Sensual Bachata, Charlie Genet (Editions Elixyria, 10/2019)
★★★★★
« Je n'aime pas ces personnes sans âme :
les hommes ont les mains baladeuses et semblent attendre que votre conscience
soit KO pour vous prendre ce que vous ne voulez pas leur offrir ; les femmes se
jalousent et se pavanent sur les podiums, tentant de trouver une reconnaissance
dans le regard des fêtards, de l'amour dans le sexe rapide. » Suzanne voit juste.
Combien sommes- nous, homme ou femme, à chercher un succédané d’attention dans
ces relations d’un soir en boîte de nuit ? Un ersatz du grand amour, qui
se terminera au petit jour ? On s’accroche aux balises que le destin veut
bien nous concéder…
Suzanne y croit à 200%, soutenue par Bartz, le meilleur ami
de son frère, son partenaire de danse et son futur mari puisque les noces sont
déjà arrangées entre ces deux familles « favorisées ». Sauf que... Fabien, le jumeau de Suzanne ; est mort sous les
balles des terroristes au Bataclan. Elle ne s’en relève pas. Avec Bartz, elle
s’enfonce donc dans les nuits de débauche, oubliant le futur de danseuse
professionnelle que sa mère lui avait déjà tracé.
Pourtant un soir, elle va retrouver le jeune inconnu avec qui
elle avait dansé, le soir du Bataclan. Un garçon qui lui avait semblé être son
« âme sœur de danse » ; celui qui anticipe le moindre de ses
mouvements et sait y répondre avec talent : Noé. De nouveau, devant elle,
va s’ouvrir le chemin de la Bachata, de la compétition « amateur »,
et il ne tiendra qu’à elle de tirer les ficelles du succès.
Une romance à un rythme sensuel que j’ai dévoré, porté par la
plume passionnée de Charlie Genet. Je ne connaissais absolument pas la Bachata
et l’auteure m’a poussée à m’y intéresser. J’envie les danseurs de cette
discipline, si complices et si sensuels. Je serais bien incapable de me laisser
aller ainsi : Mais ce qui est remarquable, c’est justement que l’auteure
nous permette de faire découvrir une pratique sportive à travers son récit mais
surtout, nous fasse mesurer l’ampleur cathartique que peut revêtir une activité
sportive ou artistique dans un cadre de remédiation au deuil.
Bref, sans connaître la bachata, je me suis laissée entraînée
par une romance construite sur un deuil lié aux attentats du Bataclan en
2015 ; ce qui n’est pas anodin ni banal. Ce n’est ni mièvre ni
attendu ; les personnages doivent vraiment « s’arracher » pour
vivre comme ils l’entendent. La « vraie vie » quoi…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.