mercredi 19 février 2025

La longe, Sarah Jollien- Fardel (Sabine Wespieser, 01/2025)

 





La longe, Sarah Jollien- Fardel (Sabine Wespieser, 01/2025)

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C’est le titre de ce roman qui m’a attirée, « La longe »… Car cette longe en question, c’est celle qui maintient Rose attachée à l’un des murs de sa chambre. Un enfermement, un asile montagnard, imposé depuis que la vie de la jeune femme a basculé à la suite du décès de sa petite fille, Anna, fauchée par une camionnette.

« Sitôt que Camil dévale les trois marches en bois du café où je l'attends, impatiente, sur la terrasse ombragée, mon cœur, plein de lui déjà, mais comprimé par ma retenue naturelle. Il passe une partie de ses vacances chez sa grand- mère, dans ce village où je vis, sans ami comme lui, sans un ami qui partage et chérisse le dehors et le silence autant que moi. » Ce récit est avant tout celui d’une histoire d’amour. Car entre Camil et Rose, c’est une évidence depuis le premier jour de leur rencontre, alors qu’ils sont encore enfants.

« Je ne connais plus la honte, la retenue, la dignité. Le monde que je m'étais naïvement inventé s'écroule. Qui pour juger ma fureur ? La douleur la plus effroyable, j'en ai le monopole. » Et puis un jour, le drame. Le pire, celui de perdre son enfant. Rose perd pied.

« "Aucun de nous ne reviendra" a fait naître, doucement, l'idée que je n'ai plus besoin d'entretenir ma peine, de l'exposer aux autres pour qu'ils sachent que je souffre, que je souffre plus qu'eux. » Les mots de Charlotte Delbo font écho à ceux de Pessoa ou de Rilke. La littérature se fait thérapeutique et offre la mince possibilité de revoir la lumière un jour…

Au final, un récit formidablement bien écrit. Les paysages rugueux de la montagne du Valais sont perceptibles sensoriellement parlant, tant la plume est sensible. Personnellement, j’en ai été très émue. Parlons de l’histoire désormais ; là aussi l’émotion est à son comble. En tant que maman, je n’ai pu que ressentir la détresse, la folie de Rose à la suite de la disparition de son enfant. Une tragédie poignante, et pourtant ô combien poétique.  

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