Benzos, Noël Boudou
★★★★★
« Un cachet pour une prise de tête avec un collègue ou
ma supérieure au boulot. Deux en cas de mauvaise nouvelle. Trois en prévention
d'une crise de panique devant une grosse, grosse merde. Je suis un somnifère
ambulant à libération prolongée. » Ces cachets,
ce sont des comprimés de Benzodiazépine, composé moléculaire utilisé dans les médicaments
classés comme anxiolytiques, traitement médical de l’anxiété et de l’insomnie,
entre autres pathologie du système psychique.
Vous comprenez maintenant le titre. « Benzos », c’est
en quelque sorte un petit surnom affectueux, car ces cachetons, ce sont les
meilleurs amis de Nick Power, le narrateur. Ils sont toujours là pour l’aider
quand ça ne va pas. Et ceci, depuis qu’il souffre d’insomnie chronique ;
depuis ses quatorze ans si vous voulez savoir.
Est-ce l’usage à long terme qui fait que Nick, d’un coup,
semble perdre la raison ? Le voilà qui, un petit matin, se retrouve dans
un remake du film « Un jour sans fin » : il se réveille dans des
endroits autres que ceux dans lesquels il s’est couché et le jour semble
toujours être le même, à quelques variantes près. Devient-il fou ou se
moque-t-on de lui ?
Noël Boudou connaît son sujet (lire l’avant- propos). Il
emmène son lecteur dans un univers branché « sexe, drogue et rock’n’roll »
dans un rythme trépidant et addictif sur les traces d’un homme qui a tout pour
être heureux mais qui n’arrive pas à dormir. Qui a souffert d’insomnie ou a dû
avoir recours aux fameux comprimés quadri sécables se reconnaîtra en Nick, ce narrateur
au nom de super-héros. La vie est invivable sans sommeil réparateur.
Impossible de lâcher ce roman : on est accro !!!
Les riffs de guitare de Metallica (les premiers albums, hein, pas les ballades
commerciales, que ce soit clair !) et de Pantera déterminent la ligne de
conduite qui oscille entre réalité sous cacheton et coma éthylique. Les
personnages collent parfaitement à l’ambiance : âmes sensibles et bien
pensantes s’abstenir. Le style est lui aussi particulier : très bien écrit
tout en utilisant le registre familier : "La mort est un remède à
trouver quand on veut, et l'on doit s'en servir le plus tard que l'on
peut." Cet enfoiré de Molière ne racontait pas que des conneries. J'ai
foutrement besoin de trouver La Mort pour m'en servir au plus vite. »
Il est percutant, adapté au propos et à la prose de Noël Boudou, qui est, très
certainement, un auteur à suivre.
« Welcome home, boy !»
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