mercredi 29 avril 2020

Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins, Alejandro Palomas

Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins, Alejandro Palomas (Cherche Midi éditeur, janvier 2020)

★★★★★

Alejandro Palomas m’avait fait rire dans son premier roman intitulé « Une mère » ; là, il m’a émue profondément...
L’absence est de nouveau la problématique centrale du récit. Ici c’est la maman de Guille qui manque à l’appel : elle a accepté le travail d’hôtesse de l’air pour une ligne d’aviation basée à Dubaï. Le petit garçon de neuf ans et son papa sont donc obligés de s’adapter à une vie à deux, pas forcément évidente dans une société aux mœurs latines, dans laquelle les hommes doivent être forts et virils. Alors quand le petit garçon demande à faire de la danse plutôt que du rugby, et que, surtout, il s’entiche du personnage de Mary Poppins, tout le monde s’inquiète.

Le récit est polyphonique, le narrateur étant tour à tour le petit Guille, Manuel, son papa, et Maria, la conseillère d’orientation de l’école qui va s’intéresser à ce petit garçon qui tient absolument à jouer le rôle de Mary Poppins dans le spectacle de fin d’année de l’école, avec son unique amie Nazia, une petite Pakistanaise tout juste arrivée dans le quartier.

On ne peut qu’être touché par les mots puérils de Guille, l’innocence de son regard de petit garçon sur le monde compliqué des adultes. Vient le moment où la malle aux secrets va s’ouvrir pour que tout le monde puisse démêler le vrai du faux : « Quand on cherche la vérité depuis longtemps, c'est le jour où on la découvre enfin qu'arrive le plus difficile : savoir quoi en faire. »

Et la dernière page s’est tournée, déjà, le cœur gros, mais sûre que ce petit bonhomme restera dans ma mémoire de lectrice un moment…

lundi 27 avril 2020

La Chaîne, Adrian McKinty

La Chaîne, Adrian McKinty (Mazarine, février 2020)

★★★★★


Un jour, un numéro inconnu vous appelle sur votre portable. Son message : « Deux choses dont vous devez vous souvenir, dit une voix étrange, comme rendue méconnaissable par quelque machine. Primo, vous n'êtes pas la première et vous ne serez certainement pas la dernière. Secundo, rappelez- vous toujours que ce n'est pas l'argent qui compte - c'est La Chaîne. »
Vous raccrochez et vous sombrez dans un cauchemar infernal. En effet, on a kidnappé votre enfant. Et si vous voulez le retrouver en vie, vous allez devoir payer une rançon conséquente, mais pire encore, enlever un autre enfant en espérant que les parents de celui-ci soient aussi obéissants que vous…
Mon dieu, quelle angoisse, que d’oppression en lisant ce thriller diabolique !!!
L’auteur joue habilement avec les nerfs du lecteur. Quand les événements donnent l’impression qu’un dénouement heureux se profile, très vite, un incident survient, remettant en cause les moindres efforts des protagonistes.

La victime principale ici est Rachel, dont la fille, Kylie est enlevée alors qu’elle attend le bus pour le collège. Cette femme est une « survivante » : à peine guérie d’un cancer du sein, tout juste remise de son divorce, et à deux pas de pouvoir exercer le métier dont elle rêve depuis longtemps, professeur de philosophie, qui lui permettra de vivre avec sa fille de manière plus décente. L’enlèvement de Kylie est l’épreuve de trop dans cette existence qui la déjà tant malmenée… Et pourtant, elle va trouver des ressources remarquables en elle-même et retourner ciel et terre pour retrouver la chair de sa chair, sa seule raison de vivre.

Je n’en dirais pas plus tant j’ai envie de vous laisser découvrir par vous-mêmes ce thriller incroyablement angoissant et royalement mené (la résolution du puzzle final : wouah !), mais aussi ce personnage féminin de Rachel, extraordinaire de modestie et de courage : quel cran !

samedi 25 avril 2020

Love me Lou, Eva de Karlan


Love me Lou, Eva de Karlan (éditions Elixyria, juin 2019)

★★★☆☆

« Être sous- fifre n'était pas dans ma destinée. La mienne, elle s'est écrite dans l'hémoglobine du boss quand je l'ai approché pour lui découper le visage avec mon cran d'arrêt et une lame de rasoir. Une simple formalité à laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir. » C’est ainsi que se définit Xander, un homme terriblement dangereux, très certainement psychopathe de naissance.
Dan, lui, est tout le contraire. Un être profondément bon et courageux qui a su déployer des tactiques de survie et de protection dès l’âge de douze ans afin de se protéger et surtout, d’élever sa petite sœur, Aby, à la mort de leur mère. Pour vivre tranquille et avoir un minimum de respectabilité, il a appris à se battre et à manier les armes. Il a un objectif : trouver un emploi stable pour pouvoir vivre dans des conditions décentes.
Car ces trois personnages vivent en zone 13, un quartier mal- famés qui regroupent les criminels, les junkies, les trafiquants en tous genres et les prostituées.

Cependant, un jour qu’il rentre de sa formation d’ambulancier, Dan va défendre une jeune femme de la « city » qui se fait sauvagement agresser. Un regard et c’est le coup de foudre. Elle s’appelle Lou et exerce le métier de conférencière dans la partie de la ville où l’on vit davantage en sécurité et de manière plus confortable, plus aisée.
Quelques œillades, un premier rendez-vous, un second… Dan vit sur un petit nuage, tout en doutant : vu d’où il vient, Lou n’est- elle pas trop bien pour lui ?
Mais voilà qu’un coup tordu de Xander remet l’avenir de Dan en question...

La première partie de ce roman met en place les personnalités des trois personnages principaux et les enjeux des liens qui les unissent. C’est un passage que j’ai trouvé un peu lent au niveau du rythme et j’avoue m’y être ennuyée. Par contre, la deuxième partie donne un véritable second souffle à l’intrigue et là, j’ai été captivée par les sombres péripéties des protagonistes de l’histoire. Seule la scène finale, trop onirique à mon goût, m’a décontenancée…


Au final, une lecture que j’ai trouvée bien agréable mais qui manquait d’intensité pour me plaire totalement.



jeudi 23 avril 2020

La fille de personne, Cécile Ladjali


La fille de personne, Cécile Ladjali (Actes sur, mars 2020)

★★☆☆☆

J’aime beaucoup ce que fait Cécile Ladjali, sa détermination à faire vivre la littérature, notamment dans les dialogues sur scènes avec des auteurs contemporains qu’elle met en ligne sur Instagram, son désir de l’enseigner, aussi, auprès de personnes que l’on pense « exclues » de l’univers de la lecture, comme les sourds ou les illettrés. J’avais d’ailleurs adoré son roman éponyme paru en 2016.
Alors quand elle a proposé l’idée de parler des bibliothèques brûlées, des destructions de livres par divers autodafés à travers les siècles et dans le monde entier, tout en mettant en parallèle des auteurs ayant réellement existé, Kafka et Hedayat, qui eux- mêmes prenaient la décision étrange de brûler leurs créations, je me suis jetée sur ce roman.
Malheureusement, j’avoue avoir été déçue. J’ai même quelques doutes quant à la dénomination de « roman » pour ce récit qui me paraît plutôt être un essai enrobé d’un peu de fiction.

L’autodafé est un prétexte ici pour parler des deux grands écrivains que sont Kafka et Hedayat, probablement pour raviver la curiosité des lecteurs d’aujourd’hui. Le personnage féminin qui fait le lien entre ces deux hommes est lui, fictif. Luce Notte, qui est en pleine rédaction de sa thèse consacrée aux « bibliothèques à l’épreuve du feu », va, par le plus grand des hasards, se retrouver jeune fille au pair chez les Kafka durant plusieurs mois. Le jeune Franz n’a encore rien publié, étant étouffé par un père arrogant qui méprise la trop grande sensibilité de son fils. Luce va l’encourager à prendre la plume. Mais Franz demandera quelques années plus tard, à l’un de ses amis de brûler tous ses manuscrits.

Quarante ans plus tard, Luce est devenue bouquiniste, à Paris. Elle va rencontrer Sadegh Hedayat, auteur iranien censuré dans son pays, et l’aider, à son tour, à brûler ses manuscrits : « Dans le cendrier du poêle, tes mots se sont changés en poudre grise et couvrent les charbons ardents. »


A travers ces deux hommes, c’est l’image d’un père qu’elle n’a jamais connu, que Luce recherche ; le regard protecteur d’un homme. Et son mal-être transpire dans toutes les pages du récit.
Ce qui est dommage, c’est qu’on s’y ennuie… De longues descriptions en longues introspections, les mots, certes habiles, ont tendance à endormir le lecteur, et il n’y a pas un seul dialogue pour dynamiser les scènes narrées.

Le postulat de départ était vraiment intéressant et aurait mérité d’être développé d’une manière plus vivante. Je me suis réellement ennuyée tout en restant sur ma faim…



mardi 21 avril 2020

La maison bleu horizon, Jean- Marc Dhainaut

La maison bleu horizon, Jean- Marc Dhainaut (éditions Taurnada, 2017)

★★★★★

« Nom d’une pipe de nom d’une pipe ! », comme le dirait si bien Alan Lambin, je me suis encore retrouvée piégée par les intrigues paranormales de Jean- Marc Dhainaut !!! Impossible d’arrêter de tourner les pages avant d’avoir eu le fin mot de l’histoire !

4 janvier 1985, il gèle à pierre fendre à Villers – Bretonneux, dans la Somme. Notre enquêteur mi- ch’ti mi- breton, Alan Lambin accepte néanmoins de s’y rendre pour deux raisons : participer à une conférence de son ami Paul, para-psychologue spécialiste lui aussi des phénomènes spectraux, et porter secours à Hélène, jeune mère de famille qui pense que sa maison est hantée : « Mais il ne fallait plus se mentir : cela faisait quelques jours qu'ils avaient l'impression de ne pas être que quatre à la maison. »

Arrivé sur place il va découvrir une famille totalement terrorisée par les phénomènes paranormaux se déroulant entre les murs d’une magnifique maison de maître du siècle dernier. Les portes qui claquent, les lumières qui s’éteignent toutes seules, les pleurs et les cris sont des manifestations qui se produisent chaque soir, sans faute, à la nuit tombée.

Alan Lambin va avoir besoin de son matériel spécifique à la captation d’ombres et d’énergies, mais surtout de son sens aiguisé de la déduction pour remonter dans les strates de l’histoire de la maison, mais surtout dans celles de l’Histoire, la grande, et plus spécifiquement celle de la Grande Guerre.

Au final, c’est un roman captivant qui mêle habilement intrigue fantastique et récit historique, tout en étant porté par une écriture cinématographique rythmée qui fait s’accrocher le lecteur à son fauteuil !!! Si vous aimez frissonner, n’hésitez pas !

dimanche 19 avril 2020

Supplice, L.S. Ange


Supplice, L.S. Ange (éditions Elixyria, avril 2018)

★★★★★


Une détonation et la vie de Luna s’effondre, juste après un dernier regard à sa mère : « Je croise son regard, ses superbes yeux noirs identiques aux miens, et lui rends son sourire, sans me douter une seule seconde que c'est le dernier que j'échange avec elle. » La voilà seule, ayant perdu son père cinq ans auparavant et sa mère ainsi que son petit frère, Max, dans l’explosion de la voiture familiale.

Un événement traumatisant, d’autant plus que Luna vit à Antario, une cité du futur dans laquelle les humains sont « classés » en trois zones : la zone 1 où tout le monde est « beau » et évolue dans un monde « parfait » ; la zone 2 étant celle de la classe moyenne, au service des habitants de la zone 1, pas moins beaux mais moins privilégiés… Et puis vient la zone 3, celle des soldats chargés de refluer hors des remparts de la ville des personnes surnommées les « Défaillants ». Ceux- là, ce sont les handicapés mentaux ou physiques, des « erreurs de la nature » dans ce monde qui a réussi à survivre à plusieurs accidents nucléaires.

Mais voilà, Luna, suite à son accident, se retrouve couverte de cicatrices. Impossible donc de rester en zone 1. Elle rejoint alors sa grand- mère en zone 2 et attend de savoir ce qu’il va advenir d’elle. En effet, elle vient d’avoir 18 ans, et les règles d’Antario lui impose de participer à une cérémonie d’accouplement : elle sera exposée face à des hommes susceptibles de la choisir afin de l’accepter pour compagne : « - Voici devant vous, prête pour l'accouplement, Luna Laroche, née le 18 juin de l'année 70. Que toute personne qui souhaite s'unir à elle pour la vie approche. » Qui va oser s’avancer ? Luc, son ami d’enfance ? Kylian, son nouveau voisin si craquant ? Fred, rencontré lors d’une soirée arrosée ?


Vous l’avez certainement compris, rien n’est simple pour Luna et les épreuves et péripéties diverses vont se cumuler dans son chemin de vie. La jeune fille va devoir supporter de nombreuses épreuves, dont celle de la quarantaine qui s’apparente davantage à un passage dans un camp de concentration conforme à ceux mis en place par les nazis. Ses sentiments vont aussi connaître les aléas d’un grand- huit. Ceux du lecteur aussi.

J’avoue, au début, Luna m’a passablement agacée ; jeune fille défigurée, elle parvient tout de même à avoir trois « beaux mecs » à ses pieds !!!! Et puis, son passage dans le camp de la quarantaine, dans lequel elle va faire acte de bravoure, m’a fait changer d’avis sur cette jeune fille…

L’écriture de L.S. Ange m’a une fois de plus emportée, m’agaçant, puis me tirant les entrailles quant au devenir de son héroïne, Luna, si fugace… Plaisir de lecture à 200%.

vendredi 17 avril 2020

Lux et tenebrae, Amélie Marion


Lux et tenebrae, Amélie Marion (Fyctia - Hugo et Cie, février 2020)

★★★☆☆

Amélie Marion a été sélectionnée par la plateforme d’écriture Fyctia suite au concours portant sur le thème de la sorcière, pour être publiée par la maison d’édition Hugo et Cie en format numérique. Ayant eu la chance de participer à cette même aventure éditoriale, je me suis lancée à mon tour dans la lecture de « Lux et tenebrae ».

Nous sommes ici aux côtés d’Abigail, jeune princesse de bientôt dix-huit ans qui s’apprête à fêter son mariage le jour de son anniversaire. Son futur époux lui est inconnu, mais cet événement va lui permettre de quitter enfin le château dans lequel elle est enfermée depuis sa naissance. Elle y a été élevée dans le culte du silence et dans l’interdiction de tout contact corporel. Seule son imagination lui a permis jusque-là de mettre un peu de fantaisie dans son quotidien : « Il m'arrive de me plonger dans les créations de mon inconscient de façon si intense que j'entends le rire des enfants, les murmures des vieillards et le vent chanter à mes oreilles. »
Et pourtant, en apprenant qu’un étranger est retenu dans les geôles du château, elle va oser faire un pas de côté à l’habituel protocole qui lui est imposé, et cet écart va entraîner bien des rebondissements dans sa destinée !


Je peux dire que j’ai été charmée par l’univers fantasmagorique plutôt « soft » imaginé par cette auteure de fantasy. Nous sommes en présence de sorcières aux pouvoirs divers évoluant en marge de notre monde peuplé de simples êtres humains. J’ai apprécié la présence de Charon, ce passeur d’âmes évoluant sur le Styx car Amélie Marion a su utiliser ce personnage mythologique avec originalité !
J’ai beaucoup aimé la poésie de l’écriture, notamment dans les incantations :
« A minuit, ose, il en va de ta vie.
Ta destinée est entre tes mains.
Notre avenir en dépend.
Sois brave, et le monde te paraîtra plus grand. »

Le seul bémol que j’ai pu relever réside dans les maladresses lexicales et grammaticales que mon œil de professeur de français a tendance à relever facilement.

Au final, un récit original, poétique et très agréable à lire. Je le classerais volontiers au rayon « Young adults » ; sûre qu’il plairait à des adolescents dès l’âge de quatorze – quinze ans.

jeudi 16 avril 2020

Le testament de l'oubli, Louis Malaune


Le testament de l'oubli, Louis Malaune (Ravet- Anceau, septembre 2018)

★★★★★

Bienvenue à Boulogne- sur- mer, premier port de pêche de France, sa vieille ville fortifiée, son musée de la mer et ses voyous du quartier du Chemin vert. Une voiture brûle sur la RN42 et le conducteur qui en sort a complètement perdu la tête. Le commandant Talmon est appelé sur place. C’est le début d’une nouvelle enquête. Elle sera des plus macabres : des corps de femmes suppliciés et sans tête sont découverts à un rythme terrifiant. Quel fou a été lâché dans la nature ?

Talmon, policier irascible aux méthodes non conventionnelles, est sur les nerfs. Lui qui a récemment résolu avec succès l’affaire du Bourreau Belge espérait un peu de répit. Or, il en est loin. Le nouveau criminel – tortionnaire lui fait rapidement comprendre que c’est lui, Gabriel Talmon, qu’il vise à travers ses cruels méfaits. Seul un retour dans un passé douloureux va permettre de mettre le policier sur la piste du tueur. Celui-ci est particulièrement sadique : « Il avait lu des tas d'ouvrages avant de passer à l'action. Des livres sur la torture au Moyen Age, les récits de bourreaux, allant même jusqu'à se délecter d'un document plus contemporain sur la gestion de la barbarie, le manuel du parfait petit djihadiste, pensé et écrit par et pour des tortionnaires modernes. » Talmon va devoir s’armer de patience, même si cela n’est pas son fort, pour pouvoir espérer épargner ses collègues et ses proches.


Une intrigue menée tambour battant ! Aucun répit n’est accordé au commandant Talmon pour qui on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie malgré son comportement exécrable ! Les crimes perpétrés sont horribles – âmes sensibles s’abstenir ! – voire machiavéliques. L’auteur , de plus, positionne le lecteur aux premières loges grâce à une écriture cinématographique, dense et précise.

Bref, j’ai vraiment été captivée par l’ambiance et la densité de ce polar rondement mené. N’hésitez pas à vous y plonger !

dimanche 12 avril 2020

Yennès, Jean Vigne

Yennès, Jean Vigne (Editions Elixyria, mars 2019)

★★★★☆

Jean Vigne signe là un thriller fantastique efficace, parvenant à intégrer un univers irréel dans la réalité commune.
Les premiers chapitres font des allers- retours entre le passé (1992), le présent (« de nos jours ») et le futur (2038). C’est un peu confus mais en tournant les pages, le puzzle temporel se met en place et permet au lecteur de comprendre le pourquoi du comment.

Nous sommes ici aux côtés de la capitaine Agnès Philipetti. Celle- ci est appelée à l’hôpital de Grenoble, au chevet d’un homme retrouvé inconscient dans un appartement loué via Airbnb. La location est saccagée, du sang recouvre les murs et le sol et une étrange substance remplit la baignoire. Bizarrement, on va y retrouver l’ADN d’une fillette de onze ans, Yennès Jasquier, qui a mystérieusement disparu dans le petit hameau montagnard de Aime sept ans plus tôt.

Agnès n’est pas au bout de ses soucis… Les assassinats, tous plus étranges et cruels les uns que les autres, vont se multiplier et engendrer bien des interrogations qui mettront Agnès sur le chemin de la catastrophe de Tchernobyl…

Bref, un roman très intéressant, inquiétant par moment, qui pose pas mal de questions sur l’avenir de l’humanité et sur l’angoissante interrogation de la vie après la mort. 

vendredi 10 avril 2020

L’horizon qui nous manque, Pascal Dessaint

L’horizon qui nous manque, Pascal Dessaint (éditions Rivages / Noir, août 2019)

★★☆☆☆

Soyons clairs, j’ai choisi ce roman parce qu’il se situe là où j’ai grandi. J’avais déjà entendu parler de l’auteur sans l’avoir déjà lu, et je n’avais aucune connaissance de l’intrigue.

Question description, des lieux, j’ai été ravie, plongée dans mes propres souvenirs : « Cette mer se retirait si loin parfois que l'on pensait que même en courant à perdre haleine, des heures, une journée entière, on ne pourrait jamais atteindre les vagues qui se confondaient longtemps avec les brumes de chaleur. ». Cette mer du Nord, qui se mérite à coups de longues marches dans le sable, la réserve naturelle du platier d’Oye, la Tour penchée, le cochon Noir, le café du Col Vert à Marck sont des lieux que j’ai foulés et fréquentés durant trente ans, avant de descendre en Occitanie.  Quel plaisir de les retrouver sous une plume qui a su les apprécier !

Mais niveau intrigue, je suis restée sur ma faim…
Nous sommes en présence de Lucille, jeune institutrice qui vient de démissionner de l’Education nationale pour s’occuper des migrants dans la jungle de Calais. Elle vient de faire un burn- out et cherche un lieu où se réfugier ; ce sera dans une caravane que lui loue Anatole. Ce vieux monsieur ne vit que pour la chasse (il vit mal le fait de ne jamais avoir pu s’acheter une hutte), les films de Jean Gabin et les bons de réduction valables au supermarché de la ville d’à côté. C’est un bon bougre qui a le cœur sur la main. D’ailleurs, Loïk, sorti de nulle part (enfin, de « zonzon » quand même), va en profiter en venant s’installer dans le troisième « logement » de l’impasse, c’est-à-dire l’ancienne baraque à frites d’Anatole.

Les envies et les besoins des uns et des autres vont s’entrechoquer et produire de bien tristes événements, qui seront le prétexte pour l’auteur de construire une espèce de morale à cette large fable basée sur la misère sociale : « L'humanité est en train de muer en quelque chose de singulièrement détestable. »

jeudi 9 avril 2020

New Black Earth, Cindy Vanel

New Black Earth, Cindy Vanel ( Editions Elixyria,  mars 2020)

★★★★★

« Le crépuscule est, paraît-il, le meilleur moment pour que des choses étranges fassent leur apparition. » Le crépuscule est une frontière. La limite entre le jour et la nuit, l’illusion qui sépare la raison de la folie. Avec « New Black Earth », attendez- vous à rester sur ce genre de fil incertain durant la majeure partie du récit !

Ambre, française de vingt ans, étudiante en Lettres, part en vacances en Angleterre avec ses quatre amis de toujours : Alexandre, Thomas, Gabrielle et Elena. Sur place, ils vont rencontrer Logan, un étudiant en médecine anglais. A l’aide de ce guide improvisé et sympathique, ils vont visiter les lieux incontournables de Londres et profiter de l’insouciance de leur jeunesse.

Quand on leur propose d’aller visiter un asile abandonné depuis plus de quatre-vingt-ans, situé sur une île déserte, les jeunes gens hésitent. Certains d’entre eux ont envie de se faire « un shoot » d’adrénaline tandis que les autres demeurent réticents après s’être documenté sur les lieux : des légendes et des disparitions étranges entourent les lieux depuis des années. D’ailleurs, si les lieux sont abandonnés depuis si longtemps, c’est qu’il doit bien y avoir une raison….

Nos six étudiants, suite à un vote symbolique, prennent la mer pour se rendre sur l’île. Et là, accrochez-vous !!! Personnellement, je suis passée par une palette d’émotions très différentes : inquiétude, incrédulité, frayeur, etc. Cindy Vanel m’a entraînée dans un récit sans répit ! Impossible de poser le roman : il fallait que je sache ce qu’il s’était passé, que je comprenne le fin mot de l’histoire ! De ce fait, j’ai lu le livre quasiment d’un coup !

Bref, foncez sur ce roman mais prévoyez plusieurs heures de lecture devant vous car vous ne pourrez pas le lâcher !!!!
Auteure à suivre !!!

La fille sans peau, Mads Peder Nordbo

La fille sans peau, Mads Peder Nordbo (Actes Noirs, janvier 2020)

★★★☆☆

Un polar nordique, danois pour être plus précis, qui se lit très bien car il mêle à l’intrigue policière des situations appartenant plutôt au thriller : désir de vengeance, tortures, viols.
La nature y a une place prépondérante, ainsi que quelques références aux légendes des Inuits : « Je pense que tout a une âme. Quand les liens sont assez forts, on est unis pour toujours. Avant la naissance et après la mort. » Néanmoins, c’est aussi une lecture exigeante tant pour retenir les noms des divers protagonistes que pour comprendre les liens entre les uns et les autres lors des étapes successives de la résolution de l’enquête.

Nous sommes ici en 2014, en présence de Matthew, un journaliste danois envoyé en mission au Groënland pour couvrir la découverte d’un corps momifié dans la glace. Les scientifiques sont persuadés qu’il s’agit d’un Viking enterré là depuis des siècles.

Mais voilà que, durant la nuit qui suit la découverte, la momie disparaît, le policier qui la gardait est sauvagement assassiné et le matériel du collègue photographe de Matthew dérobé. Étrange…

Matthew, déçu de ne pas pouvoir réaliser le scoop dont il rêvait, va se lancer dans une enquête aux multiples rebondissements, aidé par une chasseuse de phoques tatouée des pieds à la tête. Un mystérieux carnet ayant appartenu à un policier prénommé Jacob va lui être remis. Celui-ci contient des indices portant sur une enquête de meurtres sauvages et de viols sur fillettes perpétrés en 1973.  Notre journaliste va vite repérer des éléments étrangement similaires aux deux enquêtes et se lancer dans une quête pour la vérité, à ses risques et périls.

Bref, un polar intéressant mais qui souffre d’une complexité exagérée (et surfaite, à mon avis) et d’un style d’écriture assez fade.

lundi 6 avril 2020

Deadly Rose, L.S. Ange et Charlie Genet

Deadly Rose, L.S. Ange et Charlie Genet (Editions Elixyria, mars 2020)

★★★★★

Décidément, le chemin de traverse littéraire que j’emprunte depuis le début de ce confinement me réussit plutôt bien. J’avoue, la littérature « blanche » actuellement m’ennuie prodigieusement... Et cet écart me réussit ; j’ai avalé les 420 pages de « Deadly Rose » en deux jours ; complètement absorbée par cette histoire de guerre des gangs dans laquelle une histoire d’amour improbable a vu le jour.

Commençons par lui, Ezra, le bras droit de Dario, le chef des Young Bones, tel qu’il se présente : « S'il y a quelqu'un à tuer, de l'argent à récupérer, des comptes à régler, c'est moi qu'on appelle. Tout le monde ici sait que je ne plaisante pas, mes preuves ne sont plus à faire. Grand nombre de cadavres pourrissent au fond de l'East River. Il suffit d'apercevoir les traits tatoués sur mon avant-bras droit pour comprendre que la liste est longue. Des remords ? Aucun ! Toutes ces vermines ne manqueront à personne ! » A vingt- sept ans, son univers n’est autre que celui dans lequel il s’est construit très jeune : la drogue, la prostitution, la violence la plus cruelle et l’absence totale de sentiment.

Maintenant, parlons d’elle, Rosabella, vingt-et-un ans et déjà un foyer à charge, celui de sa propre mère qui souffre d’un cancer en phase terminale. La jeune femme, caissière dans un petit supermarché, porte sur ses seules épaules les charges financières de leur quotidien et du traitement pharmaceutique de sa maman. Même si l’appartement dans lequel vivent les deux femmes ressemble plutôt à un taudis, il faut de l’argent pour vivre dans le quartier new-yorkais de Brownsville, entre les charges et le racket quotidien des caïds de l’immeuble. Rosabella va tenter de trouver un autre moyen de gagner un peu plus d’argent, quitte à jouer avec le feu… Mais elle va tomber dans un piège : « Si je gravis une seule marche, je suis finie, mais si je n'obéis pas, je suis morte. »

Le récit avance au fur et à mesure des chapitres racontés alternativement par l’un et l’autre de nos deux personnages principaux. Cela donne un rythme époustouflant à l’intrigue ! En plus de cela, les deux auteures ont une imagination des plus fertiles et les rebondissements tous plus inattendus les uns que les autres s’enchaînent à une vitesse folle !

Bref, impossible de lâcher ce roman tellement j’avais BESOIN de connaître la suite !
Voilà qui m’a donné très envie de lire d’autres romans écrits par ces deux auteures, que ce soit à 2, à 4 (ou à 6) mains !!!

samedi 4 avril 2020

Le Prêtre des ombres, G.H. David

Le Prêtre des ombres, G.H. David (Plumes du web, 04/2020)

★★★★★

Je sors de ce roman fantastique (ou plutôt de « bit lit ») doublement charmée.
Premièrement par l’écriture ciselée de G.H. David (c’est déjà le cinquième roman que je lis de cette auteure), la richesse et la précision du vocabulaire utilisé et sa capacité à passer par les différents registres du langage pour donner un côté vivant à ses personnages.
Deuxièmement par la densité de l’intrigue qui trouve ses racines dans la mythologie nordique : l’auteure a véritablement préparé son récit en se documentant sérieusement sur ce sujet et les nombreuses références citées ont d’ailleurs bien attisé ma curiosité…  

Son héroïne est une commissaire rebelle, Hélène Christy. Elle dirige la brigade du BIPS, consacrée à la résolution de crimes « hors norme » : « Bien sûr, vous avez déjà fait le raccourci et vous aurez raison: je suis affectée aux affaires paranormales. Et cerise sur le gâteau, vu mon patronyme, on me surnomme Hell Christ. La classe à Dallas - ou plutôt à Paris. »
Son franc- parler et son culot au débotté ne peuvent que séduire !

Voilà qu’un nouvel équipier est envoyé dans sa brigade pour remplir le rôle d’exorciste. Ce prêtre, lié au Vatican, Armand Chills, n’est pas conventionnel. De par son allure de séducteur et ses manières charmeuses, il va semer le trouble dans l’équipe formée, à la base, de trois filles…

Mais à peine est- il arrivé que des corps sont retrouvés dans de drôles d’état. Des disparitions vont être relevées dans l’entourage de la BIPS et le passé d’Hélène va faire remonter à la surface des éléments qu’elle aurait préféré garder cachés. Adieu le repos ! Mais ça tombe bien, Hélène adore l’action, et il va y en avoir !

Au final, c’est un roman qui mêle habillement notre univers contemporain et celui du paranormal. Les actions s’enchainent et les rebondissements, souvent imprévus, ne laissent aucun répit au lecteur ; les pages se tournent avec avidité jusqu’à la fin.

En ces temps de confinement anti- virus, c’est un roman efficace pour l’évasion et contre la morosité ambiante ! Je vous le recommande chaudement !