lundi 27 février 2023

A la folie, Cindy Lia (Plumes du web, 01/2017)


 

A la folie, Cindy Lia (Plumes du web, 01/2017)

💛💛💛

Je passe d’un roman se déroulant dans un hôpital psychiatrique à un autre, mais dans une ambiance totalement différente. Cindy Lia nous entraîne dans un récit à tendance initiatique, dans lequel une enquête policière va déboucher sur une romance. Alicia, jeune infirmière récemment diplômée en psychiatrie va se retrouver en effet la pièce maîtresse bien involontaire d’un imbroglio ponctué de faux- semblants et de prises de risque dangereuses.

 

« "Le tout est de ne pas résister, Alicia, pas de panique inutile. Laissez la vague vous envahir jusqu'à ce que la marée ne la reprenne." Conseil de psy, conseil débile. » Alicia est une jeune femme fragile, mais qui est bien décidée à faire carrière dans le domaine de la psychiatrie. Son premier jour de travail est terriblement angoissant, mais elle a tellement hâte de pouvoir aider les patients qui lui seront confiés que la motivation prend le dessus. Mais voilà, à peine arrivée au Center Hospital, elle se fait agresser sur le parking par l’un des patients. Saura- t- elle réagir déontologiquement ?  

 

« Je m'apprête à reprendre mon chemin quand un bruit se fait entendre. Pas celui du vent qui s'infiltre dans la bâtisse, sifflant les charpentes et qui en soi, me terrifie déjà. Non, un bruit de pas. Le son d'une chaussure qui craquèle quelque chose au sol. Je me fige dans mon arc- en- ciel. Mon sang se glace, anesthésie mon cerveau et tout réflexe de survie. Et j'ouvre grand les yeux, ramenée soudain à l'effrayante réalité : je ne suis pas seule. » Alors qu’elle souffre de la peur du noir, voilà Alicia obligée de faire une garde de nuit. La découverte pour elle de bien des mystères que les patients, mais aussi les soignants tiennent à garder secrets.

 

« J'aurais pu céder à mes pulsions parce qu'elles sont là. Elles sommeillent quelque part, ne tenant qu'à un fil avant de se déchainer au grand jour. J'aurais pu prendre un tout autre chemin que celui dans lequel je piétine depuis des années, mais je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas sombré. Je ne suis pas folle. » Alicia ne veut pas s’engager avec Tom, se sent attirée par Julian, veut protéger Milla alors qu’elle ne cesse de se mettre en danger elle- même… C’est un personnage bien étrange que l’on suit là, qui semble marcher sur un fil séparant la raison de la folie.

 

Au final, un récit qui m’a happée pour les premiers deux- tiers, avec des éléments surprenants et des révélations qui se succèdent. Puis le rythme s’essouffle, les mêmes événements se répétant sans forcément se justifier une fois que les liens entre les personnages ont été révélés. Une lecture agréable, mais qui ne me marquera pas. 

samedi 25 février 2023

La nuit est mon jour préféré, Cécile Ladjali (Actes sud, 01/2023)


 

La nuit est mon jour préféré, Cécile Ladjali (Actes sud, 01/2023)

💛💛

 

Un nouveau livre écrit par Cécile Ladjali ? J’ai aussitôt envie de le lire ! Je ne peux oublier l’émotion ressentie à la lecture d’ « Illettré » et ses chroniques mensuelles dans le magazine « LIRE » sont chaque fois un plaisir de lecture. Je me réjouissais donc de lire son dernier roman ; mais malheureusement, je n’ai pas adhéré au récit, trop tourné vers la politique (le conflit israélo- palestinien), mais aussi vers l’abstrait. Même si la qualité littéraire de l’écriture est indéniable, c’est le fond qui ne m’a pas plu ici et je n’ai pas pu m’attacher aux personnages, ni donc à ce qui leur arrivait.

 

« Quand je vois Roshan, elle refuse de me parler. Je suis juif. La situation n'aide pas. Or la politique ne suffit pas é expliquer son silence. Je suis un homme et Roshan est seule face aux hommes. Deux hommes déjà ont décidé de sa vie à sa place : l'amant d'un soir (certainement) et le père qui l'a amenée ici. Elle ne me le dit pas, mais je sais qu'elle me hait parce que je suis un homme. » Roshan, étudiante, a fait un déni de grossesse jusqu’au 32ème mois. Elle a alors voulu se suicider ; ce qui l’amène à être suivie par Tom, psychiatre israélien. Etant Palestinienne, elle le rejette, lui et tout ce qu’il représente.

 

« L'angoisse me définit (terreurs nocturnes, hébéphrénie, agoraphobie). J'ai passé mon enfance en analyse et étant, comme il se doit, tombé amoureux de ma psy, j'ai décrété à l'acmé du transfert que j'exercerai un jour sa profession. » Tom a beau être psychiatre, il n’en demeure pas moins un homme profondément dérangé. Sous couvert de recherches sur les liens « in utéro » des fœtus avec leur mère, il développe des théories liées à son propre vécu.

 

Au final, un roman dans lequel j’ai eu du mal à me retrouver. Les cent premières pages m’ont surprise, m’ont plu, et puis j’ai eu l’impression de me trouver dans une spirale répétitive : le soignant amoureux de sa patiente, la femme qui repousse l’homme qui revêt le manteau opportuniste du « sauveur », la navette Soyouz qui n’en finit pas de disparaître et de réapparaître, et la tantine qui voit tout en noir parce qu’elle a été larguée par son amoureux du lycée. Les voix s’entendent de partout, mais à trop répéter, on finit par se noyer dans le bruit (ou le silence). 

vendredi 24 février 2023

Toxic hell, Anita Rigins (Editions Addictives, 02/2023)



 Toxic hell, Anita Rigins (Editions Addictives, 02/2023)

💘💘💘💘💘 

Quelle histoire !!! Un coup de cœur ! Je ne m’attendais pas à tant de densité, à tant de revirements de situations, à tant d’émotions fortes, en lisant une romance. Alors, certes, je savais que je m’engageais sur une histoire plutôt sombre, entre une rescapée d’une secte et un fils de malfrat qui gagne sa vie dans des combats illégaux à la force de ses poings ; mais rien ne prédisait les mauvaises passes qui suivraient leur rencontre. Et cela jusqu’à la fin !!!

 

« Il ne semble pas beaucoup plus vieux que moi, mais ses blessures le rendent... sauvage. Létal. Toxique. Et ça, c'est flippant si vous voulez mon avis. Il évolue dans un joli petit enfer toxique pour tout et pour tous. » Hena tente de se reconstruire après avoir pu s’échapper d’une secte dans laquelle sa mère, son frère et elle- même ont subi des atrocités. Son besoin d’argent la met dans l’urgence : seul le vol lui semble être la solution rapide et valable. Mais voilà qu’elle détrousse la mauvaise personne : Nasser, ex- enfant des rues, organisateur de combats clandestins dans lesquels il aime lui aussi jouer du poing. Il ne tardera pas à retrouver la jeune voleuse et à lui demander réparation.

 

« Nous sommes tous mauvais à notre manière. Ceux qui disent être purs et innocents sont les pires. Le vice les ronge encore plus que les autres. Ce ne sont que des mensonges destinés à redorer leur image fallacieuse, qui finira tôt ou tard par se briser. » Nasser, sous ses muscles, est un homme brisé qui a bien compris le fonctionnement de l’humain : il est capable de déterminer lequel est fondamentalement bon ou mauvais. Hena sera-t-elle celle à la hauteur de ses attentes ?

 

« Une sensation que je n'ai jamais ressentie me parcourt. Le temps de la chute, j'ai eu l'impression de mourir et de revenir à la vie. Je n'ai jamais autant savouré mes bouffées d'oxygène que celles qui remplissent actuellement mes poumons. Je me sens vivante. » De rapprochements en heurts, Hena et Nasser vont s’apprivoiser, trouvant dans l’autre, l’être écorché qu’il est lui- même. Mais le passé peine à s’effacer : les frères respectifs de nos protagonistes sont là pour le leur rappeler.  

 

Au final, un roman captivant, habité par des personnages attachants, à la psychologie élaborée et souvent surprenante. On sent que l’auteure a fait des recherches sur les dérives sectaires et les conséquences psychologiques qui en découlent sur ceux qui parviennent à en sortir. J’ai été happée par l’histoire des deux protagonistes principaux, espérant qu’après tant de noirceur (jusqu’à la fin ou presque !) et de souffrance, ils pourraient enfin trouver un certain apaisement. Une réussite !

mardi 21 février 2023

Aponi, Poppy et Monsieur Cantrell, Barjy L. (Milo, 12/2022)


 

Aponi, Poppy et Monsieur Cantrell, Barjy L. (Milo, 12/2022)

 💟💟💟

Envie d’un roman tout doux et émouvant, qui se lit tout seul et vous fait sourire tout en vous prenant aux tripes ? Ce livre est pour vous. Découvrez le quotidien de Poppy, de sa « presque » fille Apony et de Monsieur Cantrell ; une famille hors norme avec un cœur sur la main, et de bien beaux sentiments, qui font du bien en ce moment.

 

« Le choc qui suit est tellement brutal que son chariot dévie de 90 degrés. Obnubilé par l'heure, Warren en a oublié de regarder devant lui. Il relève les yeux pour croiser plusieurs clients à la mine accusatrice. Il leur offre un rictus de contrition puis se tourne vers la droite et l'autre chariot qu'il vient littéralement de défoncer.
Derrière celui-ci, un homme hébété et entre ses mains, à hauteur de poignée, une petite fille apeurée. »
Warren Cantrell est le vice- président d’une société de télécommunications, mais il passe ses week-ends à fabriquer des déguisements de tous genres pour les « cosplayeurs ». Un jour où il s’approvisionne en matériaux dans un magasin de bricolage, un moment d’inattention fait que son chariot heurte brutalement celui d’un autre client, Todd, accompagné de sa fille de sept ans, Apony.

 

« Il vient juste de décider que Todd et sa fille, qui ne l'est pas vraiment, feront partie de sa vie, d'une manière ou d'une autre. Peu importe la place qu'ils accepteront de prendre dans son existence. Tant qu'ils voudront bien partager un bout de route avec lui, tout lui va. » Entre les deux hommes, on ne peut pas parler de coup de foudre, mais d’une attirance très forte l’un pour l’autre. Un téléphone oublié, un coup de fil, et le rapprochement se met en place, lentement, respectant les deux expériences de vie de nos deux principaux protagonistes.

 

Au final, un roman très doux, dans lequel les sentiments ont la part belle. On compatit avec Todd sur l’histoire de la petite Apony, née d’un père démissionnaire et d’une mère du genre irresponsable, qui vit comme un électron libre, à la découverte des quatre coins du monde. J’ai aimé la poésie du texte malgré quelques maladresses textuelles ; j’ai aussi aimé la tension palpable entre les différents protagonistes du fait de leurs histoires respectives, mais j’ai regretté la répétition de certaines situations. En bref, à lire si vous aimez les histoires pleines de bons sentiments et sortant des sentiers battus.  

mercredi 15 février 2023

Une saison pour les ombres, R.J.Ellory (Sonatine, 01/2023)

 


Une saison pour les ombres, R.J.Ellory (Sonatine, 01/2023)

💙💙💙

 

Premier roman de R.J. Ellory que je lis. Une ambiance glaciale, au nord du Canada, dans une cité hantée par les esprits indiens dans laquelle l’industrie minière permet aux nouveaux venus d’espérer un avenir prospère. Sauf que les conditions de vie à Jasperville sont âpres ; peu de lumière du jour, peu de chaleur, une nature hostile et des animaux sauvages menaçants. La famille Deveraux va aller s’y installer dans les années 70. Alors que l’aîné, Jacques, a six ans, une jeune fille est assassinée. Le coupable semble être un loup, ou un ours ; mais le corps d’une autre adolescente va être retrouvée peu de temps après… Et si l’assassin était finalement un homme ?

 

« Au moins, il était arrivé. Et désormais, instant après instant, souvenir après souvenir, il lui faudrait affronter les raisons qu'il avait eues de fuir. Il était rentré chez lui, qu'il le veuille ou non. » Jacques Devereaux est appelé car son petit frère, Calvis, vient de se faire arrêter après avoir tenté de tuer un homme. Mais voilà, cela fait vingt- six ans qu’il a pris la fuite, qu’il s’est sauvé de Jasperville en laissant sa famille, et même sa petite- amie derrière lui. Le retour sur les terres de son enfance va nécessiter un règlement de comptes avec son passé.  

 

« Il y avait des êtres, dehors dans l'obscurité, qui retenaient leur souffle, qui attendaient leur heure. Leurs yeux étaient d'une lumière noire, aussi terne qu'éclatante, qui ne les trahissait pas. Ils pouvaient rester tapis toute la nuit, sur leur séant, les narines tressaillant au même rythme que des cœurs d'enfant. » Calvis semble obsédé par l’idée que les « wendigos », ces esprits maléfiques issus de la croyance indienne, existent réellement. Leur grand- père leur en parlait durant des heures, persuadé lui- même de voir des choses imperceptibles à l’œil cartésien de tout être humain. Pour Calvis, aucun doute, l’homme qu’il a agressé est un wendigo et les meurtres d’adolescentes qui se sont succédés lui sont imputables. Comment en est-il arrivé là ?

 

Au final, un roman noir qui débute sur une double temporalité, entre la naissance du couple Devereaux, leur installation à Jasperville et la vie de Jacques à Montréal, exilé et dégagé de tout ce qui peut avoir un lien avec sa jeunesse. Les premiers chapitres sont passionnants, puis j’ai trouvé une espèce d’essoufflement dans le milieu du roman ; des répétitions, des situations qui tournent en rond, et enfin, les dernières pages ont accéléré le rythme de l’enquête. Une bonne intrigue, mais un peu languissante à mon goût.

samedi 11 février 2023

Captive, tome 1, Sarah Rivens (BMR, 08/2022)


 

Captive, tome 1, Sarah Rivens (BMR, 08/2022)

💙💙💙💙

 La sortie de ce livre avait fait beaucoup de bruit, et je me souviens avoir dû patienter quelques semaines avant de recevoir enfin mon exemplaire. Mais ce laps de temps m’avait permis de lire autant d’avis positifs que négatifs, et incitée à attendre un peu, histoire d’entrer dans ma lecture en terrain neutre. Mais force est de constater que la trilogie de Sarah Rivens déchaîne encore les passions sur les réseaux sociaux, collant idéalement avec la citation notée sur la couverture ; « De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas… »

 

« Est- ce que j'avais hâte de quitter cette maison qui renfermait mes pires douleurs ? Certainement.
Est- ce que je savais qui était cet inconnu et pourquoi il m'avait embauchée ? Absolument pas.
Est- ce que j'avais peur ? J'étais terrorisée. »
Ella est une jeune femme n’ayant connu que la maltraitance et l’abandon. Quand son « possesseur » la revend à un chef de la mafia, Asher Scott, elle se demande si elle va encore tomber plus bas.

 

« J'avais même appris l'origine du terme "captive" : les personnes qui avaient créé le poste avaient adopté ce terme pour mettre le gouvernement sur une fausse piste de kidnapping et séquestration, afin de faire passer leur affaire de trafics d'armes sous son nez. » Ella n’a aucun diplôme, elle a donc accepté de devenir « captive » ; c’est- à- dire de travailler aux côtés de trafiquants en accomplissant des missions d’espionnage. Si John, son ancien possesseur s’est servi d’elle comme un proxénète, elle découvre ce qu’est réellement sa fonction dans le réseau Scott. Elle se lie d’amitié avec les divers membres du gang, mais Ash reste dédaigneux, voire méprisant, avec elle.

 

« Je commençais à croire que nous étions comme des aimants : on s'attirait, mais il suffisait d'un rien pour créer de la répulsion. » De missions périlleuses en conflits d’intérêts, nos deux protagonistes vont finir par s’apprivoiser. Mais s’aimer lorsqu’on est en tête du plus gros réseau de trafic d’armes à l’internationale, c’est mettre l’autre en danger…

 

Au final, j’ai apprécié ma lecture même si j’ai trouvé le personnage d’Asher un peu trop caricatural. L’intrigue basée sur des secrets de famille fonctionne bien, les rebondissements divers font avancer le récit et les personnages sont globalement bien identifiés. La plume est fluide même si le vocabulaire utilisé est parfois répétitif. En tout cas, je lirai la suite.  

mardi 7 février 2023

Bass Rock, Evie Wyld (Actes sud, 01/2022)


 

Bass Rock, Evie Wyld (Actes sud, 01/2022)

💚💚💚

 Trois générations de femmes reliées par un lien familial en Ecosse, entre la chasse aux sorcières et la difficulté de trouver sa place pour une femme célibataire de notre époque. Un lien qui s’entortille tel un serpent venimeux, emmenant dans ses anneaux la tromperie, la veulerie et les morts mystérieuses.

 

"Elle m'a ensorcelé ! " hurle le jumeau Browning en retenant sa culotte. Mon père lui donne un coup de poing sous le menton qui fait claquer sa tête en arrière, puis ses jambes flanchèrent et il s'effondre. Les autres reculent d'un pas, mon père soulève la fille et la recouvre de sa robe, bien qu'elle soit déchirée, boueuse et collée à son corps. Il la charge sur son épaule pour avoir les bras libres. "Si elle est morte, je reviendrai vous couper les oreilles." XVIIIe siècle, Sarah a quatorze- ans et elle est traquée pour sorcellerie. Le pasteur du village décide de la défendre face à l’opprobre de tous. Il devra fuir, avec ses proches. Mais qui est réellement Sarah ?

 

« La voix de ma mère dans ma tête : "Pourquoi toutes ces femmes essaient de ressembler à des cerfs éblouis par des phares ? Pourquoi tous ces hommes veulent se donner l'air de rire trop fort en public ?" » Viviane, de nos jours, se voit chargée d’aller vider la maison familiale. Le passé et ses mystères reviennent à la surface. Retour sur sa mère, Bernadette, prise sous l’aile protectrice de Ruth...

 

"Tu connais la fourchette d'âge des femmes le plus souvent tuées par des hommes ?

- Non.

- Trente- six à quarante- cinq ans. Tu sais pourquoi ?

- Pas la moindre idée."

Elle se rapproche et je sens son haleine- outre le vin et le tabac, elle refoule quelque chose d'autre, aigre et vieux. "Parce qu'ils ont fini de procréer avec nous, mais qu'on est encore baisables." Viviane va rencontrer une femme aussi « borderline » qu’elle, Maggie. Ce personnage charismatique va apporter une dose de féminisme mais aussi de magie au récit.

 

Au final, un roman plein de promesses, mais que j’ai trouvé mal écrit (à moins qu’il ne soit mal traduit). Il faut vraiment bien se concentrer pour comprendre tous les implicites du texte et se situer dans les différentes sphères temporelles. Les idées sont pourtant très originales, l’intrigue possède un réel intérêt et les personnages de Ruth et Maggie sont bien élaborés. Mais mon avis reste mitigé.  

dimanche 5 février 2023

Un abri de fortune, Agnès Ledig (Albin Michel, 02/2023)


 

Un abri de fortune, Agnès Ledig (Albin Michel, 02/2023)

💜💜💜💜💜

 Je n’avais encore jamais lu de romans écrits par Agnès Ledig malgré sa popularité. J’avoue que ce n’est pas le nom de l’auteure qui m’a attirée ici, mais la magnifique couverture de ce livre ; cette végétation entourant le firmament dans lequel se cache un félin cerné de ronces… Une bien jolie découverte.

 

« Leur chaos à eux, qu'ils sont venus ranger ici, entre les fleurs et les nuages. Et maintenant celui des autres. Des chaos différents. Mais quel que soit le tas de peurs, de peines, de souffrances, la façon de ranger est sensiblement la même. » Capucine et Adrien se sont rencontrés dans le plus grand des hasards ; deux âmes en peine, rudoyées par la vie. Retrouvant la paix intérieure en s’installant dans une ferme reculée au milieu des Vosges, ils décident d’ouvrir leur porte à des personnes en détresse, dans le but de leur redonner goût à la vie.

 

« L'homme se sent puissant. A sa place. En surplomb du monde, loin des humains dérisoires. En visitant le chalet pour la première fois, quelques années plus tôt, ce fut une évidence : "C'est là. Ne réfléchis pas." » Jean est né et a vécu de longues années dans une maisonnette toute proche. Il connaît bien les lieux ainsi que leurs secrets. Chaque jour il se rend sur un banc situé sur un promontoire pour vivre par procuration les expériences du couple et de leurs protégés.  

 

« A- t- on le droit de renaître à soi- même ? de passer l'éponge et de jeter aux rapaces les miettes de son passé triste ? de faire comme si on apparaissait au monde, vierge de tout, pour se laisser une deuxième chance. » Nos six personnages tissent des liens en travaillant durement à l’amélioration de la ferme. Voilà que sous un taillis, ils découvrent quelques marches les entraînant dans les profondeurs de la terre. Quels sombres secrets liés au passé vont-ils découvrir ? L’enquête va s’avérer longue tant les langues vont refuser de se délier. Et paradoxalement, ce qui va être découvert va leur permettre, à tous, de tracer une croix sur un passé douloureux pour accepter, enfin, d’avancer serein.

 

Au final, un roman doux et captivant à la fois. Même s’il est basé sur la notion de résilience, il y a suffisamment de suspens pour tenir le lecteur en haleine jusqu’à la fin. Une très bonne lecture. 

mercredi 1 février 2023

La communauté de l’est, tome 3 : Sauve- moi, Sarah West (Evidence éditions, 08/2022)


 

La communauté de l’est, tome 3 : Sauve- moi, Sarah West (Evidence éditions, 08/2022)

 💕💕💕💕

Retour aux côtés d’Eve et Marie, précédemment libérée de la secte de la communauté de l’est, proche des Amish. Comme elles l’avaient promis dans le tome précédent, elles vont venir aider leur ami Elijah à s’enfuir à son tour du camp tenu par un prophète aux allures de dictateur moyenâgeux. Seulement voilà, Elijah n’a pas prévu de se sauver seul ; il entraîne avec lui Joseph, un jeune homme dont il est tombé amoureux en cachette. Mais nos deux rescapés seront- ils capables de supporter les regards extérieurs, et s’intégrer sans souffrir dans une société moderne ?

 

« Je m'approche et pose mon front sur le sien. C'est notre connexion, il se calme quand on fait ça, et moi, ça me rend heureux d'être si près de lui. » Elijah trouve du réconfort auprès de Joseph qui a quasiment le même âge que lui. Le comportement du prophète de la secte l’horripile. Il sent qu’il s’y passe des choses incorrectes, notamment dans le traitement des femmes de la communauté. Son attirance vers les hommes, il le sait, est absolument proscrite. D’ailleurs, sa majorité approche et il va être temps pour lui d’épouser l’une de ses « sœurs » et de procréer.  

 

 « Je pense que c'est à ce moment- là que je comprends que Dieu ne lui parle pas, que tout cela n'est que foutaise. Je le pensais déjà, mais là, ça se confirme. » Elijah est mandaté brutalement pour des échanges de sacs vers l’extérieur. L’occasion est trop belle pour découvrir le monde d’aujourd’hui, de comparer des éléments probants et de se rendre compte de la supercherie sur laquelle est basée la communauté de l’est.

 

« Elle est la seule à m'aider à me relever quand tout s'effondre autour de moi. Elle m'a prouvé encore ce soir qu'elle est prête à tout pour moi et c'est ce que j'ai toujours cherché dans ma vie. » Les deux hommes vont parvenir à s’échapper pour de bon de la secte, mais une fois insérés dans la société, leur attirance mutuelle va évoluer ; les tentations se révélant désarmantes… Seule Rubie, âme en peine des tomes précédents, va réussir à recoller les morceaux éparpillés de nos deux jeunes hommes, submergés par les émotions et les déconvenues d’un monde inconnu qu’ils auront voulu conquérir trop vite.

 

Au final, un troisième tome qui conclut parfaitement la trilogie, toujours avec des personnages à la psychologie complexe, et qui fait, pour mon plus grand bonheur, des liens avec la saga suivante, « The last bikers ».