lundi 17 février 2025

Vindicta, Cédric Sire (Harper Collins, 05/2021)

 


Vindicta, Cédric Sire (Harper Collins, 05/2021)

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Alerte coup de cœur !!!! Mais attention, coup de cœur violent et très sanglant !!! Cap sur Toulouse pour une vindicte impitoyable, au côté d’Olivier Salva, policier récemment mis au placard dans une équipe de surveillance et qui va se retrouver mêlé à une histoire qui va titiller son âme tenace.

« - On entre, on prend le fric, on ressort, récite- t- il comme s'il s'agissait d'une formule magique qui les protègera de tout. Trois minutes au maximum et sans le moindre risque. Le bonhomme fera ce qu'on lui dit sans fanfaronner. Trois personnes avec des calibres, t'as pas envie de jouer au plus malin, je t'assure. » Quatre jeunes, qui veulent simplement améliorer leur quotidien en devenant, le temps d’un braquage parfaitement chronométré et organisé, des petits délinquants. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

« Vient l'heure des spectres.
Le cœur de la nuit assassine. »
La vindicte se met en marche, menée par un assassin spectral que rien ne semble pouvoir arrêter, au grand désespoir de Salva, bloqué par la lourdeur et les incohérences d’une administration rigide et sectorielle.

« Personne ne l'avait remarquée se glisser au premier rang. Personne non plus ne la remarque disparaître dans la foule murmurante. » La Mort, personnifiée, est partout et jamais là où on la soupçonne. Et le lecteur, pris au piège de son aura diabolique, ne sait plus reposer ce livre qui va le faire passer par bien des émotions (voire même l’empêcher de dormir pour avoir le fin mot de l’histoire…) !

Au final, la découverte d’un nouvel auteur, en ce qui me concerne, qui a réussi parfaitement à m’embarquer dans son univers alors que je le craignais un peu. La violence va crescendo dans l’évolution de l’intrigue, et si un épisode a été un peu dur pour moi, j’ai dévoré les quelques 800 pages de l’édition de poche en quelques heures ! Et j’en redemande ! 

mercredi 12 février 2025

Autobiographie, Eddy Mitchell (Le Cherche Midi, 11/2024)


 

Autobiographie, Eddy Mitchell (Le Cherche Midi, 11/2024)

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D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été impressionnée par Eddy Mitchell. Sa voix, sa tronche, sa prestance ; j’ai toujours aimé ce type pourtant plus vieux que mon père. Et j’ai toujours fredonné ses chansons…

« On mangeait chinois, tunisien, on finissait par un far breton, on pouvait avoir le monde entier, ou presque, dans l'estomac. Difficile de faire mieux. Aucun problème de "minorités", comme on dit aujourd'hui. Le "vivre ensemble", on n'en parlait pas, on le vivait. C'est quand les choses n'existent plus qu'on invente le mot. » Eddy commence son récit alors qu’il est encore Claude Moine, petit parisien qui grandit à Belleville durans la période de l’après- guerre. Les copains sont importants, mais la famille aussi. Tout le monde vit dans une bonne entente, même si les bandes de voyous sèment le trouble.

« Certains de mes titres peuvent aussi être assimilés à des plans séquences, comme "Sur la route de Memphis" ou "La Fille du motel". J'ai cette influence du cinéma en moi, et je ne sais pas écrire autrement, je ne m'en cache pas. » Je connais aussi Eddy comme spécialiste du cinéma ; mon père étant fan de ses émissions titrées « La dernière séance », que nous regardions ensemble. Et il est vrai que les paroles qu’il a écrites, tout comme les mots de ce récit personnel sont très imagés. C’est le film de sa vie qui se déroule en ces pages.

« Depuis toujours, une chose que je préfère, c'est qu'on me laisse tranquille. Je ne suis pas un solitaire, mais j'ai besoin qu'on me foute la paix. » Et là, cette citation. J’aurais pu l’écrire moi – même. Et je comprends pourquoi Eddy m’a toujours plu : malgré le succès, il a toujours su préserver son jardin secret.

Au final, un récit autobiographique très agréable à lire. J’ai été particulièrement touchée par les pages dédiées à son ami, Johnny. A lire si vous aussi, vous avez dansé sur « Pas de boogie woogie » ou siffloté sur « Toujours un coin qui me rappelle » !

dimanche 9 février 2025

N.E.O., tome 2 : Un nouveau monde, Maxe L'Hermenier & Michel Bussi (Jungle ! 10/2021)

 




N.E.O., tome 2 : Un nouveau monde, Maxe L'Hermenier & Michel Bussi (Jungle ! 10/2021)

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J’ai beaucoup aimé replonger dans l’univers de cette bande dessinée. Même si l’éditeur a eu la bonne idée de mettre un résumé du tome 1, les personnages et les événements passés me sont très rapidement revenus en tête et j’ai pu bien profiter de cette suite.

« - Un instant ! Je dois vous informer d'une découverte importante.
- On a découvert un livre, aujourd'hui détruit, sur le camp de Mordélia. »
Un livre mystérieux a été découvert par Gulo – Gulo, qui ne sait pas lire. Il sent pourtant que les symboles tracés sur la couverture sont ambigus et risquent de semer la discorde… Zyzo et Chrysanthe vont se charger de mener l’enquête…

« Des... des enfants... Nous ne sommes pas seuls au monde... D'autres enfants ont survécu ! » Pendant ce temps- là, l’Albatros, bateau reconstruit par les enfants, est prêt à descendre la Seine pour la première fois. L’occasion de découvrir de nouveaux territoires, mais aussi d’autres survivants…

Au final, un tome qui se dévore. J’adore le graphisme des planches, qui diffère selon les univers. Les personnages sont toujours aussi attachants (surtout Zyzo !!) et leur évolution est intéressante, maintenant que les enfants du château et de la tribu du tipi se sont unis. Il faut que je lise la suite !


Les morsures du silence, Johana Gustawson (Calmann Levy noir, 01/2025)




 

Les morsures du silence, Johana Gustawson (Calmann Levy noir, 01/2025)

💙💙💙💙💙

Cap sur la Suède où un adolescent vient d’être retrouvé assassiné, le crâne fracassée et vêtu de l’aube traditionnellement portée à l’occasion de la fête de la Sainte- Lucie. Ce qui perturbe le commissaire Aleks Storm, c’est qu’un assassinat similaire avait eu lieu vingt- trois ans plus tôt. Ces deux meurtres auraient -ils été perpétrés par la même personne ? Maïa Rhen, policière française en « repos » sur l’île, va tenter de lui prêter main forte.

« - Il n'existe pas de mot en suédois, ni en anglais d'ailleurs, pour décrire un parent veuf ou... orphelin de son enfant.
- Il en existe un en sanskrit: "vilomah"; ça signifie "contre nature". »
Maïa peine à se remettre du décès de sa fille, Alice. Lors de la première sortie qu’elle s’accorde après des mois de déprime, elle rencontre Sophia Akerman, une éditrice, qui a subi le même traumatisme. Comment surmonter un tel deuil ?

« Tous les hommes ne sont pas des violeurs, mais tous les violeurs sont des hommes. Il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de la testostérone. » En tentant de démêler les fils qui lient les deux meurtres, Maïa va tomber sur une vieille affaire d’agressions sexuelles non dénoncées. Pourquoi les victimes ont - elles préféré se murer dans le silence ?

« Le dicton "qui ne dit mot consent" m'est souvent revenu en tête ces derniers temps. Céder n'est pas consentir. Parfois, le silence est la seule arme ou le seul bouclier à portée de main. » Ce thriller est pour Johana Gustawson l’occasion de s’indigner contre une société qui juge parfois bien mal les individus qui la composent. Les secrets bien enfouis refont surface et créent des rebondissements inattendus.

Au final, un thriller vraiment glaçant, entre des victimes qui s’accumulent sans qu’aucun lien ne se détermine entre elles, et des policiers qui luttent contre leurs propres problèmes intimes et familiaux. C’est aussi un récit qui porte un message sociétal sur l’importance que l’on donne à la parole des uns et des autres, aux raisons qui font que certaines personnes préfèrent se taire, et sur le fait que ce silence est souvent introductif à bien des drames. 

jeudi 6 février 2025

Animaux nocturnes, tome 2, Angel Arekin (Black Ink, 11/2022)

 



Animaux nocturnes, tome 2, Angel Arekin (Black Ink, 11/2022)

🦋🦋

Cette lecture abandonnée me servira de leçon : ne pas espacer les tomes d’une saga ! En effet, j’avais lu le tome 1 il y a un an et je ne me souvenais plus des éléments essentiels de l’histoire pour pouvoir enchainer avec la suite si tardivement….

« A l'intérieur du corps, derrière les côtes, là où le cœur aurait dû battre, donner à cette jeune fille tant d'autres années à vivre...
... un papillon. »
Le fond de l’histoire est une trame policière avec un tueur en série aux méthodes particulièrement cruelles. Jude, ancien flic, entretient un lien assez spécial avec lui, le fameux Damian, toujours aussi puissant malgré les murs de sa prison.

« Est-ce pour cette raison qu'il est à présent à mes côtés, pour tenter de le retrouver ? Parce qu'il a une dette envers mon frère ou bien seulement parce qu'il se souvient encore de quelques fragments de l'amitié qui les a liés ? » Jude a découvert que Dean avait constitué des dossiers sur des crimes ressemblant à ceux de Damian, mais voilà que ce dernier a disparu. Sa sœur, Anabelle, veut absolument partir à sa recherche. Et qui de mieux que Jude, son amour de toujours, pour l’accompagner dans un chemin empli de noirceur…

Au final, un quart de roman lu qui ne m’a pas convaincue. Comme dit plus haut, mes souvenirs du tome 1 étaient vraiment trop lointains et puis j’ai eu du mal avec la plume onirique de l’auteure, qui ne me permettait pas de fixer les éléments de l’intrigue avec clarté. Par ailleurs, autant j’ai eu envie de suivre Jude, ce flic démoli et alcoolique, autant j’ai détesté le personnage d’Anabelle, « jeunette tête à claque ». J’aurais aimé apprécier ce tome 2, mais non, ça ne l’a pas fait… 

Le Clash, Benoît Séverac (Syros, 02/2025)

 



Le Clash, Benoît Séverac (Syros, 02/2025)

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Les punks, les skinheads, leurs affrontements, leurs idéologies ; quel quinqua n’en a pas entendu parler ? Native du Nord de la France, j’allais souvent en Angleterre et il n’était pas rare de croiser des crêtes colorées ou des crânes rasés. Leur rivalité était connue. On peut dire qu’on les craignait, mais c’est vrai aussi qu’ils nous fascinaient.

« En matière d'éducation, il connaît la valeur de l'exemple, et il fait partie de ces papas qui estiment que faire part de ses faiblesses bénéficie à celui qui les exprime autant qu'à celui ou celle qui les entend. » Nicolas emmène son fils Aurélien en randonnée dans les Pyrénées, avant que ce dernier parte en séjour linguistique en Angleterre. L’occasion pour ce papa devenu prof d’anglais de partager sa propre expérience, lorsqu’au même âge, il est parti à Birmingham dans le but d’approfondir sa maîtrise de la langue.

« - Un punk ! j'ai dit.
- C'est ça, un punk ? s'est interrogée Corinne.
Je hochais la tête sans pouvoir quitter le type des yeux.
- On dirait plutôt un clown, a-t-elle dit.
- Sauf que lui, il ne donne pas du tout envie de rire. »
Nicolas est estomaqué lorsqu’il se rend compte que le fils de la famille d’accueil chez laquelle il va passer un mois a pour fils un véritable punk, Tom ; attitude rebelle, crête verte et insoumission. Le « frenchie » s’attend à vivre une expérience hors du commun…

« Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Encore aujourd'hui, à quarante- cinq ans, je ne m'explique pas pourquoi je l'ai suivi. » Nicolas sent parfaitement que le comportement de Tom ne correspond pas aux valeurs transmises par ses parents, et pourtant, il a terriblement envie d’entrer dans son univers. « D’en être ». Quitte à faire des erreurs…

Benoît Séverac se fait ici le conteur d’une époque révolue, celle où des jeunes ont cru que grâce à la musique, au rock et au punk notamment, on aurait pu améliorer la société dans laquelle on vivait. Captivant. Tellement vrai. Lisez- le et faites- le lire à vos ados !

mardi 4 février 2025

La Fée noire, Pétronille Rostagnat (Editions du 123, 07/2025)

 



La Fée noire, Pétronille Rostagnat (Editions du 123, 07/2025)

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Il s’agit ici du premier roman de l’auteure et comme le dit la bande promotionnelle, c’est effectivement un beau coup de maître pour une plume toute jeune ! C’est parti pour une histoire qui met en scène trois amies adolescentes et ce qu’elles sont devenues douze ans plus tard. Quand le compagnon de l’une d’elle est sauvagement assassiné et mutilé, les trois jeunes femmes vont devoir, à nouveau, se serrer les coudes.

« Pouvaient - elles imaginer que ce pacte anodin allait engendrer le meurtre de quatre personnes dont l'une d'entre elles ? » Capucine, Louise et Emma ont dix- huit ans, elles sont amies depuis la maternelle et elles viennent de fêter leur réussite au bac à coups de verres de whisky. Un pacte est scellé entre elles : elles seront heureuses et mamans avant l’âge de trente ans.

« Pour lui, commencer la soirée par la dégustation d'un cocktail dans le meilleur bar au monde, selon le magazine Forbes, pour finir entre les cuisses d'une femme dans une des chambres du Ritz, était la définition même du paradis. » Les trois amies ont trente ans et deux d’entre elles ont effectivement trouvé l’amour et accompli leur désir de maternité. Pour Capucine, il en est tout autre. En couple depuis à peine deux ans, elle se retrouve à la traîne par rapport à ses amies. Et quand son compagnon, Nathan, est retrouvé assassiné d’une manière particulièrement cruelle, elle va perdre beaucoup de ses illusions, d’autant plus qu’elle reçoit un message énigmatique : « Tu as une seconde chance ».

Au final, un récit trépidant qui mène le lecteur par le bout du nez sur des pistes aussi variées qu’improbables, mêlant cold case et manipulations. Le personnage d’Alexane Laroche est à ses débuts sous la plume de l’auteure et j’ai beaucoup aimé partager ses premiers tourments professionnels et sentimentaux ! Les trois personnages féminins sont eux aussi excellents dans leur complexité. Un premier roman à la hauteur des suivants !

lundi 3 février 2025

Ceux qui te mentent, Nuala Ellwood (Michel Lafon, 02/2018)




 

Ceux qui te mentent, Nuala Ellwood (Michel Lafon, 02/2018)

💓💓💓💓

J’avais laissé les livres de type thrillers de côté ces dernières années, et c’est ma rencontre avec Pétronille Rostagnat, en septembre dernier, qui m’a poussée à me replonger dans les récits sombres. Et c’est lors d’un apéro littéraire organisé par ma bouquiniste préférée que j’ai entendu parler de ce roman. La lectrice invitée l’a défendu avec une ferveur telle que j’ai eu immédiatement envie de le lire.

« - Diriez- vous que ces rêves ont empiré depuis votre retour à Herne Bay ?
[...]
- Non, ils n'ont pas empiré. Ils sont simplement devenus réels. »
Le récit s’ouvre sur la garde à vue de Kate, reporter de guerre. Persuadée d’avoir vu un petit garçon maltraité dans le jardin de ses voisins, la nuit, elle a appelé la Police pour finalement être elle- même ennuyée. Elle qui vient de revenir à Herne Bay pour les obsèques de sa mère est pourtant persuadée de ce qu’elle a vu. Mais son passé traumatiques et ses somnifères ne jouent pas en sa faveur.

« Je me souviens m'être dit que nous ne connaissions pas notre chance de vivre en Occident : seul le hasard fait que nous naissons dans un pays en paix ou en guerre. » Les dissensions entre Kate et sa famille datent de l’enfance, fruits d’un père alcoolique, violent et d’une mère battue. Et les relations avec Sally, sa sœur, n’ont jamais été au beau fixe. Alors Kate, qui voit la misère et la violence qui sévissent dans les pays en guerre, ne comprend pas toujours qu’on puisse être malheureux quand on vit en Angleterre. Pourquoi, alors, les relations entre elles sont- elles si compliquées ?

Au final, un thriller perturbant, entre les visions de Kate et la déchéance de Sally ; où se cache la réalité ? Les secrets de famille sont toujours douloureux à déterrer… Quand, à cela, s’ajoute un stress post traumatique, le lecteur flirte entre illusions et réalité. J’ai beaucoup aimé hésiter entre les deux. Et quel final !!! Je le conseille moi aussi !                                   

jeudi 30 janvier 2025

Le secret de Lord Blackstone, Rochelle Gabe (Juno publishing, 11/2024)


 

Le secret de Lord Blackstone, Rochelle Gabe (Juno publishing, 11/2024)

💙💙💙💙

Un petit tour dans le Londres de la fin du XIXème siècle sur les traces de Jack l’éventreur ; ça vous tente ? Plongez dans cette enquête menée de main de maître par un inspecteur de Scotland Yard, le comte Charles Blackstone, un inspecteur aux mœurs dérangeantes pour l’époque…

« Que pouvait- il y avoir de plus idiot que d'assister à une séance de divination lorsqu'on ne croyait plus à rien en ce bas monde ? » Le roman s’ouvre sur un Charles Blackstone désabusé. Ce jeune homme est écœuré par le manque d’empathie et de probité de la noblesse dont il est issu. Rejeté par son père à la suite d’un accident tragique, il va s’engager dans la police pour tenter d’œuvrer pour la justice.

« L'homme s'approcha de cette insignifiante pécheresse, plaqua son torse contre son dos, et glissa ses doigts le long de sa gorge blanche. La veine jugulaire palpita sous la pulpe de son pouce. Il savoura ce prélude à une mort qu'il désirait atroce, se délectant de ce laps de temps cruel durant lequel la victime confondit exaltation et excitation. » Charles va se retrouver missionner pour enquêter sur les meurtres abominables de celui qui se fait appeler « Jack l’éventreur ». Un défi que le jeune homme prend à cœur de relever, s’adjoignant l’aide de son amant, le journaliste Laurel Warwick, portraitiste talentueux.

« Vous n'en avez peut- être pas conscience, mais ce qui nous arrive est une avancée décisive pour la cause des femmes et des homosexuels. » Voilà qu’Amelia Saxton entre dans la danse. Cette vieille fille farouchement opposée à la société misogyne et patriarcale de l’époque se rêve en romancière libre de ses actes et de ses mots. Sa présence aux côtés de Charles et Laurel va épicer l’enquête sur le monstre de Whitechapel.

Au final, une enquête que j’ai adoré suivre ! Les personnages sont vraiment attachants et j’ai eu un véritable coup de cœur pour Amelia. Par ailleurs la plume de Rochelle Gabe est un régal ; fluide et élaborée, elle sert parfaitement l’intrigue policière mâtinée d’une romance MM. N’hésitez pas à la découvrir par le biais de ce roman ! 

samedi 25 janvier 2025

Je pensais t’épargner, Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 02/2022)



 Je pensais t’épargner, Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 02/2022)

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Encore un roman policier qui commence et se termine de manière stupéfiante ; c’est la patte significative de Pétronille Rostagnat !

« Snoopy était en arrêt devant une Audi A3. Il alternait gémissements et grognements sourds, une façon pour lui de manifester à la fois sa peur - dictée par l'instinct - et son courage de brave bête. Arrivée à la hauteur du véhicule, Christiane eut la nausée et un terrible pressentiment. Elle sortit son portable, et les mains tremblantes, composa le 112. » Le départ de cette nouvelle enquête pour Alexane Roche va être la découverte du cadavre d’une petite fille dans le coffre d’une voiture de fonction. Son utilisateur, Nicolas Roussel, la présence de la gamine est un véritable mystère. Idem pour son identité. Mais tout se complique quand la femme du commercial raconte tout le contraire…

« Pauline, on ne naît pas meurtrier, on le devient. » Pauline Carel, cette avocate aux habitudes particulière et à la renommée grimpante, va sentir rapidement qu’il y a anguille sous roche. Sa propre histoire lui a appris à se méfier de la nature humaine. Chacun de nous est susceptible de basculer du côté obscur…

« Qui était le machiavélique Joker dans ce drame familial. » Ni Alexane ni Pauline ne parviennent à démêler l’écheveau complexe qui s’est constitué autour de la famille Roussel. Les découvertes et les retournements de situation vont se succéder à un rythme fou, brouillant toujours plus les pistes.

Au final, un récit captivant du début à la fin. La plume de Pétronille Rostagnat est toujours aussi addictive, et les chapitres courts qui se terminent toujours sur une chute surprenante empêchent le lecteur de lâcher le livre. Et quelle fin !!!! Waouh !!!

mercredi 22 janvier 2025

The last chance, Anaïs Nguyen (Alter real, 10/2024)

 





The last chance, Anaïs Nguyen (Alter real, 10/2024)


Si comme moi vous aimez le trope « Ennemies to lovers » en romance, l’histoire tourmentée de Lise et Ryan saura vous séduire. Nos deux protagonistes se retrouvent à vivre sous le même toit quand William, père de Ryan, et Carole, mère de Lise, décident de vivre ensemble. Le problème réside dans le fait que l’attirance est quasi immédiate entre ce bad boy et cette étudiante sérieuse, qui devraient pourtant se comporter comme frère et sœur …

« La dose n'est jamais assez forte, c'est de pire en pire, et je suis conscient de ma situation. Je ne veux pas me soigner ; mon ultime but est de prendre autant de doses et de drogues qu'il faudra pour ne plus jamais me relever. » Ryan n’est jamais sobre ; alcool et drogues diverses font partie de son quotidien, voire même de sa trousse de secours « spécial mal de vivre ». Impossible de trouver la sérénité sans se shooter.

« Montrer ses émotions, c'est révéler ses faiblesses et pour ça, je sais parfaitement comment faire, être exécrable. » Ryan aime sa solitude. Il l’entretient grâce à un caractère bagarreur et un sens de la répartie assassin. Lise n’y échappera pas. Pas question pour eux de faire comme s’ils étaient frère et sœur, ni même amis. Et pourtant ils s’attirent l’un l’autre comme deux aimants.

« On dit souvent que c'est le cœur qui choisit et pas notre cerveau la personne avec qui on finira notre vie. Ayant toujours été convaincue que c'est ma tête qui primerait, aujourd'hui je n'en suis plus très certaine. » Lise se retrouve très rapidement désarçonnée par ses sentiments envers Ryan. S’il refuse de jouer le rôle de frère, il est évident que ce qu’il ressent pour la jeune fille est tout autre qu’un sentiment fraternel. Comment faire pour entamer une relation sereine dans un tel cadre ?

Au final, une romance originale par la particularité des relations entre les principaux protagonistes et leur personnalité. La plume est fluide et les chapitres courts font que la lecture va très vite. Par contre, quelques longueurs et erreurs sémantiques alourdissent parfois le récit. Mais dans l’ensemble, l’intrigue est très intéressante ; surtout en ce qui concerne les non – dits du passé de Ryan. A découvrir. 

dimanche 12 janvier 2025

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker (Editions de Fallois, 09/2012)


 

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker (Editions de Fallois, 09/2012)

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Encore un succès littéraire que j’ai rechigné à lire pour d’obscures raisons… Je me rends compte que je me méfie souvent des écrivains au succès fulgurant. J’en ignore la raison, mais petit à petit, je rattrape mon retard en best- sellers !

« - Et comment sait-on que l'on est écrivain, Harry ?
- Personne ne sait qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent. »
Ce roman, c’est avant tout l’histoire de deux écrivains qui se posent des questions sur le pouvoir des mots, et les valeurs liées à l’acte d’écrire, notamment quand on s’inspire de la réalité.

« J'avais à peine trente ans et avec ce livre, qui était seulement le deuxième de ma carrière, j'étais devenu l'écrivain le plus en vue du pays.
L'affaire qui agitait l'Amérique, et dont j'avais tiré l'essence de mon récit, avait éclaté quelques mois plus tôt, au début de l'été, lorsqu'on avait retrouvé les restes d'une jeune fille disparue depuis trente- trois ans. »
Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, souffre du syndrome de la page blanche. C’est en allant aider son ancien professeur, devenu ami, Harry Quebert, que va émerger la nécessité d’écrire, de relater l’incroyable histoire d’amour entre son mentor et une jeune fille de quinze ans, mystérieusement disparue puis retrouvée assassinée et enterrée.

« Lorsque, au cœur de la nuit, j'eus terminé de le relire, je m'arrêtai longuement sur le titre. Et pour la première fois je m'interrogeais sur sa signification : pourquoi "Les Origines du mal" ? De quel mal Harry parlait-il ? » Le plan de Marcus, qui consiste à remonter le fil de l’histoire entre Harry et Nola pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Va s’ensuivre un imbroglio de situations improbables mêlant divers personnages de la petite ville d’Aurora, dans le New Hampshire.

Au final, un récit foisonnant dans lequel le lecteur est littéralement absorbé tant par la qualité de l’écriture que par l’intérêt porté à l’enquête. Les personnages de Marcus et Harry sont particulièrement attachants. J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et je compte bien découvrir les autres livres de Joël Dicker.

samedi 4 janvier 2025

Un jour tu paieras, Pétronille Rostagnat (Black Lab, 01/2020)


 

Un jour tu paieras, Pétronille Rostagnat (Black Lab, 01/2020)

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Une adolescente retrouvée inconsciente dans un fossé, un brillant étudiant en médecine accusé d’un double meurtre, une avocate au passé trouble qui cherche l’affaire qui la rendra célèbre. Voici les trois principaux ingrédients de cette enquête policière, rédigée avec brio par Pétronille Rostagnat.

« Arnaud ne contrôlait plus ses membres depuis une trentaine d'heures, depuis l'instant où il avait compris qu'Océane, sa fille de seize ans, son unique enfant, avait disparu. » Arnaud et Marie sont affolés quand ils constatent que leur fille, Océane, n’est pas rentrée d’une soirée. L’adolescente est pourtant sérieuse et ils leur accordent toute leur confiance. Quand elle est retrouvée quelques heures plus tard, blessée dans un fossé et plongée dans le coma, leur univers s’écroule.

« Moi, la vérité, je m'en contrefous. Je ne suis pas là pour la vérité, je suis là pour vous sortir de ce merdier. Pour cela, il faut une histoire à raconter, un truc qui se tienne, qui soit crédible. Donnez- moi un début de piste que je puisse broder la suite. » Pauline Carel est une jeune avocate, prête à défendre ses clients toutes dents dehors, du moment qu’elle gagne chacun de ses procès. Mais attention à la femme brisée qui sommeille sous ses aspects de femme forte que rien n’affecte…

« - Je ne vous ai pas menti... Je ne vous ai pas tout dit, c'est différent... » Voilà une citation extraite d’une fin de chapitre, chose que j’adore chez Pétronille Rostagnat : chaque personnage préserve une part d’ombre de son vécu et le lecteur n’en découvre le contenu que de manière parcimonieuse.

Au final, une écriture toujours addictive et une intrigue qui mène son lecteur par le bout du nez au fur et à mesure des révélations – souvent incroyables et inattendues – des personnages, auxquels on ne peut que s’attacher. J’ai adoré et je vais continuer à lire tous les romans de cette auteure !

vendredi 3 janvier 2025

Les carnets de l’apothicaire, tome 1, Itsuki Nanao & Nekokurage (Ki- Oon, 01/2021)

 



Les carnets de l’apothicaire, tome 1, Itsuki Nanao & Nekokurage (Ki- Oon, 01/2021)

💚💚💚💚

Depuis le temps que j’entends parler de cette saga, je me suis enfin décidée à en lire le premier tome ! Effectivement, c’est une histoire originale, bien dessinée et plaisante à lire. Mao Mao, 17 ans, apprentie apothicaire, est enlevée et vendue comme servante dans le quartier des femmes du palais impérial. Que va-t-elle y devenir ?

« Quand j'étais apothicaire, pour élaborer de nouveaux remèdes, je m'infligeais des blessures qui en auraient fait pâlir plus d'un. » Mao Mao est une experte en remèdes antipoison et en élaboration de remèdes. Ses talents vont rapidement être mis à contribution, notamment auprès de la favorite de l’empereur…

Au final, un tome de départ qui donne envie d’en apprendre plus sur les personnages de Mao Mao et de Jinshi et sur la suite des événements qui se sont déroulés là au cœur du palais. A suivre…

jeudi 2 janvier 2025

La femme gelée, Annie Ernaux (Gallimard, 04/1987)


 

La femme gelée, Annie Ernaux (Gallimard, 04/1987)

💓💓💓💓

Nouvelle année, je reprends ma lecture des œuvres d’Annie Ernaux dans l’ordre chronologique (bon, ce n’est que le troisième !). Après l’enfance et l’adolescence, nous retrouvons l’auteure en tant que lycéenne, puis étudiante, jeune mariée et maman, et enfin prof. Un récit autobiographique qui emprunte par moment à la fiction mais qui représente avant tout une certaine réflexion sur la place de la femme dans la société de l’après- guerre.

« Plus que ma grand- mère, mes tantes, images épisodiques, il y a celle qui les dépasse de cent coudées, la femme blanche dont la voix résonne en moi, qui m'enveloppe, ma mère. Comment, à vivre auprès d'elle, ne serais-je pas persuadée qu'il est glorieux d'être une femme, même, que les femmes sont supérieures aux hommes. » La narratrice a grandi entourée de femmes fortes et indépendantes. Ses propres parents l’ont poussée dans cette voie, la dispensant de la moindre tâche ménagère et l’encourageant à suivre des études pour toujours être indépendante.

« Parmi toutes les raisons que j'avais de vouloir grandir il y avait celle d'avoir le droit de lire tous les livres. » La jeune fille nourrit un amour grandissant de la lecture et de la littérature, cherchant dans les ouvrages de véritables leçons de vie. De là nait sa vocation de de venir enseignante. Mais la rencontre de l’homme qui semble lui convenir, l’arrivée d’un bébé et les contraintes de la vie maritale l’éloignent des études et du concours tant convoité…

« Je ne suis pas prof, je ne serai jamais prof, mais une femme- prof, nuance. » La réussite au concours permet à la jeune femme de se targuer d’avoir un métier elle aussi, et de ne plus être aussi disponible pour les tâches ménagères. Hélas, notre narratrice ne peut que faire le constat d’être une femme « gelée » dans sa routine lassante.

Au final, un récit âpre, qui dit la difficulté- voire l’injustice- de naître femme dans un monde où tout est fait pour faciliter la vie des hommes. Avons- nous évolué en 2025 ? Pas sûr….