer pour un monstre. La torture est son quotidien. Et pourtant, même s’il semble sorti tout droit des Enfers, il agit pour le bien.

Nos deux protagonistes vont se heurter l’un à l’autre. Avec de telles personnalités, difficile de raconter une romance tendre et douce ! Et c’est assez bluffant de constater que l’auteure réussit tout de même à créer une forme d’entente entre les deux ! Et que dire du retournement de situation final ?! Vivement le tome 2 !

dimanche 14 avril 2024

Calamity Jane, tome 1 : La fièvre, Adeline Avril (Delcourt, 10/2021)


 

Calamity Jane, tome 1 : La fièvre, Adeline Avril (Delcourt, 10/2021)

💚💚💚💚 

L’événement des 48h de la BD est toujours l’occasion de se faire plaisir en lisant quelques bandes dessinées et mangas vers lesquels on ne se serait pas forcément tournés. C’est le cas avec ce premier tome d’une trilogie dédiée à la figure historique de Calamity Jane.

« Pour Sara, continuez comme on fait et ne la laissez jamais seule.
Pour l'Indienne... Elijah, fais pas de connerie avec le fusil. »
Jane, 11 ans, est l’aînée de cinq frères et sœurs. Leur mère étant décédée et leur père s’étant absenté pour d’obscures raisons, la voilà responsable de toute la famille. Les animaux du ranch, les repas, le ménage ; Jane gère le tout comme une grande. Mais voilà, la petite Sara est malade, très malade. Et Jane n’a aucun remède. Et cerise sur le gâteau, une jeune Indienne se poste devant leur maison chaque soir.

« Ah, c'est bon la liberté !!!! C'est comme ça que je veux vivre ! Faire ce que je veux quand je veux !
N'obéir à personne
. » Jane se met en route, pour aller chercher de quoi soigner sa petite sœur, mais aussi ramener son père, probablement échoué dans un bar… Mais son voyage ne va pas être aussi satisfaisant que prévu…

Au final, une bande dessinée dynamique qui s’inspire de la vie de Calamity Jane pour dénoncer des préjugés et montrer l’audace d’un petit bout de femme qui n’aspire qu’à une chose : n’obéir à personne. 

vendredi 12 avril 2024

Sarà perché ti amo, Serena Giuliano ( Livre de poche, 03/2023)


 

Sarà perché ti amo, Serena Giuliano ( Livre de poche, 03/2023)

💛💛💛💛💛

Serena Giuliano vient tout juste de sortir son dernier roman, et je n’aurais pas pu me targuer d’avoir lu tous les précédents si je n’avais pas ajouté « Sarà perché ti amo » à ma pile de lecture de ce mois d’avril ! C’est maintenant chose faite et je peux me ruer sur le dernier – né l’esprit tranquille (et enjoué) !

« Mais, depuis, la liste des choses qui m'agacent chez Valentin s'allonge dangereusement chaque jour. Et je me dis qu'elle finira inévitablement par devenir plus longue que celle des raisons pour lesquelles je l'aime à la folie. Ce n'est plus qu'une question de semaines, de mois tout au plus. » Les vacances estivales arrivent, et il est temps, pour Alba, jeune mère souffrant de dépression post- partum, de souffler et de penser un peu plus à elle- même. Débordée depuis l’arrivée de sa petite Emma, elle en est venue à détester celle qu’elle est devenue ; son corps, son état d’esprit, sa relation maritale… Tout semble aller à vau l’eau.

« Je me concentre tout de même pour laisser mon front parfaitement lisse et mes sourcils sur leur ligne. Afin que personne ne puisse, tout au fond, remarquer ce quelque chose qui ressemble à la peur. » Gabrielle s’apprête à passer quelques jours en Italie avec les amis de son compagnon, Nino. Obsédée par l’image qu’elle renvoie d’elle- même, elle est terrifiée à l’idée que Valentin et Alba puisse ne pas l’apprécier.

« Je crois que j'aurais aimé voyager seule, apprendre à me satisfaire de mon unique compagnie, ne rendre de comptes à personne, ne pas me fixer d'horaires, d'étapes, de planning.
Juste m'écouter, et me laisser porter.
C'est trop tard pour les regrets.
Trop tard pour m'accorder une chance en tant que femme. »
Ce séjour en Italie va permettre à Gabrielle de faire le point sur sa vie, sur sa relation avec Nino… Alba, de son côté, va se rendre compte que son meilleur ami n’est pas aussi respectable qu’elle le pensait… Mais de son côté, l’est- elle davantage, titillée par l’envie de revoir Giovanni, son ex ?

Au final, un roman terriblement, merveilleusement féministe. Alba et Gabrielle sont le reflet de chacune d’entre nous, avec les doutes, les erreurs, les réussites aussi. Un tourbillon d’émotions et de réflexions.   

mercredi 10 avril 2024

Le goût des fraises, tome 1, Irono (Kurokawa, 02/2024)


 

Le goût des fraises, tome 1, Irono (Kurokawa, 02/2024)

🍓🍓🍓🍓🍓

Quelle mignonnerie que ce manga – là ! Impossible de ne pas faire craquer la toute petite partie de midinette qui sommeille en vous avec cette histoire tendre et sucrée, comme une fraise !

« Elle est si jolie que j'en ai parfois le souffle coupé. » Minori Sugiura, producteur de fraises passionné par son métier, 33 ans, se retrouve à devoir former la petite- fille de son collègue, hospitalisé. Cet homme bourru à la stature de géant va tomber inopinément sous le charme de sa stagiaire, Sara, 20 ans, petit bout de femme encore étudiante. Déboussolé par la force de ses sentiments, Minori va se montrer très maladroit dans son attitude envers Sara.

« Je suis totalement sous le charme de cet homme à l'air maussade qui se met de la crème de partout en mangeant son dessert. » Sara, de son côté, craque complètement pour Minori, mais leurs différences, que ce soit de gabarit, d’âge, de caractère que par rapport à leur vie sociale, la freinent alors qu’elle meure d’envie de lui avouer son attirance. Elle va alors lancer quelques fils, mais Minori va-t-il savoir interpréter ses intentions ?

Au final, un manga très touchant mais aussi amusant ; on ne peut que rire des maladresses des deux protagonistes et des touches humoristiques de l’auteure. Le tome 2 sort demain et j’ai déjà hâte de le lire ! 

mardi 9 avril 2024

The Beauty of the Beast, F.V. Estyer (Auto - édition, 12/2023)


 

The Beauty of the Beast, F.V. Estyer (Auto - édition, 12/2023)

🌹🌹🌹

Je me souviens, gamine, avoir été terrorisée par la prestance de Jean Marais dans l’adaptation du conte « La Belle et la Bête » au cinéma par Jean Cocteau en 1946. Depuis, j’éprouve une espèce de fascination pour cette histoire et j’aime en lire les diverses adaptations en littérature.

« Maudit pour avoir ôté la vie.
Je ne pourrai être libéré qu'à une seule condition.
La rédemption.
Mais qui serait suffisamment fou pour tomber amoureux de cet homme qui ne sait plus vraiment qui il est ?
Qui serait assez stupide pour aimer une bête ? »
Damian est prisonnier de son manoir suite à une mystérieuse malédiction. Cet être assoiffé de sang semble se complaire dans son quotidien ponctué par la « livraison » régulière de « jouets » vivants lui permettant d’assouvir ses désirs déviants.

« Nous sommes faits du même bois, elle et moi.
Des ombres dans le monde des vivants.
Des monstres ayant forme humaine.
Et ça nous plaît. »
Cette satisfaction, Damian la doit à Véra, compagne dévouée. Pourquoi ? Comment ? Et pour quelles raisons celle- ci lui impose-t-elle la présence de Viktor, profiler pour le F.B.I. ?

« Bien que je déteste l'admettre, il y a quelque chose chez Damian qui m'intrigue et me fascine. Mais le vrai problème n'est pas là. En devenant profiler, j'ai développé une certaine curiosité pour les hommes tels que lui. Pour ces esprits pervers, malsains. J'ai étudié de nombreux criminels, et si tous m'ont profondément dégoûté, voire parfois choqué, je n'ai jamais éprouvé un quelconque attrait à leur égard. » Les deux hommes vont dans un premier temps s’affronter. Chacun possède des griefs contre l’autre. Et puis, de fil en aiguille, de révélation en découverte, les sentiments de Damian et de Viktor vont évoluer…

Au final, un roman très intéressant au niveau de la psychologie des personnages et de l’adaptation du célèbre conte. J’ai dévoré les 2/3 du roman puis j’ai trouvé des longueurs et des répétitions de scène qui m’ont un peu perdue. J’ai toutefois hâte de lire « Into the wood » qui lie cette histoire à la duologie « Deadly Funeral » d’Amélie C. Astier !  

dimanche 7 avril 2024

Les sœurs Lakotas, Benoît Séverac (Syros, 02/2023)


 

Les sœurs Lakotas, Benoît Séverac (Syros, 02/2023)

🚗🚗🚗🚗

Un roman jeunesse qui a une saveur particulière puisque j’ai pu bénéficier d’éclairages sur la conception de cette histoire ainsi que sur les conditions de vie de ceux que l’ont a longtemps appelés « Indiens d’Amérique », de la part de l’auteur, durant ma lecture. « Les sœurs Lakotas », c’est un récit initiatique, mais également une réflexion profonde sur le déterminisme social.

« En même temps, je sens qu'il n'y a pas que cela qui se joue ; je n'embarque pas mes sœurs dans cette aventure uniquement pour échapper au placement dans des familles d'accueil. Quelque chose d'autre me force à partir, quelque chose de plus... grand... Que j'ai du mal à expliquer. » Bearfoot, 16 ans, décide d’embarquer ses deux petites sœurs pour un road trip de 2 000 kilomètres. Finie la réserve de Pine Ridge ; direction la Californie ! En effet, leur mère vient d’entrer en prison après s’être fait arrêter une énième fois au volant en état d’ivresse. Leur père ayant disparu, elles se retrouvent à deux doigts d’être séparées et placées en famille d’accueil. Impensable pour l’aînée.  

« Mes sœurs et moi sommes les dernières représentantes d'une espèce menacée, que les Blancs parquent dans des réserves soi- disant pour la sauver, comme des félins dans des zoos. Les Blancs ne peuvent plus nous exterminer, ce serait politiquement incorrect, alors ils cherchent à nous assimiler. » Bearfoot est une jeune fille sensée, consciente de la discrimination dont les siens sont victimes dès qu’ils mettent un pied en dehors de la réserve dans laquelle le gouvernement américain les a parqués. Elle rêve de s’affranchir des stéréotypes appliqués aux « Native Americans » et de s’intégrer à la société en tant qu’Américaine.   

« Déterminisme social. Cela veut dire que toi, tu es ce que tu es parce que tu viens d'un milieu favorisé qui t'a donné confiance en toi. Tu as des parents qui t'ont éduqué de manière que tu croies en ta légitimité, en tes projets, dans les opportunités qui se présenteront à toi. » Lors de leur périple, les trois sœurs vont faire des rencontres, parfois hostiles, mais souvent bienveillantes. Des personnes croisées au fil du hasard vont aider Bearfoot à grandir, à poser un regard neuf sur le monde et à croire en un avenir meilleur.

Au final, un road- trip touchant qui amène bon nombre de réflexions sur la société d’aujourd’hui, sur nos origines, et ce que l’on peut ou veut en faire en devenant adulte. Touchant et profond.  

lundi 1 avril 2024

Amy pour la vie, Sophian Fanen (Novice, 04/2024)

 



Amy pour la vie, Sophian Fanen (Novice, 04/2024)

🎤🎤🎤🎤

Je connaissais Amy Winehouse pour sa musique, ou plus exactement, pour quelques-unes de ses chansons. J’avais d’ailleurs acheté le CD « Back to Black » quelques temps après sa sortie en France, mais je ne m’étais pas plus intéressée que ça à l’artiste. Je savais qu’elle avait une vie déjantée, du fait des unes de la magazine people, et son décès à l’âge de 27 ans, dû à l’excès de drogue et d’alcool, est arrivé très vite après son succès. L’essai de Sophian Fanen m’a donc permis d’en apprendre plus sur ce petit bout de femme au grand talent.

« Amy est une petite fille juive du nord de Londres à la tignasse noire et à l'énergie inépuisable. Elle a abandonné l'idée de garder ses cheveux en ordre, alors elle les attache comme elle peut ou elle les laisse voler comme ils veulent. Sa mère ne la surnomme pas pour rien Hurricane Amy, "Amy la tornade". » Le journaliste est remonté aux origines de la chanteuse et a pu interroger ses parents. Se dresse très vite le portrait d’une petite fille frondeuse, possédant un caractère très fort, mais aussi une grande sensibilité en ce qui concerne les rapports familiaux.

« Mais avant tout, je rêve d'être très célèbre. De faire de la scène. C'est mon ambition depuis ma tendre enfance. Je veux que les gens entendent ma voix... » Le père d’Amy, même s’il ne vit pas avec elle, l’initie très vite au jazz et lui apprend à chanter le répertoire de Franck Sinatra. Sa grand- mère paternelle aussi avait un temps fréquenté les stars du jazz et du swing. La route musicale d’Amy était déjà toute tracée !

« Amy Winehouse et Blake Fielder- Civil, c'est une vraie histoire d'amour qui brûle d'engueulades violentes et de passion, mais c'est aussi une relation de dépendance mutuelle. Lui a trouvé quelqu'un pour financer sa toxicomanie, elle une figure de mauvais garçon qui la fascine et l'emporte vite avec lui dans les drogues dures. » Dès que Blake entre dans la vie d’Amy, c’est la descente aux enfers. A chaque tentative de l’entourage d’Amy de la pousser à se soigner, à se désintoxiquer de ses addictions à la drogue et à l’alcool, il sera là, tel une barrière sur son chemin, pour la faire plonger encore plus profondément dans ses vices… Jusqu’à sa mort, le corps de la jeune femme ayant cédé sous les excès.

Au final, un documentaire très bien renseigné et qui expose les faits sans faire de pathos, ni de voyeurisme. Il n’y a pas de parti pris contre untel qui aurait dû aider la star mais plutôt une prise de conscience autour du fait que la notoriété soudaine peut être mal vécue par une personne sensible, vulnérable et influençable. J’ai aimé le témoignage apporté par la chanteuse Rose pour étayer ce sujet. Un essai vraiment intéressant, qui m’a donné envie de réécouter l’artiste tout en m’ouvrant les yeux sur le monde de l’industrie musicale.