Le petit garçon qui voulait être Mary
Poppins, Alejandro Palomas (Cherche Midi éditeur, janvier 2020)
★★★★★
Alejandro Palomas m’avait fait rire dans son premier roman intitulé « Une
mère » ; là, il m’a émue profondément...
L’absence est de nouveau la problématique centrale du récit. Ici c’est la
maman de Guille qui manque à l’appel : elle a accepté le travail d’hôtesse
de l’air pour une ligne d’aviation basée à Dubaï. Le petit garçon de neuf ans
et son papa sont donc obligés de s’adapter à une vie à deux, pas forcément
évidente dans une société aux mœurs latines, dans laquelle les hommes doivent
être forts et virils. Alors quand le petit garçon demande à faire de la danse
plutôt que du rugby, et que, surtout, il s’entiche du personnage de Mary
Poppins, tout le monde s’inquiète.
Le récit est polyphonique, le narrateur étant tour à tour le petit Guille,
Manuel, son papa, et Maria, la conseillère d’orientation de l’école qui va s’intéresser
à ce petit garçon qui tient absolument à jouer le rôle de Mary Poppins dans le
spectacle de fin d’année de l’école, avec son unique amie Nazia, une petite
Pakistanaise tout juste arrivée dans le quartier.
On ne peut qu’être touché par les mots puérils de Guille, l’innocence de
son regard de petit garçon sur le monde compliqué des adultes. Vient le moment
où la malle aux secrets va s’ouvrir pour que tout le monde puisse démêler le vrai
du faux : « Quand on cherche la vérité depuis longtemps,
c'est le jour où on la découvre enfin qu'arrive le plus difficile : savoir quoi
en faire. »