Ce qu’ils disent ou non, Annie Ernaux (Gallimard, 1977)
💭💭💭
Le dernier roman d’Aurélie Valognes m’a donné
très envie de me replonger dans l’œuvre d’Annie Ernaux, plusieurs fois citée. J’ai
choisi une œuvre d’adolescence, un récit d’à peine 150 pages, qui dévoile une
fois encore la conscience éclairée de la romancière, qui sentait depuis l’enfance
qu’elle n’appartenait pas au monde social de ses parents.
« J'ai pensé qu'elle avait changé depuis qu'elle avait
quitté le travail à l'usine textile, ça doit être ça le progrès social,
l'ordre, dommage qu'il n'y ait pas eu de progrès dans sa conversation. »
Anne, double
d’Annie, observe énormément sa mère, seul modèle féminin à sa disposition
immédiate. Tout en elle la rebute, malgré leur proximité. Dans le regard de l’adolescente,
il y a déjà deux figures féminines : celui de la mère et celui de la femme.
La première la rassure tout en l’agaçant, mais la deuxième la dégoûte. Une
dichotomie difficile à assumer…
« N'ont que leur certificat d'études mais mille fois
plus chiants là- dessus que les parents de Céline, ingénieurs, quelque chose
comme ça, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas besoin de hurler, ils sont l'exemple
vivant de la réussite, tandis que les miens qui sont ouvriers, il faut que je
sois ce qu'ils disent, pas ce qu'ils sont. » Anne ne sera pas comme ses parents ;
ouvrière à 14 ans. Les professeurs lui ont trouvé des capacités à poursuivre
ses études, et en ce mois de juillet, la voilà qui se « repose » du
B.E.P.C., en attente d’intégrer un lycée.
« S'il y avait eu un autre moyen pour connaître des
garçons intéressants, je m'en serais bien passée de l'amitié. » Il fait chaud durant cet été- là, et Anne,
comme quelques- unes de ses amies, a envie de découvrir le corps d’un garçon,
de vivre les émotions exprimées à demi- mots dans « Femmes d’aujourd’hui ».
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