mercredi 26 février 2025

Un cri dans le désert, Catriona Ward (Sonatine, 02/2025)



 Un cri dans le désert, Catriona Ward (Sonatine, 02/2025)

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C’est parce que j’ai gardé un excellent souvenir de l’un de ses précédents romans, « La dernière maison avant les bois », que j’ai eu envie de me plonger dans ce nouvel opus traduit en français. Cap sur la Californie, le domaine de Sundial que Rob a fui depuis plusieurs années. Le temps de se construire une famille. Mais le passé, toujours, revient la tourmenter. Et quand sa fille aînée, Callie, développe des attitudes problématiques, la jeune maman sent qu’il est temps de retourner dans la demeure familiale et d’y déterrer les secrets profondément enterrés.

« "C'est toi qui as voulu cette vie de famille, assène- t- il. Quand on s'est rencontrés, c'était ton souhait le plus cher. Et maintenant que tu as obtenu ce que tu voulais, tu ne cesses de te plaindre."
Le no man's land de la vie de couple, lorsque les rancœurs sont trop profondes et que les reproches sont devenus un écheveau inextricable. »
Rob s’enlise dans sa vie de couple avec Irving. Ils ont eu deux filles mais le papa ne cesse de découcher, multipliant les maîtresses et délaissant les femmes de sa vie.

« Quant à Callie, c'est ma fille et je l'aime. Jamais je ne lui dirai que parfois, je ne l'apprécie pas. Et jamais je ne lui dirai que parfois, l'aimer me demande des efforts considérables. » Rob n’éprouve pas les mêmes sentiments pour son aînée et pour sa cadette. Elle le regrette, et quand la première commence à adopter un comportement déviant, elle se force à prendre les devants. Direction Sundial, la propriété familiale dans laquelle Rob a grandi ; une espèce de retour aux sources.

« Le passé est une corde qui s'enroule autour de mon cou, et parfois, elle serre si fort que je n'arrive plus à respirer. » Le récit va alors alterner entre deux époques : la jeunesse de Rob, avec sa sœur Jack, dans un ranch isolé en plein désert, et le présent avec Callie et ses égarements.

Au final, un récit aux allures de conte gothique ; les fantômes hantent les vivants et les guident vers une vérité qui peut être dérangeante. Une écriture envoûtante ; avec des révélations malaisantes. Une lecture perturbante.

dimanche 23 février 2025

Du feu de l’enfer, Cédric Sire (Le Livre de poche, 08/2023)

 


Du feu de l’enfer, Cédric Sire (Le Livre de poche, 08/2023)

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Quel bonheur d’avoir découvert la plume de Cédric Sire ! J’ai encore une fois été totalement happée par ma lecture !!! L’immersion dans cette enquête policière sur fond de secte sataniste a été pour moi vertigineuse !

« Ariel fronça les sourcils.
Que faisait- elle là ?
Des nuées translucides de pollen tombaient des arbres et flottaient dans les airs autour d'elle.
Elle semblait attendre, impassible.
Était- ce lui qu'elle fixait ainsi ?
Qui d'autre ?
Mais non. C'était ridicule. Cette femme n'avait aucune raison de le surveiller. »
Ariel est un petit délinquant, incapable de se fixer et trempant dans toutes les embrouilles possibles. Heureusement pour lui, il a toujours pu compter sur sa sœur, Manon, thanatopractrice, la tête sur les épaules. Mais quand il se sent suivi au détour d’une rue, il sent que cette fois, il a dépassé une certaine limite dans ses méfaits…  

« Devenir dingue ? C'était bien ce qu'elle ressentait en cet instant. La porte de la folie était ouverte, ils avaient bel et bien eu un aperçu de ce qui se trouvait derrière son seuil. » Un suicide qui finalement n’en est pas un, un meurtre abominable, un cambriolage ; les événements dramatiques se succèdent et la tension monte crescendo entre Manon et Ariel. Dans quoi ont- ils mis les pieds ?

« Quand il portait l'autre masque, celui de bouc, quand la peur de la victime arrivait à ses narines comme un parfum âcre et affolant, cette puissance était décuplée. Il devenait qui il était vraiment. Libre de jouir sans entraves. De céder à ses désirs véritables. » Franck Raynal, capitaine de police, en est persuadé : les faits sordides qui se multiplient sont liés à une secte sataniste parodiant le « Hellfire club ».

Au final, un récit sous forme de jeu de pistes aux étapes plus sanglantes et cruelles les unes que les autres ! Une enquête captivante, d’autant plus que le personnage de Manon est terriblement attachant. Addictif !!!

mercredi 19 février 2025

La longe, Sarah Jollien- Fardel (Sabine Wespieser, 01/2025)

 





La longe, Sarah Jollien- Fardel (Sabine Wespieser, 01/2025)

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C’est le titre de ce roman qui m’a attirée, « La longe »… Car cette longe en question, c’est celle qui maintient Rose attachée à l’un des murs de sa chambre. Un enfermement, un asile montagnard, imposé depuis que la vie de la jeune femme a basculé à la suite du décès de sa petite fille, Anna, fauchée par une camionnette.

« Sitôt que Camil dévale les trois marches en bois du café où je l'attends, impatiente, sur la terrasse ombragée, mon cœur, plein de lui déjà, mais comprimé par ma retenue naturelle. Il passe une partie de ses vacances chez sa grand- mère, dans ce village où je vis, sans ami comme lui, sans un ami qui partage et chérisse le dehors et le silence autant que moi. » Ce récit est avant tout celui d’une histoire d’amour. Car entre Camil et Rose, c’est une évidence depuis le premier jour de leur rencontre, alors qu’ils sont encore enfants.

« Je ne connais plus la honte, la retenue, la dignité. Le monde que je m'étais naïvement inventé s'écroule. Qui pour juger ma fureur ? La douleur la plus effroyable, j'en ai le monopole. » Et puis un jour, le drame. Le pire, celui de perdre son enfant. Rose perd pied.

« "Aucun de nous ne reviendra" a fait naître, doucement, l'idée que je n'ai plus besoin d'entretenir ma peine, de l'exposer aux autres pour qu'ils sachent que je souffre, que je souffre plus qu'eux. » Les mots de Charlotte Delbo font écho à ceux de Pessoa ou de Rilke. La littérature se fait thérapeutique et offre la mince possibilité de revoir la lumière un jour…

Au final, un récit formidablement bien écrit. Les paysages rugueux de la montagne du Valais sont perceptibles sensoriellement parlant, tant la plume est sensible. Personnellement, j’en ai été très émue. Parlons de l’histoire désormais ; là aussi l’émotion est à son comble. En tant que maman, je n’ai pu que ressentir la détresse, la folie de Rose à la suite de la disparition de son enfant. Une tragédie poignante, et pourtant ô combien poétique.  

Exorcisé – Sortez- moi de moi, Gabriel Nadeau (Mortagne éditions, 02/2025)


 

Exorcisé – Sortez- moi de moi, Gabriel Nadeau (Mortagne éditions, 02/2025)

Comment un adolescent de treize ans en vient-il à demander à être exorcisé parce qu’il se sent différent des autres garçons de son âge ? Gabriel Nadeau, devenu Gabbe Trinity, sous son nom d’artiste, témoigne des violences qu’il a subies au sein de l’Eglise alors qu’il était plus jeune, et cela parce qu’il avait avoué être attiré par les garçons.

« En écrivant ce livre, je veux tenter de démystifier comment un jeune garçon de treize ans peut en arriver à vouloir être exorcisé.
Cette personne que j'ai été, j'ai énormément d'empathie pour elle. »
L’auteur a rédigé ce témoignage autobiographique en l’incluant dans une démarche de soin, mais aussi, et surtout, pour toucher un maximum de jeunes qui se retrouvent dans la même situation que lui, plus jeune. Être un petit garçon attiré par les poupées, par les princesses Disney et l’univers de la danse n’est pas une incongruité de la nature, et encore moins l’effet d’une quelconque possession démoniaque.

« Il existe toutefois une grande incohérence dans ce qui constitue une possession démoniaque aux yeux des chrétiens. Pour certains, ce ne sont que les péchés les plus graves comme l'homosexualité ou le meurtre, qui témoigneraient d'un individu possédé. Pour d'autres, les démons se faufileraient dans l'âme à la moindre occasion, au moindre faux mouvement : blasphème, gourmandise, jalousie, médisance, et j'en passe. » Les parents de Gabriel, très pratiquants auprès de l’Eglise chrétienne pentecôtiste, semblent désarmés par ce garçon qui ne « répond pas aux normes de la virilité ». Pour eux, il n’existe qu’une solution : faire appel à un prêtre exorciste pour réaliser une thérapie de conversion.

Au final, un récit dérangeant. Comment peut-on, à notre époque, penser que l’homosexualité est l’œuvre d’un démon ? L’auteur relève d’ailleurs quelques passages de textes religieux particulièrement dérangeants aux pages 240 et 241. Quels préceptes archaïques ! Un témoignage courageux et saisissant, écrit en québécois (parfois surprenant !).  

lundi 17 février 2025

Vindicta, Cédric Sire (Harper Collins, 05/2021)

 


Vindicta, Cédric Sire (Harper Collins, 05/2021)

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Alerte coup de cœur !!!! Mais attention, coup de cœur violent et très sanglant !!! Cap sur Toulouse pour une vindicte impitoyable, au côté d’Olivier Salva, policier récemment mis au placard dans une équipe de surveillance et qui va se retrouver mêlé à une histoire qui va titiller son âme tenace.

« - On entre, on prend le fric, on ressort, récite- t- il comme s'il s'agissait d'une formule magique qui les protègera de tout. Trois minutes au maximum et sans le moindre risque. Le bonhomme fera ce qu'on lui dit sans fanfaronner. Trois personnes avec des calibres, t'as pas envie de jouer au plus malin, je t'assure. » Quatre jeunes, qui veulent simplement améliorer leur quotidien en devenant, le temps d’un braquage parfaitement chronométré et organisé, des petits délinquants. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

« Vient l'heure des spectres.
Le cœur de la nuit assassine. »
La vindicte se met en marche, menée par un assassin spectral que rien ne semble pouvoir arrêter, au grand désespoir de Salva, bloqué par la lourdeur et les incohérences d’une administration rigide et sectorielle.

« Personne ne l'avait remarquée se glisser au premier rang. Personne non plus ne la remarque disparaître dans la foule murmurante. » La Mort, personnifiée, est partout et jamais là où on la soupçonne. Et le lecteur, pris au piège de son aura diabolique, ne sait plus reposer ce livre qui va le faire passer par bien des émotions (voire même l’empêcher de dormir pour avoir le fin mot de l’histoire…) !

Au final, la découverte d’un nouvel auteur, en ce qui me concerne, qui a réussi parfaitement à m’embarquer dans son univers alors que je le craignais un peu. La violence va crescendo dans l’évolution de l’intrigue, et si un épisode a été un peu dur pour moi, j’ai dévoré les quelques 800 pages de l’édition de poche en quelques heures ! Et j’en redemande ! 

mercredi 12 février 2025

Autobiographie, Eddy Mitchell (Le Cherche Midi, 11/2024)


 

Autobiographie, Eddy Mitchell (Le Cherche Midi, 11/2024)

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D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été impressionnée par Eddy Mitchell. Sa voix, sa tronche, sa prestance ; j’ai toujours aimé ce type pourtant plus vieux que mon père. Et j’ai toujours fredonné ses chansons…

« On mangeait chinois, tunisien, on finissait par un far breton, on pouvait avoir le monde entier, ou presque, dans l'estomac. Difficile de faire mieux. Aucun problème de "minorités", comme on dit aujourd'hui. Le "vivre ensemble", on n'en parlait pas, on le vivait. C'est quand les choses n'existent plus qu'on invente le mot. » Eddy commence son récit alors qu’il est encore Claude Moine, petit parisien qui grandit à Belleville durans la période de l’après- guerre. Les copains sont importants, mais la famille aussi. Tout le monde vit dans une bonne entente, même si les bandes de voyous sèment le trouble.

« Certains de mes titres peuvent aussi être assimilés à des plans séquences, comme "Sur la route de Memphis" ou "La Fille du motel". J'ai cette influence du cinéma en moi, et je ne sais pas écrire autrement, je ne m'en cache pas. » Je connais aussi Eddy comme spécialiste du cinéma ; mon père étant fan de ses émissions titrées « La dernière séance », que nous regardions ensemble. Et il est vrai que les paroles qu’il a écrites, tout comme les mots de ce récit personnel sont très imagés. C’est le film de sa vie qui se déroule en ces pages.

« Depuis toujours, une chose que je préfère, c'est qu'on me laisse tranquille. Je ne suis pas un solitaire, mais j'ai besoin qu'on me foute la paix. » Et là, cette citation. J’aurais pu l’écrire moi – même. Et je comprends pourquoi Eddy m’a toujours plu : malgré le succès, il a toujours su préserver son jardin secret.

Au final, un récit autobiographique très agréable à lire. J’ai été particulièrement touchée par les pages dédiées à son ami, Johnny. A lire si vous aussi, vous avez dansé sur « Pas de boogie woogie » ou siffloté sur « Toujours un coin qui me rappelle » !

dimanche 9 février 2025

N.E.O., tome 2 : Un nouveau monde, Maxe L'Hermenier & Michel Bussi (Jungle ! 10/2021)

 




N.E.O., tome 2 : Un nouveau monde, Maxe L'Hermenier & Michel Bussi (Jungle ! 10/2021)

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J’ai beaucoup aimé replonger dans l’univers de cette bande dessinée. Même si l’éditeur a eu la bonne idée de mettre un résumé du tome 1, les personnages et les événements passés me sont très rapidement revenus en tête et j’ai pu bien profiter de cette suite.

« - Un instant ! Je dois vous informer d'une découverte importante.
- On a découvert un livre, aujourd'hui détruit, sur le camp de Mordélia. »
Un livre mystérieux a été découvert par Gulo – Gulo, qui ne sait pas lire. Il sent pourtant que les symboles tracés sur la couverture sont ambigus et risquent de semer la discorde… Zyzo et Chrysanthe vont se charger de mener l’enquête…

« Des... des enfants... Nous ne sommes pas seuls au monde... D'autres enfants ont survécu ! » Pendant ce temps- là, l’Albatros, bateau reconstruit par les enfants, est prêt à descendre la Seine pour la première fois. L’occasion de découvrir de nouveaux territoires, mais aussi d’autres survivants…

Au final, un tome qui se dévore. J’adore le graphisme des planches, qui diffère selon les univers. Les personnages sont toujours aussi attachants (surtout Zyzo !!) et leur évolution est intéressante, maintenant que les enfants du château et de la tribu du tipi se sont unis. Il faut que je lise la suite !


Les morsures du silence, Johana Gustawson (Calmann Levy noir, 01/2025)




 

Les morsures du silence, Johana Gustawson (Calmann Levy noir, 01/2025)

💙💙💙💙💙

Cap sur la Suède où un adolescent vient d’être retrouvé assassiné, le crâne fracassée et vêtu de l’aube traditionnellement portée à l’occasion de la fête de la Sainte- Lucie. Ce qui perturbe le commissaire Aleks Storm, c’est qu’un assassinat similaire avait eu lieu vingt- trois ans plus tôt. Ces deux meurtres auraient -ils été perpétrés par la même personne ? Maïa Rhen, policière française en « repos » sur l’île, va tenter de lui prêter main forte.

« - Il n'existe pas de mot en suédois, ni en anglais d'ailleurs, pour décrire un parent veuf ou... orphelin de son enfant.
- Il en existe un en sanskrit: "vilomah"; ça signifie "contre nature". »
Maïa peine à se remettre du décès de sa fille, Alice. Lors de la première sortie qu’elle s’accorde après des mois de déprime, elle rencontre Sophia Akerman, une éditrice, qui a subi le même traumatisme. Comment surmonter un tel deuil ?

« Tous les hommes ne sont pas des violeurs, mais tous les violeurs sont des hommes. Il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de la testostérone. » En tentant de démêler les fils qui lient les deux meurtres, Maïa va tomber sur une vieille affaire d’agressions sexuelles non dénoncées. Pourquoi les victimes ont - elles préféré se murer dans le silence ?

« Le dicton "qui ne dit mot consent" m'est souvent revenu en tête ces derniers temps. Céder n'est pas consentir. Parfois, le silence est la seule arme ou le seul bouclier à portée de main. » Ce thriller est pour Johana Gustawson l’occasion de s’indigner contre une société qui juge parfois bien mal les individus qui la composent. Les secrets bien enfouis refont surface et créent des rebondissements inattendus.

Au final, un thriller vraiment glaçant, entre des victimes qui s’accumulent sans qu’aucun lien ne se détermine entre elles, et des policiers qui luttent contre leurs propres problèmes intimes et familiaux. C’est aussi un récit qui porte un message sociétal sur l’importance que l’on donne à la parole des uns et des autres, aux raisons qui font que certaines personnes préfèrent se taire, et sur le fait que ce silence est souvent introductif à bien des drames. 

jeudi 6 février 2025

Animaux nocturnes, tome 2, Angel Arekin (Black Ink, 11/2022)

 



Animaux nocturnes, tome 2, Angel Arekin (Black Ink, 11/2022)

🦋🦋

Cette lecture abandonnée me servira de leçon : ne pas espacer les tomes d’une saga ! En effet, j’avais lu le tome 1 il y a un an et je ne me souvenais plus des éléments essentiels de l’histoire pour pouvoir enchainer avec la suite si tardivement….

« A l'intérieur du corps, derrière les côtes, là où le cœur aurait dû battre, donner à cette jeune fille tant d'autres années à vivre...
... un papillon. »
Le fond de l’histoire est une trame policière avec un tueur en série aux méthodes particulièrement cruelles. Jude, ancien flic, entretient un lien assez spécial avec lui, le fameux Damian, toujours aussi puissant malgré les murs de sa prison.

« Est-ce pour cette raison qu'il est à présent à mes côtés, pour tenter de le retrouver ? Parce qu'il a une dette envers mon frère ou bien seulement parce qu'il se souvient encore de quelques fragments de l'amitié qui les a liés ? » Jude a découvert que Dean avait constitué des dossiers sur des crimes ressemblant à ceux de Damian, mais voilà que ce dernier a disparu. Sa sœur, Anabelle, veut absolument partir à sa recherche. Et qui de mieux que Jude, son amour de toujours, pour l’accompagner dans un chemin empli de noirceur…

Au final, un quart de roman lu qui ne m’a pas convaincue. Comme dit plus haut, mes souvenirs du tome 1 étaient vraiment trop lointains et puis j’ai eu du mal avec la plume onirique de l’auteure, qui ne me permettait pas de fixer les éléments de l’intrigue avec clarté. Par ailleurs, autant j’ai eu envie de suivre Jude, ce flic démoli et alcoolique, autant j’ai détesté le personnage d’Anabelle, « jeunette tête à claque ». J’aurais aimé apprécier ce tome 2, mais non, ça ne l’a pas fait… 

Le Clash, Benoît Séverac (Syros, 02/2025)

 



Le Clash, Benoît Séverac (Syros, 02/2025)

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Les punks, les skinheads, leurs affrontements, leurs idéologies ; quel quinqua n’en a pas entendu parler ? Native du Nord de la France, j’allais souvent en Angleterre et il n’était pas rare de croiser des crêtes colorées ou des crânes rasés. Leur rivalité était connue. On peut dire qu’on les craignait, mais c’est vrai aussi qu’ils nous fascinaient.

« En matière d'éducation, il connaît la valeur de l'exemple, et il fait partie de ces papas qui estiment que faire part de ses faiblesses bénéficie à celui qui les exprime autant qu'à celui ou celle qui les entend. » Nicolas emmène son fils Aurélien en randonnée dans les Pyrénées, avant que ce dernier parte en séjour linguistique en Angleterre. L’occasion pour ce papa devenu prof d’anglais de partager sa propre expérience, lorsqu’au même âge, il est parti à Birmingham dans le but d’approfondir sa maîtrise de la langue.

« - Un punk ! j'ai dit.
- C'est ça, un punk ? s'est interrogée Corinne.
Je hochais la tête sans pouvoir quitter le type des yeux.
- On dirait plutôt un clown, a-t-elle dit.
- Sauf que lui, il ne donne pas du tout envie de rire. »
Nicolas est estomaqué lorsqu’il se rend compte que le fils de la famille d’accueil chez laquelle il va passer un mois a pour fils un véritable punk, Tom ; attitude rebelle, crête verte et insoumission. Le « frenchie » s’attend à vivre une expérience hors du commun…

« Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Encore aujourd'hui, à quarante- cinq ans, je ne m'explique pas pourquoi je l'ai suivi. » Nicolas sent parfaitement que le comportement de Tom ne correspond pas aux valeurs transmises par ses parents, et pourtant, il a terriblement envie d’entrer dans son univers. « D’en être ». Quitte à faire des erreurs…

Benoît Séverac se fait ici le conteur d’une époque révolue, celle où des jeunes ont cru que grâce à la musique, au rock et au punk notamment, on aurait pu améliorer la société dans laquelle on vivait. Captivant. Tellement vrai. Lisez- le et faites- le lire à vos ados !

mardi 4 février 2025

La Fée noire, Pétronille Rostagnat (Editions du 123, 07/2025)

 



La Fée noire, Pétronille Rostagnat (Editions du 123, 07/2025)

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Il s’agit ici du premier roman de l’auteure et comme le dit la bande promotionnelle, c’est effectivement un beau coup de maître pour une plume toute jeune ! C’est parti pour une histoire qui met en scène trois amies adolescentes et ce qu’elles sont devenues douze ans plus tard. Quand le compagnon de l’une d’elle est sauvagement assassiné et mutilé, les trois jeunes femmes vont devoir, à nouveau, se serrer les coudes.

« Pouvaient - elles imaginer que ce pacte anodin allait engendrer le meurtre de quatre personnes dont l'une d'entre elles ? » Capucine, Louise et Emma ont dix- huit ans, elles sont amies depuis la maternelle et elles viennent de fêter leur réussite au bac à coups de verres de whisky. Un pacte est scellé entre elles : elles seront heureuses et mamans avant l’âge de trente ans.

« Pour lui, commencer la soirée par la dégustation d'un cocktail dans le meilleur bar au monde, selon le magazine Forbes, pour finir entre les cuisses d'une femme dans une des chambres du Ritz, était la définition même du paradis. » Les trois amies ont trente ans et deux d’entre elles ont effectivement trouvé l’amour et accompli leur désir de maternité. Pour Capucine, il en est tout autre. En couple depuis à peine deux ans, elle se retrouve à la traîne par rapport à ses amies. Et quand son compagnon, Nathan, est retrouvé assassiné d’une manière particulièrement cruelle, elle va perdre beaucoup de ses illusions, d’autant plus qu’elle reçoit un message énigmatique : « Tu as une seconde chance ».

Au final, un récit trépidant qui mène le lecteur par le bout du nez sur des pistes aussi variées qu’improbables, mêlant cold case et manipulations. Le personnage d’Alexane Laroche est à ses débuts sous la plume de l’auteure et j’ai beaucoup aimé partager ses premiers tourments professionnels et sentimentaux ! Les trois personnages féminins sont eux aussi excellents dans leur complexité. Un premier roman à la hauteur des suivants !

lundi 3 février 2025

Ceux qui te mentent, Nuala Ellwood (Michel Lafon, 02/2018)




 

Ceux qui te mentent, Nuala Ellwood (Michel Lafon, 02/2018)

💓💓💓💓

J’avais laissé les livres de type thrillers de côté ces dernières années, et c’est ma rencontre avec Pétronille Rostagnat, en septembre dernier, qui m’a poussée à me replonger dans les récits sombres. Et c’est lors d’un apéro littéraire organisé par ma bouquiniste préférée que j’ai entendu parler de ce roman. La lectrice invitée l’a défendu avec une ferveur telle que j’ai eu immédiatement envie de le lire.

« - Diriez- vous que ces rêves ont empiré depuis votre retour à Herne Bay ?
[...]
- Non, ils n'ont pas empiré. Ils sont simplement devenus réels. »
Le récit s’ouvre sur la garde à vue de Kate, reporter de guerre. Persuadée d’avoir vu un petit garçon maltraité dans le jardin de ses voisins, la nuit, elle a appelé la Police pour finalement être elle- même ennuyée. Elle qui vient de revenir à Herne Bay pour les obsèques de sa mère est pourtant persuadée de ce qu’elle a vu. Mais son passé traumatiques et ses somnifères ne jouent pas en sa faveur.

« Je me souviens m'être dit que nous ne connaissions pas notre chance de vivre en Occident : seul le hasard fait que nous naissons dans un pays en paix ou en guerre. » Les dissensions entre Kate et sa famille datent de l’enfance, fruits d’un père alcoolique, violent et d’une mère battue. Et les relations avec Sally, sa sœur, n’ont jamais été au beau fixe. Alors Kate, qui voit la misère et la violence qui sévissent dans les pays en guerre, ne comprend pas toujours qu’on puisse être malheureux quand on vit en Angleterre. Pourquoi, alors, les relations entre elles sont- elles si compliquées ?

Au final, un thriller perturbant, entre les visions de Kate et la déchéance de Sally ; où se cache la réalité ? Les secrets de famille sont toujours douloureux à déterrer… Quand, à cela, s’ajoute un stress post traumatique, le lecteur flirte entre illusions et réalité. J’ai beaucoup aimé hésiter entre les deux. Et quel final !!! Je le conseille moi aussi !